Et pour quelques dollars de plus (1965) Résumé : Deux chasseurs de primes unissent leur effort pour éliminer un criminel psychopathe et sa bande de tueurs. Critique : Malgré son titre, Et pour quelques dollars de plus n'est pas la suite du film précédent, car les deux histoires ne sont pas reliées, et rien ne prouve que le Manchot (Manco en V.O.) soit la même personne que L’homme sans nom vu dans Pour une poignée de dollars. Ce deuxième opus de la trilogie de L’homme sans nom (ou des dollars) présente un script et des personnages plus complexes que Pour une poignée de dollars. Gian Maria Volonte est El Indio, de nouveau le salopard de service ; un abominable assassin – un des pires du cinéma – qui exécute cruellement sans distinction complices et innocents. Le passage où il fait abattre la femme et l’enfant de l’homme qui l’a trahi pour l’enrager est particulièrement dérangeant (même si le spectateur ne voit pas les victimes). A côté de cet être abject, les deux chasseurs de primes, le colonel Douglas Mortimer au lourd secret (Lee Van Cleef) et le Manchot (Clint Eastwood), font figure de personnages sympathiques. Retiré de l’armée, Mortimer, le premier protagoniste présenté, est devenu un chasseur de primes à l’artillerie impressionnante dissimulée sous son long manteau noir. Séparément puis ensemble, les deux hommes pistent la bande de l’Indien mais leurs motivations vont apparaître divergentes ; l’argent pour l’un, la vengeance pour l’autre. Ainsi, Mortimer fait promettre au Manchot de lui laisser l’Indien lorsqu’il se fait recruter incognito dans la bande du tueur. La détermination, le raffinement et la ruse des chasseurs de primes, surtout celle de Mortimer, contrebalancent la lourdeur de l’Indio et de sa clique. Le spectateur ne saura rien des raisons de la haine du Colonel jusqu’aux ultimes instants et cette superbe scène des deux montres dorées à la musique mélodieuse. Comme lors de l’opus précédent, les deux ‘héros’ sont découverts et sévèrement rossés alors qu’ils semblent avoir la partie bien en main. C’est à ce moment, que, personnellement, je trouve qu’il y a un coup de mou dans le schéma narratif. Le plan de l’Indien de provoquer l’évasion des chasseurs pour éliminer ses complices afin de garder l’intégralité du magot n’est pas convaincant, comme si le scénariste ne trouvait pas la solution pour se débarrasser de toute la bande d’une façon originale. C’est le point faible du film, ce qui le met à trois sur quatre dans ma classification. Fort heureusement, le duel final est grandiose, meilleur que celui de Pour une poignée, mais néanmoins légèrement en deçà de ce que nous réserve le dénouement du dernier opus de la trilogie. C’est le Manchot qui empoche la totalité des primes des bandits et le Colonel se contente d’avoir assumé sa vengeance dont le spectateur découvre la raison lors d’une longue et violente séquence flashback, un procédé que Leone reprendra dans Il était une fois dans l’Ouest. De nombreuses scènes du film sont intéressantes et les meilleures sont à mon avis la première rencontre des deux chasseurs se défiant, l’élimination des trois bandits au coin du feu par le Manchot, l’attaque de la banque d’El Paso, supposée être une forteresse, le duel du Colonel avec le Bossu - un superbe Klaus Kinski - et, bien entendu, le final. Et pour quelques dollars de plus présente des personnages beaucoup plus nuancés qu’attendu car l'honneur et l’honnêteté sont présents au final dans un monde impitoyable où l'on tue pour une poignée de dollars. Les rôles de la distribution ont été bien attribués. Lee Van Cleef est excellent et son regard convient parfaitement aux gros plans de Leone. L’acteur pensait qu’il jouerait quelques scènes et il fut agréablement surpris d’avoir ce rôle, le premier important de sa carrière, alors que Lee Marvin avait été pressenti. On se demande par contre pourquoi Leone a réengagé Volonte pour le second volet. De nouveau, il y eut des dissensions, car le réalisateur trouvait l’acteur trop théâtral et il multipliait les prises pour le fatiguer ! De rage, Volonte quitta le studio momentanément. Quant à Eastwood, il est impeccable en chasseur de primes cupide et cynique qui compte non pas les cadavres mais les sommes cumulées dans la dernière scène. Bien que la structure suggère un partage des scènes équitablement entre les trois acteurs principaux, Manco/Eastwood crève l’écran avec sa réplique récurrente de ‘old man’ à Mortimer. Le style Leone est évidemment reconnaissable avec l’action lente et pesante, des cadrages sur des visages patibulaires, où la tension est palpable, et la superbe musique lancinante de Morricone. L’Homme Sans Nom est accompagné par le siffleur, tandis qu’une harpe signale la présence du Colonel Mortimer. Et pour quelques dollars de plus est un échelon supplémentaire dans la démarche du réalisateur italien d’aller vers toujours plus de sophistication pour sa mise en scène. Le troisième volet relèvera encore la barre ce qui constituera le chef d’œuvre de la trilogie. Anecdotes :
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