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 saison 1 saison 3

Columbo 

Téléfilms


1. MEURTRE AU CHAMPAGNE 
(DEATH HITS THE JACKPOT)



Critique :

Alors que Columbo and the Murder of a Rock Star avait vu des bouteilles de champagne empoisonné jouer un rôle bien plus important mais avait été intitulé en français Jeux d'ombres, nous voilà avec ce titre français aussi éloigné de l'intrigue que peut le hurler le titre original et sensé Death Hits the Jackpot ; quelle idée saugrenue ! Quand les traducteurs font leur boulot en se curant le nez et en pensant essentiellement à leur liste de courses à faire, cela donne ce type d'ânerie. Mais vous avouerez que la chronologie est impitoyable et nous montre que depuis la saison 10, les intitulés désastreux en français se répètent ad nauseam.

Passons sur ce point ô combien négligeable mais qui m'a permis de trouver un angle de départ, c'est dire si l'épisode ne m'inspire guère ! Bah, il n'est pas mauvais non plus : tâchons d'atteindre un juste milieu.

La résolution de l'enquête peut paraitre convaincante, l'astuce efficace, mais allez savoir pourquoi, je n'y adhère pas complètement, je tique à moitié. Pour être honnête, il me faut admettre que la prestation de Rip Torn me reste un tantinet en travers de la gorge et me fait sûrement voir le téléfilm avec un œil exagérément sévère dans la critique. Je n'ai rien contre le bonhomme, mais son expression dans l'épisode m'a semblé très courte, trop monochrome, en tout cas sans suffisamment de relief pour faire face convenablement à Peter Falk. Cet épisode parait peu relevé, sans grande intensité, à cause de cette espèce d'absence.

Fort heureusement, Jamie Rose est là, toute belle, le regard aussi émouvant que sa chevelure rousse. Cette actrice est, à l'époque, encore d'une beauté glacée comme je n'en ai pas beaucoup vue, sans doute un peu factice. Son talent de comédienne n'est pas à contester même s'il reste mesuré à cause d'un déficit de présence évident et que met en lumière sa modeste carrière. Elle non plus ne parvient pas à rendre l'épisode indispensable.

Pas désagréable, l'enquête se suit tranquillement, sans heurt, mais sans non plus ces étincelles ou pointes d'épice qui font qu'on peut le garder en mémoire. Un Columbo passable.

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2. À CHACUN SON HEURE 
(NO TIME TO DIE)

Critique :

J'arrive bientôt à la fin de mon périple dans la série, il ne me reste que quelques épisodes à découvrir, mais je parierais ma chemise que c'est là le pire Columbo (quoi, encore ?). Du moins, celui que je trouve le plus agaçant. Mais j'ai un problème : je n'aime pas les histoires d'enlèvement, trop banales, mille fois lues et vues ailleurs.

Ce Columbo est bien différent des autres : pour commencer, il n'y pas de meurtre. Une jeune mariée est enlevée le soir de ses noces, et Columbo part à sa recherche. En d'autres circonstances, j'aurais applaudi debout sur la table en sifflant de joie devant l'originalité et l'audace du pari, mais en fin de compte, je suis frustré.

D'abord parce que mes goûts personnels ne me prédisposent pas à l'apprécier comme je le disais plus haut, mais également parce que l'épisode perd tous ces petits éléments qui font un bon Columbo : la confrontation directe avec le meurtrier et le plaisir de voir comment le lieutenant retrouve peu à peu les morceaux de vérité que nous, spectateurs, connaissons au préalable. Cette structure narrative permet de mettre en valeur notre policier. Ici, elle vole en éclats.

Je ne sais pas si c'est le fait qu'il travaille beaucoup en équipe qui ternit un peu son image, ou alors si c'est la contrariété d'avoir été dérangé dans mon confort routinier de spectateur qui m'asticote le cervelet, mais je trouve l'enquête plutôt ennuyeuse et Columbo moins flamboyant. Je pense que la caricature de psychopathe que livre Daniel McDonald y est aussi pour quelque chose. Thomas Calabro, le mari, m'a légèrement indisposé également.

