Speed (1994) Résumé : Un poseur de bombes rusé et cruel exige une rançon de la ville de Los Angeles. Pour se faire bien comprendre, il piège un bus. Si celui-ci descend en-dessous d’une certaine vitesse, il explose ! Jack Traven, jeune policier, monte à bord. Critique : Une pure merveille à l’intrigue simple sans être squelettique et qui manie les moments de stress avec maestria. Dès l’introduction et cette plongée dans les entrailles d’un ascenseur, les teintes bleu sombre et métallique et, surtout, une superbe musique tonique et captivante – et qui soulignera chacun des temps forts du film – nous sommes plongés dans l’ambiance. Ce sabotage initial forme la première partie du film et sert à poser les personnages principaux. La chute de l’ascenseur montre la maîtrise de Jan de Bont par son côté certes spectaculaire mais sans musique, juste avec les cris des prisonniers et une lumière jaunâtre. Dans la troupe de policiers arrivés sur place, deux se détachent ; Harry Temple et Jack Traven. La dynamique entre eux est classique : le premier est l’aîné, posé et réfléchi (et connaisseur des explosifs) ; le second est le jeune impulsif. Rien d’original mais ça fonctionne bien et chacun, de Jeff Daniels à Keanu Reeves, donne de l’épaisseur à son personnage. Si le film d’action privilégie le jeune, il ne laisse pas de côté l’aîné. Cet équilibre, et l’humour qui existe entre eux, rend un effet agréable, rassurant. Et rassurant, il faut l’être quand des gens paniqués sont à deux doigts de mourir ! Leur sauvetage est une belle séquence. Le scénariste est doué ; il laisse souffler les policiers une minute avant qu’ils ne réalisent que le poseur de bombes est dans l’immeuble ! Il parviendra à leur échapper mais Dennis Hopper a réussi son entrée. Il donne à son personnage un regard fou mais surtout méchant et cruel. L’acteur ayant un charisme certain, c’est un homme impressionnant qui fausse compagnie aux flics. Ne courrez pas après un bus c’est dangereux. Le lendemain du jour où il a été décoré, Jack assiste à l’explosion d’un bus et, dans la foulée, il est contacté par le fou dangereux : un autre bus est piégé et sautera s’il descend en-dessous de 50 miles/heure (environ 60km/h) ! Et au passage, il demande 3.7 millions de dollars de rançon. Ici, pas de pseudo-justification quelconque, le poseur de bombe exige ce qu'il estime lui être dû. Cette froide soif d'argent exprimée sans ambage confère un aspect nettement répugnant au personnage et Dennis Hopper le rend vraiment antipathique. A la 28ème minute, une passagère parvient à monter dans le bus. Elle s’appelle Annie Porter et va passer la pire journée de sa vie. En femme ordinaire, Sandra Bullock est la meilleure. En outre, Annie n’est pas une reine de beauté mais elle a un charme indéniable et un beau sourire. Jack va parvenir à monter dans le bus au terme d’une séquence qui skotche le spectateur. C’est un mélange de vues aériennes, de vues rapprochées et de scènes à l’intérieur du bus. Ce faisant, le réalisateur nous place à la fois à la place des passagers (c’est déjà éprouvant) mais, en plus, il nous permet de savoir ce qu’il se passe dehors et ce n’est pas franchement rassurant non plus ! Mais c’est d’une redoutable efficacité. La montée dans le bus est solide et nerveuse mais elle n’est pas invraisemblable. Jan de Bont sait sans doute qu’une dose de réalisme fait mieux passer l’incroyable et le spectaculaire. Si Jack parvient à calmer les passagers et un petit caïd notamment, celui-ci, armé, a blessé gravement le chauffeur. Figure classique du film d’action, un quidam est plongé dans l’extraordinaire. Moins courant, c’est une femme : Annie ! En fait, le film scinde la figure du héros en deux : Annie reste le quidam mais qui doit faire preuve de courage et Jack est la figure qui agit. Quelque part, il est la tête pensante mais, pour que cela reste crédible, il sera en contact avec son ami Harry. Il donne ses indications pour qu’Annie puisse se concentrer sur la conduite ; ce qui n’est pas une mince