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L'Homme des Hautes Plaines

Saga Clint Eastwood

Magnum Force (1973) 


MAGNUM FORCE
(MAGNUM FORCE)

classe 4

Résumé :

L’inspecteur Harry est confronté à de jeunes motards de la police qui n’hésitent pas à outrepasser les lois et exécuter froidement les criminels qui ont échappé à la justice. 

unechance 7

Critique :

À San Francisco, l’inspecteur Harry Callahan et son nouveau partenaire, le débutant Early Smith (Felton Perry), ont été transférés temporairement à des tâches subalternes, alors que des criminels de la ville, qui ont échappé à la justice, sont mystérieusement abattus. Callahan commence à enquêter sur ces meurtres malgré les ordres de son supérieur, le lieutenant Briggs (Hal Holbrook). Rapidement, les différends entre les deux hommes sont mis en évidence, et dès sa réintégration à la criminelle, l’inspecteur constate que les victimes sont tuées à bout portant, comme si elles étaient en confiance, et l’arme est un Magnum. Callahan et Early remarquent également qu’il n’y a pas de témoin et ce sont toujours des motards qui surgissent de nulle part et arrivent les premiers sur les lieux des crimes. Les soupçons de l’inspecteur se confirment et se portent finalement sur un motard, le cynique Davis (David Soul) – qui assiste la veuve et les enfants d’un policier qu’il a tué - lors du concours de tir annuel de la police. Néanmoins, Callahan ne fait pas le rapprochement avec Briggs, qui a tenté de détourner l’enquête sur un truand notoire, et Harry l’appelle après avoir découvert une bombe dans sa boite aux lettres….

Dès l’impressionnant générique du début, le spectateur est impliqué dans l’ambiance et l’arme  - le fameux Magnum – est définitivement au centre du script. Magnum Force, le plus long film de la saga, présente une structure sans temps mort, alternant scènes d’action et vignettes de la vie de Callahan, principalement durant la première partie de la production. Similairement à Dirty Harry, des illustrations mouvementées du quotidien de l’inspecteur sont proposées telles les séquences à l’aéroport, où Callahan en pilote contrecarre les projets d’un détournement d’avion, et à l’épicerie, où la fusillade constitue un moment fort du long-métrage, souvent sélectionnée pour des extraits.

L’audience n’est pas ménagée en assistant d’emblée à l’assassinat du mafieux Ricca (Richard Devon) et de ses trois hommes de main, qui viennent de quitter le palais de justice sous les huées, par un motard de la police, qui arrête la limousine au prétexte anodin d’un chevauchement de ligne blanche. Sur le lieu des meurtres, la première confrontation Briggs/Callahan ne laisse pas non plus de doute sur les rapports tendus entre les deux policiers. Une variante de la petite phrase récurrente de l’opus est prononcée par Callahan, lorsque Briggs annonce fièrement qu’il n’a jamais sorti son arme de l’étui de sa carrière : « A good man always knows his limitations... » [Un sage connaît toujours ses limites...]

Les passages au pas de tir de la police constituent de riches enseignements. On a la fausse piste en la personne de Charlie McCoy (Mitchell Ryan), un motard désabusé et aigri, récemment séparé de sa femme, qui refuse de partir à la retraite désirant continuer le combat "go out fighting". Il personnifie le fonctionnaire au bout du rouleau, prêt à craquer psychologiquement, soupçonné initialement d’ailleurs par Callahan, mais il n’a rien à voir avec le quatuor de rookies, très habiles de leur arme, que rencontre l’inspecteur inopinément lors d’une séance tardive d’entrainement au tir. Sweet (Tim Matheson), Davis, Astrachan (Kip Niven) et Grimes (Robert Urich) sont immédiatement perçus par le spectateur comme les suspects, alors que l’inspecteur Harry est à ce stade seulement impressionné et intrigué par leur dextérité. 

ladoublure 3

La violence est omniprésente tout au long du film, comme le massacre au bord d’une piscine des convives d’un gangster et, surtout, la scène du cab où un maquereau fait ingérer de la soude, une sorte de destop, à une prostituée. Malheureusement, ce passage inspira des meurtres particulièrement horribles (voir les infos complémentaires). Rien que pour cette scène, le film mérite son interdiction aux moins de douze ans en France. L’exécution d’un baron de la drogue en pleine orgie à la coke dans son loft fait également partie des passages les plus crus – mais aussi très bien filmés - de Magnum Force.  

Néanmoins, la violence est nécessaire afin que l’audience prenne plus ou moins partie pour le groupe de vigilantes qui liquide les pires ordures de Frisco (le mafieux, le proxénète…), et ce sont les débordements – inévitables – des motards qui rallient le spectateur aux méthodes somme toute libérales et démocratiques de Harry Callahan. Alors qu’on a confirmation de ce qu’on savait déjà, l’exécution de McCoy dans le garage souterrain est centrale, car elle met en évidence que les justiciers abattent les criminels mais également tous les innocents pouvant leur faire barrage, ce qui les discrédite totalement aux yeux de ceux qui pouvaient jusqu’alors comprendre leur action. La bombe dans la boite aux lettres d’Early confirmera cette analyse.

