Open menu

Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause ! (1970)Les Bidasses en folie (1971)

Comédies françaises Années 70

Le Distrait (1970)  par Phil DLM


LE DISTRAIT (1970)

Résumé :

Pierre Malaquet, un jeune homme excentrique, distrait et rêveur, est engagé dans l'agence de publicité de M. Alexandre Guitton parce que sa mère est la maîtresse de ce sérieux P-DG. Les idées iconoclastes de Malaquet ne vont pas tarder à semer la zizanie au sein de l'agence, mais Guitton refuse de renvoyer l'intrus en raison de son puissant soutien familial...

Critique :

Pierre Richard est ici à la fois réalisateur et acteur principal. On peut se demander s'il n'est pas doté du don d'ubiquité, car comment peut-on se trouver en même temps devant et derrière la caméra ? Hormis cette interrogation légitime, le résultat est plutôt bon, puisqu'il nous offre un petit film certes dans prétention, mais finalement bien sympathique, et non dénué d'une certaine poésie.

Aucune surprise dans le rôle que s'est auto-attribué Pierre Richard, typique de ses habitudes : un homme maladroit et particulièrement gaffeur et distrait, ici publiciste aux idées d'avant-garde, aux prises avec les conceptions qu'il juge rétrogrades de son patron, de ses conseillers, mais aussi de ses collègues.

Le rôle tenu par Bernard Blier est tout aussi conforme à son personnage habituel : un monsieur sérieux, un entrepreneur austère (du moins en apparence car sa vie privée ne l'est guère...), un patron peu amène avec ses subordonnés. Quasiment le même rôle que dans Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, et tant d'autres comédies légères des années 60 et 70, voire 80. M. Guitton dirige l'agence de publicité Jérico, dont le slogan est Jérico sert illico !

Certains aspects du personnage de Pierre Malaquet sont plus plaisants que d'autres. On peut se montrer réservé sur ses innovations en matière de publicité, souvent de mauvais goût. En revanche, les scènes où Malaquet rencontre Monsieur Klerdenne, un entrepreneur aussi distrait que lui, sont excellentes, de grands moments de cinéma comique, grâce au talent de Pierre Richard et de son partenaire, le génial Paul Préboist.

M. Klerdenne est enchanté de rencontrer celui qu'il prend pour le patron de l'agence. Forcément, un homme aussi distrait que lui... Et il va l'être doublement après que l'idée publicitaire de Malaquet ait produit une augmentation significative des ventes de sa pâte dentifrice.

Le brave M. Klerdenne ne veut plus avoir affaire qu'à Malaquet, il veut revoir « le patron, vous savez, le jeune homme aux yeux blonds, aux cheveux bleus (!) »  

M. Guitton a du mal à trouver des prétextes pour conserver Malaquet, au fur et à mesure des énormités produites par le distrait. Les revendications de Klerdenne tombent à pic pour se justifier aux yeux de ses collaborateurs, comme le montre ce dialogue sans appel de Guitton avec l'un de ses conseillers :

-J'ai deux raisons pour le garder : premièrement, un client le réclame, lui et lui seul. Deuxièmement... (Il pense avec délice à sa maîtresse, la sémillante Maria Pacôme, en train de l'amadouer avec ses « Gazou !... Gazou, Gazou... ») Deuxièmement, un client le réclame !

-Mais c'est la même !

-Raison de plus !

Autre bon moment, l'intrusion de Malaquet chez M. Gastier, un industriel irascible interprété par François Maistre, qui se montre aussi aimable que dans son rôle du divisionnaire Faivre dans la série Les Brigades du Tigre. Guitton avait cru confier une mission auprès de Gastier à un autre de ses collaborateurs. Malaquet a écouté et exécute les ordres, mais il se rend au domicile de Gastier, au lieu d'aller à son bureau, qui plus est un soir de réception mondaine.

Chez Gastier, il bat des records de sans-gêne et de maladresse, au détriment de l'agence Jérico, qui espérait un juteux contrat avec l'important et richissime M. Gastier.