affaire ! Et la séquence du landau est une idée de génie ! Une saynète d’humour grinçant qui ne dépareille absolument pas dans cette ambiance pré-apocalyptique. Le scénario a l’intelligence de se concentrer sur la bombe et la conduite du bus et les passagers ne sont guère fouillés. Pas grave car ils sont là pour faire le nombre et faire la claque. Le spectateur s'identifie facilement à Annie ; n'importe qui aurait pu se trouver là, juste pour prendre le volant et se retrouvant à conduire un bus ! Sandra joue très juste: tout son corps exprime l'angoisse et la tension et elle rend très bien le réconfort que puise Annie dans la présence de Jack. C’est alors que le poseur de bombe entre en contact avec Jack. S’ensuit une séquence d’une grande cruauté. Le chauffeur est évacué mais une passagère, que l’angoisse a rendu folle, tente de le suivre. Impitoyable, le criminel fait sauter une charge de faible puissance ! Cela brise la brève séquence de bonne ambiance qui avait eu lieu et nous replonge dans le dur. La brutalité de la scène coupe le souffle. Annie est alors très ébranlée et Jack la réconforte. Manière de voir que tant Sandra Bullock que Keanu Reeves sont parfaitement crédibles dans l’émotion. Comment ne pas comprendre ce que ressent la malheureuse ? Comment ne pas apprécier le discours de vérité empreint d’empathie qu’il tient ? Mais, pas le temps de sourire, que survient une nouvelle difficulté. Elle est aussi absurde que parfaitement crédible ! Jack va ensuite tenter de désamorcer la bombe avec l’aide de ses collègues. La séquence est très réussie : filmée depuis la position de Jack, elle nous donne vraiment l’impression que l’on va passer sous un bus ! Malheureusement, déstabilisé, il ne parvient pas à ses fins. D’autant que le poseur de bombes s’est aussi joué de la police qui l’avait identifié : il se nomme Howard Payne et il s’estime injustement traité par la ville et la police. Il avait piégé son domicile et tue plusieurs policiers dont Harry. Il appelle ensuite Jack pour savourer sa vitoire. Dennis Hopper est monstrueux à tout point de vue. Il donne une force à l’exultation mauvaise de Payne et son ironie macabre est absolument atroce. Le regard de Hopper fait juste froid dans le dos. Mais, à malin malin et demi et, un détail lâché par Payne, fait tilt chez Jack. Et il parvient à sauver les passagers. Jack et Annie se sauvent ensembles et pas de la façon la plus simple évidemment ! La police va-t-elle posséder Payne au moment de la remise de la rançon ? Ce serait mal connaître ce fieffé renard. Déguisé, il enlève Annie qu’il va ceinturer d’explosifs ! Dennis Hopper nous effrayait déjà avec sa joie malsaine exubérante mais, ici, il atteint des sommets dans l’abject et la folie furieuse. Il faut l’entendre parler du « destin de la bombe » pour mesurer combien cet esprit brillant est complètement malade ! Face à cette puissance de jeu, Keanu Reeves et Sandra Bullock sont simples spectateurs et, pour le coup, cela tombe très bien. La raison froide qui a guidé Payne va l’abandonner lorsqu’il réalise qu’il a été joué mais le combat avec Jack sur le toit d’un métro en marche est un moment bref tout en étant parfaitement éprouvant, surtout avec ce que Payne tient dans la main. Mais il perdra la tête une fois de trop. Nous ne sommes pas au bout de nos émotions et l’on se demande même avec quelques inquiétudes si nos héros, auxquels nous nous sommes attachés, vont pouvoir s’en sortir. Le dernier coup de Jack semble quand même très risqué et, lorsqu’Annie s’effondre, est-ce que Jack va l’enlacer pour la réconforter ou pour qu’ils passent ensembles les dernières secondes qu’ils leur reste à vivre ? Enlacés ils étaient. Enlacés ils resteront. Anecdotes :
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Un poseur de bombes rusé et cruel exige une rançon de la ville de Los Angeles. Pour se faire bien comprendre, il piège un bus. Si celui-ci descend en-dessous d’une certaine vitesse, il explose ! Jack Traven, jeune policier, monte à bord.