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 saison 4 présentation

Clair de lune

Saison 5

1. Un ange passe (A Womb with a View)

2. Des hauts et des bas (Between a Yuk and a Hard Place)

3. Faux mari, vrai sosie (The Color of Maddie)

4. Et l'homme créa la femme (Plastic Fantastic Lovers)

5. La Guerre des sexes (Shirts and Skins)

6. Le Barracuda vire de bord (Take My Wife, For Example)

7. Le Mort récalcitrant (I See England, I See France, I See Maddie's Netherworld)

8. Échec à la mariée (Those Lips, Those Lies)

9. L'Homme qui voulait être célèbre (Perfetc)

10. Annie, Maddie, jalousie (When Girls Collide)

11. Le Juré dissident (In'n Outlaws)

12. Petit meurtre de nuit (Eine Kleine Nacht Murder)

13. Éclipse de lune (Lunar Eclipse)

Top 5 de la saison 5

 

 

 

 


1. UN ANGE PASSE
(A WOMB WITH A VIEW)




Scénario : Glenn Gordon Caron et Charles H. Eglee

Réalisation : Jay Daniel

- Êtes-vous prêts à retrousser vos manches et à réciter vos dialogues débiles ?
- Oui Monsieur !
 
David, il y’a plus de silicone dans le hall de ce bureau que dans toute la Californie !
 
 
Durant la grossesse de Maddie, Jérôme, un envoyé du Créateur, apparaît brusquement à « Baby Hayes », le fils de nos héros. Pour le préparer à la vie et à aimer ses futurs parents, Jérôme emmène le bébé dans le monde extérieur… 

Pour son ultime contribution à sa série, Glenn Gordon Caron, accompagné de Charles H. Eglee, écrit peut-être son histoire la plus originale, racontée sous la forme d’une fable dans lequel il imagine un envoyé du Créateur rendre visite à un bébé pour lui raconter tout ce qu’il attend dans la vie extra-utérine, tout en lui faisant connaître ses parents. C’est un épisode très difficile à noter car on peut ou l’apprécier comme un conte enfantin et idyllique, ou s’agacer de la récapitulation massive de ce que le spectateur sait déjà sur David et Maddie, ainsi que de la série hallucinante de truismes et de lapalissades sur la complexité de la Vie.

Personnellement, c'est cette deuxième lecture qui s’est imposée rapidement, rendant inutile cet épisode qui ne nous apprend rien sur David et Maddie, ne raconte aucune histoire, et ne dit finalement rien de nouveau sur la Vie. Heureusement, un casting impeccable, une mise en scène chatoyante, et un peu d’humour, font que A womb with a view se laisse regarder. La tragique coda, totalement inattendue, permet de plus un nouveau départ pour la série qui s’entortillait dans des contorsions psychologiques et dramatiques depuis une saison.

L’épisode commence par un éblouissant cassage de 4e mur de cinq minutes, qui compte parmi l’un des plus euphoriquement émouvants de la série. La caméra entre dans les bureaux de l’agence : aussitôt Agnès qui déprimait se lève, et explose de joie en voyant que la série recommence ! Aussitôt, toute l’agence exulte le retour du public - à un Herbert Viola humoristiquement morose près - Elle lui sort le grand jeu avec un superbe numéro musical chanté et dansé pour lui rendre hommage ! Cette série est décidément unique, elle sait comment parler au fan, le remercier de sa présence. Le spectateur d’aujourd’hui ne peut s’empêcher toutefois d’avoir un petit serrement de cœur à voir l’équipe dire que promis juré on aura les 22 épisodes réglementaires pour la saison, ce qui hélas ne sera pas le cas (seulement 13 épisodes).

Le début de l’épisode est particulièrement hilarant avec une vue de l’utérus de Maddie abritant un Bruce Willis qui danse en couches culottes sur la chanson Baby love des Suprêmes !! Le spectacle est bien allumé, et l’acteur en fait des tonnes. Il interpréte ici le bébé de Maddie et donc de David, confirmant par là la paternité de ce dernier. Le décor fantasmagorique de l’utérus accroche par ailleurs le regard. A partir de l’apparition de Jérôme, envoyé pour initier à l’Existence le bébé, l’épisode joue avec quelques effets spéciaux simples mais réussis. Leur premier dialogue avec le déni de Bébé Hayes qui veut pas quitter son nid douillet et l’autre qui le presse d’ouvrir ses oreilles est très comique. Joseph Mayer compose un messager sympathique, un peu sphinx, à l’amour et à la joie débordantes.

Après on s’embarque dans des directions qu’on aimera ou détestera. Personnellement, je n’ai pas accroché au concept de l’épisode qui consiste à expliquer au bébé qui sont ses futurs parents, la nature de leur relation, car on apprend rien de nouveau sur eux. Cela est désastreux quand le scénario, comme ici, ne comporte aucune intrigue dramatique. Voir la Vie de manière manichéenne à travers deux successions d’images, l’une enchantée, l’autre violente, est non seulement réducteur, mais d’une naïveté lourde. Malgré le talent de Mayer, son personnage n’a à dire que des banalités. Bébé Hayes est plus marrant avec ses revirements (J’aime la vie/J’aime pas la vie ; J’aime mes parents/J’aime pas mes parents), mais le ton de l’épisode, trop enfantin et superficiel, ne va pas du tout avec le style de la série. Comme The Straight poop (saison 3), on a plus affaire à une vitrine publicitaire vantant la série, le filtre du message universel infantile remplaçant le clip-show. C’est vraiment dommage car on sent la sincérité des auteurs, notamment dans la mise en scène de Jay Daniel et la musique d’Alf Clausen, d’une grande beauté.

L'on note toutefois quelques pépites comme Bébé Hayes déjà très admirateur de la beauté féminine, la parodie de duel de western entre Bert et MacGillicudy… au verre d’eau ! La petite crise d'Agnès, la dispute David-Maddie sur la présence d’un cheptel de bombes sexuelles dans l’agence (devinez qui les a invitées là ?). On regrette que la scène correspondante entre Herbert et Agnès soit ratée car le premier se caricature trop en bêta ayant peur d’avoir des enfants : c'est tout à fait hors sujet, malgré les talents éclatants des comédiens. Le final lui-même n’échappe pas à une certaine gratuité avec ce twist final de dernière minute : on sait que l’épisode ne pouvait pas se permettre de continuer sur sa lancée, car cela aurait signifié une saison 5 encore plus soap que la précédente. Cette « apocalypse » (dans le sens originel) est efficace, tout en étant bardée de grosses ficelles. Elle est d’une violence psychologique inouïe, cassant avec le ton gentil de l’épisode.

Au final, A womb with a view est une œuvre très personnelle, originale, sincère, mais son aspect de conte se dilue devant une surcharge de miévrerie et de répétitions. L’épisode ne se justifie que pour engager la saison sur de nouveaux rails. Mais cette critique, l’auteur de ses lignes l’avoue, est très subjective, et concède que l’épisode aurait eu une note plus haute avec un autre angle de vue.

Infos supplémentaires :

- Dernier scénario de Glenn Gordon Caron pour la série. Il quitte en effet ses fonctions de showrunner après cet épisode (traduction : il fut licencié par la chaîne).

- L’épisode reçut l’Emmy Award de la Meilleure Direction Artistique pour un épisode de série télé.

- Le titre de l’épisode pastiche un roman d’Edward Morgan Forster : A room with a view (Avec vue sur l’Arno en français). Il donna lieu à une adaptation cinématographique du même nom signée James Ivory en 1985 (Chambre avec vue en VF).

- Il est confirmé que David Addison est bien le père de l’enfant de Maddie. Il perd donc à la fin son deuxième enfant (cf. Big Man on Mulberry Street).

- Maddie et David ont vécu des vies antérieures… ce fut à chaque fois la même chose ! Nous apprenons que Zach et Rita, et Petrucchio et Katerina, étaient leurs précédentes incarnations.

- Détail amusant : Joseph Maher (Jérôme) a joué dans le film Those lips, those eyes, dont le titre sera pastiché dans un autre épisode de Clair de Lune : Those lips, those lies.

- On entend dans l’épisode Baby love des Supremes, Mickey's monkey de Smokey Robinson et The Miracles, What a wonderful world de Louis Armstrong. David et Maddie chantent The girl from Ipanema de Stan Getz et Astrud Gilberto. Enfin, Jerome et le bébé chantent à la fin Sunny side of the street.

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2. DES HAUTS ET DES BAS
(BETWEEN A YUK AND A HARD PLACE)


Scénario : Kerry Ehrin
Réalisation : Dennis Dugan
 
- Renier, piano, panier, renier, piano, panier…
- Vous vous moquez de moi ?
- Non, je m’entraîne pour mon prochain rôle.
 
- Pendant que j’étais là-haut, je ne pensais qu’à une seule chose : j’avais tellement envie d’être avec toi, là, en bas, sur la terre ferme.
- Oh, David !
- Et tu sais quoi, plus c’est ferme, mieux c’est.
- Ca, c’était pas dans le script !!!
 
Deux semaines après la fausse couche de Maddie, elle et David sont plus que jamais sur les nerfs. Ils se noient dans le travail, acceptant toutes les requêtes de leurs clients. L’affaire Joan Springs retient en particulier leur attention : Joan a découvert que son mari Dennis cachait un souvenir d’une ancienne épouse - alors qu’il lui a toujours dit qu'il n'avait jamais été marié - L’enquête des détectives ne sera pas sans surprises…

Le filon principal de la série - la relation David-Maddie - étant usé jusqu’à la corde, les scénaristes se tournent vers une alternative désespérée : mettre en avant les enquêtes. Si ce choix se montre moins hors sujet que le soap opera de la saison précédente, il n’en reste pas moins douteux tant la série est indéfectiblement liée à son couple vedette. La série, c’est David et Maddie (et Herbert et Agnès), et c’est tout. Les enquêtes ont toujours été des prétextes et non la raison d’être de la série. Fort heureusement, la série va opérer une remontée spectaculaire en retrouvant peu à peu son essence originelle (avant hélas de la reperdre, définitivement) mais ce n’est pas encore pour maintenant.

Nous avons donc une enquête trop sérieuse, sans épaisseur, et occupant trop de place. De plus, Dave et Mad’ sont de nouveau au fond du gouffre, piégés dans la voie sans issue où les a menés leur relation et la tragédie de l'épisode précédent. Tout au long de l’épisode, le duo est sans éclat. Bruce Willis et Cybill Shepherd sont bien entendu toujours aussi admirables dans le registre dramatique, et c’est grâce à leur talent que l’émotion parvient à passer. Mais il ne reste plus grand-chose de ce qu’a été Clair de Lune dans son âge d’or : plus de disputes - remplacées par une inoffensive algarade - plus de tension sexuelle, plus de comédie (malgré un 4e mur fracassé à plusieurs reprises), des personnages fatigués… Il faut attendre la 35e minute pour que le spectateur sorte de sa semi-somnolence avec une poursuite finale totalement loufoque.

L’épisode use d'éphémères expédients pour faire diversion durant une première demi-heure sans événements : Agnès oreille amicale, poétesse, et infantile, une énième déclaration de haine entre Viola et MacGillicudy, une improbable tentative de séduction de Viola sur Maddie (Armstrong est hilarant en macho viril pas crédible), des références à la mystérieuse affaire Anselmo, David mélancolique retombant sur les cours Lamaze, etc. Donc, de bons petits moments inscrits dans du vide. Pour sa première réalisation de la série, Dennis Dugan (Walter Bishop) convainc.

