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Comtesse DraculaDracula vit toujours à Londres

Saga Hammer

The Vampire Lovers (1970)


THE VAMPIRE LOVERS
(THE VAMPIRE LOVERS)

Résumé :

Lors d’une soirée, une comtesse prend prétexte d’un parent mourant pour laisser sa nièce Marcilla à la garde du Général von Spielsdorf. Mais c’est une ruse car Marcilla est en réalité Carmilla Karnstein, une vampiresse qui a un goût pour les jeunes femmes. Or, le Général a une nièce, Laura, qui ne tarde pas à tomber sous la coupe de la trop jolie Marcilla. Bientôt, les morts s’accumulent dans la contrée. Un voisin, Morton, a aussi une très belle fille, Emma, qui est une amie de Laura…

Critique :

A l’orée des années 1970, la Hammer cherchait de nouvelles idées et c’est exactement ce que le scénariste Tudor Gates et les producteurs Harry Fine et Michael Style vont lui apporter sous la forme d’une adaptation du court roman Carmilla, de Joseph Sheridan Le Fanu. C’est l’acte de naissance de la seule trilogie de la Hammer, la trilogie Karnstein, qui aurait pu même s’enrichir d’un quatrième volet si Michael Carreras n’avait pas voulu faire table rase des projets antérieurs quand il reprit le studio en 1973. Cette série, mais à commencer par ce film, va permettre à la Hammer d’aller plus loin dans le gore – le film s’orne notamment de très belles scènes de décapitation (plans alors inédits) mais aussi dans l’érotisme.

The vampire lovers est ainsi un défilé de femmes toutes plus belles les unes que les autres dont on admire les poitrines nues à plusieurs reprises. Il y a même un nu intégral pour Ingrid Pitt précédé d’un « strip-tease » somptueusement filmé par Roy Ward Baker. La chambre est plongée dans la pénombre et l’actrice seulement éclairée de dos par la lumière lunaire à travers une fenêtre.

Si la Hammer est coutumière quant à choisir des créatures superbes (et qui crient très fort, comme ici et à plusieurs reprises), le film bénéficie également du fait que ce sont de bonnes actrices. Pippa Steele a l’insigne honneur d’être la première victime d’Ingrid Pitt et elle se montre convaincante. La scène de séduction est filmée avec classe, sensualité. C’est d’ailleurs la marque de Roy Ward Baker sur ce film. Malgré le thème, il ne tombera jamais dans la vulgarité. Le spectateur a aussi un aperçu de son talent avec la structure du film qui est en partie un flash-back.

La scène d’ouverture, qui est un modèle de poésie, est rappelée dans la dernière partie du film, et l’on comprend alors que tout ce que l’on a vu aurait pu ne pas être ! Le scénario a également l’habileté cruelle de faire disparaître le personnage de Laura au bout de vingt minutes alors qu’on pouvait penser qu’il s’agissait du second rôle féminin ! Sauf qu’on a ici un écho du Psychose d’Hitchcock. Du coup, quand « Marcilla » rebaptisée « Carmilla » apparaît dans la vie d’Emma (Madeline Smith), c’est l’angoisse assurée puisque le spectateur « sait » ce qui va suivre et peut donc s’inquiéter. D’autant, et le baron Hartog le dira, que les vampires sont intelligents. On en a plusieurs exemples avec Carmilla. Peut-elle arriver à ses fins ? Certainement !

Visuellement, c’est superbe. Les décors sont vraiment splendides, notamment les ruines du château Karnstein avec sa chapelle de style byzantin ou la salle de bal du Général (qui ressemble à la grande salle dans Capitaine Kronos) et la maison de Morton. Il y a un luxe qui flatte l’œil. La description des cauchemars est également rendue par un enchaînement d’images menaçantes en noir et blanc qui fait penser au tableau de Jacob Füssli, justement appelé « Le cauchemar ». Avec habileté, Roy Ward Baker enchaîne le récit poignant du cauchemar avec une scène érotique ; le lien étant Carmilla, ce qui est évident pour le spectateur mais pas pour Emma. Éros et Thanatos sont bien unis dans une même chair ! Autre scène forte, la mise à mort du trop perspicace docteur. Dans un décor forestier qui aurait pu être bucolique mais qui se charge de ténèbres, Carmilla s’avance dans une tenue vaporeuse mais l’œil froid ; parfaite manifestation de la Mort en marche !

