Dr Jekyll et Sister Hyde (1971) Résumé : Recherchant la potion qui prolongera la vie, le docteur Jekyll l’essaye sur lui-même mais il se transforme en une belle jeune femme ! Pour poursuivre ses recherches, il décide d’aller jusqu’au bout, jusqu’au meurtre même ! Critique : Ce Hammer tardif montre que la déchéance de la firme n’était pas encore aboutie et qu’il pouvait toujours sortir des créations surprenantes et de qualité. Ce film est pourtant une reprise d’un thème déjà exploité mais il est bien plus original et ses interprètes, excellents, apportent quelque chose de nouveau, de plus sensuel aussi car le choix est de montrer plus de sang et d’érotisme. Heureusement que l’histoire développe plus que cela. Avec un scénario écrit par Brian Clemens, on pouvait s’attendre à de belles trouvailles et, en effet, elles ne manquent pas ! Le film profite d’un riche contexte historique qui sert plus que de trame historique en étant habilement mêlé à l’histoire. D’entrée de jeu, une affiche nous apprend que l’on recherche un assassin…dans le quartier de Whitechapel ! L’omniprésence du bouillard dans les scènes « d’extérieur » (visiblement tournées en studio) n’est pas sans évoquer l’épisode « Brouillard » de la série Chapeau melon et bottes de cuir justement consacré à Jack L’Éventreur. Ce nom ne sera pourtant jamais prononcé ici, laissant planer un petit mystère. L’ouverture du film est capitale aussi parce qu’elle instaure une tension : une prostituée est assassinée et le montage fait coïncider son meurtre avec le dépiautage d’un lapin ! L’insistance du réalisateur sur le couteau met mal à l’aise tout de suite. Le second point historique intervient en soutien des recherches de Jekyll qui a besoin de cadavres. Au départ, il se procure ce qu’il cherche à la morgue où travaille le sinistre Baker (excellente interprétation de Philip Madoc, inquiétant à souhait) mais, comme cela ne suffit pas, Jekyll charge Burke et Hare de lui procurer des cadavres. Ces deux affreux compères vont les trouver ces cadavres. L’idée géniale de Clemens, c’est de mêler à nouveau un fait historique (« les résurrectionnistes d’Édimbourg ») à la trame de l’histoire et le plus beau c’est que tout cela forme un tout cohérent, noir, violent et fascinant à la fois. La scène où le trio est filmé en contre-plongée fait ressortir la bassesse et la dangerosité de tous. Le scénario de Brian Clemens réussit une variation sur le personnage de Jekyll. Ainsi, avec talent, le scénariste nous présente un homme a priori « normal » mais les scientifiques sont des proies tentantes pour la Hammer qui les aime bien à point ! Lancé sur une recherche scientifique impossible (un thème récurrent chez les savants fous), le jeune docteur Jekyll comprend qu’une vie ne suffira pas et qu’il lui faut prolonger la sienne. Mais Jekyll ne serait pas Jekyll s’il n’essayait pas son breuvage sur lui et, là, innovation géniale sur une trame connue : Jekyll devient certes Hyde mais Hyde est une femme ! Une femme magnifique très satisfaite de son apparence comme en témoigne une scène complaisante sur son buste et un beau rire de gorge. Ultérieurement, le réalisateur nous en montrera subrepticement beaucoup plus mais la nudité est ici mise au service d’une histoire et elle demeure fugace. Par contre, il est indéniable que, dans un premier temps, Martine Beswick n’est qu’un beau corps sans une ligne de texte. La Hammer aimait les jolies femmes mais n’était vraiment pas féministe ! En parallèle se déroule une intrigue secondaire qui, anecdotique au départ, prend petit à petit de l’ampleur et finit par jouer un rôle important. Au-dessus de chez Jekyll est venu habiter la jeune Suzanne (Suzanne Broderick) qui y vit avec sa mère et son frère Howard. Ce dernier n’aime pas beaucoup Jekyll mais il est tout de suite fasciné par Sister Hyde qui ne le décourage nullement ! Lors d’une « réunion » impromptue, Hyde révèle que Jekyll aime Suzanne et qu’elle-même aime Howard. Même si on peut douter de cette dernière affirmation voilà une phrase singulièrement troublante puisque Jekyll et Hyde sont une seule et même personne ! Le thème de l’ambigüité sexuelle est ici pleinement exprimé, montrant que l’époque a changé et que la Hammer