Ainsi va la vie (1998) Résumé : Après avoir découvert en direct à la télévision que son mari la trompe avec sa meilleure amie, Birdie part avec sa fille Bernice retourner vivre chez sa mère. Elle y retrouve Justin, son ami d’enfance. Critique : Un film d’une grande platitude, assez lent, sans surprise aucune, réalisé sans beaucoup d’imagination. Sandra Bullock et Gena Rowland sont les uniques attraits de cette comédie sentimentale qui ne rentrera pas dans les annales du genre. Passé la séquence trash de la télévision – pour le coup, c’est rythmé et dynamique et Kathy Najimy est délicieuse en animatrice de talk qui aime la douleur des autres qui font ses audiences - qui rappelle des émissions poubelles qu’on ne citera pas et où Sandra Bullock compose une femme dont la vie se décompose en direct mais qui parvient à faire face, le récit ne quittera pas les rails d’une histoire bien balisée. L’accueil de la mère de Birdie – quel prénom étrange ! – est chaleureux et, au vu de la déco de la maison, on espère une douce excentrique au petit grain de folie. Dommage, on ne l’aura pas mais Gena Rowand a suffisamment de métier pour rendre crédible et attachant son personnage de mère aimante mais qui n’est pas prête à laisser sa fille s’enfoncer dans le chagrin. Il faut la voir faire une leçon assez raide à Birdie qui est sur le point de se laisser écraser par sa peine. Sandra est juste à croquer lorsqu’elle nous rend palpable la ruine intime d’un être qui a vu son univers s’effondrer plus vite que Rome. Parvenant à se secouer, elle ira chercher du boulot même si « les anciens prix de beauté ne sont pas très demandés ». Ces deux passages sont symptomatiques du film : de bonnes idées, des dialogues pas mal écrits mais une lenteur, une langueur même qui plombe tout. A 20’31, débarque Harry Connick Jr dans le rôle de Justin Matisse, l’ami d’enfance de Birdie. On sourit devant la ficelle du rendez-vous arrangé. Ça pourrait passer – la comédie sentimentale c’est comme le film d’horreur, il y a des passages obligés – mais, là encore, le manque de rythme de la caméra affadit la scène. En outre, dès que le spectateur voit arriver l’acteur, le scepticisme le gagne. Quoi ? C’est avec lui que l’héroïne va partir ? Harry Connick Jr est totalement dénué de charisme et qu’il puisse susciter l’amour de Sandra est improbable et hautement risible. Son sex appeal est tellement bas qu’une limande, à côté, c’est l’Everest ! Et la bande musicale est involontairement comique avec un côté sirupeux prononcé. Chabada bada tout ça ! Birdie se dégottera un boulot chez un photographe mais le pire c’est qu’on n’y attache guère d’importance comme à peu près à tout le reste. On a compris ce qui devra arriver et on attend en regardant d’un air distrait les péripéties qui composent (on n’osera pas dire « qui rythment ») le film. Un des rares moments où Forest Whitaker, qui est bien meilleur acteur, arrive à nous intéresser c’est un zoom progressif sur le couple vedette alors qu’ils parlent du passé et qu’il l’invite finalement « à sortir avec lui » (très collégien comme expression). La scène de la pêche n’a d’intérêt que par le sourire que Justin parvient à faire naître chez Birdie mais c’est Sandra que l’on remercie car l’actrice y mets du sien pour que l’on croit à ce personnage qui commence à croire qu’il aura une autre chance en amour. Si les scènes romantiques convenues défilent, on comprend mal les scènes où Bernice – bonne prestation de Mae Whitman – a des problèmes avec d’autres élèves et en particulier avec une grosse fille aussi disgracieuse que bête. Entendre les enfants crier « Fight », même si le son est curieusement assourdi par une musique pas très appropriée, est un moment dur mais qui se révèlera sans suite alors quel intérêt ? Il ne manque même pas les « rebondissements » dramatiques ! Le coup de froid entre les deux tourtereaux puis la mort de Ramona auraient pu être des moments de tension, d’émotions fortes. On en reste à la surface des choses. Pire ! Forest Whitaker procède à deux moments (la nuit « d’amour » et la mort) par de longues ellipses très dérangeantes parce qu’elles occultent beaucoup trop de choses et ne permettent surtout pas à l’émotion de s’installer. Gena Rowland aura réussi à en créer brièvement quand Ramona écoute la confession de sa fille qui s’est ennivrée auparavant (scène lamentable et mal jouée) : là, c’est fort et là on se sent secoué, touché par la douleur de Birdie qui aimait sa vie d’avant, qui aimait son mari et qui a si mal d’avoir tout perdu. L’explication entre les deux ex-époux le jour de l’enterrement n’a d’intérêt que par l’amertume que Sandra insuffle dans les paroles de Birdie puis le réconfort que celle-ci apportera à sa fille brisée de voir ce père qu’elle chérissait tant lui tourner le dos pour aller vivre sa nouvelle vie. Il ira en effet très bien avec sa nouvelle femme ; ils sont aussi fades l’un que l’autre. Birdie, elle, saura trouver les mots pour dire à se fille qu’elle l’aime. La fin du film arrive comme un soulagement mais on ne se quittera pas sans cette phrase à broder sur nos oreillers : « Donne à la vie une chance d’être belle et elle le sera ». Ailleurs peut-être mais pas dans ce film. Anecdotes :
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