The vampire lovers a cette première originalité que le vampire est féminin. Il s’affranchit aussi du code traditionnel en permettant à Carmilla de vivre le jour et même de boire du vin (rouge !). C’est également une représentation explicite de l’amour saphique. Lorsque Carmilla réconforte Emma, le réalisateur se concentre sur le visage extatique d’Emma. Il suffit d’un regard entre Ingrid Pitt et Kate O’Mara pour que Carmilla enchaîne à elle la gouvernante. Certes, puisque Carmilla est un monstre, on pourrait s’attendre à un discours moralisateur sur une « anormalité » dans les relations entre femmes. Sauf que cette condamnation n’arrive jamais. En outre, il y a une remarquable sensualité dans les scènes de séduction et Ingrid Pitt y est pour beaucoup. En effet, jamais l’actrice n’en fait trop. Elle donne à voir un attachement qui paraît réel et sincère tant envers Laura qu’avec Emma ; ce qui est conforme au roman où la vampiresse ne cesse de protester de son amour pour sa proie qu’elle vide pourtant de sa vie chaque jour un peu plus. Ingrid Pitt détonne quelque peu dans la galerie des « Hammer’s Girl » par son physique d’abord ; plus âgée que la plupart des actrices habituelles, elle déploie une séduction plus mûre. Elle a en outre un vécu personnel dramatique et une expérience plus grande. Elle a donc un très grand impact à l’écran et s’impose comme une des meilleures actrices de la firme dans un des meilleurs films de celle-ci.

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Anecdotes :

  • Sortie anglaise : 4 octobre 1970. Sortie américaine : 22 octobre 1970. Jamais exploité en salle en France, ce film n’a été diffusé que lors du festival du film fantastique de Paris en 1972 et 1976

  • Scénario : Tudor Gates d’après Carmilla. Tudor Gates (1930-2007), scénariste anglais, il écrivit les scenarii de Barbarella (1968), La soif du vampire (1971), Lust for a vampire (1971), Les sévices de Dracula (1971), Chatouilleuses volcaniques (1972), Intimate Games (1976), et à la télévision : Sir Francis Drake (1962), Vendetta (1966-1968), Sherlock Homes et Docteur Watson (1980).

  • Réalisation : Roy Ward Baker

  • Carmilla avait été adapté par Roger Vadim sous le titre Et mourir de plaisir en 1960.
  • L’action se passe en Styrie. Cette ancienne province de l’Empire d’Autriche est aujourd’hui un Land de la République d’Autriche.

  • Ingrid Pitt aurait dû tourner dans la suite, Lust for a vampire, mais elle s’est fâché avec les producteurs. Selon elle, ils étaient jaloux de sa relation avec sir James Carreras.

  • Le contrat de Tom Chantrell comme artiste régulier des affiches britanniques de la Hammer arrivait à échéance avec Une messe pour Dracula. Il fut néanmoins retenu par la compagnie pour créer des illustrations de préproduction. La première version de celle pour The vampire lovers montrant une femme mordant au cou une femme seins nus causa une certaine controverse quand elle parut dans la presse commerciale en janvier 1970.

  • L’agent John Redway suggéra Shirley Eaton à James Carreras mais celui-ci refusa sous prétexte qu’elle était trop âgée alors qu’elle était plus jeune qu’Ingrid Pitt.

  • En juillet 1970, le classement X passa de 16 à 18 ans en Grande-Bretagne, poussant sir James Carreras à dévoiler davantage de nudité.

  • Le roman Carmilla fut réédité à l’occasion de la sortie du film accompagné de quelques une des autres nouvelles de Sheridan le Fanu dans un recueil au format livre de poche intitulé The vampire lovers avec Peter Cushing en couverture

  • Ingrid Pitt/Carmilla : actrice britannique, née Kasha Kotuzova à Varsovie (1937-2010), elle  passa trois ans dans un camp de concentration avant de vivre un temps en Allemagne de l’Est dont elle part en épousant un soldat américain. C’est à ce moment-là qu’elle adopte le nom de Pitt. Elle commence par un petit rôle dans Quand les aigles attaquent  (1968) avant de tourner Comtesse Dracula (1971), la maison qui tue (1971), Le Dieu d’osier (1973), Octopussy (1983). Elle a aussi tourné pour la télévision : L’homme de fer (1967), Jason King (1972), Docteur Who (1972, 1984). Pour cette série, elle coécrivit un épisode avec son mari en 1984.  

  • Kate O’Mara/La gouvernante : actrice britannique née Kate Carroll (1939-2014), elle joue essentiellement à la télévision avec Chapeau melon et bottes de cuir (1969), Destination Danger, Le Saint (3 épisodes, 1967-1968), Les Champions (1968), Département S (1969), Amicalement vôtre (1972), Le retour du Saint (1978), Dynastie (19 épisodes, 1986), Docteur Who (6 épisodes, 1985, 1987). La même année que The vampire lovers, elle tourne dans Les Horreurs de Frankenstein ; ce qui constitue quasiment toute sa carrière cinématographique.

