Saison 1 Prologue 1 - La Femme Bionique (The Bionic Woman) Prologue 2 - Le Retour de la Femme Bionique (The Return of the Biopic Woman) 1-2. Bienvenue Jaimie (Welcome Home, Jaime) 3. Sauvetage à Costa Brava (Angel of Mercy) 4. Témoin du passé (A Thing of the Past)
PROLOGUE 1 - LA FEMME BIONIQUE Dates de diffusion : 16 et 23 mars 1975 - What exactly is it that Uncle Sam expects in return ? - Well, I guess he wants you to be part of the team. Le colonel Steve Austin, l’Homme bionique, se rend chez sa famille, à Ojai. Il y retrouve Jaimie, orpheline qui fut élevée comme sa sœur et ancienne amour de jeunesse, devenue joueuse de tennis professionnelle. Elle est grièvement blessée lors d’un saut en parachute et Steve demande à Oscar Goldman, chef de l’OSI, d’intervenir pour la sauver. Grâce au Dr. Rudy Wells, Jaimie devient la Femme bionique. Une première mission en commun s’effectue difficilement, du fait d’une défaillance du bras bionique de Jaimie. Il s’avère que son organisme rejette la greffe. Littéralement folle de douleur, Jaimie s’enfuit de l’hôpital, mais Steve parvient à l’y ramener. Toutefois, elle décède peu de temps après, sur la table d’opération. Le double épisode constitue une tentative des plus abouties de développer le personnage de Steve Austin, au-delà de la figure traditionnelle du héros d’action. Kenneth Johnson, auteur fin et talentueux, avait le profil idéal pour cela, lui qui plaça toujours l’humanité de ses protagonistes au cœur de ses séries de Science-fiction, telles L’incroyable Hulk ou V. Certes une aventure demeure présente, installée dès l’introduction afin de ne pas désespérer la partie du public sensible avant tout à cet aspect. Mais les méchants se voient réduits à la portion congrue, se limitant à quelques apparitions presque gratuites en première partie, histoire de rappeler qu’ils sont bien là à comploter vilement. Avant de se voir rapidement défaits dans la seconde, lors d’une péripétie avant tout destinée à dramatiser la défaillance de Jaimie. On goutera néanmoins la savoureuse composition de Malachi Throne en criminel très Renaissance italienne, entre superbes tableaux et vendetta. Un grand spécialiste de ce type de rôles, lui qui fut le succulent Machiavel d’Au cœur du Temps. Mais The Bionic Woman relate avant tout une magnifique histoire d’amour, avec une radieuse première période débouchant sur un drame poignant. Le risque semblait réel de sombrer dans le mélodrame, mais le pari est gagné dès l’apparition de la merveilleuse Lindsay Wagner. Elle apporte une véracité et une sensibilité irremplaçables, irrigant l’ensemble du récit. De même, elle exprime avec éloquence les souffrances d’une Jaimie au cerveau sur le point de rompre. L’alchimie s’installe d’emblée avec Lee Majors, qui lui-même semble se bonifier au contact de sa partenaire. Acteur d’une grande présence mais d’ordinaire surtout orienté vers l’action, il parvient ici à varier son registre habituel. Il se montre notamment très émouvant lors de l’adieu à Jaimie. On aime que la première partie prenne le temps de poser les rapports entre Steve et sa famille (que l’on retrouvera dans Super Jaimie), puis avec Jaimie. La narration des retrouvailles entre deux êtres connaissant une grande solitude, à qui la vie offre une seconde chance, se montre à la fois simple et belle. A notre époque devenue davantage cynique, on pourra y ponter de la naïveté, mais comédiens et dialogues sonnent justes. Surtout, Johnson n’esquive pas la dimension faustienne du pacte passé avec Oscar, qui aura rarement paru aussi sombre que lors de la confrontation avec Steve à propos de réquisition de Jaimie. L’occasion aussi d’une position féministe, quand Jaimie rappelle à Steve que c’est à elle de décider et qu’il n’a pas à parler pour elle. L’éventuel aspect sucré se voit annihilé par l’impact du choc de l’accident et une seconde partie autrement plus sinistre, sans jamais tomber dans le mélodrame. La scène du décès se déroule avec une sécheresse clinique qui nous bouleverse. On comprend et partage aisément la révolte du public d’alors. La mise en scène s’en sort par le haut, compte tenu des moyens limités et de l’époque. On retrouve évidemment les grands identifiants bioniques, comme le bruit caractéristique ou la fameuse course au ralenti pour signifier au contraire une vitesse accélérée, une idée géniale qui aura suscité bien des moments d’amusement dans les cours de récréation (souvenirs souvenirs…). Les superbes paysages naturels de la Californie, bois, lacs et reliefs, se voient habilement mobilisés et la touche 70’s des vêtements, coiffures et voitures se savoure avec plaisir. On apprécie l’astucieuse scène totalement silencieuse où Steve révèle son secret à sa mère, les images du drame se substituant aux paroles. De même, quand Jaimie perd tout contrôle, la réalisation ne cède pas à la facilité d’un affrontement spectaculaire entre les deux héros bioniques, hors sujet ici.
