Miss Détective (2000) Résumé : Le FBI pense qu’un terroriste va tenter de saboter le concours de Miss Etats-Unis. L’équipe montée par l’agent Éric Matthews veut un agent infiltré. Problème, il n’a sous la main que l’agent Grace Hart aussi peu féminine que possible ! Pour réussir sa mission, et avec l’aide d’un coach, Victor Melling, Gracie va devoir se métamorphoser. Critique : Une comédie policière drôle et sexy, où Sandra Bullock déploie une belle énergie et un charme fou. Le film se moque sans méchanceté des concours de beauté et l’intrigue policière est un prétexte bien trouvé car elle permet d’avoir des moments plus sérieux qui densifient l’ensemble juste pour que tout tienne et que rien ne lasse. On rit beaucoup et de bon cœur. L’enjeu de départ était d’enlaidir Sandra Bullock. Sa composition de Grace Hart (un nom prédestiné !) est géniale : c’est un éloge au je-m’en-foutisme concernant son apparence et une ode à la vulgarité (il faut l’entendre rire !). La brève scène de son appartement est un résumé saisissant de sa vie et de sa personnalité ! Au départ donc, une lettre d’un déséquilibré qui s’est baptisé « le Citoyen » et qui menace de s’en prendre au concours de Miss Etats-Unis 48 heures plus tard. Après une sélection qui commence sérieusement et finit en exercice potache, il n’y a qu’une solution : Gracie ! Celle-ci se fait supplier mais son sens du devoir lui fait accepter. Pour entrer, le FBI a trouvé de quoi disqualifier une prétendante. Avec l’aval contraint des organisateurs, Gracie sera donc Miss New Jersey. La mine consternée de Candice Bergen et de William Shatner sont absolument réjouissantes ! Comme on les comprend ! En ex-reine de beauté, Candice Bergen s’impose en maîtresse femme. Vue de France, on a une pensée pour Geneviève de Fontenay mais avec plus de poigne et de méchanceté. William Shatner est plus en retrait mais il sera excellent en maître de cérémonies. Son final sera aussi hilarant tellement son discours – convenu à un point que c’en est comique – est décalé, mais alors complètement décalé ! – avec ce qui se passe derrière lui. Pour essayer de transformer la citrouille en carrosse, il est fait appel à Victor Melling, coach mis sur la touche, et qui est horrifié par Gracie mais beaucoup moins par Matthews qui prend la poudre d’escampette ! Entrée de Michael Caine avec élégance et un maintien impeccable. Il s’empare du rôle avec une aisance confondante et en fait un chef-d’œuvre. Pourtant, il était assez cliché à la base mais le jeu de l’acteur le transcende. C’est avec tact qu’il révèle sans un mot mais d’un geste ses goûts et le seul moment où Michael Caine la joue « grande folle » c’est à un moment important puisqu’il permet à Victor et Matthews d’être présents sur le plateau du show. Le clin d’œil accompagnant le « Il est avec moi » est comique d’autant que Benjamin Bratt la joue lui au bord de la panique ! En agent du FBI, ce dernier est très crédible et il donne une réalité à son personnage. Récemment promu chef d’équipe, Matthews est sur le point d’être dépassé et il se repose de plus en plus sur Gracie, plus vive que lui. Pas machiste pour deux sous, il n’en prend pas ombrage et la soutient sans réserve. Il désobéira même à un ordre quand il sera convaincu qu’elle a raison à propos du coupable. L’opération transformation est un moment bref mais comique car elle est filmée comme une opération chirurgicale ! Il s’agit de coiffure, pédicure, épilation ; bref, la totale et, sans surprise mais avec plaisir, on retrouve une Sandra magnifique. L’actrice maîtrise la comédie à la perfection. La transformation n’a pas tout changé d’un coup. Alors que la caméra filme au ralenti sa sortie,façon « star », elle se casse brusquement la figure ! Cela, juste après le premier numéro d’autosatisfaction de Victor (« Mon Dieu ! Je suis le meilleur ! »). C’est dit sans emphase, sans excès ; une évidence et ça nous fait bien rire. La préparation pour le concours va réserver son lot