Entre Dave and Mad’, chacun se retient de pleurer, par dignité. Le destin a été cruel envers eux, les séparant à chaque fois qu’ils tentaient se retrouver. On sent que Maddie veut libérer David des liens qui l’attachent à elle, parce qu’elle l’aime trop pour l’emprisonner dans une relation toxique. David au contraire, fait preuve de maturité en souhaitant pardonner à Maddie de l’avoir tant fait souffrir, mais sa rancœur demeure, et il fait le choix de tout quitter. Générosité de l’un, maturité de l’autre, une évolution réussie sur le papier, beaucoup moins hélas devant la caméra : la série appuie trop sur la noirceur de la situation, sur le lacrygène, et nos acteurs sont vidés de toute énergie. L’émotion finit cependant par se dégager lors de la fameuse scène de l’ascenseur bloqué. Maddie, sous pression, finit par craquer dans les bras d’un David aussi perdu qu’elle. Enfin, ils ravalent leur orgueil, et s’abandonnent à leur tristesse (décuplée pour Maddie, qui a subi un traumatisme lourd dans sa chair). Avant qu’ils retrouvent un semblant d’espérance après une nuit (platonique) ensemble. A l’issue de la scène, on voit combien l’amour entre eux deux est devenu plus profond, plus adulte, et plus seulement basée sur l’unique attraction charnelle. Cependant, leur confusion mentale (et la rage rentrée de David) font que cet amour est ncapable de s’exprimer franchement. On peut regretter que la scène ne soit pas davantage développée. En-dehors de ça (et de leur enlacement final), nos héros fatigués n’apportent que de la lourdeur.

L’enquête du jour n’échappe pas à la platitude entre un énoncé pesant (une des failles séculaires de la série) et un déroulement atone. Toutefois, la présence d’un oiseleur rappellera des souvenirs à l’amateur des Avengers (cependant plus excentrique). Le rythme rebondit dans le dernier tiers avec un superbe jeux de dupes, tandis que l’amoralité ironique de la situation finale rappelle plaisamment ce petit bijou qu’est Une erreur judiciaire d’Anthony Berkeley (1937). En effet, à la fin, un assassin demeure en liberté... malgré ses efforts pour se faire coffrer ! Un beau rattrapage.

Mais c’est la longue course-poursuite finale (12 minutes !) qui est le prix de cet épisode. Elle a la particularité de se dérouler… en montgolfière !! Nos amis nous auront décidément tout fait ! Si elle manque de rythme, l’incongruité de la situation est suffisamment hilarante pour scotcher le fan sur l’écran : on apprécie notamment le retour du caleçon ridicule de David déjà vu dans Witness for the execution (saison 2). Suspendu à la corde de la montgolfière, grimpant pour échapper à l’incendie, grelottant de froid au sommet du ballon, sans oublier le gag du cactus, pastichant le célèbre « Here’s Johnny » de Shining… il nous offre un vrai one-man-show. Le Big Bad du jour (Nicholas Cascone, joyeusement décontracté) est un adversaire efficace, mais à la chute - dans les deux sens du terme ! - un peu précipitée. La scène bénéficie également d’une BO bariolée qui va de Bernard Herrmann aux banjos de la série Bonanza en passant par des standards décalés des 80’s ! Un excellent finish.

 
Infos supplémentaires :

- La jolie blonde de l’épisode est jouée par Teresa Willis, cousine de Bruce.

- Le titre de l’épisode est dérivé d’une expression anglaise : Between a rock and a hard place, qui signifie une situation où l’on est obligé de faire un choix détestable.

- Première réalisation de Dennis Dugan (Walter Bishop) pour la série. Il réalisera en tout cinq épisodes de cette dernière saison dont le final Lunar Éclipse (dans lequel il jouera un petit rôle).

- Erreur assez étonnante : Allyce Beasley, Curtis Armstrong, et Jack Blessing se trompent tous trois sur le nom du mari de Joan en l’appelant Michaël au lieu de Dennis.

- Prédiction d’Agnès : le show devrait bientôt ne plus être en prime time et expédié sur le câble… ce qui sera hélas le cas !

- BO très fournie pour cet épisode : on entend surtout Mack the knife de Kurt Weill. David et Maddie chantent What a friend we have in Jesus de Joseph M.Scriven et Charles Crozat Converse, et le traditionnel Swing low, Sweet chariot. David chantonne Little Honda de Brian Wilson et Mike Love. Durant la poursuite finale on entend l’ouverture de La Mort aux trousses de Bernard Herrmann, le thème de Bonanza de Jay Livingston et Ray Evans, Le vol du bourdon de Nicolaï Rimsky-Korsakov, le Army Air Corps song de Robert Crawford, et le thème de Lara de Maurice Jarre (Docteur Jivago). D’autres chansons sont également entendues.

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3. FAUX MARI, VRAI SOSIE
(THE COLOR OF MADDIE)


Scénario : Barbara Hall

Réalisation : Artie Mandelberg

 
Attendez, vous n’allez pas nous supprimer en laissant tous les spectateurs en plan !
 
- J’étais en train de penser à la mort de ce pauvre homme.
- Oui, explosé en mille morceaux dans sa voiture. Je me demande quelle est la dernière chose qui lui a traversé la tête.
- Peut-être le pare-brise.
 
Il y a dix ans, Nora Cooper s’est mariée sur un coup de tête avec un homme qu’elle connaissait à peine. Mais ce dernier a rapidement disparu. Lorsqu’il réapparaît sans explication dans sa vie, Nora se demande s’il s’agit bien de son mari. Elle engage David et Maddie pour en avoir le cœur net. Nos détectives s’interrogent par ailleurs sur leur relation et sur la connaissance que chacun a de l’autre…

La sœur cadette de la géniale Karen Hall parvient à secouer l’immobilisme qui grévait la relation David-Maddie dans l’épisode précédent, sans toutefois arriver à son niveau. Tous les atouts de Moonlighting sont présents dans cet épisode, mais manquent de place pour s‘exprimer. La faute à une enquête peu palpitante occupant trop de temps, malgré un twist final surprenant. Disputes, moments romantiques, comédie, 4e mur brisé, repointent le bout de leur nez ; on s’en réjouit, et on passe un très bon moment devant cet épisode. A ce stade, il faudrait toutefois une enquête plus trépidante pour assurer un succès total. C'est difficile car ce n’est pas ce qui est normalement demandé à la série.

Démarrage punchy avec un Herbert Viola tentant d’imiter Agnès faisant des vers de mirliton, avant de se faire proprement atomiser par un MacGillicudy décidément toujours là pour lui mettre les nerfs à vif. Sur ces entrefaites, un David qui a bien abusé de la dive bouteille débarque en retard… et là paf, la surprise du chef, Maddie refuse de se disputer avec lui, et ce malgré les efforts méritoires d’un David stupéfait pour l’énerver ! En réalité, elle a passé un nouveau stade en l’acceptant tel qu’il était. Toutefois, si Maddie a accepté David, c’est au prix de ses sentiments, elle veut maintenant qu’ils demeurent bons amis et pas plus. Cette scène revient aux sources de Moonlighting avec des dialogues claquants et enlevés.

Maddie encore une fois, s’accroche à des chimères (c’est une spécialiste en la matière, on le sait bien maintenant) et profite de sa confusion mentale pour prétexter une amitié sans amour ou désir, moins destructrice qu’une relation amoureuse qui n’a conduit qu’à des désastres. David, plus lucide (et plus intéressé) sous-entend son désaccord. Bruce Willis a une présence pas possible et exprime bien la frustration ironique. Cela donne lieu à une excellente dispute dans la voiture où David taquine Maddie sur le nombre d’hommes qu’elle a connus bibliquement. Cet échange renoue avec les répliques foisonnantes de la série, ça fuse, ça pétille, et en plus n’est pas gratuit : l’énumération des amants imaginaires (quoique…) de Maddie est aussi drôle qu’amère car étant un moyen que trouve David pour défouler sa colère. Une excellente séquence dramedy. Leurs scènes tournent autour de la connaissance que chacun a de l’autre : ils se jaugent, se regardent. David, toujours fou de la belle, la voit comme un territoire à conquérir et reconquérir sans cesse. C’est là que Maddie fait preuve d’intelligence : même si cette vision d’elle est quelque peu dégradante, elle l’autorise car sans se l’avouer, elle l’aime toujours, et le comprend. Quatre ans après leur rencontre, c’est seulement maintenant que Maddie apprécie David pour ce qu’il est. Cette superbe évolution permet de remettre de la tension sexuelle - en plus soft que dans les premières saisons, malheureusement - car nos amis ont franchi toutes les étapes pour devenir un couple stable et solide, mais Maddie ne veut plus retenter l’expérience. La série aurait certainement développé ce nouveau suspense sentimental si elle avait duré plus longtemps, au lieu d’un final sans réponse.

On citera aussi une scène de jeu de billard avec un brillant dialogue à double sens à propos des queues et des boules. Soupir de plaisir du fan qui voit David enlacer tendrement sa partenaire pour lui dire comment orienter la queue : les fans de X-Files penseront immédiatement au final du Grand jour (saison 6) en remplaçant le billard par le baseball. Lors de la scène de nuit dans l’agence, notre duo parle calmement à cœur ouvert, avec des mots magnifiques. Ils retrouvent cette complicité qui avait disparue depuis la fausse couche de Maddie. Barbara Hall connaît suffisamment la série pour alterner brillamment les moments doux et plus furieux de ce couple. Ainsi, la scène qui suit redémarre la mitraillette avec un échange hilarant sur le fait de récupérer un chèque un peu trop généreusement distribué. La justification tordue de David a beau être bien tordue… il la convainc ! On applaudit des deux mains cette nouvelle bouffée d’inspiration.

L’enquête occupe comme ce le sera dans cette saison une place bien trop grande. Sous-écrite, son laborieux développement pénalise l’épisode. Le ton absurdement sérieux est antinomique à l’esprit burlesque de la série. Même le double (quintuple ici) visage de l’assassin a déjà été exploité avec plus de brio dans le passé. Malgré un régalant twist final, la course-poursuite qui s’ensuit est amorphe, arrache à peine un sourire, et fait intervenir un quatrième larron sans justification. On citera cependant David sur un morceau de vélo à une roue - gag qui n’est pas sans rappeler celui de Groucho dans Les Marx au grand magasin - et la toujours amphétaminée musique d’Alf Clausen. Mais finalement, cette poursuite est un échec lorsqu’on se souvient des grands moments délirants que la série était capable de faire. Heureusement, Barbara Hall a le réflexe salutaire de finir sur un tag délicieux où nos héros très classe se moquent tendrement de leur relation. L’épisode nous quitte sur un joyeux clouage de bec de David par une Maddie qui révèle un talent insoupçonné à éclater de rire !

Infos supplémentaires :

- Aka. Vrai mari, faux sosie.

- Darkside d’Agnès : cette dernière a eu une ribambelle d’amants (footballeurs américains pour la plupart) dans sa jeunesse ! A l’inverse, Maddie a eu environ six amants seulement.

- Le titre original détourne celui d’un film de 1986 de Martin Scorsese - ayant pour sujet justement le jeu de billard : The color of money (La couleur de l’argent).

- On entend dans l’épisode Honky Tonk Women des Rolling Stones, Magic carpet ride, la Danse de la fée dragée extrait du ballet Casse-Noisette de Piotr Illitch Tchaïkovski (pendant la scène du club de billard). Et également A bicycle built for two d’Harry Dacre pendant la poursuite.

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4. ET L'HOMME CRÉA LA FEMME
(PLASTIC FANTASTIC LOVERS)


Scénario : Jerry Stahl
Réalisation : Allan Arkush
 
- Je ne peux croire que le Dr.Brill soit coupable, c’est impossible.
- Non, 22 épisodes pour la saison, ça, c’est impossible.
 
Ce n’est pas grave David, il y’a toujours un truc qui nous fait craquer : chez vous, c’est le visage ; chez moi, ce sont les lentilles de contact.
 
Leslie Hunziger demande au Dr.Brill une opération du visage. Mais l’opération est une catastrophe, et Hunziger voit son visage détruit à jamais. Persuadé qu’il a été la victime d’une machination, Hunziger engage David et Maddie pour qu’ils trouvent des preuves montrant la négligence intentionnelle du chirurgien…

On reste pantois devant la prouesse stupéfiante de Jerry Stahl. Tout comme Karen Hall dans Take a left at the altar (saison 4), le scénariste parvient à construire un épisode brillant sans les qualités habituelles de la série. L’enquête devenant hélas la priorité de cette saison, Stahl fait contre mauvaise fortune bon cœur, et imagine une enquête solide dans la meilleure tradition des romans policiers ; une performance que Moonlighting a rarement réussi. Le whodunit est convaincant, et surtout, Stahl joue avec un atout qui avait fait la fortune d’Atlas Belched (saison 2) : une satire violente d’une tare de notre société. Ici, la suprématie de la beauté extérieure dans notre société d’apparences. Un épisode extrêmement intéressant. De quoi redonner espoir à cette cinquième saison plutôt terne jusqu’ici.