Gastier a deux filles de caractères diamétralement opposés. La première, Véronique, est cassante et antipathique, mais sa volonté de remettre à sa place ce gêneur de Malaquet va se retourner contre elle (Tant mieux!).

La seconde, Lisa, interprétée par Marie-Christine Barrault, a rompu par idéalisme avec sa famille bourgeoise, et occupe un emploi modeste à l'agence Jérico. Elle a beaucoup de sympathie pour Malaquet, mais ce dernier ne se rend pas compte qu'il est amoureux d'elle. Il n'en prendra conscience qu'à la fin du film, ce qui engendrera une scène également très plaisante.

Parmi plusieurs très bons moments, on retiendra aussi la scène où Pierre se trompe d'appartement. En croyant rentrer chez lui, il s'installe chez le voisin du dessous. Totalement inconscient de son erreur, il prend le voisin pour un visiteur lorsqu'il le découvre et lui offre un de ses cigares ! Le voisin éberlué n'est autre qu'Yves Robert, qui a participé aussi à la production du film.

Les quelques passages décevants sont souvent dus aux idées de publicités macabres ou de mauvais goût de Malaquet, ce qui confirme qu'elles constituent le point faible de l'histoire. En particulier, les scènes d’œufs écrasés sur le crâne, malheureusement trop longues, s'avèrent rapidement pesantes.

Néanmoins, l'ensemble s'avère fort agréable et distrayant, même si Pierre Richard fera beaucoup mieux par la suite.

Anecdotes :

  • Avec près d'un million et demi d'entrées, ce film a contribué à lancer la carrière de Pierre Richard, qui explosera véritablement deux ans plus tard avec Le Grand Blond.

  • On remarque la présence dans un petit rôle de Thérèse Liotard, alors âgée de 20 ans et à cette époque speakerine débutante à la télévision, où elle assurait les remplacements lors des vacances d'été !

Séquences cultes :

Monsieur le Directeur

Vous avez une petite tâche là

Et vite !

Retour à l'index

Pas de problème ! (1975)Le Téléphone rose (1975)

Comédies françaises Années 70

Le Sauvage (1975)  par Sébastien Raymond


LE SAUVAGE (1975)

Résumé :

Nelly court partout, sans cesse. Elle sait ce qu’elle veut : elle refuse de se marier avec un italien à Caracas et elle s’enfuit. Martin a fui la ville, la société pour échapper à un monde qui le dégoûte. Il veut être libre sur son île perdue au milieu de l’océan et seul, merveilleusement seul. Or, pour se cacher, l’ouragan Nelly a décidé de s’abattre sur le pauvre Martin et son ile.

Critique :

De temps en temps, il est bon de revenir aux fondamentaux, à l’essentiel de ce qui fait notre amour pour le cinéma. Le sauvage fait partie de ces films qui ont fait mon histoire personnelle, ma relation au cinéma. Aussi loin qu’il m’en souvienne, Le sauvage est un film que j’ai pu voir et revoir dans mon enfance et qui n‘a jamais cessé depuis de m’accompagner. Il est tout en équilibre, en justesse d’écriture, de jeu et de mise en scène, une quasi perfection qui en fait l’un de mes films préférés. Aussi disais-je plus haut, lui rendre visite de temps en temps permet de remettre les idées en place. Voilà ce que c’est que le cinéma ! Il a tout pour lui ce film !

D’abord, une histoire qui emmène très loin. A priori il nous propose un voyage sur une île paradisiaque au large du Vénézuela. A priori, mais c’est à bien plus lointain qu’il nous envoie : il nous offre une vie de rêve, un dépaysement total, un exotisme enivrant. Rares sont les êtres pleinement satisfaits de leurs conditions de vie, même si elles ne sont pas non plus catastrophiques. Le sauvage invoque la plus belle et la plus grande des libertés, celle que Martin, joué par Yves Montand, s’octroie. On finira par comprendre que cette liberté est illusoire, a un prix exorbitant, elle aussi, mais peu importe, pendant un temps, on y croit, on y est, on vit par son entremise la condition du “sauvage”, une robinsonnade dotée de son petit confort. Il est isolé, tranquille sur une île sublime, luxuriante, au bord d’une plage de sable blanc, d’une mer dont le bleu clair est une invitation à la douceur de vivre irrésistible.

