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Le temps d'aimerAinsi va la vie

Saga Sandra Bullock

Speed 2 : Cap sur le danger (1997) 


SPEED 2 : CAP SUR LE DANGER
(SPEED 2 : CRUISE CONTROL)

classe 4

Résumé :

Alors qu’Annie Porter et son nouveau compagnon Alex font une croisière, leur bateau passe sous le contrôle d’un fou dangereux.

unechance 7

Critique :

Un film d’une insigne médiocrité, à peine sauvé grâce un peu à Sandra Bullock mais surtout grâce à Willem Dafoe et, pour partie, à Jan de Bont.

Ce qui pose problème au film c’est un manque de continuité entre les scènes. On a plus l’impression d’un catalogue de scènes plus ou moins spectaculaires que d’un film. Du coup, ça manque parfois de nerf mais, surtout, le film lasse très vite et ne parvient que rarement à nous captiver.

Premier problème, le temps d’exposition. Autant dans le premier Speed, le début permettait la personnalisation de la lutte entre Jack et le poseur de bombe, autant ici, ça ne sert à rien sinon à créer une tension entre Annie – qui a lamentablement mais avec humour raté son permis – et son compagnon, Alex, dont elle ignorait qu’il faisait partie de la brigade d’intervention de la police, le croyant flic à bicyclette sur la plage. Pour se faire pardonner, Alex lui offre une croisière. Pour expliquer ce changement dans le cœur d’Annie, le scénario joue la complicité avec le spectateur en citant le premier volet : une relation commencée dans l’intensité etc. ». Pourquoi pas ? On est tout de même dubitatif sur les goûts de la jeune femme. Un deuxième policier, sans rire ? Et surtout énorme faute de casting que le choix de Jason Patric ! Doté du même charisme intense que la mouette morte, le pauvre garçon fait pâle figure à côté de sa chère et tendre. Et face à Willem Dafoe, quelle blague ! En outre, Sandra Bullock ne paraît pas vraiment emballée. Professionnelle, l’actrice jouera le jeu notamment dans les moments romantiques mais sera desservie par des répliques ineptes et une propension à faire passer son personnage pour une quiche. Elle ne la défendra que par intermittence ceci dit. En revanche, le méchant est de premier ordre. Willem Dafoe est prodigieux en dingue qui n’a rien à perdre et veut se venger. Il fait même davantage peur quand il sourit – un vrai sourire de requin blanc. Mais, il ne pourra pas créer d’étincelles avec Jason Patric.

Le bateau, donc, s’appelle le Seabourn Legend et c’est un classique bateau de croisière. Durant le dîner, un défilé de bijoux nous donne le mobile du crime mais tout est lent. Heureusement, Geiger (Willem Dafoe) se livre à d’étranges manœuvres qui ne présagent rien de bon mais, au moins, donne un semblant d’intérêt à des scènes qui s’étirent. Le premier moment dramatique c’est l’assassinat du capitaine. Willem Dafoe fait alors réellement peur et son visage est diaboliquement éclairé. La facilité avec laquelle Geiger donne le change juste après montre le talent de l’acteur.

ladoublure 3

Ce n’est que lorsque Geiger déclenche son sabotage (à 29’51 quand même) que le film s’anime. Le bateau tremble et l’effet catastrophe est bien rendu par une succession de désastres localisés. Juliano, le second, devenu capitaine (Geiger le pensait-il plus malléable ? Le choix d’éliminer le capitaine ne paraît pas très clair) doit ordonner l’évacuation. Sous la pluie et de nuit, la scène aurait pu avoir de la force mais elle dure trop longtemps comme si Jan de Bont essayait de meubler en étirant les scènes d’un scénario trop faiblard. On nous rajoute même du pathos avec la disparition d’une jeune fille sourde avec qui Alex – qui connaît la la langue des signes – a noué un contact. Pour le coup cela fonctionne. En outre, la mère éplorée est jouée par Loïs Chiles qui réussit à crée de l’émotion sans trop en faire. Elle intervient de temps en temps ; donc sans effet de lassitude. Dommage qu’on nous l’ait d’abord présenté comme une mère tant qu’assez sévère.

Le sauvetage de passagers piégés dans un canot de sauvetage rendu fou est un passage très nerveux et la chute de plusieurs d’entre eux assez violent. Mais la scène est longue (près de 10 minutes). Puis, soudain, le bateau se dirige droit vers l’île de Saint-Martin ! Qu’il y ait un but (au sens propre comme au figuré) donne de la tension. Détail révélateur (voir anecdotes), la communication radio entre le psychopathe et le héros mais le choix désastreux de Jason Patric donne un effet asymétrique : Geiger est âpre, violent, il est amer d’avoir été viré à cause d’une santé qui se dégrade à cause de ses conditions de travail (pour le coup, la résonnance est très moderne) et l’autre lisse comme une vitre. A pleurer.

Autre mauvaise idée, séparer Alex et Annie. C’est la symbiose entre les deux qui créait une connection entre eux et le spectateur dans le premier opus. Ici, chacun sa route, chacun ses problèmes. Il n’est pas exclu que le changement de statut de Sandra Bullock ait conduit à une réévalution du personnage d’Annie. Il fallait trouver des choses à faire au personnage sans le dénaturer totalement (ce n’est pas Wonder Woman non plus !). Pourquoi pas sauver des passagers coincés ? C’est crédible en effet et l’actrice, qui retrouve un peu de couleur, trouve même le moyen de nous faire rire quand, pour ouvrir une porte coincée, Annie manie la tronçonneuse en la levant bien haut !

La confrontation physique entre Geiger et Alex tourne court ; le fou s’échappe non sans avoir ridiculisé le policier. A nouveau Willem Dafoe écrase son partenaire de tout son talent ; derrière sa vitre fêlée Geiger ricane comme une gargouille menaçante. Le sauvetage d’Alex, piégé par des flammes, est toutefois bien mené. Au bout d’une heure et dix minutes, retour à l’air libre. Avec un pétrolier en point de mire ! Geiger contrôle le bateau et l’a lancé contre le tanker ! Voilà un moment « speed » avec une véritable tension et un brin d’angoisse ! C’est grâce à une idée d’Annie qu’Alex réussira à freiner le bateau : bloquer une hélice ! 