La première scène voyant un patient opéré se faire enlever ses bandages puis assistant aux exclamations horrifiées de son entourage n’est pas sans rappeler un classique de La Quatrième Dimension : L’œil de l’admirateur, dont l’ombre imprègne cet épisode. Suspense et pressentiment se voient bientôt balayés par la scène suivante où entre une Agnès peinée de voir sa peau toute irritée par la barbe d’Herbert, et le gag du film pornographique, on nage en pleine comédie.

Dans notre monde où la séduction physique devient la qualité suprême, surtout envers les femmes, il devient de plus en plus urgent de demeurer jeune à tout prix. C’est l’intérêt de la conversation entre David et la jolie Sandra, secrétaire du médecin. Elle est incarnée par une torride brune au chemisier généreusement entrouvert, l’irrésistible Jennifer Tilly. Sandra avoue qu’elle est « 100% faite main », alors qu’elle a à peine 30 ans. La fin de l’épisode où l’on apprend qu’une des patientes n’a que 20 ans confirme jusqu’où peut aller l’absurde de la course à la beauté. La séduction de Bruce Willis fait décidément des ravages, et son duo avec Tilly marche du tonnerre ! Notez sa méthode très gentleman : il lui dit crânement qu’elle lui plaît, plaisante gentiment, et dose habilement ses compliments. Pas étonnant que la jeune femme craque quelque peu…

La conversation entre Maddie et Brill est encore plus éclairante : Maddie joue la comédie pour avoir des renseignements, mais quand elle regrette l’éphémère de la jeunesse et qu’elle évoque sa beauté entrée dans un hiver où elle va lentement dépérir, on peut se demander si sa mélancolie est vraiment feinte. Quant à Brill, il rappelle que l’apologie de la beauté a atteint une telle inanité que le vieillissement est considéré comme une maladie. Sur ce point, on rejoint ce chef-d’œuvre d’émotion mélancolique qu’est The trade-ins, une des attaques les plus violentes de La Quatrième Dimension contre la tyrannie de la beauté. Le réalisme de nos héros est dépourvu de ton moralisateur : David rappelle que le physique est ce qui compte le plus quand les hommes choisissent les femmes… et qu’à rebours de l’image répandue de la femme considérée comme moins superficielle, l’apparence extérieure des hommes est aussi un critère décisif pour elles. Maddie elle-même, qui ne veut pas être regardée uniquement pour son physique, doit avouer que son premire critère de petits amis était l'apprence extérieure.

Le choix de Michelle Johnson, actrice à la beauté glacée et standardisée, est idéal pour incarner la femme du client défiguré, car son apparence rend fichtrement mal à l’aise. Que ce soient les femmes qui se pressent dans le cabinet de Brill montre que cette obsession de la beauté est typiquement féminine. C’est non seulement un diktat imposé pour demeurer attirante aux yeux des hommes (ne pas être désirée, quelle horreur !), et typique de la sacralisation du corps. Ce dernier point est à noter car révélateur du paradoxe des femmes : elles ne veulent pas être aimées que pour leur physique, mais encouragent cette voie. Les conversations mènent aussi à la superficialité des lieux où le physique est exalté en premier, comme Los Angeles. Une superficialité qui corrompt l’esprit et les idéaux des hommes, et dont l’innocent Hank Moody en subira les plus funestes conséquences dans Californication, l’esprit empoisonné par les miasmes putassiers de Hell-A. Bien qu’elle n’approuve pas ce charcutage plastique, Maddie tente de trouver une échappatoire en justifiant cela par la volonté de faire plaisir aux personnes que l’on aime : n’est-il pas généreux de se mettre sous son meilleur jour pour son amour ? Et là curieusement, David prend la place de Maddie en devenant utopique : si on aime, alors l’apparence ne doit pas être si importante, et on a pas besoin de cette attention. Mais, pessimiste, constate la suprématie de nos sens sur nos sentiments (Si vous aimez tant la profondeur, mettez vos organes à l’intérieur !). Cette inversion de rôles s’explique par l’évolution des personnages vers plus de sagesse.

Mais ce qui frappe le plus est la psychologie des personnages. D’abord dans la perversion du médecin (Nicholas Pryor, mielleux séducteur) pour qui ses clientes ne sont en fait que des matières premières destinées à assouvir ses fantasmes. Il les séduit, et leur fait l’amour après les avoir manipulées de façon à ce qu’elles choisissent une apparence correspondant à ses désirs. Alors qu’il semblait si gentil et philosophe, la révélation lorsque le voile se déchire (par une simple contre-plongée de caméra) claque comme un coup de pistolet. On retient beaucoup la personnalité fascinante de « l’homme sans visage ». Transpirant de haine derrière une courtoisie policée, Hunziger développe un magnétisme sidérant par son pragmatisme : sa réaction quand il apprend l’infidélité de son épouse est glaçante ; il la comprend, l’excuse presque, et cela le rend encore plus effrayant. Andrew Robinson joue à merveille ce personnage. Son épouse « assemblage de pièces détachées », bénéficie aussi d’un beau portrait, tiraillée entre son amour pour un homme avec qui elle ne peut plus être intime, et un désir pour le médecin qui l’a rendue belle et détruit son mari.

 

La tension est diffuse pendant tout l’épisode, et c’est la grande scène de révélation qui se charge de la rompre en injectant de l’humour à bonne dose, puisque pas moins de 4 assassins potentiels se retrouvent dans le cabinet du docteur dans le but de le tuer ! Sur une musique de tango totalement déplacée, ce cabinet se transformant en hall de gare à suspects sous les yeux blasés de Dave and Mad’ est l’écrin rêvé pour un règlement de compte tiré vers la farce. La révélation de l’assassin est un maître coup, on applaudit. L’affrontement de David contre une des femmes semble bien licencieux, car ressemblant davantage à deux amants s’étreignant qu’autre chose. Quant à la bagarre finale, on se marre avec des projectiles hétéroclites qui chose curieuse finissent toujours par s’échouer sur Maddie, bien sale à la fin.

Dave and Mad' étant officiellement bons amis, le romantisme n’a plus sa place. Stahl se débrouille en remplaçant les disputes homériques par de stimulants concours de vannes, et allant jusqu’à la limite autorisée (le baiser contourné). Malgré les événements des saisons précédentes, on marche de nouveau dans dans la tension sexuelle renaissante. Un épisode surprenant, intelligent, et divertissant, transporté par la mise en scène du brillant Allan Arkush, qui signe là sa dernière réalisation de la série. C’est l’occasion de saluer ici son grand talent de metteur en scène.

Infos supplémentaires :

- Excellente vanne : une des empreintes de nez que lance l’assassin sur David serait le modèle du nez de… Mark Harmon alias Sam Crawford dans la saison 3 !

- Le père d’Agnès était chauve.

- David semble amateur de films X. Comme c’est curieux…

- On entend dans l’épisode Plastic fantastic lover de Jefferson Airplane (au début de l’épisode et pendant la filature). Cette chanson est celle qui donne le titre de l’épisode. Le tango précité a pour nom La cumparsita. David chante un extrait de Iron man, chanson de Black Sabbath. On entend aussi le traditionnel Three blind mice.

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5. LA GUERRE DES SEXES
(SHIRTS AND SKINS)


Scénario : Roger Director

Réalisation : Artie Mandelberg

 
Je sais qu’elle meurt d’envie de m’étrangler parce que je ne sais pas mon texte.     
 
- Vous êtes renvoyé !
- Vous ne pouvez pas me renvoyer.
- Alors, je vous suspends indéfiniment !
 
Parce qu’elle a refusé de coucher avec Gary Coombs, son patron, Robin Fuller est renvoyée de son travail. Furieuse, elle lui tire une balle dans le pied. Maddie Hayes accepte d’aider son avocate à réunir des preuves pour innocenter la jeune femme qui a subi ce harcèlement sexuel. Mais il se trouve qu’en même temps, David a accepté d’enquêter en faveur de Gary Coombs pour démontrer que son accusatrice est dérangée mentalement. Maddie et David sont donc entraînés dans une guerre des sexes à laquelle toute l’agence participe…

L’épisode apparaît comme un clin d’œil à une excellente comédie sur le sujet éternel de la guerre des sexes : Madame porte la culotte (1949) de Georges Cukor, où un couple marié d’avocats (Spencer Tracy-Katharine Hepburn) se retrouve à plaider dans le même procès : l’un pour l’accusation, l’autre pour la défense. Roger Director ravive ainsi la flamme conflictuelle entre les deux protagonistes. Mais encore une fois, les auteurs n’osent plus aller au bout de leurs idées, empêchant l’épisode d’atteindre sa pleine dimension. Entre Maddie et David, ça crépite, mais plus comme avant ; sans doute parce que les scénaristes, trop respectueux de leurs personnages, désormais plus « sages », ne veulent plus délirer comme avant. On le regrette pour cette série qui ne s'épanouit que dans l'excès. Qu’importe, Shirts and skins est un épisode très estimable.

L’épisode souffre d’une structure bancale qui privilégie une seule enquête : on ne saura rien de l’enquête des femmes. On apprécie au moins la scène où David, déguisé en toubib, escorte un Herbert Viola sensé avoir une araignée dans le plafond pour pénétrer les dossiers secrets d’un hôpital. On est dans le retour aux sources avec Bruce Willis super décontracté, et Curtis Armstrong qui nous fait un numéro de fou vraiment tordant. Cela rappelle combien ce duo là est efficace, pourvu qu’ils aient un bon scénario sur lequel s’appuyer. Parallèlement, la guerre absurde entre employés autorise des jérémiades puériles tout à fait drolatiques. On retient surtout le jugement pour trahison d’Herbert pour avoir osé embrasser l’ennemi - Agnès - mené par ce régalant salaud de MacGillicudy (Jack Blessing s’amuse). Quant à David, on aime quand il rejoue avec succès le médiateur cool qui calme le jeu - avec musique ultra pompeuse à l’arrière-plan. La plus grande participation des figurants fait aussi plaisir à voir.

La scène clé de l’épisode est le cambriolage de Maddie, inquiète que son subordonné ait trouvé des preuves pour l’écraser au procès. Du coup, elle se prend pour John McClane, et nous fait une petite cascade sur les toits... sur la musique de La Panthère rose, ce qui suffit à démolir joyeusement toute tension ! Ou plutôt, à la retarder, car c’est bien à la confrontation centrale avec David que tendait les vingt précédentes minutes. Chacun est en face de leur propre conscience, chacun a commis un vol. Leur relation étant totalement empoisonnée par l'incertitude et un platonisme non assumé, chacun rejette sur l’autre la faute qu’il a commise. Passer habilement de la scène d’action au drame romantique, voilà bien le genre de bascule qu’on affectionne dans cette série si variée. Cybill et Bruce maîtrisent leur partition, du plus petit mouvement de tête aux grands gestes expressifs.

Le scénariste est sans doute conscient de la prévisibilité de son script : personne n’imagine que Coombs s’en tirera, et effectivement, l’arrivée d’un témoin de dernière minute n'est pas si inattendue. Director va donc nous donner une surprise qui consiste non dans le comment mais dans le pourquoi. Le retournement de veste miraculeux de David n’est pas dû à une crise de remords ou en une soudaine approbation de la cause adverse, mais bien à Maddie. Oui, il était prêt à dissimuler des preuves pour soutenir son client, comme tout enquêteur efficace doit l’être (pas d’émotions : on fait ce qu’on doit faire, pas ce que l’on veut). Mais il a la volonté d’être quelqu’un de bien pour elle, qui dans cette affaire est du "bon côté". Cela donne une conclusion shipper d’une douceur merveilleuse. Oui, il subsiste encore un peu de la magie romantique de Moonlighting, alors on ne se formalise pas trop du manque de délire qui aurait dû accompagner l’enquête.

Comme dans The straight poop (saison 3), l’épisode nous offre à la fin un petit cadeau : un bêtisier amusant de scènes ratées de la saison 5. Enjoy !


Infos supplémentaires :

- Il y’a neuf employés dans l’agence Blue Moon : cinq hommes (Herbert inclus), et quatre femmes (Agnès inclus).

