Saison 4 1. Parodie de justice (Contempt of court) 2. Le prédicateur est devenu fou (Amen…send money) 3. La belle et la mort (Death & the lady) 4. Les génies qui venaient du froid (The Big thaw) 5. Les grandes questions (Child’s play) 7. Les heures difficiles (Missing hours) 8. La vedette du rock n’roll – 1ère partie (Like a hurricane) 9. La vedette du rock n’roll – 2ème partie (A rock & a hard place) 10. Le soleil de la mort (Rising sun of death) 11. Une idylle agitée (Love at first sight)
12. La source de vie (The cows of october) 13. Un vote de confiance (Vote of confidence) 14. Une partie mortelle (Baseballs of death) 16. La loi du milieu (Honor among thieves) 17. Le message de l’au-delà (Hell hath no fury) 18. L’insigne déshonneur (Badge of dishonor) 19. Des roses et des larmes (Blood & Roses) 20. Une balle pour Crockett (A bullet for Crockett) 21. Délivrez-nous du mal (Deliver Us from Evil)
Scénario : Peter McCabe - Réalisation : Jan Eliasberg Résumé : Crockett et Tubbs arrêtent Frank Mosca, un chef du crime organisé à Miami. Le Ministère public veut le condamner sur base d’informations fournies par un indicateur de Crockett. Appelé à témoigner à la barre, le policier refuse de donner son nom et se retrouve derrière les barreaux tandis que Mosca veut retrouver et éliminer l’informateur de Crockett… Critique : Une nouvelle saison qui démarre sur un remontage un peu maladroit de Si peu qu’on prenne, le 10ème épisode de la 1ère saison. En effet, on y retrouve à nouveau la protection des sources (Crockett refuse de donner le nom de son informateur et se retrouve en prison) en y ajoutant, encore une fois, une histoire de vengeance. Les scénaristes recyclent avec moins d’inspiration et se payent même le luxe de tirer sur la corde puisque le viol de Gina dans la 1ère saison sera à nouveau abordé un peu plus tard dans Des Roses et des Larmes (19ème épisode de cette même saison). Soit une seule histoire dans la première saison pour deux dans la quatrième. Nous prendrait-on pour des quiches ? Si les enjeux n’ont rien de neuf, on apprécie cependant que la série aborde à nouveau les questions de justice en revenant à la source : le tribunal. Cela faisait un moment que nos héros n’y avaient plus mis les pieds. La majeure partie de l’épisode suit donc les plaidoiries du Ministère public et de l’avocat de Mosca, cherchant la faille où s’engouffrer pour invoquer le vice de procédure. Dans le rôle du mafieux Frank Mosca, Stanley Tucci dégage une nonchalance et une sauvagerie qui le rendent particulièrement inquiétant. On soulignera aussi la présence de Meg Foster, dans le rôle de la Procureur Alice Carson. Avec ses très beaux yeux et sa douceur toute féminine, elle apporte une certaine profondeur psychologique dans un univers de mâles marqué par un affrontement basique de type « bon contre méchant ». Evidemment, on devine vite comment finira l’histoire (pas besoin d’avoir fait des études de droit…). Même si l’ensemble ne convainc qu’à moitié, on passe un bon moment. L’épisode valant surtout pour sa critique du système judiciaire américain et les désillusions qui s’ensuivent pour les policiers. Constat amer et réaliste. Anecdotes :
Scénario : John Schulian - Réalisation : James J. Quinn Résumé : Dans le quartier chaud de Miami la nuit, Tubbs arrête une jolie rousse qui lui a acheté de la drogue. Crockett reconnaît la femme de Bill Bob Proverb, un télévangéliste très connu. Ce dernier est bien décidé à ne pas laisser sa femme aux mains de la justice et compromet Tubbs dans une affaire de viol montée de toutes pièces… Critique : Cet épisode inaugure une série de scénarios qui lorgnent vers la comédie plutôt lourde. Voulant changer le côté sombre de la 3ème saison et apporter plus de légèreté, les scénaristes ont décidé d’injecter un humour dans un univers qui s’y prête mal, la noirceur et le drame lui convenant mieux. Malgré cette orientation qu’on ne peut que regretter, celui-ci figure pourtant parmi les plus réussis, essentiellement grâce à la présence de Brian Dennehy, génial en Bill Bob Proverb, un prédicateur particulièrement allumé. Quelques années plus tard, la réalité a curieusement rejoint la fiction quand un véritable télévangéliste, Jimmy Swaggart, joua avec la télévision en clamant sa rédemption en direct après avoir eu des relations avec des prostituées. Ici, l’essentiel de l’intrigue tourne autour des dangers de la religion sur les esprits faibles et le risque sectaire (la jeune fille embrigadée par le révérend Proverb pour faire accuser Tubbs de viol). Le récit revient plusieurs fois sur l’argent tout puissant qui tombe à flot chez les Proverb. Tout est dans le titre de la version originale : Amen…Envoyez le fric. Mais la critique s’arrête là : la suite montre que les religieux aux poches pleines et disposant d’un solide carnet de contacts peuvent se jouer de la police. Crockett le comprend très bien et ne peut pas faire grand-chose pour sortir son coéquipier du piège dans lequel il est tombé. Face à la célébrité et au pouvoir, la police se retrouve parfois impuissante. On aurait aimé un peu plus de combativité chez nos flics qui se contentent de rapports assez mous avec les religieux déjantés. En filigrane mais également trop rapidement esquissée, on s’amuse d’une lutte entre prédicateurs, l’un accusant l’autre d’être puni par la foudre, rien de moins. Cet aspect-là est le moins réussi car il tombe très vite dans le ridicule (reproche qu’on pourra également faire à d’autres épisodes de la même veine). Bref, un épisode plaisant et distrayant mais pas totalement réussi. Anecdotes :
3. LA BELLE ET LA MORT Scénario : David Black - Réalisation : Colin Bucksey Résumé : Lors du Festival du Film érotique à Miami, le réalisateur Milton Glantz reçoit un prix pour son dernier film intitulé La Belle et la Mort. Pendant la cérémonie, un acteur du film hurle devant l’assistance que Glantz a filmé la mort de l’actrice Lori Swan. Castillo charge Crockett d’enquêter sur Glantz. Rapidement, le policier soupçonne le metteur en scène d’avoir réalisé un “snuff movie”… Critique : Après la comédie, cet épisode prend des accents plus sombres en se replongeant dans le monde de la pornographie, milieu assez peu évoqué dans la série (Haut les cœurs !, 1ère saison, 2ème épisode). Conséquence d’une Amérique pudibonde sous Reagan ? Quoiqu’il en soit, l’histoire se centre essentiellement sur la figure controversée du réalisateur qualifié d’ « artiste » (on le voit enrubanner et peindre un SDF édenté avec une couleur rouge évoquant le sang). A défaut de violence trop crue, le récit nous transporte dans un univers où réel et imaginaire se confondent, renforçant l’ambiguïté qui caractérise la série depuis ses débuts. Le sujet a au moins le mérite d’évoquer un thème encore tabou de nos jours : les « snuff movies », des films clandestins où des victimes sont tuées pour de vrai contre une forte somme d’argent (en 1997, le méconnu « The Brave » avec Johnny Depp et Marlon Brando abordait le même thème). La mise en scène très fluide de Colin Bucksey permet de ressentir le vécu des protagonistes, en particulier celui de Crockett. Tout au long de son enquête, le flic se heurte à une absence de coopération des divers témoins. La tension et l’agressivité qu’il développe à l’égard du réalisateur montent crescendo. Au point d’en devenir une obsession : durant une belle scène de nuit sur son bateau, Crockett, rejoint par Tubbs, fait part de sa découverte à son coéquipier. La nuit et la musique de Jan Hammer renvoient directement à Une ombre dans la nuit, l’angoissant épisode de la 3ème saison. Las, malgré son désir de justice, le policier n’arrive pas à réunir suffisamment de preuves concluantes afin d’arrêter ce réalisateur de « snuff movie ». Tirant trop lourdement sur la corde du suspense, le scénario prend des chemins souvent tortueux pour aboutir à une conclusion peinant à convaincre. Elle nous laisse sur le même sentiment d’intense frustration ressenti par Crockett, partant seul dans la nuit. Anecdotes :