La vie privée de l’inspecteur est plus consistante que lors du premier opus avec la visite chez Carol McCoy (Christine White) et un début de séduction interrompu par ses gosses et un coup de téléphone, puis l’apparition de la nouvelle voisine, Sunny (Adele Yoshioka), admirative de son héroïsme, qui veut se taper un flic, tout simplement. Là encore, un appel téléphonique impromptu interrompt momentanément le repos du guerrier. Les esprits tortueux y trouveront du machisme car ces femmes sont des coucheuses, qui n’ont pas froid aux yeux ! « What does a girl have to do to go to bed with you?” [Que doit faire une fille pour coucher avec vous?] et Harry laconique : « Try knocking at the door.»[Essayez de frapper à la porte]. Néanmoins, la femme du policier, renversée par un chauffard, est toujours présente dans un cadre proche du lit de Callahan. 

Le film peut être revu en séquences séparées tellement il est constitué de nombreux passages palpitants, qui ont fait la renommée d’Harry Callahan, même si certains aspects peuvent s’apparenter à du bouche-trou. C’est flagrant lors de l’assaut traquenard au repaire du gangster Palancio, qui se termine en bain de sang, mais le côté superflu est éclipsé par l’action spectaculaire du policier sur le capot de la voiture (Eastwood ne fut pas doublé). La compétition du meilleur tireur de la police est une séquence clé qui s’avère déterminante pour l’enquête, car l’inspecteur récupère une balle de l’arme de Davis qui lui permet de le confondre tout en dissimulant la vérité à Briggs. Parmi les autres passages, il y a la fameuse confrontation du trio de motards (le quatrième a été tué devant le repaire des truands) avec Callahan dans le garage pour tenter de convaincre l’inspecteur de se rallier à leur cause. La réponse d’Harry est une des plus significatives du film car c’est une double entente qui s’adresse aux détracteurs du premier opus : « I'm afraid you've misjudged me » [J’ai peur que vous m’ayez mal jugé]. Evidemment, tout le final est classique avec d’abord l’échange Briggs/Harry sur le système que Callahan déteste mais auquel il se plie faute de mieux puis l’affrontement sur le vieux porte-avions.

Magnum Force n’est pas une suite directe à Dirty Harry et, malgré une intrigue plus basique, le film fit un carton au box-office, plus conséquent que le premier opus. Inévitablement, lors de sa sortie en salles, il fut dénigré par les critiques. La palme revient au New-Yorker et les écrits de la même irascible, dont je tairais le nom pour éviter de lui faire une renommée qu’elle ne mérite pas : « comme Clint Eastwood n'est pas acteur, on peut difficilement le traiter de mauvais acteur. Il faudrait qu'il fasse quelque chose pour que l'on puisse évaluer ses qualités de comédien ». Avant de décéder, la pauvre dame aux écrits souvent controversés, aura vu qu’elle s’était mise le doigt (dans l’œil) bien profond avec Eastwood oscarisé pour Impitoyable (elle n’était plus là à la sortie de Million Dollar Baby).

Toujours cynique à souhait dans ses réparties, Eastwood a forgé la réputation de son personnage sur ses répliques acerbes, qui ont fait grincer les dents des pisse-froids moralisateurs. Dans cet opus, relevons en deux parmi les plus caustiques. Callahan répond à Early qui évoque  les rumeurs à l’académie sur les quatre recrues : « Tell you something. If the rest of you could shoot like them, I wouldn't care if the whole damn department was queer”. [Je vais te dire quelque chose. Si vous pouviez tous tirer comme eux, je me soucierais guère que tout le putain de service soit pédé] Callahan réplique plus tard à Briggs sur l’éventualité d’avoir à user de son arme : “Nothing wrong with shooting as long as the right people get shot!.” [Rien de mal à tirer du moment que les bonnes personnes soient touchées.]

Avec un scénario dans l’ensemble plus mouvementé que l’épisode précédent, Magnum Force est un grand spectacle, un classique du film policier, violent et politiquement incorrect, toujours superbement rythmé par la partition de Lalo Schifrin. L’interprétation des premiers rôles est impeccable, les seconds sont également excellents et l’image est somptueuse avec de superbes séquences en extérieur. Le film permit à Eastwood de remettre les pendules à l’heure suite au déchainement à la sortie de Dirty Harry (un partenaire noir, une petite amie asiatique, un inspecteur doublé sur la droite par un escadron de justiciers…), et on pouvait considérer à l’époque que les deux films formaient un parfait diptyque. Cependant, la saga ne s’arrêtera pas là et si les deux opus suivants sont très bons, ils sont néanmoins légèrement en deçà de ceux du début de la décennie. La volonté d’Eastwood de montrer que son personnage n’est ni un fasciste, ni un vigilante fut un succès et il est vrai que les aboiements se sont estompés par la suite…

Anecdotes :

  • Le film sortit à Noël 73 aux USA et le 27 février 74  en France.

