Entre deux rives (2006) Résumé : Arrivant dans une jolie mais curieuse maison aux murs de verre, Alex Wyler, architecte, trouve une lettre de la précédente propriétaire, Kate Forster, médecin. Or, lui se trouve en 2004 et elle en 2006 ! A travers le temps, ils vont s’écrire et se découvrir. Critique : Un très beau film extrêmement mélancolique et romantique tout à la fois. On y entre par une très belle chanson. Rachel Portman, à qui on doit l’orchestration, a fait un très beau travail. Si sa narration complexe est parfois un peu difficile à suivre, il est touchant et, chez lui en tout cas, la part dramatique qui sert en général dans les comédies sentimentales à donner un peu de tension à un canevas très connu, est ici très bien intégrée à l’histoire au point que le happy end, qui serait le point final attendu, n’est même pas certain. Romance, certainement ; comédie sentimentale, pas du tout. Le démarrage de la correspondance entre deux moments du temps (tant en VO qu’en VF, le titre est excellent mais on avouera une préférence pour le francophone) commence très prosaïquement mais, du coup, de manière très crédible. C’est très léger puisque chacun doute de la réalité de cette correspondance mais un conseil de Kate sur le printemps 2004 tombe juste pour Alex extrêmement troublé ! Autre élément significatif, la boîte aux lettres. Lorsque l’un met une enveloppe dedans et abaisse le levier rouge, ce geste se répercute dans l’autre époque ! C’est un joli coup et l’on passe ainsi de l’incrédulité au mystère. Le fantastique, pourtant très réel dans ce film, ne sera pourtant jamais le centre de l’histoire : c’est celle de Kate et Alex et nous n’aurons jamais la moindre explication sur ce mystère. Quelque part, l’amour c’est comme la religion ; il faut y croire. A partir de là, la correspondance devient plus personnelle. Kate parle de littérature et il lui sert à distance de guide touristique. Cette promenade romantique à travers Chicago est un très beau passage. Tout comme le coup de l’arbre qui manque à Kate. Sandra Bullock donne la pleine mesure de ses dons pour donner de la chair à ce drame sentimental et fantastique. Pour une fois, le mélange des genres n’est pas préjudiciable car le scénariste sait clairement où il veut aller et ce qui est important. Keanu Reeves ne se rate pas non plus même s’il est plus en dedans. L’action lui convient mieux que le romantisme mais il se défend. La réalisation d’Alejandro Agresti est assez fluide même si, du coup, on traverse le temps si facilement que l’on peut s’y perdre. La maison du lac est très bien mise en scène et l’on saluera aussi la scène de la fête de Kate où les héros se rencontrent. Qui dit maison dit architecte et il se trouve que c’est le père d’Alex, lui-même architecte, qui la construisit. L’histoire de la maison est très belle et donne une nouvelle coloration à la fois romantique et dramatique à l’histoire. L’on se dit que cette maison a été construite pour le bonheur et qu’il faut qu’elle continue à l’abriter. Sauf que le père d’Alex, Simon, a gâché ce bonheur autrefois. Christopher Plummer n’a qu’un rôle secondaire mais chacune de ses apparitions est un moment fort. Le dédain envers son fils puis une réconciliation tendue, une discussion hautement philosophico-pratique sur la place de la lumière dans l’architecture et le rapport entre art et architecture (ce qui est aussi un moment un peu pénible). L’acteur dégage une autorité et Keanu Reeves doit cravacher pour exister à côté ! Le bonheur certes mais avec qui ? Voici soudain qu’arrive Morgan, le soupirant de Kate. Dylan Walsh lui donne une carrure solide et un sérieux contrebalancé par un sourire franc et une énergie communicative. Mais la rencontre entre Morgan et Alex complexifie soudain le film. La correspondance virtuelle reste en suspens car Morgan invite Alex et son amie Mona (sont-ils en couple ? elle, en tout cas, a des sentiments pour lui) à l’anniversaire de Kate ! On passera sur la rapidité de la chose (un bon feeling ?) pour se focaliser sur la rencontre des épistoliers. C’est un très beau moment, même si la photographie est un peu sombre. La conversation devient intime grâce à Jane Austen – ce qui fait de ce film une