On a aucune peine à imaginer la chaleur et la caresse de ce décor, virginal et pur. Edenique, sa mer ! Les alizés dans les cheveux, le bruit des vagues, le chant des oiseaux, la belle vie quoi ! Le petit bonhomme qui rêvait jadis devant ce film à sa cabane de pirate, à son radeau construit de bambous a laissé la place peu à peu à l’homme qui voit dans cette vie une simplicité face aux emmerdes quotidiennes et puis qui voit surtout débouler dans cet univers une boule de nerfs, pleine de pétillant et de fraîcheur : Nelly (Catherine Deneuve).

En effet, à l’aventure exotique qu’on fantasme dans les embouteillages à la sortie du boulot, voilà que le film ajoute une autre part de rêve et de fantasme, l’histoire d’amour avec une femme aussi belle et éclatante. On imagine le partage de cette île, de cette plage avec la blonde Catherine Deneuve. Le récit vire au romantique. La parade amoureuse à laquelle se livrent les deux tourtereaux est un modèle du genre. Dès l’écriture du scénario, Jean-Loup Dabadie, Elisabeth Rappeneau et Jean-Paul Rappeneau réussissent le coup parfait : une construction millimétrée, aussi passionnante que drôle, d’une idylle. Dans la grande tradition des comédies romantiques américaines, tendance screwball comedy, sur un rythme du diable, les deux héros se découvrent, se tournent autour, non sans heurt. Nelly déboule dans la vie de Martin comme une dératée, un chien dans un jeu de quilles. 

Le premier temps est assez long à se mettre en place, mais ce n’est pas plus mal, et même sans doute nécessaire. D’abord, cela rend tout l’échafaudage crédible, hautement solide. Cette première vague s'achève sur un climax après une belle montée en pression des deux amants.

Bien entendu, cette première approche appelle un deuxième mouvement. Ici, comme ailleurs, il s’agit de la rupture qu’impose Martin. Comme de coutume, l’homme n’est pas encore prêt à assumer ses sentiments amoureux naissants, à s’impliquer. Trop ancré dans ses certitudes et ses habitudes de célibataire, il creuse un fossé entre lui et elle. Ce 2e temps est parcouru avec encore plus de grâce. Peut-être parce qu’il est plus court ? Il se termine par un aveu, mais également par un échec, une nouvelle rupture dont la violence est cette fois extérieure.

Dans un troisième et dernier temps, le héros accepte enfin d’assumer son passé, par amour pour éventuellement espérer retrouver Nelly. Troisième temps en forme d’épilogue : encore plus court que le second. Le rythme d’une comédie est très important, vital. Pour une comédie romantique, peut-être l’est-il davantage ? Les trois temps battent la mesure, avec un raccourcissement de plus en plus net, au fur et à mesure que les enjeux amoureux deviennent cruciaux. La respiration se fait de plus en plus courte, le suspense grandit. C’est plus que remarquablement maîtrisé : c’est parfait, du très grand art ! Les temps de respiration sont aménagés avec soin et justesse : ils donnent à réfléchir, à en connaître un peu plus sur les personnages.

La caméra est toujours astucieusement utilisée, amoureuse de ces personnages, qu’elle met joliment en scène. Le montage de Marie-Josèphe Yoyotte a bien compris la tension dans cette histoire et comment respecter le tempo. Formidable.

Les images de Pierre Lhomme sont superbes. Techniquement, j’ai hâte de voir le blu-ray avec la version restaurée. Sur le dvd, je n’ai guère été gêné, que sur une seule scène de nuit dans la jungle, illisible, à la toute fin.

Ensuite, il y a ce nouveau duo que forment Catherine Deneuve et Yves Montand.

