La Déesse de feu (1965) Résumé : A Jérusalem, en 1918, un officier anglais, Leo Vincey, est enlevé par un prêtre arabe, Billali, pour qui il est un prince égyptien réincarné. Avec son ami le major Holly, ils sont amenés devant Ayesha, une femme vénérée comme une déesse et qui prétend avoir 2000 ans.
Critique : Avec ce film, la Hammer adapte un des grands écrivains britanniques, sir Henry Ridder Haggard, aujourd’hui oublié. Il faut dire qu’il était un fervent défenseur de l’Empire britannique. L’action se concentrant dans la cité de Kouna (Khôr dans le roman), les décors varient peu mais entre l’ouverture « olé olé » dans un cabaret – voir Peter Cushing dansant avec une danseuse orientale vaut le coup d’œil ! - et la traversée du désert (le sud israélien, filmer en extérieur fut rendu possible par un budget conséquent de 324 000£), si l’ocre est la couleur dominante, l’œil a de quoi voir. La cité elle-même est de belle facture. La Hammer a bénéficié à plein de l’apport du distributeur MGM dont Seven Arts est une filiale réputée. Le casting est aussi de première force et tout cela fait de ce film le possible plus grand succès non fantastique de la Hammer. Le scénario du film adapte le roman tout en sachant s’en démarquer. Parfois à bon escient comme le renforcement du personnage d’Holly. Peter Cushing est excellent et joue davantage le mentor de Leo. Le personnage du domestique Haumeid est une pure invention qui, justement, décharge le personnage de Cushing de cet aspect domestique. Holly n’est ici absolument pas sous le charme d’Ayesha – il la prend même carrément pour une cinglée mégalomane. C’est d’ailleurs une idée brillante puisque, jusqu’au bout, et davantage que dans le roman, le doute subsistera sur la réalité de l’immortalité revendiquée par la « déesse à qui on doit obéissance ». Parfois, en revanche, le démarquage n’est pas tout à fait pertinent. Ainsi, que viennent faire ces légionnaires romains ? Le roman parle d’Egyptiens anciens et de Grecs mais jamais de Romains ! Cela pourrait être inspiré par un roman d’Edgar Rice Burrough, Tarzan et la cité oubliée.
La « Déesse du feu » est splendidement incarnée par Ursula Andress qui a ici bien plus à défendre que dans James Bond. Ici au moins, c’est une actrice. Elle a une grande présence, une autorité rehaussée par sa beauté. En revanche, elle était doublée en anglais à cause de son accent qui était à couper au couteau. Lors de la cérémonie de justice – au décor plutôt somptueux – elle rend parfaitement compte de la froideur d’Ayesha. Une froideur publique qui va de pair avec l’exercice d’un pouvoir absolu (en même temps, c’est une déesse plurimillénaire), et qui la perdra, qui contraste avec la chaleur qu’elle réserve à Léo qui serait la réincarnation de son amant perdu. Elle quittera également la scène avec brio et conformément au roman. Le film est aussi intéressant par les thèmes philosophiques qui sont noués au scénario sans jamais l’alourdir. On a ainsi une discussion intéressante entre Holly et Billali (donc entre Peter Cushing et Christopher Lee, encore une fois antagonistes) sur la destinée et la liberté. Le point de vue sur l’immortalité est également très pertinent. Le personnage d’Ustane permet d’opposer concrètement l’amour et la fidélité à la gloire et à la puissance. On connaît la formule d’Emerich Action : « Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument ». La Déesse du feu la met avec brio en image.
Anecdotes :
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