- Le titre original provient d’une expression qui est utilisée dans quelques sports collectifs où deux équipes s’affrontent : au lieu que chaque équipe ait un maillot de couleur différente, l’une joue sans maillot, donc avec la peau à l’air (Skins), et l’autre conserve son maillot (Shirts).

- Erreur : David laisse Herbert jouer au ping-pong une seule minute, mais Herbert prétend avoir gagné 15-13. Un point toutes les deux secondes, ce qui est physiquement impossible.

Une autre erreur de continuité (mais celle-là peut-être intentionnelle dans un but comique) car la barbe de Bert a poussé en une minute entre le moment où il est surpris avec Agnès et le moment où David entre.

- Herbert Viola a quelques talents de hacker. Il est au régime (David lui commande un gâteau à la banane).

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6. LE BARRACUDA VIRE DE BORD
(TAKE MY WIFE, FOR EXAMPLE)


Scénario : James Kramer

Réalisation : Dennis Dugan

- David, pour quelle raison dilapidez-vous votre salaire ?
- Il est trop petit !
 
- Eh bien Maddie, je ne sais pas quoi dire devant ce cadeau, je ne trouve aucun mot.
- Si j’avais su que ça vous rendrait muet, je l’aurais acheté plus tôt.
 
Betty Russell, dite « le Barracuda », est une avocate dont la spécialité est de ruiner les maris de ses clientes en cas de divorce. Alors qu’elle défend Lydia Craft qui veut divorcer de son mari Nathan, elle fait un infarctus, et échappe de peu à la mort. Cet événement la bouleverse et la pousse à quitter un métier où elle se montre trop cruelle. Elle demande à David et Maddie d’espionner la nouvelle petite amie de Nathan afin de savoir quels sont ses réels sentiments envers lui : si elle n’était pas sincère, alors Betty pourrait suspendre la procédure de divorce et donner à Nathan l'occasion de revenir auprès de sa femme, et Russell partirait en ayant ressoudé un couple. Mais l’investigation du fin duo prend vite un tour personnel…

Avec cet épisode, Clair de Lune revient brutalement au niveau des premières saisons. L’habile James Kramer change radicalement la donne en réégalisant les deux fronts de la série : enquêtes-relation David-Maddie, alors que le curseur depuis le début de la saison était tristement axé sur le premier élément. Cela fait plaisir de voir la série renouer avec ce qui a fait son succès. Les dialogues éblouissants et la tension sexuelle reviennent de plus belle, avec une savoureuse interrogation mutuelle des deux détectives sur les sentiments de l’autre. L’enquête est très réussie, avec un beau portrait de femme qui fait penser à un A propos d’Henry féminin. D’adroits rebondissements et de bons gags, sans oublier une des plus belles codas de toute la série, montrent que Moonlighting a encore de sacrés atouts à faire jouer !

Le début est très amusant avec une 7533e arrivée désopilante de David dans l'agence s'enchaînant à une discussion avec Maddie sur leur rapport à l’argent. Bon, on sait que Maddie est économe, et David non, mais la revisitation de ce point est bien traitée, notamment par un David écoutant à peine les conseils financiers de sa patronne. Après ce début joyeux, la lumineuse Colleen Dewhurst livre une superbe composition de femme cherchant la rédemption. Elle fait un contraste détonnant avec la scène d’introduction où elle réduisait en mille morceaux le mari de sa cliente. Passer de la cruauté à la gentillesse avec autant de naturel est une belle performance. On est sincèrement ému par sa volonté de quitter son ancienne vie sur une note charitable. L’épisode met en regard la difficulté du métier d’avocat, où l’on doit mettre toute morale de côté et accepter de semer le chaos quand cela est bon pour votre client, tâche à laquelle elle était une reine incontestée.

L’enquête reprend sa juste place en étant un simple prétexte pour permettre des échanges brillants à notre duo gagnant. Toujours en désaccord parfait, Dave and Mad’ engagent de prime un ping-pong verbal très rapide où chacun a une interprétation différente - et crédible - du comportement du couple qu’ils espionnent. Sur ce point, Kramer connaît bien la série qu’il scénarise pour la première fois. Mais l’échange augmente d’intérêt quand ils se remémorent leur première rencontre et tous les défauts que chacun pensait de l’autre. Leur état d’esprit n’a curieusement pas tant changé que ça : leur période de couple (entre la saison 4 et la saison 5) se basait en fait sur l’acceptation des défauts de l’autre, une base plus solide qu’une simple passion charnelle (entre la saison 3 et la saison 4). Ce qui a échoué, c’est leur incapacité à communiquer. Or ici, ils trouvent enfin la bonne communication… mais renient leurs sentiments ! Il manque toujours quelque chose décidément. Cependant, l'on décèle une amélioration à l"horizon : ils se décident à faire des actes généreux l'un envers l’autre, et non plus de simples paroles. Une nouvelle étape.

David est critiqué pour ne pas laisser suffisamment de place à sa partenaire, par exemple, être trop dominant dans les baisers. Cela nous vaut un des gags les plus géniaux de la série, parodie du baiser de Gérard Depardieu à Fanny Ardant dans l’incandescente Femme d’à-côté de François Truffaut, avec évanouissement de la femelle comblée. On retrouve cette outrance de la série qu’on aime tant. Pendant ce temps, Maddie rougit de ne jamais s’être montrée généreuse envers David. Du coup, après un clip où on la voit hésiter entre plusieurs cadeaux (pas toujours conventionnels, le coup du boa et des chaussures ridicules est à hurler de rire), elle offre un cadeau très cher à son associé chéri, mais vraiment cher. Ce qu’on aime chez nos personnages, c’est que quand ils veulent s’améliorer, ils le font très vite… et trop bien, si bien que l’effet produit est souvent l’inverse de celui recherché. C’est le cas encore une fois pour Maddie qui a tellement gâté David qu’il en a honte et va chercher à se débarrasser à tout prix de ce cadeau ! Mais sa tentative va foirer au-delà de toute espérance, et c’est ce pauvre Burt qui joue le dindon de la force. Ne vous inquiétez pas, le cadeau en question sera bien détruit à la fin, mais il aura droit à un enterrement de première classe au sens propre du terme !

L’enquête réserve son lot de surprises car chacun des membres du démentiel ballet à quatre cache un double jeu. Le plan diabolique du vrai coupable est très malin ; on regrettera simplement l’absence d’une poursuite finale. Mais le tag final emporte tout avec nos héros s’embrassant ENFIN  avec passion pour la première fois depuis six épisodes. Ce baiser est très original car étant à la fois passionné, et preuve du changement de David qui laisse davantage « s’exprimer » sa partenaire. Ce baiser fantastique clôt magistralement cet épisode de la meilleure eau.

 
Infos supplémentaires :

- Aka. Faire et défaire. Le titre original de l'épisode déforme la "punchline" favorite de l'humoriste Henny Youngman, qui fut très populaire aux Etats-Unis (Now, take my wife, please).

- David est né le 27 novembre (même jour que Jimi Hendrix). Tout comme Fox Mulder, il oublie souvent de rabaisser le siège des cabinets. On apprend qu’il est un amant « fantastique » (5 ou 6 actes sexuels par nuit), et Maddie aime l’entendre chanter sous la douche.

- En plus de l'allegro vivace final de l'ouverture de Guillaume Tell de Rossini, on entend aussi Shop around de The Miracles.

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7. LE MORT RÉCALCITRANT
(I SEE ENGLAND, I SEE FRANCE, I SEE MADDIE'S NETHERWORLD)


Scénario : Chris Ruppenthal

Réalisation : Paul Krasny
 
Et moi je dis, débarrassons-nous de ce client, dénudons-nous, et allons nous rouler sur ce tapis !
 
- Tournez-vous, les mains sur le mur !
- Mais je viens de le repeindre !!
 
Maddie entre dans son bureau pour se présenter à son nouveau client : Harry Stoffer, mais le problème est qu’Harry vient de mourir pendant qu'il l'attendait ! Peu après avoir été enterré, Winston Guy, ami du mort, vient leur rendre visite, et leur dit que chacun avait la moitié d’un billet de loterie gagnant. Il faudrait retrouver le morceau qu’avait Harry pour que lui et la sœur d’Harry, sa légataire, puisse toucher leurs gains. Maddie et David se rendent au cimetière pour déterrer le corps mais sont surpris par deux tueurs. C’est le début d’une monstrueuse embrouille pour nos héros…

Moonlighting is back ! C’est la pensée qui nous vient en tête avec cet épisode, le sommet de cette saison 5. Son délire maximal s’ancre dans l’ADN séculaire de la série. Chris Ruppenthal embarque nos héros dans une cavalcade totalement dingo, parodie sous amphets d’un des films les plus singuliers de Sir Alfred Hitchcock : Mais qui a tué Harry ? avec un cadavre encombrant (s’appelant… Harry !) dont Maddie et David n’arrivent pas à se débarrasser. L’enquête n’est que prétexte à des gags énormes, et à des sous-entendus sexuels craquants (notamment une scène de douche assez licencieuse). On se demande quand même ce que le scénariste a fumé comme substances illicites à la vision de la grande scène de fantasmagorie macabre qui termine l’épisode, débauche d’horreur comique que n’aurait pas désavoué Tim Burton. Une scène polémique chez les fans qui l’adorent ou la détestent, mais dont la folie couronne ce scénario givré, soutenu par la réalisation parfaite de Paul Krasny.

La série retrouve avec plaisir un rituel laissé de côté depuis Big man on Mulberry Street (saison 3) : la dispute humoristique initiale. Maddie surprend David et les hommes de l’agence parler de leurs expériences de téléphone rose. Du coup, Maddie pousse une gueulante, David veut se justifier avec l’habileté qu’on lui connaît : les répliques claquent, les dialogues se chevauchent, la progression observée depuis Plastic Fantastic lovers trouve un juste résultat. Quant à l’affaire du jour, elle est plaisamment absurde avec un cadavre qui pousse nos amis à faire des truismes sur la vie et la mort qui déclenchent les rires. On retient surtout le moment où tous les employés sont pris d’un fou rire collectif quand les croque-morts arrivent !

Ce début décalé est très drôle, mais fait presque figure de tragédie à côté des péripéties suivantes imaginés par le scénariste maniaque. Il en est ainsi de la scène du cimetière où Maddie et David se retrouvent en une minute dans des emmerdes abyssales. On retrouve Délireman qui ne trouve rien de mieux pour détendre l’atmosphère que de massacrer des chansons à la grande horreur de Maddie… qui plusieurs gags plus tard se voit contrainte de chanter avec lui pour ne pas tomber dans la crise de nerfs. Les coïncidences à mourir de rire, et la manière déphasée de gérer de nos héros transforment cette situation noire en fête burlesque. Les deux tueurs confirment le retour aux sources car s’ils sont menaçants, ils sont aussi tellement caricaturaux qu’ils amusent plus qu’ils n’effrayent. Phillip Simms et Ron Howard George l’ont bien compris, et font partie de cette réussite.

En continuant leur enquête, nos amis retombent… sur le cadavre d’Harry. Par-dessus le marché, voilà les tueurs qui reviennent. On est habitués à le dire depuis le pilote, mais notre duo a peu de concurrents dans le noble art de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Nous aboutissons à une de ces scènes qui pourrait résumer Moonlighting à elle toute seule : une grosse dispute dans la voiture sous les yeux du cadavre en lunettes noires ! Le rebondissement central est très malin car il change le McGuffin en… un autre McGuffin. Comme quoi, l’auteur se fout vraiment de l’intrigue, et il a raison ! David ne trouve rien de mieux que de cacher le cadavre dans le congélateur de Maddie. Et qui c’est qui arrive à ce moment ? Les tueurs bien sûr ! Vous vous souvenez de Chuck Norris dans Invasion USA, quand il apparaît toujours au bon moment défiant tout crédibilité scénaristique ? Eh bien, on a un peu cette impression, sauf que dans Moonlighting, au moins, c’est un second degré assumé et riche en humour.