  • George Cole/Roger Morton : acteur britannique (1925-2015), on l’a vu au cinéma dans La nuit commence à l’aube (1950), Les aventures de Quentin Durward (1954), Cléopâtre (1963), L’oiseau bleu (1976), Mary Reilly (1996). Il a également tourné pour la télévision : Suspicion (1957), Gideon’s Way (1964), Alerte dans l’espace (1971), Madigan (1972), Regan (1976), Le retour du Saint (1978), Miss Marple (2007), Inspecteur Barnaby (2008).

  • Douglas Wilmer/baron Hartog : acteur britannique (1920-2016), il a surtout œuvré au cinéma avec La revanche de Robin des Bois (1954), Richard III (1955), La bataille du Rio de La Plata (1956), Cléopâtre (1963), La chute de l’Empire romain (1964), Quand l’inspecteur s’emmêle (1964), Les 13 fiancées de Fu Manchu (1966), La vengeance de Fu Manchu (1967), Antoine et Cléopâtre (1972), Le frère le plus futé de Sherlock Holmes (1975, il joue le détective),  Octopussy (1983). Pour la télévision, il fut Sherlock Holmes (1964-1965). Peter Cushing lui succéda pour la « saison 2 » qui ne fut diffusée qu’en 1968. Il joua aussi dans Chapeau melon et bottes de cuir (1966), Les rivaux de Sherlock Holmes (1973).

  • Ferdy Mayne/le docteur : acteur d’origine allemande, de son vrai nom Ferdinand Philip Mayer-Horckel (1916-1998), il vint en Angleterre suite à la montée du nazisme. Au cinéma, sa carrière commence avec de petits rôles durant la Seconde guerre mondiale souvent non crédités. Vient La route du Caire (1950) puis Hôtel Sahara (1951) qui le font connaître mais il lui faut attendre Le bal des vampires (1967) pour être reconnu. Il jouera ensuite dans Les grandes vacances (1967), Quand les aigles attaquent (1968), Barry Lindon (1975), La malédiction de la panthère rose (1978), Le retour de l’étalon noir (1983), Conan le destructeur (1984). Il tourna aussi pour la télévision : Family Affairs (1949), The Count of Monte Cristo (1956), Destination Danger (1960), Sir Francis Drake (1962), Le Saint (1963-1967, 4 épisodes), Chapeau melon et bottes de cuir (1968, 1977), Amicalement vôtre (1971), Pour l’amour du risque (1982), Cagney et Lacey (1983, 1985) et diverses productions allemandes.

  • Pippa Steele/Laura : actrice britannique (1948-1992), elle a joué au cinéma dans Lust for a vampire (1971) mais surtout pour la télévision : Departement S (1970), Z cars (1971), L’aventurier (1974), Dear John (1986). Retirée de la profession, elle a dirigé une entreprise de restauration et un hôtel avec son mari. Elle succombe à un cancer.

  • Peter Cushing interprète le Général. L’acteur n’était pas prévu au départ ; ce qui explique son relatif petit rôle.

  • Dawn Addams avait tourné Les deux visages du docteur Jekyll pour la Hammer, Madeline Smith tournera dans Frankenstein et le monstre de l’enfer.

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Paranoiac (1964)Présentation générale

Saga Hammer

Confession à un cadavre (1965)


CONFESSION À UN CADAVRE
(THE NANNY)

Résumé :

Le jeune Joey, dix ans, accusé d’avoir tué sa petite sœur, sort de l’hôpital psychiatrique où il avait été enfermé alors qu’il crie à la culpabilité de sa nourrice. La confrontation entre le garçon perturbé et la gouvernante imperturbable est violente et constante, éprouvant toute la famille.

Critique :

Si le titre français est en partie inexact puisqu’il ne se rapporte qu’à une seule scène, il correspond aussi à la scène capitale de ce thriller implacable. Tout au long du film, il est impossible de savoir si Joey est un sociopathe en puissance ou bien un innocent qui lutte pour sa vie. Rien dans le comportement de « Nanny » - elle n’aura jamais d’autre nom hormis un « Mary Poppins » jeté avec ironie par une jeune voisine ; ce qui en fait la personnification de ces gouvernantes indissociable de la bonne société anglaise – ne prête le flanc à ces accusations. Mais c’est justement le talent de film éprouvant et au final vraiment dur et sordide que de faire de cette absolue normalité une angoissante situation ! L’angoisse est un sentiment qu’on ne peut supporter qu’un temps alors il est effroyable d’imaginer que angoisse et vie quotidienne soient synonymes !