de scènes comiques et nous fait rencontrer les impétrantes. D’emblée, Heather Burns (Cheryl) sort du lot. La fraîcheur qu’elle donne à son personnage, cliché de la blonde écervelée mais bonne copine, la rend immédiatement sympathique. Le film acquiert une dimension intéressante par le processus de transformation qu’il montre chez les personnages. Garçon manqué, Gracie acquiert une dimension féminine sans renier sa forte personnalité. Cheryl sera celle qui évoluera le plus, acquérant une plus grande confiance en elle. Entre la nunuche de départ et la candidate qui jongle avec des bâtons enflammés, Heather Burns aura su accompagner l’accomplissement de son personnage. Pour que Gracie ne soit pas complètement larguée (et que la triche qui lui assure une place en demi-finale ne se voit pas trop), elle doit passer ses nuits à faire des exercices sous la houlette de Victor. C’est à la fois rigolo et fort car cette camaraderie forcée, et le temps imposé, les oblige à des efforts réciproques qu’ils ne se croyaient ni l’un ni l’autre capables de faire. Victor se découvre patient et, finalement, attaché à « Miss Camping-Car ». Gracie découvre le plaisir de se faire belle et, aussi, de se faire des amies. Si la superficialité des Miss n’est pas éludée, le film choisit de les montrer sous un jour favorable. Peu importe si la sororalité qu’on nous montre n’est pas la réalité elle est suffisamment présentée avec chaleur et sympathie pour qu’on y adhère. Les épreuves de sélection sont savoureuses et gentiment clichées. On appréciera le numéro – et le costume ! – de Gracie qui a le mérite de l’originalité ! La chute ne manque pas non plus de sel ; elle a le mérite de dire que, bien qu’elle change, Gracie reste aussi la même. Le défilé en maillot de bain est un passage obligé que Sandra Bullock défend avec un sourire chaleureux. Et le souhait de Gracie tellement décalé qu’il en est comique ! Surtout avec le silence qu’il provoque ! Coup de théâtre quand le chef MacDonald, à qui Ernie Hudson prête sa carrure et donne une réelle autorité – révèle que le « Citoyen » a été arrêté ailleurs. Mais Gracie s’entête à vouloir rester. Le scénario a été assez habile pour nous laisser des indices qui permettent d’avoir des mobiles de substitution très crédibles pour ceux que l’on pensait pouvoir être le terroriste. Elle participe donc au show et saura improvisé – avec l’aide de Matthews – son numéro qui provoque l’hilarité du public et la nôtre tout en étant très sérieux en fin de compte ! C’est un final haletant et totalement débridé que nous offre Donald Petrie. Malgré la confusion complète qui s’installe au moment des résultats, le réalisateur ne se perd pas et nous permet de suivre aisément les multiples péripéties qui se passent au même moment. Final chaleureux aussi puisqu’il y a un baiser échangé mais, surtout, parce que Gracie reçoit un prix de la part de ses camarades et que son discours, son attitude sont très touchants. On l’applaudit bien fort et on l’embrasse ! Anecdotes :
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28 jours en sursis (2000) Résumé : Après avoir embouti une maison au volant d’une voiture qu’elle conduisait en état avancé d’ébriété, Gwen est envoyé passer 28 jours dans un centre de désintox. Critique : Comédie dramatique, 28 jours en sursis (le titre français est mieux trouvé que le très sec titre original) permet à Sandra Bullock de jouer sur une corde sensible et elle est à la hauteur d’un sujet loin d’être simple. Le scénario, cela dit, ne va pas très loin et se concentre largement sur le personnage de Gwen. Par contre, la réalisation parvient à restituer les moments dramatiques avec force, recourt aux flash-backs à bon escient et a la bonne idée de présenter légèrement troublées et violacées les images se rapportant au passé alcoolisé de Gwen. L’introduction est virevoltante. C’est une fête à laquelle participent Gwen et son petit ami Jasper. Musique qui déchire, ambiance festive et soirée