Il me faut commencer par Catherine Deneuve, tant elle attire irrésistiblement l’attention, et sans doute la lumière. Elle est le soleil du film, irremplaçable. Je ne vois pas bien qui aurait pu prendre sa place et donner autant de dynamisme et de folie, tout en suscitant une telle admiration, une telle fascinante attirance. Sa beauté est tout simplement incroyable sur ce film ! Dieu qu’elle a jeté sur maints écrans cette part de mystère que nous offre parfois le cinéma : un mariage de beauté et de charme qui ne s’explique pas !  Mais ici, elle irradie encore plus, me semble-t-il. J’ai dit tout le bien que je pensais du chef-opérateur Pierre Lhomme et sa photographie, je peux rajouter le regard en quelque sorte également amoureux de Jean-Paul Rappeneau le réalisateur qui ont su capter l’aura de cette femme. En sus, l’actrice donne une performance de jeu exceptionnelle. A 150% tout le temps, avec son regard tour à tour dur, sûr ou au contraire mouillé, triste, elle joue là un des plus beaux rôles de sa carrière, une pile électrique, une tempête faite femme : superbe de féminité, fragile et forte, passionnée, intelligente, excessive, audacieuse, délicate, finalement émouvante et drôle. Parcours complet, un sans-faute qui me laisse baba, amoureux itou.

Et de comprendre alors la composition, décomposition, recomposition du personnage de Martin par un grand Yves Montand. Le pauvre se prend une énorme claque en même temps qu’un tout aussi sérieux massage cardiaque qui le réanime. Déboussolé, Montand joue plutôt bien sa réaction face à Deneuve et son hyperactivité destructrice, mais attirante, car vivante. Alors que lui, le mort-vivant traîne son passé comme un boulet. Ah, bien sûr qu’un Belmondo aurait eu fière allure dans un rôle pareil. Mais Montand est là sur l’écran et sa barbe, son air renfrogné ou de cocker triste, ce poids qu’il ressent donnent au rôle de la densité et de l’humour. En fin de compte un très beau boulot de comédien ! Il répond parfaitement aux exigences du rôle, à la fois physique et comique. Il a la couenne nécessaire, la patine, l’usure. Rappeneau peut se féliciter d’avoir eu le nez creux en le prenant.

Il est évident que je reverrai ce film encore et encore, il est un très bel objet en même temps qu’un compagnon cinématographique fidèle, qui ne m’a jamais déçu. Sa structure, son idée, sa forme, ses acteurs, son image ont toujours formé un heureux ensemble très proche de la perfection.

Anecdotes :

  • Catherine Deneuve et Yves Montand n’avaient jamais joué ensemble. Ils récidivent en 1981 pour Le choix des armes d’Alain Corneau.

  • Même si le perfectionnisme de Jean-Paul Rappeneau est bien connu, qu’il a tenu à tourner sur les lieux mêmes de l’histoire (Caracas, New-York et Saint Laurent des Bois dans la Nièvre), il a aussi joué avec les apparences en tournant également aux Bahamas, aux Îles vierges. Plus étonnant, le potager de l’île a été filmé à Garches !

  • La peinture que Nelly vole à l’américain Alex s’inspire de La Goulue arrivant au Moulin Rouge de Toulouse-Lautrec. Il s’agit d’une copie inversée du véritable tableau.

  • Le film fut nommé aux Césars 1976 pour la meilleure actrice, le meilleur réalisateur, le meilleur montage et la meilleure photographie, mais n’en remporta aucun.

  • Rappeneau a raconté que son idée du film lui est venu d’un voyage au Brésil où les villes sont au bord de jungles luxuriantes et paradisiaques qui lui faisaient penser aux peintures du Douanier Rousseau. Pour le couple Montand / Deneuve, il songeait à celui de Spencer Tracy et Katherine Hepburn, aux comédies romantiques américaines trépidantes.

  • Catherine Deneuve avait déjà tourné avec Rappeneau, La vie de château (1966) et joue là donc dans son deuxième film avec un réalisateur qu’elle apprécie : “Jean-Paul Rappeneau est un des rares cinéastes qui, comme l'Ophüls de Madame de... ou le Truffaut de La peau douce, s'identifie avec ses personnages féminins. Ce qui, pour une comédienne, est rare et précieux”.