  • Magnum Force, au titre initial de Vigilance, fut tourné à partir de fin avril 73 à San Francisco pour les scènes en extérieur. L’appartement de Callahan est au 1501 Leavenworth Street. Par contre, le stand de tir de la police est celui d’Oakland (fermé depuis).

  • Lorsque Clint Eastwood contacta Don Siegel pour qu'il réalise L'inspecteur Harry, l'acteur lui proposa quatre ébauches de scripts, dont une écrite par Terrence Malick dans laquelle le tueur psychopathe est un vigilante qui tue les criminels ayant échappé à la justice. Contrairement à Eastwood, Don Siegel n'apprécia pas ce script, mais certaines idées furent réutilisées pour Magnum Force.

  • La rédaction du scénario débuta sous la plume de John Milius, très porté sur les armes, ce qui explique les nombreuses scènes impliquant le Magnum et le changement de titre. Lorsqu’il abandonna le projet pour tourner Dillinger, Michael Cimino termina le travail à la demande d'Eastwood. Les deux hommes continueront l’association avec Le canardeur l'année suivante. D’après John Milius, la ‘sex scene’ avec Sunny (Adele Yoshioka), la voisine asiatique de Callahan, fut introduite sur la suggestion d’Eastwood, car il recevait beaucoup de lettres de femmes asiatiques contenant des propositions sexuelles ! 

  • La petite phrase après le générique: “This is the .44 Magnum, the most powerful handgun in the world. And it could blow your head clean off. Do you feel lucky?"

  • Juste après le tournage de la scène du garage où les trois motards menacent Callahan, une moto a glissé et elles sont toutes tombées, ce qui a fait dire à Eastwood : « I've been threatened by the Keystone Cops. » [J’ai été menacé par les Keystone Cops.]. Les Keystone Cops sont des policiers de fiction, vulgaires, hystériques et incompétents, qui apparaissent dans de nombreux films burlesques de la compagnie Keystone entre 1912 et 1917.

  • Un coup de téléphone interrompt les avances de Carol McCoy envers Callahan. Néanmoins, une photo de tournage montre Harry et Carol en train de s’embrasser. Deux versions de cette scène ont en fait été tournées.

  • Deux scènes supprimées expliquent pourquoi Callahan soupçonne Davis et la bande de motards au sujet des meurtres de Charlie McCoy et des truands. Une était placée entre le départ en avion de la famille McCoy et la compétition de tir. Harry et Davis vont prendre un verre à un club de bowling. Un jeune noir est agressé par quatre voyous ; Davis s’en mêle et Callahan en cogne un avec sa chope de bière mais le rookie harangue les témoins oculaires pour ne pas être intervenu. Son agressivité attire l’attention de l’inspecteur. Plus tard, après avoir examiné la balle qui provient de l’arme de Davis, Callahan vérifie des vieux numéros d’un magazine de police dans lesquels il trouve des articles concernant la justice trop laxiste signés des quatre jeunes recrues. Il est dommage que ces scènes n’aient pas été conservées.

  • Clint Eastwood ne voulait pas être le réalisateur du film et Ted Post (Pendez-les haut et court) fut engagé. Néanmoins, certains interviews et témoignages laissent penser qu’Eastwood et Buddy Van Horn, metteur en scène de la seconde équipe, sont passés derrière la caméra plus souvent que Post. Il est connu qu’Eastwood, également producteur du film, a souvent été opposé au réalisateur, car il voulait économiser sur le budget. Ainsi, comme à son habitude, il refusa de retourner certaines scènes, jugeant que c’était une perte de temps et d’argent. Pour le directeur de la photographie, Metz, Eastwood ne prenait pas le temps de perfectionner une scène, estimant que soixante-dix pour cent d’effectivité était suffisant car il savait que son public l’accepterait. Ted Post est resté en conflit avec Eastwood pendant plusieurs années et il stipula que ces désaccords avaient influencé négativement la suite de sa carrière.

  • Callahan fait référence à Early Smith de l’escadron de la mort au Brésil. Esquadrão da Morte a opéré au milieu des années 60 sous une dictature militaire. Le script est par conséquent solide et il exprime une réalité qui était d'actualité pour les spectateurs informés de 1973.

  • L’acteur Mitchell Ryan, qui interprète Charlie McCoy, était malade le jour du tournage de la scène où il se fait abattre. Il apporta sur le plateau une note de son médecin : « too sick to die » [trop malade pour mourir]

  • Le 22 avril 74, deux hommes dévalisent une boutique HIFI dans l’Utah et prennent cinq otages à qui ils font ingurgiter du Draino (du destop américain) avant de les torturer et de leur tirer une balle dans la tête. Deux otages survivront miraculeusement, mais une jeune femme fut violée avant d’être assassinée. Grâce à un informateur, les criminels sont arrêtés et ils avouent s’être inspirés d’une scène de Magnum Force. Alors que les victimes et les membres du jury sont blancs et les assassins noirs, certaines associations ont essayé d’influencer le jugement, mais, fort heureusement, les deux meurtriers sont condamnés à mort et exécutés. D’après John Milius, le scénariste, la scène du proxénète faisant avaler de la soude à une prostituée était seulement mentionnée dans le script original et n’était pas supposée être filmée. 