Scénario : Joseph DeBlasi - Réalisation : Richard Compton Résumé : Mandatés par un juge, Crockett, Tubbs et Switek pénètrent dans un entrepôt où ils découvrent une capsule cryogénique. Celle-ci contient le corps de Robillard Nevin, un chanteur de reggae décédé quelques mois plus tôt. Au commissariat, le professeur Frobel leur explique qu’il tente de ramener le chanteur à la vie grâce à un procédé révolutionnaire. Débarque la veuve de Nevin avec son avocet. La jeune femme entend bien récupérer le corps de son mari avec un héritage de 30 millions de dollars à la clé… Critique : Une légende tenace raconte que Walt Disney aurait été congelé après sa mort, dans l’espoir de pouvoir le ramener à la vie quand de nouvelles technologies le permettraient. C’est visiblement en se basant sur cette légende qu’a été construite cette histoire baignant, du début à la fin, dans un climat loufoque. Pour bien nous faire comprendre les allusions au fantastique et à la religion, un vieux savant sénile porte le nom de Poe (le grand écrivain serait ravi d’être comparé à un légume) et un chien celui de Lazare, revenu d’entre les morts. Pas fin et vaguement amusant. Sur un ton de comédie décalée identique à l’épisode Faits l’un pour l’autre (1ère saison, 18ème épisode), le scénario reprend des éléments du film « Hibernatus » qu’il mélange à de la science-fiction de pacotille et à un humour des Marx Brothers (la scène où tout le monde se retrouve au commissariat, les uns sur les autres, rappelle celle de la cabine de bateau bondée d’Une Nuit à l’Opéra). Pour sympathique que soit cet épisode, on ne peut s’empêcher de le trouver lourd comme la capsule cryogénique du chanteur décédé Robillard Nevin. Très rapidement, le scénario échoue à proposer une histoire intéressante et amusante de bout en bout, se contentant d’une plate histoire de veuve avide d’argent et prête à tout. Heureusement, la gouaille de l’indicateur Izzy Moreno vient un petit peu relever le niveau. Toujours à l’affût de nouvelles arnaques, Izzy espère bien gagner un pactole en attirant des hommes d’affaires japonais fans de nouvelles technologies. On regrettera la longueur de cette scène qui donne le sentiment d’un scénario à bout de souffle. Dans tout ce joyeux chaos dont se dégage une impression foutraque, Crockett et Tubbs subissent plus qu’ils n’agissent. Même Castillo semble pressé d’en finir. Bref, un épisode plutôt sympa mais raté car dépourvu d’enjeux sérieux et d’un scénario fouillé. Anecdotes :
5. LES GRANDES QUESTIONS Scénario : Michael Piller - Réalisation : Vern Gillum Résumé : En mission de surveillance dans un quartier malfamé, Crockett et Tubbs entendent des cris provenant d’un appartement voisin. Un certain Walker bat sa femme Annette. Crockett intervient mais il voit une main armée d’un pistolet surgir près de la porte et tire aussitôt. Le tireur s’effondre au sol et Crockett, bouleversé, découvre qu’il s’agit de Jeffrey, 13 ans, le fils d’Annette… Critique : Ferguson, 2014. Un jeune noir est abattu par la police. Suivent une série de bavures policières dans d’autres états avec toujours un flic blanc qui abat un jeune noir. Trente ans séparent cet épisode des événements dramatiques qui se déroulent aux Etats-Unis et pourtant, on a la triste impression que peu de choses ont changé. Ici, on ne peut pas vraiment parler de bavure puisque Crockett défend sa vie mise en danger (un pistolet surgit dans l’embrasure d’une porte avec une main qui le pointe sur lui). On sait que le policier dispose d’un grand sang-froid et sait réagir au bon moment. Malheureusement et les premières images le montrent, voilà un grand malheur qui s’abat sur lui : assumer la responsabilité d’avoir tiré sur un enfant. La force de cet épisode réside dans une approche réaliste : pas d’angélisme, ni de déformation de la réalité. A la place, les faits bruts. Dès les premières images après le générique, nous assistons aux réactions des divers témoins de l’affaire, interrogés par des inspecteurs qu’on ne voit jamais. Procédé subtil et intelligent pour nous faire ressentir toute la tension et l’émotion palpables suite au drame. Crockett abattu, Tubbs en colère, les parents noirs plutôt détachés. En parallèle, l’épisode aborde aussi la question des mouvements pour la défense des Noirs, parfois plus avides de faire la une des media et briser la carrière d’un policier que d’établir la vérité. Autre aspect particulièrement touchant : l’évolution de Crockett, rongé par la culpabilité. Don Johnson apporte beaucoup d’intensité dans son interprétation de la colère et de l’impuissance. Commence une remise en question intéressante où Crockett hésite à aller voir le psychologue de la police, y va, se ravise puis finalement, accepte de faire face à sa tristesse. Et par la même occasion, renoue avec son fils Billy, délaissé depuis les premiers épisodes (voir Le Retour de Calderone, 1ère partie, 1ère saison). Cela donne lieu à d’autres scènes émouvantes où un père dit à son fils toute l’affection qu’il a pour lui, dévoilant un pan plus sensible de la personnalité du policier, en général plutôt macho. On soulignera encore deux autres très belles scènes, l’une avec Castillo, l’autre avec Tubbs. Son Lieutenant le met en garde et lui conseille d’aller de l’avant. Fait plutôt rare pour cet homme avare en émotions, Castillo lui dit même qu’il tient à lui. Plus tard, Tubbs lui dit aussi : « Je t’aime, mec » tout en le charriant sur son éventuel décès : « Si tu meurs, qui aura ta voiture ? ». Bouleversé, Crockett ne sait quoi lui répondre et lui tape dans la main. Un très beau moment qui rappelle la forte amitié liant les deux héros (cf. Evan - 1ère saison, 21ème épisode, durant la scène de nuit dans la station essence). Enfin, on apprécie le glissement assez subtil du scénario où l’on découvre que tout n’était qu’un jeu d’apparences. Tout cela sur fond de trafic d’armes avec un Isaac Hayes, peu mis en valeur en méchant de passage. La brutalité des violences conjugales impressionne également pour l’époque. Sans détours, on voit une femme se faire battre et finir le visage en sang par terre. Bref, un bon épisode qui ose la sensibilité sans tomber dans la sensiblerie tout en restant ancré dans la réalité. Anecdotes :
Scénario : Edward Tivnan - Réalisation : Jan Eliasberg Résumé : Dirigée par le père Jorge et son fils Francesco, la famille Cruz règne en maître sur Miami. Active dans le grand banditisme et divers trafics, elle fait l’objet de toute l’attention du Lieutenant Castillo qui veut à tout prix la mettre hors d’état de nuire. Quand Felipe, fils cadet et avocat à Wall Street, revient parmi les siens ; tous se demandent si c’est pour reprendre le contrôle des affaires de la famille. Peu après, la police retrouve le cadavre du prêtre Ernesto Lupe, mentor de Felipe et directeur d’une clinique pour malades du SIDA… Critique : Cet épisode traite principalement de tensions familiales et en thème sous-jacent, d’homosexualité. La famille Cruz fait penser une sorte de clan familial à la « Dallas », version latino de Floride. Il était courageux d’oser aborder le thème de l’homosexualité à l’époque. Rappelons-nous que nous n’étions que quelques années après les premières victimes du SIDA. A l’époque, vendre de l’espace publicitaire aux annonceurs sur ce sujet était sacrément risqué (aliénation d’une partie du public, perte de capitaux issus de la publicité, frilosité des chaînes, …). Maintenant, la question n’est abordée que vers la fin, de manière assez rapide et pudique (une victime du SIDA meurt sur son lit tandis qu’un membre de la famille Cruz se tient à son chevet). La majeure partie de l’épisode tourne essentiellement autour de l’enquête visant à découvrir qui est l’assassin d’un prêtre et mentor de Felipe Cruz. Au passage, la religion catholique et ses hommes d’église en prennent pour leur grade, sous forme de critique acerbe, notamment lors d’un échange entre le Lieutenant Castillo et un autre prêtre. Du reste, l’intrigue n’a pas grand intérêt et se traîne mollement. Pour nous sortir d’une certaine torpeur, une scène de poursuite en bateaux a été rajoutée en bouche-trou : elle donne l’impression d’avoir été insérée là pour allonger le temps de présence à l’écran de Don Johnson, peu présent dans cet épisode. Si la réalisation propose quelques effets de mise en scène intéressants (au lieu d’un banal champ contre-champ, la caméra tourne imperceptiblement autour de Crockett, Tubbs et Castillo durant une discussion autour d’une table dans un parc), le scénario a pour principal défaut de rester à la surface des choses et de ne pas vraiment développer ni les personnages, ni leur psychologie. A cet égard, la fin verse dans un soap grotesque et risible avec des révélations de dernière minute balancées à la grosse louche sur le mode « Quoi ? Un membre de la famille Cruz est homo ? Ah bon ? Oh mais c’est horrible ! Que va-t-on faire pour sauver l’honneur de la famille ? » (Les feux de l’amour ne sont pas loin…). Bref, un épisode plutôt raté et qui, certes, a eu le courage d’aborder un thème tabou mais de façon très superficielle. Anecdotes :
Scénario : Thomas M. Disch - Réalisation : Ate De Jong Résumé : En mission, Trudy et Switek essaient d’arrêter un dealer de pornographie, Lonnie Akers. Mais ce dernier, pris de panique, se coupe la gorge en passant à travers une vitrine. Sur le bateau où vivait Akers, Trudy rencontre son idole, Lou de Long, un ancien chanteur de blues et de rock. Dans le même temps, Rona, l’ex-femme d’Akers, se présente au commissariat pour identifier le corps de son mari. Surprise, le corps a disparu ! Trudy a des visions de plus en plus persistantes et ses collègues observent un curieux changement dans son comportement… Critique : Six ans avant la création de « X-Files », cet épisode faisait déjà dans la science-fiction en nous balançant tous les poncifs du genre (lumière bleue venue du ciel, appareils électromagnétiques gelés, constant questionnement entre rêve ou réalité, expériences du Gouvernement, …). Las, on se demande si le réalisateur Ate De Jong, originaire des Pays-Bas, n’avait pas fumé un pétard en réalisant cet épisode bizarre. D’abord, on notera un détail révélateur de son nombrilisme : le personnage de James Brown (Lou De Long) a un nom qui rappelle étrangement celui du metteur en scène. Pêle-mêle, on a droit à une sorte de secte nommée Astrolife qui croit aux enlèvements extra-terrestres, à un curieux archiviste de la police (le tout jeune Chris Rock) spécialiste des