PROLOGUE 2 - LE RETOUR DE LA FEMME BIONIQUE Dates de diffusion : 14 et 21 septembre 1975 - We planned to keep Michael's surgery a secret as long as Jaimie was in a coma, to spare you... Losing her again. Après une périlleuse mission, Steve doit se faire réparer les jambes à l’hôpital de l’OSI. Il a la surprise d’y découvrir une Jaimie bien vivante ! Elle avait été placée in extremis en hibernation, le temps de solutionner ses problèmes. Cela fut caché à Steve pour lui épargner le choc d’une éventuelle seconde issue fatale ! Mais le cerveau de Jaimie a été abimé, elle ne se souvient plus de lui. Steve la ramène à Ojai, mais cela ne provoque que de violentes migraines. Quand une mission est compromise et Jaimie mise en danger à cause des douleurs suscitées par ses souvenirs épars, Steve comprend qu’il lui faut se mettre en retrait, le temps que Jaimie retrouve éventuellement la mémoire. L’impact émotionnel du double épisode s’avère moindre que lors de The Bionic Woman, le valeureux Kenneth Johnson ayant à dédier un temps considérable aux contorsions scénaristiques destinées à justifier le retour de Jaimie (sans Urne d’Osiris), mais aussi à justifier qu’elle et Steve ne puissent plus former un couple. La résurrection ne convainc guère, Johnson ne pouvant qu’avoir recours qu’à des artifices bancals. En soi, l’idée de ne pas vouloir causer de fausses espérances à Steve pourrait passer, mais elle suscite des obstacles logiques. Quid des funérailles, auxquelles on n’imagine pas que Steve ou sa famille n’assistent pas. Oscar est-il allé jusqu’à en simuler de fausses, pour ne pas causer un nouveau chagrin à son agent d’élite ? La farouche volonté de conserver le secret tranche par trop avec l’absence à peu près totale de précautions prises quand Steve et Jaimie séjournent dans le même établissement. Installer le brancard de Steve juste en face de la chambre ouverte de Jaimie paraît assez téléphoné, tandis que le jeu des fortuites visions fugaces de Jaimie se prolonge trop. Johnson a trop à cœur de bien faire et approfondit à l’excès les explications scientifiques, jusqu’à susciter des scènes verbeuses (d’autant que Michel, le médecin sauveur, s’avère d’une remarquable platitude). Les dialogues abondent aussi quelque peu autour de l’amnésie et des souffrances de Jaimie justifiant qu’elle doive s’éloigner de Steve. Mais l’épisode trouve ici son sujet : l’exaltation de la vie, ayant à se poursuivre quels que soient les obstacles rencontrés en chemin. A côté d’un Lee Majors toujours convaincant sur le registre inhabituel chez lui du sentiment, Lindsay Wagner se montre une nouvelle fois bouleversante. Elle apporte toute sa dimension à ce portrait sensible d’une femme traumatisée émotionnellement et physiquement, mais parvenant à trouver le courage et l’abnégation de poursuivre néanmoins sa route, car donnant un sens à sa vie en se dévouant à autrui. Au-delà d’une mise en place fonctionnelle, on trouve ici l’essence du succès de la série à venir, camper Jaimie non via des exploits de super-héroïne, même si le spectacle se verra assuré, mais davantage par sa psychologie et ses valeurs, portées par une actrice idéale. Le sacrifice personnel de Steve y fait joliment écho, lors d’adieux émouvants mais non lacrymaux. Aux côtés du duo vedette, on apprécie la prestation solide de Richard Anderson, mais aussi celle de Martin E. Brooks, d’emblée pertinent dans le rôle de Rudy, malgré l’évident maquillage de ses cheveux. Grand spécialiste du genre, Dennis Patrick esquisse un adversaire grand train avec Carlton Harris, qui sera heureusement développé dans Welcome Home, Jamie. Le tournage bénéficie d’excellentes localisations, comme le campus, parfait écrin pour les allées et venues des retrouvailles, ou l’impressionnant site industriel de la centrale thermique, dont les installations se prêtant à merveille aux bondissants tours de force des héros bioniques. On retrouve également avec plaisir les sites d’Ojai visités lors de The Bionic Woman, avec leur agréable architecture californienne.
1-2. BIENVENUE JAIMIE Date de diffusion : 11 et 21 janvier 1976 - Well, I gotta think about your needs too, Oscar. I mean you got a pretty big investment in your bionic woman here, kiddo. I probably cost as much as Steve did. - Well, not quite six million. I mean, your parts are smaller. Jaimie s’installe à Ojai, dans une maison louée à la mère de Steve. La mémoire lui revient quant à ce dernier, mais pas les sentiments. Entre deux missions pour l’OSI, elle exerce comme institutrice sur la base de l’US Air Force de Ventura. Le magnat Carlton Harris a découvert le secret de Jaimie. A l’instigation d’Oscar, elle accepte de travailler pour lui et de voler des informations afin de gagner sa confiance et de réunir des preuves sur ses activités illégales. Elle va également sympathiser avec le fils de Carlton, l’honnête Donald. Peu diffusée en France, la première partie du double épisode se montre pourtant cruciale, carinstallant véritablement le décor d’une série qui s’émancipe ici de celle dont elle est issue. Steve Austin ne réalise plus qu’une apparition testimoniale, tandis que son relationnel avec Jaimie devient tel qu’il demeurera jusqu’aux téléfilms ultérieurs, essentiellement amical plutôt qu’amoureux. Jaimie s’extirpe enfin d’une succession d’hôpitaux menaçant de devenir monotone (le terne Michel étant heureusement évacué en douceur).Elle s’installe dans le décor de de sa nouvelle vie, entre sa classe de Ventura et sa résidence auprès des parents de Steve. Cette ultime étape de la longue gestation de Super Jaimie aurait pu résulter mécanique et fonctionnelle, C’est tout le contraire qui se produit. Lindsay Wagner sait nous faire partager pleinement cette sensation de renaissance vécue par une Jaimie pleine courageuse et animée d’un inextinguible appétit de vivre. Kenneth Johnson ne néglige aucune scène, chaque rencontre effectuée par Jaimie (élèves, parents adoptifs, Oscar, Rudy…) se voit dialoguée et filmée avec sentiment. Il aère également l’ensemble en recourant aux fameux Pocket Bionics, ces amusantes utilisations des pouvoirs bioniques dans la vie courante, en dehors des missions, très appréciés par le public et qu’il rendra plus fréquents que dans L’Homme qui valait trois milliards. La seconde partie achève la mise en orbite de la nouvelle série, en faisant vivre à Jaimie sa première aventure en solo, sans la tutelle de Steve. On apprécie que Johnson nous montre une Jaimie encore logiquement novice et ne manifestant pas la méfiance de ce vieux routier d’Oscar. De manière particulièrement rafraichissante, elle ne se laissera d’ailleurs jamais happer par la paranoïa propre à l’espionnite et conservera un humour et un allant fort entrainants. Malgré ses pouvoirs et l’univers dans lequel elle a pénétré, Jaimie demeurera toujours une jeune femme normale, vive et gaie, (a girl next door, dirait-on aux USA) et non pas une espionne-aventurière de plus, c’est bien cela qui génère l’originalité et la fraicheur inaltérées de la série, avec l’idéal casting de Lindsay Wagner. L’intrigue demeure en soit assez-partout, mais bénéficie de quelques efficaces retournements de situation. Très astucieusement, Johnson fait en sorte que cela soit le goût du secret d’Oscar qui provoque la chute de la couverture de Jamie, un beau soutien au tempérament moins retors de son héroïne. Dennis Patrick, rompu à l’exercice, apporte toujours de la présence à Carlton, adversaire brillant, mais trop sûr de lui. Son fils suscite un vrai enrichissement de l’histoire, caractéristiquement Jaimie remporte la partie autant grâce au lien de confiance établi avec lui que par ses pouvoirs. La mise en scène demeure alerte et bénéficie de l’agréable arrière-plan californien coutumier de la série. Les multiples rencontres et missions remplies par Jaimie lui valent également une garde robe aussi variée que fort seyante, irrésistiblement 70’s.