véritable bibliothèque ! Rarement, la culture n’avait pris autant de formes dans un même film – et c’est une chanson sur laquelle ils dansent qui les rapprochent. Avec malice, Alejandro Agresti nous fait croire à plusieurs reprises qu’ils vont s’embrasser et c’est quand on y croit plus qu’ils le font au terme d’une danse à la fois sensuelle et romantique. Sauf qu’il y a eu des témoins ! La correspondance reprend et les voix off donnent corps à une séparation quand l’image réunit les amants virtuels. Kate n’a compris qu’après coup qu’Alex était son correspondant. Elle trouvera aussi les mots pour soutenir Alex quand Simon meurt brutalement. Simon se croyait solide – et Christopher Plummer n’a pas eu de mal à nous convaincre que son personnage allait s’en sortir sauf que non ! Surprise désagréable qui jette une ombre sur le film. Ombre qui s’intensifie quand Alex ne vient pas à un rendez-vous qu’ils s’étaient fixés…deux ans plus tôt ! C’était pourtant vertigineux et tellement romantique. L’amertume de Kate fait écho à l’incompréhension d’Alex qui ne peut pas expliquer pourquoi il n’est pas venu. Toute la scène de l’attente a fait monter la tension. Elle a la bonne durée pour nous tendre sans nous exaspérer et l’on partage sans peine la peine justement de Kate. Sans mots, le visage de Sandra est un miroir douloureux. Ombre définitive pense-t-on puisque Kate choisit de rompre. Elle ne veut plus que cette liaison temporelle l’empêche de vivre sa vie et elle ne croit plus possible qu’ils soient réunis. Les retrouvailles avec Morgan semblent concrétiser un autre futur mais c’est un projet de réhabilitation de maison qui redéclenche la boucle temporelle. Le nom de la boîte d’architecte a mis la puce à l’oreille au spectateur qui se reprend à espérer en une fin heureuse glacialement douchée brusquement ! Anéantie, Kate va trouver dans son chagrin la force de tenter une gageure ; écrire à nouveau en espérant follement être lu à travers le temps ; pour que le futur ne soit pas un destin écrit d’avance. Anecdotes :
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Miss FBI : Divinement armée (2005) Résumé : Devenue l’image du FBI, Gracie Hart est envoyée à Las Vegas où son amie Cheryl, Miss Etats-Unis, et l’animateur Stan Fields ont été enlevé. Loin de faire ce qu’on attend d’elle, Gracie mène sa propre enquête et s’attire pas mal d’ennuis. Critique : C’est bien d’avoir de la suite dans les idées mais, parfois, on n’a pas l’idée de faire une suite. Parfaitement inutile, ce film mêle scènes convenues, gags lourdingues et éculés et brasse beaucoup d’air. S’il ne manque pas de rythme, c’est dû à la prime au mouvement, histoire de masquer la vacuité de l’histoire. Les personnages sont des caricatures de ceux du premier opus ou d’eux-mêmes tout simplement. Sandra Bullock n’a jamais aussi peu convaincu et sa belle énergie sert surtout à nous faire passer le temps. Il n’y a rien à sauver dans ce film. La première demi-heure est une longue présentation qui nous explique que, devenue célèbre, Gracie ne peut plus être agent de terrain. Elle sera donc la nouvelle image du FBI. Il lui faut un styliste. Comme Michael Caine n’est heureusement plus là, c’est un clone qui est choisi. Joel Mayers est une caricature de styliste et du personnage de Caine : Diedrich Bader nous présente une « grande folle » mais la joue avec sympathie. Le voir ultérieurement avec costume et casque à plume fait sourire une seconde et puis pleurer : jamais Michael Caine n’aurait accepté une telle infamie ! On est clairement dans une version alourdie du premier film. Et ce sera comme ça tout du long. L’enlèvement de Cheryl et de Stan sera le prétexte et le fil rouge du film. Gracie part à Vegas avec l’agent Fuller en garde du corps. Regina King essaie d’y mettre de la conviction mais son personnage d’agent nerveux, colérique et pas féminine pour deux sous ressemble furieusement à une reprise de l’agent Hart première version ; la peau noire en plus. Le personnage ne nous surprendra jamais et son évolution est prévisible de bout en bout. Enrique Murciano, qui joue l’agent Foreman, n’a pas plus de chance : il retrouve Sandra Bullock après Speed 2 ! Il y a des gens qui sont marqués par la