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Pour une poignée de dollars

Saga Clint Eastwood

Et pour quelques dollars de plus (1965)


1. ET POUR QUELQUES DOLLARS DE PLUS
(PER QUALCHE DOLLARO IN PIÙ)

classe 4

Résumé :

Deux chasseurs de primes unissent leur effort pour éliminer un criminel psychopathe et sa bande de tueurs.

unechance 7

Critique :

Malgré son titre, Et pour quelques dollars de plus n'est pas la suite du film précédent, car les deux histoires ne sont pas reliées, et rien ne prouve que le Manchot (Manco en V.O.) soit la même personne que L’homme sans nom vu dans Pour une poignée de dollars.

Ce deuxième opus de la trilogie de L’homme sans nom (ou des dollars) présente un script et des personnages plus complexes que Pour une poignée de dollars. Gian Maria Volonte est El Indio, de nouveau le salopard de service ; un abominable assassin – un des pires du cinéma – qui exécute cruellement sans distinction complices et innocents. Le passage où il fait abattre la femme et l’enfant de l’homme qui l’a trahi pour l’enrager est particulièrement dérangeant (même si le spectateur ne voit pas les victimes).

A côté de cet être abject, les deux chasseurs de primes, le colonel Douglas Mortimer au lourd secret (Lee Van Cleef) et le Manchot (Clint Eastwood), font figure de personnages sympathiques. Retiré de l’armée, Mortimer, le premier protagoniste présenté, est devenu un chasseur de primes à l’artillerie impressionnante dissimulée sous son long manteau noir. Séparément puis ensemble, les deux hommes pistent la bande de l’Indien mais leurs motivations vont apparaître divergentes ; l’argent pour l’un, la vengeance pour l’autre. Ainsi, Mortimer fait promettre au Manchot de lui laisser l’Indien lorsqu’il se fait recruter incognito dans la bande du tueur. La détermination, le raffinement et la ruse des chasseurs de primes, surtout celle de Mortimer, contrebalancent la lourdeur de l’Indio et de sa clique. Le spectateur ne saura rien des raisons de la haine du Colonel jusqu’aux ultimes instants et cette superbe scène des deux montres dorées à la musique mélodieuse. 

ladoublure 3

Comme lors de l’opus précédent, les deux ‘héros’ sont découverts et sévèrement rossés alors qu’ils semblent avoir la partie bien en main. C’est à ce moment, que, personnellement, je trouve qu’il y a un coup de mou dans le schéma narratif. Le plan de l’Indien de provoquer l’évasion des chasseurs pour éliminer ses complices afin de garder l’intégralité du magot n’est pas convaincant, comme si le scénariste ne trouvait pas la solution pour se débarrasser de toute la bande d’une façon originale. C’est le point faible du film, ce qui le met à trois sur quatre dans ma classification. Fort heureusement, le duel final est grandiose, meilleur que celui de Pour une poignée, mais néanmoins légèrement en deçà de ce que nous réserve le dénouement du dernier opus de la trilogie. C’est le Manchot qui empoche la totalité des primes des bandits et le Colonel se contente d’avoir assumé sa vengeance dont le spectateur découvre la raison lors d’une longue et violente séquence flashback, un procédé que Leone reprendra dans Il était une fois dans l’Ouest.

De nombreuses scènes du film sont intéressantes et les meilleures sont à mon avis la première rencontre des deux chasseurs se défiant, l’élimination des trois bandits au coin du feu par le Manchot, l’attaque de la banque d’El Paso, supposée être une forteresse, le duel du Colonel avec le Bossu - un superbe Klaus Kinski - et, bien entendu, le final. Et pour quelques dollars de plus présente des personnages beaucoup plus nuancés qu’attendu car l'honneur et l’honnêteté sont présents au final dans un monde impitoyable où l'on tue pour une poignée de dollars.

Les rôles de la distribution ont été bien attribués. Lee Van Cleef est excellent et son regard convient parfaitement aux gros plans de Leone. L’acteur pensait qu’il jouerait quelques scènes et il fut agréablement surpris d’avoir ce rôle, le premier important de sa carrière, alors que Lee Marvin avait été pressenti. On se demande par contre pourquoi Leone a réengagé Volonte pour le second volet. De nouveau, il y eut des dissensions, car le réalisateur trouvait l’acteur trop théâtral et il multipliait les prises pour le fatiguer ! De rage, Volonte quitta le studio momentanément. Quant à Eastwood, il est impeccable en chasseur de primes cupide et cynique qui compte non pas les cadavres mais les sommes cumulées dans la dernière scène. Bien que la structure suggère un partage des scènes équitablement entre les trois acteurs principaux, Manco/Eastwood crève l’écran avec sa réplique récurrente de ‘old man’ à Mortimer.

Le style Leone est évidemment reconnaissable avec l’action lente et pesante, des cadrages sur des visages patibulaires, où la tension est palpable, et la superbe musique lancinante de Morricone. L’Homme Sans Nom est accompagné par le siffleur, tandis qu’une harpe signale la présence du Colonel Mortimer. Et pour quelques dollars de plus est un échelon supplémentaire dans la démarche du réalisateur italien d’aller vers toujours plus de sophistication pour sa mise en scène.  Le troisième volet relèvera encore la barre ce qui constituera le chef d’œuvre de la trilogie. 