Finalement, cet épisode est à voir pour deux particularités : d'abord on y voit, je crois pour la première fois, Peter Falk en train de bouger son corps sur de la musique, comment dit-on ? "danser" oui c'est ça. Et puis ceux qui se sont entichés de la série Desperate housewives auront l'agréable surprise de découvrir Doug Savant (Tom Scavo) alors tout jeunot dans un rôle de policier.

La très belle Joanna Going se débrouille pas trop mal. Mais non, le problème vient bien de moi, qui ne supporte pas ces histoires d'enlèvement et de compte à rebours fatal. Il est vrai que le scénario reste somme toute assez mince.

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3. UN SEUL SUFFIRA
(A BIRD IN THE HAND...)

Critique :

Ne me demandez pas la signification des titres. Rien compris. Oh, si, bien sûr pour le titre français, on comprend à peu près, mais dieu que c'est pauvre, si peu évident !

Dans l'épisode précédent No time to die, je houspillais le profond bouleversement du récit qui révolutionnait la structure même de l'enquête. Celui-ci n'est pas aussi "original", fort heureusement ; néanmoins s'il opère quelques changements a priori bienheureux, malheureusement (que d'heurs, que d'heurs !), la mise en scène de Vincent McEveety est plus que poussive, sans grande dynamique ni véritable personnalité.

Quant aux comédiens, certains sont franchement mauvais. Le bellâtre à moustache (Greg Evigan) est pour moi un sombre inconnu qui à la vision de sa prestation ici gagne à le rester, il est plat comme une birkin.

J'ai de très vagues souvenirs de Tyne Daly (Cagney ou Lacey ? Lacey !) mais je l'ai trouvée ici trop joueuse ; j'entends par là que ses simagrées de fausse alcoolique, ses mimiques forcent beaucoup trop le trait pour ne pas me taper sur le système. Mais je crois que le pompon de la nullité scénique est remis à Don S. Davis dans un petit rôle de manager d'un club de foot américain. Ridicule. On fait l'étonnement ? Attention... gros yeux qui roulent dans les orbites ! Oscar du pire acteur de la série mérité ! On a peine à croire qu'un acteur si doué par ailleurs ait pu oublier toute finesse de jeu, on est bien loin du valeureux Hammond de Stargate SG-1 !

Non, décidément, cet épisode peine à me défriser la choucroute. Seule cette partition en double meurtre offre la garantie de la nouveauté, mais le ton demeure mollasson. Régime sans sel.

J'ai regardé dernièrement le tout premier pilote de Columbo : Prescription : Murder, et j'ai noté l'écart gigantesque entre les deux épisodes. Autant dans le pilote se dégageait une atmosphère très classieuse, des conversations très fines, à double sens entre Falk et son adversaire ; autant ici on a le sentiment que ça vole au ras des pâquerettes, de croupir au fond d'une mare à canards déplumés.

C'est très bas de plafond et les personnages puent la vulgarité la plus repoussante. Un épisode décevant. Et quand je me retourne sur cette onzième saison, je pleure tant elle se révèle navrante.

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4. LE MEURTRE AUX DEUX VISAGES
(IT'S ALL IN THE GAME)

Critique :

Ah ! Un épisode très particulier qui allie l'absence de l'habituel dénouement basé sur les déductions de Columbo qui confond son meurtrier à une réflexion beaucoup plus poussée que de coutume sur la relation du lieutenant face à la force de séduction d'une meurtrière. Je vais détailler, bien sûr, car ce résumé est pour le moins abrupt, j'en conviens.

D'abord, je situe l'enjeu général de l'épisode : une femme tue un homme qui la trompait et elle va nouer avec Columbo une relation de flirt à laquelle le lieutenant n'avait jamais été confrontée de manière si évidente jusque-là. Toute la problématique du film se situe là : Columbo est-il en train de craquer pour cette femme ? Qui manipule qui ? C'est la première fois que le policier doit faire face à une telle débauche de drague éhontée. C'est Peter Falk lui-même qui signe le scénario (l'unique de sa carrière), et il est intéressant de noter à quel point l'acteur avait envie de troubler davantage le portrait de cette icone télévisuelle qu'il incarne depuis plus de 30 ans.