se terminant sous la couette. Le lendemain, le couple est en retard pour le mariage de Lily, la sœur de Gwen, mais ça n’empêche pas nos amis de boire plus que largement. C’est dire l’état des duettistes quand ils arrivent. Le scénario ne présente pas la situation comme dramatique mais, à partir de la scène du gâteau (silence de mort), on sent qu’il n’est plus possible de rire. Aucun drame ne survient mais c’est justement ce que veut nous dire le film : il ne suffit pas qu’il y en ait un pour qu’un problème ne soit pas perçu. Et les dépendants ne veulent voir que le verre (sans jeu de mots) à moitié plein. Gwen n’est pas différente ; elle se voit précisément différente des autres pensionnaires parce qu’elle n’est pas malade. Sandra Bullock, qui était excellente dans la comédie, change de registre et passe au noir. Elle affiche le mépris de Gwen pour les autres à plusieurs reprises. A son conseiller – Steve Buschemi la joue sentencieuse mais sensible même s’il ne creuse pas assez cette voie – Gwen affirme hautement qu’elle saurait s’arrêter si elle le voulait. Le silence que lui oppose Cornell est éloquent. Combien de fois a t’il entendu ces paroles ! D’autant que nous aussi, nous pouvons douter de la volonté de Gwen. Lorsque son petit ami Jasper vient la voir la première fois, il lui refile de la Vicodine et quand elle rentre au centre, c’est dans un état d’ébriété avancé ! Dominic West est impeccable dans ce rôle. Il ne se contente pas de jouer le petit ami qui vit de manière fantasque, boit et s’amuse mais il nous le présente comme un véritable mauvais génie. La cure est un moment difficile mais comment rendre cela perceptible ? Gwen va ainsi voir sa main trembler et souffrir de sensation de froid (scène ou Sandra ouvre grand les robinets de la douche et du lavabo et où l’on voit la vapeur monter alors que l’actrice se serre dans son pull). Le manque va pourtant conduire Gwen à faire une bêtise qui aurait pu être plus grave qu’une jambe cassée. Scène qui permet à Viggo Mortensen de faire son entrée avec une certaine classe. L’acteur a du charisme et son personnage, Eddie, va être important pour Gwen. Le scénario s’épargne une romance qui aurait alourdi le film et diluer le processus de guérison dans l’eau de rose. Ce n’est pas par amour que l’on change – ou pas que – c’est surtout pour soi. Le choc va cependant conduire Gwen à s’investir davantage dans les tâches du centre et dans la thérapie. Le passage par le haras est loin d’être anodin mais la réalisatrice a l’habileté de ne pas s’appesantir dessus. Ce n’est que plus tard que nous comprendrons le bien qu’il a fait à Gwen. Pour l’heure, le premier signe tangible de changement, c’est son peu d’enthousiasme devant la demande en mariage de Jasper. L’importance de ce personnage se voit dans son grand nombre d’apparitions sans qu’aucune ne soit inutile. Au départ, il est le pendant fêtard de Gwen puis son soutien. A partir de là, il devient un poids et sa dangerosité éclate dans le discours glaçant quoique prononcé avec fougue et chaleur qu’il tient à son amie. Le changement va aussi se nouer de façon plus surprenante quoique comique autour d’un feuilleton, Santa Cruz. C’est d’abord la colocataire de Gwen une jeune nommée Andrea à qui Azura Skye prête une grande fragilité qui le regarde et avouons que l’entendre résumer l’irrésumable est un peu pénible. Puis Gwen découvre qu’Eddie le regarde aussi en douce, s’y met et c’est tout le centre qui se retrouve devant ! Pour le départ d’Andrea, Gwen demande aux patients de rejouer une scène débile. Cette mise en abyme est un beau moment d’émotion et « l’amateurisme » des « acteurs » est rendu par un sur-jeu général qui donne le sourire. Un sourire avant des moments plus sombres, la troisième visite de Jasper et la mort d’Andrea par overdose. Pas de pathos inutile mais Sandra joue avec une force communicative l’émotion qui bouleverse Gwen. Les retrouvailles entre sœurs auraient pu être casse-gueule mais