Le fantôme de l’Opéra (1962) Résumé : Alors que la première de l’opéra « Saint Joan », écrit par Lord Ambrose d’Arcy, dont la production a été perturbée, a lieu, un homme meurt assassiné ! En fait, d’Arcy s’est approprié l’œuvre d’un autre, que l’on croit mort. Défiguré, portant un masque, le Fantôme vit dans un repaire souterrain. Il tombe amoureux de la nouvelle vedette féminine, Christine, et veut qu’elle chante divinement. Critique : Adapter Le fantôme de l’Opéra, la Hammer y songeait depuis 1958 et le début de son partenariat avec Universal, qui avait produit les versions de 1925 (avec Lon Chaney) et de 1943 (avec Claude Rains) mais, faute de moyens, cela ne s’était pas fait. Ce qui change, en 1962, c’est le souhait de Cary Grant de jouer dans un film d’épouvante. Aussitôt, Anthony Hinds reprend l’idée, et retravaille le scénario. Il crée le personnage du Nain, qui se charge des basses besognes, et permettrait à Grant de ne pas abîmer son image. Malheureusement, l’agent de Grant finira par refuser le rôle. Néanmoins, le budget est enfin là. Un budget qui se voit dans les décors. Si Hinds transpose l’action de Paris à Londres (une idée originale), il dispose d’un théâtre conséquent mais aussi, pour le fantôme, on a un repaire baroque avec de l’espace, un orgue. La condition de ce budget, c’est que la Hammer va, pour la première fois de son histoire, viser le classement A, c’est-à-dire « grand public » au lieu du X habituel. Cela change tout et alimente les regrets de Terence Fisher. Le réalisateur a, en effet, mal vécu les compromis nécessaires. Il y a édulcoration de l’histoire, très peu de violence, pas de gore évidemment, et aucun érotisme même léger. Heather Sears est charmante mais, sur le strict plan du sex-appeal, ne rivalise aucunement avec Veronica Carlson et surtout pas Barbara Shelley. Quelque part, la Hammer tourne le dos à ce qui a fait sa renommée. La suggestion (on ne voit presque pas le visage défiguré du fantôme) ne plaisait pas à la direction de la Hammer qui ne la trouvait pas assez rentable. Le public bouda le film et les critiques furent mitigés, même les aficionados français de Midi-Minuit ! C’est dire si Terence Fisher et la Hammer avaient raté leur cible. Cet échec relatif sonna le glas des rêves de la Hammer de jouer dans la cour des grands. Dorénavant, elle ne produirait que des séries B. Terence Fisher ne s’offusqua guère de la censure car, pour lui, comme dans La Nuit du loup-garou, ce qui compte, c’est l’histoire d’amour tragique et cet élément reste intact. Le fantôme, habité par l’idée de vengeance, trouve une forme de rédemption en se faisant le professeur de Christine. Sa sincérité, évidente, malgré le masque, touche – belle réussite d’Herbert Löm qui n’a que quelques scènes à visage découvert (un retour en arrière rendu visible car filmé de biais alors que le fantôme est filmé droit, hiératique, voire avec le doigt levé en majesté) – et le spectateur se demande un instant si l’amoureux officiel (l’un peu fade Edward De Souza, un habitué de ce type de rôle) va accepter ou non la proposition du fantôme. Le masque du fantôme créé par Roy Asthon n’est pas mal et participe de la création de la silhouette de ce nouveau « monstre ». Le souci, c’est que l’aspect romantique prime sur le fantastique. Terence Fisher s’était plaint d’un trop grand « réalisme », notamment avec l’enquête sur le personnage disparu. La photographie d’Arthur Grant participe aussi de ce rendu « réel », loin d’une atmosphère mystérieuse qui aurait conféré plus d’attrait au film. Les scènes d’opéra prennent beaucoup sur le temps du film. Les numéros chantés sont bien mais ce n’est pas tellement ce que l’on recherche dans un Hammer, ou dans un film en général. Si le public souhaite voir un opéra, il va à l’Opéra ! Avoir confié les premiers rôles à Edward De Souza et à Heather Sears était périlleux car aucun des deux n’est particulièrement charismatique. L’histoire d’amour entre leurs personnages intéresse sans plus. En revanche, le film est l’occasion d’un défilé de stars « maisons ». Le rôle de l’antagoniste, un aristocrate pervers et arrogant, convient plutôt bien à l’impeccable Michael Gough qui se rend parfaitement détestable. Thorley Walters hérite d’un rôle plus sérieux que d’habitude et montre ses qualités d’acteur en faisant évoluer son personnage de larbin obséquieux à homme responsable. Aux détours de petites scènes, on croise Patrick Thoughton en chasseur de rats (dans la seule mais réussie scène comique du film), Marne Maitland en maître d’hôtel ou Michael Rippert en cocher. Décevant, certes, le film l’est quelque peu mais il ne faut pas pour autant le jeter dans la Tamise. Anecdotes :