Anecdotes :

  • Le film est sorti en salles le 30 septembre 1966 en France et le 10 mai 1967 aux Etats-Unis, deux ans après son apparition sur les écrans italiens.

  •  Clint Eastwood n’était pas prêt à s’engager dans un second film, alors qu’il n’avait pas encore vu le premier. Rapidement, les producteurs lui ont fait parvenir une copie italienne. Ne sachant pas à quoi s’attendre, l’acteur a réuni prudemment un groupe d’amis pour la projection mais la réception fut positive : « Everybody enjoyed it just as much as if it had been in English. » [Tout le monde a bien aimé comme si ça avait été en anglais]

  •  Clint Eastwood porte le même poncho que dans Pour une poignée de dollars. A la fin du premier volet, il est transpercé par les balles de carabine de Ramon. Pour cette suite, le poncho a été mis dans l’autre sens mais les traces de balles sont visibles sur certains plans.

  • Le personnage interprété par Clint Eastwood est le Manchot dans la version française. Il est Manco dans la version anglaise complète (et Monco dans l’italienne). En espagnol, manco signifie manchot. Le personnage réalise presque toutes les actions en utilisant seulement sa main gauche, pour laisser libre sa main droite, avec laquelle il tire.

  • Le film fut tourné essentiellement à Almeria en Espagne d’avril à juin 65. La ville d’El Paso était le plus gros décor de ce second volet. Il fut réutilisé en partie l’année suivante pour plusieurs scènes de ville du Bon, la brute et le truand. Les scènes d’intérieur furent filmées aux studios romains de Cinecitta.

  • Le producteur de Pour une poignée de dollars déposa une plainte pour la réutilisation du personnage de l’homme sans nom. Le tribunal italien déclara que le pistolero du western caractérisé par son habillement et ses manières faisait partie du domaine public. 

  • Pour l’édition DVD collector, on prend les mêmes que Pour une poignée de dollars et on recommence : un documentaire très intéressant de Sir Christopher Frayling, dans lequel il souligne que Leone était très irrévérencieux avec l’utilisation des églises, cloches, cimetières puis une interview de Clint (‘Back for More’) qui a refusé une participation à Il était une fois dans l’Ouest car il en avait assez de ce style.  On apprend aussi dans un autre bonus que l’édition US a trois coupes dont celle où le surnom du personnage d’Eastwood est évoqué. Les Américains voulaient préserver le Man With No Name du premier film, alors que cet opus n’a pas de continuité avec le précédent. La musique de Morricone fut écrite avant le tournage et Leone la passait d’ailleurs sur le plateau. Dans le dernier bonus de 11 minutes, les comparaisons des lieux de tournage espagnols de l’époque et maintenant (2005) sont passées en revue et on se rend compte qu’il en reste pas mal debout et que les scènes étaient vraiment tournées dans des églises.

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Un cavalier solitaire monte deux familles rivales l’une contre l’autre dans une ville déchirée par l’avidité, la violence et la haine. 

Et pour quelques dollars de plusLes Sorcières

Saga Clint Eastwood

Le bon, la brute et le truand (1966)


1. LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND
(IL BUONO, IL BRUTTO, IL CATTIVO)

classe 4

Résumé :

Alors que la guerre de Sécession fait rage, trois hommes sans scrupule se lancent à la recherche d’un butin confédéré en pièces d'or. Deux du trio, Tuco et Blondin, ont besoin l'un de l’autre car chacun connaît une pièce du puzzle (l’emplacement du cimetière et le nom inscrit sur la pierre tombale). Mais un tueur nommé Sentenza se joint à la chasse au trésor. Ils se retrouveront pour un grandiose duel à trois dans le cimetière. 

unechance 7

Critique :

Pour conclure sa trilogie du dollar, Leone augmente de deux à trois le nombre de protagonistes, ce qui fera dire à Eastwood : « Dans le premier film j'étais seul, dans le deuxième nous étions deux, ici nous sommes trois. Dans le prochain, je me retrouverai au milieu d'un détachement de cavalerie ». Comme pour Et pour quelques dollars de plus, le réalisateur dirige un acteur du film précédent, en la personne de Lee Van Cleef, mais, contrairement à Volonte dans les deux premiers opus, les personnages de Van Cleef sont à l’opposé : le sympathique colonel Mortimer devient l’odieux Angel Eyes dans la version américaine alias Sentenza dans les autres langues.  L'histoire du Bon, la brute et le truand est supérieure à celles des deux films précédents, avec ses grands thèmes épiques, éthiques et historiques.