Malheureusement, le film retombe dans un travers bien connu : tranformer l’héroïsme en demoiselle en détresse. Que Sandra Bullock n’ait plus précisément le profil est passé par pertes et profil. Et ça nous fait encore un clin d’œil avec le premier opus. Comparaison n’est pas raison mais Willem Dafoe tient bon la barre face à Dennis Hopper. Mais Jason Patric n’est pas Keanu Reeves donc avantage à Hopper. Le scénario va parvenir à limiter les dégâts en minorant la fuite de Geiger avec Annie au profil de la tentative d’Alex, de Juliano et du chef opérateur de détourner le bateau du pétrolier.

Tout le passage est très bien fait, vraiment nerveux et tendu et Jan de Bont le maîtrise à la perfection. Le pétrolier évité, pourquoi pas lancer le ferry sur un port bondé ? Mais là, c’est trop. D’autant que, sentant sans doute la lassitude engourdir ses spectateurs, le réalisateur parsème cette lancée de saynètes humoristiques complètement inappropriées et qui consternent plus qu’autre chose. Un membre d’équipage aura même cette phrase : « Non, pas encore, y’en a assez ». Tu l’as dit !

On se réveille quand le bateau percute l’île. La scène est certes spectaculaire mais c’est du sous Michael Bay. Revenons à Annie, elle s’échappe, Geiger la rattrape, Alex les poursuit (scène hallucinannte d’un canot à moteur coursant un hydravion et Alex s’agrippant à l’avion à l’aide d’une canne à pêche – la pêche au gros mais quand même) et sauve Annie. Le méchant finira mal et les amants seront réunis. Un final quasiment de conte de fée pour un film qui n’aurait soit jamais dû être réalisé soit dû s’appeler autrement ! 

Anecdotes :

  • Sortie US : 13 juin 1997 Sortie France : 23 juillet 1997

  • Le film a rapporté 165 millions de dollars de recettes pour un budget de 110 millions. A titre de comparaison, le premier volet avait coûté 30 millions et rapporté 352 millions.

  • Jan de Bont réalise cet opus. Il avait déjà tourné le premier.

  • Scénario : Jan de Bont, Randall McCormick et Jeff Nathanson. Ce dernier a notamment écrit Rush Hour 2 (2001), Arrête-moi si tu peux (2002), Le Terminal (2004), Rush Hour 3 (2007), Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal (2008), Men in Black 3 (2012). Graham Yost est crédité pour les personnages.

  • Le film remporta le Razzie Awards du pire remake.

  • Le titre québécois est savoureux : ça va clencher.

  • Initialement, Jan de Bont ne pensait pas que Speed pourrait avoir une suite. Il fut obligé d’y souscrire après le succès du premier opus.

  • De nombreuses idées furent lancées dont celle d’un avion qui ne peut pas monter au-dessus d’une certaine altitude sans exploser. Finalement, de Bont se servit d’un cauchemar personnel, celui d’un bateau de croisière entrant en collision avec une île.

  • Le scénario avait été imaginé pour être le troisième opus de Die Hard. Il a finalement été retravaillé.

  • Dans une interview en 2000, Sandra Bullock a dit du film qu’il était une des « plus gros paquet de m…jamais fait ».

  • Sandra Bullock a accepté de tourner dans ce film pour avoir le financement de Ainsi va la vie, projet qui lui tenait à cœur.

  • Avant de faire ce film, l’actrice avait peur de l’eau.

  • Festival de répliques pas du tout tendancieuses. Quand Alex parle de la taille de la cabine, Annie lui répond que ce n’est pas la taille qui compte. Elle enchaîne sur un « Tu veux faire bouger le gros paquebot avec moi » !

  • Geiger est malade à cause du cuivre. Un compteur Geiger permet de repérer du métal.

  • Gary Oldman a refusé le rôle du méchant, préférant jouer dans Air Force One.

  • Matthew McConaughey a été évoqué pour le rôle d’Alex ainsi que Jon Bon Jovi et Christian Slater.

  • Joe Morton reprend le rôle qu’il tenait dans le premier film.

  • Jason Patric/Alex Shaw : acteur américain, il débute en 1986 (Solar Babies) avant de se faire remarquer dans Génération perdue (1987). On le voit ensuite dans La Bête de guerre (1988), Sleepers (1996), Dans la vallée d’Elah (2007), The Yellow Birds (2016)

  • Willem Dafoe/John Geiger : acteur américain, il débute au théâtre qu’il pratique toujours. Il obtient son premier rôle dans La Porte du Paradis (1980) avant d’enchaîner avec Les Prédateurs (1983). Par la suite, on le verra notamment dans Platoon (1986), La Dernière tentation du Christ (1988), Né un 4 juillet (1989), Le Patient anglais (1996), eXistenz (1999), American Psycho (2000), Spiderman (2002), Spiderman 2 (2004), Inside Man : l’homme de l’intérieur (2006), Spiderman 3 (2007), L’affaire Farewell (2009), John Carter (2012), The Grand Budapest Hotel (2014)

  • Temuera Morrison/Juliano : acteur néo-zélandais, il a joué dans L’Ame des guerriers (1994), L’île du docteur Moreau (1996), 6 jours, 7 nuits (1998), Vertical Limit (2000), Star Wars épisode III (2005), Tracker (2011).

  • Michael G. Hagerty/Harvey : acteur américain, vu notamment dans Dick Tracy (1990), Austin Powers 2 (1999) et à la télévision dans Grey’s Anatomy (2013).

  • Loïs Chiles/Céleste : actrice américaine, célèbre pour avoir été James Bond Girl (Moonraker, 1979), elle a aussi tourné dans Gatsby le Magnifique (1974), Mort sur le Nil (1978), Creepshow 2 (1987). On a pu la voir aussi à la télévision : Dallas (1982-1983), Arabesque (1990), Flipper (1995), Les Experts (2005).