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Présentation « Les productions Hammer avaient une atmosphère incroyable. Elles étaient flamboyantes et très osées (…). Il s’en dégageait une certaine jubilation ainsi qu’une beauté saisissante » Tim Burton La Hammer occupe un statut particulier au sein de la production fantastique de l’époque et encore aujourd’hui. En guise de préliminaires : le gothique anglais En 1764 paraît un court roman, assez moyen dans le fond mais qui va révolutionner la littérature. Il s’appelle Le Château d’Otrante écrit par Horace Walpole, fils du tout premier Premier ministre anglais. Ce texte va à rebours du contexte européen des Lumières (Enlightment en anglais) et va lancer une véritable mode bien servi par l’éditeur William Lane qui flaire la bonne affaire. Dans une production pléthorique et bien souvent de qualité médiocre, principalement écrite et lue par des femmes, vont émerger de véritables auteurs et des œuvres majeures : Ann Radcliffe (Les mystères du château d’Udolphe, 1794), Matthew Gregory Lewis (Le Moine, 1796) ; où le macabre côtoie le décorum médiéval, où le religieux tient une place importante et où on retrouve les thèmes de la possession, du vampirisme, des secrets venus du passé... Le genre gothique disparaît après 1824. Plus tard naîtront la science-fiction avec Mary Shelley (Frankenstein ou le Prométhée moderne), le fantastique et l’horreur avec Robert Louis Stevenson (L’étrange cas du docteur Jekyll et de Mr Hyde), Oscar Wilde (Le portrait de Dorian Gray) et Bram Stocker (Dracula). L’ouvrage de référence sur cette littérature est Le roman « gothique » anglais de Maurice Lévy, Bibliothèque de l’évolution de l’humanité, 1964 (réédition, Albin Michel, 1995). I Naissance de la Hammer En 1913, un émigré espagnol, Enrique Carreras, achète un cinéma à Londres et en fait un des premiers multiplex. Il se constitue vite une chaîne de distribution et crée une firme de distribution, Exclusive Films. En 1935, il s’associe à William Hinds, ancien comédien sous le pseudonyme de Will Hammer, surnom qui lui a été inspiré par le quartier de Hammersmith où il vivait. Depuis 1934, Hinds est le propriétaire de la société Hammer Production. Exclusive Films absorbe celle-ci et produit des films de série B vite vus mais rentables. Après la guerre, l’activité reprend en 1948 et, en 1949, la firme prend le nom de Hammer Films Production. James Carreras, fils d’Enrique, et Anthony Hinds, fils de William, en prennent la direction. Le premier s’occupe de l’administratif, le second du développement des projets. Ils sont rejoints par Michael Carreras, fils de James. II L’Age d’Or 50 films sortent entre 1949 et 1957. La Hammer s’installe régulièrement dans de vieilles demeures anglaises pour ses séquences d’extérieur d’où une esthétique victorienne identifiable. De nombreux partenariats sont passés avec des compagnies américaines, notamment la Columbia en septembre 1957. A la fin des années 50, la Hammer décide de réadapter Frankenstein, personnage laissé à l’abandon dans la décennie précédente avec le déclin du cinéma d’épouvante américain. C’est un succès qui lance un long cycle fantastique de vingt ans. De 1957 à 1977, 42 films furent produits. Avant de se lancer, les dirigeants de la Hammer avaient lu les classiques de la littérature gothique, ce qui va caractériser sa production. Outre l’horreur gothique, la firme se diversifiera avec des thrillers horrifiques teintés de fantastique : Hurler de peur (Seth Holt, 1961), Paranoïac (Freddie Francis, 1964), Fanatic (Silvio Narizzano, 1964). III Déclin et disparition A la fin de ce cycle, la Hammer est à bout de souffle et Michael Carreras n’a pas le sens des affaires de son père (démissionnaire le 31 janvier 1973). La firme ne parvient plus à s’adapter au marché