cherche à s’adapter. Intéressante aussi la mention d’une « lutte » entre Jekyll et Hyde. Un film c’est une histoire qu’il faut incarner et le choix des interprètes est ici une réelle réussite. A cent lieux du fadasse Paul Massie du premier opus, Ralph Bates est un magnifique Jekyll. S’il le montre extrêmement travailleur, il ne lui donne pas non plus la passion du savant fou et le montre même plutôt équilibré. Ce qui est très bien vu car cette « normalité » du docteur ne fait que plus ressortir l’horreur de ses crimes et l’ambigüité de sa position vis –à-vis de sa « sœur » (c’est ainsi qu’il parle de Hyde à sa jolie voisine Suzanne). On comprend que la Hammer ait songé à lui pour une « seconde génération » après celle des Lee et Cushing mais le déclin accéléré de la firme dans ces années 70 ne le permettra pas. A ses côtés, Martine Beswick se tire haut la main d’une prestation qui aurait pu être scabreuse. Elle est magnifique, on l’a déjà dit, mais elle sait jouer et c’est avec efficacité qu’elle use de ses sourires ambigus et de regards volontiers faussement pudiques pour dissimuler une force intérieure rageuse et un appétit de vivre féroce. A la toute fin du film, quand Hyde veut assassiner Suzanne parce qu’elle plaît à Jekyll (et réciproquement), elle la suit dans le brouillard et c’est extrêmement tendu. Son visage exprime alors une détermination froide puis une haine virulente. Le troisième larron, Gerald Sim, réussit l’exploit d’éviter d’être le collègue « voix de la raison » pour exister vraiment par lui-même. D’un tempérament sybarite, le docteur Robertson est un confrère intéressé, certes sceptique sur les recherches de Jekyll mais pas hostile et qui ne cesse de le pousser à profiter de la vie. On est loin de la morale victorienne ! Jusqu’au bout, Gerald Sim saura alterner sourires de l’homme de plaisir et mine fermée de l’homme de devoir. Bel exercice d’équilibre. Le final est nerveux, angoissant mais, surtout, le testament de Jekyll, qui placé en ouverture nous a prévenu qu’il allait raconter « une histoire effroyable », est détruit accidentellement. La vérité ne se fera pas jour et cela signifie que tout peut recommencer. Anecdotes :
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Capitaine Kronos, chasseur de vampires (1974) Résumé : Bretteur accompli, Kronos est un ancien soldat qui traque les vampires. Il est appelé par son ami, le docteur Marcus, dans un village où des jeunes filles sont attaquées et meurent après avoir connu un vieillissement prématuré. Pour Kronos, elles ont été victimes d’un vampire qui les prive de leur énergie vitale. Critique : Après avoir magnifiquement renouvelé le thème du docteur Jekyll dans Docteur Jekyll et Sister Hyde, quoi de plus naturel pour la Hammer que de confier à Brian Clemens le soin de dépoussiérer le thème du vampire qui a fait la gloire de la firme. Malheureusement, malgré de bonnes idées, le scénario manque de surprises et surtout le film pèche par sa lenteur et son manque de rythme. Portant, il semblait pouvoir relever le gant avec un mélange de western et de cape et d’épée. En ceci, il annonce l’étrange Les sept vampires d’or qui mêlera vampirisme et kung-fu ! Visuellement, le film commence très fort et Brian Clemens semble exceller à trouver des images fortes comme la jeune femme au pilori que Kronos libère et qui deviendra sa compagne ou la chauve-souris suspendue à la croix de la pierre tombale. Quelques angles sont bien trouvés pour les premières attaques et, sur la toute fin, un lent travelling sur la coursive surplombant la salle où dort Caroline Munro fait passer un frisson d’angoisse. Sauf qu’entre les deux, c’est plat. Les décors naturels sont d’une banalité consternante et rappellent la forêt dans Dracula, prince des ténèbres ; sans doute parce que ce sont les mêmes probablement ! Le village est à peine esquissé et le manoir des Durward se résume à une façade gothique et une grande salle qui fait vraiment décor. On a connu Brian Clemens plus inspiré ! Pendant une grande partie du film, Kronos et son partenaire, le docteur Grost ne font pas grand-chose à part tendre des pièges inefficaces et deviser ou fumer avec l’air pénétré de ceux qui réfléchissent profondément. Le