Les gouvernantes aident au bon fonctionnement de la « maison », la famille et le lieu où celle-ci habite. Et c’est exactement ce que fait Nanny. On la voit préparer et servir le dîner, coiffer sa maîtresse, la réconforter, être attentive aux besoins de chacun. Comme le dit le père, elle fait partie de la famille. Or, Joey la défie dans chacune de ses tâches : il refuse de manger ce qu’elle prépare, qu’elle l’aide pour le bain ou quoique ce soit donc. Il l’atteint donc dans son être propre ; il lui dénie le droit d’exister. Les dialogues ; toutes les scènes, entre William Dix et Bette Davis sont d’une grande violence psychologique. Même les tentatives de Nanny pour expliquer ou excuser le comportement dérangeant et choquant du jeune garçon finissent par mettre mal à l’aise. Pourquoi fait-elle ça ?

La cellule familiale où revient Joey est parcourue de tensions et de mal-être. Mais sont-ils la cause ou la conséquence de l’internement et du retour de l’enfant ? Le père est un despote rigide obsédé par la bonne tenue et les apparences. Son travail l’accapare certes mais il est incapable d’apporter le moindre réconfort à sa femme qui est brisée, rongée par la peur et l’angoisse. Le seul dîner familial qu’on nous montre tourne au désastre. Les tensions ont fait exploser l’apparence de normalité mais, en fait, cela ne résout rien car un puissant non-dit existe. A la base de tout sentiment ce culpabilité, il y a un péché originel.

Dans ce thriller éprouvant, Bette Davis – la seule star internationale à avoir tourné pour la Hammer – réalise une prestation de haut vol. Sa Nanny est irréprochable et l’actrice varie très peu ses expressions puisqu’une bonne gouvernante n’en montre rien. Ce qui rend justement chacune des variations qu’on observe si précieuses et si dérangeantes. On ne sait jamais si elle réagit à un mensonge odieux ou à une vérité qui l’est tout autant. En face d’elle, le jeune William Dix fait un très bon travail. Il est peu expressif mais c’est précisément ce qu’il faut. En effet, comment prendre au sérieux une accusation de meurtre quand celui qui la profère a le visage lisse ? N’est-ce-pas un comportement de sociopathe que de demander à regarder la télévision alors qu’on vient, soi-disant, d’échapper à un meurtre ? Il faut également saluer la performance de Jill Bennett, « tante Pen », venu garder son neveu et qui découvre la vérité au cours de la nuit. L’actrice la joue d’abord légère et un peu superficielle avant d’en montrer tout à la fois la force et la fragilité, et la tragique lucidité.

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Anecdotes :

  • Sortie US : 27 octobre 1965 Sortie anglaise : 5 novembre 1965 Sortie française : 2006 (DVD)

  • Scénario :  Jimmy Sangster d’après un roman d’Evelyn Piper

  • Réalisation : Seth Holt. Réalisateur britannique (1923-1971), on lui doit Hurler de peur (1961), Le coup du lapin (1967), la momie sanglante (1972). Il succombe à une crise cardiaque.

  • Dans son Guide des films, Jean Tulard fait ce commentaire : «  Un drame psychologique où l’horreur est distillée peu à peu grâce à un remarquable scénario de Jimmy Sangster et à une parfaite direction d’acteurs. »

  • Le réalisateur Seth Holt a trouvé « impossible » de travailler avec Bette Davis.

  • C’est le dernier film Hammer à être réalisé en noir et blanc.

  • Le rôle de la nounou était à l’origine destiné à Greer Garson, qui a accepté avant de se désister, affirmant que le scénario ne serait pas bon pour sa carrière. Jimmy Sangster, qui a écrit et produit le film, a déclaré: « Je suis allé à Santa Fe et j’ai rencontré Greer. Elle a dit qu’elle aimait le scénario et que tout allait bien. À mon retour à Londres, nous avons reçu un message de Los Angeles indiquant que Greer Garson ne pensait pas que le scénario ferait beaucoup de bien à sa carrière. Je n’ai pas aimé dire qu’elle n’avait pas fait de carrière à cette époque. »

  • La co-vedette William Dix, âgée de 10 ans, n’a pas pu assister à la première britannique du film en raison du classement « X » qu’il avait obtenue à l’origine.

  • Confession à un cadavre marque le début d’un accord de distribution entre la Hammer, la 20th Century Fox aux États-Unis et ABPC au Royaume-Uni.
  • Jimmy Sagnster résista à Bette Davis qui tentait de le séduire mais dû céder à la Fox qui voulait une fin heureuse. Bette Davis reprocha à Sangste d’avoir « compromis » le film.

  • Pour les publicitaires de la Hammer, le décor du film fournissait l’opportunité de promouvoir de la porcelaine, des tourne-disques et même du mobilier de cuisine.

  • Bette Davis/Nanny : actrice américaine née Ruth Elizabeth Davis (1908-1989), elle débute au théâtre avant d’être révélé au cinéma dans L’homme qui jouait à être Dieu (1932). Suivront L’Emprise (1934), L’Intruse (1936, Oscar de la meilleure actrice), Femmes marquées (1937), L’Insoumise (1938, Oscar de la meilleure actrice), La Vipère (1941), Eve (1950, Prix d’interprétation féminine à Cannes), Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? (1962), The Anniversary (1968), Mort sur le Nil (1978).