La belle Faye Dunaway était déjà en train de perdre pied - ou devrais-je dire perdre face, avec l'absolution du père Bistouri - néanmoins, malgré la rigidité traveloteuse de son visage, quelques lueurs de charme, de réelle beauté, parviennent à scintiller dans son regard et ses sourires. Dieu, que cette femme a été belle, qu'elle aurait pu être une superbe femme âgée ! Malheureusement, on a là le cas typique de la belle actrice qui refuse de vieillir et se transforme en drag-queen (bon, à sa décharge, Hollywood se montre curieusement amnésique quand il s'agit d'appeler une actrice faisant réellement ses 50 ans, mais au bout de douze liftings, le bouchon est quand même poussé assez loin).

Bon, peu importe ! Disons qu'on peut croire qu'un aussi vieil homme que Columbo ne reste pas insensible aux roucoulements de cette élégante et souriante femme.

Le scénario joue donc admirablement cette inédite confrontation entre le roublard détective et la vamp. Le doute est permis : on ne sait trop si Columbo est réellement sous le charme de Lauren Staton/Faye Dunaway. Son attitude évolutiv, nous laisse à penser ici que oui, mais vire là dans un sens contraire ; c'est assez bien fait. Le personnage du barman, ancien flic, joue le rôle de Jiminy Cricket et travaille à rendre les ambiguïtés de Columbo encore plus opaques. Alors, si la part déductive du lieutenant est reléguée au second plan, celle de son implication émotionnelle est fortement mise en avant, et c'est très plaisant de redécouvrir le personnage sous cet angle-là.

Difficile était la tâche que se donnait cet épisode : redessiner jusqu'à faire douter le spectateur la personnalité du lieutenant de police, et ce à la 12e saison ! Pari risqué et plutôt réussi ! À ce titre, ce numéro est bougrement troublant.

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5. FACE À FACE
(BUTTERFLY IN SHADES OF GREY)

Critique :

Dans le classement des adversaires exécrables, celui qu'incarne ici William Shatner est forcément sur le podium. On pourrait toujours discuter de la place, mais je suis tenté de lui décerner la couronne de laurier : quelle ordure, quel personnage infect ! Un rabougri consternant de bêtise et de haine, un égoïste surpuissant, un agressif impénitent, et pour finir un possessif flirtant avec l'inceste ; jolie valise qu'il trimballe, hum ? La face un peu gonflée du vieillissant William Shatner lui donne l'aspect d'un bouledogue protégeant sa gamelle.

On retrouve dans cet épisode Molly Hagan qu'on avait déjà vue dans Murder, smoke and shadows (Ombres et lumières). Elle joue à nouveau le même personnage effacé, facilement manipulable, assez faible et vulnérable en somme.

Concernant le meurtre et l'enquête de Columbo, ils placent l'épisode dans les rares fois où le détective se retrouve en danger de mort. Il faut également noter que, basé sur des données technologiques, il apparait de nos jours un poil démodé, mais demeure cependant tout à fait crédible. Dans la structure et dans l'approche plutôt traditionnelles de l'intrigue, avec un personnage arrogant, un Columbo rabaissé, une déduction logique et imparable, cet épisode peut rassurer les fans de la série après le perturbant prédécesseur It's all in the game.

Solide sans être exceptionnel, ce Butterfly in shades of grey papillonne sagement parmi les épisodes réussis de cette 12e saison.

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6. COLUMBO CHANGE DE PEAU
(UNDERCOVER)

Critique :

Il existe une race de scénaristes sur les Columbo qui se croient tellement malins qu'ils veulent à tout prix signer le renouvellement de la série. Si l'entreprise part d'un bon sentiment, il n'en demeure pas moins que cela fait très rarement de bons scenarii quand cela se multiplie à outrance, car ces écrivains oublient une chose essentielle : Columbo reste une formule qui fonctionne très bien et que le public attend avec gourmandise.