docteur Grost est un personnage intéressant à qui John Gates apporte une certaine sympathie mais c’est encore une figure du « sachant » bien connue des amateurs de films de vampires et qui ne manque pas de nous donner un cours, bref et pas dénué d’intérêt car Brian Clemens a une plume audacieuse. Dommage que le réalisateur, Clemens Brian, n’en fasse pas grand-chose, hormis peut-être une scène d’exécution d’un vampire pas piquée des vers. Bien filmé, avec un léger parfum d’ironie, ce passage se suit avec plaisir mais on garde cependant l’impression que c’est une saynète pour passer le temps. En fait, tout le film se résume à la préparation de la bataille finale entre Kronos et le vampire. On a attendu une heure pour une scène de vingt minutes. Alors oui, elle est très bien rythmée et le duel à l’épée est un morceau passionnant. La mise en scène est intéressante : alors que Kronos et son adversaire ne cessent de bouger, les autres participants sont statiques car ils ont été plongés dans l’hypnose. Ce final débute par un coup de théâtre fantastique formidablement bien amené. Il n’en reste pas moins que près d’une heure de film s’est déroulée à une cadence paresseuse. Le problème du manque de rythme se conjugue avec un autre, embarrassant également. L’acteur principal, Horst Janson, manque de charisme et ne paraît pas très impliqué. Pas étonnant que le personnage, censé devenir récurrent, ne soit jamais revenu ! Ensuite, les autres personnages sont de simples illustrations. On est ravi, par exemple, de revoir Ian Hendry dans un rôle de sale type mais c’est une scène purement gratuite ! Brian Clemens a donné un petit rôle à un acteur qu’il aimait bien mais le spectateur est le dindon de la farce. John Carson, qui incarne Marcus, est plus intéressant que dans L’invasion des morts-vivants mais ce n’est pas non plus le Graal. En fait, on devine assez vite ce qui va lui arriver. Le duo des Durward, Paul et Sarah, est plus intéressant car leurs liens sont ambiguës (d’autant que Lois Daine porte les cheveux courts et un habit d’homme, ce qui est audacieux et tendancieux pour l’époque) mais, là encore, le peu de charisme des acteurs empêche le récit de décoller. Le plus grand péché de Brian Clemens ici est de s’être montré incapable d’écrire et de faire vivre le personnage de Carla auquel Caroline Munro apportait sa fraîcheur et sa beauté. Ah ! Oui ! Elle est belle ! Brian Clemens la filme deux fois en clair-obscur complètement nue mais quelle utilité dans le récit ? Carla est le repos du capitaine Kronos et n’agit jamais par elle-même. Plusieurs scènes la montrent d’ailleurs parfaitement désœuvrée ! La Hammer n’a jamais été féministe mais Brian Clemens, qui avait pourtant su donner de l’ampleur à la Sister Hyde jouée par Martine Beswick, est ici d’un machisme confondant et scandaleux. Anecdotes :
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Dracula et les femmes (1968) Résumé : Alors qu’il avait été vaincu auparavant, le comte Dracula parvient à revenir à la vie grâce à un prêtre damné. Il veut alors assouvir sa soif de sang et tirer vengeance de celui qui a condamné l’accès à son château. Critique : Pour la première fois, ce film ne doit rien au roman de Bram Stoker hormis le comte évidemment et le final qui s’apparente à un pastiche. Si l’histoire n’a pas la force des précédents films, elle reste de bonne qualité et la réalisation de Freddie Francis est à la hauteur de celle de Terence Fisher. Peu concerné par la mythologie fantastique, le réalisateur va s’attacher à la dimension plastique de son film. Une image forte au début donne le ton : l’église du village en contrebas du château est vide. Plus fermement que Fisher, Francis accentue la dimension blasphématoire de Dracula. Si son principal adversaire est Monseigneur Muller, on trouve un prêtre lâche et veule qui va devenir le principal valet du comte et le personnage de Paul est ouvertement athée. En outre, le premier crime est commis dans une église. A aucun moment, le prêtre damné n’aura de nom, ce qui en fait un archétype de ces ecclésiastiques ayant choisi l’Église catholique sans avoir la foi. Il est aussi l’image vivante de la damnation. Ewen Hopper la montre physiquement à l’œuvre