  • William Dix/Joey Fane : acteur anglais, seulement crédité, à part ce film, pour L’extravagant docteur Doolittle (1967) et Superstition (2001). Il participa au documentaire The world of Hammer (1994).

  • Wendy Craig/Virginie Fane : actrice britannique, c’est son premier vrai rôle au cinéma. On l’a vue ensuite dans Just like a woman (1967), Joseph Andrews (1977) mais elle a fait l’essentiel de sa carrière à la télévision : Destination danger (1961), The Troubleshoters (1977), Nanny (1981-1983), Inspecteur Barnaby (2002), Miss Marple (2013),

  • Jill Bennet/Tante Pen : actrice britannique (1931-1990) née à Pengang dans les États malais fédérés. On l’a vue au cinéma dans Moulin Rouge (1952), La vie passionnée de Vincent Van Gogh (1956), Les criminels (1960), La charge de la brigade légère (1968), Jules César (1970), Rien que pour vos yeux (1981), Un thé au Sahara (1990). Elle se suicida en avalant des barbituriques.

  • James Villiers/Bill Fane : acteur britannique (1933-1998), vu au cinéma dans Les damnés (1962), Répulsion (1965), Dieu pardonne, elles jamais ! (1969), La momie sanglante (1971), Asylum (1972), Rien que pour vos yeux (1981), Au-dessous du volcan (1984), Aux sources du Nil (1990). Il a également tourné pour la télévision : Ivanhoé (1958), Le Saint (1964), Chapeau melon et bottes de cuir (1966), L’homme à la valise (1967), The Troubleshooters (1972), Angoisse (1975), Le club des cinq (1978), House of Cards (1990), Les mémoires de Sherlock Holmes (1994). Il succomba à un cancer.

  • Pamela Franklin/Bobbie Medman : actrice britannique née à Yokohama, elle a notamment joué au cinéma dans Le Lion (1962), Les nouvelles aventures de Flipper le dauphin (1964), And soon the darkness (1970), Et demain les monstres (1976). A la télévision, elle a joué dans Cannon (1972, 1974), Hawaï Police d’État (1977), L’île fantastique (4 épisodes, 1978, 1979, 1981). Elle se retire au début des années 80.

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Comtesse Dracula (1971)Le cirque des vampires (1972)

Saga Hammer

Lust for a vampire (1971)


LUST FOR A VAMPIRE

Résumé :

Dans un collège de jeunes filles, Mircalla Karnstein s’en prend aux professeurs et à des élèves.

Critique :

Un film d’une stupidité rare, complètement nul du début à la fin, aberrant de A à Z, mal joué, mal filmé et le spectateur malmené !

Qu’est-ce qui a pris la Hammer de mettre en chantier une imbécilité pareille ? Avec ce film, James Carreras a joué avec le feu car, quand il fait le tour des distributeurs, il n’a qu’une affiche dans les mains et rien d’autre ! Lust for a vampire s’est monté sur la seule réputation de la Hammer, financé avant même qu’un scénario soit écrit ! Quand il sortit, il devint une source d’embarras pour le studio.

Second volet de la « trilogie Karnstein », il est moins la suite du précédent, The Vampire lovers, qu’un mauvais plagiat. La première mention des Karnstein tombe comme un cheveu dans la soupe. Quand l’écrivain Richard Lestrange débarque dans l’école privée pour jeunes filles en tenues légères, en plein cours de « gymnastique », on se demande si on n’est pas plutôt dans un porno ! Ce que la suite semble confirmer d’ailleurs avec ce massage érotique de Mircalla par Susan suivie d’une baignade lesbienne.

Si encore Lust for a vampire avait confirmé son orientation érotique comme son titre semblait l’indiquer, il serait allé plus loin que son prédécesseur mais non ! Du gore du précédent volet, il ne demeure rien du tout non plus. D’autant que le rythme extrêmement lent de la réalisation érode beaucoup du peu du feu qu’il pourrait y avoir. La faute à des acteurs d’un charisme mou. Palme pour Yutte Stensgaard dont la plantureuse poitrine ne peut faire oublier la vacuité du jeu. Incapable de montrer de l’émotion (elle varie à peine son jeu ; un sourire dédaigneux est son stade ultime), elle est incapable de rivaliser avec Ingrid Pitt qui aurait apporté tellement plus si elle avait repris le rôle.