3. SAUVETAGE À COSTA BRAVA Date de diffusion : 28 janvier 1976 - I admire your courage, Sommers. I'm not so sure about your brain. Tout en se faisant passer pour une infirmière, Jaimie doit faire équipe avec Starkey, pittoresque et macho pilote d’hélicoptère, afin de sauver l’ambassadeur américain et son épouse au Costa Brava, en Amérique du Sud. Le couple a été pris au piège par l’éboulement d’un bâtiment, alors qu’il évacuait les derniers ressortissants américains face aux progrès de la guérilla contre le pouvoir en place. La mission se complique quand l’hélicoptère devient inutilisable pour le retour. De plus Jaimie tient à ramener le jeune Julio, dont les parents ont été tués par la guérilla. Evidemment, la réalisation souffre d’un évident manque de moyens matériels. Cela se ressent d’autant plus fortement que l’un de ses atouts habituels, l’environnement californien, se transmue ici en handicap, puisque pas un seul instant on ne se croit au sein de cette jungle tropicale dépeinte en début d’épisode. Collines et végétation proclament sans défaillir que nous nous situons bien dans la contrée de Zorro et non du Che. Le nom de Costa Brava ne s’avère guère propice, tant il demeure pour nous synonyme de vacances catalanes. Le spectateur bienveillant ne se formalisera pas devant les rocailles en évident carton pâte ou quelques absurdités telles Jaimie redressant des trains d’atterrissage annoncés en acier (de par ses propriétés moléculaires, l’acier ne peut se tordre ainsi, il se rompt). Les guérilleros se voient affublés de tous les clichés afférents au genre (jeep, barbes, treillis…), mais enfin nous sommes dans les 70’s, cela reste donc autrement moins ringard que lorsqu’ils sont reproduits de nos jours. Plus gênant, les antagonistes ne bénéficient d’aucune personnalisation, ils ne signifient donc qu’une menace mécanique, n’impulsant que médiocrement le récit. Le suspense ne prend véritablement que lors du final, qui ne sera pas sans évoquer celui de La grande vadrouille au public français. Il faut dire que le scénario opte totalement pour se centrer sur le relationnel entre Jaimie et Starkey, tout en ménageant suffisamment de péripéties et de manifestations bioniques pour animer la narration. Le système éprouvé du duo antinomique fonctionne ici à plein régime et l’on s’amuse vivement de voir malicieusement Jaimie inverser le rapport de force initialement en faveur de l’aventurier expérimenté que constitue Starkey. Le tour de force du récit constitue à faire marcher le rude mais sympathique baroudeur dans les pas de la jeune femme, non tant du fait des pouvoirs de celle-ci que de sa force d’âme et de conviction. Starkey l’avouera lui-même lors d’adieux que la complicité des comédiens autant que des personnages rend étonnamment émouvant. Lindsay Wagner apporte un précieux éclat à Jaimie, sans lequel l’histoire ne pourrait fonctionner, tandis que le métier et le pittoresque Andy Griffith rendent Starkey savoureux. On apprécie que Jaimie ne se coule pas dans le moule de super espions interchangeables, grâce aux précieuses et logiques limitations introduites par les auteurs, ici la phobie des serpents, mais surtout l’aussi amusante que logique inaptitude à emplir les fonctions d’infirmière et donc à assurer sa couverture. Malgré ses facultés bioniques, Jaimie Sommers reste bien un être humain et pas une figure de style, c’est formidable. Un récit divertissant et chaleureux, auquel Julio ajoute encore du sentiment, même si le doublage francophone le dote d’un accent inutilement caricatural.