aucune fausse note tant d’Elizabeth Perkins que de Sandra Bullock. La distance entre elles est aussi restituée par la caméra qui va progressivement se rapprocher. C’est d’une grande sensibilité, à cœur ouvert et l’aide que l’on peut apporter sans qu’il soit demandé est souligné avec conviction. Gwen veut changer mais un frisson nous parcourt quand nous la voyons retrouver Jasper. Dominic West est plus serpent que jamais. Jasper ne veut pas « faire le mal » puisqu’il ne le voit pas et ignore cette notion. Son amoralité est plus un risque. On l’entend presque susssurer « Aie confiance » et le visage fermé de Sandra Bullock ne permet pas de savoir si elle va choisir de sourire et de le suivre ou non. Sa décision tiendra en un mot. Anecdotes :
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Les Ensorceleuses (1998) Résumé : Sally et Gillian Owens sont des sorcières de tempéraments différents. La première veut une vie « normale » malgré une malédiction qui condamne les hommes qui approchent une fille de la famille quand la seconde vit très librement. Mais, quand Gillian appelle à l’aide, Sally n’hésite pas et elles auront besoin de tout leur amour pour s’en sortir. Critique : Un film plaisant, vraiment agréable mais qui pèche par une absence de choix clair entre la comédie, le romantique et le fantastique. L’ensemble fonctionne certes plutôt bien mais on sent que le film aurait pu être meilleur encore. L’intérêt vient aussi du statut des deux héroïnes. Nicole Kidman et Sandra Bullock étaient déjà des vedettes mais elles n’avaient pas encore la carrière qu’on leur connaît. Les associer est un pari et il fonctionne ; aucune n’empiète sur l’autre et la distribution des rôles a été bien fait. Les deux actrices abattent un boulot formidable et sont vraiment en osmose. Nicole Kidman, très en beauté et qui en joue, joue sur une corde raide car si son personnage pouvait paraître excentrique, elle n’en fait jamais une cruche ou une victime. De son côté, Sandra Bullock est excellente en femme sérieuse, « normale » mais qui a une puissante force intérieure. Les deux actrices montrent chacune à leur manière que les deux sœurs ont la même flamme mais qu’elles la vivent différemment. Au commencement est une promesse entre les deux sœurs mais Gillian a choisi de partir avec un garçon…et il y en aura d’autres jusqu’à un certain Jimmy avec qui ça chauffe ! Sally, elle, est restée auprès de ses tantes qui ont élevé les deux sœurs après la disparition de leur mère mais elle s’est trouvé un mari et eu deux filles. Mais, voilà, lorsqu’elle entend une blatte, elle comprend que la malédiction est sur le point de s’abattre. Il est intéressant de voir le suspense entre la recherche assez cocasse de la bestiole par Sally et le trajet bonhomme du mari. Alors oui, il va mourir mais, jusqu’au bout, on a bien cru qu’il allait s’en sortir. Sally va donc revenir vivre auprès de ses tantes avec ses enfants. Un mot des tantes. Un vrai régal ! Stockard Channing et Dianne Wiest campent deux femmes mûres mais pas des sorcières « traditionnelles » ; on est plus proche de la guérisseuse actuelle. Elles sont loin d’être austères et dégagent une vraie aura de bienfaisance et de sympathie. Rien que les voir donne le sourire ! Le film entre dans le vif avec l’appel à l’aide de Gillian ; son petit ami Jimmy la bat et elle veut le fuir. Mais Jimmy les rend en otage. Quand il veut marquer Gillian avec une bague chauffée avec sa cigarette, Sally passe à l’action. Elle lui tend une bouteille d’alcool traité à la belladone. Ça relaxe mais à forte dose ça relaxe définitivement ! La scène est dure – passons sur une étranglement inachevé - et assez noire d’autant que Goran Visjnic est à mille lieux de son rôle de docteur ! C’est ici un beau salaud, certes qui a su jouer de son charme canaille, mais dont l’âme est aussi noire que de l’encre. Le spectateur n’a pas trop de ses deux mains pour applaudir à la disparition de cette ordure. Mais ce crime