Le film commet en outre, tant qu’il y est, un contresens phénoménal sur Carmilla – dont le nom est à peine prononcé, Mircalla paraissant être la « vraie » identité de la créature. En effet, on nous la montre s’amourachant d’un homme ! C’est tout simplement contradictoire avec le personnage ! Qu’elle séduise pour se débarrasser d’un gêneur, admettons mais, là, le scénario va trop loin. Le générique peut bien dire qu’il s’inspire du personnage de Sheridan Le Fanu, c’est une pure et simple trahison. Parler de « scénario » est aussi insulter ceux qui font profession de scénariste parce que le film ne raconte rien du tout en fait.

Le « script » est un rassemblement d’inanités comme on en voit peu dans un même film. Le château est présenté au sommet d’une colline dans les premières images mais on ne verra jamais personne grimper car on y accède facilement. Pourquoi Richard donne-t-il rendez-vous à Mircalla au château le soir alors qu’il pourrait plus facilement la voir dans le parc de l’école ? Au passage, un professeur homme dans une école de jeunes filles, et qui est attirée par l’une d’entre elles, si ce n’est pas un prétexte de film porno, qu’est-ce que c’est ? Un cliché, peut-être ? Les villageois, qui sont superstitieux, deviennent brusquement violents (à dix minutes de la fin) et veulent brûler le château ? C’est quand même plus que facile ! Et entendre que le feu ne peut rien contre les Karnstein laisse pantois !

Habituel scénariste et producteur, Jimmy Sangster passe derrière la caméra, remplaçant Terence Fisher à la dernière minute, mais ne parvient pas à animer son récit. C’est mou, ça n’avance à rien et il abuse des gros plans sur les yeux des différents protagonistes. On peut se demander ce que Fisher aurait pu faire tout de même avec un matériau si indigent. Pas pire, c’est certain. Dans ce naufrage surnage quelque peu Suzanna Leigh qui arrivera miraculeusement à instiller quelques instants d’émotions et, un peu aussi, Ralph Bates. Celui qui aurait dû incarner la succession d’un Peter Cushing (qu’il remplace d’ailleurs sur ce tournage), et qui ne manque pas de qualités d’acteurs par ailleurs, parvient à composer un personnage un peu ambigu, un peu malsain (que le professeur Barton emmène ses élèves au château pour leur raconter l’histoire des Karnstein est quelque peu préoccupant quand même) et qui se hissera brièvement à un niveau tragique lors d’une scène qui aurait dû être extrêmement intense si Yutte Stensgaard avait eu du talent. 

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Anecdotes :

  • Scénario :  Tudor Gates

  • Réalisation :  Jimmy Sansgter

  • Le titre de départ était To love a vampire avant que le distributeur EMI n’impose Lust for a vampire.

  • Ralph Bates a été choisi dans les délais les plus brefs : Peter Cushing devait à l’origine jouer le rôle principal, mais il lui a été demandé de se retirer peu de temps avant le tournage pour pouvoir continuer à s'occuper de sa femme malade. Bates affirmerait plus tard que c’était le film dans lequel il jouait le moins bien.

  • La comtesse Carmilla Karnstein est née en 1688 et est devenue vampire en 1710.

  • Barbara Jefford/comtesse Herritzen : actrice anglaise, vue au cinéma dans Ulysse (1967), Le songe d’une nuit d’été (1968), Les dix derniers jours d’Hitler (1973), La neuvième porte (1999) et, à la télévision, dans Les Contes de Canterbury (1969), Inspecteur Barnaby (2000, 2009)

  • Suzanna Leigh/ Janet Playfair : actrice anglaise (1945-2017), vue dans Les filles du plaisir (1965), Le peuple des abîmes (1968) et, à la télévision, dans Le Saint (1964), Amicalement vôtre (1971).

  • Michael Johnson/Richard Lestrange : acteur britannique (1939-2001), surtout vu à la télévision : The Human Jungle (1963-1964), The Spie (1966), Z Cars (1967), Paul Temple (1970), Les rivaux de Sherlock Holmes (1971), Crown Court (1973-1979).

  • Yutte Stensgaard/Mircalla : actrice danoise, on l’a voit dans la comédie SF Zeta One (1969), dans Lâchez les monstres (1970), Amicalement vôtre (TV, 1971), Burke and Hare (1972). Sa carrière au cinéma s’arrête pratiquement avec ce film. Mariée trois fois, dont une avec Tony Curtis, elle travaille aujourd’hui pour la presse chrétienne évangéliste américaine.

  • Biographie de Ralph Bates dans Docteur Jekyll et Sister Hyde.

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La Déesse du feu (1965)Hurler de peur (1961)

Saga Hammer

Un million d’années avant Jésus-Christ (1966)


UN MILLION D’ANNÉES AVANT JESUS-CHRIST
(ONE MILLION YEARS B.C)

Résumé :

Au temps de la préhistoire vivent deux tribus. Banni de celle des cavernes, Tumak rencontre Loana, de celle de la mer. Ils partent ensembles et affrontent les périls d’une Nature hostile peuplée de créatures féroces.

