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Miss FBI : Divinement arméePrémonitions

Saga Sandra Bullock

Entre deux rives (2006)


ENTRE DEUX RIVES
(THE LAKE HOUSE)

classe 4

Résumé :

Arrivant dans une jolie mais curieuse maison aux murs de verre, Alex Wyler, architecte, trouve une lettre de la précédente propriétaire, Kate Forster, médecin. Or, lui se trouve en 2004 et elle en 2006 ! A travers le temps, ils vont s’écrire et se découvrir.

unechance 7

Critique :

Un très beau film extrêmement mélancolique et romantique tout à la fois. On y entre par une très belle chanson. Rachel Portman, à qui on doit l’orchestration, a fait un très beau travail. Si sa narration complexe est parfois un peu difficile à suivre, il est touchant et, chez lui en tout cas, la part dramatique qui sert en général dans les comédies sentimentales à donner un peu de tension à un canevas très connu, est ici très bien intégrée à l’histoire au point que le happy end, qui serait le point final attendu, n’est même pas certain. Romance, certainement ; comédie sentimentale, pas du tout.

Le démarrage de la correspondance entre deux moments du temps (tant en VO qu’en VF, le titre est excellent mais on avouera une préférence pour le francophone) commence très prosaïquement mais, du coup, de manière très crédible. C’est très léger puisque chacun doute de la réalité de cette correspondance mais un conseil de Kate sur le printemps 2004 tombe juste pour Alex extrêmement troublé ! Autre élément significatif, la boîte aux lettres. Lorsque l’un met une enveloppe dedans et abaisse le levier rouge, ce geste se répercute dans l’autre époque ! C’est un joli coup et l’on passe ainsi de l’incrédulité au mystère. Le fantastique, pourtant très réel dans ce film, ne sera pourtant jamais le centre de l’histoire : c’est celle de Kate et Alex et nous n’aurons jamais la moindre explication sur ce mystère. Quelque part, l’amour c’est comme la religion ; il faut y croire.

A partir de là, la correspondance devient plus personnelle. Kate parle de littérature et il lui sert à distance de guide touristique. Cette promenade romantique à travers Chicago est un très beau passage. Tout comme le coup de l’arbre qui manque à Kate. Sandra Bullock donne la pleine mesure de ses dons pour donner de la chair à ce drame sentimental et fantastique. Pour une fois, le mélange des genres n’est pas préjudiciable car le scénariste sait clairement où il veut aller et ce qui est important. Keanu Reeves ne se rate pas non plus même s’il est plus en dedans. L’action lui convient mieux que le romantisme mais il se défend. La réalisation d’Alejandro Agresti est assez fluide même si, du coup, on traverse le temps si facilement que l’on peut s’y perdre. La maison du lac est très bien mise en scène et l’on saluera aussi la scène de la fête de Kate où les héros se rencontrent.

ladoublure 3

Qui dit maison dit architecte et il se trouve que c’est le père d’Alex, lui-même architecte, qui la construisit. L’histoire de la maison est très belle et donne une nouvelle coloration à la fois romantique et dramatique à l’histoire. L’on se dit que cette maison a été construite pour le bonheur et qu’il faut qu’elle continue à l’abriter. Sauf que le père d’Alex, Simon, a gâché ce bonheur autrefois. Christopher Plummer n’a qu’un rôle secondaire mais chacune de ses apparitions est un moment fort. Le dédain envers son fils puis une réconciliation tendue, une discussion hautement philosophico-pratique sur la place de la lumière dans l’architecture et le rapport entre art et architecture (ce qui est aussi un moment un peu pénible). L’acteur dégage une autorité et Keanu Reeves doit cravacher pour exister à côté !

Le bonheur certes mais avec qui ? Voici soudain qu’arrive Morgan, le soupirant de Kate. Dylan Walsh lui donne une carrure solide et un sérieux contrebalancé par un sourire franc et une énergie communicative. Mais la rencontre entre Morgan et Alex complexifie soudain le film. La correspondance virtuelle reste en suspens car Morgan invite Alex et son amie Mona (sont-ils en couple ? elle, en tout cas, a des sentiments pour lui) à l’anniversaire de Kate ! On passera sur la rapidité de la chose (un bon feeling ?) pour se focaliser sur la rencontre des épistoliers. C’est un très beau moment, même si la photographie est un peu sombre. La conversation devient intime grâce à Jane Austen – ce qui fait de ce film une véritable bibliothèque ! Rarement, la culture n’avait pris autant de formes dans un même film – et c’est une chanson sur laquelle ils dansent qui les rapprochent. Avec malice, Alejandro Agresti nous fait croire à plusieurs reprises qu’ils vont s’embrasser et c’est quand on y croit plus qu’ils le font au terme d’une danse à la fois sensuelle et romantique. Sauf qu’il y a eu des témoins !