Blondin (le bon, Eastwood) est un chasseur de primes toujours à l’affut de quelques billets, une sorte de prolongement du personnage de Et pour quelques dollars de plus ; Sentenza (la brute, Van Cleef) est un tueur à gages qui remplit toujours sa mission du moment qu’il a été payé. Quant à Tuco (le truand, Wallach), le premier personnage présenté, il est un criminel recherché dont la tête est mise à prix. Il a monté une combine astucieuse et dangereuse avec Blondin pour faire monter les enchères, mais le chasseur de primes laisse tomber son compère lorsqu’il se rend compte que le prix de Tuco a atteint sa limite. Le rusé truand prend sa revanche dans le désert aride mais une carriole bourrée de cadavres va changer les relations entre les deux hommes. Avant de mourir, un certain Carson leur révèle la cachette d’un chargement d’or dans un cimetière. Si Tuco connaît l’emplacement, Blondin apprend dans le dernier souffle le nom sur la tombe et les deux hommes deviennent indispensables l’un à l’autre. Le chemin vers les sacs d’or sera parsemé d’embuches en particulier en la personne de Sentenza, sans pitié, plus terrifiant que les deux ‘compères’, car il a doublé son patron, et il est déjà sur la piste de Carson et du trésor.

Leone n’avait pas envie de faire un autre western, mais l’énorme somme d’argent proposée, contrastant avec les deux premiers films, le décida alors qu’il n’avait pas encore l’idée du scénario. Le film coûta très cher par rapport aux deux précédents. Leone a voulu transmettre certaines valeurs comme l’absurdité de la guerre à travers ses personnages (la réaction de Tuco et Blondin au massacre du pont, Blondin offrant son cigare au soldat mourant). Comme d’habitude, Leone prend son temps, et il présente successivement et longuement ses personnages, par une série de séquences, avec des arrêts sur image nommant tour à tour le truand, le bon et la brute et il n’y a pas de dialogue pendant les dix premières minutes du film. Le détail de l’éperon est resté célèbre pour souligner le souci de perfection de Leone – tous les figurants furent convoqués pour jouer la scène alors que leur présence n’était pas indispensable.

ladoublure 3

Le troisième volet est l’apothéose de la trilogie des dollars. Il est génial et représente le meilleur Leone avec Il était une fois dans l’Ouest. L’un conte une chasse au trésor, l’autre une vengeance, mais le tableau léonien du Far West est similaire. Tourné en Andalousie, avec l’approbation du régime franquiste et l’assistance de l’armée espagnole, le film propose de superbes décors. Eastwood raconta que du moment que le film ne concernait ni l'Espagne ni les Espagnols, le régime ne se souciait pas de ce que faisait l'équipe. Les trois personnages évoluent en pleine guerre de Sécession et les horreurs de cette guerre sont mises en évidence par le réalisateur avec les ubuesques sacrifices au pont des deux côtés. Le final est grandiose ; pourtant, il était déjà superbe dans Et pour quelques dollars de plus...Ici, dans un cimetière entièrement construit pour l'occasion, le duel à trois est culte. "Le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent : toi tu creuses". 

Les meilleurs passages, indissociables de la musique de Morricone, sont la fameuse scène de l’éperon, la ‘promenade’ dans le désert, la rencontre de Tuco avec son frère à la mission catholique, le supplice de Tuco au camp de prisonniers, l’élimination des hommes de Sentenza par le duo, la bataille sordide autour du pont avec 1500 figurants et, bien entendu, le final, sûrement un des meilleurs de l’histoire du western qui démontre la subtilité de Blondin, l’homme sans nom. Cette séquence d’anthologie du duel à trois est à elle seule une révolution avec six minutes de plans fixes dans un montage ingénieux sous une musique grandiose qui devait agir comme si ‘les corps ricanaient dans leur tombe’.

Eastwood avait raison de penser que Wallach – disparu en 2014 à 99 ans – lui volait la vedette. L’acteur a hésité avant d’accepter de tourner dans ce troisième western spaghetti (aucun des deux précédents n’était encore sorti aux USA) et il trouvait que le personnage de Tuco était trop central ce qui négociera âprement. Il est en effet évident que Tuco est le personnage le plus travaillé, surtout lorsqu’il rencontre son frère, alors que les deux autres protagonistes sont mystérieux, ce qui convient néanmoins à l’homme sans nom. Wallach est extraordinaire dans le rôle du truand. Il se permit même d’improviser comme cette réplique lorsqu’il abat un chasseur de primes de sa baignoire : "When you have to shoot, shoot, don't talk!" [Quand on tire, on tire, on ne raconte pas sa vie], ce qui fit rire tout le plateau. La mimique de faire le signe de croix à chaque fois qu'il y a un trucidé est également une de ses idées personnelles. J'avais oublié la place prépondérante qu'il avait dans le film et les sept scènes ajoutées renforcent ce sentiment. Eastwood a même du mal à ne pas se faire mettre dans l'ombre par Wallach, c'est le rôle de sa vie.  

A côté, Lee Van Cleef est largement éclipsé avec un rôle qui contraste totalement avec Et pour quelques dollars de plus...Ni l’un ni l’autre ne savait monter à cheval et il fallut leur trouver une monture – la même pour les deux - docile comme une bête de cirque. Eastwood est toujours dans la continuité de sa personnification de l’homme sans nom, même s’il porte un long manteau et qu’il ne retrouve le poncho caractéristique – le même dans les trois films - que dans le final ; flegmatique et cynique, Leone déclara d’ailleurs : « Parmi les trois, Eastwood est sans doute celui qui ressemble le plus à son propre personnage : fermé, taciturne, ironique. » La présence du cigare est un symbole très important dans le film. Eastwood en a un à la bouche dans presque toutes les scènes et le rallume continuellement. Pourtant, l’acteur est non-fumeur et la multiplication des prises de Leone avait tendance à l’importuner.

