Les Pleins Pouvoirs (1997) Résumé : Un cambrioleur de haut vol est témoin d'un crime sordide impliquant le Président des Etats-Unis. Critique : Le film, sorti en salles en mai 1997 (je suis allé le voir le jour de sa sortie), est un excellent thriller politique, produit et mis en scène par Clint himself. Il joue le rôle de Luther Whitney, un malfaiteur de haut vol, spécialisé dans les grandes demeures cossues, qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment. Basé sur le roman de David Baldacci, Absolute Power évoque le caractère impitoyable des gens au pouvoir. Le Président croit que tout ce qu'il fait est irréprochable, y compris une liaison ou deux sans lendemain. Cela mène au meurtre et tous ses collaborateurs se retrouvent impliqués. On peut même voir dans cette histoire de ‘fiction’ quelques parallèles avec d’anciens Présidents coureurs de jupons comme JFK ou Bill Clinton, locataire de Le personnage central du film est Luther Whitney, un cambrioleur de grand standing, qui a décidé de finir sa carrière en beauté en visitant la luxueuse demeure d'un des hommes les plus influents d'Amérique. Dans la scène culte du long métrage, aussi bien pour son interprétation que sa réalisation, Whitney, Arsène Lupin sexagénaire, toujours en pleine forme, est témoin, caché dans la chambre forte derrière un miroir sans tain, du meurtre de la jolie Christy Sullivan (Melora Hardin) lors d’ébats sadomasochistes. La jeune femme est l’épouse d’un milliardaire philanthrope âgé, le propriétaire absent de la résidence (E. G. Marshall), mais également la maitresse du Président Richmond (Gene Hackman). Assis sur le fauteuil d’adultère, Whitney passe du statut de voyeur gêné à celui de témoin, lorsque Richmond se montre violent envers la jeune femme, qui se défend en blessant son agresseur avec un coupe-papier. Avant ce déchainement de violence, on assiste à une longue séquence de suspense, quand Christy se saisit d’une télécommande (en fait pour la musique) ou que le Président scrute son visage dans le miroir. Par le regard du voyeur malgré lui, Eastwood transmet nos ambiguïtés de spectateur face à cette violence démesurée avec une succession de sentiments où la surprise fait place à la peur puis au dégoût. Le suspense baisse d’intensité avant de retrouver un pic lorsque les deux membres des services secrets – les assassins - se rendent compte de la présence de ce témoin gênant. C’est le début de la poursuite, mais aussi de la ‘shitstorm’ pour Gloria Russell (Judy Davis), l’assistante du Président, et les deux agents ! Désirant tout d’abord fuir et quitter le pays, Luther change d’avis lorsqu’il entend le discours hypocrite et écœurant du Président, ce qui constitue le tournant du film (« You heartless whore! I'm not about to run from you »). Il va s’employer à faire connaître la vérité au veuf richissime influent Walter Sullivan, ami et support financier de Richmond. Le long métrage narre l'histoire de ce cambrioleur, qui se retrouve la cible des services secrets, mais aussi d’un tueur à gages engagé par le milliardaire. Accusé du meurtre et traqué, Whitney doit sauver sa peau, poursuivi par les hommes du Président, qui cherchent à étouffer le scandale, tandis que Seth Frank (Ed Harris), le policier en charge de l’affaire, est circonspect sur les circonstances du drame dès le début de l’enquête. Pour lui, Whitney est un voleur, vétéran décoré de la guerre de Corée, pas un assassin, ce qui rapprochera les deux personnages au fil de l’histoire… Le discours mielleux du Président pousse donc Luther Whitney à rester et à faire éclater la vérité. A partir de ce moment – la moitié du film – le chassé passe à l’attaque par des manœuvres jubilatoires, telle la séquence du collier de diamants offert. Lors de cette seconde partie, le cambrioleur utilise à bon escient les pièces à conviction qu’il a subtilisées – le coupe-papier, avec du sang et des empreintes, le collier porté par la victime -, et les scènes sont superbes pour un subtil jeu du chat et de la souris, avec en particulier la conseillère Russell dans ce mémorable passage de la danse de la parure. Luther devient la cible des services secrets américains et Eastwood se retrouve ainsi de l’autre côté de son rôle de Frank Horrigan (Dans la ligne de mire). On ne s’ennuie pas une seconde dans ce film de deux heures, alternant les scènes graves et de pure comédie avec un humour incisif. Pour la première fois depuis L’évadé d’Alcatraz, l’acteur joue un repris de justice. Eastwood interprète un personnage solitaire, paisible sexagénaire, un peu décalé avec son temps, qui ne sait pas faire fonctionner un magnétoscope, mais, par contre, il apprécie les choses agréables de la vie, comme le dessin ou un bon vin avec un repas aux chandelles avant d’aller ‘travailler’. Il mène une existence tranquille en fréquentant des musées, où il donne libre cours à ses talents de copiste, mais ses exploits passés ont défrayé la