et voit arriver George A. Romero ou Dario Argento, lesquels démodent le style gothique. Les Majors se détournent de la Hammer qu’elles avaient toujours distribué. A partir de 1972, la Hammer entame un déclin qui devient irréversible. En cause, pour partie, une politique de courte vue privilégiant l’exploitation des segments les plus rentables en rognant sans cesse sur les coûts de production d’où une baisse de la qualité. Le concept de « série B » ou « série Z » n’a rien à voir avec la qualité artistique mais avec les budgets allant de petit à néant. La Hammer glissait du premier vers le second. Le cinéma européen décline dans son ensemble à cette époque face à la résurgence d’Hollywood et à l’arrivée des films asiatiques. En 1979, la Hammer cesse ses activités cinéma et se tourne, sans succès, vers la télévision puis entre en sommeil, ne se maintenant en vie que pour la gestion de son passé glorieux. Par un curieux retour des choses, le culte autour de la Hammer n’a jamais été aussi fort alors qu’elle était mourante. Michael Carreras démissionne à son tour en 1979 lorsque la Hammer est mise en liquidation judiciaire. IV Renaissance ? La société fut sauvée grâce au projet télévisuel « La Maison Hammer du Mystère et du Suspense », programme diffusée en 1980 sous le titre de Hammer House of Horror (ITV). La série revisite les termes traditionnels de la firme. Les recettes permirent à Brian Lawrence et Roy Skeggs d’acheter la Hammer à ICI, son créancier. En 1983/1984 est diffusée une seconde anthologie, Hammer House of mystery and Suspence. Lawrence prit sa retraite en 1985 et Skeggs vendit ses parts en 2000. En 2007 (et deux changements de direction), la Hammer, racheté par Jon de Mol (fondateur d’Endemol) via son groupe Cyrte Investissement, refait une production sous la présidence de Simon Oakes, une web-série nommée Beyond the Rave, réalisée par Matthias Hoene et disponible sur MySpace. C’est une histoire de vampires. En 2009 sort Le Locataire qui permet un nouveau départ sur le marché américain. A son casting : Jeffrey Dean Morgan, Hillary Swank et Christopher Lee. En 2010, Laisse-moi entrez (avec Chloé Grace Moretz) est le premier des nouveaux films de la Hammer à bénéficier d’une sortie dans les cinémas. C’est un remake d’un film suédois sur le thème vampirique. En 2011 sortit Wake Wood, un long-métrage d’horreur à la sortie limitée mais qui reçut un accueil critique favorable. Puis La Dame en noir (2012, avec Daniel Radcliffe) qui a droit à sa suite en 2015. En 2019 est sorti The Lodge. V Le style Hammer « Horreur » vient de l’anglais Horror qui renvoie davantage à l’idée de terreur psychologique. C’est un fantastique qui suscite un sentiment de peur physique. Chez la Hammer, c’est la fin du romantisme. Le vampire ne souffre pas de son inhumanité : c’est une pure bête. A une époque très morale, ces films expriment la dualité de chacun. Dracula réalise des fantasmes. L’usage de la couleur constitue la marque distinctive de la firme. Le cycle se construit sur une esthétique saignante associée à un érotisme omniprésent. Il s’enracine dans un univers victorien réaliste et les monstres y battent en brèche les valeurs de ce monde : ordre moral, convenances bourgeoises, pouvoir de l’Église, tabous sexuels…Chaque film est soumis à la contrainte du petit budget, contrainte à la fois nécessité économique et vue comme la condition de créativité technique et artistique. La Hammer est aussi la spécialisation d’une petite équipe : Fisher/Cushing/Lee mais aussi Freddie Francis, John Gilling, Don Sharp, Roy Ward Baker (réalisateurs), Michael Carreras et Anthony Hinds (producteurs), Jimmy Sangster ou Nigel Kneole (scénaristes), Michael Gough, Oliver Reed (acteurs) et les « Hammer Girls » : Barbara Shelley, Caroline Munro, Veronica Carlson…La Hammer n’édulcorait pas ni la violence ni l’érotisme inhérents aux grands mythes du fantastique. Elle laissait s’exprimer les sensibilités de ses réalisateurs malgré le formatage du genre. C’est ce qui distingue la Hammer du reste de la production fantastique : une approche scientifique, le décorum victorien, la manière dont l’histoire est racontée. Le « style Hammer », reconnaissable dès le générique, a marqué autant que ses réalisateurs.