4. TÉMOIN DU PASSÉ Date de diffusion : 18 février 1976 - It's funny, about a classroom with no kids in it. Doesn't seem right somehow. - That's 'cause you're not a teacher Au retour d’un pique-nique l’autobus scolaire de Jaimie a un accident. Elle sauve la situation, mais Harry, le conducteur, sauve un enfant au péril de sa vie. Il fait alors la une de la presse n héros, or Harry a un secret. Il assista jadis à un meurtre commis par un tueur professionnel et préféra se cacher plutôt que de témoigner. Deux malfrats le reconnaissent et il s’apprête à s’enfuir. Jaimie met les agresseurs hors d’état de nuire et Harry peut finalement demeurer à Ojai. L’épisode souffre d’un scénario vraiment trop faible. Le retour d’un passé jusque là dissimulé fait partie des poncifs les plus éculés du Polar et le récit en prolonge trop la mise en place, avec plusieurs scènes creuses montrant les malfrats se demander à qui Harry leur fait penser, puis ne développe guère que quelques péripéties passe-partout une fois posée la situation. La narration manque d’intensité, d’autant que les antagonistes souffrent d’une trop faible caractérisation et se contentent de dialogues fonctionnels ou minimalistes. Une nouvelle fois après l’opus précédent, Super Jamie développe merveilleusement son héroïne, mais moins ses adversaires, ce qui s’avère dommageable pour ce qui demeure une série d’aventures même ici sous une acception de Polar. Johnson semble avoir remarqué ce manque de saveur et tente à la dernière heure de rajouter de l’action avec l’infiltration de Ventura. Mais tout cela demeure bien trop artificel pour stimuler le public, au sein d’une base de l’US Air Force devenue à peu près aussi déserte que celle de la RAF dans L’heure perdue des Avengers, mais bien davantage par facilité scénaristique que pour susciter le mystère. L’apparition de Steve Austin vise également à pimenter la narration, mais rien ne passe entre lui et Jamie, ce qui n’est pas incohérent avec l’évolution de leur relation, mais demeure frustrant. La bande son de la série, toujours très relevée, apporte ici un précieux secours. Kenneth Johnson recourt comme souvent aux Pocket Bionics (pouvoirs bioniques activés dans la vie de tous les jours) afin de divertir le public, en proportion idéale. Lindsay Wagner confère toujours humanité et énergie à Jaimie. Valant à l’épisode ses scènes les plus abouties et sensibles elle établit une vraie connivence avec un convaincant Donald O'Connor, parfait dans cette évocation du thème de la seconde chance, cher aux Américain
Date de diffusion : 25 février 1976 - Oscar, I hope you never send me on a safari. L’une des élèves de Jaimie, Katie, est guérie de sa timidité en fréquentant le ranch de Susan Victor, qui élève avec amour des animaux destinés à apparaître à l’écran. Elle vient d’acquérir un lion de cirque, Neil, devenu un ami pour Katie. Les éleveurs de bétail voisins sont hostiles, car plusieurs de leurs bêtes ont été tuées, ce dont ils incriminent le lion. Jaimie veille sur l’exploitation en l’absence de Susan et trouve le véritable coupable, un couguar. La présence de Tippi Hedren constitue évidemment un évènement, la série poursuivant ses prestigieux guestings. Toutefois, l’actrice délivre son message concernant cette cause animale lui tenant à cœur puis Susan prend prestement congé, afin de faire place nette à Jaimie, se peut aussi du fait de contraintes budgétaires. Les quelques scènes entre les deux actrices fonctionnent néanmoins parfaitement, d’autant que l’on ressent que Lindsay Wagner partage le même engagement. Le rayonnement et la sensibilité de l’actrice, jointe à celui de la petite fille, permet de nous retrouver totalement immergés dans l’émerveillement des séries animalières de notre jeunesse. A côté de l’impressionnant Neil, les animaux ‘avèrent particulièrement attachants et amusants, tandis que l’on apprécie l’évidente sincérité de l’ensemble. Découvrir des épisodes aussi disjoints de l’univers de l’espionnite permet à la série dérivée de pleinement affirmer son identité vis-à-vis de L’homme qui valait trois milliards, tout en capitalisant sur la personnalité de son héroïne, idéalement développé. Par ailleurs le scénario ne se contente pas de ce plaisant environnement et développe un véritable mini Western, aux nombreux extérieurs dans la magnifique campagne californienne. La chasse au couguar, absolument terrifiant, puis l’effrénée course contre la montre pour sauver Neil traqué par les chasseurs, permettent à la Femme bionique de briller de toutes ses qualités d’héroïne d’action. Le clou du spectacle demeure la confrontation réellement éprouvante entre Jaimie et le lion rendu furieux par sa blessure, Lindsay Wagner exprime avec conviction la frayeur vécue par Jaimie, mais aussi sa volonté de sauver l’animal envers et contre tout. On n’en ressent que plus fortement le soulagement de l’issue heureuse. La mise en scène se montre efficace, tandis que la distribution peut s’appuyer sur plusieurs acteurs vétérans, rompus aux Westerns et apportant une crédibilité supplémentaire à l’ambiance. L’opus revêt également un agréable cachet 70’s : il est aujourd’hui bien difficile d’imaginer qu’une institutrice puisse ouvrir sa classe à un lion, où que l’on laisse une enfant autant à proximité de l’animal !
6. LES MISSILES DE LA MORT Date de diffusion : 03 mars 1976 - Your leg is bionic ? - Both of 'em. But right now, this one needs a repairman, and you're elected. Un missile s’abat sur l’un des réservoirs d’eau de Los Angeles. Les contremesures installées par l’OSI et supervisées par Steve n’ont pu l’arrêter, car elles ont été momentanément brouillées. Oscar soupçonne JT Connors, riche génie de l’électronique, car il semble que le missile soit parti de sa propriété. Il envoie Jaimie enquêter, car JT est l’un de ses amis. Il s’avère que le coupable est Riker, bras droit de JT, qui veut faire chanter les autorités. Jaimie, dont une jambe a été endommagée, est capturée, mais elle parvient à détruire le brouilleur avec l’aide de JT. Steve abat in extremis un missile lancé vers le centre de Los Angeles. Après deux opus en définitive consacrés au quotidien de la vie d’institutrice de Jaimie, nous en revenons ici à une forme plus classique de récit d’espionnage. Caractéristiquement accompagnée du retour de Steve Austin, cette histoire de chantage aux missiles fleure bon les années 60, mais ne s’émancipe jamais des clichés relatifs au genre. L’impression de déjà-vu s’accompagne d’un relatif manque d’intensité, la cellule de crise animée par Steve demeurant totalement disjointe de l’action sur le terrain conduite par Jaimie, on se situe aux antipodes des interactions nerveuses irrigant le succès futur des 24h Chrono. Le retour de Steve était aussi guetté du point du relationnel avec Jaimie et le vase clos se montre ici aussi contreproductif. On passe d’un coup d’un seul d’un quasi néant à un baiser fougueux surgissant d’un peu nulle part lors du tag de fin, jamais mis en perspective (quid d’un éventuel retour de la mémoire de Jaimie ?). Fort heureusement, Lindsay Wagner papote toujours le naturel et l’énergie rendant l’héroïne captivante, même quand les péripéties proposées ne brillent pas par leur inventivité. On aime les réticences morales de Jaimie à trahir la confiance d’un ami, mais aussi son approche directe de la situation, quitte à tout avouer d’un bloc, y compris sa nature bionique, à J.T., c’est rafraîchissant au possible. Hélas le jeu de Forrest Tucker, réduit à quelques tics d’acteur, déçoit quelque peu, le duo formé par J.T. et Jaimie ne suscite pas autant d’émotion ou de complicité qu’il le devrait. La blessure bionique de notre amie dramatise par contre la seconde partie de l’épisode, amenant à point nommé une limitation de ses pouvoirs bioniques, accroissant le suspense et empochant de tomber dans la simple démonstration de force. Johnson n’hésitera d’ailleurs jamais à introduire des scènes illustrant que, même améliorée, Jaime se heurte à des contraintes humaines. Nous ne nous situons pas ici dans une logique de Comics, répondant à d’autres ressorts et qualités, comme cela à pu être le cas chez Wonder Woman. Jaimie doit aller au bout d’elle même pour sauver la situation, finalement avant tout par son courage et son astuce. Dans la salvation de l’épisode, Jaimie trouve un allié inattendu en la personne de Rayker, joué avec une flamme étonnante par Ben Piazza. L’adversaire du jour souffre d’une intense soif de revanche sociale, après avoir été traité en larbin et en grande partie spolié du fruit de ses inventions par J.T.. Ce dernier n’apporte que des dénégations peu convaincantes, que Jaimie, conscience morale de la série, se garde bien d’approuver, conservant le silence. Un positionnement social orignal et intéressant, pour une série américaine de l’époque, rompant avec le classicisme du reste du scénario. Efficace, la mise en scène s’appuie également sur l’impressionnant site du radar brouilleur, idéalement conçu pour permettre à Jaimie de réaliser ses exploits.