Le style de Leone est incomparable en ce qui concerne l’utilisation des trognes, que cela soit pour les rôles principaux ou mineurs. Ainsi, le regard de Lee Van Cleef faisait des trous dans l’écran pour lui ('his glance made holes in the screen'). Le réalisateur collait aussi à la réalité et certaines  scènes - le rebelle attaché sur le devant du train et le condamné qui porte son cercueil - sont des passages tirés de la guerre de Sécession. Après ce chef d’œuvre, Leone continuera sa rétrospective de l’Ouest avec Il était une fois dans l’Ouest, qui est, pour moi, égal et non supérieur au Bon, la brute et le truand. De son côté, Eastwood refusa de participer à un quatrième film, le comédien craignant de se laisser enfermer dans ce genre, mais, plus tard, devenu réalisateur, il rendra hommage au western spaghetti, lorsqu’il interprétera également un homme sans nom dans le superbe L’homme des hautes plaines

Anecdotes :

  • Le film est sorti en salles le 29 décembre 1967 aux Etats-Unis et le 8 mars 1968 en France, plus d’un an après son apparition sur les écrans italiens, le 23 décembre 1966. Il est à noter que les trois films des dollars furent donc programmés aux USA la même année !

  • Une erreur de traduction dans la première bande-annonce américaine est à l'origine d'une confusion : l'ordre italien « buono-brutto-cattivo » - soit « Eastwood-Wallach-Van Cleef » (ce qui correspond également à l'importance des rôles) - devint en anglais « good-bad-ugly » au lieu de sa traduction littérale « good-ugly-bad ». Van Cleef se retrouva ainsi en deuxième position avec The Bad et Wallach en troisième avec The Ugly. La traduction française propagea l'erreur (« bon-brute-truand »), donnant à Eli Wallach la troisième place (source : wikipedia). Bien qu’Eastwood soit premier dans la distribution, Eli Wallach a plus de temps à l’image.

  • Eli Wallach fut en danger dans plusieurs scènes. Il fut presque empoisonné lorsqu’il but accidentellement d’une bouteille d’acide laissée par un technicien près de sa bouteille de soda. L’acide devait faciliter l’ouverture des sacs après un coup de pelle. Wallach mentionne cette anecdote dans son autobiographie. Lorsque l’acteur est sur le point d'être pendu et qu'il est libéré par un coup de feu qui coupe la corde et qui effraie le cheval, celui-ci s'emballe et continue de galoper pendant plus de 1 500 mètres avec l'acteur en selle, les mains toujours attachées dans le dos. Pire, lorsque Tuco place le cadavre sur les rails, afin que le prochain train coupe la chaine au passage, Wallach n'avait pas remarqué que des marches en métal de trente centimètres dépassaient au bas de chaque wagon. Si l'acteur avait soulevé la tête au mauvais moment, une de ces marches l'aurait probablement décapité. Wallach refusa d’ailleurs de refaire la scène.

  • Au sujet de l’explosion du pont, Eastwood raconte : « Si nous nous étions trouvé au point choisi par Leone, selon toute probabilité nous ne serions plus ici aujourd'hui pour en parler». On voit effectivement des débris voler autour des acteurs et crever un sac et ce n'est pas un effet spécial. Ce fut Eastwood lui-même qui insista pour déplacer leur position vers un endroit plus sûr. Ce sont des canons des musées d’Espagne qui furent utilisés et Eastwood se rappelle comment le pont a sauté par inadvertance et la furie du réalisateur. Il fut reconstruit pour la scène du film.

  • Le fameux squelette dans la séquence finale est…authentique ! À Madrid, une femme louait en effet le squelette de sa mère, actrice de son vivant. Cette dernière avait choisi de l'offrir ainsi, afin de « pouvoir continuer sa carrière même après sa mort ».

  • Le DVD collector présente une superbe restauration du film avec une version allongée d’une quinzaine de  minutes. On comprend maintenant d’où viennent les trois types qui veulent liquider Blondin alors qu’il est dans sa chambre d’hôtel par exemple. Il y a sept nouvelles scènes par rapport aux diffusions télé.

  • Le DVD collector regorge de nombreux bonus intéressants. Le film fut tourné dans le désert espagnol, au même endroit que Lawrence d’Arabie. Par contre, personne ne parlait anglais et Eastwood souligne qu’on pouvait commander un ‘milk shake’ et se retrouver avec une ‘potato salad ! Wallach s’entretenait avec Leone en mauvais français ; on apprend la difficulté de doubler les acteurs qui parlaient tous dans leur propre langue, il fallait respecter le mouvement des lèvres ; ainsi l’italien ‘piu forte’ ('plus fort’) lorsque l’orchestre joue pour couvrir les bruits de torture fut remplacé par ‘more feelings’ dans la version anglaise. De plus, l’humour américain était différent de l’humour italien.