phénomènes alien, à une femme qui disparaît puis meurt, à des agents gouvernementaux qui cachent des opérations secrètes, … Et ? Et rien. Le scénario n’a ni queue, ni tête. Les « visions » de Trudy (lorsqu’elle voit le visage de James Brown qui se fige, pour laisser place à une découpe dans le visage du chanteur) étaient sans doute top à l’époque mais font aujourd’hui terriblement kitsch. On se demande franchement où toute cette histoire veut nous mener. En fait, nulle part puisque la série ose le coup du rêve, piquant sans vergogne l’idée à sa concurrente « Dallas » (aux USA, la saga familiale battait régulièrement les flics de Miami en termes d’audience. Vous souvenez-vous du coup de Pamela Ewing qui, à son réveil, découvre son mari Bobby bien vivant et en train de prendre une douche ? Pour justifier cette résurrection, les producteurs avaient osé prétexter un rêve qui courait tout de même sur toute une saison ! Gonflé…) Heureusement, ici, cela ne dure que le temps de cet épisode. En attendant, on nous a pris pour des quiches. Le titre n’a presque pas menti mais à conjuguer au singulier : nous passons…une heure difficile. Au final, on est surtout triste pour Olivia Brown, chargée de jouer les idiotes allumées alors que son personnage vaut tellement plus que cela. Dans une interview visible sur You Tube, l’actrice confie d’ailleurs que la série touchait le fond avec cet épisode… De fait, les critiques ont souvent reproché à Michael Mann sa misogynie et l’absence de personnages féminins forts dans ses films. Sa série ne fait guère mieux en jouant la carte du machisme sans parvenir à se départir des clichés habituels cinglée ou prostituée… Dommage. Bref, un épisode totalement ridicule et vite oublié. Seuls points positifs : les scènes de nuit à l’éclairage bleu et vert fascinant et le retour d’une rock star (fait plutôt rare depuis la fin de la 2ème saison) avec un James Brown hélas sur le déclin. A se demander pourquoi il a accepté de figurer dans cet épisode à part l’appât d’un gros chèque… Dans la vie, le pape de la soul était assez allumé et complètement parano. Ceci explique sans doute cela. Anecdotes :
Scénario : Robert Palm, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : Colin Bucksey Résumé : Castillo charge Sonny Crockett d’assurer la protection de Caitlin Davies, une vedette de rock. Celle-ci doit témoigner contre Tommy Lowe, son ancien manager. A contrecœur, Crockett veille sur la chanteuse avec qui les relations sont plutôt tendues. Un soir au restaurant, trois tueurs débarquent et tentent de tuer Caitlin. Crockett la sauve de justesse. Pas de doute, ils ont été engagés par Lowe. Suite à ces péripéties, la star du rock et le policier tombent profondément amoureux. Sonny annonce à ses collègues, stupéfaits, qu’il va épouser Caitlin… Critique : Pour changer des histoires de trafic de drogue, voici Crockett chargé de jouer les gardes du corps pour une star du rock sur le déclin. Mine de rien, cet épisode a un petit goût de Bodyguard, le thriller romantique de 1992 avec Kevin Costner et Whitney Houston. Pourtant, il a été réalisé cinq ans avant le film. Comme quoi, la série faisait dans l’avant-garde (cf. l’épisode précédent qui préfigurait X-Files). Cela étant, le scénario n’a pas grand-chose d’original. Les deux tiers de l’épisode se centrent sur la relation « chien et chat » entre Crockett et Caitlin. Cinq minutes, ça va mais pendant tout l’épisode… Pour nous sortir d’un relatif ennui, les scènes d’action relèvent un peu le niveau, même si on a vu mieux dans les saisons précédentes. L’épisode retient tout de même l’intérêt pour l’évolution sentimentale de Crockett. Guère chanceux en amour, le flic semble enfin avoir trouvé la perle rare. Les scènes où il annonce son futur mariage à Castillo et à ses collègues ont quelque chose de touchant. Lorsqu’il en discute ensuite avec Tubbs, on retrouve un moment de grande complicité entre les deux partenaires, hélas trop rare dans la série (cf. les épisodes Evan, 21ème de la 1ère saison et Les grandes questions, 4ème saison, 5ème épisode, lire plus haut). Du reste, la scène finale semble quelque peu incongrue et précipitée. Pourquoi un flic entièrement dévoué à son job se marie-t-il aussi vite ? D’autant que sa fonction ne lui laisse aucune place pour une vie privée. A nouveau, la série retombe dans le syndrome « Dallas » en reprenant des éléments de soap qui n’ont pas vraiment leur place dans une série au ton plutôt dramatique. Décevant et peu crédible. Anecdotes :
Scénario : Robert Palm, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : Colin Bucksey Résumé : Fraîchement mariés, Sonny Crockett et Caitlin Davies sont rappelés à la dure réalité quand la star du rock doit retourner à ses occupations à Los Angeles. Le milieu superficiel et hypocrite du monde des stars ne convient pas du tout à Crockett qui retourne à Miami. Suite au meurtre de Tommy Lowe, l’ex-manager de Caitlin, Castillo suspecte Wiggins et Fremont, les nouveaux managers de la chanteuse. Ceux-ci veulent à présent s’en prendre à Caitlin pour gagner le pactole. Une star morte rapporte plus que vivante. Conscient du grave danger qui pèse sur sa femme, Sonny part la retrouver pour la protéger… Critique : Comme pour l’épisode La loi du ring en deux parties (3ème saison), on se demande pourquoi il fallait une deuxième partie, pas vraiment nécessaire. Il ne s’y passe pas grand-chose pendant les deux tiers de l’épisode. Pour remplir les creux, on a droit sur un mode « fleur bleue » à la difficulté de coupler la vie effrénée d’une rock star à celle d’un flic en infiltration dans les milieux criminels. D’autant que l’une vit à Los Angeles et l’autre à Miami. Et nous de nous demander : « Bon, elle commence quand l’histoire ? » Il faut 30 minutes aux scénaristes pour finalement lâcher le morceau : les producteurs de la chanteuse proposent à Crockett un deal de 100 kilos de drogue. Tablant sur la mort (préméditée) de leur chanteuse, ils espèrent gagner le pactole avec des ventes d’album « post-mortem » en flèche (20 ans plus tard, la réalité le montrera de manière très cynique après la mort de Michael Jackson). Comme dans la première partie, on s’ennuie ferme et seule la scène de fusillade finale nous sort de notre torpeur. On en vient à regretter les épisodes en deux parties des deux premières saisons (Pilote, Le Retour de Calderone, le Retour du Fils prodigue). Ceux-ci conservent une force narrative et visuelle autrement plus fortes que cette histoire aux développements sentimentaux un peu nunuche. Curieusement, les épisodes de la 4ème saison accusent le poids des ans. Ils sont fort datés par rapport à ceux du début de la série, pourtant réalisés… avant. Sans doute n’est-ce qu’une impression mais néanmoins fort persistante. Cette déception s’explique en partie par des audiences en berne : depuis la fin de la 2ème saison, la série chutait inexorablement dans les taux d’écoute aux USA. Les éléments peu crédibles développés dans ce double épisode laissent à penser que les scénaristes tentent maladroitement de récupérer une partie du public. Pourquoi un flic sous couverture (et contraint à une certaine discrétion) irait-il se mettre sous les feux des projecteurs avec une star du rock ? Les scénaristes répondent à cette critique par une pirouette un peu facile : Crockett épouse une vedette du showbiz sous son identité de Burnett, trafiquant de drogue notoire. Showbiz et drogue, raccourci un peu rapide… Et les truands arrêtés par Crockett ? Ils connaissent son visage et sa double identité. Dès lors, comment ne grilleraient-ils pas sa couverture en le dénonçant dans les milieux criminels ? Malheureusement, la question n’est jamais posée et surtout, on attend une réponse qui ne vient jamais. Un épisode inabouti et dispensable. Anecdotes :
Scénario : Peter Lance - Réalisation : Leon Ichaso Résumé : Colton Avery, un homme d’affaires américain, signe un important contrat avec des Japonais. Peu après, la police retrouve son corps près d’une baie. Le businessman aurait été assassiné. Le Lieutenant Castillo découvre que les Japonais sont en réalité des membres du gang des Yakusa désirant établir un réseau criminel à Miami. Castillo enquête avec Crockett et Tubbs afin de retrouver le meurtrier. Mais le bureau du maire trouve qu’à la veille des élections, ce serait plutôt mal vu. Dépêché sur place par la mairie, le Sergent Haskell fait pression sur Castillo. L’affaire se corse quand débarque un certain Fujitsu, ex-policier japonais assoiffé de vengeance et bien déterminé à supprimer les Yakusa… Critique : Très stylisé sur le plan visuel, cet épisode nous en apprend un petit peu plus sur le passé du Lieutenant Castillo (déjà évoqué dans Pourquoi pas ?, 2ème saison, 8ème épisode, Le sauvage, 3ème saison, 15ème épisode et surtout Le Triangle d’Or, 1ère saison, 13ème et 14ème épisodes). Ici, toute l’histoire tourne autour d’une lutte fratricide entre des Yakusas installés à Miami. A nouveau, un épisode d’avant-garde, annonçant par l’atmosphère, le thriller policier raté Rising Sun (1989), avec Sean Connery et Wesley Snipes, dans lequel on retrouvera l’inquiétant Cary-Hiroyuki Tagawa (le détective privé Fujitsu de cet épisode). Tout d’abord, la partie où la brigade subit les pressions