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 saison 1 saison 3

Columbo 

Saison 10


1. CRIMINOLOGIE APPLIQUÉE 
(COLUMBO GOES TO COLLEGE)



Critique :

Par bien des aspects, cet épisode est très agréable à suivre. Comme je l'ai souvent souligné pour les épisodes précédents, s'il y a bien une caractéristique épicée qui rend la série succulente, c'est bien l'espèce de morgue altière que peuvent prendre certains criminels à l'égard de Columbo. Ici, ils sont nombreux à longtemps se foutre littéralement du lieutenant. N'ayons pas peur des mots : le pauvre est assailli de quolibets et de menaces de la part de Robert Culp lui faisant la leçon. Jouant le père d'un des assassins, Culp est un habitué de la série (4 épisodes en tout : Columbo Goes to College, Double Exposure, The Most Crucial Game et Death Lends a Hand). Les meurtriers vont jusqu'à le singer et le tourner en ridicule dans son dos, ce sont de fieffés manipulateurs d'une condescendance rarement égalée dans la série. A-t-on jamais vu plus arrogant ? Pô sûr ! Ce crime de lèse-lieutenant excite la tendresse et la colère du spectateur qui voit les ultimes foudres du policier avec une bien belle estocade finale comme des éclairs vengeurs, tellement délicieux. À siroter.

Le problème vient peut-être de là : le téléfilm mise uniquement sur ça. Le crime, bien compliqué à mettre en place dans la réalité, paraît par conséquent peu crédible, bien que l'idée est alléchante. L'astuce permet aussi de nous créditer une nouvelle fois de cet émerveillement enfantin et touchant dont sait faire preuve Peter Falk face aux progrès incroyables que notre société technologique nous prodigue sans cesse. Portons crédit à la série et sa longévité d'avoir su accompagner les changements scientifiques et plus largement socio-culturels de ses différentes époques.

Les acteurs ne sont pas fameux à l'exception de Robert Culp dont la participation est trop légère à mon goût, mais leurs performances sont au moins à peu près honnêtes. Stephen Caffrey est peut-être le plus sûr dans son jeu chez les jeunes étudiants. Par certains côtés frondeurs et grimaçants, il m'a fait penser à un sous-Robert Downey Jr : une assurance liée à une surestimation de soi ?

Bref, l'essentiel n'est pas à trouver dans le casting plutôt décevant mais dans cette mécanique Columbienne, classique, mais toujours aussi efficace.

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2. ATTENTION : LE MEURTRE PEUT NUIRE GRAVEMENT À VOTRE SANTÉ
(CAUTION ! MURDER CAN BE HAZARDOUS TO YOUR HEALTH)

Critique :

D'abord, on notera la faiblesse du titre, jeu de mot fadasse qui évoque de façon médiocrement fine le tabac par lequel la victime succombe. Effectivement, le meurtrier empoisonne une cigarette pour tuer son maître chanteur, mais l'astuce ne parait pas assez percutante pour légitimer l'intitulé de l'épisode. Que ce préambule chafouin ne vous fasse pas accroire que je n'aime pas cet épisode, surtout pas !

D'abord, même si les premières minutes font craindre le pire avec un faux film noir mal joué et visuellement très laid, on a ensuite le plaisir de découvrir la face incroyablement anguleuse de George Hamilton. Entre ses sourcils pointus et ses mâchoires imposantes, ce type a décidément un drôle de faciès, un de ces visages parfaits pour souligner la morgue et la suffisance du meurtrier sûr de lui et de son fait, ergo le parfait gibier pour la potence Columbo.

Déjà fautif dans A Deadly State of Mind (État d'esprit), le revoilà à tenter sa chance contre un Peter Falk de plus en plus vieillissant mais toujours aussi futé. Ces deux-là vont se lancer une nouvelle fois dans un jeu du chat et de la souris dans lequel l'on perd un peu de vue qui fait véritablement la souris. Au fur et à mesure que l'enquête avance, nous voyons avec de plus en plus de plaisir le visage d'Hamilton se décomposer devant l'insistance pernicieuse de Falk. Jubilation. Sur des charbons ardents, on a presque de la peine pour lui. Columbo est si fouineur, si tenace. Hamilton mérite une médaille pour jouer autant le jeu.