à travers le dos voûté, l’accablement permanent, la peur qui ronge de l’intérieur, la certitude que ce qu’il est en train de faire est mal tout en étant incapable de refuser. La réussite de cette interprétation laisse ouverte la possibilité qu’il puisse se racheter et trouver une forme de rédemption. John Elder parvient à renouveler la figure de l’adversaire en la dédoublant. Monseigneur Muller a un rôle clé au départ mais il disparaît la moitié du film pour ne jouer qu’un rôle secondaire mais déterminant dans le final. Non seulement il est le « sachant » mais, pour la première fois, il est passeur car il transmet son savoir à Paul pour que celui-ci puisse protéger Maria, sa fiancée prise dans l’étau du comte. Dans Le cauchemar de Dracula, Arthur Holmwood se contentait de suivre Van Helsing. Ici, Paul suit des instructions mais agit par lui-même et c’est lui qui doit sauver la jeune femme. Rupert Davies s’inscrit dans la lignée ouverte par Peter Cushing mais l’âge de l’acteur (52 ans) l’exclut des scènes « d’action » alors que Peter Cushing y participait lui-même ; d’où la création de Paul correctement interprété par Barry Andrews qui manifeste une belle et saine énergie. Que Paul soit étudiant n’est pas tout à fait crédible par contre. Par sa réalisation, Freddie Francis donne au film une dimension métaphysique intéressante. D’abord, il parvient, avec l’aide de décorateurs plutôt inspirés, à donner l’illusion d’une ascension en montagne ; ce qui était n’était pas du tout le cas dans Dracula, prince des ténèbres. Du coup, ici, la montée vers le château est une vision inversée de la descente vers l’Enfer. En outre, lors de la poursuite sur les toits de la ville, le réalisateur fait le parallèle avec cette même montée : Dracula est dans la ville ! Le vertige physique est ainsi mis en parallèle avec le vertige psychologique que représente le pouvoir de séduction du comte. Les scènes de déambulation sur les toits ont également une certaine poétique. Si le titre français est sensationnaliste, il n’est pourtant pas complètement faux. Ceci dit, cette dimension du film n’est pas la plus originale puisqu’il reprend le schéma du roman et des précédents films, deux femmes victimes. L’une succombe et devient servante, l’autre est sauvée. Barbara Ewing se sort plutôt bien du rôle un peu ingrat de « hors d’œuvre » par la gouaille qu’elle a du « vivant » de son personnage, de sa dimension « canaille » et de sa jalousie envers Maria. Elle ne rivalise pas en beauté avec Veronica Carlson qui fait ici son entrée dans le panthéon des « Hammer’s Girls ». Magnifique, elle est parfaitement mise en valeur par Freddie Francis qui a une astuce bien dans le goût de la Hammer pour marquer l’affermissement de l’emprise du comte sur Maria : il dénude à mesure son actrice. Si le pli reste sobre, le basculement du studio vers plus de sang et d’érotisme est patent. Quand le comte entre pour la première fois dans la chambre de Maria, la caméra se met en plan fixe et on voit Veronica Carlson reculer vers son lit puis tourner le cou et s’allonger. La posture érotique est nette mais, surtout, la réalisation met le spectateur à la place de Dracula ! La séduction opérée par le comte est mise en parallèle avec notre voyeurisme. Si l’on ne voit pas la morsure (qui est un signe de possession dans les représentations symboliques), le jeu des visages qui se frôlent est éminemment sensuel. Le jeu des gros plans participent pleinement à l’action : ce que nous ne voyons pas est suggéré assez nettement pour que le spectateur « complète » les vides de la narration. En Dracula, Christopher Lee reste prodigieux et, miracle !, il retrouve des lignes de texte ! Il a peu à dire mais ces paroles, rares, participent de la posture du comte : il est le maître qui ordonne, fustige, séduit ou condamne. Dans les poses hiératiques caractéristiques du monstre, l’acteur anglais est fabuleux. Il rayonne d’un charisme sombre et manifeste aussi une grande force physique. Par contre, dans le final, il en fait un peu trop et la « mort » du comte est beaucoup trop théâtrale et peu convaincante. Anecdotes :