  • Des passages de la longue séquence de torture n’ont pas pu être restaurés pour le film et figurent en bonus. Également une séquence – qui n’a pas été entièrement montée – figure dans les bonus. On y voit des photos mais aussi une courte scène en français car elle figurait dans le ‘teaser’ du film (‘tu n’aurais pas vu une moitié de cigare’) !

  • La restauration nous apprend que le film fut présenté dans les cinémas romains en décembre 66 avec une durée de 177 minutes et 43 secondes ramenée à 161 aux USA. La sortie DVD permit de ressortir le film dans une version initiale ce qui aurait ravi Sergio Leone. Il fallut rappeler Eastwood et Wallach pour les scènes incorporées et, même si les voix ont vieilli, l’ensemble passe bien.

  • Il y a deux bonus dont un très intéressant sur Ennio Morricone. On apprend que le compositeur a écrit ses morceaux avant le tournage du film. Par exemple, la fameuse scène où Tuco/Wallach cherche la tombe (‘The Ecstasy of Gold’) fut tournée avec soi-disant l’orchestre sur le plateau (ce qu’Eastwood ne se rappelle pas). En tout cas, Leone a tourné le tournoiement pour coller à la partition. Idem pour ‘The Trio’, le duel à trois qui est une combinaison des trois films ; on entend d’ailleurs la fameuse clochette qui correspond aux deux montres du duel final de Et pour quelques dollars de plus

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Un cavalier solitaire monte deux familles rivales l’une contre l’autre dans une ville déchirée par l’avidité, la violence et la haine. 

Le Bon La Brute et le TruandLes Sorcières

Saga Clint Eastwood

Les Sorcières (1967)


1. LES SORCIÈRES
(LE STREGHE)

classe 4

Résumé :

Après dix années de mariage, une femme reproche à son mari de la délaisser et elle se réfugie dans les fantasmes et les rêveries.

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Critique :

En janvier 1966, lors d’une rencontre à New York, le producteur Dino De Laurentiis engage Clint Eastwood pour un rôle dans une des cinq histoires de l’anthologie, sous la direction de Vittorio De Sica. Il donne la réplique à Silvana Mangano, l’épouse de De Laurentiis, qui apparaît dans tous les sketchs.

Eastwood tourna en quelques jours dans le cinquième et dernier sketch intitulé Une soirée comme les autres (Una sera come le altre). Pareillement aux autres petits films, l’histoire traite du rôle des femmes dans la société. Eastwood est Carlo (Charlie pour la version américanisée), un homme désabusé qui délaisse sa femme depuis plusieurs années. Celle-ci lui explique qu’il n’est plus aussi romantique qu’il l’était par le passé. 

ladoublure 3

Un film bizarre – enfin la partie avec Eastwood, car je me suis dispensé du reste sans queue ni tête. Les sorcières est connu de nos jours pour la présence insolite d’Eastwood en mari pantouflard costume-cravate. Dans ce petit film de vingt-cinq minutes qui alterne voix-off, rêveries et scènes d’une soirée ordinaire d’un couple, Clint est un banquier qui aime se faire servir et qui néglige sexuellement sa femme…Hmm, invraisemblable quand on connaît le personnage d’Un shérif à New York !

Giovanna fait tout pour ragaillardir les envies de son époux retirant ses lunettes alors qu’elle est myope comme une taupe par exemple. Mais Carlo ne pense qu’à se reposer après une dure journée de labeur. Elle rêve de le baffer, tandis qu’il lui conseille de se faire une camomille ! Elle se réfugie dans des rêves où elle se retrouve parmi des héros de bandes dessinées, tous prêts à la satisfaire. 

C’est un tantinet comique (la scène où Eastwood devient un mari de moins en moins enthousiaste à l’arrivée au lit au fil des années) mais, dans l’ensemble, c’est bien bavard et ennuyeux. Le sketch vaut à la rigueur pour le plaisir de voir Eastwood se ridiculiser sans retenue dans les séquences « rêvées » : se prendre des vases sur la tête, des baffes et traîner en pyjamas...

Ce film ne prit que quelques jours à Eastwood et, deux mois plus tard, il commença le tournage du Bon, la brute et le truand. Les critiques ne furent pas enthousiastes, décrivant la performance de l’acteur comme ‘un-Clintlike’. Les sorcières reste un des films les plus méconnus de la carrière de Clint Eastwood, à juste raison…vraiment rien d’inoubliable. 

Anecdotes :

  • Le film est sorti en France le 5 juin 1968. United Artists acheta les droits lorsque la carrière d’Eastwood prenait de l’essor mais le film ne sortit pas en salles aux USA. 

  • Le film fut tourné aux studios De Laurentiis Cinematografica à Rome.

  • Clint Eastwood eut le choix entre $25 000 cash ou $ 20 000 et une Ferrari pour jouer ce petit rôle. Il choisit la seconde option car son agent ne pouvait pas toucher 10% sur la voiture ! 

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