de la mairie et de l’ignoble Sgt. Haskell commencent bien mais tombent trop vite dans l’éternel thème de la corruption avec un peu de SM à l’arrivée (Gina et Trudy attachées comme des esclaves sexuelles). Ensuite, on ne découvre rien de bien neuf dans le traitement thématique qui se cantonne à « honneur perdu, lutte de clans, vengeance ». Surtout, on aurait aimé un peu plus de profondeur psychologique et de nouvelles informations intéressantes sur le passé de Castillo. Comment connaît-il le Japon et ses us et coutumes ? Comment parle-t-il la langue ? Comment connaît-il les Yakusa ? Tout nous est présenté comme « naturel » mais sans plus d’explications. Frustrant. Certes, la discussion de nuit entre le détective privé japonais et le Lieutenant dans son bureau rappelle les meilleurs moments de la série, essentiellement au niveau du traitement visuel (musique obsédante de Jan Hammer, éclairages bleutés soulignant les dangers de la vie nocturne, force des regards, peu de mots). Mais c’est aussi le principal reproche qu’on peut adresser à cet épisode à la progression lente et peu inspirée : tout dans l’image, rien dans l’histoire. Jusqu’à confiner au ridicule avec la scène de combat finale au sabre sous la pluie. Statique et mollement montée, elle déçoit et ferait presque passer n’importe quel épisode d’« Highlander » pour un chef-d’œuvre. Bref, ce soleil de la mort ne nous éblouit pas et laisse un goût d’inachevé. Seul point positif : une expérience sensorielle et visuelle forte façon vidéoclip des années 80 mais malheureusement datée avec le recul actuel. Anecdotes :
11. UNE IDYLLE AGITÉE Scénario : Peter McCabe - Réalisation : Don Johnson Résumé : Un mystérieux tueur en série assassine des hommes d’une trentaine d’années. Les victimes avaient un point commun : elles étaient toutes membres d’un club de rencontres par vidéo. Affecté à l’affaire, l’agent du FBI Sam Russell traque le tueur depuis Dallas et Denver où d’autres victimes avaient été tuées. Comme il présente une certaine ressemblance physique avec les victimes, Crockett appâte le tueur sous l’identité de Burnett. Sa femme Caitlin s’inquiète pour sa sécurité et vit mal le fait que son mari rencontre d’autres femmes dans le cadre de son enquête… Critique : Dans cet épisode mis en scène par Don Johnson (après Bon retour, 2ème saison et Un sale métier, 3ème saison), l’histoire tourne autour d’un mystérieux tueur en série, thème peu abordé depuis le début de la série (voir Le Sauvage, 3ème saison). Pour stopper le meurtrier, Crockett infiltre un club de rencontres par vidéocassettes. Le récit s’ouvre sur cette scène qui nous interpelle tout de suite : Mais Sonny est marié… Pourquoi fait-il cela ? Tromperait-il sa femme ? Ce n’est que quand il prononce le nom de Burnett qu’on comprend la raison de sa présence dans ce club. Intrigant et plutôt original comme entrée en matière pour scotcher le spectateur. Immanquablement, cette mission d’infiltration va provoquer des tensions au sein de son couple. Difficulté pour sa femme Caitlin d’accepter la vie nocturne et étrange d’un flic infiltré. Impossibilité pour Crockett de renoncer à sa mission d’éradiquer les criminels. Le job passe avant tout. Ce qui donne lieu à quelques belles scènes, mêlées de tendresse, de tristesse et de jalousie (sans mots, nous contemplons le visage jaloux et blessé de Caitlin quand Crockett reçoit un coup de fil d’une femme lui fixant rendez-vous). La qualité principale de cet épisode réside dans la manière dont le doute est distillé quant à l’identité de l’assassin. A chaque femme que rencontre Crockett, on se demande si le beau blond va se faire tuer. D’autant qu’elles ont toutes quelque chose de bizarre (une Lori Petty en porte-jarretelles adepte du sex toy et une blonde avec des muscles). Entre les moments de suspense, les scènes de couple Crockett / Caitlin viennent détendre l’atmosphère (quoique…). On apprécie particulièrement l’ambiance nocturne inquiétante, rappelant celle des films noirs. Finalement, on découvre qui est le tueur et même si on ne s’en doutait pas, on avait une petite idée quant à son identité (son nom est inscrit en début de générique mais on la voit seulement vers la fin). Enfin, un détail qui sera sans doute plus dérangeant de nos jours : le tueur est une personne mentalement dérangée suite à un changement de sexe (l’épisode ne le dit pas clairement mais le sous-entend). Les transgenres actuels apprécieront. Autres temps, autres visions des mœurs. Hormis cette maladresse, cet épisode figure parmi les plus réussis de cette 4ème saison. Anecdotes :
12. LA SOURCE DE VIE Scénario : Ed Zuckerman - Réalisation : Vern Gillum Résumé : Sur le point d’arrêter une femme transportant de la drogue dans un ranch, Crockett, Tubbs et Switek découvrent un Texan inanimé au sol. Tout près de lui se trouve une sorte de container qu’ils prennent pour une bombe. L’explosif n’en est pas un : il s’agit d’un précieux échantillon de sperme bovin. Le container du Texan, Calvin Teal, intéresse particulièrement l’agent Timothy Anderson du Département de l’Agriculture. Cette semence permettait aux Etats-Unis de détenir les premières « vaches miniature » ! Mais des agents secrets cubains, menés par le redoutable Rojas, veulent aussi mettre la main sur le container de semence pour devancer les USA. Anderson demande à l’équipe de Castillo de piéger Rojas en utilisant l’indicateur Izzy Moreno, subitement au centre de l’affaire… Critique : Deux flics à Miami se réclame ouvertement d’une filiation avec le western. Quoi de plus naturel dans un pays qui s’est construit à la force du colt et des grands propriétaires terriens. Cette référence au western se manifeste à l’écran parfois de façon très nette (Le vieux, 3ème saison, 7ème épisode) mais aussi au travers de métaphores plus subtiles (la Ferrari et le hors-bord de Crockett, avec leurs chevaux super puissants sous le capot, évoquent immanquablement les cowboys, voire les diligences). Dans cet épisode, on sent clairement une volonté de se faire plaisir en pastichant quelques grands classiques comme La chevauchée fantastique (au début avec les vaches illustrées par un thème musical typiquement western), Le bon, la brute et le truand et Les 7 Mercenaires (tous deux réarrangés musicalement et sonnant un rien karaoké). Le problème se situe au niveau du scénario, très improbable et franchement ridicule (la lutte entre les Américains et les Cubains pour contrôler la production de vaches miniatures via du sperme bovin rare. Oui, vous lisez bien…). A ce scénario vient se greffer une vague histoire d’escroquerie qui conclut le récit de manière plutôt poussive. Seule « qualité » : un épisode entièrement construit autour de l’indicateur Izzy Moreno, délicieusement ringard et pathétique dans son rôle d’intermédiaire entre les Yankees et les Cubains. Mais si ce personnage vous horripile, passez votre chemin… La comédie n’est pas la principale qualité de la série, loin de là. Une poignée d’autres épisodes avait déjà tenté leur chance dans le genre. Il reste que le drame et les références au Film Noir donnent toute leur force et leur identité à la série. A la décharge des producteurs, essayer de changer de ton peut se révéler louable. De là à s’acharner quand le produit de base n’est pas léger et totalement ridicule… Malgré ces défauts, on n’arrive pas à détester cet épisode car il s’en dégage un petit quelque chose de sympathique, sans doute dû au fait que l’ensemble ne se prend pas au sérieux et assume son côté foutraque. C’est déjà ça. Reste que cet épisode figure parmi ceux à oublier. Anecdotes :
Scénario : John Schulian - Réalisation : Randy Roberts Résumé : L’équipe du Lieutenant Castillo opère une descente dans un train très particulier où des prostituées assouvissent les besoins de leurs clients. Plusieurs d’entre eux s’enfuient mais Crockett et Tubbs arrêtent l’un d’eux, le pantalon sur les genoux. A la surprise de Tubbs, il s’agit de Tom Pierce, candidat au poste de Gouverneur de Floride et qu’il avait vu à la television plus tôt dans la soirée. Le lendemain, le substitut du procureur et le responsable de campagne de Pierce arrivent au commissariat. Ils font clairement pression sur Crockett et Tubbs pour que cette histoire soit étouffée, au mécontentement de Castillo. Peu après, Switek prend en photo un certain Barry Bloom, un homme de main de Pierce spécialisé dans le “flinguage” de la campagne des concurrents. Crockett et Tubbs décident d’enquêter sur Pierce et découvrent des éléments peu reluisants… Critique : A l’heure où s’affrontent les Hillary Clinton, Donald Trump et autres Ted Cruz, Bernie Sanders, … ; cet épisode résonne dans une sorte d’écho temporel finalement pas si lointain. Ici, pas question de candidats à l’investiture pour le poste suprême de Président des Etats-Unis. A la place, des politiciens locaux qui briguent celui de Gouverneur de Floride. Dès le début, le ton est donné : Tubbs regarde le speech de Tom Pierce, un politicien mou selon Crockett. Ce dernier s’amuse ensuite à le singer dans une scène très marrante, suivie peu après par une autre, encore plus drôle : les flics tombent nez à nez avec le politicien, en train de s’enfuir pantalon sur les genoux. Outre l’allusion aux mœurs dépravées de