7. CONCOURS DE BEAUTÉ Date de diffusion : 17 mars 1976 - Oscar... look, before I put on this sash and go in there and make a fool out of myself, why don't you call this agent and make sure he wasn't joking - I mean, this is a pretty silly message. - They found this agent this morning, face down in the River Seine. Oscar Goldman reçoit un énigmatique message d’un agent parisien promptement assassiné, selon lequel Miss Floride va devenir la prochaine Miss Etats-Unis. Afin de percer le mystère, il demande à Jaimie de participer au concours organisé par Ray Raymond, en tant que Miss Californie. Elle va découvrir l’existence d’un complot assurant la victoire de Miss Floride, qui pourra ainsi partir en tournée en Europe et y vendre un micro-ordinateur récemment dérobé. Cet élément clef de la défense nationale est dissimulé dans son sceptre. Bien avant Miss Détective (2000), Super Jaimie insère une aventure au sein d’un de ces concours de beauté faisant encore plus fureur aux Etats-Unis qu’en France, Miss United States représentant un évident pastiche de l’institution que constitue Outre Atlantique l’élection de Miss America. On demeure sceptique quant à la nécessité d’un complot aussi tarabiscoté pour faire sortir du pays un aussi petit objet, mais, évidemment, cette histoire de microfilm stratégique à retrouver n’est qu’un prétexte justifiant la présence de la Femme bionique au sein de cet univers particulier. La description des passages obligés et des petits ridicules de la cérémonie, comme de son univers gourmé, se montre souvent amusante, même si l’époque et la diffusion sur un Network familial font que tout ceci demeure bon enfant. Le récit ne vire jamais à la véritable satire de cet aspect du rêve américain, il s’en faut de beaucoup. L’épisode Beautés fatales de Tru Calling (2004) se montrera autrement plus corrosif. Caractéristiquement, les piques les plus acérées sont décochées par Lindsay Wagner elle-même, qui s’est toujours particulièrement impliquée dans l’écriture de son personnage, tout en veillant avec Kenneth Johnson à la tonalité féministe de la série (I feel like a side of beef déclare notamment Jaimie). Mais pour autant l’actrice n’en demeure pas moins le grand atout de l’opus, resplendissante de talent, de vitalité et de beauté. L’association entre Jaimie et Helen fonctionne également du tonnerre, cette dernière gagnant à sortir de son rôle traditionnel de confidente de l’héroïne. Certes simple, l’intrigue résulte efficace, ménagent un joli suspense en fin de parcours et surtout en utilisant habilement les règles de la compétition comme autant de imitations au pouvoir bionique d’une Jaimie devant veiller à sa couverture. A l’inverse de l’opus précédent, une connexion astucieuse se met en place entre elle et l’ami Oscar, ce qui dynamise le récit. La mise en scène tire un beau parti du superbe décor de l’Hôtel Ambassador. Mais le manque de moyens, empêchant de recruter des figurants, oblige à utiliser des inserts pour le moins curieux afin de représenter le public, avec des extraits d’un film datant à l’évidence des années 50 ou des vues d’une troublante pénombre. Toutefois le procédé s’avère plus divertissant que vraiment pénalisant ! Les excellents guests parachèvent le succès de cet épisode particulièrement divertissant, notamment un Bert Parks pittoresque à souhait et une séduisante Cassie Yates, parfaite en concurrente vénéneuse. La réconciliation des deux rivales permet de conclure idéalement les débats par un revigorant moment de solidarité féminine.