poisse ! Son personnage est lourd et sans plus de consistance qu’une baudruche. On n’est pas vraiment surpris que sa petite amie le quitte ; pas plus de savoir qui la remplace. Le rôle de Gracie est de faire jolie pendant que le FBI (représenté par l’agent Collins à qui Treat Williams prête une carrure crédible sans parvenir à sortir du cliché du chef un peu borné) fait son boulot. Evidemment qu’elle n’en fera rien ! D’abord, Cheryl est son amie et, puis, sinon il n’y aurait pas d’histoire. Encore moins qu’il n’y en a déjà. Tout aussi évidemment elle fait une bourde monumentale qui est censée nous faire rire. A savoir courser et se jeter sur Dolly Barton sur fond de musique country. Non seulement c’est une poursuite ridicule mais c’est grotesque. Commence alors la comédie de vouloir renvoyer Gracie et Fuller à New York, opération à laquelle elles parviendront à se soustraire non sans gags ou supposés tels. Gracie a compris que la véritable victime était Stan et elle se rend au foyer où vit la mère de ce dernier déguisée en vieille dame. Le déguisement est plus ridicule qu’autre chose mais on arrive à sourire. La clé de l’énigme est là ! Evidemment, c’est le moment de « corser » l’histoire en mettant l’héroïne et son équipe sur la sellette. Foreman, qui devait récupérer des infos, s’est fait griller et, en prime, il comprend que sa copine le trompe. Pas de chance pour lui mais, de toute façon, le couple Enrique Murciano/Elisabeth Röhm n’avait pas une once de crédibilité. Elle incarne Janet, un agent très ambitieux ; ce qui, là non plus, n’est pas original du tout. L’actrice l’incarne avec un professionnalisme froid qui n’attire aucune sympathie. Le spectateur en a un peu plus envers Sandra quand Gracie s’en prend plein la figure mais c’est un passage obligé donc on sait que notre héroïne va trouver un moyen de se remettre en selle. Gracie, Fuller, Joël et Foreman ont une piste qui les mène dans un club de travestis. Si la musique est bonne, la scène est longue et un peu ennuyeuse. Regina King et Sandra y mettent du leur mais c’est de peu d’intérêt. Un indice – quand même – va leur permettre d’aller sauver Cheryl et Stan. Gracie renonce à son rôle d’icône et reprend son rôle d’agent. La dernière scène est peut-être la seule qui est un peu d’émotion vraie. Anecdotes :
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Speed (1994) Résumé : Un poseur de bombes rusé et cruel exige une rançon de la ville de Los Angeles. Pour se faire bien comprendre, il piège un bus. Si celui-ci descend en-dessous d’une certaine vitesse, il explose ! Jack Traven, jeune policier, monte à bord. Critique : Une pure merveille à l’intrigue simple sans être squelettique et qui manie les moments de stress avec maestria. Dès l’introduction et cette plongée dans les entrailles d’un ascenseur, les teintes bleu sombre et métallique et, surtout, une superbe musique tonique et captivante – et qui soulignera chacun des temps forts du film – nous sommes plongés dans l’ambiance. Ce sabotage initial forme la première partie du film et sert à poser les personnages principaux. La chute de l’ascenseur montre la maîtrise de Jan de Bont par son côté certes spectaculaire mais sans musique, juste avec les cris des prisonniers et une lumière jaunâtre. Dans la troupe de policiers arrivés sur place, deux se détachent ; Harry Temple et Jack Traven. La dynamique entre eux est classique : le premier est l’aîné, posé et réfléchi (et connaisseur des explosifs) ; le second est le jeune impulsif. Rien d’original mais ça fonctionne bien et chacun, de Jeff Daniels à Keanu Reeves, donne de l’épaisseur à son personnage. Si le film d’action privilégie le jeune, il ne laisse pas de côté l’aîné. Cet équilibre, et l’humour qui existe entre eux, rend un effet agréable, rassurant. Et rassurant, il faut l’être quand des gens paniqués sont à deux doigts de mourir ! Leur sauvetage est une belle séquence. Le scénariste est doué ; il laisse souffler les policiers une minute avant qu’ils ne réalisent que le poseur de bombes est dans l’immeuble ! Il parviendra à leur échapper mais Dennis Hopper a réussi son entrée. Il donne à son personnage un regard fou mais surtout méchant et cruel. L’acteur ayant un charisme