chronique et en font le suspect numéro un. Whitney est un épicurien comme le démontre la longue progression silencieuse et contemplative du cambrioleur dans la maison vide. As du déguisement et roublard, il réussit à échapper à ses poursuivants, même s’il doit compter sur la chance lors du rendez-vous au café et esquiver les deux tireurs d’élite, ce qui constitue une autre grande séquence du long métrage car elle témoigne de l’amour infini que porte Luther pour sa fille Kate (Laura Linney). Lorsque les services secrets s’attaquent à Kate, Luther devient impitoyable et a des relents de Dirty Harry, comme lors de la scène à l’hôpital. A ce propos, une critique française (Télérama si j’ai bonne mémoire) avait dénoncé ce passage quand l’agent Collin (Dennis Haysbert), qui a essayé à deux reprises d’assassiner sa fille, demande pitié à Luther, avant que celui-ci ne lui enfonce la seringue dans la carotide accompagné d’une réplique tranchée : « I'm fresh out of it » (‘Je n'en ai plus en réserve’). Le magazine bobo soulignait que ‘ce geste évoquant certaines exécutions capitales révèle chez Luther une violence qu'on ne soupçonnait pas’ et rapprochait cela à la célèbre réplique d’Harry pour conclure par un ‘on ne se refait jamais tout à fait’ accusateur… Ces écrits tendent à prouver que certains médias français avaient encore, à la fin du dernier millénaire, une allergie maladive aux idées justes, et expéditives, de l’acteur concernant la justice. Cinq ans après le personnage de Daggett dans Impitoyable, Gene Hackman endosse de nouveau un rôle de salopard patenté en interprétant impeccablement ce Président américain véreux et infecte, qui suggère lui-même à ses services secrets d’éliminer la fille du témoin en tentant de reprendre la main et d’effacer son erreur (« Show that you love your country ! »). La distribution est riche de talents jusqu’aux petits rôles. Le flic est Ed Harris et Melora Hardin, la maitresse assassinée, a commencé sa carrière à 9 ans dans Police Story. Dennis Haysbert, le Président de 24 heures chrono, est un tueur des services secrets, et il est amusant de constater que Penny Johnson Jerald, qui joue sa femme dans cette série, est ici une policière à l’humour corrosif. Le barman est Mark Margolis, un ami de McCall de la série Equalizer. Les pleins pouvoirs est avant tout un thriller politique, mais c'est aussi l'occasion pour Eastwood d'y traiter les rapports conflictuels entre un père et sa fille, qui a une place importante dans l’histoire ; dans le cas présent, elle n'a jamais admis ses absences dues à ses activités illicites, surtout qu’elle exerce la profession de procureur. Traqué, Whitney cherche à se rapprocher de Kate, qu’il observe secrètement depuis des années, resserrant des liens distendus mais mettant ainsi en danger de mort la seule personne qui compte vraiment pour lui. La première rencontre est cocasse car les rôles sont inversés ; Luther se faisant gourmander par sa fille, mais il la chérit jusqu’à lui remplir son frigo ! Ce n’est pas une fille Eastwood qui interprète le rôle pourtant, mais Laura Linney, excellente, qu’on reverra dans Mystic River et Sully. Néanmoins, comme souvent à cette époque, le réalisateur en fait jouer deux : la jolie Alison est l’étudiante en art lors de la scène d’ouverture au musée. Elle est devenue une belle jeune femme après avoir été la fille adolescente de Clint dans La corde raide treize ans plus tôt, et juste avant de jouer un rôle important de sa carrière. Alison n’a que trois répliques et sa voix affirmée pour la première du film (« Don’t give up ! », ‘Ne renoncez pas’) est une caractéristique de son père ! Quant à la guide à Tiré du best-seller de David Baldacci, ce thriller nous emmène dans les méandres du pouvoir, les secrets de Le film fut projeté lors de la clôture du Festival de Cannes en 1997 et il reçut un accueil critique mitigé et connut un succès modeste en Amérique, alors qu'il fonctionna très bien à l'étranger, notamment en France. Même s'il ne fait pas partie des œuvres phares de son auteur, Absolute Power constitue un bon divertissement, où le suspense est présent du début à la fin, bénéficiant d'un rythme soutenu sans temps mort. L'ambiance prenante est favorisée par la photographie très sombre de Jack Green (mal rendue malheureusement sur le Blu ray) et une partition musicale réussie mais discrète de Lennie Niehaus, qui travaille régulièrement en collaboration avec Eastwood depuis La corde raide (1984). Les pleins pouvoirs est indispensable dans toute vidéothèque d'un fan de Clint Eastwood. Certes, comme vous pourrez le lire ça et là, il y a quelques scènes peu crédibles mais, honnêtement, rien qui ne plombe le film et je passe toujours un excellent moment à le revoir. J’apprécie l’intrigue, la réaction du héros, le suspense parfaitement distillé, même si la fin laisse sur sa faim ; elle est différente du roman et Eastwood a eu raison d’insister pour la changer et la transformer en ‘happy end’. Très bien réalisé et interprété, Absolute Power part d’une séquence choc et procure un divertissement de qualité, qualificatif qui rime le plus souvent avec Eastwood, sans effet spéciaux farfelu, comme beaucoup trop de productions américaines, ni de rebondissement tapageur, mais avec une rigueur et un souci de conter une histoire intéressante mélangeant habilement humour, action et émotion. Anecdotes :