La correspondance reprend et les voix off donnent corps à une séparation quand l’image réunit les amants virtuels. Kate n’a compris qu’après coup qu’Alex était son correspondant. Elle trouvera aussi les mots pour soutenir Alex quand Simon meurt brutalement. Simon se croyait solide – et Christopher Plummer n’a pas eu de mal à nous convaincre que son personnage allait s’en sortir sauf que non ! Surprise désagréable qui jette une ombre sur le film. Ombre qui s’intensifie quand Alex ne vient pas à un rendez-vous qu’ils s’étaient fixés…deux ans plus tôt ! C’était pourtant vertigineux et tellement romantique. L’amertume de Kate fait écho à l’incompréhension d’Alex qui ne peut pas expliquer pourquoi il n’est pas venu. Toute la scène de l’attente a fait monter la tension. Elle a la bonne durée pour nous tendre sans nous exaspérer et l’on partage sans peine la peine justement de Kate. Sans mots, le visage de Sandra est un miroir douloureux.

Ombre définitive pense-t-on puisque Kate choisit de rompre. Elle ne veut plus que cette liaison temporelle l’empêche de vivre sa vie et elle ne croit plus possible qu’ils soient réunis. Les retrouvailles avec Morgan semblent concrétiser un autre futur mais c’est un projet de réhabilitation de maison qui redéclenche la boucle temporelle. Le nom de la boîte d’architecte a mis la puce à l’oreille au spectateur qui se reprend à espérer en une fin heureuse glacialement douchée brusquement ! Anéantie, Kate va trouver dans son chagrin la force de tenter une gageure ; écrire à nouveau en espérant follement être lu à travers le temps ; pour que le futur ne soit pas un destin écrit d’avance. 

calculs 6

Anecdotes :

  • Sortie US : 23 juin 2006 Sortie France : 26 juillet 2006

  • Le film a coûté 40 millions $ et a rapporté 114.

  • Réalisation : Alejandro Agresti. Pour ce réalisateur argentin, c’est pratiquement son seul film arrivé jusqu’à nous. Il a aussi tourné Une nuit avec Samatha Love (2000)

  • Scénario : David Auburn. Il est surtout dramaturge. On lui doit une douzaine de pièces et trois scénarii dont Proof (2005). Adaptation de sa propre pièce, cette œuvre a reçu le Prix Pulitzer de la meilleure pièce de théâtre.

  • Ce film marque les retrouvailles de Keanu Reeves et de Sandra Bullock après Speed.

  • La maison sur le lac n'existe pas dans la réalité. C'était une structure temporaire construite exclusivement pour le tournage sur les rives du lac Maple à l'ouest de Chicago. Elle mesurait 2000 pieds carrés et reposait sur des poutres d'acier de dix pieds au-dessus de la ligne de flottaison. Il a été utilisé 35 tonnes d'acier. Le chantier a nécessité près de 100 charpentiers, soudeurs et peintres pour la construire.

  • Sandra Bullock affirme qu'elle s'est sentie obligée de nommer le chien "Jack" d’après le personnage de Keanu Reeves dans Speed (1994) alors que le chien est censée être une femelle !

  • Le nom du restaurant exclusif dans le film est "Il Mare". "Il Mare" est aussi le nom de la maison et le titre international du film coréen sur lequel "The Lake House" est basé, Siworae (2000).

  • Sandra Bullock a révélé dans une interview à Entertainment Weekly que la maison du titre avait l'eau courante mais pas de toilettes.

  • L'adresse du bâtiment à Chicago où vit Sandra Bullock est 1620 Racine. Cela la placerait dans le même bloc que l'appartement appartenant à Sean Connery dans Les incorruptibles (1987) : le personnage de Connery vivait au 1634 Racine.