  • Enrique Murciano/Alejandro : acteur américain d’origine cubaine, Speed 2 est son premier film. Au cinéma, il jouera dans Traffic (2000), La chute du faucon noir (2001), Miss FBI : Divinement armée (2005, où il retrouve Sandra Bullock), La planète de singes : l’affrontement (2014). Il est aussi présent à la télévision : Le Caméléon (1999), FBI : Portés Disparus (2002-2009), Les Experts (2 épisodes, 2009), NCIS (3 épisodes, 2011), Bloodline (2015).

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Le droit de tuerSpeed 2

Saga Sandra Bullock

Le Temps d'aimer (1996) 


LE TEMPS D'AIMER
(IN LOVE AND WAR)

classe 4

Résumé :

En 1918, sur le front italien, le journaliste américain Ernest Hemingway est grièvement blessé et transporté dans un hôpital où il rencontre l’infirmière Agnès von Kurowsky dont il va s’éprendre.

unechance 7

Critique :

"L'erreur d'Hemingway fut de croire qu'il devait les épouser toutes" a dit un jour William Faulkner. Qu'en aurait-il été s'il avait épousé la première ? L'Histoire, assurément, eut été toute autre. C'est un beau film sur un premier amour et une peinture de caractère intéressante en particulier pour l’éclairage sur un moment méconnu de la vie très médiatique d’Ernest Hemingway. Dommage cependant qu’il soit un peu long et manque parfois de tonus.

D’emblée, le film part sur un contraste : atmosphère feutrée mais souriante des infirmières, dont Agnès qui semble d’un tempérament enjoué, arrivant dans leur hôpital, un ancien couvent « et qui doit le rester » contre scènes de guerre sur le front. Disons d’emblée que le conflit n’est pas le sujet de Richard Attenborough et qu’elle ne sera qu’un arrière-plan. En revanche, il ne la minorera pas en montrant les blessés et les conditions difficiles dans lesquels on les soignait. La vision d’un camarade d’Ernie mortellement blessé par un obus au phosphore est épouvantable. Contraste à nouveau entre la riante campagne vénitienne (musique joyeuse, sifflotant et cymbales) et Ernest qui chante avant la tranchée où il interrogeait des soldats italiens. Chris O’Donnell a fier allure sur sa bécane et il montre un Hemingway sûr de lui – un trait de caractère du véritable Hemingway - et décidé à se rendre sur le front. Son insouciance ne l’empêchera pas d’être grièvement blessé.

Passée cette introduction pas déplaisante mais un peu longuette, voici la rencontre entre Ernie, mal en point, et Agnès qui l’appelle « gamin ». Ce devait être courant à l’époque de considérer que six ans de différence d’âge représentaient un monde mais ça n’en est pas moins surprenant. D’autant que Chris O’Donnell et Sandra Bullock – ravissante dans sa tenue d’infirmière – ont effectivement six ans d’écart. Un risque de gangrène, un médecin qui veut amputer mais qui se rend à l’avis d’Agnès qui poliment, mais fermement, n’est pas d’accord ; cela rapproche les deux Américains. Au cours d’une discussion plaisante sur la forme, il la drague ouvertement ! Mais on y mettait les formes dans ce temps-là !

ladoublure 3

Le film raconte alors le progressif rapprochement entre ces deux êtres esseulés. Troublante est la scène où il caresse l’étoffe de sa robe. Comme elle est suspendue sur une échelle, il ne peut pas voir son visage mais nous, oui et Sandra Bullock montre une Agnès déstabilisée. Mais suffisamment lucide encore pour réussir à empêcher un pique-nique en tête à tête. Sauf que le malheureux troisième a clairement conscience d’être le porteur de chandelle et que la tension qui règne finit par faire craquer les nerfs d’Ernest qui se montre grossier. Hemingway n’était effectivement pas toujours un grand romantique ! Si Chris O’Donnell est très juste dans son rôle d’homme jaloux, Richard Attenborough ne met pas assez de force dans ces scènes qui auraient mérité un traitement plus dramatique.

Ernest et Agnès se réconcilieront autour de l’écriture d’une lettre à la famille d’un soldat mort. C’est un passage d’une grande force sensible et les deux acteurs n’ont aucun mal à nous convaincre de l’émotion qui étreint leurs personnages et les pousse finalement l’un vers l’autre. 

Les amoureux sont séparés par les fortunes de la guerre. La césure est nette entre la lecture en voix off d’une lettre très tendre d’Ernie à Agnès et l’arrière du front avec sa musique militaire et son bruit ! Ernie doit repartir mais il demande à Agnès de le rejoindre – dans un bordel mais il n’y a pas d’hôtel ! Faute de grive…Le passage est marqué par l’enthousiasme – vraiment juvénil – d’Ernie et le côté plus sombre, plus renfermé d’Agnès. On se demande si elle viendra au rendez-vous et elle y sera. Evidemment, après quelques mots, tout le reste sera littérature mais c’est tendre, doux et on a la vision fugace mais étrange du couple dansant nus à contre-jour ! Une idée brillante. C’est une des rares scènes d’amour pour Sandra Bullock dont les personnages sont plutôt marqués par le romantisme, souvent sucré, à cette période de sa carrière.

Vont-ils pour autant vivre ensemble ? Même le connaisseur de la vie d’Ernest Hemingway l’oublie pour se laisser prendre par le doute et vouloir ardemment une réponse positive. Pourtant, Sandra a montré une nouvelle fois les doutes d’Agnès à travers son regard sombre qui dément, pour partie du moins, les mots très forts de l’infirmière. Les projets, professionnels et privés, d’un médecin italien sont là pour créer une tension, introduire un trouble très crédible (Emilio Bonucci joue un médecin très séduisant, aux manières exquises et plus âgé d’Ernie) ; la scène de bal au moment de l’armistice semble indiquer la direction qui sera prise par Agnès.

Le spectateur en sera pour ses frais car, de happy end, il n’y en aura point. Dommage que le film languisse sur la fin ; on se demande s’il va finir et une ou deux coupes n’auraient pas été de trop pour ne garder que le final, superbe dans son tragique.

