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Saison 5Flop 10 épisodes

Clair de Lune

Classement des saisons de Clair de Lune de la pire saison à la meilleure saison 


5) Saison 5

La série ne se remet pas du départ forcé du créateur Glenn Gordon Caron, qui entraîne une inversion particulièrement désastreuse de l’ADN de la série : les enquêtes sont maintenant privilégiées à l’humour et la romance. Privée de ses repères, la série, insoluble dans le polar pur, est condamnée à des scripts faibles et sans rythme. L’étude acerbe de plusieurs tares sociétales, inédite dans la série, ne peut compenser. Le couple David-Maddie, cœur vivant de la série, n’a plus rien à raconter et agonise dans une amitié improbable, où la tension sexuelle est à minima. Les acteurs, fatigués, n’ont plus la force de défendre leurs rôles.

Les scénaristes parviennent pourtant à rétablir un fragile crescendo comico-romantique au sein des personnages, réussissant quelques coups d’éclat (Le barracuda vire de bord, Le mort récalcitrant) avant de tout ruiner en les trahissant. Annie reste un cas d’école parmi les fossoyeurs de série : elle surclasse le premier rôle féminin tant en charme, en vie, en pétillement, et en intérêt, achevant de vider la série de toute sa substance. La conclusion, l’une des plus ratées de toute l’histoire de la télévision, offre une sortie indigne à la série. Agnès et Herbert, le couple secondaire, échappent à cette purge en sauvant quelques traces du charme de Moonlighting. Pompier de cette dernière saison, Herbert vole la vedette à ses supérieurs, et n’aura pas démérité en s’escrimant à sauver ce qui pouvait l’être. À côté de Bruce Willis et Cybill Shepherd en panne sèche, Allyce Beasley et Curtis Armstrong rayonnent de fantaisie.

4) Saison 1

En gardant à l’esprit qu’elle ne contient que six épisodes, la saison 1, après un pilote à la trépidante vitalité, éprouve quelques difficultés à trouver un ton bien défini à la série. À son aurore, Clair de Lune se cantonne à la parodie sans risques d’autres genres (western, espionnage, whodunit…). L’humour est très moderato cantabile et le tempo encore retenu. La série peine à s’extirper du modèle de Remington Steele, malgré moins de sucre sentimental. Heureusement, Bruce Willis et Cybill Shepherd conquièrent l’écran avec panache.

La tension sexuelle, nourrie par des dialogues au-dessus de la moyenne, mais encore perfectibles, frétille immédiatement entre la businesswoman sévère et le clown allumé. Les acteurs convainquent aussi quand ils expriment la solitude et la mélancolie de leurs personnages (Radio assassin). Le très fou dernier épisode augure des lendemains festifs. Agnès Topisto ravit immédiatement par son côté femme-enfant et ses rimes bidonnantes. À cause de ses tâtonnements et sa prudence, la saison 1 est davantage un prélude prometteur qu’une vraie saison.

3) Saison 4

Après un premier épisode remarquable d’émotion, les effets du syndrome Clair de Lune jettent à bas tout le charme de la série. Dans une vaine tentative de maintenir la tension sexuelle après la concrétisation physique du couple, Caron commet la tragique erreur de séparer David et Maddie durant 8 épisodes (et demi), éteignant tout simplement l’unique moteur de la série. Malgré d’excellentes prestations dramatiques de Bruce Willis (L’art d’être papa), la série devient un soap opera, dialogues affligeants inclus.

La priorité est dès lors les états d’âme de personnages réduits à l’état de zombies – surtout du côté de Maddie. Herbert Viola profite de l’éloignement de Maddie pour s’imposer comme le meilleur atout de cette saison. Son couple avec Agnès traverse plusieurs crises émouvantes, vaincues par leur amour et surtout leur humour tonitruant. Le grotesque twist du mariage précipité de Maddie a beau être désolant, il déclenche le spectaculaire réveil des derniers épisodes, retrouvant le faste et la gloire des saisons précédentes. Si Walter, trop benêt, n’apporte rien à la série, la chaleureuse Terri restera comme un des meilleurs souvenirs de cette saison 4 aussi consternante dans sa première moitié que brillante dans sa seconde. Lorsque le rideau tombe, tous les espoirs sont permis pour un renouveau en saison 5, ils seront hélas sévèrement douchés…

2) Saison 2

La série trouve sa vitesse de croisière en adoptant pleinement le ton de la screwball comedy, encore en demi-sommeil en première saison. Le duo central rayonnant de complicité, de fougue, et de flamme relaye les dialogues rapides et brillants des scénaristes. La tension sexuelle en survoltage se montre irrésistible. La série empile les gags à un rythme de cartoon – en particulier dans ses poursuites finales –  au sein d’enquêtes dont la folie douce initiale s’accentue jusqu’à décoller dans une tornade parodique réjouissante.

Humour et romance triomphent des enquêtes, simples prétextes à déchaîner David et Maddie. Pour la première fois dans l’histoire de la télévision, une série théorise l’art et la manière de casser le quatrième mur avec le maximum d’effet (humour + déclaration d’amour au public), mais aussi celui de créer des épisodes authentiquement décalés. Souvent avec réussite comme avec le meilleur épisode de la série, Le rêve était presque parfait, ou le désespéré Témoins, mais aussi parfois avec un échec retentissant (Les aventures de Mademoiselle Topisto). Les réalisateurs donnent à la série une identité visuelle colorée et joyeuse, grâce notamment à Peter Werner. Malgré la qualité inégale de ses épisodes, Moonlighting est parvenue à créer un univers euphorisant.

1) Saison 3

La troisième saison de Clair de Lune est celle de toutes les audaces ; chacune d’entre elles optimise le cocktail burlesque-tension sexuelle de la série qui devient explosif. Dans un pur état de grâce, Glenn Gordon Caron et ses auteurs enchaînent les idées les plus inédites à la télévision dans une frénésie efficace, assurant le succès à quasiment chaque épisode : accumulation de gags à la Tex Avery (Symphonie pour deux escrocs), irruption du Fantastique à des fins émouvantes (L’Ange gardien), fastueuse parodie de classiques littéraires (Rock around Shakespeare)… L’entrée en scène d’Herbert Viola, le quatrième personnage principal de la série, est un grand apport, aussi convaincant dans l’humour que l’émotion. Son couple avec Agnès forme une bulle enchantée, où seront préservés un peu de l’âge d’or de la série lors du déclin des saisons suivantes.

La saison 3 parachève sa réussite par le crescendo romantique du duo principal, qui multiplie baisers et rapprochements entre deux disputes telluriques. Le tout culmine dans un feuilleton de quatre épisodes au suspense maximal où Maddie valse entre deux hommes. Ce feuilleton culmine dans une coda de dix minutes saturée d’intensité érotique, désormais scène mythique de la télévision américaine. Mais la série va payer cher ce triomphe, avec ce fameux Syndrome Clair de Lune, ou l’impossibilité de maintenir une tension qui condamnera nombre de séries à un lent déclin. Le poison du soap opera commence d’ailleurs déjà à s’infiltrer en cette fin de saison. La saison 3 reste pourtant le centre de gravité de la série où tous les voyants : humour, romance, dialogues, rythme, audaces, suspense, sont au vert.

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