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Traitement de choc (1973)Les Seins de glace (1974)

Saga Alain Delon

Deux hommes dans la ville (1973)


DEUX HOMMES DANS LA VILLE

Résumé :

Germain Cazeneuve éducateur spécialisé dans la réinsertion de détenus, demande la libération anticipée de Gino Strabliggi pour qui il se porte garant. Après 10 ans de prison pour vol d'une banque, Gino est libre. Il trouve un métier dans l'imprimerie, et Cazeneuve devenu son ami le voit régulièrement pour veiller sur lui. Mais lors d'une visite, en évitant un chauffard, Gino a un accident et sa femme est tuée. Mais Cazeneuve ne le lâche pas et Gino reprend goût à la vie et trouve une nouvelle femme. Mais alors qu'il va faire valider son interdiction de séjour, Gino tombe sur l'ancien inspecteur qui l'a arrêté : Goitreau. Ce dernier va alors s'acharner sur Gino, qui dans un accès de colère fini par tuer le policier. Gino est condamné à mort.

Critique :

Un film terrible (dans le bon sens du terme) qui décrit la machine judiciaire et à l'époque surtout la peine de mort. Réalisé par José Giovanni (Rififi à Tokyo, Dernier Domicile Connu, Le Gitan) qui s'est inspiré de son vécu personnel pour raconter cette histoire, a très bien réussi. Même si on sent, de toute évidence, une certaine hargne envers la police de la part du réalisateur qui est un ancien truand repenti.

Tout d'abord, c'est une réalisation diablement efficace qui est à mettre au crédit de son film : les lieux, sont extraordinaires, comme au début lorsque Gabin marche seul dans la ville, il passe d'abord devant un terrain en friche avec des immeubles bétonnés derrière, puis devant le mur d'une prison, ce fameux mur de pierres immédiatement reconnaissable. Puis nous voyons la région parisienne des années 70, c'est un morceau d'histoire sur la pellicule. Bref, vous l'aurez compris, l'ambiance du film grâce aux lieux de tournage, est simplement magique. Delon livre une belle prestation de son personnage, que ce soit dans la colère, dans le calme ou la tristesse, bien que parfois je ne comprends pas trop les réactions du personnage de Gino.

Même si on a le sang chaud, je trouve quelques réactions un peu exagérées (comme celle de tuer le policier par exemple) néanmoins la majeure partie du temps, c'est très réaliste. Gabin se retrouve en face de Delon à nouveau, et même si la prestation de l'acteur est bonne, on le sent néanmoins très fatigué, et ça se voit à l'écran. L'acteur commençait à avoir des problèmes de santé, et pensait avant de faire ce film, se retirer. Dans le rôle du flic tenace et qui n'arrête pas de harceler Gino, nous retrouvons l'excellent Michel Bouquet (Les Suspects, Borsalino, Le Serpent) qui avait déjà joué avec Delon et qui des années plus tard récidivera dans le rôle d'un flic antipathique : celui de l'inspecteur Javert dans Les Misérables.

Bouquet interprète à merveille ce flic que l'on aime pas et qui est désagréable au possible, c'est juste une performance remarquable de la part de l'acteur. On termine par des seconds rôles, qui plus tard deviendront des immenses vedettes : Bernard Giraudeau et Gérard Depardieu. Nous avons aussi un petit rôle pour Victor Lanoux et Robert Castel. Nous retrouvons même, les plus anciens reconnaîtront ce nom, Armand Mestral qui joue le directeur de la première prison. Côté actrices, nous sommes gâtés, c'est Ilaria Occhini (L'Homme qui Rit, Les Complexés, Un sacré Détective) qui incarne la très belle femme de Gino et qui meurt dans un accident de voiture, vient ensuite Mimsy Farmer (La Traque, SOS Concorde, Don Camillo de Terrence Hill) qui joue la nouvelle petite amie de Gino. Enfin Cécile Vassort (Une Partie de Plaisir, L'été Meurtrier, L'invitation) incarne, elle, la fille de Germain Cazeneuve. Et c'est Christine Fabréga qui interprète la femme de Cazeneuve.

L'ensemble donne un excellent film, sans temps mort pratiquement, et qui se déroule de manière fluide. La scène du procès est terrible, et celle de la prison où Gabin et Delon sont face l'un à l'autre au travers du parloir, sans décrocher un mot est tout simplement prodigieuse. Outre les lieux, la manière de filmer est très pro, il y a d'excellents plans, pratiquement rien à redire, juste un léger loupé sur un petit 'cut' lorsque Michel Bouquet suit Lanoux et les autres jusque dans le parking et qu'ils s'échappent de l'autre côté, mais rien de bien grave. C'est du travail de haut niveau.

La musique signée de Philippe Sarde (Les Seins de Glace, Sept Morts sur Ordonnance, Flic ou Voyou) est parfaitement dans le thème du film et ne dénote pas de ce que l'on voit à l'écran. Elle est cependant peu présente dans le film, de mon point de vue personnel. Le film marchera très bien avec plus de 2.4 millions d'entrées en France, il ne fera que 445 milles entrées en Espagne et un carton en Italie avec 2.8 millions d'entrées. Un film indispensable dans sa filmothèque de Alain Delon.

Anecdotes :

  • Jean Gabin était malade et devait surveiller sa santé. Néanmoins dans ses mémoires, l'acteur révélera qu'il grignotait et fumait en cachette.

  • Le film aurait pu faire un four, en effet il est sorti en même temps que Rabbi Jacob. Ce dernier lui volera la première place au box-office. Néanmoins, le bouche à oreille fonctionnera bien et Deux Hommes dans La Ville fera au final un excellent score.

  • C'était au départ Lino Ventura qui était choisi pour interpréter Cazeneuve, mais celui-ci refuse à cause d'un désaccord sur le scénario concernant le personnage de l'inspecteur Goitreau. C'est alors Yves Montand qui est choisi pour le remplacer, mais lui aussi refuse, car ce n'est pas la direction qu'il souhaite donner à sa carrière. Finalement ce sera Jean Gabin qui acceptera alors qu'il souhaitait se retirer après la fin du tournage de L'Affaire Dominici sur lequel il était à ce moment-là.

  • Le tournage du film débuta à Montpellier, et des tensions existaient entre Delon et Giovanni, et l'ambiance était électrique sur le plateau de tournage. Il faudra l'intervention de Henriette la cantinière pour qu'ils se dérident et deviennent amis. Le tournage se termina dans d'excellentes conditions.

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