8. LA MÈRE DE JAIMIE Date de diffusion : 24 mars 1976 - Mom, do you remember how I used to fall out of trees all the time? - Yeah. - Watch this. Une femme se présente à Jaimie, affirmant être sa mère. La femme ayant été enterrée à sa place serait une actrice, Chris Stuart. Elle est demeurée dans l’ombre sur ordre des autorités, mais est désormais poursuivie par le gang ayant tué Chris et le père de Jamie. Oscar confirme que les parents de Jaimie, enseignants, travaillaient également secrètement pour le gouvernement. Jamie croit la femme et lui révèle ses pouvoirs bioniques. Oscar prouve qu’elle est en vérité Chris Stuart, amie des Sommers devenue un agent double. Il craint qu’elle ne s‘apprête à vendre Jamie à l’opposition. Alors que The Bionic Woman avait jusqu’ici su se montrer souvent émouvante, tout en évitant le piège du mauvais mélodrame, cet épisode tombe en plein dans cette ornière. Le récit ne recule devant artifice pour tirer sur la corde lacrymale et s’y prend de plus fort maladroitement. Dès la scène pré générique, l’imposture se voit dévoilée par la conversation entre les agents de l’opposition, dès lors tout suspense quant à l’identité de Chris devient inopérant. Cela n’empêche pas l’auteur Arthur Rowe de se lancer dans un récit alambiqué afin de tenter de soulever un doute, contre toute évidence. Par ailleurs une bonne partie de cette interrogation repose sur les traumas mémoriels subis par Jaimie lors de sa « résurrection » en début de série. Or il s‘agissait d’un montage tiré par les cheveux afin de justifier le retour de l’héroïne et de la positionner idéalement vis-à-vis de Steve Austin. Même si la bienveillance a alors été de mise, il serait plus judicieux pour la série d’aller de l’avant plutôt que de ressasser inutilement son enfantement aux forceps. Le récit demeure très statique, se bornant pour l’essentiel à la description des états d’âme du trio Helen/Chris/Jaimie. Même le fait que Chris opte en définitive pour se sacrifier plutôt que pour vendre Jaimie à l’autre bord était hautement prévisible. Il ne faut pas non plus compter sur les méchants du jour, totalement transparents, pour animer les débats. On s’amuse toutefois de découvrir un Oscar stressé, nettement moins complice avec ses sous-fifres qu’envers ses amis bioniques. Ca rigole moyen chez les soutiers de l’OSI. Comme autre respiration hors du marasme, on déguste du regard les sublimes carrosseries de l’époque : Buck Century, Chevrolet Monte-Carlo ou encore Ford LTD Le talent des trois actrices assure une certaine tenue au récit, mais ne peut rien contre l’artificialité de ses péripéties.
9. GAGNER C'EST L'ESSENTIEL Date de diffusion : 07 avril 1976 - Oscar... what is so important that one of your men has to call me out of my classroom in the middle of an algebra lesson, throw me on a plane, take me clear across the country, without one word of explanation ? L’OSI doit s’infiltrer au Taftan, un pays oriental hostile, afin d’y récupérer une cassette contenant des informations cruciales. Oscar va saisir l’occasion d’un rallye automobile s’y déroulant pour y inscrire Jaimie. En effet le règlement prévoit que les concurrents doivent former des duos mixtes. Jaimie va faire équipe avec Tim Sanders, ancien champion automobile rongé par le doute depuis un accident. Mais deux agents ennemis participent également à la course, et sont bien déterminés à contrecarrer la mission de la Femme bionique. Celle-ci da également affaire au pittoresque pilote Scappini. L’épisode renoue pleinement avec l’allant et la distraction assurés par les récits de course, que la jeunesse de l’époque appréciait vivement via les dessins animés qu’elle regardait en même temps que Super Jaimie, comme Les Fous du volant ou Les Comètes (pour ceux qui s’en souviennent). On retrouve ici tous les ingrédients fondant le succès du genre : les superbes paysages (même à l’évidence plus californiens qu’orientaux), l’action riche en péripéties, le rugissement des bolides, les fourberies et ricanements des vilains s’opposant au courage et au panache des héros… La personnalité lumineuse de Jaimie accompagne idéalement l’aspect ludique de l’histoire. Il s’avère très amusant de la voir se prendre au jeu et être totalement saisie par la gagne, au-delà de la dimension d’espionnite du récit. Une légère mais bien présente dimension de road movie est impulsée au récit, via la rencontre avec Tim. Découvrir comment cet être blessé et traumatisé retrouve une énergie nouvelle au contact de Jaimie s’effectue avec sensibilité, tout au long d’une narration efficacement reliée aux évènements de la course. On aime que Jaimie ne se fige pas dans l’espoir de lendemains qui chantent avec Steve et se prenne à flirter avec son partenaire, jusqu’à des adieux émouvants. La complicité avec Oscar nous vaut également plusieurs scènes amusantes. Le final est mené tambour battant et se montre étonnamment spectaculaire compte tenu des faible moyens matériels de la réalisation. L’épisode souffre toutefois de quelques naïvetés très 70’s. Il en va ainsi des concurrents soviétiques poussant l’obligeance jusqu’à parler anglais entre eux, permettant ainsi à Jaimie de les comprendre avec sa super ouïe, ou de cette junte militaire s’emparant du pouvoir et fermant les frontières, mais maintenant la course car « cela attire les touristes ». L’amusant Scappini s’accompagne des clichés habituels liés aux Italiens. On peut aussi s’étonner que l’hélicoptère assurant jusque-là une surveillance complète de la course disparaisse comme par enchantement quand survient l’affrontement final.
10. LE CANYON DE LA MORT Date de diffusion : 14 avril 1976 - You're a spirit. - Oh, c'mon, Paco. I'm just a... a... a space age product. Jaimie reçoit un nouvel élève dans sa classe, Paco. Cet enfant hyper imaginatif se projette beaucoup dans les traditions et contes amérindiens, culture dont il est issu. Il s’enfuit dans le désert et Jaimie part à sa recherche. Ils vont atteindre un site où l’OSI teste une combinaison volante révolutionnaire, que Paco prend pour un esprit. Ensemble, ils vont empêcher des agents infiltrés de l’opposition, dirigés par John Mallory, de s’emparer du prototype. On apprécie que le traditionnel épisode amérindien, présent dans la plupart des séries américaines relevant du Fantastique ou de la Science-fiction, ne soit pas abordé sous l’angle du surnaturel, mais par le rapport à l’enfance cher à Super Jaimie et à son interprète. Les scènes entre Paco et une Jaimie ayant à lutter contre l’univers factice dans lequel s’est refugié le jeune garçon se montrent très sensibles, en dehors de toute emphase. Lindsay Wagner démontre une fois de plus son talent, tandis que son partenaire juvénile se montre suffisamment convaincant pour ne pas compromettre ces passages (Guillermo San Juan, revu notamment dans Captain Furillo). Le récit évite également le travers de l’angélisme, montrant des enfants volontiers rosses entre eux et un Paco par moments désarmant dans ses affabulations. Malheureusement ces scènes constituant le sel de l’épisode demeurent bien trop succinctes, la faute en revenant au remplissage vraiment trop conséquent représenté par les multiples inserts d’avions, auxquels viennent encore se rajouter les films visionnés par Oscar et Jaimie (visiblement amusée par les commentaires guerriers de son ami), la partie de cache-cache entre Paco et Jaimie, ou les scènes de discussions inutiles détaillant les mesures de sécurité mises en place. Ce délayage affecte également la conspiration du jour, réduite à quelques éléments simplistes, même si Gary Collins effectue une solide prestation en félon de service. Les amateurs de 007 apprécieront de retrouver une copie conforme de la tenue volante d’Opération Tonnerre la suprématie de Jaimie ne s’en savourant que davantage. L’épisode bénéficie également d’impressionnantes localisations dans le désert californien,, même si l’effet s’en voit quelque peu gâché par une avalanche rocailleuse au carton pâte vraiment évident.