Critique :

Il serait facile de se moquer de ce film qui met en scène une préhistoire de pacotille et fait fi de toute vraisemblance historique. Sauf que l’exactitude n’a aucun intérêt ici puisque la vérité est ailleurs. Dépourvu de dialogues, ce film est en revanche doté d’un scénario intéressant où la simplicité n’est qu’apparente et dévoile, grâce à la réalisation judicieuse de Don Chaffey, bien plus de fond qu’on ne le supposerait.

Le fil rouge de ce film, quasi-psychanalytique, montre comment l’Homme passe de l’état de brute sauvage à celle d’être civilisé. Symptomatiquement, l’ouverture nous montre des scènes de volcanisme impressionnantes et le réalisateur enchaîne sur un orage nocturne non moins violent suivi de scènes montrant l’état sauvage de la tribu des cavernes. La violence des éléments renvoie à celle des hommes qui ne s’en dissocient pas. En revanche, au final, on aura une scène solaire où l’homme, sorti de la caverne (référence à Platon ?), surmonte la colère de la Nature. Entre les deux, le processus de polissage et d’apprentissage aura profondément transformé le personnage principal, symbole de l’Homo sapiens, « L’homme sage ».

Les deux tribus sont caractérisées très simplement et, presque, de manière caricaturale. La tribu de la caverne, d’où vient Tumak, est sauvage, marquée par une violence de tous les instants et où tout le monde est brun alors que la tribu de la mer, d’où vient Loana est calme, posée, réfléchie et tout le monde est blond. Notons donc que c’est la femme qui est la plus avancée culturellement ! Un rare instant de féminisme chez la Hammer qui sait toujours en revanche mettre en valeur ses belles actrices !

Classiquement, le processus de civilisation est personnifié par Tumak qui, de brute mal dégrossie, va peu à peu surmonter sa violence pour apprendre. Il est intéressant de voir que des choses simples comme le rire (magnifique) ou la douceur de Loana, surprennent et interrogent Tumak. Celui-ci a l’intelligence de ne pas rejeter ce qu’il ne comprend pas et de se laisser guider par sa curiosité. Bien que sa grossièreté fasse rire, il se laisse guider par Loana. On osera dire « apprivoiser » sans connotation aucune. Plus fort encore, elle persuade Tumak de renoncer à la mise à mort traditionnelle du vaincu et elle montre l’exemple en refusant de tuer une femme contre qui elle a combattu. En psychanalyse, on dirait que la conscience prend le dessus sur l’instinct en parvenant à contrôler la violence.

Tout aussi évident est le symbole que représente la corne que se disputent Loana et Nupondi. La dimension biblique est aussi très présente à travers la lutte des deux frères ; l’un (Sakana), pourtant préféré à l’autre (Tumak), tente de tuer le père réellement quand l’autre y réussit symboliquement. Enfin, la dernière scène illustre l’union des tribus contraintes à l’exode par une Nature déchaînée. Après quarante ans dans le Sinaï, les tribus des Hébreux devinrent le peuple élu.

La réussite de ce film tient, d’une part, en l’implication totale des acteurs et, d’autre part, en une réalisation maîtrisée utilisant avec bonheur des trucages géniaux. Sans dialogues (à part les noms propres, les personnages n’ont aucun texte construit), les acteurs doivent utiliser leur corps comme messager. John Richardson, qui incarne Tumak, a un regard d’un bleu intense qui convainc aisément du tempérament fort de son possesseur mais il parvient à l’adoucir pour y faire luire l’intelligence et l’émotion que suscite en lui la douceur de Loana.

Raquel Welch n’a pas plus à dire mais elle s’impose pourtant à l’écran. Quasiment la première image où elle apparaît la montre riant ; le rire est, dit-on même si ce n’est pas tout à fait exact, le propre de l’Homme. En nous la présentant ainsi, le scénario nous indique qu’elle est plus proche du spectateur que de la brute. Même si Loana reste une demoiselle en détresse, elle a ses scènes qui la mette en valeur et Raquel Welch réussit à se placer à la hauteur de son partenaire. C’est assez rare chez la Hammer qu’un couple soit présenté à égalité. Actrice sous contrat avec la 20th Century Fox, distributeur du film, Raquel Welch allait être propulsée star internationale grâce à l’affiche et aux photos avant même que le public n’ait vu le film. Qui fit un carton en salle.