n’en reste pas là car Gillian est trop mordue pour renoncer à son bel amour et à ses souvenirs qu’on imagine brûlants. Et à quoi bon être une sorcière si l’on ne se sert pas de ses pouvoirs ? Gillian convaint Sally de procéder à un rituel de résurrection. Voilà une autre scène où le scénario et le réalisateur hésitent entre faire rire (le pentagramme en Chantilly !) et le glauque (le rituel est assez sinistre) ; ce qui retire une partie de sa force à ce passage. Dommage car les deux actrices sont excellentes et se complètent à merveille. Nicole Kidman en extravertie passionnée et Sandra Bullock en introvertie méfiante sont des évidences et le film fonctionne grâce à elles. On se doute qu’il va y avoir problème mais pas parce que le rituel va rater, bien au contraire ! Le problème enterré, tout rentre dans l’ordre et les nièces se font une belle soirée avec leurs tantes qui ont préparé un cocktail mais le spectateur a bien cru que c’était une décoction de sorcière ! On rira bien à ce qui suit jusqu’à un réveil brutal. Par la suite, d’autres signes montrent qu’une menace rôde. Une menace qui prend d’abord la forme d’un inspecteur de police qui recherche Jimmy. Aidan Quinn réussit son entrée. On ne sait alors pas trop de quel côté il va se trouver. En effet, il est intéressé par le discours embrouillé de Sally devant une Gillian paniquée mais il est aussi intéressé par Sally tout court ! La traversée du miroir va se faire en plusieurs temps pour l’inspecteur Gareth Hallet. En écoutant le discours vibrant que lui fait Sally sur la sorcellerie (et Sandra Bullock met une énergie convaincante dans ce plaidoyer) ; en écoutant les aveux de Sally qui veut s’accuser tout en protégeant sa sœur (et le policier stoppe l’entretien avant qu’elle ne se soit incriminée), en l’embrassant parce qu’il s’est senti attiré (envoûté ?) ; en sauvant finalement (le procédé est un brin ironique) les deux sœurs de l’attaque d’un Jimmy revenu d’entre les morts ! La scène de possession est forte et sérieuse parce que Nicole Kidman y met du sien mais il y a eu plus effrayant ailleurs. Pour en finir, les sorcières vont « sortir du placard » et faire appel à la communauté. Dans une scène très réussie mêlant glauque, noirceur et humour, la caméra tourne et accélère à mesure que l’incantation est prononcée par les femmes en cercle. C’est assez dur grâce à une Nicole Kidman qui donne une malice cruelle à son regard mais aussi tendre par l’amour sororal qu’exprime une Sandra Bullock vraiment transcendante dans l’émotion. Tout se terminera bien et les amoureux seront réunis. Le sort en est jeté ! Anecdotes :
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Ainsi va la vie (1998) Résumé : Après avoir découvert en direct à la télévision que son mari la trompe avec sa meilleure amie, Birdie part avec sa fille Bernice retourner vivre chez sa mère. Elle y retrouve Justin, son ami d’enfance. Critique : Un film d’une grande platitude, assez lent, sans surprise aucune, réalisé sans beaucoup d’imagination. Sandra Bullock et Gena Rowland sont les uniques attraits de cette comédie sentimentale qui ne rentrera pas dans les annales du genre. Passé la séquence trash de la télévision – pour le coup, c’est rythmé et dynamique et Kathy Najimy est délicieuse en animatrice de talk qui aime la douleur des autres qui font ses audiences - qui rappelle des émissions poubelles qu’on ne citera pas et où Sandra Bullock compose une femme dont la vie se décompose en direct mais qui parvient à faire face, le récit ne quittera pas les rails d’une histoire bien balisée. L’accueil de la mère de Birdie – quel prénom étrange ! – est chaleureux et, au vu de la déco de la maison, on espère une douce excentrique au petit grain de folie. Dommage, on ne l’aura pas mais Gena Rowand a suffisamment de métier pour rendre crédible et attachant son personnage de mère aimante mais qui n’est pas prête à laisser sa fille s’enfoncer dans le chagrin. Il faut la voir faire une leçon