  • Pour Jean-Paul Rappeneau, la réciproque est vraie : "Quand je préparais La vie de château et que j'ai rencontré Catherine Deneuve pour la première fois, elle m'a dit: "je dois vous prévenir, je parle trop vite, je suis obligée de me freiner!" J'ai adoré cela. "Ne changez rien !" lui ai-je dit. Ce rythme, son rythme, a donné le "la" pour tout le film."

  • Le film eut un succès conséquent : presque 2.4 millions de spectateurs en salle en 1975.

  • Le choix de l’acteur principal fut compliqué. D’abord, Rappeneau songeait à un casting américain, et à Elliot Gould en particulier. Puis, il se tourna vers les acteurs français Alain Delon et Lino Ventura. Enfin, Jean-Paul Belmondo, qui avait pour exigence de tourner avec sa compagne d’alors Laura Antonelli, se vit refuser le rôle au profit d’Yves Montand.

Séquences cultes :

Mais vous êtes malade !

Y a les autres aussi !

Mais vous êtes malade !

Retour à l'index

Ils sont fous ces sorciers (1978)Je suis timide mais je me soigne (1978)

Comédies françaises Années 70

Vas-y maman (1978) par Sébastien Raymond


VAS-Y MAMAN (1978)

Résumé :

Madame Larcher s’ennuie : mère de famille courageuse et épouse fidèle, elle n’en ressent pas moins une lassitude grandissante et ce, dans l’indifférence générale. Un jour, elle décide de trouver un job. Les ennuis commencent, mais quand elle va se mettre à avoir du succès en tant qu’auteur à succès, le torchon brûle littéralement, et la maison tombe dans le chaos.

Critique :

Après avoir revu récemment le décevant Cours après moi que je t’attrape co-écrit par Nicole de Buron avec déjà Annie Girardot, je retrouve la scénariste, également derrière la caméra, ainsi que l’actrice pour une comédie un peu mieux écrite.

La mise en scène n’est pas non plus très folichonne avec le minimum syndical. Rien de révolutionnaire, c’est filmé assez platement. Mais le scénario est beaucoup mieux équilibré et les acteurs principaux sont excellents.

Restons d’abord sur l’écriture : la thématique féministe montre une société encore très archaïque où les hommes semblent dépassés par une émancipation féminine hors de leur contrôle. Sur un canevas qui rappelle la Potiche de Barillet et Grédy, avec une tonalité un poil moins légère, ni aussi pince sans rire, ce film évoque la place de l’épouse et mère dans la cellule familiale dès lors qu’elle tente de s’en échapper quelque peu. Cela devient une entreprise titanesque qui met en péril la famille. 

L’évolution de la situation chez les personnages pourrait même faire douter de l’efficacité du propos que d’aucuns décriront volontiers comme réactionnaire, appuyant un certain discours phallocrate paradoxalement. Le mari s’octroie toujours des libertés que sa femme se refuse, par exemple au niveau zizipanpan. Curieux, un film féministe que se conclut sur un discours caressant l’homme dans le sens du poil : on a un peu une maman qui s’assoit sur la femme qu’elle voudrait être pour récupérer le mari, qu’il puisse se sentir à nouveau au centre de l’attention de toute la famille. Troublante conclusion : pourquoi mettre en avant une revendication tout le long du film et prouver l’exact opposé à la toute fin ?

Outre cette problématique, le film s’interroge la modernité au sens large, la société de consommation. Il le fait parfois avec trop peu de subtilité, mais ça reste gentillet comme humour.

Je veux insister plutôt sur la qualité de l’interprétation de deux têtes d’affiche. Mondy et Girardot forment un couple crédible. Le jeu de Pierre Mondy est d’une extrême justesse, épatant. Il est phénoménal.  Annie Girardot n’est pas en reste. Pourtant, elle a un rôle compliqué, un personnage qui dégoupille par moments et monte dans les aigus. Les deux s’ajustent de manière idéale et on peut donc sentir sans se tromper qu’ils tiennent le film à eux seuls les rails.