Conclusion : la Hammer ne meurt jamais VI Le blason de la Hammer
Peter Cushing Peter Cushing (1913-1994) se forma au théâtre avant de devenir figurant à Hollywood jusqu’en 1942. Spécialiste des films fantastiques, il fut un des plus grands acteurs de la Hammer. Il fut associé 20 fois à Christopher Lee ; la dernière fois étant dans La maison de la peur (1974, avec Vincent Price). Il est souvent celui qui s’oppose aux forces démoniaques. Dans Le train des épouvantes (1965), il incarne la Mort elle-même. En 1977, il incarne le Grand Muff Tarkin dans Stars Wars épisode IV-Un nouvel espoir. A la télévision, il joua dans Chapeau melon et bottes de cuir (saison 5 et 7) et fut Sherlock Holmes (1968) et le Docteur (Docteur Who contre les Daleks, 1965 et Les Daleks envahissent la Terre, 1968). En tout, il tourna 128 films et la critique ne voit aucune fausse note. La mort de sa femme Helen en 1971 fut un traumatisme pour l’acteur qui se replie sur lui-même. Il ne s’en remit jamais, travaillant beaucoup pour survivre : Frissons d’Outre-tombe (1973), La secte des morts-vivants (1976). A sa mort, les cendres de son épouse furent récupérées et mêlées aux siennes dans un lieu connu des seuls intimes.
Terence Fisher Terence Fischer (1904-1980), réalisateur, est avant tout célèbre pour sa longue collaboration avec la Hammer. Orphelin de père à 4 ans, il fut envoyé par ses grands-parents dans une école militaire du Sussex, le Christ’s Hospital à Horsham. A 16 ans, il s’engage dans la marine marchande. A 21 ans, il est engagé comme chiffonnier dans un magasin de tissus puis est vendeur de tapis. En 1933, il se fait engager comme « chapman » aux Shepherds Bush Studios. Il devient monteur en 1936. En 1947, il réalise son premier film, Colonel Bogey. En 1949, c’est Si Paris l’avait su puis The Last Page (1951), sa première collaboration avec la Hammer. Déjà intéressé par le fantastique, Fisher s’y consacre entièrement à partir de 1956 et devient l’inventeur d’un cinéma fantastique moderne qu’il baptise « matérialisme fantastique ». Il profite du réalisme donné par le technicolor pour faire couler le sang abondamment. Le cycle vampirique va plus loin dans l’érotisation du sang : il part des canines de Dracula, salit les mains de Van Helsing, s’écoule du cou de jeunes femmes déshabillées (Le Cauchemar de Dracula). Fisher refuse l’horreur gratuite ; elle repose sur un fondement philosophique et moral. Le Mal est partout y compris chez ses adversaires qui défendent l’ordre bourgeois. Les monstres de Fisher sont de chair et de sang et évoluent dans un monde bien réel. Fisher a ses thèmes bien à lui : la figure du double, la nature du mal, sa dissimulation derrière la beauté, la figure récurrente de l’homme supérieur vivant sans morale et vouée à sa propre destruction. En 1962, l’échec du Fantôme de l’Opéra le mit en disgrâce durant quatre ans auprès de la Hammer. Fisher va renouveler le cycle Frankenstein où chaque film a une atmosphère propre et où la figure du baron se construit petit à petit. Il renouvelle également le portrait du docteur Jekyll en le présentant en triste bourgeois quand Hyde est un bel homme. C’est essentiellement à travers ses films que l’on se souvient de la Hammer. Tarantino et Burton l’admirent.