assez raide à Birdie qui est sur le point de se laisser écraser par sa peine. Sandra est juste à croquer lorsqu’elle nous rend palpable la ruine intime d’un être qui a vu son univers s’effondrer plus vite que Rome. Parvenant à se secouer, elle ira chercher du boulot même si « les anciens prix de beauté ne sont pas très demandés ». Ces deux passages sont symptomatiques du film : de bonnes idées, des dialogues pas mal écrits mais une lenteur, une langueur même qui plombe tout. A 20’31, débarque Harry Connick Jr dans le rôle de Justin Matisse, l’ami d’enfance de Birdie. On sourit devant la ficelle du rendez-vous arrangé. Ça pourrait passer – la comédie sentimentale c’est comme le film d’horreur, il y a des passages obligés – mais, là encore, le manque de rythme de la caméra affadit la scène. En outre, dès que le spectateur voit arriver l’acteur, le scepticisme le gagne. Quoi ? C’est avec lui que l’héroïne va partir ? Harry Connick Jr est totalement dénué de charisme et qu’il puisse susciter l’amour de Sandra est improbable et hautement risible. Son sex appeal est tellement bas qu’une limande, à côté, c’est l’Everest ! Et la bande musicale est involontairement comique avec un côté sirupeux prononcé. Chabada bada tout ça ! Birdie se dégottera un boulot chez un photographe mais le pire c’est qu’on n’y attache guère d’importance comme à peu près à tout le reste. On a compris ce qui devra arriver et on attend en regardant d’un air distrait les péripéties qui composent (on n’osera pas dire « qui rythment ») le film. Un des rares moments où Forest Whitaker, qui est bien meilleur acteur, arrive à nous intéresser c’est un zoom progressif sur le couple vedette alors qu’ils parlent du passé et qu’il l’invite finalement « à sortir avec lui » (très collégien comme expression). La scène de la pêche n’a d’intérêt que par le sourire que Justin parvient à faire naître chez Birdie mais c’est Sandra que l’on remercie car l’actrice y mets du sien pour que l’on croit à ce personnage qui commence à croire qu’il aura une autre chance en amour. Si les scènes romantiques convenues défilent, on comprend mal les scènes où Bernice – bonne prestation de Mae Whitman – a des problèmes avec d’autres élèves et en particulier avec une grosse fille aussi disgracieuse que bête. Entendre les enfants crier « Fight », même si le son est curieusement assourdi par une musique pas très appropriée, est un moment dur mais qui se révèlera sans suite alors quel intérêt ? Il ne manque même pas les « rebondissements » dramatiques ! Le coup de froid entre les deux tourtereaux puis la mort de Ramona auraient pu être des moments de tension, d’émotions fortes. On en reste à la surface des choses. Pire ! Forest Whitaker procède à deux moments (la nuit « d’amour » et la mort) par de longues ellipses très dérangeantes parce qu’elles occultent beaucoup trop de choses et ne permettent surtout pas à l’émotion de s’installer. Gena Rowland aura réussi à en créer brièvement quand Ramona écoute la confession de sa fille qui s’est ennivrée auparavant (scène lamentable et mal jouée) : là, c’est fort et là on se sent secoué, touché par la douleur de Birdie qui aimait sa vie d’avant, qui aimait son mari et qui a si mal d’avoir tout perdu. L’explication entre les deux ex-époux le jour de l’enterrement n’a d’intérêt que par l’amertume que Sandra insuffle dans les paroles de Birdie puis le réconfort que celle-ci apportera à sa fille brisée de voir ce père qu’elle chérissait tant lui tourner le dos pour aller vivre sa nouvelle vie. Il ira en effet très bien avec sa nouvelle femme ; ils sont aussi fades l’un que l’autre. Birdie, elle, saura trouver les mots pour dire à se fille qu’elle l’aime. La fin du film arrive comme un soulagement mais on ne se quittera pas sans cette phrase à broder sur nos oreillers : « Donne à la vie une chance d’être belle et elle le sera ». Ailleurs peut-être mais pas dans ce film. Anecdotes :
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