  • C'est le troisième film de Keanu Reeves consacré au voyage dans le temps, les deux premiers étant L’Excellente aventure de Bill et Ted (1989) et Les folles aventures de Bill et Ted (1991).

  • Premier film à sortir simultanément sur DVD, HDDVD et Blu-ray Disc.

  • Le film que Kate regarde à la télévision est « Notorious » (« Les Enchaînés » en français) d’Alfred Hitchcock avec Cary Grant et Ingrid Bergman.

  • John Cusack a été le premier choix pour le rôle d'Alex Wyler, mais il a refusé.

  • Citation de Nietzche : « La vie n’aurait pas de sens sans musique ».

  • Christopher Plummer/Simon Wyler : acteur canadien, il commence sa carrière dans les années 1950 avec Les Feux du théâtre et La Forêt interdite (tous deux de 1958). Parmi sa très riche filmographie, citons pour exemples La nuit des généraux (1967), Le retour de la panthère rose (1975), L’homme qui voulut être roi  (1975), Dragnet (1987), Tout pour réussir (1990), L’armée des douze singes (1995), Dracula 2001 (2000), L’imaginarium du docteur Parnassus (2009), Beginners (2011, Oscar du meilleur acteur dans un second rôle. il a aussi le record de l’acteur le plus âgé à recevoir un Oscar ; Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle), Millenium- Les hommes qui n’aimaient pas les femmes (2011)

  • Dylan Walsh/Morgan : acteur américain, de son vrai nom Charles Hunter Walsh, on a pu le voir au cinéma (Loverboy, 1989 ; Congo, 1995 ; Le beau-père, 2009) mais plus souvent à la télévision : Aline & Cathy (1987-1989), Brooklyn South (1997-1998), Nip/Tuck (2003-2010), Unforgettable (2011-2016), Castle (2013), NCIS : Nouvelle-Orléans (2015)

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L'Amour sans préavisEntre deux rives

Saga Sandra Bullock

Miss FBI : Divinement armée (2005)


MISS FBI : DIVINEMENT ARMÉE
(MISS CONGENIALITY 2 : ARMED AND FABULOUS)

classe 4

Résumé :

Devenue l’image du FBI, Gracie Hart est envoyée à Las Vegas où son amie Cheryl, Miss Etats-Unis, et l’animateur Stan Fields ont été enlevé. Loin de faire ce qu’on attend d’elle, Gracie mène sa propre enquête et s’attire pas mal d’ennuis.

unechance 7

Critique :

C’est bien d’avoir de la suite dans les idées mais, parfois, on n’a pas l’idée de faire une suite. Parfaitement inutile, ce film mêle scènes convenues, gags lourdingues et éculés et brasse beaucoup d’air. S’il ne manque pas de rythme, c’est dû à la prime au mouvement, histoire de masquer la vacuité de l’histoire. Les personnages sont des caricatures de ceux du premier opus ou d’eux-mêmes tout simplement. Sandra Bullock n’a jamais aussi peu convaincu et sa belle énergie sert surtout à nous faire passer le temps. Il n’y a rien à sauver dans ce film.

La première demi-heure est une longue présentation qui nous explique que, devenue célèbre, Gracie ne peut plus être agent de terrain. Elle sera donc la nouvelle image du FBI. Il lui faut un styliste. Comme Michael Caine n’est heureusement plus là, c’est un clone qui est choisi. Joel Mayers est une caricature de styliste et du personnage de Caine : Diedrich Bader nous présente une « grande folle » mais la joue avec sympathie. Le voir ultérieurement avec costume et casque à plume fait sourire une seconde et puis pleurer : jamais Michael Caine n’aurait accepté une telle infamie ! On est clairement dans une version alourdie du premier film. Et ce sera comme ça tout du long.