Christopher Lee Christopher Lee (1922-2015) tourna dans 225 films tout au long d’une carrière notamment illustrée par son interprétation du Mal ; du comte Dracula (9 reprises entre 1957 et 1976), de Fu Manchu (1965-1969), de Saroumane (le Seigneur des anneaux-Les deux tours, 2001 et Le Hobbit-Un voyage inattendu, 2012 ainsi que La bataille des cinq armées, 2014) ou du comte Dooku (Stars Wars- Épisode II- L’attaque des clones, 2002 et Épisode III-La revanche des Siths, 2005). Tim Burton, qui l’admirait, le fit tourner à plusieurs reprises : Sleppy Hollow (1999), Charlie et la chocolaterie (2005), Dark Shadows (2012). Il fut aussi l’adversaire de James Bond (L’homme au pistolet d’or, 1974) mais aussi Raspoutine, le moine fou (1966). Il a tourné également pour la télévision : Ivanhoé (1958), Chapeau melon et bottes de cuir (1967, 1969), Cosmos 1999 (1975), Drôle de Dames (1980), Le tour du monde en 80 jours (1989), Les aventures du jeune Indiana Jones (1992), Les nouvelles aventures de Robin des bois (1997-1998). Il fut élevé commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique (2001) puis Knight Bachelor (2009). VI La « Famille Hammer » C’est ainsi que Peter Cushing et Christopher Lee notamment voyaient la Hammer. De fait, de nombreux acteurs sont récurrents tout au long de l’aventure. Il en va de même des producteurs et de beaucoup de membres de l’équipe technique. Il était juste de leur rendre hommage ici. Asher (Jack) : directeur de la photographie anglais (1916-1991), il a travaillé sur Le mystère du camp 27 (1949), Frankenstein s’est échappé (1957), Le cauchemar de Dracula (1958), La Revanche de Frankenstein (1958, La malédiction des Pharaons (1959), Le Chien des Baskerville (1959), L’homme qui trompait la mort (1959), Les maîtresses de Dracula (1960), Les deux visages du docteur Jekyll (1961). Baker (Roy Ward) : biographie dans Docteur Jekyll et Sister Hyde Bates (Ralph) : biographie dans Docteur Jekyll et Sister Hyde Bernard (James) : musicien et compositeur anglais (1925-2001), il a travaillé sur Frankenstein s’est échappé (1957), Le cauchemar de Dracula (1958), Le Chien des Baskerville (1959), Les étrangleurs de Bombay (1959), L’empreinte du dragon rouge (1961), Le baiser du vampire (1963), La Gorgone (1964), La déesse de feu (1965), Dracula, prince des ténèbres (1966), L’invasion des morts-vivants (1966), Frankenstein créa la femme (1967), Les Vierges de Satan (1968), Dracula et les femmes (1968), Le retour de Frankenstein (1969), Une messe pour Dracula (1970), Les cicatrices de Dracula (1970), Frankenstein et le monstre de l’enfer (1974), la légende des sept vampires d’or (1974), la maison de tous les cauchemars (2 épisodes, 1980). Beswick (Martine) : biographie dans Docteur Jekyll et Sister Hyde Carreras (James) : producteur anglais (1909-1990), il rejoint Exclusive Films en 1934. Il est mobilisé durant la guerre qu’il termine lieutenant-colonel. En 1946, il revient comme directeur général d’Exclusive Films. De 1947 à sa retraite en 1972, il est le président de Hammer Films Production. Membre de l’Ordre de l’Empire britannique (1944), il est fait chevalier en 1970. Carreras (Michael) : producteur et réalisateur anglais (1927-1994), on le retrouve comme producteur dans la plupart des succès de la Hammer comme La revanche de Robin des Bois (1954), Frankenstein s’est échappé (1957), Le cauchemar de Dracula (1958), Hurler de peur (1961). En tant que réalisateur, il a tourné notamment Maniac (1963), Les maléfices de la momie (1964). Carson (James): biographie dans L’invasion des morts-vivants Francis (Freddie) : biographie dans Dracula et les femmes Gilling (John): biographie dans L’invasion des morts-vivants Gough (Michael) : biographe dans Le cauchemar de Dracula Guest (Val) : biographie dans Le redoutable homme des neiges Hinds (Anthony) : de son vrai nom Anthony Hammer (1922- 