Anecdotes :

  • Sortie US : 24 janvier 1997 Sortie France : 13 août 1997

  • Le film a rapporté 17 millions de dollars.

  • Le film est adapté du roman L’Adieu aux armes d’Ernest Hemingway. Le scénario est signé Allan Scott et Dimitri Villard.

  • Ernest Hemingway (1899-1961), un des plus grands écrivains américains. Journaliste, il ne peut participer à la Première guerre mondiale (à cause de sa vue) mais s’engage dans la Croix-Rouge italienne ; expérience qui lui inspirera le roman L’Adieu aux armes (1929). Il s’installe à Paris entre 1921 et 1927 (d’où Paris est une fête, 1964). En 1926, il publie son premier roman Le soleil se lève aussi. En 1937 c’est En avoir ou pas. S’engageant comme journaliste dans la guerre d’Espagne, il en tirera Pour qui sonne le glas (1940). Sa dernière œuvre publiée sera Le Vieil homme et la mer (1952). En 1954, il reçoit le Prix Nobel de Littérature. Malade, il se suicida le 2 juillet 1961. Le film se termine en disant qu’il fut « le plus célèbre écrivain de sa génération ». C’est oublier un peu vite William Faulkner, le meilleur rival d’Hemingway.

  • Agnès von Kurowsky ne se maria jamais et mourut à 92 ans.

  • Richard Attenborough, baron Attenborough (1923-2014) : acteur, réalisateur et producteur britannique, diplômé de la Royal Academy of Dramatic Art. Il commence à jouer dès 1942. Dans les années 60, il est à Hollywood et tourne La grande évasion (1963) qui le fait connaître. Ses prestations dans la canonnière du Yang-Tse (1967) et l’extravagant Docteur Dolittle (1968) lui valent à chaque fois le Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle. Il tournera encore dans Rosebud (1975), Un pont trop loin (1977+ réal) et notamment dans Jurassik Park (1993). En 1969, il réalise son premier film, Ah Dieu ! Que la guerre est jolie !  Suivront Magic (1978), Gandhi (1982), Chaplin (1992), Ward and Destiny (2007). De 2003 à 2008, il est chancelier de l’université du Sussex. Chevalier (1967) puis commandeur (1976) de l’ordre de l’Empire britannique, il est élevé à la dignité de baron (1993) et siège à la Chambre des Lords. La France lui décernera le titre de chevalier de la Légion d’honneur.

  • Sandra Bullock fut payée 11 millions $.

  • Brendan Fraser passa le casting pour le rôle d’Hemingway.

  • Plusieurs scènes du film furent tournées près du village italien de Vittorio Veneto. En octobre 1918, l’armée italienne y perça le front, contraignant l’Autriche-Hongrie à demander l’armistice.

  • Au début du film, une fanfare italienne joue la « Polka du baril de bière ». Laquelle est tchèque et n’a été créée que dans les années 1920.

  • Chris O’Donnell/Ernest Hemingway : Christopher Eugène O’Donnell, acteur américain, il se fait remarquer aux côtés d’Al Pacino dans Le temps d’un week-end (1992). En 1993, il interprète D’Artagnan dans Les Trois Mousquetaires puis Robin dans Batman Forever (1995) et Batman et Robin (1997). On l’a aussi vu dans Vertical Limit (2000) et Max Payne (2008). Depuis 2006, il se consacre principalement à la télévision : Grey’s Anatomy (10 épisodes, 2006) et NCIS : Los Angeles (depuis 2009). 

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Traque sur internetLe temps d'aimer

Saga Sandra Bullock

Le Droit de tuer ? (1996)


LE DROIT DE TUER ?
(A TIME TO KILL)

classe 4

Résumé :

Mississippi, dans les années 1960. Accablé par la douleur après le viol de sa fille par deux hommes blancs, un père noir décide de faire justice lui-même. Accusé de double homicide, il risque la peine de mort.

unechance 7

Critique :

Un film aux thèmes très forts, aux discours puissants et qui résonnent encore aujourd’hui. Il est malheureusement en partie desservi par sa mise en scène.

Le départ ne saurait être plus tranché : deux Blancs éméchés, poussiéreux et braillards ; une communauté noire paisible, bien tenue, presque silencieuse. La suite est d’une grande brutalité ; on ne voit rien évidemment mais c’est très brouillon comme mouvement de caméra. On a plus l’impression que le réalisateur s’agite plutôt qu’il ne suggère. La musique est à cet instant absolument tragique. Le shérif (noir) arrête les coupables mais, avant qu’ils ne soient présentés au juge, le père, Carl Lee Hailey les abat ! Filmée au ralenti avec une chanson triste en illustration, la scène fait d’autant plus ressortir le bruit des coups de feu. Arrêter le meurtrier ne sera là non plus pas compliqué.

Le cadre a été posé même si on peut regretter le temps qu’il a fallu pour cela. Le réalisateur va prendre un temps considérable encore pour poser les enjeux (qui sont pourtant clairs), essayer de travailler son atmosphère (sans grande réussite) et en faisant parler ses acteurs ; en les faisant vraiment beaucoup parler. Des tunnels de dialogue. Certains sont importants mais d’autres auraient pu être raccourcis ou fusionnés. Les échanges entre Jack Brigance et Lucien Wilbanks (un bon Donald Sutherland) auraient gagné à être condensés. On a bien compris que ce dernier est le mentor du premier, qui le pousse à aller de l’avant mais on s’ennuie ferme. Le scénario rajoute aussi la présence du Klu Klux Klan qui ne sert qu’à dramatiser une histoire qui n’en a pas besoin – elle est suffisamment forte comme cela – et à nous servir soit des dialogues nauséeux entre des mecs répugnants (et Kiefer Sutherland en compose un bien poisseux quoiqu’intellectuellement limité, ce qui le rend caricatural) ou des scènes de violence (tabassage, menaces, incendie etc.). Il eut été bien plus profitable de ne se concentrer que sur un des deux aspects du film : soit la présentation d’un milieu marqué par un profond racisme (adapter Faulkner par exemple) soit un procès sur la question raciale. Mêler les deux alourdit le film.

ladoublure 3

On a donc perdu une heure quand le procès s’ouvre. Quelles sont les forces en présence ? Pour l’accusation, le procureur est Rufus Buckley incarné avec maestria par Kevin Spacey. L’acteur donne corps à un homme ambitieux, habile et manipulateur mais dont on ne saura jamais vraiment ce qu’il pense. L’entendre parler des statistiques raciales fait froid dans le dos car Buckley pèse la question en termes d’influence sur un jury et non comme une question en soi. La défense est assurée par Jack Brigance et Matthew McConaughey montre déjà son talent.