certain, c’est un homme impressionnant qui fausse compagnie aux flics. Ne courrez pas après un bus c’est dangereux. Le lendemain du jour où il a été décoré, Jack assiste à l’explosion d’un bus et, dans la foulée, il est contacté par le fou dangereux : un autre bus est piégé et sautera s’il descend en-dessous de 50 miles/heure (environ 60km/h) ! Et au passage, il demande 3.7 millions de dollars de rançon. Ici, pas de pseudo-justification quelconque, le poseur de bombe exige ce qu'il estime lui être dû. Cette froide soif d'argent exprimée sans ambage confère un aspect nettement répugnant au personnage et Dennis Hopper le rend vraiment antipathique. A la 28ème minute, une passagère parvient à monter dans le bus. Elle s’appelle Annie Porter et va passer la pire journée de sa vie. En femme ordinaire, Sandra Bullock est la meilleure. En outre, Annie n’est pas une reine de beauté mais elle a un charme indéniable et un beau sourire. Jack va parvenir à monter dans le bus au terme d’une séquence qui skotche le spectateur. C’est un mélange de vues aériennes, de vues rapprochées et de scènes à l’intérieur du bus. Ce faisant, le réalisateur nous place à la fois à la place des passagers (c’est déjà éprouvant) mais, en plus, il nous permet de savoir ce qu’il se passe dehors et ce n’est pas franchement rassurant non plus ! Mais c’est d’une redoutable efficacité. La montée dans le bus est solide et nerveuse mais elle n’est pas invraisemblable. Jan de Bont sait sans doute qu’une dose de réalisme fait mieux passer l’incroyable et le spectaculaire. Si Jack parvient à calmer les passagers et un petit caïd notamment, celui-ci, armé, a blessé gravement le chauffeur. Figure classique du film d’action, un quidam est plongé dans l’extraordinaire. Moins courant, c’est une femme : Annie ! En fait, le film scinde la figure du héros en deux : Annie reste le quidam mais qui doit faire preuve de courage et Jack est la figure qui agit. Quelque part, il est la tête pensante mais, pour que cela reste crédible, il sera en contact avec son ami Harry. Il donne ses indications pour qu’Annie puisse se concentrer sur la conduite ; ce qui n’est pas une mince affaire ! Et la séquence du landau est une idée de génie ! Une saynète d’humour grinçant qui ne dépareille absolument pas dans cette ambiance pré-apocalyptique. Le scénario a l’intelligence de se concentrer sur la bombe et la conduite du bus et les passagers ne sont guère fouillés. Pas grave car ils sont là pour faire le nombre et faire la claque. Le spectateur s'identifie facilement à Annie ; n'importe qui aurait pu se trouver là, juste pour prendre le volant et se retrouvant à conduire un bus ! Sandra joue très juste: tout son corps exprime l'angoisse et la tension et elle rend très bien le réconfort que puise Annie dans la présence de Jack. C’est alors que le poseur de bombe entre en contact avec Jack. S’ensuit une séquence d’une grande cruauté. Le chauffeur est évacué mais une passagère, que l’angoisse a rendu folle, tente de le suivre. Impitoyable, le criminel fait sauter une charge de faible puissance ! Cela brise la brève séquence de bonne ambiance qui avait eu lieu et nous replonge dans le dur. La brutalité de la scène coupe le souffle. Annie est alors très ébranlée et Jack la réconforte. Manière de voir que tant Sandra Bullock que Keanu Reeves sont parfaitement crédibles dans l’émotion. Comment ne pas comprendre ce que ressent la malheureuse ? Comment ne pas apprécier le discours de vérité empreint d’empathie qu’il tient ? Mais, pas le temps de sourire, que survient une nouvelle difficulté. Elle est aussi absurde que parfaitement crédible ! Jack va ensuite tenter de désamorcer la bombe avec l’aide de ses collègues. La séquence est très réussie : filmée depuis la position de Jack, elle nous donne vraiment l’impression que l’on va passer sous un bus ! Malheureusement, déstabilisé, il ne parvient pas à ses fins. D’autant que le poseur de bombes s’est aussi joué de la police qui l’avait identifié : il se nomme Howard Payne et il s’estime injustement traité par la ville et la police. Il avait piégé son domicile et tue plusieurs policiers dont Harry. Il appelle ensuite Jack pour savourer sa vitoire. Dennis Hopper est