2013), fils de William Hammer, fondateur de la firme. Il crée d’abord sa propre société de production, Executive Films, qu’il fusionnera avec la Hammer. Il a produit une cinquantaine de films entre 1955 et 1971. A partir de 1961, il remplace Jimmy Sangster comme scénariste sous le pseudo de John Elder. Il écrira notamment La nuit du loup-garou (1961), Dracula et les femmes (1968) et les deux suivants, Frankenstein et le monstre de l’enfer (1974), La maison de tous les cauchemars (1980). Si son originalité tient à l’adjonction de l’occultisme dans le gothique traditionnel (La femme reptile), ses scenarii sont souvent linéaires. Holt (Seth) : biographie dans Confession à un cadavre (1965). Keir (Andrew) : biographie dans Dracula, prince des ténèbres Matthew (Francis): biographie dans Dracula, prince des ténèbres Morell (André): biographie dans Le Chien des Baskerville Munro (Caroline) : biographie dans Capitaine Kronos, chasseur de vampires Nelson Keys (Anthony) : producteur anglais (1911-1985), il débute en 1947 avec Dancing with crime mais sa carrière démarre réellement à partir des années 50. On le retrouve derrière les films depuis Frankenstein s’est échappé (1957) jusqu’à Le Retour de Frankenstein (1969). Pearce (Jacqueline): biographie dans L’invasion des morts-vivants Pitt (Ingrid) : biographie dans The vampire lovers Reed (Oliver) : biographie dans La Nuit du loup-garou Rippert (Michael): biographie dans La femme reptile Sangster (Jimmy) : scénariste et producteur (1927-2011) ; comme scénariste, il revisite les mythes en n’hésitant pas à aller très loin dans les pulsions sadiques. Il fut très brièvement réalisateur et ne réussit rien de grandiose. Il travailla pour la télévision : Ghost story (1972-1973), Banacek (1973), L’homme qui valait trois milliards (1974), Dossiers brûlants (1974), Cannon (1975), Wonder Woman (1976-1977), Cauchemar (1981). Sasdy (Peter) : biographie dans Une messe pour Dracula Shelley (Barbara): biographie dans Dracula, prince des ténèbres Troughton (Patrick) : biographie dans La Gorgone Walters (Thornley): biographie dans Dracula, prince des ténèbres
Bibliographie ANDREVON (Jean-Pierre) et alii : 100 ans de cinéma fantastique et de science-fiction, Rouge profond, 2013 AKNIN (Laurent) : Sir Christopher Lee, Nouveau monde éditions, 2011 BOURGOIN (Stéphane) : Terence Fisher, Edilig, 1984 HEARN (Marcus) : L’Antre de la Hammer, Akileos, 2012 HEARN (Marcus) : Hammer Glamour, Titan Book, 2009 (en anglais) LENNE (Gérard) : Cela s’appelle l’horror. Le cinéma fantastique anglais 1955-1976, Lignes, 1989
STANZICK (Nicolas) : Dans les griffes de la Hammer, Le Bord de l’eau éditions, 2010, préface de Jimmy Sansgter |
Les pirates du Diable (1964) Résumé : Commandé par le féroce capitaine Robeles, un galion espagnol, survivant de l’Invincible Armada, accoste en Angleterre. Son équipage de forbans fait croire aux habitants d’un village que l’Espagne a vaincu et qu’ils sont l’armée d’occupation. Mais la résistance s’organise. Critique : Un film avec « pirates » dans le titre mais surtout avec des marins d’eau douce car, si l’on voit des bateaux dans la séquence d’ouverture (contrairement à L’attaque du San Cristobal), par la suite, nous n’aurons que l’épave du El Diablo (ce qui explique le titre sensationnaliste mais ça sonne quand même comme une facilité alors qu’on aurait pu s’attendre à un film fantastique). Un navire échoué, c’est aussi des économies pour la production. Pourtant, le succès de L’attaque poussa le studio à se montrer moins pingre. C’est un accessoire à 17 000£ qui fait office de bateau. La Hammer fait aussi des économies sur le casting car la majorité des acteurs est peu connue et l’un des plus charismatique, Andrew Keir, disparaît à la moitié du film. Aucune Hammer’s Girl non plus. La réalisation est également assez statique et le scénario linéaire. On sent