Nous arrivons alors au premier climax de l’épisode, rentrant dans le top 3 des scènes les plus érotisées de la série (après le final de I’m curious… Maddie, et le deuxième rêve de Tracks of my tears) où Dave and Mad’, troussés comme des poulets prêts à rotir sous la douche, se libèrent de leurs liens grâce à un pastiche de rapport sexuel. Tout y est : faux baisers, fausse éjaculation, faux va-et-vient... Un remarquable passage « sexuello-loufoque ». On a de plus en plus la sensation que nos amis se comportent comme s’ils étaient mariés, le sexe en moins. Par là, leur relation, très John Steed-Cathy Gale puissance 1000, se mâtine de John Steed-Emma Peel par une alchimie plus douce.

On en arrive à une des scènes les plus controversées de Clair de Lune : le cauchemar de Maddie. Hallucinatoire à 300%, sous acides à 600%, drôle et terrifiante à 800%, il tire sa source d’un classique du cinéma américain : Les chaussons rouges (1947) qui inclut une scène de ballet où l’héroïne danse sur scène dans un Pandemonium peuplé de monstres. Ce cauchemar est une sorte de Songe d'une nuit de sabbat berliozienne - le héros de la symphonie fantastique ayant comme Maddie la vision d’une orgie macabre. Maddie se trouve dans une espèce d’Enfer glauque (Black Moon) avec des visions d’horreur s’enchaînant à grande vitesse : cerbères bavants, tête d’Agnès ensanglantée, assemblée de squelettes, tous les monstres de mort sont convoqués dans une ronde infernale. Ronde qui peu à peu perd en frayeur ce qu’elle gagne en humour macabre quand Maddie danse le tango avec une créature des ténèbres ! On oscille sans cesse entre le rire et l’effroi, et on note l’apparition spectaculaire de David en grande faucheuse - une « idée fixe » semblable à la fiancée inaccessible de l’œuvre de Berlioz. La scène a aussi un arrière-texte psychanalytique caché : et si Maddie avait peur d’être « enterrée » par David ? Qu’à force de l’aimer en le niant, il ne finisse par la détruire ? Toujours cette pointe pessimiste que la série sait sortir au bon moment.

La mise en scène de Paul Krasny est contestable : elle fait très série Z, se complaît dans une vulgarité permanente… mais justement, cette réalisation criarde, au filtre rouge-vert d’une rare laideur, est parfaite pour montrer les émanations du cerveau en roue libre d’une Maddie au bord de l’épuisement mental. Elle désamorce aussi l’horreur pour maintenir cet épisode délirant dans l’humour. Cybill Shepherd est au poil en victime sacrificielle, et Bruce Willis brillant en Mort inexorable. On hait ou on adore, il n’y a pas de juste milieu possible. Personnellement, j’adoooore !

Ruppenthal a tellement bourré cet épisode qu’à la fin, il ne dispose plus de temps, et doit donc expédier son épilogue en trois minutes, ratant le tag final au passage. Mais on lui pardonne, car ça faisait longtemps qu’on avait plus assisté à un aussi splendide torrent d’idées. Pour finir, la musique d’Alf Clausen est de nouveau d’une qualité singulière pour un simple épisode de série, on vibre à chaque son. BRAVO !


Infos supplémentaires :

- Aka. Le revenant. Le titre de l'épisode vient d'une comptine que chantent les enfants américains quand ils sautent à la corde : I see England, I see France, I see [insérer un nom]'s underpants !

- David compare Maddie à Honey West dans la scène du parking. Honey West (1965) est la première série télévisée où le rôle principal est féminin.

- On entend dans l'épisode La marche funèbre pour une marionnette de Charles Gounod, Cabaret de John Kander et Fred Ebb, Shall we dance du duo Rodgers-Hammerstein II, et Hell bells d'Art Kassel.

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8. ÉCHEC À LA MARIÉE
(THOSE LIPS, THOSE LIES)


Scénario : James Kramer et Chris Ruppenthal

Réalisation : Dennis Dugan

- Oh, les gars, qu’est-ce que vous branlez ?
- David, surveillez votre langage ; il est dimanche, il est 8 heures, et des enfants regardent la télé !
 
- Vous savez ce qui me dégoûte ?
- Oui, les toilettes pour homme dans la gare centrale de New York.
 
Carla McCabe refuse la demande en mariage de son petit ami, Richard Addison, au motif que son associé dans une agence de mannequins, Benny Largo, l’a évincée et ruinée. Richard demande à son frère et à Maddie de retrouver Benny Largo, sans savoir que l’élue de son cœur dissimule quelques squelettes dans son placard…

Louable idée que de faire revenir le frère de David. Mais Kramer et Ruppenthal commettent l’erreur de se baser sur une seule idée : la rivalité fraternelle entre David et Richard. Glenn Gordon Caron avait déjà bien exprimé ce lien dans Brother, can you spare a blonde ? (saison 2), et cet épisode n’apporte pas grand-chose de plus. Il y’a quelques belles scènes entre les deux frères, mais l’ensemble est grévé par un scénario hors sujet avec l’âme de la série. On ne s’ennuie pas durant cette enquête rythmée, mais on ne s’intéresse simplement pas à une investigation trop sérieuse. Par-dessus tout, le duo David-Maddie ne produit pas d'étincelles : on a l’impression de suivre deux collègues faisant ensemble leur job, c’est tout. Enfin, on doit avouer que la machination du jour est sacrément tarabiscotée. Encore une fois, ce sont quelques scènes assez pétillantes qui vont sauver cet épisode, équivalent des Anges de la mort des Avengers avec une galerie fort fournie de jolies filles !

L’épisode commence par un gag de 4e mur aussi délirant que l’on puisse imaginer. Rien de moins que l’absence du chanteur Al Jarreau dans le studio. Du coup, impossible de lancer le générique ! Maddie et David vont donc tour à tour massacrer la chanson avant que Viola ne sauve le tout. Il s’agit de la dernière introduction de ce type dans la série, on le regrettera.

Pour son dernier tour de piste, les auteurs rendent hommage au frangin en lui donnant un rôle aussi important que le duo. Charles Rocket se montre à la hauteur, mais en amoureux passionné, il est quand même moins intéressant qu’en opportuniste bêta. En fait, Ritchie ne prend sa valeur que par sa relation problématique avec son frère. Le regard des auteurs sur David est inhabituellement féroce. Décrit comme un égoïste méprisant, ce dernier ne cesse de se dérober aux appels à l’aide de son frère. Remarquable est à cet égard la scène où il joue les oiseaux de malheur, secrètement satisfait de le blesser ou de trouver le premier prétexte pour lever les poings. Le remake de la bagarre dans le salon de Maddie dans T’as pas une blonde ? (saison 2) apparaît bien inférieur. Richard - qui possède curieusement le même caleçon à pois rouges que son frèrot - se montre plus sympathique et courageux dans l’expression de ses sentiments que ce dernier. Il n’hésite pas à déclarer sa flamme à Carla (Rita Wilson, très convaincante), là où Maddie et David, après cinq ans à se fréquenter, continuent de nier la nature de leur lien. L’ambiguité de Carla sème le trouble, on sent confusément qu’un jeu de manipulation est en cours.

Le problème est que tous ces atouts se voient gâchés par un traitement scénaristique insoluble dans l’esprit de la série. Les personnages n’ont pas assez d’envergure, leurs pérégrinations ne débouchent que sur du vide. Elles ne s’enchaînent d’ailleurs que grâce à des quiproquos pas crédibles. Que le méchant se trompe aussi longtemps sur l’identité de David est une grosse ficelle. L’histoire ne décolle que dans la… dernière scène, et encore, c’est seulement en surprenant les coupables par hasard que l’enquête se résout. On a vu nos amis plus en forme.

La réconciliation des deux frères est un beau moment : David avoue accidentellement ses sentiments en ne pensant qu’à venger un frère qu’il croit mort. Puis, la scène de prison où ils plaisantent et rient, réussie sur le fond mais inopérante sur la forme par son humour raté. On préferera donc la dernière scène où ils font les dingues dans toute la ville, Richard trouvant ainsi une consolation à son chagrin. Une fin idyllique.

Une ribambelle de jolies filles orne l’épisode. David se fait passer pour l’imprésario de Maddie qui prétend vouloir revenir à son ancienne carrière. Mais la sublime Maddie, 38 ans, est maintenant trop « vieille » et surtout « démodée », ce qui douche son enthousiasme. Certes, elle faisait semblant, mais c’est un bon gros coup que se prend son ego, et une critique envers notre société de plus en plus "jeuniste". La meilleure scène de l’épisode est certainement David s’improvisant mannequin. Les différentes séquences avec les bombes sexuelles derrière sont toutes hilarantes. La scène où l'une d'entre elles (Debra Stipe) s’offre à lui comme « cadeau de bienvenue » est surprenante : l’un des plus grands hédonistes-jouisseurs des séries télé refuse poliment ses avances pour rejoindre Maddie. Sous-texte : Maddie serait-elle désormais la seule femme à compter tant pour David qu’il refuse ce plaisir ? Une interrogation délicieuse qui en dit long sur l’évolution du personnage. Plus négativement, la jalousie de David envers le bonheur de son frère transparaît dans la scène de voiture. Il est ironique que Maddie le lui signale alors qu’elle-même n’a pas cessé de saborder leur histoire commune ! Pourtant, ils continuent de se comporter comme en couple, notamment la scène de massage, plaisant malentendu mais révélateur. On saluera en passant quelques scènes très drôles avec Burt et Agnès qui, surmenés de travail, tentent de décompresser en essayant (vainement) de faire l’amour dans les bureaux de l’agence… y compris dans celui de Maddie. Qu’ils sont mignons !


Infos supplémentaires :

- Aka. Des mannequins sans scrupules. Le titre de l'épisode pastiche celui du film Those lips, those eyes.

- David sait danser la samba, mais pas trop le cha-cha-cha. Il donnait des cours de danse plus jeune pour se faire un peu d’argent, tandis que son frère donnait des cours de dactylo.

- Dans la première scène, Richie dit que b-u-t ("mais" en anglais) sont les trois mots les plus insidieux de la langue anglaise. Bien entendu, il faut comprendre les trois lettres les plus insidieuses.

- On entend dans l'épisode (entre autres) Love is like a heatwave de Martha & the Vandellas, Girls, Girls, Girls d'Elvis Presley, Sex machine de James Brown, I only have eyes for you des Flamingoes, The shoop shoop song, Take time to know her de Percy Sledge. Richie fredonne Chapel of Love des Dixie Cups, et David Blue velvet de Bobby Vinton.

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9. L'HOMME QUI VOULAIT ÊTRE CÉLÈBRE
(PERFETC)


Scénario : James Kramer, Chris Ruppenthal, et Jerry Stahl, d’après une histoire de Jeff Reno et Ron Osborn

Réalisation : Gerald Perry Finnerman

 
- J’avoue que si je n’avais pas fait ce métier, vous m’auriez manqué, Agnès. Et aussi Viola, MacGillicudy, et tous les autres ; quoique pour l’instant je leur tordrais bien le cou à ceux-là.
- Et à Mr.Addison ?
- Ah lui, y’a pas que son cou que j’aimerais tordre !
 
- David, nous nous occuperons pas de cette affaire.
- Mais virez-là de ce feuilleton !
 
Brock Ash, la cinquantaine, va bientôt mourir. Attristé de quitter ce monde sans avoir « compté », il demande à l’agence Clair de Lune de l’aider à divulguer au monde entier le crime parfait qu’il a commis il y’a 25 ans en faisant un vol spectaculaire dans un musée. Ainsi, il pourrait partir en étant « célèbre ». David et Maddie partent à la recherche de Duncan Kennedy, l’ancien gardien du musée et l’unique témoin qui pourrait corroborer cette histoire. Mais rien ne va se passer comme prévu…

Malgré son originalité de départ, l’argument de Jeff Reno et Ron Osborn s’épuise dès les premières lignes. L’épisode fait s’enchaîner mollement des scènes dépourvues d’intérêt. On a rarement vu une enquête aussi plate, même à l'échelle de Moonlighting. Il est tout aussi triste de voir le duo d’auteurs qui nous a offert des joyaux comme Witness for the execution et Atomic Shakespeare, nous quitter avec ce script fade. A leur décharge, le trio Kramer-Ruppenthal-Stahl ne fait absolument rien pour relever le niveau de cette sous-histoire. La relation David-Maddie retourne au point mort, alourdie de flagrantes contradictions psychologiques. L’épisode rejoindrait le champ d’honneur des plus grands ratages si le quintette de scénaristes n'avait laissé libre cours aux folies du délirant Herbert Viola, plus que jamais l’ultime rempart contre la lassitude qui commence à s’installer.