certains hommes politiques qui se gargarisent des mots « famille » et « honnêteté », l’histoire aborde sans détours la question des relations entre presse et monde judiciaire, entre presse et politique et entre presse et prostitution. Les journalistes ne jouent pas toujours un rôle très net en suivant les candidats en campagne, à l’affût du moindre scoop, quitte à utiliser le chantage quand il s’agit d’une affaire compromettante. Ici, le scénario choisit une pirouette pour justifier le comportement de l’homme de presse : le journaliste Hank Frazier a des dettes de jeux et doit bien se faire du fric rapidement pour les rembourser (on notera que le journaliste cultive une curieuse ressemblance avec Calderone, l’ennemi juré de la 1ère saison). Ensuite, les ordonnateurs des basses œuvres (ici Barry Bloom) jouent un rôle obscur en coulisses, se servant des prostituées pour coincer les concurrents politiques, voire du meurtre. Le récit passe assez vite sur cet aspect, sans doute en raison de son côté trop dérangeant. A la place, il se focalise sur le journaliste qui finit par apparaître comme un bouffon. L’épisode montre aussi combien les policiers peuvent, eux aussi, subir des pressions de la part de politiciens soucieux de cacher leurs petits secrets inavouables. Plus encore, nous assistons à l’étrange connivence qui peut lier politique et système judiciaire. A cet égard, un échange entre Crockett, Tubbs et la Procureur Sarelli est lourd de sens : celle-ci leur dit que Pierce n’a pas commis de crime et que le « système est cohérent. Il s’agit de choisir qui on poursuit. » Crockett lui rétorque, fort à propos : « Ou qui on protège. ». Pis, à la fin, les deux flics la retrouvent au meeting électoral de Pierce qui leur lance : « Parfois, l’idéalisme peut faire plus de mal que de bien ». Outre la critique acerbe des milieux politiques, le récit conclut par un ton désenchanté : les politiques ne sont jamais là quand on a besoin d’eux, clame Crockett. Et finit sur un ton cynique mêlé de désillusion et d’impuissance. Enfin, sur le plan visuel, on constate avec étonnement que les tons pastel et bleutés disparaissent, ainsi que l’esthétique art déco pour laisser place à un léger brouillard blanc, presque terne qui enveloppe chaque image. Comme si la marque de fabrique « Vice » s’effaçait au profit de la critique du système politique. A ce sujet, les tenues de Don Johnson sont assez « éloquentes » : veston gris et teintes neutres. Rien qui puisse perturber l’œil du spectateur pour le laisser pleinement se concentrer sur la vision édifiante du système politique et judiciaire américains. Un épisode intelligent et très intéressant, plutôt au-dessus de la moyenne, à défaut d’être totalement marquant. Anecdotes :
Scénario : Peter Lance - Réalisation : Bill Duke Résumé : Un proxénète et sa prostituée font chanter des clients en menaçant de divulguer les photos contre rançon. Le couple s’en prend à un certain Ernesto Guerrera. Sans attendre, ce dernier les tue de sang froid. Crockett et Tubbs enquêtent sur le meurtre. Très vite, les indices remontent vers Guerrera. Mais pas moyen de le coincer : un agent fédéral le protège dans le cadre de la guerre que livre la justice américaine aux trafiquants de cocaïne. En réalité, Guerrera est un chef de la police chilien poursuivant d’autres plans. Il est venu à Miami pour s’y faire livrer un important stock d’armes dont les fameuses “balles de baseball de la mort”. Crockett redouble d’efforts pour mettre fin aux agissements du criminel… Critique : Après les épisodes Bon Retour (2ème saison, 10ème épisode) et Le Sauvage (3ème saison, 15ème épisode), le spectre de la guerre du Vietnam plane à nouveau dans cette histoire aux accents politico-économiques. Le titre fait directement référence aux bombes à fragmentation, notamment celles utilisées pendant le conflit vietnamien, critiquant au passage l’armement de régimes dictatoriaux par les Etats-Unis. Crockett l’évoque dans une scène : « Les Vietcongs les utilisaient et les appelaient bombinettes. » Autre aspect intéressant : la critique des régimes totalitaires via la figure antipathique du chef de la police chilienne, Ernesto Guerrera, sadique et méchant en titre de l’épisode. Derrière son côté taciturne se cache un sociopathe froid et cruel que l’on devine friand de la pratique de la torture. A nouveau, les policiers de Miami doivent composer avec les mesures de protection pas très nettes des agents du Gouvernement : le FBI protège Guerrera pour de sombres arrangements politiques (cf. Un œil de trop, 1ère saison, 7ème épisode avec Bruce Willis). L’histoire commence sur le meurtre d’un petit proxénète sans envergure (Michael Des Barres, délicieux) pour bifurquer ensuite vers le trafic d’armes et la corruption policière. Revoilà plusieurs thèmes souvent abordés auparavant mais que la mise en scène efficace de Bill Duke (le chauve noir de « Predator » avec Schwarzie) parvient à renouveler suffisamment pour maintenir notre intérêt. On relèvera quelques très bons moments dans cet épisode : quand Crockett effectue un contrôle de Guerrera, illustrant par là le combat du bien contre le mal par la tension qui règne entre les deux hommes. Autre bon moment quand le flic corrompu est démasqué par Crockett, Tubbs et Castillo : on sent la différence dans la manière d’appréhender le métier de flic (honnêtes contre corrompus, déjà souligné dès le pilote de la série). Seul bémol, la fin. On aurait préféré un affrontement physique ou par armes à feu entre Crockett et Guerrera. Au lieu de cela, on a droit à une poursuite en bateau, certes bien filmée mais diluant trop la tension qui régnait tout au long de l’épisode. A cet égard, l’impression d’une fin qui débouche sur un pétard mouillé domine. Un épisode intéressant pour sa critique très sombre des marchandages d’armes, des « arrangements » du Gouvernement américain avec des partenaires pas franchement recommandables et sa politique de soutien aux régimes dictatoriaux. Anecdotes :
Scénario : Peter Lance - Réalisation : Leon Ichaso Résumé : Le Lieutenant Castillo se fait passer pour un membre de la Mafia intéressé par l’achat d’une grosse cargaison de cocaïne auprès de Levesque, un important dealer. Lors de l’arrivée d’un hélicoptère avec la drogue, ils se font attaquer et voler par un commando lourdement armé. Durant l’échange de coups de feu, un membre du commando est tué. Castillo découvre qu’il s’agit d’Indien d’une tribu des Everglades, les Miccosukee. De son côté, Tubbs se fait passer pour un étudiant auprès du chef indien de la tribu et découvre que Joe Dan, fils du chef et ancien militaire décoré, serait l’auteur du vol… Critique : Déjà maintes fois abordée dans la série (Le Petit Prince, 1ère saison ; Lombard, 1ère saison ; Le piège, 2ème saison ; La Mission, 4ème saison, ...), la relation conflictuelle entre père et fils trouve une nouvelle illustration dans cet épisode assez réussi. Tout d’abord, le cadre des Everglades n’a pas été souvent exploité dans la série (à part l’épisode Tout ce qui brille, 1ère saison, 9ème épisode et Le Retour du fils prodigue, 2ème saison, 1er épisode), en raison sans doute d’un coût élevé durant les déplacements vers les lieux de tournage (les Everglades sont assez éloignés de la ville de Miami). Ici, on peut pleinement profiter de scènes en extérieurs avec balades en aéroglisseur, tribus indiennes et alligators. L’autre aspect intéressant de cet épisode réside dans la dynamique du duo de flics infiltrés. Traditionnellement centrée sur Crockett et Tubbs, elle change au profit du Lieutenant Castillo et Tubbs. Quant à Crockett qui joue ici un rôle mineur (fait plutôt rare), Castillo le charge de le remplacer à la tête du service. Ce qui fait enrager notre blondinet, lui qui a horreur du travail de bureau et ne se prive pas de l’exprimer par des « J’en ai marre » bien sentis. La structure du scénario joue assez subtilement avec les suppositions du spectateur. Difficile de prévoir la suite dans le sens où on découvre seulement vers la fin les intentions réelles de Joe Dan, ex-militaire et fils du chef de la tribu. Un tantinet militant, le scénario aborde également les frustrations des Indiens à l’égard des Blancs (parqués dans une réserve, vol de leurs terres) lors d’une petite confrontation entre Joe Dan et Tubbs. Le policier noir lui rappelle les cas de désobéissance civile des Afro-Américains et lui rétorque qu’il n’a « pas le monopole de la souffrance ». Pour détendre quelque peu l’atmosphère, une petite romance semble naître entre une jolie indienne et Tubbs. Romance rapidement éclipsée au profit de l’action même si, curieusement, Tubbs ne tire pas un seul coup de feu durant tout l’épisode, preuve que la violence n’est pas forcément nécessaire. Enfin, on apprécie particulièrement le travail de la direction de la photographie sur les couleurs, privilégiant les éclairages vert et rose lors des scènes de nuit. Ce travail sur la lumière crée une ambiance très particulière, à la fois inquiétante et figée, rappelant celle des meilleurs épisodes des deux premières saisons. Les scènes d’action sont également très réussies, en particulier au début lors de l’attaque des trafiquants de drogue par des commandos (on pense évidemment aux tenues de Predator, filmé à la même époque, avec Arnold Schwarzenegger). Seul bémol, la scène finale où le fils et le père indien s’opposent dans un appartement chic au dernier étage d’un immeuble. Trop longue et trop bavarde, la scène n’apporte rien de neuf par rapport aux précédents conflits de générations abordés dans la série. Elle tire trop sur la corde « papa autoritaire qui veut le bien de la famille contre fiston rebelle et avide de pouvoir ». On a la nette impression que les scénaristes ne savaient pas trop comment finir l’histoire. Cela se termine mal, comme souvent. Du reste, l’épisode retient l’attention par la présence plus importante de Castillo (très crédible en inquiétant dealer) et le cadre magnifique des Everglades, trop rarement montré dans la série et qui nous change du côté urbain de Miami. Anecdotes :
