Speed 2 : Cap sur le danger (1997) Résumé : Alors qu’Annie Porter et son nouveau compagnon Alex font une croisière, leur bateau passe sous le contrôle d’un fou dangereux. Critique : Un film d’une insigne médiocrité, à peine sauvé grâce un peu à Sandra Bullock mais surtout grâce à Willem Dafoe et, pour partie, à Jan de Bont. Ce qui pose problème au film c’est un manque de continuité entre les scènes. On a plus l’impression d’un catalogue de scènes plus ou moins spectaculaires que d’un film. Du coup, ça manque parfois de nerf mais, surtout, le film lasse très vite et ne parvient que rarement à nous captiver. Premier problème, le temps d’exposition. Autant dans le premier Speed, le début permettait la personnalisation de la lutte entre Jack et le poseur de bombe, autant ici, ça ne sert à rien sinon à créer une tension entre Annie – qui a lamentablement mais avec humour raté son permis – et son compagnon, Alex, dont elle ignorait qu’il faisait partie de la brigade d’intervention de la police, le croyant flic à bicyclette sur la plage. Pour se faire pardonner, Alex lui offre une croisière. Pour expliquer ce changement dans le cœur d’Annie, le scénario joue la complicité avec le spectateur en citant le premier volet : une relation commencée dans l’intensité etc. ». Pourquoi pas ? On est tout de même dubitatif sur les goûts de la jeune femme. Un deuxième policier, sans rire ? Et surtout énorme faute de casting que le choix de Jason Patric ! Doté du même charisme intense que la mouette morte, le pauvre garçon fait pâle figure à côté de sa chère et tendre. Et face à Willem Dafoe, quelle blague ! En outre, Sandra Bullock ne paraît pas vraiment emballée. Professionnelle, l’actrice jouera le jeu notamment dans les moments romantiques mais sera desservie par des répliques ineptes et une propension à faire passer son personnage pour une quiche. Elle ne la défendra que par intermittence ceci dit. En revanche, le méchant est de premier ordre. Willem Dafoe est prodigieux en dingue qui n’a rien à perdre et veut se venger. Il fait même davantage peur quand il sourit – un vrai sourire de requin blanc. Mais, il ne pourra pas créer d’étincelles avec Jason Patric. Le bateau, donc, s’appelle le Seabourn Legend et c’est un classique bateau de croisière. Durant le dîner, un défilé de bijoux nous donne le mobile du crime mais tout est lent. Heureusement, Geiger (Willem Dafoe) se livre à d’étranges manœuvres qui ne présagent rien de bon mais, au moins, donne un semblant d’intérêt à des scènes qui s’étirent. Le premier moment dramatique c’est l’assassinat du capitaine. Willem Dafoe fait alors réellement peur et son visage est diaboliquement éclairé. La facilité avec laquelle Geiger donne le change juste après montre le talent de l’acteur. Ce n’est que lorsque Geiger déclenche son sabotage (à 29’51 quand même) que le film s’anime. Le bateau tremble et l’effet catastrophe est bien rendu par une succession de désastres localisés. Juliano, le second, devenu capitaine (Geiger le pensait-il plus malléable ? Le choix d’éliminer le capitaine ne paraît pas très clair) doit ordonner l’évacuation. Sous la pluie et de nuit, la scène aurait pu avoir de la force mais elle dure trop longtemps comme si Jan de Bont essayait de meubler en étirant les scènes d’un scénario trop faiblard. On nous rajoute même du pathos avec la disparition d’une jeune fille sourde avec qui Alex – qui connaît la la langue des signes – a noué un contact. Pour le coup cela fonctionne. En outre, la mère éplorée est jouée par Loïs Chiles qui réussit à crée de l’émotion sans trop en faire. Elle intervient de temps en temps ; donc sans effet de lassitude. Dommage qu’on nous l’ait d’abord présenté comme une