Don Chaffey maîtrise son sujet à la perfection. Il tire magnifiquement parti des décors naturels des Canaries pour composer un paysage digne du matin du monde. Il alterne avec talent les scènes fortes (comme les combats entre les personnages) et d’autres plus posées (l’apprentissage de Tumak) voire intimes (le rapprochement de Tumak et Loana). Mais mieux encore, il intègre les effets spéciaux comme rarement chez la Hammer. On pourrait même dire que la firme ne fera jamais mieux en la matière. Elle ne fera même jamais mieux tout court réussissant ici à conjuguer financement extérieur et talent artistique. Le summun est atteint dans cette scène superbe qui voit un tricératops affronter un carnosaure. La scène est assez longue pour que l’on voit la réussite de cette animation image par image qui fit la renommée de Ray Harryhausen. Lequel avait déjà travaillé avec Chaffey sur Jason et les Argonautes. On a vraiment peur pour les personnages ! A plusieurs reprises, l’effet de réel de ces créations intensifie le propos. Quand on compare aux effets numériques actuels, il est tentant de se dire que ce n’est vraiment pas mal du tout.

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Anecdotes :

  • Scénario : Michael Carreras d’après Mickell Novack, George Baker et Joseph Frickert et un récit de Grover Jones

  • Réalisation : Don Chaffey. Réalisateur britannique (1917-1990), d’abord spécialisé dans le film de genre avant de s’orienter vers des productions jeunesse en collaboration avec Disney ou Hannah-Barbera. On lui doit notamment Jason et les Argonautes (1963), La Reine des Vikings (1967), La masseuse perverse (1972), Peter et Elliott le dragon (1977) CHOMPS (1979). Pour la télévision, il a réalisé des épisodes des séries Robin des Bois (1957), Le Prisonnier (1967), Chapeau melon et bottes de cuir (1968-1969), Poigne de fer et séduction (1972-1973),  Drôles de dames (1978-1981), L’île fantastique (1981-1982), Supercopter (1986), MacGyver (1986-1987), Mission : impossible, 20 ans après (1989).

  • Ray Harryhausen : concepteur américain d’effets spéciaux (1920-2013), il est considéré comme le grand maître de l’animation en volume (dit stop-motion). Le monstre des temps perdus (1953) est son premier succès personnel. Entre 1955 et 1980, il va notamment travailler sur Le septième voyage de Sindbad (1958), Jason et les Argonautes (1963), Le choc des Titans (1981).

  • Les scènes d’extérieur ont été tournées durant l’hiver aux Îles Canaries, à Lanzarote et Tenerife.

  • Le film utilise deux créatures vivantes : un iguane vert et une tarentule. Ray Harryhausen a estimé que l’utilisation de créatures réelles convaincrait le public que tout ce qu’ils étaient sur le point de voir était en effet réel.

  • Lors de la scène où le peuple de la mer doit lutter contre un archelon, la taille de cette créature a été exagérée.

  • Le film met en scène des situations totalement anachroniques, où les dinosaures et les hommes cohabitent, alors qu’environ 65 millions d'années séparent la disparition des premiers de l’apparition des seconds. En outre, l’homme moderne n’était pas encore apparu il y a un million d’années.

  • Si, à l’écran, John Richardson séduit Raquel Welch ; dans la réalité, il entama une longue liaison avec Martine Beswick qui joue Nupondi, la rivale de Loana ! Ils furent mariés entre 1967 et 1973.

  • Raquel Welch/Loana : actrice américaine, née Jo Raquel Tejada, elle est d’abord mannequin avant de se tourner vers le cinéma jouant dans L’homme à tout faire (1964) avec Elvis Presley. Elle jouera ensuite dans Fantasmes (1967),  Les Trois mousquetaires (1973), Le Prince et le Pauvre (1977), La revanche d’une blonde (2001). Elle est également apparue à la télévision : Le Virginien (1964), Loïs et Clark (1996), Spin City (1996, 1997, 2000), Les Experts : Miami (2012).

  • John Richardson/Tumak : acteur britannique, vu au cinéma dans Le masque du démon (1960), La déesse de feu (1965), La déesse des sables (1968), Le canard à l’orange (1975), Angoisse (1981).

  • Percy Herbert/Sakana : acteur britannique (1920-1992), il tourna dans Rendez-vous avec la peur (1956), Le pont de la rivière Kwaï (1957), Les canons de Navarone (1961), Les révoltés du Bounty (1962), La nuit de la grande chaleur (1967), Le Piège (1973), Le commando de Sa Majesté (1980).

  • Robert Brown/Akhoba : acteur britannique (1921-2003), il a joué au cinéma dans Commando en Corée (1956), Un compte à régler (1960), Les démons de l’esprit (1972), L’espion qui m’aimait (1977). Il incarna M, le supérieur de James Bond entre 1983 et 1989. A la télévision, il a joué dans Ivanhoé (1958-1959), Le Saint (1963, 1964), Chapeau melon et bottes de cuir (1965), Poigne de fer et séduction (1972), Columbo (1975).

  • Biographie de Martine Beswick (Nupondi) dans Docteur Jekyll et Sister Hyde.

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