Sur ce dernier épisode de la saison 12, ils ont encore voulu sortir des sentiers battus. Force est de constater que le résultat ne déroge en rien à la triste règle que je viens de citer. Bref, on ne sait pas qui est le meurtrier, Columbo ne maitrise pas grand-chose et doit suivre son enquête qu'avec peine - d'ailleurs au terme "enquête" je devrais lui substituer l'expression "pêche au trésor". C'est original pour la série, certes, mais rien de bien folichon non plus en ce qui me concerne.

La reconstitution d'un puzzle doit amener le lieutenant à retrouver un pactole caché on ne sait où. Surtout, pour parvenir à résoudre ce problème, il doit endosser la panoplie de personnages divers. L'originalité se situe bien là surtout. Peter Falk s'en donne à cœur joie, dans des costumes tous différents, du petit booky au parrain mafieux. Il fanfaronne, fait le clown, s'amuse comme un petit fou en donnant la réplique à sa femme Shera Danese et à une bonne copine (Tyne Daly). Il règne sur cet épisode la sensation doucement euphorique caractéristique qui peut survenir quand une série arrivant à son terme décide de s'amuser un petit peu avant de tomber le rideau. Le problème est que cette euphorie a du mal à traverser l'écran.

Voilà, c'est rigolo, mais un peu répétitif, peu enthousiasmant, peu de suspens malgré pourtant une agression sérieuse sur la personne de notre Columbo, une première dans la série, non ? Quand je vous disais qu'il maitrisait que dalle !

Relative déception pour ma part. Visuellement, le réalisateur Vincent McEveety fait son travail, mais sans trop d'imagination cependant, sans prendre aucun risque. Tristounet.

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7. UNE ÉTRANGE ASSOCIATION
(STRANGE BEDFELLOWS)

Critique :

Pour débuter cette saison, qui va s'avérer la dernière, cet épisode reprend la structure habituelle après le controversé Undercover follement inhabituel. Celui-ci nous permet de connaître l'assassin dès le début de l'intrigue, de suivre le déroulement du meurtre et son maquillage sous nos yeux et donc de voir le meurtrier confondu peu à peu par l'opiniatreté du policier, soit ce qu'on aime habituellement dans la série.

Mais, et ce n'est pas la première fois, il est battu par son assassin et doit mettre en place une entourloupe pour l'attraper. Ce que j'aime dans la série, c'est l'opération intellectuelle qui permet à Columbo de prouver à son adversaire qu'il ne peut plus échapper à la vérité du meurtre. Or ici, Columbo ne trouve pas la solution logique par ce biais et doit faire appel à une sorte de mise en scène pour obliger le meurtrier à avouer ; c'est toujours pour moi source de frustration que de voir ce genre d'expédient scénaristique.

Columbo, comme dans le précédent épisode d'ailleurs, est selon moi beaucoup trop dépendant des autres, à la ramasse, il ne réussit pas tout seul : il faut le jeu de Rod Steiger pour attraper Graham McVeigh/George Wendt. Il "extorque" en quelque sorte ses preuves, c'est assez peu reluisant, je trouve : j'aime mon Columbo empereur des échecs, ici on a le sentiment qu'il navigue à vue.

En plus, George Wendt en fait un peu trop à mon goût, roulant des yeux, exposant une face fermée, un corps massif mais un peu trop monolithique.

Alors on profite au moins du regard d'acier et de la présence tout aussi massive mais tellement bien mieux incarnée de Rod Steiger. C'est déjà ça.

La fin de Columbo est un peu triste. Je m'ennuie presque.

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8. LA GRIFFE DU CRIME
(A TRACE OF MURDER)

Critique :

Je ne sais pas trop quelle mouche me pique en cette fin de vie Columbienne, mais la tristesse l'emporte et je m'ennuie.

Les acteurs sont plutôt mauvais, ou pour être plus précis, les comédiens n'ont pas l'envergure, le coffre de leurs devanciers. La calvitie et le gros cigare n'effacent pas le manque de présence de Barry Corbin, mais alors que dire du blondinet David Rasche, sans doute le personnage le plus intéressant sur le papier puisqu'il prend le lieutenant pour un benêt, n'est-ce pas ? Eh bien, il est tout bonnement invisible !