Et le spectateur sirote cette montée de tension savamment orchestrée, et avec une honnête réalisation de Daryl Duke. Je ne sais pas, j'hésite, si le fait que l'épisode accumule les éléments comiques inhérents à l'univers de Columbo est bénéfique ou non au spectacle. On a droit à tout : le chien mollasson chez le toiletteur, les couinements de la Peugeot hors d'âge, l'espèce de candeur juvénile pleine de curiosité et de fascination du lieutenant pour les nouvelles technologies... Toujours est-il que ces différentes caractéristiques qui reviennent périodiquement décorer les enquêtes sont dans celui-ci d'une plus grande importance : ils servent l'histoire, font avancer le policier de sa réflexion, ce qui n'a pas toujours été le cas dans les récents Columbo où ils pouvaient apparaitre fortuits.

Concernant le meurtre et la résolution de l'énigme par Columbo, ils sont très astucieux, de bonne facture dirions-nous. On a beaucoup glosé, ici même, sur les dernières saisons et leur éventuelle médiocrité. Je note simplement que cette saison 10, même si elle est très courte avec trois enquêtes seulement, n'en demeure pas moins d'un niveau assez élevé.

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3. JEUX D'OMBRES
(COLUMBO AND THE MURDER OF A ROCK STAR)

Critique :

Le titre français n'est pas très malin : on aurait pu se passer de spoiler la fin de l'épisode ! Cela étant dit, cette enquête se révèle assez goûteuse grâce à des ingrédients classiques mais toujours rigoureusement efficaces.

Alors, certes, j'aurais quelques bémols à faire siffloter en guise de pleurnicheries d'enfant pourri gâté. Commençons par chouiner un tantinet, histoire d'évacuer le négatif. Je n'insisterais jamais assez pour souligner combien le style photographique qui a perduré depuis les premiers épisodes jusqu'aux saisons des années 1980, avec un grain précis, donnant une image très éclairée et nette, est resté pour moi un des atouts esthétiques de la série, et par conséquent combien la série a perdu depuis en beauté et caractère sur le plan visuel. Faut-il y voir l'influence des grandes séries policières réalistes et plus sombres des années 80 pilotées en particulier par Steven Bochco, ancien scénariste de la série ? Là encore, la photographie est assez plate, sans âme, d'une tiédeur qui n'accompagne jamais vraiment les virages du récit d'une série qui s'épanouissait tellement plus dans une esthétique plus chiadée, plus 70's.

D'autre part, on avait déjà pointé les lacunes de la distribution depuis quelques années, l'absence de grandes stars, mais surtout l'accompagnement pour le moins fadasse des premiers rôles avec des acteurs secondaires parfois très limités. C'est le cas ici avec Cheryl Paris, désespérément ordinaire, ou le très médiocre Julian Stone. Concernant le casting, mes récriminations s'arrêtent là mais les personnages cités sont primordiaux dans l'histoire, et ces acteurs alourdissent un peu la mise en scène.

Heureusement, le criminel est joué par Dabney Coleman, un acteur que j'aime bien. Certes, il joue souvent le même personnage, l'américain moyen à moustache, un peu limité humainement. Formidable de beauferie dans Tootsie, il fait preuve ici d'un manque de sagacité tout à fait réjouissante face à Columbo. Comme tout bon criminel qui se doit, il tombe dans le piège du lieutenant, mais il faut avouer qu'il n'a pas besoin du policier pour y sauter à pieds joints : Columbo n'aura pas à jouer une comédie face à son suspect ; avec une franchise rare, il l'attaque assez rapidement.

Il est déjà arrivé dans la série que des épisodes voient Columbo aussi désarmé et chercher des preuves face à pareille adversité, la fin avec ses multiples rebondissements permet en effet de rompre les habitudes ; c'est assez revigorant. Le dénouement est peut-être un poil tiré par les cheveux, mais ma foi, on a connu pire.

La présence de Mme Falk (Shera Danese) pour la énième fois n'apparait pas des plus remarquables. Le "piston" n'est pas à encourager dans certains cas... Elle n'est pas à proprement parler mauvaise, mais son éclat reste incertain à mes yeux.

Petite participation surprise : Little Richard en personne. Vite fait, bien fait. Amusant, sans plus.

On notera pour finir le petit clin d'œil pas aussi fin qu'on aurait pu l'espérer à Marlowe. En effet, Columbo rend visite à son célèbre collègue (John Martin). La scène est somme toute comique, avec une plongée très "noir" sur la scène et qui permet de découvrir le bureau de Marlowe avec tous les accessoires et les effets de lumière adéquats. Souriant parce qu'anachronique, mais sympathique tout de même. Et puis, cela colore quelque peu l'épisode.

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Crédits photo : Universal Pictures.

Images capturées par Sébastien Raymond.