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Minuit dans le jardin du bien et du mal (1997) Résumé : Un journaliste fraichement arrivé à Savannah, petite ville du sud des Etats-Unis, se retrouve plongé au cœur du procès d’un millionnaire local, accusé de meurtre, avec lequel il se lie d’amitié. . Critique : Minuit dans le jardin du bien et du mal est un film assez particulier dans la filmographie de Clint Eastwood. Comme Absolute Power, il est tiré d’un roman, car c'est l'adaptation cinématographique du livre éponyme de John Berendt, publié trois ans plus tôt, dont l'intrigue se base sur des faits réels qui se sont déroulés à Savannah, dans l’Etat de Géorgie, en mai 81. Le scénario de John Lee Hancock, qui avait travaillé sur Un monde parfait, plut immédiatement à Eastwood, producteur et réalisateur sur ce projet. Intrigué par le vieux sud et sa culture, subjugué par le jazz, le metteur en scène a modifié le roman, qui avait déjà pris des libertés avec la réalité, et il a délibérément attaché moins d’importance au procès pour privilégier les balades dans les rues de Savannah et y saisir l’atmosphère de la ville à la rencontre de diverses personnalités. John Kelso (John Cusack, engagé pour sa prestation dans Tueurs à gages) est envoyé à Savannah afin de couvrir pour son journal les fêtes de Noël renommées qu’organise Jim Williams (Kevin Spacey), le notable local, comme chaque année dans sa résidence luxueuse de Mercer House. Motivé par la perspective d’un livre à écrire, Kelso reste sur place lorsque l’hôte des lieux est arrêté et inculpé pour le meurtre de Billy Hanson (Jude Law), son jeune compagnon gigolo et toxicomane avec lequel il s’était disputé pendant la fête. C'est alors l'occasion pour le journaliste de rencontrer tout le gratin local et de s'imprégner de l'atmosphère si particulière de Savannah et du sud durant l’enquête sur ce scandale mondain. Les critiques françaises n’ont pas manqué de souligner le paradoxe entre le thème du film - le meurtre d’un gay - et Eastwood, qui avait, soi-disant, quelques fois par le passé, fustigé les homosexuels, en particulier le mari de Sondra Locke. Ces baveux omettaient sciemment de préciser que c’est surtout la fainéantise du mari de Locke qui énervait l’acteur, qui, bon cœur, entretenait tout le monde financièrement. Quant aux pics médiatiques, rien de bien méchant de la part d’un homme à femmes qui ne s’est jamais tourné. C’est sûrement cela qui irrite les médias dans un monde actuel où les minorités doivent représenter la norme sous peine d’être taxé de tous les maux. Néanmoins, histoire de faire un pied de nez aux grincheux, Eastwood fut le premier réalisateur d’un grand film américain à mettre en scène un acteur transgenre représentant une drag-queen ! La ville de Savannah est bourrée d’excentriques qui auraient tous leur place dans un épisode de Chapeau melon et bottes de cuir ! L’histoire se concentre sur l’enquête menée par le journaliste, en collaboration avec Williams et son avocat, pour accréditer la thèse soutenue par l’inculpé, qui est la légitime défense. Excentrique parmi les excentriques, Williams est un autodidacte, qui a fait fortune, et il est reconnu pour être un collectionneur d'art, un marchand d'antiquités, bon vivant et aussi un homosexuel discret, ce qui est une excentricité inconvenante, mais tolérée en raison de la fortune qu’il possède. Kelso est tout de suite désorienté par le comportement atypique des habitants, lorsqu’il rencontre pour la première fois Billy, le jeune amant violent de Jim. L’intérêt du journaliste s’accroit après le meurtre, car il fait la connaissance d’une série de personnages hauts en couleurs, à commencer par Lady Chablis, nom de scène provenant d’une bouteille de vin, le transsexuel au langage sulfureux. Eastwood, comme intrigué, propose des séquences durant son spectacle et il met de côté l’intrigue et donne l’impression de meubler un scénario trop peu consistant : « Yes, I am a bitch, and proud of it, honey. You better grow you some nails, honey, because if he's a gynecologist, he's mine.”