Scénario : Jack Richardson - Réalisation : Jim Johnston Résumé : Sous l’identité de Burnett et Cooper, Crockett et Tubbs ont rendez-vous avec Palmo, un gros trafiquant de drogue. Ils se font passer pour des génies de la finance, capables de faire circuler librement des capitaux provenant de la drogue. Palmo leur propose de les héberger chez lui, le temps de régler quelques affaires. En parallèle, la police enquête sur une série de meurtres bizarres : des jeunes filles sont retrouvées mortes d’overdose, maquillées et abandonnées dans des ruelles sombres. A leurs côtés, une poupée. La police soupçonne Palmo et ne le lâche plus. Furieux, le trafiquant propose une trêve aux autres gangsters en échange de la tête du mystérieux « tueur à la poupée ». Crockett découvre qu’il s’agit de Delgado, un des patrons du crime organisé présent lors de la trêve. Mais ce dernier est également son contact au sein de la pègre et il connaît sa vraie identité et celle de Tubbs… Critique : Dans cet épisode qui évoque les relations au sein de la pègre menacées par un mystérieux tueur en série, les scénaristes ne se sont vraiment pas foulés. Ils reprennent le scénario du classique M le Maudit (1931) de Fritz Lang quasiment sous forme de « copier / coller » (la série nous avait déjà fait le coup durant la 3ème saison avec l’épisode L’avion (17ème épisode) où Tubbs reprenait le rôle de Gary Cooper dans le western Le train sifflera trois fois). Un tueur d’enfants sévit dans une ville et compromet les affaires de la pègre locale en attirant trop l’attention de la police. Les truands décident de retrouver le tueur et d’appliquer leur « justice ». S’ensuit une chasse à l’homme impitoyable qui met de côté les rivalités au sein des divers gangs. Ici, même principe, à part que Crockett et Tubbs, pour changer, se retrouvent « prisonniers » d’un trafiquant avec qui ils font affaire. Ce dernier leur propose de vivre dans sa somptueuse demeure (avec tous les avantages : femmes, nourriture, boissons, …) en attendant que ses affaires se règlent. En parallèle, la figure du « tueur à la poupée » prête plutôt à sourire. On comprend rapidement qu’il s’agit d’un dédoublement de personnalité via le ton « voix normale / voix de poupée » que prend l’acteur. Par répétitions, le thème musical de Jan Hammer parvient à créer un peu d’angoisse, par des sonorités qui donnent un peu plus de consistance au tueur. Celui-ci fait d’ailleurs penser au comique Pee Wee mais en « version pédophile ». Curieusement, ce tueur d’adolescentes avait quelque chose de prémonitoire et de profondément malsain, annonçant l’affaire Dutroux en Belgique en 1996. Du reste, le réalisateur Jim Johnston (auteur d’autres épisodes pas terribles) n’arrive jamais à créer une véritable tension dans sa mise en scène. Certes, le montage est rythmé et sans temps morts mais la platitude domine. On n’est jamais effrayés, ni vraiment pris dans l’histoire. La figure du gangster de l’épisode nous fait également bien rire : Ramy Zada n’a aucun charisme et joue particulièrement mal, surtout durant ses discours). Enfin, le suspense, qui aurait pu naître du fait que le tueur connaît la double identité des policiers, retombe comme un soufflé dans les dernières scènes. Si une ambiance malsaine plane, du fait que chacun a peur que l’autre découvre son secret (Crockett et sa couverture, le tueur « indic » des flics), on a droit à une banale plaidoirie de Crockett pour défendre « son » client, soulignant son incapacité à maîtriser ses pulsions (merci, on avait déjà compris au début de l’épisode). La toute dernière scène achève d’enterrer vu son côté foncièrement ridicule et grotesque. De bonnes idées mais peu ou mal exploitées. A part le fait - plutôt rare pour être souligné – que Crockett et Tubbs n’ont ni armes, ni Ferrari ; le reste est décevant. Anecdotes :
17. LE MESSAGE DE L’AU-DELÀ Scénario : Michael Duggan - Réalisation : Virgil W. Vogel Résumé : Issu d’une famille fortunée, Alan Beaks a mal tourné le jour où il a violé une jeune afro-américaine, Ellen Mason. Après avoir purgé une courte peine de 20 mois malgré les 30 ans de prison requis par la Justice, il veut à tout prix démontrer qu’il est un exemple de réussite du système judiciaire américain. Lors d’un show télévisé, Beaks exprime son désir de se faire pardonner par sa victime. Quand l’affaire a été jugée, Trudy Joplin s’était occupée d’Ellen Mason. Depuis la remise en liberté du violeur, la policière assure sa protection. Pour ne rien arranger, la presse s’acharne sur la victime, avide de la confronter à son agresseur durant une grande scène de réconciliation. Pire, Ellen reçoit des coups de fil répétés et menaçants de Beaks. A bout de nerfs, la jeune femme engage un mercenaire pour supprimer son agresseur… Critique : On pensait que l’épisode précédent (La loi du milieu, lire plus haut) et celui avec les OVNI (Les heures difficiles, 4ème saison toujours, 7ème épisode, lire plus haut aussi) figuraient parmi les plus mauvais. Eh bien non, il y a plus mauvais encore dans cette histoire de victime de viol face à son agresseur en quête de rédemption. Le scénario ne fonctionne pas à plusieurs niveaux. Tout d’abord, le comportement de Trudy Joplin n’est pas cohérent du tout. En protégeant Ellen Mason, la victime du viol, elle se laisse complètement emporter par ses émotions, quitte à devenir une furie hystérique. Pas professionnel. Ensuite, la victime ne dégage aucune sympathie chez le spectateur. On ne ressent pas sa détresse, ni ses angoisses, l’actrice en fait des tonnes et devient même carrément antipathique. Quant au violeur Alan Beaks, il a tout du guignol de bonne famille, ridicule au possible. Limité dans son jeu, l’acteur se contente de faire la moue ou d’afficher un sourire carnassier ; soit le minimum syndical. Si l’histoire se relance un peu avec l’introduction d’un mercenaire payé par la victime pour liquider son violeur, l’ensemble dégage tout de même une impression d’immense gâchis. Enfin, on a connu un Jan Hammer plus inspiré (son travail sur cette 4ème saison n’offre pas ou peu de thèmes nouveaux et souvent insérés en bouche-trou musical). Si le thème principal accompagne bien les moments d’angoisse de la victime et rappelle le grand Bernard Herrmann dans Psychose, la musique qui clôt l’épisode a tout du téléfilm de série B ringarde diffusé par La 5 à la fin des années 80. De fait, cet épisode a très mal vieilli sur le plan visuel. Cela dit, il y a quand même deux aspects positifs qui retiennent l’attention. Primo, la critique de l’acharnement des media, présentés comme des vautours assoiffés de scoop, quitte à « violer » l’intimité des victimes. Deuxio, la critique du système judiciaire américain sur lequel les victimes ne peuvent compter. A deux reprises durant l’épisode, cela donne lieu à un échange débouchant sur un moment dérangeant : tout d’abord, Tubbs demande à Crockett ce qu’il ferait si sa femme avait été violée, sachant que le système judiciaire ne fait pas ce qu’il faut. Froissé, « Blondin le magnifique » ne lui répond pas, laissant apparaître une certaine colère générée par l’outrecuidance de son coéquipier. Ensuite, la victime de viol demande à Tubbs comment il aurait réagi si sa femme avait été violée. Il lui répond : « Je n’enfreindrais pas la loi. » Sans détours, elle lui rétorque : « Je ne vous crois pas. » Et là surprise, le policier ne sait plus quoi lui répondre (on serait tentés de la croire quand on voit, au début de la série, comment Tubbs se venge, par tous les moyens, de la famille Calderone, responsable de la mort de son frère, sa femme et son fils). Mais ces critiques ne sont abordées que superficiellement et auraient mérité un traitement plus approfondi, par exemple via l’intervention d’un avocat du Ministère public ou d’un magistrat qui nous auraient fait connaître leur position au sujet des défaillances du système judiciaire. Du reste, on ne peut que partager l’avis du Lieutenant Castillo à la fin de l’épisode quand il déclare à son équipe : « Vous avez été en-dessous de tout dans cette affaire. Vous avez laissé vos émotions prendre le pas sur vos décisions. J’attends de vous un comportement professionnel. Si cela ne se produit pas, j’attends vos demandes de mutations sur mon bureau demain matin. » La caméra passe alors sur le visage figé de chacun, Crockett y compris. La scène finale où Ellen répond au téléphone achève de ridiculiser cet épisode. Depuis le début d’ailleurs, on se dit : « Mais pourquoi n’as-tu pas changé de numéro de téléphone ? Comme ça, tu auras la paix. Pour un moment du moins. » Un ratage intégral. Anecdotes :