L’enlèvement de Cheryl et de Stan sera le prétexte et le fil rouge du film. Gracie part à Vegas avec l’agent Fuller en garde du corps. Regina King essaie d’y mettre de la conviction mais son personnage d’agent nerveux, colérique et pas féminine pour deux sous ressemble furieusement à une reprise de l’agent Hart première version ; la peau noire en plus. Le personnage ne nous surprendra jamais et son évolution est prévisible de bout en bout. Enrique Murciano, qui joue l’agent Foreman, n’a pas plus de chance : il retrouve Sandra Bullock après Speed 2 ! Il y a des gens qui sont marqués par la poisse ! Son personnage est lourd et sans plus de consistance qu’une baudruche. On n’est pas vraiment surpris que sa petite amie le quitte ; pas plus de savoir qui la remplace. 

ladoublure 3

Le rôle de Gracie est de faire jolie pendant que le FBI (représenté par l’agent Collins à qui Treat Williams prête une carrure crédible sans parvenir à sortir du cliché du chef un peu borné) fait son boulot. Evidemment qu’elle n’en fera rien ! D’abord, Cheryl est son amie et, puis, sinon il n’y aurait pas d’histoire. Encore moins qu’il n’y en a déjà.

Tout aussi évidemment elle fait une bourde monumentale qui est censée nous faire rire. A savoir courser et se jeter sur Dolly Barton sur fond de musique country. Non seulement c’est une poursuite ridicule mais c’est grotesque. Commence alors la comédie de vouloir renvoyer Gracie et Fuller à New York, opération à laquelle elles parviendront à se soustraire non sans gags ou supposés tels.

Gracie a compris que la véritable victime était Stan et elle se rend au foyer où vit la mère de ce dernier déguisée en vieille dame. Le déguisement est plus ridicule qu’autre chose mais on arrive à sourire. La clé de l’énigme est là ! 

Evidemment, c’est le moment de « corser » l’histoire en mettant l’héroïne et son équipe sur la sellette. Foreman, qui devait récupérer des infos, s’est fait griller et, en prime, il comprend que sa copine le trompe. Pas de chance pour lui mais, de toute façon, le couple Enrique Murciano/Elisabeth Röhm n’avait pas une once de crédibilité. Elle incarne Janet, un agent très ambitieux ; ce qui, là non plus, n’est pas original du tout. L’actrice l’incarne avec un professionnalisme froid qui n’attire aucune sympathie. Le spectateur en a un peu plus envers Sandra quand Gracie s’en prend plein la figure mais c’est un passage obligé donc on sait que notre héroïne va trouver un moyen de se remettre en selle.

Gracie, Fuller, Joël et Foreman ont une piste qui les mène dans un club de travestis. Si la musique est bonne, la scène est longue et un peu ennuyeuse. Regina King et Sandra y mettent du leur mais c’est de peu d’intérêt. Un indice – quand même – va leur permettre d’aller sauver Cheryl et Stan. Gracie renonce à son rôle d’icône et reprend son rôle d’agent. La dernière scène est peut-être la seule qui est un peu d’émotion vraie. 

calculs 6

Anecdotes :

  • Sortie US : 24 mars 2005 Sortie France : 13 avril 2005

  • Le budget était de 45 $ et en a rapporté 101.

  • Réalisation : John Pasquin. Il a principalement travaillé pour la télévision : Alice (1982-1984), La loi de Los Angeles (1984-1987), Roseanne (1989-1990), Une famille du tonnerre (2003-2004), Last Man standing (2011-2015). Sa participation au cinéma est très limitée : Super Noël (1994), Un Indien à New York (1997), Super papa (2001). 

  • Le scénario est de Marc Lawrence, déjà co-scénariste de Miss Détective.

  • William Shatner, Heather Burns et Ernie Hudson reprennent leurs rôles respectifs.

  • Eileen Brennan, qui joue la mère de Stan Fields, est en fait un an plus jeune que William Shatner, qui joue Stan Fields. Il est né en 1931, elle est née en 1932.

  • Dans Miss Détective (2000), il était censé y avoir une histoire où la mère de Gracie Hart aurait été tuée dans l'exercice de ses fonctions. Cette idée a été reprise dans cette suite.

  • Une affiche de Miss Détective peut être vue en arrière-plan à l'aéroport de Las Vegas.

  • Le 11 mai 2004, pendant le tournage d'une scène à l'extérieur de Treasure Island à Las Vegas, une tempête de sable a forcé la production à fermer pour la nuit.

  • Premier long métrage crédité pour Elisabeth Röhm

  • Le "Las Vegas FBI HQ" bâtiment utilisé dans le film est en fait le Lloyd D. George Federal Courthouse situé dans le centre-ville de Las Vegas.

  • Regina King/Sam Fuller : actrice américaine vue dans Jerry Maguire (1996), Ennemi d’Etat (1998), Ray (2004). À la télévision dans : 24 heures chrono (2007), The Leftovers (2015).