monstrueux à tout point de vue. Il donne une force à l’exultation mauvaise de Payne et son ironie macabre est absolument atroce. Le regard de Hopper fait juste froid dans le dos. Mais, à malin malin et demi et, un détail lâché par Payne, fait tilt chez Jack. Et il parvient à sauver les passagers. Jack et Annie se sauvent ensembles et pas de la façon la plus simple évidemment ! La police va-t-elle posséder Payne au moment de la remise de la rançon ? Ce serait mal connaître ce fieffé renard. Déguisé, il enlève Annie qu’il va ceinturer d’explosifs ! Dennis Hopper nous effrayait déjà avec sa joie malsaine exubérante mais, ici, il atteint des sommets dans l’abject et la folie furieuse. Il faut l’entendre parler du « destin de la bombe » pour mesurer combien cet esprit brillant est complètement malade ! Face à cette puissance de jeu, Keanu Reeves et Sandra Bullock sont simples spectateurs et, pour le coup, cela tombe très bien. La raison froide qui a guidé Payne va l’abandonner lorsqu’il réalise qu’il a été joué mais le combat avec Jack sur le toit d’un métro en marche est un moment bref tout en étant parfaitement éprouvant, surtout avec ce que Payne tient dans la main. Mais il perdra la tête une fois de trop. Nous ne sommes pas au bout de nos émotions et l’on se demande même avec quelques inquiétudes si nos héros, auxquels nous nous sommes attachés, vont pouvoir s’en sortir. Le dernier coup de Jack semble quand même très risqué et, lorsqu’Annie s’effondre, est-ce que Jack va l’enlacer pour la réconforter ou pour qu’ils passent ensembles les dernières secondes qu’ils leur reste à vivre ? Enlacés ils étaient. Enlacés ils resteront. Anecdotes :
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Un poseur de bombes rusé et cruel exige une rançon de la ville de Los Angeles. Pour se faire bien comprendre, il piège un bus. Si celui-ci descend en-dessous d’une certaine vitesse, il explose ! Jack Traven, jeune policier, monte à bord.
Calculs meurtriers (2002) Résumé : Deux jeunes gens décident de commettre un meurtre gratuit. L’enquêtrice Cassie Mayweather les soupçonne mais comment prouver ce qui ressemble à un crime parfait ? Critique : Un film très dur, quasiment sans égal dans la filmographie de Sandra Bullock. L’actrice, qu’on a beaucoup vu dans les productions plus légères, se montre extrêmement convaincante dans ce thriller et nous fait regretter de n’avoir pas davantage creusé ce sillon. L’enjeu n’est pas de savoir qui a commis le crime mais comment les enquêteurs, Cassie et son équipier Sam, vont les coincer. L’étude psychologique est le véritable moteur et si le film affiche quelques longueurs dans sa première partie, il avance ensuite avec une rigueur qui scotche le spectateur minute après minute. Il y a quelque chose de l’écrivain anglais Thomas De Quincey et son De l’assassinat considéré comme un des beaux-arts en plus violent psychologiquement, en plus malsain aussi. La relation entre les meurtriers, Justin et Richard, est ambigüe et nous ne savons pas vraiment s’il y a un cerveau et un exécutant, un meneur et son suiveur. Avec une habileté démoniaque, Barbet Schroeder semble démonter plus loin ce que ses plans semblaient vouloir dire peu avant. Il n’y a pas de récit ferme, linéaire ; un discours qui serait incontestable. Mais tout est parfaitement maîtrisé. La vérité est ailleurs tout le temps ; un peu partout, un peu tout le temps mais jamais là et maintenant. La dernière scène entre Justin et Cassie est exemplaire à ce titre-là. De même, la police ne jouit pas d’une aura qui assurerait son succès. A la différence de Columbo, si nous ne doutons pas que Cassie comprenne qui est l’assassin, il n’y a pas la certitude qu’elle saura les coincer. Lorsque, surveillant Richard, Cassie se fait surprendre, qui a le dessus ? La première partie, avec l’enquête « classique », est magistrale grâce à un montage astucieux : les découvertes des enquêteurs qui ne leur serviront à rien ainsi qu’un récit de Justin nous l’apprend ; les deux plans étant présentés alternativement avec une musique qui souligne l’impasse dans laquelle les meurtriers ont amené la police précisément là où ils le voulaient. On pourrait croire soudain à une bonne trouvaille de