18. L’INSIGNE DÉSHONNEUR Scénario : Michael Duggan & Peter Lance, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : Richard Compton Résumé : Lors d’un deal avec des trafiquants, Tubbs échappe de peu à la mort. Une brigade spéciale d’intervention de la police débarque et tire sur tout le monde. Les flics du SOS (Special Ops Squad) tuent plusieurs trafiquants et repartent en volant l’argent et la drogue. Castillo contacte le Lieutenant Dominguez, responsable de l’unité spéciale, et le prévient : il y a une fuite au sein de son département. Crockett et Tubbs découvrent que Montana Stone, chef sur le terrain de la SOS, serait la « taupe » à l’origine des attaques… Critique : Après le fiasco des deux précédents épisodes, on retrouve enfin une histoire meilleure, à défaut d’être originale. La série évoque une fois encore le thème de la corruption policière, souvent traité depuis le début et déjà présent dans le pilote. Ici, le scénario recycle celui d’un autre épisode de la 3ème saison : Coucou, qui est là ? (21ème épisode). A nouveau, on retrouve une femme à la tête d’une unité spéciale qui vole les dealers, sans se soucier de la sécurité des « vrais » policiers en infiltration. Evidemment, la flic se retrouve prise en étau. En cela, Deux flics à Miami confirme son approche machiste de la place des femmes dans univers policier. Quand elles sont dans un rôle de pouvoir, elles ne font jamais long feu. Ce qui n’arriverait jamais au Lieutenant Castillo ou à Crockett. Rien de vraiment neuf. L’élément le plus intéressant de l’épisode réside dans son approche des SDF : comme elle l’explique à Tubbs en leur présence, la femme flic a utilisé l’argent sale de la drogue pour leur acheter un terrain, des couvertures, un abri, de la nourriture ; dépensant sans compter pour leur bien-être. Si de l’argent sale peut servir à faire le bien, alors tant mieux selon elle. Dans les deux premières saisons, la série montrait souvent nos flics dans des décors d’immeubles abandonnés ou en piteux état. Ici, c’est la première fois qu’elle montre clairement la pauvreté et les laissés pour compte du système américain, hormis les réfugiés haïtiens dans l’épisode Il y a des jours comme ça (1ère saison, 17ème épisode). Loin du glamour, du train de vie luxueux des trafiquants et de leurs demeures extravagantes ; cet épisode nous plonge au cœur de la crasse, dans ce campement situé dans un port sale et brunâtre. Même si cela n’est pas sa marque de fabrique, plutôt branchée « bling bling », la série osait parfois prendre des chemins de traverse et montrer la détresse humaine et sociale. Du reste, la critique ne va pas bien loin, se contentant de montrer la misère par quelques figurants en haillons et l’intervention d’une femme « providentielle », utilisant des moyens malhonnêtes pour leur venir en aide. Malgré tout, cet épisode retient l’attention par le rôle plus important qu’il donne à une femme forte ainsi qu’à Tubbs (trop souvent effacé au profit de Crockett). On apprécie particulièrement la toute première scène de l’épisode (avant le générique), rythmée et angoissante, lorsque Tubbs se fait attaquer et manque de perdre la vie. Par contre, les flics ripoux restent relégués au rang de caricatures tout en montrant que la corruption n’a pas de couleur de peau. A ce sujet, Castillo évoque un élément réel : au début des années 80, les émeutes sanglantes de MacDuffie ont ravagé la ville. Suite à l’arrestation d’un homme noir, battu à mort par des policiers blancs (à l’issue du procès, ces derniers ont été acquittés), la ville de Miami fut ravagée par les flammes et la violence. A la suite de quoi, la police fut contrainte d’engager des policiers issus des minorités afin de mieux représenter les différentes couches de la population. Hélas, certains d’entre eux succombèrent à l’argent facile qu’offraient le trafic de drogue et la corruption. Plusieurs furent tués lors de règlements de compte avec les criminels ou finirent derrière les barreaux. Ce qui eut pour conséquence de donner tort à ceux qui pensaient que les minorités feraient mieux que les Blancs. Comme le dit Crockett avec cynisme : « Qu’il soit bleu, vert ou jaune, un flic ripou reste un flic ripou. » A défaut de proposer du neuf, voilà un épisode de bonne facture et plutôt habile dans sa faculté à recycler de précédentes histoires. En somme : variations sur le même thème. Anecdotes :
19. DES ROSES ET DES LARMES Scénario : Robert Palm, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : George Mendeluk Résumé : Gina assiste incognito à une reception donnée par un certain Wilson Cook, propriétaire d’une fabrique de pâtes. Arrive le gangster Frank Mosca. De retour à Miami, celui-ci se sert de Cook pour blancher l’argent sale de ses nombreux trafics. Selon Castillo, il semble y avoir assez d’éléments pour que Gina continue son travail d’infiltration en approchant Mosca. Cela semble d’autant plus facile que le truand lui manifeste une attention particulière. Jusqu’où ira Gina pour réussir sa mission ? Critique : Dans cette sorte de suite et fin de l’épisode qui ouvre la saison (Parodie de justice, lire plus haut), nous retrouvons le gangster Frank Mosca. Cette fois-ci, c’est Gina aux commandes comme flic infiltré. Sa mission la force, malgré elle, à avoir une relation sentimentale avec le mafieux. Relation qui débouchera sur un viol. Si la scène n’est pas explicitement montrée, on ressent pourtant toute la détresse de la femme flic lors de la scène suivante quand Gina expose froidement à ses collègues ce qu’elle a subi. En 1988, l’épisode avait choqué. Aujourd’hui, il a vieilli. Autres temps, autres mœurs, autres représentations de la violence à l’écran. L’essentiel de l’intrigue n’a pas vraiment d’importance d’ailleurs, le principal atout de l’épisode réside dans son méchant, Frank Mosca. Après avoir abattu un homme de main, sans sourciller, dans le tout 1er épisode de cette 4ème saison, tout le corps du récit s’articule autour de sa personnalité : Stanley Tucci apporte une dimension particulière au gangster qu’il incarne, tout comme Kevin Spacey en Mel Profitt dans Un flic dans la Mafia, tourné la même année. Tour à tour séducteur, charmeur, cruel, sans pitié et menteur. Crockett met d’ailleurs Gina en garde en qualifiant Mosca de psychopathe sadique. Si le gangster ne nous est jamais sympathique, oscillant entre le fascinant et le répugnant ; la question nous taraude de savoir comment il va s’en sortir. Ce sera révélé dans une scène finale décevante où Gina joue à nouveau les Charles Bronson (cf. la fin des épisodes Si peu qu’on prenne, 1ère saison, 10ème épisode et Le Prix fort, 2ème saison, 8ème épisode). Point positif, il redonne un peu la vedette aux femmes flics, plutôt délaissées - il faut le souligner - dans cet univers macho. Du reste, un épisode plutôt moyen. Anecdotes :
Scénario : Dick Wolf - Réalisation : Donald L. Gold Résumé : Crockett et Tubbs ont rendez-vous la nuit avec un gang de Colombiens pour échanger de la drogue contre 100.000 dollars. L’affaire tourne mal et s’ensuit un échange de coups de feu. Le chef du gang s’enfuit en voiture avec sa petite amie. Les policiers les poursuivent et Crockett finit par abattre le dealer avant que la petite amie ne s’empare de son arme et lui tire dessus. Gravement blessé, Crockett est emmené de toute urgence à l’hôpital où ses collègues veillent à son chevet. Morts d’inquiétude et dans l’attente du résultat de l’opération, ils se souviennent de plusieurs moments vécus ensemble… Critique : Curieux épisode que cette « balle pour Crockett ». En gros, cela se résume à une enfilade de flashbacks, pas toujours opportuns, de plusieurs moments emblématiques de la série depuis ses débuts. A tour de rôle, chaque personnage de l’unité de police se remémore plusieurs moments et événements marquants vécus avec Sonny Crockett, entre la vie et la mort après s’être fait tirer dessus par la petite amie d’un dealer colombien. Les références au passé commencent dès la scène d’ouverture avec Crockett et Tubbs marchant dans la nuit, au son de In the Air tonight du chanteur Phil Collins, comme à la fin du pilote. Cela commence par Crockett qui se remémore la venue d’Evan Freed sur son bateau dans l’épisode Evan (1ère saison, 21ème épisode), suivi par la visite de Crockett à un détenu en prison au début de l’épisode Une belle prise (2ème saison, 19ème épisode) pour finir à nouveau sur Evan (la scène finale où Evan se sacrifie pour sauver Crockett). L’idée étant d’illustrer trois moments vécus par Crockett où il a échappé de peu à la mort. Vient ensuite le tour de Gina. Elle se souvient d’un moment romantique sur le bateau de Sonny dans l’épisode Le borgne (1ère saison, 6ème épisode. Puis ce sont les souvenirs de Tubbs , l’épisode lui réserve une grande partie des flashbacks en raison de proximité avec son coéquipier : la scène où le frère de Tubbs se fait tuer dans le pilote, suivie par celle où Crockett embrasse sa femme Caitlin à la fin de La vedette du rock’n’roll - 2ème partie (4ème saison, 9ème épisode, lire plus haut) et surtout, la première rencontre avec