Si Bruce Willis et Cybill Shepherd sont égaux à eux-mêmes, ils n’ont malheureusement que des dialogues certes enlevés, mais creux et ronflants à nous donner. Seuls leurs impressionnants jeux d’acteur parviennent à empêcher le spectateur de bailler d’ennui. Leurs disputes sur leurs morales bien différentes, archi-rebattues, crispent vite par l’inanité de leurs déclarations. On a l’impression de regarder une pâle copie des disputes légendaires des saisons précédentes. Surtout, ils font un revirement hors-sujet sur leur relation : Maddie se débarrassant de ses tourments pour rejeter toute la faute sur David - alors qu’elle avait accepté précédemment le partage des torts. Ce dernier avance par ailleurs des explications complètement fausses sur l’échec de leur relation, les réduisant à leur addiction aux éclats de voix, oubliant que c'est au contraire leur mode de communication naturel entre eux. Les épisodes précédents et l’envoyé du Créateur dans A womb with a view l’avaient rappelé. A croire que les scénaristes ont oublié de se relire ! La seule réplique échappant à cette purge est Maddie avouant à Agnès qu’elle aurait « du mal à travailler si David n’était pas là pour lui compliquer la vie ». Insuffisant.

L’enquête s’embourbe dans une investigation routinière bavarde à l’excès : l’exposé de l’affaire, le désaccord David-Maddie, la conversation avec le gardien… tout est lourd, empâté, pesant. Il n’y a aucune action - même le rebondissement de la chute mortelle ne décolle pas la machine. Tim Thomerson peine à donner vie à son personnage avide de célébrité. L’amour de la célébrité, qui tente tout homme, cherchant à tout prix d’avoir son quart d’heure de gloire Warholien, est un concept correctement traité, et permet les meilleurs échanges (façon de parler) entre les personnages. Il faut attendre le peu crédible twist final pour qu’on s’intéresse enfin à l’histoire, mais à ce moment-là l’épisode est presque fini.

Heureusement l’agité du bocal Herbert Quinton Viola sauve d’extrême justesse la mise. En totale roue libre, il nous fait des numéros d’enfer, dont le moindre n’est pas son incarnation d’un évêque italien qu’on croirait en plein trip d’acides. La joyeuse bataille de boules de papier dans l’agence, qu’il enclenche involontairement, est pleine de cet esprit de folie que l’on aime tant dans Moonlighting. Il est également mémorable en orateur pompeux et grandiloquent, improvisant difficilement son texte, quand il s’adresse aux journalistes. Que dire aussi de son numéro dans le tag final - une des seules scènes totalement réussies de l’épisode - quand il se mue en imprésario mielleux et cabotin. Dans tous ces multiples rôles, Curtis Armstrong, lutin sautillant, fait preuve d’une jubilatoire vis comica. Mentionnons la délirante course-poursuite finale avec des véhicules transformés en objet d’art hétéroclites. Ah, si tout Perfetc avait été comme ça... L’épisode nous quitte cependant sur de l’humour rayonnant et une touche de romantisme, David invitant Maddie pour un séjour à Paris (qu'on ne verra hélas pas). Mmmm, délicieux !

Infos supplémentaires :

- Aka. Le crime parfait.

- Le grand-père de Maddie était patron d’un grand cabinet d’agents de change à Chicago. Il est mort à 97 ans.

- Erreur de continuité : en seulement sept secondes, l’horloge de l’agence passe de 9h15 à 9h17 ! (Première scène avec Maddie et les employés).

- On entend dans l'épisode trois thèmes de série télé : Mission : Impossible, Dragnet, et Jeopardy !

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10. ANNIE, MADDIE, JALOUSIE
(WHEN GIRLS COLLIDE)


Scénario : Leo Tecate (pseudonyme de Merrill Markoe), d’après une histoire de Charles H. Eglee et Leo Tecate
Réalisation : Dennis Dugan
 
- Bert, je vais être franc avec vous, je ne voudrais pas vous gruger, vous avez déniché cette affaire, c’est donc à vous de la résoudre.
- Mais je ne voudrais pas retirer toute la gloire pour moi seul.
- Non, non, non, non, non, à vous les honneurs ; moi, je me contenterai de l’argent.
 
Crois-moi, sortir un soir avec David Addison ne sera pas un stimulant pour l’intellect.
 
Lorraine Anne Charnock (dite Annie), cousine de Maddie, débarque à Los Angeles pour quelques jours. Ravies de se retrouver, les deux cousines sortent et s’amusent. Mais lorsqu’Annie et David se rencontrent, une attirance naît entre eux. Le problème est qu’elle est mariée, et que Maddie verrait d’un mauvais œil cette relation…

When girls collide va malheureusement sonner le glas de la série par son nouveau choix scénaristique désastreux, qui va l'enterrer définitivement. Nos auteurs semblaient avoir trouvé un semblant de panacée pour maintenir David et Maddie dans une tension sexuelle : les décrire comme un couple marié, le sexe en moins, et les voir hésiter de nouveau à faire le premier pas. On ne comprend alors pas du tout pourquoi Charles H. Eglee - qui signe ici son dernier et plus faible scénario - et Merrill Markoe démolissent cette fragile mécanique, anéantissant tout espoir de resurrection de la série, et rendant caducs les efforts démesurés des auteurs en cette saison. Après Sam, Walter, et Terri, ce n’est rien moins que la quatrième fois qu'un tiers vient perturber la relation entre David et Maddie, et c’est une fois de trop : l’arrivée d’Annie n'est rien moins qu’un transposé en plus raté de l’arc Sam Crawford. Outre cette ânerie stratégique, l’épisode est un néant scénaristique total, qui laisse encore plus effondré que le précédent. L’épisode a cependant un sacré atout dans sa manche : sa guest star. Car Annie a les traits de Virginia Madsen, à la sensualité exacerbée, au jeu d’actrice énergique et pétillant, et au « feeling » étourdissant avec Bruce Willis... si étourdissant que - en toute objectivité - ce couple semble encore plus fusionnel que David et Maddie ! En désacralisant le fondement de la série, cela achève de la couler, ou comment l'atout de l'épisode se retourne contre lui par excès de virtuosité. Néanmoins, la réalisation de Dennis Dugan est une belle déclaration d’amour aux 80’s et à la ville de Los Angeles, ici bellement filmée. L’épisode surprend aussi par le changement de comportement de David et Maddie.

Dans les quinze premières minutes, une séquence seulement retient l’attention : celle où David échange un long, très long, très très long, mais alors TRES TRES TRES LONG regard avec une femme dans un ascenseur. La femme en question n’étant autre que Demi Moore, compagne de Bruce Willis à l’époque, on apprécie cette collusion entre la fiction et la réalité - qu’on retrouvera aussi dans l’excellent Hollywood A.D des X-Files avec la visite surprise de Tea Leoni, femme de l’interprète de Mulder à l’époque. Pour le reste, on est certes scotchés par l’apparition d’Annie, certainement la guest star la plus sensuelle de toute la série, mais l’ennui, c’est qu’il ne se passe rien, si ce n’est des discussions convenues entre les deux cousines. Phénomène remarquable : David change du tout au tout : il arrive en avance, se montre d’une galanterie sincère, ne sort aucune plaisanterie salace... Maddie en est la première surprise, mais met ça sur le compte de sa gentillesse, de sa volonté de ne pas choquer sa parente. Pourtant, un tel changement chez un homme pour qui la finesse a rarement été la tactique de séduction préférée ne peut a priori s’expliquer que parce que cette femme le trouble : d’ailleurs, il est bien moins tchatcheur, et fait parler plus son corps que sa bouche. On comparera les deux slows : celui avec Maddie est amical, souriant, doux, celui avec Annie est plus chaud, intime, sexuel même. D'où un réussi suspense sentimental (bien que malvenu à ce point de la série) : vont-ils s’embrasser ? La boîte de nuit de l’époque, la trompette érotique, les slows… tout concourt à nous faire basculer dans les rugissantes eighties. Un cachet qui a beaucoup de charme, et que capte superbement Dennis Dugan.

La sortie nocturne dans les rues de L.A. où David et Annie s’amusent comme des petits fous dégage une allégresse bienvenue, conclue par un tendre baiser. Le duo est fantastique, rien à dire, mais cette description simple d’un parcours de séduction ne peut remplacer un vrai scénario, et au bout d’une demi-heure, c’est bien simple : Merrill Markoe ne nous a absolument rien raconté. On retient cependant un discret et malin cassage de 4e mur : quand David et Annie achètent des ballons de baudruche, on aperçoit sur la vitrine du magasin derrière une affiche de… Die Hard ! Le premier succès sur grand écran de Bruce Willis était sorti en effet l’année précédente. On croit à une relance lorsque Maddie, qui découvre le rapprochement entre son associé et sa cousine, se dispute avec le premier, avec un joli ping-pong verbal. Mais l’épisode retombe vite dans le brassage de vent avec la désastreuse scène de l’hôtel qui finit en queue de poisson l’enquête du jour. L’affaire Sapperman n’ayant pas tenu plus de cinq minutes, il aurait mieux valu supprimer cette intrigue qui ne sert qu’à donner un rôle à Herbert Viola. Viola, d’ailleurs, s’autocaricature lors de l'interminable scène du court-métrage (le cabotinage de Curtis Armstrong est cette fois épuisant et irritant). Et si on attendait une grande scène de dispute façon screwball comedy lorsque Maddie découvre la « concrétisation » de Annie-David, on sera fort déçu, l’épisode ne prenant même pas la peine de s’étendre sur ce sujet. Sauf dans l’épilogue final, d’une insigne lourdeur. On tient là certainement le scénario le plus vide de la série.

Le spectateur s’interroge sur les réels sentiments des personnages mais les auteurs ne savent plus du tout comment les décrire. Le spectateur SAIT que David aime Maddie et Maddie aime David. Alors comment expliquer cette passade amoureuse ? Est-ce un moyen pour David d’attirer la jalousie de Maddie et la forcer à faire le premier pas ? Maddie est-elle réellement jalouse ou inquiète que sa cousine subisse les mêmes ravages qu’elle a eus quand elle était avec David ? Cette confuse sarabande de sentiments est très énervante, car signe que la série marche maintenant en pilotage automatique : il n’y a plus de cohérence, les scénaristes sont perdus et ne connaissent plus leurs personnages. Les épisodes suivants maintiendront ce pathétique cache-misère, qui aboutira à un des finales les plus désastreux de l'histoire des séries télé.

Infos supplémentaires :

- Aka. Tendres cousines.

- Agnès fait référence à Elliot Ness (Les Incorruptibles), pour décrire le comportement justicier de son cher et tendre.

- L’ombre de la caméra est visible sur le dossier du fauteuil de Maddie quand Agnès exprime ses inquiétudes envers elle. Erreur de montage lors du baiser Annie-David : on la voit un moment poser la tête sur son épaule ; au plan suivant, elle l’embrasse.

- L’épisode est dédié à la mémoire de Clint Althouse. Clint Althouse était un perchiste, mais qui n’a curieusement jamais travaillé pour la série.

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11. LE JURÉ DISSIDENT
(IN'N OUTLAWS)


Scénario : Marc Abraham
Réalisation : Christopher T. Welch
 
- Ah, tu me rends folle, tu as fait de moi une vraie cochonne. Oh, dis-moi c’que tu veux que je fasse ?
- Fais-moi penser à réparer la fuite d’eau dans tes toilettes.
 
Défendez notre pays, le seul au monde où une personne est innocente tant qu’on a pas prouvé le contraire… en dehors du Canada, des pays d’Europe et d’autres... sûrement l’Australie, mais là, j’suis pas sûre.
 