Les Naufragés (Fly Jaimie, 1-11, 4) Date de diffusion : 05 mai 1976 -. I can't open it. - Would you care to make way for the six million dollar can opener ? Rudy se rend au Brésil, où il mémorise une formule scientifique particulièrement importante. Jaimie se fait passer pour une hôtesse de l’air dans le vol le ramenant à la base de l’US Air Force de Rio, afin de veiller sur lui incognito. Elle va faire face aux avances de Romero, passager très entreprenant, mais aussi à des tueurs tentant d’éliminer Rudy. Soudain une tempête électrique provoque un atterrissage d’urgence sur une île déserte. Malgré de faibles moyens faisant que la mise en scène ne parvient jamais à nous faire croire que nous sommes dans un véritable avion, toute la première partie du récit reconstitue à merveille l’ambiance de ces films de catastrophe aérienne ayant marqué le cinéma des années 70. Inauguré en 1970 par Airport, ce genre de production va en effet connaître une véritable vogue durant la décennie, marquée par des films comme Alerte à la bombe (1972) ou 747 en péril (1974), avant d’aboutir à une forme de consécration par l’hilarante parodie de Y a-t-il un pilote dans l'avion ? (1980). L’épisode renoue avec le code de ces productions : péripéties stressantes, suspense et huis clos favorisant l’interaction psychologique des personnages, avec quelques grands classiques ici représentés, comme le héros improvisé (héroïne ici, bien entendu!), le passager alcoolique le stressé, le comique de service, mis en avant ici grâce à l’abattage de Vincent Scotti, etc. La réalisation se montre tonique, tout en se coulant dans la scénographie habituelle de style de récit Au total la séquence se monte réellement intense, avec en plus la saveur documentaire de la quintessence d’un genre. Le second temps de l’opus, une fois les passagers arrivés en l’île, revêt pour le spectateur contemporain des convergences aussi troublantes que stimulantes avec les débuts de LOST, chef d’œuvre de J. J. Abrams et l’une des séries les plus marquantes des années 2000. S’il n’y avait antériorité, on pourrait clairement parler de pastiche. La compagnie fictive Trans Pacific Airlines se substitue à Oceanic Airlines et Jaimie à Jack Shephard, un rôle charismatique assumé avec conviction et rayonnement par Lindsay Wagner. On apprécie vivement que le scénario, avant d’en venir à la résolution d’un complot, prenne le temps d’approfondir le relationnel et le portrait des protagonistes. Il revêt la forme d’un récit choral où chacun est appelé à dévoiler ses secrets, là aussi tout comme chez le Disparus. Le spectaculaire combat final permet à la Femme bionique de faire étalage de ses talents, tandis que la blessure de Rudy expose la force du lien entre les deux personnages un sujet peu abordé jusqu’ici. Évidemment le nombre de morts reste dérisoire (personne hormis les copilotes), mais cela participe de cet esprit positif de la série que l’on aime bien. Les paysages demeurent bien entendu californiens et non tropicaux, malgré de jolis inserts, mais l’épisode demeure particulièrement prenant.
12. DERRIÈRE LES BARREAUX Date de diffusion : 12 mai 1976 - Boy, now I know how Bambi felt on the first day of deer season. Le Dr. Hatch a inventé un décodeur universel, que Jaimie est chargée d’apporter à un centre de tests. Elle est toutefois dupée par des imposteurs se faisant passer pour des militaires, à qui elle remet le prototype. Soupçonnée de complicité, elle est arrêtée par le National Security Bureau, tandis qu’Oscar s’efforce de la disculper. Impatiente et en colère, elle s’évade pour mener sa propre enquête. Elle découvre que le Dr. Hatch est mêlé à la conspiration. L’épisode a la bonne idée de développer l’une des spécificités fortes de la série, en l’occurrence la personnalité positive de Jaimie, demeurée inaltérée même après avoir été confrontée au milieu délétère de l’espionnite. Nous aurions évidemment été contrits de voir John Drake, Napoléon Solo ou John Steed tomber dans le panneau mais découvrir Jaimie ne pas se laisser gagner par la méfiance ou la paranoïa inhérente au genre (à deux reprises !) permet d’affirmer cette authenticité, une précieuse particularité de la série perdurant encore aujourd’hui. Lindsay Wagner incarne comme toujours avec un naturel confondant cette lumière propre à Jaimie. Par ailleurs on retrouve le message social cher à la série avec une condamnation certes non assénée, mais néanmoins persistante, de la limitation des libertés que suscite une administration policière arbitraire, avec ses cellules où ne pénètre aucun avocat et la charge de la preuve incombant à l’accusé. L’épisode consacre également l’amitié et la loyauté indéfectibles existant entre Jaimie et un Oscar n’hésitant pas un mettre sa démission dans la balance, une complicité que celle existant manifestement entre Lindsay Wagner et Richard Anderson rend plus chaleureuse encore. Le scénario bénéficie également de l’impact d’une situation hitchcockienne voyant l’univers d’un protagoniste s’effondrer autour de lui, sans qu’il ait de prise sur une cause restant énigmatique. L’effet se voit accentué par l’affection particulière portée par son public à l’héroïne d’une série télévisée. Néanmoins, malgré quelques scènes spectaculaires les pouvoirs bioniques de Jaimie s’exercent ici à contre-courant lui permettant de s’enfuir aisément, puis de mettre fin à la conspiration avec une facilité confondante (en à peine une demi-heure montre en main). De fait le récit aurait paru plus intense et oppressant s’il était survenu à un quidam. Malgré la mise en place du suspense final, l’impression prédomine d’un soufflet trop rapidement dégonflé. La mise en scène sans doute la plus urbaine jusqu’ici, perd en paysages naturels mais se attrape en exposant nombre des impressionnantes carrosseries de l’époque : Chevrolet C-20, AMC Matador, Buick Electra 225 ou encore Chrysler Newport entre bien d’autres voitures majestueuses.