Il est vrai que le scénario est un peu mou dans la première partie et s’énerve par bonheur par la suite. Un film moyen que je suis tout de même ravi d’avoir revu pour Pierre Mondy au sommet de son art et Annie Girardot pétillante à souhait.

Anecdotes :

  • Gentil succès pour cette petite comédie familiale : un peu plus de 1.2 million de spectateurs.

  • Vas-y Maman est le seul film réalisé par Nicole de Buron, alors qu’elle a été au scénario ou/et aux dialogues de six films en tout et pour tout.

Séquences cultes :

Plomberie Express

J'en ai marre d'être la femme d'un PDG de merde

Retour à l'index

La Septième Compagnie au clair de lune (1977)Tendre Poulet (1978)

Comédies françaises Années 70

L'Hôtel de la plage (1978) par Sébastien Raymond


L'HÔTEL DE LA PLAGE (1978)

Résumé :

Le 31 juillet, alors que l’Hôtel de la plage fait ses adieux à ses occupants juilletistes, les aoûtiens débarquent peu à peu. Chacun avec ses histoires de couples, ses espoirs d’amours d’été, de détente. Les petites histoires d’adultère ou de drague alimentent le quotidien de ces estivants quels que soient leurs âges. Entre rires et larmes, entre soleil et orages, en plein air ou dans les chambres, les vacances de tout ce petit monde risquent d’être bien agitées. 

Critique :

Ce petit film connut un succès certain pour plusieurs raisons qui aujourd’hui le préservent de l’oubli. Il s’agit d’une comédie familiale au sens le plus strict, qui parlera à tous les membres de la famille, du plus jeune au plus vieux. Il met en œuvre des couples (adultes, enfants, adolescents) le temps de leurs vacances d’été sur la côte bretonne.

Le film n’est pas toujours bien bâti, hésitant entre son côté pochade adolescente où les uns et les autres se jouent des tours plus ou moins cruels et la comédie plus tendre, romantique où l’on expérimente les joies et les peines du marivaudage.

Le premier versant penche davantage vers la comédie pure, avec des gags quelquefois méchants, plus souvent bon enfant tout de même ? Jamais vraiment corrosifs toutefois : on reste là dans un cadre encore une fois très ordinaire, un humour gentillet, de la joie simple, rien de révolutionnaire, ni revendicatif et qui, par conséquent, aura l’heur de plaire au plus grand nombre. Ce n’est pas l’aspect du film qui me touche. Cet humour n’est pas des plus originaux. Beaucoup trouveront même qu’il abêtit le film ou l’affadit si l’on veut être moins méchant.

Je préfère centrer mon attention sur le pan nostalgique et attendrissant du film. Bien souvent, et c’est là un point que de trop nombreux critiques éludent injustement, le cinéma de Michel Lang se nourrit de ce sentiment nostalgique, tourné vers le passé, riche de souvenirs. La critique a bon dos de mettre en avant le verso plus vulgaire, comique un peu lourd. Certes, il existe, mais il faut accepter cette dichotomie, quelquefois pas toujours aussi tranchée d’ailleurs chez ce cinéaste. Parce qu’en effet, parfois il est bien difficile de distinguer quand on bascule de l’un à l’autre. 

Quoiqu’il en soit, certaines scènes du film offrent quelques moments de grâce, servies par de très bons acteurs (j’y reviendrai). Comme de savants temps de respiration, ces séquences viennent à des moments opportuns alléger le rythme, casser une tonalité trop pesante et aèrent un récit somme toute assez linéaire et attendu. Soudain, de petits instants de poésie viennent vous surprendre et approfondir la connaissance des personnages.