Les limites du jeune avocat ne sont pas oubliées et l’on n’est pas surpris qu’il faille (plusieurs fois) qu’on le pousse en avant. On se construit avec les autres, soit. C’est par contre un peu beaucoup que de mentionner qu’il n’a que peu de clients et boit beaucoup. Le voir recevoir au petit matin Helen avec la gueule de bois n’apporte pas grand-chose. Helen ? Une étudiante brillante qui a (lourdement) insisté pour rejoindre Jack et l’aider. Sandra Bullock n’apparaît qu’au bout d’une demi-heure et n’intervient réellement que dans la seconde partie du film. Que son nom arrive en premier au générique n’empêche pas que ce soit Matthew McConaughey la star du film.

On a également du mal à imaginer l’actrice en « étudiante ». Qu’il faille qu’elle insiste trois fois pour être engagée n’est qu’un exemple de plus du temps perdu par le film. Par contre, Sandra apporte une belle énergie et la présentation d’Helen ne manque ni d’enthousiasme ni d’humour et l’entendre défendre l’abolition de la peine de mort (que Jack en soit un partisan ne sert à rien sinon à pouvoir poser le débat et permettre un échange pas inintéressant en soi d‘ailleurs) est particulièrement fort. Le président du tribunal est quant à lui incarné avec autorité et aisance par le grand Patrick McGoohan. Hautain, mais jamais méprisant, l’acteur nous donne à voir un homme partial, sûr de lui-même mais suffisamment honnête pour laisser se dérouler le procès. Quant à l’accusé, c’est Samuel L. Jackson qui le joue et l’acteur est impressionnant de force et de charisme. Il donne corps à la douleur de Carl mais, plus encore, il lui donne une dignité (scène avec le « groupe de soutien »). 

Moment imposé : le héros est tellement plongé dans son affaire qu’il néglige le reste. Par contre, le film n’a pas tort de montrer qu’une affaire de ce genre ne peut pas être extraite de son substrat social (ce qui sera rappelé avec force dans la plaidoirie finale de Jack) et qu’elle a nécessairement des conséquences et des répercussions sur la vie des personnes. Il est appréciable de voir la famille Brigance secouée mais pas coulée et Ashley Judd est très émouvante dans son rôle d’une épouse aimante, qui flanche dans les moments très durs mais qui n’abandonne pas son mari et saura être présente au moment où il aura besoin d’elle. Merci aussi de nous avoir épargné une romance qui aurait été inappropriée entre Jack et Helen. Qu’ils soient attirés l’un par l’autre est compréhensible (et qui peut résister aux beaux yeux de Sandra Bullock ?) mais le scénario joue la responsabilité des personnages. Les acteurs jouent bien la corde raide mais on peut quand même dire qu’il y a du mou dans la corde à noeuds. Joel Schumacher est incapable de garder l’intensité d’une scène très longtemps et le nombre de moments qui manque de nerfs est impressionnant.

Le déroulement du procès appartient au déjà-vu avec ses coups fourrés, ses retournements de situation etc. et un épisode de l’excellente série New York Police Judiciaire en montre autant sinon davantage en 42 minutes. Kevin Spacey est impeccable à démonter son rival mais qui s’énerve aussi quand les choses lui échappent. Hormis la plaidoire finale de Jack vraiment impressionnante, c’est bien Buckley qui tient la barre dans cette partie. Matthew McConaughey se défend certes, mais face à Kevin Spacey et Patrick McGoohan, il ne pèse pas lourd ! Ce qui est précisément l’effet recherché et ces scènes sont très crédibles. Ici, peu d’effets et c’est efficace. Dommage, encore une fois, de perdre son temps avec des a-côtés sans grand intérêt.

La plaidoirie finale de Jack est le moment clé de la fin du film et elle n’est pas manquée. Filmé en gros plan, Matthew McConaughey est émouvant, profond et dégage une véritable force. Avec intelligence (ça lui arrive), Joel Schumacher insère des plans sur Buckley que l’on sent mal à l’aise et qui comprend qu’il est en train de perdre le procès. Excellente idée que de ne pas avoir filmé les délibérations et de nous faire vivre le verdict avec ceux qui attendent dehors. La toute dernière scène est peut-être par contre un brin moralisatrice ou guimauve mais elle ne manque pas non plus d’intérêt.

Anecdotes :

  • Sortie US : 13 juillet 1996. Sortie en France le 13 novembre 1996

  • On notera la pudeur de la traduction française. Quand le titre original est affirmatif, celui en français est interrogatif.

  • Le film est l’adaptation du roman Non coupable de John Grisham. A noter que le titre original du roman et le titre original du film sont les mêmes.

  • Joel Schumacher : réalisateur, scénariste et producteur américain, il débute dans le cinéma en faisant du design de costumes. Son premier film est La femme qui rétrécit (1981) et son premier succès St Elmo’s Fire (1985). On lui doit ensuite L’Expérience interdite (1990), Le Client (1994), Batman Forever (1995), Batman et Robin (1997). Ce dernier est un lourd échec qui interrompt la saga pour un long moment. Par la suite, il va réaliser Phone Game (2002), Le fantôme de l’Opéra (2004), Le nombre 23 (2007). Effraction (2011) est son dernier film.