  • Enrique Murciano/Arthur Jeff Foreman : acteur américain, vu au cinéma dans La chute du faucon noir (2001) ou La planète des singes : l’affrontement (2014). Il est plus connu pour sa participation à la série FBI : Portés Disparus (2003-2010). On l’a vu aussi dans Les Experts (2009) et NCIS (2011).

  • Diedrich Bayer/Joel Mayers : acteur américain, pas de film notable mais une certaine présence dans diverses séries : Star Trek : la nouvelle génération (1989), Cheers (1990-1991), The Drew Carey Show (1995-2004), Sept à la maison (2007), Bones (2009-2010), Save Me (2013).

  • Treat Williams/Walter Collins : acteur américain, on a pu le voir au cinéma dans L’Empire contre-attaque (1980), Il était une fois en Amérique (1984), Les hommes de l’ombre (1996), Ennemis rapprochés (1997), 127 heures (2011). Il a aussi joué pour la télévision : Everwood (2003-2006), FBI : Duo très spécial (2012), Chicago Fire (2013).

  • Elisabeth Röhm/Janet : actrice américano-allemande, elle a peu joué au cinéma dans American Bluff (2013) ou Joy (2015). Elle a principalement tourné pour la télévision : Angel (1999-2001, Kate Lockley), New York Police Judiciaire (2001-2005), Heroes (2009-2010), The Client List (2012-2013), Hawaï Five-0 (2016)

  • Abraham Benrubi/Lou Steele : acteur américain, il a tourné dans Twister (1996), Open Range (2003) mais surtout à la télévision : Parker Lewis ne perd jamais (1990-1993), Urgences (1994-2009), X-Files (1999), Buffy contre les vampires (2001), Men in trees (2006-2008), Once upon a time (2013)

  • Nick Offerman/Karl Steele : acteur américain, on a pu le voir dans Les Chèvres du Pentagone (2009), 21 Jump Street (2012), Les Miller, une famille en herbe (2013), Le Fondateur (2016). Il a également tourné pour la télévision : Gilmore Girls (2003), Childrens Hospital (2008-2015), Parks and Recreation (2009-2015), Brooklyn Nine-Nine (2015).

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L'Epreuve de force

Saga Sandra Bullock

Speed (1994)


SPEED
(SPEED)

classe 4

Résumé :

Un poseur de bombes rusé et cruel exige une rançon de la ville de Los Angeles. Pour se faire bien comprendre, il piège un bus. Si celui-ci descend en-dessous d’une certaine vitesse, il explose ! Jack Traven, jeune policier, monte à bord.

unechance 7

Critique :

Une pure merveille à l’intrigue simple sans être squelettique et qui manie les moments de stress avec maestria. Dès l’introduction et cette plongée dans les entrailles d’un ascenseur, les teintes bleu sombre et métallique et, surtout, une superbe musique tonique et captivante – et qui soulignera chacun des temps forts du film – nous sommes plongés dans l’ambiance. Ce sabotage initial forme la première partie du film et sert à poser les personnages principaux. La chute de l’ascenseur montre la maîtrise de Jan de Bont par son côté certes spectaculaire mais sans musique, juste avec les cris des prisonniers et une lumière jaunâtre.

Dans la troupe de policiers arrivés sur place, deux se détachent ; Harry Temple et Jack Traven. La dynamique entre eux est classique : le premier est l’aîné, posé et réfléchi (et connaisseur des explosifs) ; le second est le jeune impulsif. Rien d’original mais ça fonctionne bien et chacun, de Jeff Daniels à Keanu Reeves, donne de l’épaisseur à son personnage. Si le film d’action privilégie le jeune, il ne laisse pas de côté l’aîné. Cet équilibre, et l’humour qui existe entre eux, rend un effet agréable, rassurant. Et rassurant, il faut l’être quand des gens paniqués sont à deux doigts de mourir ! Leur sauvetage est une belle séquence. Le scénariste est doué ; il laisse souffler les policiers une minute avant qu’ils ne réalisent que le poseur de bombes est dans l’immeuble ! Il parviendra à leur échapper mais Dennis Hopper a réussi son entrée. Il donne à son personnage un regard fou mais surtout méchant et cruel. L’acteur ayant un charisme certain, c’est un homme impressionnant qui fausse compagnie aux flics.

ladoublure 3

Ne courrez pas après un bus c’est dangereux.