13. DOUBLE IDENTITÉ Date de diffusion : 19 mai 1976 - I got your looks, but I sure don’t have your moves !. Grâce à une opération chirurgicale, le Dr. Courtney transforme Lisa Galloway en sosie de Jaimie. Elle est chargée de s’emparer des secrets de l’OSI et tuer oscar, tandis que Courtney envoie des tueurs éliminer Jaimie, en vacances à Nassau. Elle triomphe de ses agresseurs puis prévient Oscar, qui arrête Lisa in extremis. Jaimie se fait passer pour celle-ci, afin d’infiltrer l’organisation de Courtney. Mais Lisa s’évade et va tenter elle-aussi de rejoindre Courtney. Une ultime confrontation va opposer les deux femmes. Le recours au thème si Sixties (et si Avengers) du double permet une agréable replongée dans cette période alors encore si récente, d’autant que la tonalité d’espionite se voit prolongée par l’emploi de gadgets par Lisa (lance-fléchettes, bracelet-appareil photos, rouge à lèvres- bombe à gaz soporifique…), comme à la grande époque. L’attaque nautique contre Jamie, située près de l’emblématique Nassau, revêt une petite saveur à la 007, évidemment à relativiser par la différence des budgets. Au-delà de ces retrouvailles, l’intrigue se déroule à vive allure, multipliant les péripéties et jouant avec habilité des meilleurs rouages de la mécanique bien rodée des doubles : protagoniste visé, vision des deux côtés du miroir, confrontation finale… Le récit se montre passionnant, même si en soi il n’apporte rien de neuf au sujet. Linsay Wagner sort le grand jeu à l’occasion de ce double rôle, s’amusant visiblement beaucoup en créant cette version alternative de Jaimie, cruelle et cynique, mais aussi doublée d’un fort chantant accent du sud des Etats-Unis. L’actrice démontre la variété de son talent en se montrant très convaincante lors des scènes où Lisa se montre une tueuse impitoyable. Par sa sensibilité elle permet également à l’épisode ne de pas demeurer un simple recyclage malin. Lindsay introduisant une frayeur très humaine chez Jaimie, loin des stéréotypes de l’espionnage, mais aussi beaucoup d’humour lors des multiples maladresses de Jaimie usurpant l’identité de Lisa ou quand, attendant au bar, elle prise pour une escort. Autant de scènes rendant le récit très drôle, de même que les moments de complicité avec Oscar, sans pour autant jamais verser dans la parodie.
14. CHASSEUR DE FANTÔMES Date de diffusion : 26 mai 1976 - Ghosts ? - You said that, not me. I didn't say "ghosts". I just said "something". Non loin de la Salem des phénomènes étranges surviennent chez le Dr. Cory, important scientifique lié à l’OSI. Jaimie se fait passer pour la nurse de sa fille, Amanda, afin de mener l’enquête. D’après le parapsychologue Laslo c’est l’esprit d’une ancêtre d’Amanda, condamnée pour sorcellerie, qui se manifeste et exercer une emprise sur l’enfant. Jaimie va découvrir une vérité inattendue. Cette première saison de Super Jaimie, par ailleurs très relevée, voire souvent galvanisante, s’achève malheureusement sur un épisode singulier et partiellement hors sujet par son ouverture sur le Fantastique au sein d’un programme relevant de la Science-fiction. Le scénario de Johnson cherche manifestement à surfer sur l’air du temps, louchant sur l’écho alors récemment rencontré par L’Exorciste (1973), tout en ayant le mérite de préfigurer le succès prochain de Poltergeist (1982). Malheureusement, passant pour la première fois derrière la caméra dans le cadre de cette série, Kenneth Johnson privilégie manifestement son rôle de réalisateur à celui de scénariste. En effet, dès la situation hâtivement exposée, via une évocation passablement pompière du drame de Salem, l’histoire cesse de véritablement se développer pour se borner à héberger toujours plus de manifestations surnaturelles. Certes spectaculaires selon les normes de l’époque, ces scènes subissent de plein fouet les quatre décennies nous séparant désormais du tournage. Si l’on ne peut en vouloir au brillant et sympathique showrunner de se faire plaisir avec ses jouets, après des mois d’un labeur incessant couronné de succès, le récit souffre néanmoins d’apparaître au service exclusif du spectaculaire. Johnson ne développe que modérément la psychologie de ses personnages, au-delà des clichés du genre, et néglige quelques pistes intéressantes mais à peine esquissées : les pouvoirs psychiques comme passerelle entre le Fantastique et la Science-fiction, ou encore le portrait sentimental d’un homme s’étant réfugié dans le travail après le décès de son épouse, négligeant sa fille, et renaissant à la vie au contact de Jaimie. Fort heureusement, Johnson en revient à ses fondamentaux, l’humain et le rapport à l’enfance, lors du dernier segment d ‘une intrigue se centrant alors sur Amanda. A cet instant le récit fantastique devient une jolie parabole de l’enfance sacrifiée au point de vue adulte. Elle s’appuie sur d’excellents comédiens, dont Lindsay Wagner dès lors qu’elle peut exprimer autre chose que le déploiement de pouvoirs bioniques. On apprécie une chaleureuse scène d’adieux : Super Jaimie s’est retrouvée avant de conclure sa première période.
|