  • Akiva Goldsman : scénariste et producteur américain, il a surtout travaillé avec Joel Schumacher et Ron Howard (Un homme d’exception, en 2001, lui rapporte l’Oscar du meilleur scénario adapté). Il a aussi scénarisé et produit la série Fringe (2008-2013).

  • Matthew McConaughey/Jack Tyler Brigance : acteur américain, il est révélé par le film Génération rebelle (1993). Le droit de tuer ? est son second rôle. Il enchaîne avec Amistad (1997) puis En direct sur Ed TV (1999). Il tourne ensuite principalement des comédies sentimentales (Un mariage trop parfait, 2001 ; Playboy à saisir, 2006) mais aussi Le Règne du feu (2002). Il se redonne du souffle avec La défense Lincoln (2011), Bernie (2012). En 2013, sa performance dans Dallas Buyers Club lui vaut l’Oscar et le Golden Globe du meilleur acteur. Il enchaîne avec Insterstellar (2014). La même année, il participe à la première saison de True Detective.

  • Samuel L. Jackson/Carl Lee Hailey : acteur américain, il tourne depuis 1972. Sous la direction de Spike Lee, il décroche la Palme de meilleur second rôle masculin pour Jungle Fever (1991). C’est son rôle de tueur dans Pulp Fiction (1994) qui en fait une star. Vedette de Tarantino, il tournera sous la direction de celui-ci dans Jackie Brown (1997), Kill Bill vol. 2 (2004), Django Unchained (2012) et Les Huit salopards (2016). Il a égalment tourné dans Star Wars (1999, 2002, 2005), Shaft (2000), Cleaner (2008), Kingsman, services secrets (2015). Depuis 2008, il incarne principalement Nick Fury dans les films de la franchise Avengers.

  • Oliver Platt/Harry Rex Vonner : acteur canadien, il a joué dans L’Expérience interdite (1990), Proposition indécente (1993), La courtisane (1998), Lake Placid (1999), Mafia Parano (2000), Frost/Nixon (2008), 2012 (2009), Love et autres drogues (2010). Il a également tourné pour la télévision : Deadline (2000-2001), Huff (2004-2006), Nip/Tuck (2007-2008), Chicago Police Department/Chicago Med (2015).

  • Kevin Spacey/Rufus Buckley : acteur américain, il s’intéresse au théâtre, s’initie au stan-up et à l’imitation. En 1986, il débute au cinéma dans La brûlure. Son premier véritable rôle est dans la comédie Pas nous pas nous (1989). Il participe ensuite à Henry and June (1990). Jeux d’adulte (1992) en fait un acteur de premier plan. Il devient une star avec Usual Suspect (1996) qui lui vaut l’Oscar du meilleur second rôle. Suivront L.A Confidential et Minuit dans le jardin du bien et du mal (1997). En 2000, il obtient l’Oscar du meilleur acteur pour American Beauty. En 2006, il tourne dans Superman Returns puis Les Chèvres du Pentagone (2009). Kevin Spacey n’a pas boudé la télévision puisqu’on l’a vu dans Equalizer (1985), Un flic dans la Mafia (1988, 8 épisodes) et, bien sûr, House of Cards (depuis 2013).

  • Donald Sutherland/Lucien Wilbanks : acteur canadien, d’abord DJ pour des radios locales, il s’inscrit à la Royal Academy of Dramatic Art de Londres et monte sur les planches. Il tient son premier rôle au cinéma avec un film d’horreur italien, Le château des morts-vivants (1964) avant d’avoir un premier grand rôle dans Les Douze salopards (1967). Il se fait remarquer avec le succès de la comédie MASH (1970). En 1976, il est le Casanova de Fellini dans le film éponyme. Suivront, par exemple, L’invasion des profanateurs (1978), JFK (1991), Buffy, tueuse de vampires (1992), Space cowboys (2000), Retour à Cold Mountain (2003), Hunger Games (2012-2015). Il a également tourné pour la télévision : Le Saint (1965), Chapeau melon et bottes de cuir (1967), Dirty Sexy Money (2007-2009), Crossing Lines (2013-2015).

  • Kiefer Sutherland/Freddie Lee Cobb : fils du précédent, il est né à Londres mais vit à Toronto depuis 1975. Au cinéma, il a joué dans Comme un chien enragé (1986), L’expérience interdite (1990), Les trois mousquetaires (1993), Phone Game (2003), Mirrors (2008), Melancholia (2011), Pompéi (2014). Son rôle le plus connu est cependant celui de Jack Bauer dans la série 24 heures chrono (2001-2010, 2014).  

  • Patrick McGoohan/juge Omar Noose : acteur irlando-américain (1928-2009), il a tourné tant pour le cinéma que pour la télévision. Il débute avec Les briseurs de barrages (1954). On le retrouvera dans Destination Zebra (1968), L’Evadé d’Alcatraz (1979), Braveheart (1995). La télévision lui a fourni ses rôles les plus mémorables avec les séries Destination Danger (1961-1968), Le Prisonnier (1967-1968), Columbo (4 épisodes).

  • Ashley Judd/Carla Brigance : née Ashley Tyler Ciminella, cette actrice américaine, diplômée de français de l’université du Kentucky, débute sur les planches. Elle a tourné dans Heat (1995), Le Collectionneur (1997), Instinct meurtrier (2004), La chute de la Maison-Blanche (2013), Divergente (2014, 2015, 2016).

  • Charles S. Dutton/sheriff Ozzie Walls : acteur américain vu au cinéma dans Crocodile Dundee 2 (1988), Alien 3 (1992), Seven (1995), Gothika (2003) et vu à la télévision dans The L Word (4 épisodes) ou Esprits criminels.

  • Chris Cooper/Dwayne Lowell Loney : Christopher W. Cooper, acteur américain, débuta avec Matewan (1987). On l’a vu ensuite dans L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux (1998), American Beauty (1999), Adaptation (2002 ; Golden Globe et Oscar du meilleur second rôle), Syriana (2005), The Town (2010), Un été à Osage County (2013).