mère tant qu’assez sévère. Le sauvetage de passagers piégés dans un canot de sauvetage rendu fou est un passage très nerveux et la chute de plusieurs d’entre eux assez violent. Mais la scène est longue (près de 10 minutes). Puis, soudain, le bateau se dirige droit vers l’île de Saint-Martin ! Qu’il y ait un but (au sens propre comme au figuré) donne de la tension. Détail révélateur (voir anecdotes), la communication radio entre le psychopathe et le héros mais le choix désastreux de Jason Patric donne un effet asymétrique : Geiger est âpre, violent, il est amer d’avoir été viré à cause d’une santé qui se dégrade à cause de ses conditions de travail (pour le coup, la résonnance est très moderne) et l’autre lisse comme une vitre. A pleurer. Autre mauvaise idée, séparer Alex et Annie. C’est la symbiose entre les deux qui créait une connection entre eux et le spectateur dans le premier opus. Ici, chacun sa route, chacun ses problèmes. Il n’est pas exclu que le changement de statut de Sandra Bullock ait conduit à une réévalution du personnage d’Annie. Il fallait trouver des choses à faire au personnage sans le dénaturer totalement (ce n’est pas Wonder Woman non plus !). Pourquoi pas sauver des passagers coincés ? C’est crédible en effet et l’actrice, qui retrouve un peu de couleur, trouve même le moyen de nous faire rire quand, pour ouvrir une porte coincée, Annie manie la tronçonneuse en la levant bien haut ! La confrontation physique entre Geiger et Alex tourne court ; le fou s’échappe non sans avoir ridiculisé le policier. A nouveau Willem Dafoe écrase son partenaire de tout son talent ; derrière sa vitre fêlée Geiger ricane comme une gargouille menaçante. Le sauvetage d’Alex, piégé par des flammes, est toutefois bien mené. Au bout d’une heure et dix minutes, retour à l’air libre. Avec un pétrolier en point de mire ! Geiger contrôle le bateau et l’a lancé contre le tanker ! Voilà un moment « speed » avec une véritable tension et un brin d’angoisse ! C’est grâce à une idée d’Annie qu’Alex réussira à freiner le bateau : bloquer une hélice ! Malheureusement, le film retombe dans un travers bien connu : tranformer l’héroïsme en demoiselle en détresse. Que Sandra Bullock n’ait plus précisément le profil est passé par pertes et profil. Et ça nous fait encore un clin d’œil avec le premier opus. Comparaison n’est pas raison mais Willem Dafoe tient bon la barre face à Dennis Hopper. Mais Jason Patric n’est pas Keanu Reeves donc avantage à Hopper. Le scénario va parvenir à limiter les dégâts en minorant la fuite de Geiger avec Annie au profil de la tentative d’Alex, de Juliano et du chef opérateur de détourner le bateau du pétrolier. Tout le passage est très bien fait, vraiment nerveux et tendu et Jan de Bont le maîtrise à la perfection. Le pétrolier évité, pourquoi pas lancer le ferry sur un port bondé ? Mais là, c’est trop. D’autant que, sentant sans doute la lassitude engourdir ses spectateurs, le réalisateur parsème cette lancée de saynètes humoristiques complètement inappropriées et qui consternent plus qu’autre chose. Un membre d’équipage aura même cette phrase : « Non, pas encore, y’en a assez ». Tu l’as dit ! On se réveille quand le bateau percute l’île. La scène est certes spectaculaire mais c’est du sous Michael Bay. Revenons à Annie, elle s’échappe, Geiger la rattrape, Alex les poursuit (scène hallucinannte d’un canot à moteur coursant un hydravion et Alex s’agrippant à l’avion à l’aide d’une canne à pêche – la pêche au gros mais quand même) et sauve Annie. Le méchant finira mal et les amants seront réunis. Un final quasiment de conte de fée pour un film qui n’aurait soit jamais dû être réalisé soit dû s’appeler autrement ! Anecdotes :
|