la police quand Cassie va interroger Richard mais cela aussi était prévu. Disons-le maintenant, Ryan Gosling est juste brillantissime. Ici, il la joue charmeur et imbu de lui-même ; ailleurs, touché, tendre ou violent et impitoyable (la lutte finale est éprouvante à tous les points de vue). Il montre parfaitement le caractère narcissique, vénéneux et déséquilibré de son personnage. Son attachement supposé à Justin met de plus en plus mal à l’aise car, ça aussi, le scénario le remet en cause. Rien n’est sûr. Michael Pitt, qui incarne Justin, est moins fort dans son interprétation mais il tient bon. Le côté doux, sensible de son personnage, ne nous rassurera pas car, dans la toute première scène, c’est bien lui qui, dans une dissertation philosophique, prêche le meurtre comme manifestation de la liberté. Audacieux certes ! C’est l’obstination de Cassie qui va enrayer progressivement la belle machine. Une peu ragoûtante découverte sur la scène de crime l’amène à découvrir Justin qui, interrogé, nie être l’ami de Richard. On peut être surpris par l’amertume du portrait de ce dernier. Piège pour la police ou manifestation inconsciente d’un sentiment refoulé ? Par contre, si elle n’est pas dupe de la piste du « vrai tueur », elle n’a que son instinct car tout colle. Et justement, tout colle trop bien. Comment expliquer une approche organisée du crime et une scène de crime désorganisée ? Le traitement criminalistique est très moderne et, même aujourd’hui, malgré l’avalanche de fictions (ou non) mettant en scène policiers, experts et profileurs, on n’a rien inventé ; tout est contenu dans ce film. En femme obstinée, courageuse mais qui n’est pas au-dessus du commun des mortels, Sandra Bullock est la meilleure. C’est son type de personnage ; celui que l’on retrouve dans tous ses films ou presque. Il y a comme un archétype du personnage « bullockien » : femme célibataire, accrochée à un boulot dans lequel elle excelle, méfiante envers les sentiments mais sans leur être hostile. Solitaire au milieu du monde. Comment ne pas comprendre le rire amer de Cassie devinant où les indices qui accablent le « vrai tueur » se trouvent ? Son obstination, qu’on comprend, c’est le jeu, semble soudain se retourner contre elle. Tout ne tient qu’à un fil. Le spectateur sent le chaud et le froid que souffle Barbet Schroeder. Il suffirait d’un rien pour que Cassie soit déboulonnée et, cela, même si l’entente entre les deux assassins semblent s’essoufler par la faute d’une certaine Lisa. Quoique marginale, Agnès Bruckner joue assez bien le seul personnage « normal » de ce film ; un personnage qui aurait le comportement que l’on attend de lui. Jolie, l’actrice met assez de chaleur dans son jeu pour donner une crédibilité à l’aura rassurante qui semble attirer Justin. C’est là aussi quasiment un archétype : la madone et la putain dans une seule personne. Mais cet archétype vit et on y croit. De son côté, le coéquipier de Cassie (un peu charismatique Ben Chaplin qui défend sa partition mais aurait dû y mettre plus de force) va choisir de lui faire confiance. Certes, on pourrait dire que, dans un policier, cela va de soi et que c’était courru d’avance. Justement pas, l’entente entre les partenaires n’est plus sur des bases sûres. Quand arrive le double interrogatoire, on se dit que, cette fois, la police a les cartes en main. Lequel des deux va parler ? On pense le savoir mais non ! A nouveau, le montage se fait ingénieux car, le récit que tiennent les policiers, est « illustré » par le déroulement du crime. Sauf que, que voyons-nous exactement ? La vérité ou l’illustration de la thèse des policiers ? L’attitude des deux garçons semblent vouloir dire que c’est la première option qui est la bonne mais ils ne la confirmeront pas. Ce jeu du chat et de la souris connaît une conclusion éprouvante et Sandra Bullock n’a sans doute pas jouée de scènes aussi dures de toute sa carrière. La présence de revolvers, la nervosité croissante des protagonistes, mais aussi des phases de froideur et de calculs ; tout pointe vers le drame mais savoir comment il se déroulera et qui s’en sortira, c’est beaucoup plus difficile. Anecdotes :
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