Le lendemain du jour où il a été décoré, Jack assiste à l’explosion d’un bus et, dans la foulée, il est contacté par le fou dangereux : un autre bus est piégé et sautera s’il descend en-dessous de 50 miles/heure (environ 60km/h) ! Et au passage, il demande 3.7 millions de dollars de rançon. Ici, pas de pseudo-justification quelconque, le poseur de bombe exige ce qu'il estime lui être dû. Cette froide soif d'argent exprimée sans ambage confère un aspect nettement répugnant au personnage et Dennis Hopper le rend vraiment antipathique.

A la 28ème minute, une passagère parvient à monter dans le bus. Elle s’appelle Annie Porter et va passer la pire journée de sa vie. En femme ordinaire, Sandra Bullock est la meilleure. En outre, Annie n’est pas une reine de beauté mais elle a un charme indéniable et un beau sourire.

Jack va parvenir à monter dans le bus au terme d’une séquence qui skotche le spectateur. C’est un mélange de vues aériennes, de vues rapprochées et de scènes à l’intérieur du bus. Ce faisant, le réalisateur nous place à la fois à la place des passagers (c’est déjà éprouvant) mais, en plus, il nous permet de savoir ce qu’il se passe dehors et ce n’est pas franchement rassurant non plus ! Mais c’est d’une redoutable efficacité. La montée dans le bus est solide et nerveuse mais elle n’est pas invraisemblable. Jan de Bont sait sans doute qu’une dose de réalisme fait mieux passer l’incroyable et le spectaculaire.

Si Jack parvient à calmer les passagers et un petit caïd notamment, celui-ci, armé, a blessé gravement le chauffeur. Figure classique du film d’action, un quidam est plongé dans l’extraordinaire. Moins courant, c’est une femme : Annie ! En fait, le film scinde la figure du héros en deux : Annie reste le quidam mais qui doit faire preuve de courage et Jack est la figure qui agit. Quelque part, il est la tête pensante mais, pour que cela reste crédible, il sera en contact avec son ami Harry. Il donne ses indications pour qu’Annie puisse se concentrer sur la conduite ; ce qui n’est pas une mince affaire ! Et la séquence du landau est une idée de génie ! Une saynète d’humour grinçant qui ne dépareille absolument pas dans cette ambiance pré-apocalyptique. Le scénario a l’intelligence de se concentrer sur la bombe et la conduite du bus et les passagers ne sont guère fouillés. Pas grave car ils sont là pour faire le nombre et faire la claque. Le spectateur s'identifie facilement à Annie ; n'importe qui aurait pu se trouver là, juste pour prendre le volant et se retrouvant à conduire un bus ! Sandra joue très juste: tout son corps exprime l'angoisse et la tension et elle rend très bien le réconfort que puise Annie dans la présence de Jack.

C’est alors que le poseur de bombe entre en contact avec Jack.

S’ensuit une séquence d’une grande cruauté. Le chauffeur est évacué mais une passagère, que l’angoisse a rendu folle, tente de le suivre. Impitoyable, le criminel fait sauter une charge de faible puissance ! Cela brise la brève séquence de bonne ambiance qui avait eu lieu et nous replonge dans le dur. La brutalité de la scène coupe le souffle. Annie est alors très ébranlée et Jack la réconforte. Manière de voir que tant Sandra Bullock que Keanu Reeves sont parfaitement crédibles dans l’émotion. Comment ne pas comprendre ce que ressent la malheureuse ? Comment ne pas apprécier le discours de vérité empreint d’empathie qu’il tient ?

Mais, pas le temps de sourire, que survient une nouvelle difficulté. Elle est aussi absurde que parfaitement crédible ! Jack va ensuite tenter de désamorcer la bombe avec l’aide de ses collègues. La séquence est très réussie : filmée depuis la position de Jack, elle nous donne vraiment l’impression que l’on va passer sous un bus ! Malheureusement, déstabilisé, il ne parvient pas à ses fins.