  • Klu Klux Klan : souvent abrégé en KKK ou le Klan, organisation suprématiste blanche créée en 1865. Recréé après la Première guerre mondiale comme un lobby défendant les anglo-saxons blancs protestants (WASP en anglais), il disparaît officiellement en 1944. Dans les années 1950 et 1960, certains groupuscules s’en réclameront cependant.

  • Le film permet les retrouvailles entre Kiefer Sutherland et Sandra Bullock, quatre ans après La Disparue dans lequel l’actrice n’avait qu’un petit rôle (celui de la fiancée disparue justement).

  • Pour le rôle de Jake Brigance, les premiers choix étaient Kevin Costner, Val Kilmer, Brad Pitt, Alec Baldwin, Bill Paxton, Ralph Fiennes.

  • Paul Newman refusa le rôle de Lucien Wilbanks.

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Un poseur de bombes rusé et cruel exige une rançon de la ville de Los Angeles. Pour se faire bien comprendre, il piège un bus. Si celui-ci descend en-dessous d’une certaine vitesse, il explose ! Jack Traven, jeune policier, monte à bord.

SpeedLe droit de tuer ?

Saga Sandra Bullock

Traque sur Internet (1995)


TRAQUE SUR INTERNET
(THE NET)

classe 4

Résumé :

Angela Bennett, informaticienne, découvre un étrange programme et en fait part à un ami. Mais, celui-ci meurt brusquement et, très vite, la vie d’Angela devient un cauchemar car sa vie ne lui appartient plus !

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Critique :

En vedette, Sandra Bullock tient bon l’affiche et se montre le meilleur atout de ce thriller bien fait mais qui a terriblement vieilli. Toute l’intrigue tient au contenu d’une disquette ! Reste que les situations sont bien amenées et que les acteurs se défendent. En revanche, la fin, précipitée, déçoit.

La séquence d’ouverture avec ce suicide d’un sénateur nous sera expliquée plus tard. Curieusement, elle, elle n’a pas vieilli et, dans sa brièveté, elle est poignante. Ken Howard était un des très bons acteurs de seconds rôles américains. Puis, sans transition, comme le dit la formule consacrée, nous nous retrouvons chez Angela Bennett, informaticienne qui ne sort pratiquement jamais de chez elle. On a deux éléments un peu pathétiques quoique touchants ; la musique jolie mais triste et un fond d’écran dynamique qui propose un feu de bois crépitant !

Un soir, elle appelle un de ses amis, un certain Dale, au sujet d’un virus informatique et, en retour, il lui parle d’un programme lié au symbole π (Pi) qui permet de s’introduire n’importe où ! Il doit venir travailler avec elle dessus en avion mais se tue dans un accident. Très secouée (et Sandra a la première occasion de nous toucher avec sa peine), Angela part en vacances pour oublier tout cela au Mexique. En maillot, l’actrice est absolument sexy et magnifique et un homme la remarque. Il s’appelle Jack Devlin et, entre eux, le courant passe bien.

ladoublure 3

Le réalisateur (qui n’avait auparavant pas oublié de bien nous montrer Sandra en maillot) réussit à installer l’atmosphère romantique de la soirée et, tout aussi bien, la brise avec le vol du sac d’Angela. Et là, l’atmopshère change car c’est Devlin qui est derrière ! La scène se passe la nuit et la musique est très dure aussi. De plus, Angela ne sait pas que son compagnon est un tueur et, sur une jolie musique, l’angoisse monte et plus encore quand le couple part vers le large en bateau ! Sauf, qu’au lieu de la tuer, Devlin l’embrasse et que tout le reste devient (momentanément) littérature ! Agréable surprise, mais très vite douchée, quand, prenant la veste pour se réchauffer, elle tombe sur le pistolet ! Là, Devlin devient vraiment inquiétant. Jérémy Northam se montre excellent. Il a su être enjôleur, le voici assassin. En le filmant en gros plan, mais par à-coup, Irwin Winkler se montre inspiré pour créer l’angoisse. Après une succession de scènes brèves mais tendues, Angela parvient à se sauver.

Mais c’est pour retomber dans un cauchemar car elle va découvrir qu’elle s’appelle désormais « Ruth Marx » et que sa maison est à vendre ! Le vol d’indentité est un des crimes les plus violent par son caractère intrusif. Il détruit le cadre rassurant et, surtout, amène à douter de soi. Sandra Bullock restitue parfaitement le vertige, la peur et l’impuissance qui dominent Angela.  Laquelle, désormais pourvu d’un casier judiciaire bien rempli ( merci Jack !), s’enfuit.

Elle contacte un ancien amant, Alan, qui essaye de la rassurer. Dennis Miller ne dégage pas une énergie prodigieuse et on a peine à croire qu’il puisse inspirer une romance mais, bon, Angela étant une solitaire, n’avais pas une masse de choix ! Si le personnage est sympathique, il n’a vraiment d’intérêt que comme réceptacle des angoisses d’Angela. Le récapitulatif de tout ce qu’elle a vécu est proprement glaçant ! 

Retrouvant de l’énergie, Angela se rend sur Internet (le titre original est mieux trouvé que le très accrocheur titre français) pour trouver ce qu’elle peut sur ce programme lié au symbole π. Elle découvre l’existence des Prétoriens, un groupe de pirates en ligne qui mènent une série d’attaques spectaculaires. Malheureusement, elle se fait repérer et Devlin (c’est vraiment Jack de tous les coups celui-là !) l’attrape sur la jetée de Santa Monica. Sauf qu’il y a une fête foraine là-bas et qu’Angela lui échappe à la faveur d’un gros câlin d’un lapin joyeux ! La poursuite parmi les attractions a un côté décalé savoureux mêlant rires, musique alerte des manèges et musique dure en arrière-plan. Très bien fait. Une nouvelle fois, elle s’en sort. Sauf que, peu après, elle sera arrêtée par la police et incarcérée. Quand à son avocate (commis d’office et qui, elle aussi, n’a d’intérêt que pour écouter Angela), elle dit que « tout est fiché sur ordinateur », pour le coup, le film sonne juste et n’est plus daté mais prémonitoire ! En 1995, Internet n’avait pas atteint le développement qu’il a aujourd’hui. La phrase d’Angela n’en est que plus vrai. Angela a compris que les Prétoriens ne sont qu’un moyen pour le milliardaire Jeff Gregg de vendre son logiciel de sécurité, le Cerbère. Si tous les ordinateurs du monde sont équipés du même produit, c’est dangereux. Là aussi, c’est prémonitoire et pas seulement en informatique.