Agnès a été désignée comme jurée d’un procès : John Gibson, co-dirigeant d’une société, est accusée du meurtre de sa collaboratrice, Kathleen O’Rourke, avec qui il entretenait une relation conflictuelle, proche de David et Maddie. Toutes les preuves sont contre lui, mais Agnès vote non coupable car elle a un doute. Elle bloque ainsi totalement le verdict. Elle s’attire les foudres des autres jurés et celles d’Herbert, qui a organisé une fête avec les 83 membres de sa famille paternelle, et veut absolument qu'elle vienne car sa famille pense qu’Agnès n’existe pas…

Apparemment, il va falloir attendre un peu avant d'entamer la deuxième partie de l'épisode précédent. Les auteurs ayant décidé d'asticoter les fans en insérant entre les deux parties un épisode centré sur Bert et Agnès ! C'est culotté, et jusqu'à présent, seule l'hypertrash South Park a osé faire une chose pareille (le "poisson d'avril" ouvrant la 2e saison retarda la résolution du finale de la saison 1). David et Maddie nous offrant des spectacles de plus en plus affligeants, Agnès et Herbert deviennent illico ce qui reste de meilleur dans cette période de fin de règne. En effet, In n’outlaws confirme un principe majeur des séries télé : des seconds rôles en or massif peuvent venir au secours de premiers rôles fatigués. Dans le désastre ambiant des derniers épisodes, c'est le seul à surnager. Le scénario de Marc Abraham fait cohabiter deux histoires drôles : Agnès jurée, et la fête de Bert, le tout pour un résultat fort réussi.

L’intro est pleinement comique où des pas menaçants résonnent sous la musique des Dents de la mer… avant qu’on s’aperçoive que l’inquiétant individu n’a absolument rien d’inquiétant ! Le quiproquo absurde où Agnès croit que Bert va la quitter est également pétillant, grâce au cabotinage impressionnant des deux acteurs, en totale roue libre. Leurs chamailleries dans l’agence (Je vais le dire à MacGillicudy !) sont typiques de ce couple si mignon. Agnès et Bert, injustement mésestimés par les fans, sont pourtant restés jusqu’à la fin une des rares valeurs sûres de Moonlighting.

Après Le facteur sonne toujours deux fois (1946), La vie est belle (1946), Luke la main froide, et Casablanca, c’est au tour du classique de Reginald Rose et Sidney Lumet d’avoir droit à son petit pastiche : la situation d’Agnès, unique jurée votant non coupable, et bloquant ainsi le verdict dans une affaire d’assassinat, rappelle en effet 12 hommes en colère. On s’amuse des délibérations avec Agnès seule contre tous. Mais Allyce Beasley n’étant pas Henry Fonda, la situation est inversée et ce sont plutôt les 11 jurés en colère qui tentent de la convaincre ! L’ignorance intégrale d’Agnès en matière du droit le plus élémentaire est aussi drôle que son idéalisme est émouvant. Sa ferveur à rendre une justice réfléchie, d’être une citoyenne modèle sonnent juste car l’auteur a la fine idée de pousser au maximum les dialogues clichés de ce genre de situation pour donner autant un décalage comique que défendre des idées sérieuses. A ce titre, sa tirade enfiévrée sur une musique patriotico-pompeuse faux-cul, est un des grands moments de l’épisode. Les jurés, tout comme ceux de la pièce (et du film), sont des citoyens comme vous et moi, mais qui égoïstement, cherchent à écourter le verdict pour vaquer au plus vite à leurs occupations. Finalement, l’âme d’enfant d’Agnès se montre plus humaine et plus pure que celles de bien des adultes. Bert en particulier, lors de l’excellente scène de la fenêtre, puis des toilettes, où il se comporte aussi comme tel.

L’episode est surtout renommé pour le songe d’Agnès, la « couch scene » où elle transpose l’affaire en cours en mettant les visages de Maddie, David, et Herbert. Cela nous vaut donc une étreinte fougueuse entre Dave and Mad’ (si vous ne bavez pas à ce moment-là, vous n’êtes pas un fan de la série), plaisamment inattendue… puis Bert qui s’la joue macho italien avec une Maddie totalement sous son charme, un déphasage sidéral !

C’est toutefois la fête familiale des Viola qui déchaîne le plus de rires. La valeur si américaine de la bonne vieille famille traditionnelle est copieusement dézinguée à coups de Grosse Bertha, tant chacun des membres de la famille de Bert vogue au-delà de la caricature. Dans la famille italienne de Bert, les liens du sang sont si forts que même la famille Corleone en serait jalouse. C’est une mafia familiale : le père patriarche très à cheval sur les traditions, le cousin poil à gratter, la grand-mère élevée au rang de déesse intouchable, les frères, sœurs, cousins pique-assiettes et profiteurs, sans oublier l’obèse cousine italienne, qu’on veut fiancer au rejeton indigne de la famille. La scène où ils dansent une tarentelle burlesque qui expédie notre héros dans le décor est un gros fou rire. Les différents gags comme le glaçon en forme d’Italie (Mais où est la Sicile ???!!!!), ou l’humiliation publique de Bert ponctuent cette fête cauchemardesque. L’enquête de Bert avance à un rythme plaisant, et nous fait savoir que ce dernier a d’étonnants « informateurs ». La scène de révélation où Herbert dévoile devant la cour toute la machination de l’assassin est un bon moment de folie douce. Bert est obligé de faire des scènes d’action dans lesquels il n’est pas du tout crédible ; on est pour le coup assez proches des cascades délirantes des Marx Brothers ! La réalisation de Christopher T. Welch est bien dynamique.

In n'outlaws n’est cependant pas parfait, il y’a quelques temps morts, et on se demande bien à quoi servent les cinq dernières minutes, totalement inutiles. L’épisode aurait dû s’arrêter après le verdict final, car ensuite, on s’ennuie pas mal devant une coda qui se prolonge à n’en plus finir. Mais nous quittons toutefois nos héros sur une chaleureuse image, bien réconciliés, qui clôt le dernier bon épisode de la série.

 

Infos supplémentaires :

- Aka. Hors-la-loi. Le titre de l'épisode détourne une populaire chaîne de production d'hamburgers californienne : In n'out Burger.

- A noter que Robert Webber, qui joue le père de Maddie dans la série, a participé au casting de 12 hommes en colère (c'est le juré n°12), auquel l'épisode rend hommage.

- La famille Viola, d’origine italienne, compte (au moins) 83 membres et rien que du côté paternel ! Herbert Viola va avoir 35 ans.

- Agnès parle italien. Pourtant, elle me semblait pas le comprendre dans La fiancée de Tupperman (saison 2). L'aurait-elle apprise entretemps ?

- En plus du thème des Dents de la mer de John Williams, on entend dans l'épisode : Volare de Domenico Modugno et Franco Migliacci, That's amore d'Harry Warren et Jack Brooks, My country 'Tis of thee, et Lady of Spain.

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12. PETIT MEURTRE DE NUIT
(EINE KLEINE NACHT MURDER)


Scénario : Barbara Hall
Réalisation : Jay Daniel
 
- Qu’est-ce que David vous a apporté ?
- Des séances hebdomadaires à 200 $ sur un divan.
 
- Inspecteur Donnigan, je suis le garde du corps de Mlle Hayes.
- En ce qui concerne le corps que vous devez garder, vous avez plutôt de la chance.
 
 
Maddie Hayes est témoin d’un meurtre dans un parking, et manque elle-même d’être assassinée. Elle est placée sous la protection de l’inspecteur Donnigan, mais Bert a des soupçons sur lui. Pendant ce temps, Annie et David emménagent ensemble…

Les scénaristes, lessivés et hors service, n’ont même plus la force de sauver les apparences, et se hâtent même de couler le bateau. Ils ont perdu l’humour, la fantaisie, la tension sexuelle, la justesse psychologique, l’imagination… la série n’est plus que l’ombre d’elle-même et meurt petit à petit, étouffée par des auteurs en panne sèche. Barbara Hall avait plutôt bien commencé son histoire, avec des scènes de tension dans le triangle Maddie-Annie-David, et quelques jolis instants de romantisme entre ces deux derniers. Hélas, l’épisode dévie inexplicablement de sa trajectoire et se crashe sur l’enquête du jour, une des plus faibles de toute la série, et même pas résolue par nos héros, sagement spectateurs tout le long. Cette série de scripts médiocres - interrompue seulement par « l’interlude » In’n outlaws - ne bénéficiera pas d’un miraculeux regain comme en saison 4. Elle ne pouvait mener logiquement qu’à l’annulation d’une série certes géniale et révolutionnaire, mais ayant duré trop longtemps.

Le début tranche avec l’atmosphère lumineuse de la série par cet assassinat dans un parking, sous un ostinato inquiétant et entêtant d’Alf Clausen qui hante l’épisode. Excellente séquence initiale où Maddie tente de repousser son agresseur. C’est malheureusement le seul pan de l’enquête qui intéresse vraiment. Le reste en effet, se résume à la protection rapprochée de Maddie par un inspecteur qui se veut ambigu mais qui a le défaut d’être totalement lisse. Joseph Hacker est d’ailleurs transparent d’un bout à l’autre ; on se demande vraiment ce que Maddie peut lui trouver. Ok, on sait que son célibat lui pèse - voir ses réflexions dans When girls collide - mais est-ce une raison pour s’intéresser à quelqu’un d’aussi oubliable ?

Cela ne rend que plus étincelant la tendresse entre David et Annie, dont les cœurs battent à l’unisson. Outre que Virginia Madsen est sexy à tomber, vêtue d’une chemise de nuit qui laisse ses jambes dénudées, le courant passe superbement avec Bruce Willis. La scène du canapé, mélange de Tex Avery et de romantisme, est de loin la meilleure de l’épisode. Le fait qu’Annie envisage de plus en plus d’abandonner son mari pour David est remarquablement interprété par la comédienne qui a une nature finalement assez proche de son personnage : intense, impulsive, full of love, and ready to risk it all if I have to comme elle le déclara dans une interview. Ce tempérament est cousin de celui de David, à l’inverse de son mari stable et tranquille : chaotique, surprenant, débridé… elle aime être ballottée dans ce tourbillon d’inattendu et de plaisir que lui offre David. Si Mark a le rôle du « faux David » de Tracks of my tears, ce n’est pas un hasard, Annie étant dans la position de Maddie en saison 4, entre un mari stable et ennuyeux et David. Mais la série ne fait que ressasser ce que l’on sait déjà. Pire, elle renoue là avec le soap opera, genre qui ne lui va pas du tout.

Barbara Hall ne respecte pas du tout les personnages, ou du moins leur fait porter tellement de masques qu’on ne sait plus du tout à quel jeu ils jouent ; on est même pas sûr que l’auteure le sait elle-même ! David prétend qu’il ne se préoccupe pas de Maddie, Maddie pense que David veut se débarrasser d’elle pour voir Annie plus souvent, David pense que Maddie se comporte en désespérée, Maddie pense que David ne sait amener que le chaos, etc. le tout sans savoir s'ils le pensent vraiment car les scénaristes ont totalement perdu le contrôle sur eux. Autant de faux-fuyants, de questions accumulées qui n’obtiennent aucune réponse. When girls collide irritait déjà par ce défaut, mais Eine kleine nacht murder ne fait que l’accentuer davantage. A l’exception du trio de comédiens, toujours impeccable, il n’y a rien à sauver.

L’enquête est une catastrophe, car on ne parvient jamais à s’inquiéter pour Maddie. La présence fixe du fadasse inspecteur suffit pour casser toute tension. La coda est décevante par la non-implication de nos héros dans l’affaire, qui laissent sagement le SWAT résoudre ça tout seul. Les méchants du jour n’ont pas une once d’épaisseur, et ont beau cabotiner, ils sont plus ridicules qu’autre chose. Le tag passe aussi à la trappe. Avec cet épisode, l’électrocardiogramme de la série devient désespérément plat ; il était décidément temps d’arrêter les frais.

Infos supplémentaires :

- Le titre de l’épisode détourne une des plus célèbres œuvres de musique classique : La sérénade pour cordes en ré majeur KV525 dite « Eine Kleine Nachtmusik » (Petite musique de nuit en français) de Wolfgang Amadeus Mozart.

- Quelques laissez-aller scénaristiques : David précise à bien à Herbert que la voiture à rechercher est couleur argent, mais Bert la décrit à la police comme étant blanche. Pareillement, David demande à Maddie de se cacher sous le lit, mais quand il arrive, elle est près de la fenêtre !