…C’est dans l’évaluation de la juxtaposition de toutes ces vignettes colorées qu’on apprécie le film. Les répliques gratinées de Lady Chablis, au sujet de son ‘candy’ par exemple, font partie des incontournables du long métrage et la séquence du bal des Noirs est épique. Dans cette rubrique excentriques, on côtoie l’homme au chapeau melon qui promène une laisse au bout de laquelle il y a un collier, mais pas de chien : le riche propriétaire de l'animal avait veillé à ce que Patrick, son labrador, soit toujours assuré de sa promenade, même après sa mort ! Encore très animalier avec le bulldog, véritable star, qui est la mascotte de l’université de Géorgie. Geoffrey Lewis, pour sa septième et dernière collaboration avec Eastwood, est l’homme étrange qui garde des mouches attachées à de petits rubans sur ses revers de veste et menace chaque jour d'empoisonner l'approvisionnement en eau…Pour ce dernier, c’est romancé, car le personnage n’était pas un excentrique dans la vraie vie et il s’est d’ailleurs plaint jusqu’à son décès de sa représentation. Kelso lui-même est à classer dans cette catégorie, car il s’endort en mettant une cassette audio des bruits de sa chère ville new-yorkaise ! Tous les protagonistes possèdent un grain de folie qui tranche avec le cadre très racé et huppé de Savannah. Le journaliste se retrouve impliqué dans cette histoire rocambolesque, à assister aux rituels vaudous du cimetière de minuit orchestrés par Minerva (Irma P. Hall), tout en essayant de découvrir le mystère qui entoure la mort de Billy. La tradition veut que pendant la demi-heure précédant minuit, la conversation avec les morts soit axée sur le bien, tandis que la demi-heure suivante est consacrée au mal, les deux s’équilibrant. Ce film de deux heures et demie a de sacrées longueurs et je ne suis pas grand fan du duo d’acteurs vedettes, John Cusack et Kevin Spacey, mais il faut reconnaitre que le jeu des deux comédiens est impeccable. Evidemment, la grande curiosité de la distribution est la présence d’Alison Eastwood, juste après son rapide passage dans la scène d’ouverture des Pleins pouvoirs. Porter un nom prestigieux peut être un handicap et la jolie Alison n’eut pas la carrière espérée. Sa participation à Midnight ne fut pas une faveur de son père ; elle a enduré trois auditions, des lectures multiples et des tests vidéo avant d'être engagée pour jouer Mandy Nicholls. L’actrice a passé quelques temps à Savannah avant le tournage à écouter les femmes de la ville pour prendre l’accent du sud et elle constitue une des étincelles de ce film un peu longuet. Mandy est tantôt fleuriste (« sorry, we’re all out of petunias »), tantôt chanteuse de pub, mais elle a décidé de faire succomber l’étranger. Cependant, Kelso est plus gentleman et réservé que l’homme des hautes plaines, alors que la belle Mandy est bien délurée, comme on le constate lors de la superbe scène de la morgue (« I candy-striped one summer »). Pour les inconditionnels, je conseille Sexe, strip-tease et tequila, tourné dans la foulée, une petite comédie nanardesque assez chaude. Alison continue à tourner mais n’a pas percé, restée dans l’ombre de son père, même lorsqu’elle posa nue pour Playboy en février 2003 sous l’accroche en clin d’œil : "Wanna get lucky?". Elle n’a pas non plus la langue dans la poche, lorsqu’elle médusa tout le monde en déclarant au Sunday Times que son père avait eu huit enfants de six femmes différentes ! Le reste de la distribution est convaincant, et il est amusant de noter que certains participants au film furent impliqués dans l’affaire seize ans plus tôt. Ainsi, Sonny Seiler, le juge White, fut le véritable avocat de Jim Williams. En mars 2017, il exerçait toujours à Savannah. L’infirmière, Patrika Darbo, n’est autre que l’employée de banque qui se fait briser la nuque par Malkovich (Dans la ligne de mire). Quelques détails furent modifiés pour dramatiser l’histoire ; ainsi, Kelso, le personnage inventé, est basé sur Berendt, l’auteur du roman – homosexuel - qui n’eut aucune liaison avec Mandy. Cette modification est positive pour le long métrage, car une présence féminine était indispensable. Le scénariste, avec l’aval d’Eastwood, a modifié les penchants sexuels de Berendt pour son ‘héros’ Kelso afin d’y inclure une petite romance qui a peu de points communs avec celle de Madison…C’est néanmoins rafraichissant et évite de se retrouver comme au milieu d’une gay pride ! Les scènes avec Mandy/Alison font d’ailleurs partie des meilleures du film, en particulier l’arrivée du personnage. Sous prétexte de venir chercher de la glace, elle s’invite dans l’appartement du journaliste et lui dit de mettre son pantalon et de venir à la fête : « Put on some pants, Mr John Kelso. ». Du véritable rentre-dedans ! John Kelso découvre, stupéfait, en même temps que le spectateur, la ville et ses habitants sidérants. Il se plait dans cette atmosphère singulière, qui relègue New York au chapitre ‘ennuyeux’, et il rempilera pour y rester avec Mandy après avoir été ‘Kelso chez les dingos’ pendant une bonne partie du film... La ville de Savannah est un personnage à part entière du long métrage avec ses riches maisons élégantes coloniales, ses parcs verdoyants et son côté plus obscur matérialisé par le cimetière de Bonaventure, où morts et vivants se côtoient. Il y règne une ambiance sympathique de guide