Quant à Shera Danese, ça y est, c'est officiel, je sature. Son jeu parait plus relâché que jamais, elle en fait trop, le sourcil voyageur fait des ravages en dépit du bon sens. Mme Falk se prend-elle au sérieux ? Probablement. Le spectateur s'en détourne-t-il ? Incontestablement.

Quant à l'intrigue, j'en avais un mauvais souvenir et je lui accorde aujourd'hui un peu plus de crédit sans pour autant accéder à un rideau qu'on grimpe. Je crois que ce qui enquiquine quelque peu c'est cette trop voyante et trop soudaine relation entre le policier et son expert scientifique, il y a là quelque chose d'aussi gros que le nez au milieu de la figure ; cela ne fonctionne pas bien car leurs rapports semblent être mis en place de façon très artificielle.

Après, l'entourloupe mise au point pour Columbo pour embobiner ses deux suspects est assez habilement présentée pour qu'on puisse y croire, pour qu'elle soit acceptable. La mise en scène est sur ce point tout à fait correcte, alors qu'honnêtement, à bien y réfléchir, on peut se demander si ces deux criminels ne sont pas de parfaits imbéciles. Voilà sans doute l'élément qui plombe le plus la fin de la série : les criminels deviennent trop faiblards, sur le plan intellectuel comme du point de vue du charisme.

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9. EN GRANDES POMPES
(ASHES TO ASHES)

Critique :

Un petit soulagement. Dans les derniers épisodes que j'ai vus, celui-ci constitue un petit souffle d'air. Je n'irais pas jusqu'à le qualifier de "frais", car Columbo a pris un méchant coup de vieux, et la fin de la série ne pouvait être qu'inévitable. Ça sent le sapin pour Patrick McGoohan itou, mais dans le style c'est un épisode assez réjouissant. D'abord, parce que les deux vieux acteurs se font plaisir, ça se voit, ça s'entend. Les regards laissent entrevoir leur malice, une réelle complicité non démentie par 4 épisodes en tout dans la série. La relation entre Peter Falk et Patrick McGoohan sert énormément l'intrigue.

Il y a deux ou trois scènes typiques du style McGoohan dans la réalisation, dans le ton qui en résulte, très pince-sans-rire. Alors je ne sais pas si le fait de savoir qu'on est en fin de course dans la série influence mon jugement... sûrement que oui, mais je ne peux m'empêcher d'avoir un sentiment légèrement attristé à regarder ces deux monuments de la télévision faire leur numéro pour la dernière fois. Ils me sont en tout cas hautement sympathiques. Je sais bien que les séries fonctionnent aussi à l'affectif et que la récurrence des personnages ou des visages introduit une familiarité, une relation très particulière, et par conséquent que la fin de vie d'une série et de ses acteurs provoque quelque chose de très émouvant, mais dans le mauvais sens du terme. Surtout si la qualité artistique n'est pas au rendez-vous, ce qui peut s'avérer alors très pathétique. Certes, on n'en est pas là sur cet épisode, mais le manque de peps et de vivacité dans les gestes chez les deux comédiens n'aide pas à rendre l'enquête très dynamique. McGoohan semble avoir laissé une bonne partie de son énergie derrière la caméra au fil du temps.

On rangera dans la case humour noir et auto-dérision le fait que l'intrigue se déroule dans une entreprise de pompes funèbres : l'allusion à la mort de Columbo est évoquée avec le sourire, dans un geste très Moonlighting. Ouf, personne n'est donc dupe.

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10. MEURTRE EN MUSIQUE
(MURDER WITH TOO MANY NOTES)

Critique :

Dans la forme comme dans le fond, ce Columbo est d'un classicisme caractéristique, mais fait preuve de si peu de sel qu'on en sort un brin frustré. Trop sage en somme.

L'histoire n'est pas très originale, mais c'est là un défaut qu'on a pu voir dans des épisodes parmi les meilleurs, car dans la série, ce qui fait saliver c'est certainement bien plus l'intensité dramatique que mettent les comédiens, notamment dans la relation cruciale entre le lieutenant et le meurtrier.