que Jimmy Sangster, peu inspiré pour cette fois, a recyclé une partie des idées de L’attaque du San Cristobal comme le duel entre pirates dans la taverne mais ne propose pas grand-chose de plus. Plus grave, Don Sharp ne sublime pas son matériau. Ça manque de nerfs tout ça. S’il y a de bonnes scènes, c’est trop peu et pour trop peu de temps à chaque fois. La mort de sir Basil n’est pas crédible non plus. On ne sent pas vraiment l’oppression des Espagnols sur les Anglais. Ça manque de conviction. C’est frustrant au final. D’autant plus frustrant qu’il y avait quand même matière. Cette histoire d’armée d’occupation et de résistance, comment ne pas y voir une métaphore de la Seconde guerre mondiale toute fraîche encore à cette époque ? Voir les autorités accommodantes et ne voulant pas s’attirer les foudres de l’occupant, cela sonne juste et peut renvoyer aux sbires du Troisième Reich ou à l’extrême prudence de Pie XII. Le double jeu, par idéalisme, d’un Espagnol, était une excellente idée, même jouée par un jeune premier un peu fade. Son opposition au cynique et désabusé capitaine Robeles (majestueux Christopher Lee) ne va hélas guère au-delà de l’échange d’idées. Bien dit mais quelque peu creux. Un film décevant. Anecdotes :
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Maniac (1963) Résumé : Condamné pour avoir torturé au chalumeau l’homme qui avait violé sa fille, George Beynat a été envoyé dans un hôpital psychiatrique. Quatre ans plus tard, un Américain, de passage en Camargue, accepte d’aider la femme de ce dernier, Eve, à qui George a promis le divorce, à faire évader le forcené. Critique : Le succès de Hurler de peur puis un certain intérêt de Jimmy Sangster pour la Camargue ont lancé cette coproduction franco-anglaise réalisée plutôt avec talent mais non sans imperfections par Michael Carreras, fils du patron de la Hammer, James Carreras, plus souvent producteur. Le film va jouer une grande partie de sa réussite dans un improbable mélange des genres mais toujours équilibré grâce à un scénario très inspiré de Jimmy Sangster. Ainsi l’ouverture est franchement violente mais elliptique puis on voit une automobile croiser une cavalière dans un vrai décor de western ! On peut rire grâce au personnage du policier alcoolique, ou avoir peur quand Annette se retrouve poursuivie par un maniaque. On croise des scènes de comédie romantique (Farrell séduisant ou séduit par Annette et Eve) ou dramatique (le cadavre dans le coffre). « Il faut un homme comme vous pour que tout commence » lance Annette à Farrell à peu près au tiers du film et c’est exact : Farrell, campé avec sobriété et élégance par Kerwin Matthews, sert de déclencheur, de mise en marche d’une situation bloquée dans une petite ville figée où chaque chose et chaque personne est « à sa place ». Sauf que la Hammer s’est faite une spécialité de faire exploser les convenances. Farrell n’est pas présenté comme « un type bien » ; il boit et fume très largement, drague la jeune Annette mais couche avec Eve, qui est la mère de la première. On a connu des princes charmants qui présentaient mieux ! Déclencheur mais aussi grain de sable. La réalisation de Michael Carreras recourt très souvent à l’ellipse (en partie par manque de moyens) et le spectateur ne sait pas si Farrell est bien conscient de ce dans quoi il s’est embarqué ou s’il joue sa propre partition. Quelque part, il illustre bien la dualité du film : dans de superbes paysages (il y a beaucoup d’extérieurs, ce qui est appréciable mais, c'est dans un espace clautrophobique que le film s’achève) se noue un drame atroce et, en fait, tous les personnages sont à deux visages et le terme de « maniaque » pourrait s’appliquer aussi bien au fou furieux qu’on veut faire évader, qu’à d’autres personnages enfermés à divers titres. Anecdotes :
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