touristique avec une photographie impeccable de Jack N. Green et Eastwood transmet la chaleur moite des états du sud des Etats-Unis, le tout accompagné de l'accent traînant de cette région. Composé de petites vignettes pour la plupart captivantes, le film souffre parfois d’un manque de rythme et certaines séquences m’ont ennuyé. Je pense particulièrement à celles du tribunal, qui rappellent les barbants Perry Mason, d’ailleurs cité. Par contre, sans dévoiler la conclusion fascinante, le final et les deux versions filmées en flashbacks, surtout la première de la confession, redonnent du tonus et font de cette œuvre atypique une découverte à conseiller, au moins autant pour l’atmosphère et ses personnages que pour l’intrigue. Lent mais captivant, le film surprit les fans de l’acteur et il fut un échec aux Etats-Unis, alors qu’en France, Eastwood, venu le présenter, reçut un César d’honneur pour toute sa carrière sous une ‘standing ovation’ de plus de trois minutes (où on reconnaît, entre autres, Michael Douglas qui reçut ce soir-là la même distinction). D’émotion, il perdit son micro mais comme il le dit : ‘I have my speech but no glasses’ et il déclama le tout en français. Inoubliable ! À voir ici. Ce vingtième film d’Eastwood en tant que réalisateur est le troisième dans lequel il n’apparaît pas comme acteur après Breezy et Bird. Il s’est entouré du même trio de collaborateurs - Green, Niehaus, Cox – même si cette œuvre est difficilement identifiable à un genre en particulier. Sans action et d’une durée conséquente, elle laisse un goût mitigé à la découverte, avec autant d’aspects positifs que négatifs, mais, comme Eastwood a tourné, il faut laisser le temps à la contemplation et on y décerne l'humour, l'ironie, l'excentricité et l'imaginaire qui font la force du film. En tout cas, le réalisateur a cloué le bec à ses détracteurs, qui l’attaquaient sur ses préjugés, tout en mettant l’accent sur un thème cher à son œuvre, la conséquence d’actes de violence déjà abordée dans Impitoyable. Midnight est un Eastwood atypique qu’on n’apprécie pas à sa juste valeur au premier passage, car l’intrigue est éclipsée par l’atmosphère des lieux et la particularité des personnages. Welcome to Savannah ! Anecdotes :
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Jugé coupable (1999) Résumé : Un journaliste controversé a quelques heures pour prouver l’innocence d’un condamné à mort. Critique : True Crime ne fait pas partie des œuvres plébiscitées de l’acteur/réalisateur Eastwood. Et on peut même ajouter producteur, car c’était la quatorzième fois qu’il avait cette casquette. La triple fonction n’a pas empêché le film d’être un échec cuisant au box-office, le moins rentable de la décennie derrière Chasseur blanc, cœur noir, qui avait eu une sortie réduite en salle. Sanction injuste, il faut le reconnaître. Le long métrage est basé sur le roman éponyme d’Andrew Klavan publié quatre ans plus tôt. Cependant, Eastwood fit une modification de taille en adaptant l’histoire au cinéma, car le condamné blanc du roman devient noir pour que cela soit plus crédible ("make it more relevant"). Pourtant, le taux de condamnés à mort noirs aux USA ne représente que 42%, moins que les Blancs (46%), contrairement aux idées reçues. Clint changea également le lieu, préférant sa région d’origine, Le film est pratiquement scindé en deux parties distinctes : d’un côté, la dernière journée de Frank Beechum (Isaiah Washington), condamné à la peine de mort par injection suite au meurtre d’une caissière enceinte d’une épicerie ; de l’autre, Steve Everett, un journaliste expérimenté à la vie personnelle mouvementée, dont le catalyseur est les femmes et l'alcool, qui doit couvrir l'évènement dès le lendemain de l’accident mortel en voiture de sa jolie collègue Michelle Ziegler (Mary McCormack), qu’Everett a dragué au bar mais pas raccompagné ! Quelle erreur, Clint!... Rapidement, il va se rendre compte que la justice s'est trompée sur cette affaire. Eastwood endosse un rôle qui lui sied bien : un journaliste, qui se fie à son flair, dans une course contre la montre et ses propres démons. Deux parties bien opposées, car le condamné et le reporter ne se rencontrent qu’une seule fois lors d’une superbe séquence qui se situe en milieu de film : « Frankly, I don’t give a rat’s ass about Jesus Christ. I don’t care about justice in this world or the next. Did you kill that woman or not? ». Steve Everett, journaliste à Oakland Tribune, sent son heure de gloire arriver lorsqu’il prend conscience que le reportage qu’il a à couvrir, l’exécution imminente de Frank Beechum, n’est pas aussi banal qu’il n’y parait. C’est au grand dam des responsables du journal qui pensaient s’en débarrasser en l’envoyant faire une anodine interview de condamné avant une exécution. Everett perçoit immédiatement des anomalies dans cette affaire et il devient persuadé que le condamné n’est pas l’assassin de la caissière