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Frankenstein créa la femme (1967) Résumé : Frankenstein poursuit ses travaux : il est certain de pouvoir transférer une âme d’un corps dans un autre ! Des circonstances tragiques vont lui permettre de réaliser sa sinistre opération. Critique : A la fois une pure merveille et une sainte horreur ! Le scénario de John Elder (alias Anthony Hinds) renouvelle le concept des Frankenstein tandis que Peter Cushing assure la continuité et fait évoluer son personnage. Ce film réalise un délicat et subtil alliage ; celui de la science et de l’ésotérisme. En effet, dans cet opus, le baron – qui officie sous son vrai nom cette fois – ne cherche plus à créer un corps mais à transférer une âme ! John Elder pousse le scientisme du docteur jusqu’au bout car, si la chirurgie est une science, l’âme est une notion religieuse et non un concept scientifique. A moins de verser dans la métaphysique. A mi-chemin du film (le moment de bascule), Frankenstein explique à son assistant qu’il a « vaincu la mort ». Comme ledit assistant est particulièrement benêt, l’explication de Frankenstein s’adresse tout autant au spectateur qu’à lui ! Le scénariste cherche à nous attirer dans les rets du baron en nous faisant suivre la démonstration. Si les précédents opus relevaient de la science-fiction, celui-ci flirte avec le fantastique et ça marche ! La « dimension fantastique » (pour reprendre l’expression de Barbara Sadoul) débute en fait dès le commencement du film avec cette scène de guillotine. Laquelle fait écho aux deux films précédents mais elle devient aussi un sinistre « fil rouge » scandant les différents chapitres du film et jouant un rôle capital. Est-ce pour contrebalancer ce côté résolument noir que John Elder a écrit le rôle du docteur Hertz, qui est en tout point l’opposé du docteur Frankenstein, ainsi qu’il le dit lui-même ? Le premier est aussi crétin que le second est brillant, aussi porté sur la boisson que l’autre est sobre mais aussi gentil et attentionné (comme en témoigne ses attentions envers Christina) que Frankenstein est impitoyable. Il est un contrepoint comique qui allège la tension, évite le sérieux empesé sans jamais faire verser le film dans la parodie. Thorley Walters réalise un sans-faute dans l’interprétation subtile de son personnage. Un second contre-point existe et il est inédit dans la saga : l’amour ! Si le baron en est préservé (comme Sherlock Holmes à qui Peter Cushing a justement prêté ses traits), ce n’est pas le cas des deux jeunes gens que sont Hans et Christina. Terence Fisher filme avec sa pudeur habituelle et apporte un temps de tendresse rare et, hélas, vain. Nous sommes chez Frankenstein. Il ne saurait y avoir de la place pour du sentimentalisme. On a même la plus parfaite expression du cynisme du baron ! Certains critiques le juge « bienveillant » mais, s’il fait preuve d’un certain sens de la justice, son égoïsme foncier l’empêche d’accéder à la réelle bienveillance. Robert Morris est un interprète correct pour Hans mais sans génie particulier. En revanche, Susan Denberg accroche le regard d’emblée. Elle a un rôle à deux facettes à jouer et elle réussit à jouer les deux sans anicroches. Elle est une des « Hammer’s Girls » à avoir un véritable rôle et sans que son physique ne soit absolument dévoilé. Lorsque Christina aguiche successivement les trois dandys, elle ne montre pas grand-chose mais promet beaucoup plus ! Là est l’érotisme mais la Hammer oubliera la leçon. Le décor du laboratoire évolue peu mais on notera la disparition des cornues et autres fioles qui sont remplacées par des câbles, des mécanismes, des barres pour conduire la chaleur. Comme si, au moment où la saga glisse vers le fantastique, les décorateurs de la Hammer cherchaient à maintenir ladite saga dans le « réel » scientifique. La science est présente également à travers la génétique mais c’est néanmoins la dimension « spirituelle » voire morale de la transmission qui intéresse le scénariste. Que doit-on à son héritage ? L’antienne « Tel père, tel fils » joue un rôle crucial et abominable ici. Sommes-nous libres ? Ce questionnement métaphysique n’est jamais énoncé clairement par Frankenstein mais tous les actes de ce dernier hurlent que non. Anecdotes :
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