Je pense notamment à cette scène de pêche où les hommes, après avoir fait une belle prise et passé de bons moments de rigolade et de boustifaille, se laissent aller à la douce émotion de siroter le calme de la mer, instants de quiétude, le moment présent, la pause entre copains, à l’heure de la sieste quand les estomacs font le taf : la digression de Guy Marchand sur cette situation rare, hédoniste et délicate, est en tout point une perle que nous livre en cadeau le comédien. Il est tout bonnement excellent ! Ses deux compères (Daniel Ceccaldi et Francis Lemaire) le regardent en silence, solidaires, tout aussi heureux et tout aussi bons.

Bien que n’ayant pas des rôles très compliqués, ces trois acteurs marquent le film de leur joie de jouer. Leur enthousiasme est évident, communicatif et fait sans doute l’une des forces du film. Dans une certaine mesure, pour Daniel Ceccaldi et Guy Marchand, ce film représente un moment-clé dans leur carrière, bien qu'ils aient eu beaucoup d’autres jalons à faire valoir dans leur filmographie. Pour Francis Lemaire, je me demande si ce n’est pas le film le plus important (je peux me tromper, le connaissant beaucoup moins).

J’ai beaucoup aimé la présence discrète de Michel Robin, la joyeuse participation de Myriam Boyer ainsi que celle toute en délicatesse et élégance de Martine Sarcey (comédienne dont la voix est du velours à mon oreille). 

J’opterais cependant un discours très nettement moins laudateur pour les prestations des plus jeunes, mais disons que les performances de toutes jeunes Anne Parillaud et Sophie Barjac ne sont pas trop mauvaises.

Alors certes, le film repose surtout sur un humour basique, très souvent imité par ailleurs : le gag d’une personne isolée sur un banc de sable par la marée a été repris dans Camping, entre autres. De même, une grande partie du film joue sur une maturité excessive des gamins jouant aux adultes, modèle très largement repris et que Michel Lang va répéter pour un autre de ses autres films, A nous les garçons, même si ce ne sera pas sa thématique centrale. Cette recette s’assure les bonnes grâces d’un plus large panel de spectateurs.

Mais, encore une fois, sans pour autant le mettre sous le tapis, ne nous arrêtons pas à cela, nous manquerions quelques jolis numéros d’acteurs, une atmosphère estivale passée, rieuse, dure aussi, une sincère tendresse pour les personnages qui ne se dément pas. Le sentiment de sympathie que suscite ce film n’est pas le fruit d’un quelconque mensonge, d’une supercherie de la part du scénario ou de la réalisation. Et, il y a même quelques touches de poésie nostalgique.

Au-delà de la forme, dans les comportements même des personnages, le film a quelque peu vieilli, dans le bon sens du terme. En effet, c’est formidable que le film puisse être vu comme un document sur une autre époque, “o tempora o mores”. Et l’on s’amusera à noter les différences ou au contraire les convergences avec cette France des années 70. L’hôtel de la plage a été un film important du cinéma populaire français pour des raisons qu’il est bon de découvrir ou de redécouvrir malgré tous ses petits défauts évidents.

Anecdotes :

  • Le tournage a débuté à l’été 1977 dans les murs du Grand Hôtel des Bains à Locquirec, dans le Finistère (Bretagne), région qui a dû plaire à Michel Lang puisqu’il reviendra y tourner en partie A nous les garçons, en 1985.

  • Le film eut un grand succès, se classant dans le top 10 de l’année 1978, avec plus de 2.7 millions d’entrées.

  • La chanson Un été de porcelaine connut également son petit succès. Dans le film, elle est chantée à deux reprises, l’une par l’actrice Sophie Barjac, et l’autre par Mort Shuman.

  • A ce propos, la bande originale du film compte quelques grands artistes à son actif : Eddy Mitchell, Richard Anthony, Hugues Aufray, Sheila et Alain Souchon.

  • Le film est devenu pour ainsi dire un film culte, un marqueur important de son époque pour beaucoup de spectateurs, si bien qu’il a inspiré une série télévisée, Hôtel de la plage, diffusée sur France 2 en 2014, mais qui ne connut pas le succès escompté (deux saisons seulement).

Séquences cultes :

Je vais investir votre corps !

Vous avez rien oublié ?

Bilingue

Retour à l'index