Or, là encore, comme trop souvent dans les derniers épisodes, on peut déplorer que l'acteur principal, ici Billy Connolly, ne fait pas montre d'une réelle densité de personnage : son jeu reste très moyen, au mieux ordinaire, au pire trop appuyé. Sa victime, Chad Willett, est même particulièrement mauvaise. Heureusement, cet épisode offre un camouflage de meurtre en accident qui lui ne manque pas d'originalité, ce n'est pas le premier meurtre d'ascenseur/élévateur, certes, mais celui-là est assez bien mené.

Visuellement, la réalisation de Patrick McGoohan est très décevante, plate et lisse. Ce n'est pas l'habitude avec le rieur McGoohan, qui hélas confirme sa baisse de forme observée dans l'épisode précédent.

Et on se prend même à se demander si Peter Falk n'est pas éteint, comme si la direction des acteurs laissait également à désirer.

Quelques jours après avoir vu ce téléfilm, je n'avais pas de souvenirs d'une scène truculente, particulière, c'est dire à quel point les rapports entre Connolly et Falk sont peu épicés.

Un épisode moyen.

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11. COLUMBO MÈNE LA DANSE
(COLUMBO LIKES THE NIGHTLIFE)

Critique :

Voilà, c'est fini. Je crois bien que je n'avais jamais vu le finale de la série, et j'avoue qu'à ma grande surprise, l'épisode me surprend, osant se démarquer très franchement de la forme habituelle de la série.

Mais l'on peut mesurer le gouffre qui sépare ce dernier épisode des tous premiers, et de ce fait, de comprendre pourquoi les dernières saisons laissent un goût quelque peu amer. Avec le temps va tout s'en va, et sur la série, c'est sans doute le statut social des personnages qui s'est fait la malle : Cette "classe", qu'on aimait tant non par snobisme mais parce qu'elle était tellement ancrée dans l'identité visuelle et sociale de la série, progressivement, s'en est allée.

Le premier pilote avait pour meurtrier un grand psychanalyste avec boutons de manchettes, on est là avec un vulgaire patron de night-club aux prises avec un maître-chanteur minable et une actrice de 4e zone, mi-pute mi-soumise. Columbo visitait les villas les plus luxueuses à Malibu ou Beverly Hills, il arpente ici les hangars vulgaires, les quartiers miteux du Los Angeles défavorisé, dans les quartiers en friche industrielle.

Autre temps, autres mœurs, et autre musique : baignant dans le monde de la nuit, c'est sous le pouls d'une techno cheap et urbaine que Jeffrey Reiner, le réalisateur, s'essaie à quelques mouvements de caméra, notamment ceux qui suivent en vue subjective l'entrée du jeune patron dans sa boîte de nuit ; on pense à celle de Nicolas Cage dans le casino de Snake eyes dans une moindre mesure, mais la comparaison s'arrête là, bien évidemment.

Mais on note avec bonheur que le cadrage est assez inventif : Reiner cherche des plans plus complexes qu'à l'habitude, des contre-plongées, de légers travellings.

Sur la photographie également, on s'aperçoit qu'un gros travail a été fait pour complexifier l'image, notamment avec une attention particulière sur l'agencement des couleurs. Tous ces efforts sont louables, bien que tardifs.

L'histoire aussi est assez bien ficelée. Le parcours logique que suit le lieutenant est plutôt bien construit, sans grande surprise cependant. Rien d'extraordinaire, mais au moins on ne déplore aucune faute de goût. L'épisode n'est pas trop mauvais ; dans les dernières saisons, il peut même s'enorgueillir de faire partie des meilleurs.

Je regrette seulement la relative médiocrité des comédiens. Encore une fois, c'est sans doute ce qui plombe les dernières années Columbiennes : les acteurs ne sont pas à la hauteur de leurs prédécesseurs.

Adieu et merci mister Falk.

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Crédits photo : Universal Pictures.

Images capturées par Sébastien Raymond.