pour une centaine de dollars de dette…Il a douze heures pour le sauver et il refait l’enquête en interrogeant les témoins du drame. La police n'a pas poussé les investigations assez loin parce que le coupable détenu est noir, ce qui lui suffisait. En même temps, le reporter subit les foudres de son éditeur en chef, Alan Mann, superbement interprété par James Woods, et de son collègue, Bob Findley (Denis Leary), cocu, car Everett, pourtant deux fois son âge, couche avec sa femme…alors que la propre relation du journaliste bat de l’aile. Au grand désespoir de Mann – excellent passage du ‘hunch’ en VO -, Everett reprend l’enquête et met sa place en péril ; il est particulièrement intéressé à la disposition du magasin et à un témoin jamais inquiété, qui est depuis décédé dans une rixe. Rien de franchement nouveau dans le thème, maintes fois exploité, de la peine capitale avec l'attente interminable dans les couloirs de la mort et les dérives de la justice américaine, mais il y a Clint, ce qui change tout. L’aspect dernières heures du condamné, avec famille et mesures adéquates, est assez bien traité, sans trop de mélo ; l’unité temps du long métrage est une journée, ce qui permet de suivre les préparatifs pointilleux de toute exécution, qui constituent la partie crédible, presque documentaire, du film. Néanmoins, l’œuvre n’est pas une dénonciation de la peine de mort, comme j’ai pu lire ça et là, une critique de la justice sûrement, mais cela ne va pas plus loin. Clint avait 68 ans au tournage, et c’est certain que de le voir en séducteur auprès de minettes prête un peu à sourire. Cependant, les critiques ne savent sûrement pas que Eastwood poursuivit en septembre 95 les tabloïds qui le décrivaient comme un coureur de jupons suite à sa demande en mariage à Dina Ruiz, de trente-cinq ans sa cadette. Je reste convaincu que le producteur/ réalisateur a volontairement forcé le trait de son personnage en réponse à ces critiques médiatiques. Dès le début du film, Everett tente sa chance avec la jeune et jolie Michelle (« Looking for love »), mais il passe la nuit avec Patricia, sa maitresse, la femme de son collègue, qui le traite de ‘bad man’ lorsque le journaliste, le torse nu décharné, lui raconte qu’il a été viré de New York car il a fricoté avec la fille du directeur qu’il pensait majeure…Et le queutard remet son alliance et se barre ! Everett jauge ensuite la ravissante blonde de l’épicerie et drague lourdement dans la dernière scène la vendeuse du magasin de jouets (Lucy Liu). Eastwood se caricature, ce que beaucoup n’ont pas compris… Eastwood s’est souvent entouré de ses femmes du moment lors de ses films ; Sondra Locke n’a rien fait de transcendant avant et après ses six tournages avec l’acteur. Dans True Crime, c’est très spécial, il va falloir suivre….La petite fille qu’il emmène au zoo (« We go fast ») est vraiment sa fille, Francesca, qu’il eut en 1993 avec Frances Fisher (la prostituée Alice d’Impitoyable). Elle est mignonne comme tout et le tournage a dû être assez drôle. Fisher a un petit rôle dans ce film – la juge – alors qu’elle n’était plus en couple avec Eastwood depuis quatre ans! Cerise sur le gâteau, la femme actuelle (au moment du film) de l’acteur, Dina Eastwood, apparaît aussi brièvement dans le rôle d’une journaliste. Elle déclare avoir connu Clint en 1993, année de naissance de Francesca ! L’acteur eut une fille aussi en 2006 avec Dina…..Bref, tout ça pour écrire que ceux qui critiquent les frasques du journaliste Everett ne connaissent pas la vie d’Eastwood. Cette partie du scénario est un clin d’œil à sa vie privée, tout simplement, une autodérision jouissive et la réaction de Barbara Everett, très bien jouée par Diane Venora (Chan Parker dans Bird), sent le vécu comme on dit…. Ce film sera de toute façon apprécié par les fans d’Eastwood, ce monstre du cinéma ; c'est sa nonchalance légendaire et son interprétation impeccable qui finissent par forcer l'admiration et faire oublier les petits défauts. En effet, le scénario est ‘léger’ : après six années d'enquête condamnant un accusé, le journaliste trouve un médaillon quelques heures avant l'exécution ! Sans être particulièrement original, et malgré deux ou trois scènes absurdes, comme la course poursuite ridicule avec les voitures de police, Jugé Coupable n’en reste pas moins un film intéressant et divertissant. Néanmoins, personnellement, j’aurais préféré que le long métrage se termine lorsque la femme du condamné cogne sur la séparation. Cela aurait donné plus de force à l’œuvre car la sorte d’épilogue ne sert à rien. J’ai hésité à attribuer deux ou trois au long métrage et, vu qu’il n’y a pas de demi-mesure, j’ai opté pour le cran supérieur. Malgré les légèretés du scénario et les quelques invraisemblances citées plus haut, True Crime demeure un film intéressant qui traite d’un thème controversé, la peine de mort. Eastwood se garde de donner son opinion et il se contente