- Quand le SWAT fait irruption chez Maddie, la musique est celle de la série.. SWAT !

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13. ÉCLIPSE DE LUNE
(LUNAR ECLIPSE)


Scénario : Ron Clark
Réalisation : Dennis Dugan
 
Je ne sais pas comment vous le dire, mais votre série… est annulée !
 
 
Agnès et Herbert annoncent leur mariage. Mais Herbert, paniqué et peu confiant, n’est pas le plus enthousiaste. En plus, un homme étrange ne cesse de le suivre partout. Mark, le mari d’Annie, revient, et David doit prendre vite une décision. A la fin de l’épisode, nos héros découvrent, horrifiés, qu’ABC a choisi d’arrêter la série…

Unanimement haï par les fans de la série, considéré comme l’épisode le plus catastrophique de la série, et par là comme un des finales les plus ratés de la télévision, Lunar Eclipse invite pourtant à un jugement plus nuancé. La scène finale est certes si horriblement frustrante, qu’il était impossible de rater davantage la sortie de la série. Il est tout à fait vrai de dire que c'est un des series finale les plus ratés de toute l'histoire de la TV. Toutefois, l’épisode en lui-même est loin d’être mauvais. Malgré des intrigues soap, la comédie règne, notamment un hilarant mariage en mode slapstick.

Mais surtout, on a droit à une mise en scène de Clair de Lune de sa propre mort. La série, pendant les dix dernières minutes, brise une ultime fois le 4e mur, pour peu à peu disparaître sous nos yeux. Malheureusement, le final est inachevé. Ron Clark, qui n’a jamais écrit pour la série, ne l’a pas manifestement pas comprise, et n’était pas indiqué pour la terminer. Il est dommage que Glenn Gordon Caron ne soit pas revenu. La déception est immense avec cette fin en eau de boudin, qui ne rend justice ni aux héros ni à eux. Le scénariste ne sait pas comment terminer la série, et par autodérision, le signale ouvertement. Honnête, mais frustrant. La sortie de la série s'effectue d’une manière unique et originale, très Moonlightingienne, mais la rate quand même.

David et Annie filent le parfait amour, à la grande fureur du fan qui n’a jamais vu une telle complicité au sein de son couple adoré. Virginia Madsen et Bruce Willis sont vraiment à l’aise, que ce soit dans la scène de lit comme pour celle de la salle de bains. Annie, dévouée corps et âme à son bel amant, est prête à se séparer de Mark, ce qui provoque une crise chez David. Vous reconnaissez le schéma-type de cette situation ? Forcément, c’est du soap ! Jusqu’au bout, la série aura été infectée par ce poison. Heureusement, l’histoire évite le naufrage par son portrait mélancolique de David. Ce dernier n’a pas assez confiance en lui, ne se sent pas digne d’Annie, et souhaite rompre.

Sous ses dehors de séducteur, David est toujours insatisfait et désespéré, car les femmes qu’il attire finissent par le rendre malheureux : Gillian l’a plaqué sans prévenir, Tess l’a trompé avec une autre femme, Maddie a déchiré son cœur… on peut même ajouter la fille d’un soir de L’annonce faite à Maddie (saison 4) qui ne le voyait que comme un sextoy. Loin de l’image virile qu’il veut donner, on remarque qu’il est toujours dominé par les femmes, et que ce sont elles qui le quittent. Annie ne déroge pas à la règle, car David, trop peureux de lui dire en face ses intentions, s’arrange pour que ce soit elle qui rompe, en faisant semblant de la tromper. Cette idée désespérée et pathétique consolide à la toute fin de la série le rapport complexe de David avec les femmes. Bruce Willis, tout en nuances et en retenue, accomplit une magnifique prestation. Le dernier regard qu’il lance à Annie au commissariat est une sublime bouffée d’émotion. On aimerait penser qu’il rompt parce qu’il pense encore à Maddie, mais la fin de l’épisode démentira cette idée, tuée dans l’œuf par les âneries psychologiques commises par les auteurs depuis l’arrivée d’Annie.

En contrepoint, la comédie illumine le couple Bert-Agnès dont le bonheur est ombragé par les paniques de dernière minute de Bert, et par leur filature. La scène du centre commercial fait s’enchaîner quelques gags assez croquants, tandis que Curtis Armstrong et Allyce Beasley (qui accomplit deux apparitions théâtrales) surjouent avec délicieusement. Toutefois, cette intrigue est parsemée de temps morts assez embêtants. Heureusement, le climax de la cérémonie de mariage est un vrai bonheur avec bagarre de saloon et plongeon général dans la piscine.

David rentre à l’agence, et apprend par un envoyé d’ABC que Moonlighting est annulée ! La magie du 4e mur opère une dernière fois pour permettre à la série de nous dire un long adieu. La musique angoissée et agitée d'Alf Clausen traduit bien ce sentiment d'inéluctabilité. Ron Clark a eu une bonne idée de terminer de cette manière la série, prenant le spectateur à témoin lors de l’ultime moment. Toutefois, il se sert de ce moyen pour expliquer son incapacité à conclure dignement la série. Ce qui donne des scènes tantôt consternantes tantôt excellentes. L’évacuation précipitée de MacGillicudy, dans les bras d’Herbert en larmes, fait partie de la première catégorie. Mais les scènes qui suivent sont plus intéressantes : les accessoiristes embarquent les décors et les meubles, et surtout David et Maddie s’aperçoivent qu’ils vont bientôt mourir : pas « physiquement », mais une fois la série annulée, ils n’existeront plus. Il est émouvant de voir les personnages prendre une vie propre, se rebeller, crier contre leur fin prochaine, comme s’ils échappaient à leur créateur. On est pas si loin du Six personnages en quête d'auteur de Pirandello, ou plus récemment de L'histoire de Gabe, un excellent épisode de La Treizième Dimension où un personnage se révolte contre le sort que lui réserve son auteur.

Le coup de gueule final d’Agnès, qui s’emporte contre le comportement absurde auquel se sont livrés ses patrons dans cette saison, et qui cause la fin de la série, est une métaphore de la révolte du personnage face à sa mort prochaine, mais surtout celle du public qui, lassé, s’est détourné d’une série qui allait droit dans le mur. Nouveau pincement de cœur, car le souhait d'Agnès : la création d'un spin-off de la série centré sur elle et Bert, n'aura pas lieu. La conversation avec Cy (Mr.Soupiro en VF), incarné d'ailleurs par Dennis Dugan, est le procès de cette saison médiocre qui a emprisonné David et Maddie dans une simple amitié insupportable, nonsensique, pour le spectateur. Ces scènes sont très malignes, mais se voient gâchées par la scène la plus horrible, la plus ratée, la plus grotesque de la série entière, qui est précisément la scène finale.

Le final de l’Eglise est irrésolu : nos deux amis tentent de tromper le destin et leurs sentiments en s’inventant une romance de dernière minute et demander un mariage express à un prêtre. Ce dernier, outré de les voir jouer avec les sentiments et le sacrement avec tant de désinvolture, leur refuse leur bénédiction. Ron Clark enterre la série de la manière la plus désastreuse possible : David et Maddie ne sont pas ensemble, et finissent assis près de l’autel. Ils expriment certes leur tendresse l’un envers l’autre, et leur chagrin de devoir se dire adieu, de laisser le show se terminer. Mais aucune déclaration d’amour : ils sont bloqués depuis le début de la saison au stade amitié, et le demeureront ainsi. Sans doute la saison devait-elle les rapprocher par la suite, mais la production ayant coupé court (13 épisodes au lieu de 22), les auteurs n’en ont pas eu le temps.

 

Pourtant un faible espoir demeure : la chanson qui termine l’épisode - qui se finit sur un clip-show d’images des saisons précédentes, une idée vraiment ridicule pour terminer une série d’ailleurs - est celle de Ray Charles : We’ll be together again. Et si finalement, dans un avenir que nous ne verrons jamais, Maddie et David seraient de nouveau ensemble ? Quoiqu’il en soit, cela ne répare guère cette honteuse fin. Le parallèle avec l’affaire Anselmo, qui ne sera jamais résolue comme nous l’indique le dernier plan de la série, est évident. Précisons que Moonlighting finit quand même sa trajectoire sur une nouvelle innovation : oser ne pas résoudre une affaire dans une série policière ! Jusqu’à ce jour, seule la série Homicide de Paul Attanasio a fait une chose pareille avec les affaires Gordon Pratt et Adena Watson.

Ainsi s’achève Clair de Lune, une des séries les plus révolutionnaires de l’histoire de la télévision. Loin du sérieux des séries policières qui l’ont précédée, elle a véritablement créé le genre de la dramedy, le genre le plus exigeant mais un des plus passionnants de la télévision, tout en gardant un ton résolument burlesque et libertaire. Maddie et David, torride couple en fusion, malgré une non-fin en queue de poisson, sont le modèle le plus fougueux d’un des genres les plus populaires auprès du public : le couple mixte en conflit perpétuel dont on attend impatiemment la concrétisation. Suivre cette série, c’est réellement vivre une expérience intense et inoubliable. Disons maintenant au revoir à cette série légendaire.


- Pour continuer l’aventure Moonlighting, je ne saurais trop conseiller le site n°1 de la série : http://davidandmaddie.com/

- La série a bénéficié aussi d’une autre exégèse passionnante et fouillée de la relation David-Maddie, épisode par épisode. Celle de Christine Graves sur son site Moonlighting Madness : http://home.comcast.net/~christinemgraves/index.html

- Enfin, des fans absolus ont décidé d’écrire des scénarios d’épisodes se situant après le final de la série sur le site Virtual Moonlighting. C’est ainsi que Clair de Lune bénéficie à l’heure actuelle de cinq saisons « apocryphes » qui valent grandement le détour : http://sarahk15.tripod.com/

(tous ces sites sont en anglais)
 
 
Infos supplémentaires :

- Final de la série. Aka. Eclipse lunaire.

- Cy est interprété par Dennis Dugan, réalisateur de l’épisode, et interprète de Walter Bishop en saison 4. D’une manière très fantaisiste, l’acteur est crédité au générique sous le nom de… Walter Bishop !

- Quand Cy est dans la salle de cinéma, il regarde une projection de l’épisode Le juré dissident.

- Bert possède une collection de lithographies érotiques.

- Dans la liste des hommes fantasmés par Agnès, elle cite Mark Harmon, l'acteur jouant Sam Crawford dans la saison 3. D'ailleurs, Agnès semblait avoir un faible pour le beau Mark !

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TOP 5 DE LA SAISON 5

1. Le mort récalcitrant : Pastiche sous acides du déjà décalé Mais qui a tué Harry ? d’Alfred Hitchcock. Maddie et David trimbalent un cadavre encombrant au cours de péripéties totalement loufoques. Un scénario plein de folie furieuse et d’inventivité dingo, couronné par un démentiel songe horrifique macabre et hilarant.

2. Et l’homme créa la femme : Un percutant pamphlet contre la dictature de la beauté, et l’illusoire poursuite de la jeunesse éternelle. Le whodunit n’oublie ni l’intensité dramatique - assurée par des personnages profonds et fascinants - ni la farce, avec un final étincelant.

3. Le barracuda vire de bord : Une enquête pleine de rebondissements donne naissance à une passionnante interrogation sur les sentiments de nos héros, dialogues brillants et électrisante tension sexuelle en prime. Cet épisode est le modèle qu’il aurait fallu suivre pour construire une saison aussi addictive que les précédentes.

4. Le juré dissident : La chute de la série n’emporte pas le couple secondaire. Bert et Agnès, toujours en pleine forme, s’offrent avant la fin un joyeux divertissement rythmé et plaisant. La famille de Viola, défilé de caricatures caricaturées, assure un spectacle de premier choix.

5. Faux mari, vrai sosie : Malgré une enquête peu inspirée et croqueuse de temps, l’épisode convainc largement par une succession de saynètes à double sens, et un humour souriant. Surtout, il installe un nouvel arc narratif qui permet de relancer la magie de la relation entre David et Maddie. Une promesse hélas trahie par un When girls collide hors sujet qui clouera le cercueil de la série.

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Images capturées par Clément Diaz.