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La Piscine

Saga Alain Delon

Le Cercle Rouge (1970)


LE CERCLE ROUGE

Résumé :

Un flic, Mattei, prend le train avec un bandit qu'il est obligé d'escorter. Pendant ce temps, en prison, Corey, un détenu, va bientôt sortir et se voit proposer une affaire par le chef des gardiens. Le prévenu que convoyait le commissaire François Mattei parvient à s'échapper en cassant la vitre du wagon-lit et en sautant du train en marche où ils se trouvaient. Corey part pour Paris après avoir récupéré de l'argent et une voiture, tandis que Mattei déploie un gigantesque plan policier pour rattraper son suspect. C'est alors que ce dernier, en cherchant à échapper à la police, se cache dans le coffre de la voiture de Corey. Vogel, le bandit, et Corey s'entraident, et devenus amis décident de s'intéresser à l'affaire proposée par le chef des gardiens à Corey. Grâce à un ami de Vogel, les 3 hommes réalisent un énorme casse de bijoux place Vendôme. Mais leur receleur les lâche, et via un autre ami de Vogel, Santi, ils pensent pouvoir s'en sortir. Hélas, Santi les envoie dans les bras de la police, ce qui se finira mal pour les 3 voleurs. Mattei, lui, réalise un coup double.

Critique :

Film remarquable, de Jean-Pierre Melville (Un Flic, L'Armée des Ombres, Le Deuxième Souffle), qui m'a fait, personnellement, découvrir Bourvil (La Grande Vadrouille, Le Corniau, Le Cerveau) sous un autre jour comme acteur. En effet, moi c'est avec ce film que j'ai découvert que Bourvil pouvait jouer des rôles sérieux, et non le benêt de service et dont je pense que la majorité des gens avaient en tête à propos de cet acteur. Malheureusement, Bourvil est mort quelques mois avant la sortie du Cercle Rouge, et ne pourra donc plus faire ce type de rôle. Pour Alain Delon, tout va bien, il enchaîne depuis un moment les cartons au cinéma : La Piscine, Le Clan des Siciliens, Borsalino...

Le Cercle Rouge sera un autre de ses succès. Delon interprète encore un gangster, cette fois-ci avec une moustache, ce qui n'est pas plus mal, car cela lui donne encore un air plus dur. Il rempli son office totalement dans ce rôle et avec son attitude assez froide comme à son habitude, on peut dire que Delon joue mieux les rôles de brigands qu'autre chose. Pour le reste du casting, on a aussi du lourd : Yves Montand (La Folie des Grandeurs, Le Grand Escogriffe, Police Python 357), dont je ne suis pas un très grand fan, fait lui aussi une prestation remarquable. Surtout à sa première apparition à l'écran avec ses hallucinations d'alcoolique, l'acteur est tellement crédible dans sa manière de jouer que l'on y croit réellement. Viennent ensuite Gian Maria Volontè (Et Pour Quelques Dollars de Plus, Sous le Signe du Scorpion, Le Dernier Face à Face) terrible dans le gangster sanguinaire qui n'a peur de rien, et surtout de pas peur de tuer.

Nous avons également François Perier (Z, L'Attentat, Stavisky) excellent dans son rôle d'indic sans vouloir l'être mais obligé de coopérer avec la police à cause de sa progéniture. Et nous retrouvons à nouveau Paul Crochet en receleur qui plante Delon et ses comparses par devoir envers Rico, le caïd que Corey est venu braquer à sa sortie de prison, et dont ce dernier n'a pas supporté que Corey lui vole de l'argent comme cela en toute impunité. Le tout, avec ces acteurs donne une osmose parfaite qui se retranscrit à l'écran, alors le film n'est pas exempt de défauts : il y a des longueurs, mais qui bizarrement ne nuisent pas au long-métrage.

Nous sommes tellement captivés par l'histoire, qu'on ne les voit pas passer et on a qu'une attente, c'est de découvrir la suite tout au long des 2H20 du film. Melville prouve qu'il maîtrise le polar, et c'est dans l'excellence qui le fait. Pour la technique, nous retrouvons l'excellent Henri Decaë pour la photo et ça se voit immédiatement à l'image, c'est pro, maîtrisé, avec des lieux originaux qui se rappellent à notre mémoire, et surtout des souvenirs pour ceux qui les ont connus. Par exemple, la séquence où Delon s'arrête à la cafétéria sur l'aire d'autoroute. L'endroit est juste splendide, et rappelle vraiment quelque chose à notre mémoire, avec la neige qui à l'extérieur se met à tomber... Des moments du film qui marquent ainsi sans s'en rendre compte.

Bref, excellent film, pour la musique c'est Eric Demarsan (L'Armée des Ombres, Moi Vouloir Toi, Cette Femme-Là) qui est à pied d'œuvre, mais étrangement, celle-ci est vraiment très (peut-être trop !) discrète. Pourtant le film contient des longs passages sans dialogues, où justement la musique pourrait s'imposer, et pourtant ce n'est pas le cas. Ce que l'on entend colle bien avec ce qu'il y a à l'écran, mais c'est vraiment très très discret. En tous les cas, le film marchera très bien : il fera plus de 4.3 millions d'entrées en France, plus d'un million d'entrées en Espagne et plus de 4.7 millions d'entrées en Italie. Joli carton à nouveau pour Delon. Film indispensable dans sa filmothèque !

Anecdotes :

  • Bourvil, crédité André Bourvil dans ce film, mourra quelques mois avant la sortie de celui-ci. Ce qui a sans doute également attiré le public et lui a permis de réaliser un bon score. Yves Montand commencera peu après le tournage de La Folie des Grandeurs avec De Funès, il remplaça Bourvil dans le rôle et qui était prévu à sa place à l'origine.

  • Le film signale beaucoup de lieux en Côte d'or, notamment lorsque Bourvil énumère les noms des villes au début du film après que Vogel ce soit échappé : Meursault, Arnay-le-Duc, Nuit-St-Georges, Beaune, Chalons-sur-Saône, Le Creusot et Autun. De même, Delon lorsqu'il s'arrête pour prendre son repas dans le relais, c'est sur l'aire de Bel-Air au nord de la Rochepot en côte d'Or.

  • Le film utilise surtout des voitures américaines : Plymouth (Alain Delon) ou encore une Mercury (Yves Montand), etc. qui détonnent par rapport aux voitures françaises de l'époque.

  • Une autre séquence de fin du film existe, il s'agît d'une blague de Bourvil faite pour Melville. En effet, dans cette fin parodique, Bourvil se tourne vers son adjoint et lui dit « vous savez comment j'ai fait pour arriver à la solution de cette affaire ? Eh, bien, c'est tout simplement en appliquant... » et à ce moment-là Bourvil entonne la chanson La Tactique du Gendarme a capella. Ce document de 53 secondes fut présenté par Jean-Pierre Melville après la mort de Bourvil.

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