de dénoncer la justice (dans la seule scène avec son ex), dont les égarements peuvent conduire un innocent sur la chaise. C’est ce thème particulier qui est central, car envoyer un meurtrier ad patres n’a rien d’outrageant. Eastwood s’intéresse à un véritablement problème américain, où parmi les 8000 personnes condamnées à mort depuis les années 1970, plus de 200 seraient victimes d'erreurs judiciaires. Les dernières heures d’un condamné sont particulièrement bien rendues et constituent un des points positifs du film, tout comme l’interprétation jusqu’au plus petit rôle. J’attribue une mention spéciale à James Woods, dont les répliques cocasses à Eastwood dans les bureaux du journal valent un accessit à elles-seules : « Stop fucking Bob's wife. He doesn't like it. I can't fart loud enough to express my opinion!». Un patron qui fait la morale à son journaliste, mais qui est envieux de ses prouesses (‘lucky bastard’)…. Jugé coupable n’est pas excellent, non, juste ce qu’il faut pour être un bon film. On peut même écrire que le long métrage est ‘politiquement correct’ avec un parallèle appuyé entre le Noir père de famille parfait et le Blanc buveur, coureur, à la morale douteuse et à la vie personnelle chaotique. C’est une œuvre de Clint Eastwood considérée comme mineure et qui n'est pas aussi marquante que ses dernières réalisations. C’est loin d'être un de ses meilleurs films mais ça reste un bon thriller, même si je préfère dans le registre Les pleins pouvoirs et Créance de sang tournés à cette époque. Anecdotes :
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Sur la route de Madison (1995) Résumé : Durant l’été 65, pendant quatre jours, un photographe bouleverse la vie d’une femme au foyer dans une ferme retirée de l’Iowa. Critique : Pendant le Festival de Cannes 94, Eastwood annonce qu'il a accepté de jouer dans l'adaptation du best-seller The Bridges of Madison County sous la direction de Bruce Beresford, qui quittera finalement le projet rapidement car il désirait que l’héroïne soit anglaise ! Eastwood le remplaça alors comme metteur en scène dans ce film très particulier de sa filmographie, même si le virage mélo avait déjà été entamé avec son œuvre précédente, A Perfect World. Mon avis est très partagé, entre ceux qui encensent ce long-métrage et les autres qui le trouvent particulièrement ennuyeux. Ce n’est, en tout cas, pas le film de l’acteur que je me passe en boucle, car The Bridges of Madison County ne reflète pas du tout la carrière d’Eastwood, même si la star réussit à briser son image de dur à cuire, allant jusqu’à éplucher des carottes ! Beaucoup voient dans ce film une grande histoire d’amour avec un A majuscule, mais elle conte surtout l’intrigue entre un coureur de jupons et une fermière mariée qui s’ennuie à mourir. Il y a certes de beaux paysages et Eastwood et Meryl Streep jouent très bien, même si les mauvaises langues rajoutent ‘pour une fois’. Elle est pratiquement plus convaincante qu’Eastwood, qui donne l’impression d’être moins à l’aise avec son pantalon à bretelles qu’avec un Magnum.44 ! Si on passe outre le jeu d’acteurs et les paysages de l’Iowa, l’histoire contée n’est pas transcendante. Francesca Johnson, d’origine italienne, a deux grands enfants et sa vie monotone est soudainement égayée par un étranger venu photographier un pont couvert dans la région. Il la fait voyager par procuration et s’évader de son travail pénible à la ferme et de son quotidien fastidieux. Pendant quatre jours, Francesca est une autre femme, qui trouve son épanouissement auprès de cet homme, qui sait la comprendre et la faire rêver. Cependant, cette ancienne prof –ça explique sûrement son côté perturbé –, devenue femme au foyer, se comporte comme une adolescente à un premier rencart (la scène du bain est éloquente) et elle va s’acheter une robe échancrée pour obtenir ce qu’elle veut : coucher avec lui (en prime, c’est dans le lit conjugal). Francesca observe Robert de la fenêtre de sa chambre qui se rafraîchit à la fontaine de la cour, ou encore à travers les interstices du pont...Elle a chaud, au sens propre comme figuré et, de toute façon, que cela soit après une limonade, un thé glacé, une bière, un café ou un brandy – ils boivent tout ce qu’ils trouvent pour tromper l’ennui -, on sait que Robert va se taper Francesca. C’est bien joli tout ça mais quid du pauvre mari parti à la foire annuelle de l’Illinois avec les enfants, qui dit ne pas pouvoir dormir sans sa femme et qui lui téléphone tous les soirs. Il aura des cornes sans le savoir jusque dans la tombe, car Francesca veut être incinérée et que ses cendres rejoignent celles de son amant près du fameux pont. L’infortuné mari est une seconde fois trahi. ‘Nous ne faisons rien de mal’ comme le dit Robert, lorsqu’ils boivent du brandy, même si elle a déjà des idées lubriques derrière la tête. Robert Kincaid – sûrement le nom de personnage le plus crétin de la carrière