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La Gueule de l'autre (1979)Le Distrait (1970)

Comédies françaises Années 70

Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause ! (1970)  par Phil DLM


ELLE BOIT PAS, ELLE FUME PAS, ELLE DRAGUE PAS... MAIS ELLE CAUSE (1970)

classe 4

Résumé :

Les bavardages inconsidérés d'une femme de ménage entraînent ses différents employeurs à pratiquer le chantage... ou à en devenir les victimes.

unechance 7

Critique :

Lorsque Michel Audiard, dialoguiste de génie, a voulu passer à la réalisation, il n'a généralement pas connu de franches réussites. Ce film, de loin son meilleur, fait donc exception, et a connu un succès populaire mérité. Certes, il n'atteint pas les sommets de la comédie, mais il se revoit toujours avec plaisir. Le scénario est simplement correct, et ne constitue pas le point fort du film. Ce sont les dialogues d'Audiard, qui produisent leur effet habituel, et la qualité de l'interprétation, qui permettent à cette aimable farce de devenir un film tout à fait potable.

Annie Girardot est formidable dans ce rôle de femme de ménage désinvolte qui prend sa morne existence avec philosophie, tout en rêvant secrètement à une vie de luxe dans les palaces de Monte-Carlo. Mine de rien, Germaine a toujours l'oreille à l'affût, et a le don de surgir à l'improviste au bon moment pour surprendre les conversations compromettantes de ses employeurs. Elle ne tarde pas à être au courant des turpitudes de ce joli monde.

Francine Marquette (Mireille Darc) est une animatrice de télévision, dans un style à mi-chemin entre Aujourd'hui Madame et les émissions nocturnes de confidences de la regrettée Macha Béranger. Sur le point d'épouser un homme important, comte et ministre (Jean-Pierre Darras), elle tremble que ce dernier découvre qu'elle a participé dans sa jeunesse à des ballets roses. Germaine est un peu naïve, elle croit que ces ballets sont des spectacles de danse. Elle fait part de son étonnement auprès d'un autre de ses employeurs, Alexandre Liéthard, caissier dans une banque : pourquoi se cacher d'avoir participé à des ballets ?

ladoublure 3

M. Liéthard est un obsédé sexuel notoire, doté de gros besoins financiers à force de fréquenter des prostituées. Moins candide que Germaine, il exploite immédiatement la possibilité de chantage qui s'offre à lui. Mais Liéthard a aussi son talon d'Achille : il a trucidé et enterré dans son jardin son supérieur, qui menaçait de le dénoncer pour avoir puisé dans les caisses de la banque afin de financer sa vie de débauche.

Le troisième employeur de Germaine est Monsieur Phalempin, un éducateur social de gamins de banlieue, parrainé par les autorités catholiques. Mais que diraient ces messieurs les ecclésiastiques s'ils apprenaient que l'éducateur donne en privé des spectacles de travestis ? Germaine continue à parler, et se montre plus réaliste. Elle incite Francine, désireuse de récupérer l'argent soutiré par Liéthard, à faire chanter Phalempin, puis Phalempin à se refaire avec Liéthard, si bien que l'argent finit par tourner en boucle !

L'immense Bernard Blier se montre tout bonnement génial dans ce rôle de caissier de banque véreux, habitué à déshabiller les femmes du regard. Et Sim produit un grand numéro en travesti qui chante « La Petite Libellule ». Mireille Darc et Catherine Samie forment un joyeux duo d'anciennes prostituées désormais introduites dans le grand monde.

Les petits rôles sont eux aussi excellents, à commencer par Jean-Pierre Darras, le comte de la Motte Brébière, prude en apparence mais qui trompe Francine avec son amie Jannou dès qu'elle a le dos tourné.La ravissante Anicée Alvina interprète une naïve écolière de seize ans enceinte d'un satyre, venue raconter ses déboires dans l'émission télévisée de Francine, et Micheline Luccioni une prostituée dont Liéthard ne peut se passer.

Jean Le Poulain ne joue qu'une scène puisqu'il prend une balle de revolver de la part de M. Liéthard, pour s'être montré trop inflexible dans son zèle à vouloir dénoncer ses détournements d'argent. Quant à Jean Carmet, on le retrouve dans un rôle de barman.

A force de chantages, ce qui devait arriver arrive. Amanite phalloïde et pistolet, tout est bon pour se débarrasser des maîtres-chanteurs. Tout ce beau monde finit par s'entre-tuer, et il ne reste plus à Germaine qu'à reprendre à son compte la lucrative activité aux dépens de la seule victime survivante, en l'espèce la jeune Francine... et à partir se la couler douce à Monte-Carlo.

Le spectateur conquis ne voit pas passer le temps avec ce film sans prétention, mais joli moment d'humour et de dérision.

On regrettera qu'Audiard n'ait pas confirmé avec le ridicule Elle cause plus, elle flingue, qui malgré son titre n'est pas une suite à Elle boit pas..., mais se voulait être tourné dans le même esprit, pour un résultat très décevant.

Anecdotes :

  • Elle fume pas ? Le titre paraissait curieux avec la grande fumeuse Annie Girardot en rôle principal. Si effectivement elle parle, elle fume aussi, et dès la première scène du film.

  • Les noms des principaux personnages sont presque tous ceux de communes du Nord de la France (Phalempin, Gruson, Marquette), ce qui n'est certainement pas un hasard, mais peut être attribué à la fantaisie légendaire de Michel Audiard.

  • Les « ballets roses » font référence à l'affaire du même nom, déclenchée en 1959, et qui aboutit à la condamnation de vingt-deux notables, dont l'ancien président de l'Assemblée nationale André Le Troquer.

Séquences cultes :

La jolie petite libellule

Plus fort les beignes !

J'ai déjà vu des faux culs mais vous êtes une synthèse !

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