Si Angela sort de prison, c’est encore un piège mais on a failli s’y prendre. S’ensuit une nouvelle course poursuite entre Angela et Jack mais, là, ça vire au système et ça devient lassant. Le film perd ainsi un temps précieux avec ces scènes inutiles. Evidemment qu’elle s’en sort mais c’est pour aller chez son employeur où une inconnue a pris son identité. C’est alors la contre-offensive d’Angela et la tension est habilement maintenue.

Contre-offensive qui va l’amener à une nouvelle et dernière confrontation avec Devlin. Auparavant, en une scène, elle a détruit tout l’empire du méchant ! On reste confondu par la facilité avec laquelle Angela triomphe (même si elle doit encore sauver sa vie ce dont on ne doute pas une seconde) ! Tout ça pour ça ! On avait une légère inquiétude en voyant le temps qu’il restait pour conclure le film et le pressentiment était bon. En se perdant dans les routes de l’action, ce thriller s’est appauvri et n’atteint pas le niveau qu’il semblait promettre. Reste que Sandra Bullock a prouvé qu’elle avait l’étoffe d’une tête d’affiche capable de porter un film sur ses seules épaules.

Anecdotes :

  • Angela aimerait que “Captain America” et “Albert Schweitzer” se battent pour sauver le monde et la démocratie et écoutent du Bach !

  • Le film préféré d’Angela est Diamants sur canapé.

  • Le terme “prétorien” renvoie à la Rome antique où ils formaient la garde impériale. Ils assassinèrent plusieurs empereurs jusqu’à ce que Constantin les supprime.

  • Scénario : John D. Brancato & Michael Ferris

  • Réalisation : Irwin Winkler

  • Sortie US : 28 juillet 1995 Sortie française : 18 octobre 1995

  • John D. Brancato et Michael Ferris: Scénaristes américains, souvent associés, ils ont notamment écrit Terminator 3 (2003) et Terminator Renaissance (2009) ainsi que Catwoman (2004).

  • Irwin Winkler : Producteur, réalisateur et scénariste américain, il commence comme publicitaire en 1967. Comme réalisateur, on lui doit La liste noire (1991), Premier regard (1999), La maison sur l’océan (2001). Les soldats du désert (2006) est son dernier film comme réalisateur. En tant que producteur, sa carrière est longue et compte notamment plusieurs films de Martin Scorsese, comme Le loup de Wall Street (2013).

  • Jeremy Northam/Jack Devlin : acteur britannique, homme de théâtre, il poursuit une carrière tant sur grand que sur petit écran. Pour ce dernier, il a notamment tourné dans Hercule Poirot (1993) et incarna Thomas More dans Les Tudors (2009-2010). Au cinéma, on a pu le voir dans Les Hauts de Hurlement (1992), Amistad (1997), La coupe d’or (2000), Bobby Jones, naissance d’une légende (2004), Un traître idéal (2016).

  • Dennis Miller/Docteur Alan Champion : acteur, producteur, écrivain et animateur américain, c’est un soutien du Parti républicain depuis 2001. En tant qu’acteur, il a joué dans Saturday Night Live (1985-1991), Meurtre à la Maison-Blanche (1997), Boston Public (TV, 2003), Hawaï Five-0 (TV, 2012).

  • Ken Howard/Michael Bergstrom : acteur américain (1944-2016), il débute avec Dis-moi que tu m’aimes, Junie Moon (1970) d’Otto Preminger. Il retrouvera Irwin Winkler dans Premier regard (1999). On l’a aussi vu dans Michael Clayton (2007), J. Edgar (2011). Il a également tourné pour la télévision : Bonanza (1972), Les Oiseaux se cachent pour mourir (1983), Dynastie (1985-1986), Melrose Place (5 épisodes entre 1994 et 1998), Preuves à l’appui (2001-2005), Ghost whisperer (2006), New York unité spéciale (2006), Cold Case (2009), 30 Rocks (2011-2013).

  • Ray McKinnon/Dale Essmann : acteur, producteur, scénariste et réalisateur américain. Comme acteur, on a pu le voir dans Miss Daisy et son chauffeur (1989), Le Bazaar de l’épouvante (1993), Apollo 13 (1995), O’Brothers  (2000), The Blind Sind (2010), Mud, sur les rives du Mississipi (2012). Il a aussi tourné pour la télévision : Le Caméléon (1996), X-Files (2002), Sons of Anarchy (2011). Il est le créateur de la série Rectify (depuis 2013).

  • Robert Gossett/Ben Philipps : acteur américain, il est surtout connu pour avoir joué dans la série The Closer (2005-2012) et sa dérivée Major Crimes (depuis 2012). Il a également tourné dans Code Quantum (1990), Les Dessous de Palm Beach (1992-1993), Beverly Hills (1997), Dark Angel (2000-2001), Urgences (2008).

  • En 1998, le film fut adapté en série (1 saison de 22 épisodes). Parmi les acteurs, Eric Szmanda qui devait se faire vraiment connaître avec Les Experts.

  • Une suite intitulée « Traque sur Internet 2.0 » est sortie en vidéo en 2006. Réalisé par le fils d’Irwin Winkler, il fut écrit par les mêmes scénaristes.

  • La musique fut composée par Mark Isham à qui l’on doit tout récemment la partition de la série Once upon a time. Il a également composé pour Point Break (1991), Et au milieu coule une rivière (1992), Blade (1998), Collision (2004), La conspiration (2011).

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Un poseur de bombes rusé et cruel exige une rançon de la ville de Los Angeles. Pour se faire bien comprendre, il piège un bus. Si celui-ci descend en-dessous d’une certaine vitesse, il explose ! Jack Traven, jeune policier, monte à bord.