d’Eastwood – surgit de nulle part pour tirer Francesca de sa léthargie sexuelle. Un photographe du magazine National Geographic, mais cela aurait très bien pu être le ‘facteur’… comme dans l’excellent film de 1981 Le facteur sonne toujours deux fois avec Jack Nicholson et la sulfureuse Jessica Lange, bien plus excitante que Meryl Streep. Comme Cora, Francesca est attirée par un homme qui lui correspond mieux que son mari et ils deviennent amants. La comparaison s’arrête là car The Postman présente un scénario construit et un suspense prenant, alors que Madison n’est qu’une suite de vignettes à l’eau de rose, un concept qui sera repris deux ans plus tard dans le Titanic de Cameron avec Jack et Rose. Les romans de Barbara Cartland n’ont jamais été ma tasse de thé…. Eastwood allait sur ses soixante-cinq printemps au tournage de ce film, alors que Meryl Streep était de dix-neuf ans sa cadette. C’est la mère de l’acteur qui suggéra Meryl à Clint. D’ailleurs, l’actrice prit une dizaine de kilos pour interpréter cette femme au foyer rangée qu’une étincelle peut réveiller. Le film est ‘sage’ mais la fameuse réplique de l’actrice a dû sortir les censeurs de leur sieste, car ils envisagèrent de le classifier, avant qu’Eastwood n’intervienne. En effet, après leur dispute au petit déjeuner, Francesca lâche le fameux mot à quatre lettres à Robert : « So, do you want more eggs or should we just fuck on the linoleum one last time?”. On comprend parfaitement le dilemme des enfants qui doivent trancher entre le désir de leur mère d’être incinérée ou leur volonté de l’enterrer près de leur père. On a bien conscience que Robert est un homme à femmes et un solitaire – ça colle à Eastwood, ça – et Francesca n’a aucune assurance qu’il lui sera fidèle, même si Robert nous sort une réplique restée célèbre, qui n’engage à rien : « This kind of certainty comes but just once in a lifetime.” C’est assez cynique quand on sait que c'est durant le tournage de Sur la route de Madison qu'Eastwood se sépare de Frances Fisher ! J’ai regardé en VF – la seule version à ma disposition - et j'ai été consterné par les voix de doublage et peut-être que ça joue dans mes commentaires. C’est le seul film, heureusement, où Eastwood a la voix d’Alain Doutey. Quoi qu’il en soit, cela ne change rien au thème du long-métrage, à savoir l’histoire d’une frustrée de la vie qui profite de l’absence de son paysan de mari et de sa progéniture pour se faire remuer le bassin par un vieux photographe. Cette vieille canaille de Clint (à Je comprends les fans de l’acteur qui disent s’être emmerdés comme pas possible devant ce quasi huis-clos où il ne se passe en fin de compte pas grand-chose, avec, par exemple, l’histoire affligeante de gorilles contée par Robert. Sans Eastwood au générique, je n’aurais probablement jamais regardé ce film moi-même. Le scénario manque cruellement de rebondissements, le rythme est archi lent et on a l'impression de déjà savoir comment ça va se finir, contrairement au film que je mentionne plus haut, Le facteur sonne toujours deux fois ou même aux Proies. A tout prendre, je préfère encore Breezy qu’Eastwood réalisa en 1973 ; l’histoire d’un homme d’âge mûr divorcé et d’une jeune hippie, qu’à priori tout sépare, qui tombent amoureux l’un de l’autre. Ceci écrit, le meilleur passage de Madison est les adieux sous la pluie, au feu rouge, très bien joué et filmé. Je ne pense pas spoiler en écrivant que toute l’histoire est posthume, car les deux protagonistes sont décédés, et on découvre ce Barbara Cartland grâce aux trois cahiers que Francesca a pris le temps d’écrire pour conter ces quatre jours d’exception. Le film est ainsi entrecoupé des réactions des enfants – Michael et sa sœur Caroline –, qui, à la mort de leur mère, se retrouvent dans la ferme où ils ont passé leur enfance. Leur point de vue et leur état d’âme sont inintéressants et auraient pu être coupés au montage, surtout la belle-fille qui est une tête à claques indigeste. Que ce film plaise surtout aux femmes n’est pas surprenant, car Meryl Streep est un choix crucial pour son pouvoir d'attraction sur le public féminin, mais, bien qu’il reste une découverte intéressante, The Bridges of Madison County ne fait pas partie de mon top 20 des films de l’acteur, car l’Eastwood romantique ne sera jamais celui qu’on cite spontanément, un peu comme, à l’opposé, l’Eastwood des comédies un peu lourdingues. Le succès populaire fut au rendez-vous, peut-être par curiosité de découvrir le macho romantique ; cependant, fort heureusement, après deux productions consécutives penchées vers le mélo, la star reviendra ensuite à ses fondamentaux avec un excellent thriller. Sur la route de Madison est un film atypique bien que non mineur dans l'œuvre eastwoodienne, mais, tels les quatre jours idylliques vécus par Francesca, il reste une parenthèse dans la carrière de Clint…. Anecdotes :
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