Crockett dans l’épisode pilote, lors de la poursuite de nuit entre hors-bord et voiture de sport, débouchant sur un échange de coups de poings. Plutôt avare en paroles et en actes, Castillo se remémore la récente affaire où Sonny se sentait coupable d’avoir tiré sur un enfant (Les grandes questions, 4ème saison, 5ème épisode, lire plus haut) et où le Lieutenant de police dit qu’il tient à lui (une scène assez émouvante). Puis retour à l’action avec Tubbs avec la scène de poursuite en hors-bord au début de Et alors, on est sourd ? (3ème saison, 18ème épisode), moment qui tombe assez à plat par son côté hors de propos (sans doute placé là pour contenter les beaufs avides d’action et peu sensibles aux moments émouvants). L’épisode passe alors à Trudy qui voit en Sonny un as du volant et un coéquipier protecteur lors de la poursuite en voitures au début de La combine (2ème saison, 4ème épisode) se terminant par la mort d’un malfrat abattu par Trudy. Retour au réel avec l’inénarrable Izzy Moreno, très attristé par l’état de Sonny et se souvenant de la scène du début de Qui vivra verra (2ème saison, 2ème épisode) où l’indicateur tente de persuader un comptable de la police de ne pas saisir la Ferrari du policier. Ensuite, les flashbacks fonctionnent par association d’idées : Switek/perfusion et Tubbs/avion. En effet, Switek, voyant la perfusion dans le bras de Crockett, se remémore l’aiguille dans le bras de son coéquipier mort Larry Zito à la fin de l’épisode La loi du ring – 1ère partie (3ème saison, 12ème épisode. Enfin, Tubbs se rend dans un aéroport privé pour arrêter celle qui a tiré sur son partenaire et, voyant un avion passer au-dessus de lui, se souvient de la scène de fusillade finale en avion dans Y a pas de sot métier (1ère saison, 15ème épisode). Pas fin mais cela fonctionne au montage. Dernière salve de flashbacks avec un patchwork de scènes de poursuites en bateau, en voiture et de nombreuses explosions et fusillades, issues des saisons 1 à 4 (on retrouvera une scène similaire dans le générique final du tout dernier épisode : La dernière aventure). Cette enfilade de scènes, malgré son côté parfois brouillon, nous fait malgré tout apprécier l’atmosphère de fraternité se dégageant de cet épisode. On sent les relations d’amour et d’amitié très fortes entre les personnages et surtout, l’attachement que chaque membre de la police des mœurs de Miami se porte, comme dans une famille. Enfin, c’est l’occasion de revoir quelques grands moments de la série. Anecdotes :
21. DÉLIVREZ-NOUS DU MAL Scénario : David Black, Michael Duggan & Robert Palm, d’après une histoire de Dick Wolf - Réalisation : George Mendeluk Résumé : Un couple et sa nièce sont froidement abattus par des cambrioleurs dans une villa cossue de Miami. Sonny Crockett enquête sur l’affaire et soupçonne le truand Hackman d’être l’auteur des meurtres. Un an plus tôt, le policier était persuadé de son innoncence et avait réussi à le faire libérer. Depuis, le truand a poursuivi ses braquages meurtriers. Dans le même temps, Caitlin attend avec impatience le retour de son mari Sonny pour lui annoncer une grande nouvelle… Critique : Suite directe de Pardonnez-nous nos offenses (3ème saison, 11ème épisode), situé un an plus tôt, cet épisode utilise à nouveau une référence au religieux dans son titre. Nettement moins marquée que dans sa « première » partie, celle-ci se retrouve essentiellement dans le chapelet qu’Hackman donnait à Crockett à la fin de ce précédent épisode. Pour boucler la boucle, Crockett la lui rend à la fin de celui-ci. On peut voir un bref instant de panique sur le visage du truand, comme si, sans le dire, le message adressé était : « Dieu se venge ». Si on compare cette suite à l’épisode de la 3ème saison, cette « suite » se révèle d’un niveau inférieur. Pardonnez-nous nos offenses jouait habilement avec nos nerfs, en multipliant les fausses pistes et le doute dans un climat quasiment mystique. Ici, l’essentiel du scénario tourne, à nouveau, autour du thème de la vengeance. Crockett le dit à Tubbs sous cette forme : « Quand j’ai vu Hackman, je n’ai jamais rien voulu d’aussi fort. » Et malheureusement pour lui, obsédé par l’arrestation du criminel, le policier ratera une information essentielle : sa femme était enceinte avant d’être assassinée par Hackman. Encore une fois, Crockett voit sa vie amoureuse se transformer en tragédie, son job étant la conséquence directe de cette impossibilité de vivre un amour stable et heureux même si les précédents épisodes pouvaient le laisser croire. Evidemment, comme Crockett, nous sommes furieux et terrassés par ce qui lui arrive (les scènes où il cuve son whisky en refusant l’aide de Tubbs sont bouleversantes). Nous ne pouvons qu’adhérer à son désir de vengeance. A ce niveau, le scénario joue sans détours la carte de l’auto-justice, pas d’ambiguïté à la « Inspecteur Harry ». On retiendra encore une représentation très crue de la violence domestique : dans les scènes où un complice d’Hackman bat sa compagne en invoquant des prétextes futiles comme de la bière tiède (l’autre épisode qui ne faisait pas dans la dentelle en matière de violence domestique figurait aussi dans cette 4ème saison : Les grandes questions, 5ème épisode, lire plus haut). Du reste, on ne s’ennuie pas, les scènes de fusillade sont très palpitantes et l’ensemble dégage une efficacité rappelant les grands moments de la « Vice » atmosphère des débuts de la série (danger de mort, scénario sombre, musique de Jan Hammer parfaitement en osmose avec le visuel, …). Bref, une suite moins réussie mais un excellent épisode au final. Anecdotes :
Scénario : Robert Palm & Daniel Sackheim, d’après une histoire de Nelson Oramas et Daniel Sackheim - Réalisation : Richard Compton Résumé : Après la perte de sa femme Caitlin, froidement abattue par le truand Hackman; Crockett repart en mission d’infiltration. A bord d’un bateau, il doit servir d’intermédiaire entre les trafiquants de drogue, Alejandro Gutierrez et les hommes de Miguel Manolo. Mais Gutierrez entend bien régner en maître sur le trafic de drogue à Miami et éliminer la concurrence. Il pose une bombe et s’enfuit en hors-bord avant que le bateau n’explose. Peu après, Crockett se réveille. Souffrant d’une amnésie temporaire, le policier pense désormais être son alter-ego Sony Burnett, trafiquant de drogue ambitieux et tueur sans pitié… Critique : Cet épisode qui clôture l’avant-dernière saison retourne également aux sources de la série en retrouvant la « Vice » atmosphère (musique lancinante de Jan Hammer, couleurs magnifiques surtout durant les scènes de nuit, ambiance sombre à souhait, méchants inquiétants et charismatiques, montage hypnotisant). Dès le début, nous sommes emportés dans cette histoire a priori banale (accident, perte de mémoire, retour à la normale) qui parvient habilement à nous mettre les nerfs en pelotes. La mise en scène de Richard Compton laisse planer le doute en permanence sur le comportement de Crockett. Va-t-il recouvrer la mémoire ou bien est-il vraiment devenu Burnett ? La suite de l’histoire répond en partie à la question qui nous taraude depuis le début de la série : Crockett va-t-il basculer de l’autre côté et devenir un criminel ? Ici, le scénario joue la carte de l’alibi : Crockett ne fait pas les choses sciemment, son psychisme a été atteint et tant qu’il n’a pas recouvré la mémoire, le côté obscur de son personnage prend le dessus, pour le pire. On appréciera un moment très révélateur de l’esprit tourmenté du policier quand il fait ce rêve étrange où, en costume blanc sur la plage et à l’approche de la Cadillac de Tubbs, il découvre ce dernier dans un cercueil au couvercle de verre. Brusquement, Tubbs se réveille et hurle le nom de son coéquipier avant que Sonny ne tombe dans un trou creusé pour une tombe où se trouve à présent son corps dans le cercueil. Puis de se réveiller brutalement. Belle métaphore pour exprimer la mort de ses souvenirs et de qui il était. Plus loin, quand Crockett touche son reflet dans le miroir de la salle de bains, cette scène renvoie directement au trouble identitaire qui le hante depuis l’épisode pilote et au titre original (Mirror image). Par petites touches subtiles, l’histoire nous fait ressentir tout le désarroi du policier. L’autre bonne idée de scénario a été d’avoir fait de Tubbs le « véhicule » de notre attachement pour Crockett. Comme lui, nous sommes inquiets pour Sonny. Comme lui, nous voulons savoir ce qui lui est arrivé, s’il vit toujours et s’il va redevenir comme il était. Nous nous projetons en lui au travers de cette quête de questions hélas sans réponses immédiates, d’où le côté quelque peu frustrant de ce dernier épisode. Les réponses seront donnés dans le double épisode « Les souvenirs », démarrant la saison 5. S’il fallait résumer, en un mot, cet excellent épisode (sans doute parmi les 5 meilleurs de toute la série), sans hésitation ce serait « ambiguïté ». L’épisode baigne entièrement dans une ambiance aux contours flous où rien n’est vraiment net, où tout peut arriver. Crockett comme Tubbs risquent leur vie à chaque moment et en cela, retrouvent le meilleur de ce qui faisait la série à ses débuts. Un must. Anecdotes :
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