D’autant que le poseur de bombes s’est aussi joué de la police qui l’avait identifié : il se nomme Howard Payne et il s’estime injustement traité par la ville et la police. Il avait piégé son domicile et tue plusieurs policiers dont Harry. Il appelle ensuite Jack pour savourer sa vitoire. Dennis Hopper est monstrueux à tout point de vue. Il donne une force à l’exultation mauvaise de Payne et son ironie macabre est absolument atroce. Le regard de Hopper fait juste froid dans le dos.

Mais, à malin malin et demi et, un détail lâché par Payne, fait tilt chez Jack. Et il parvient à sauver les passagers. Jack et Annie se sauvent ensembles et pas de la façon la plus simple évidemment ! La police va-t-elle posséder Payne au moment de la remise de la rançon ? Ce serait mal connaître ce fieffé renard. Déguisé, il enlève Annie qu’il va ceinturer d’explosifs ! Dennis Hopper nous effrayait déjà avec sa joie malsaine exubérante mais, ici, il atteint des sommets dans l’abject et la folie furieuse. Il faut l’entendre parler du « destin de la bombe » pour mesurer combien cet esprit brillant est complètement malade ! Face à cette puissance de jeu, Keanu Reeves et Sandra Bullock sont simples spectateurs et, pour le coup, cela tombe très bien.

La raison froide qui a guidé Payne va l’abandonner lorsqu’il réalise qu’il a été joué mais le combat avec Jack sur le toit d’un métro en marche est un moment bref tout en étant parfaitement éprouvant, surtout avec ce que Payne tient dans la main. Mais il perdra la tête une fois de trop. Nous ne sommes pas au bout de nos émotions et l’on se demande même avec quelques inquiétudes si nos héros, auxquels nous nous sommes attachés, vont pouvoir s’en sortir. Le dernier coup de Jack semble quand même très risqué et, lorsqu’Annie s’effondre, est-ce que Jack va l’enlacer pour la réconforter ou pour qu’ils passent ensembles les dernières secondes qu’ils leur reste à vivre ?

Enlacés ils étaient. Enlacés ils resteront.

Anecdotes :

  • Le film est sorti aux Etats-Unis le 10 juin 1994 et en France le 24 août.

  • Jan de Bont : réalisateur, directeur de la photographie et producteur néerlandais, il débute comme chef opérateur. Il rencontre Paul Verhoeven en 1971 mais c’est son travail sur de grosses productions (Piège de cristal, 1988) qui le font remarquer. Speed est son premier film et un grand succès. Twister (1996), sa seconde œuvre, est également une réussite commerciale. Si Speed 2 (1997) est un flop retentissant, Hantise (1999) le ramène sur la voix du succès. Lara Croft : le tombeau de la vie (2002), succès au box-office, est son dernier film.

  • Keanu Reeves/Jack Traven : acteur canadien né à Beyrouth, il brille plus dans le hockey sur glace que dans ses études. Il commence sa carière d’acteur à 9 ans. Son premier film important est Youngblood (1986), film sur le hockey.  Point Break (1991) marque l’entrée dans des films plus adultes. Coppola le choisit pour Dracula (1992). Par la suite, il connaît une période plus difficile avant de jouer dans L’Associé du Diable (1997) puis, surtout, dans Matrix (1999, 2003) qui lui donne un second souffle et sera un des plus cartons de l’histoire du cinéma de science-fiction. Il retrouve Sandra Bullock pour Entre deux rives (2006), film plus intimiste. En 2013, L’Homme du Taï Chi (qu’il réalise) récolte de bonnes critiques mais constitue un échec commercial. 47 ronins ne marchera pas non plus. En 2016, il joue dans The Neon Demon.

  • Dennis Hopper/Howard Payne : acteur américain (1936/2010), il débute sa carrière en 1955 mais c’est avec James Dean, à qui il voue une profonde admiration, qu’il commence réellement sa carrière cinématographique (La Fureur de vivre, 1955 ; Géant, 1956). Frappé par la mort de Dean, il devient ingérable et se fait virer d’Hollywood. Il devient alors photographe. Il revient au cinéma et tournera dans Luke la main froide (1967), Pendez-les haut et court (1968), Easy Rider (1969, qu’il réalise), Apocalypse Now (1979), Rusty James (1983), Blue Velvet (1986), True Romance (1993), Le territoire des morts (2005). Il a également tourné pour la télévision : Cheyenne (1956-1957), L’homme à la carabine (1958-1959), La Quatrième dimension (1963), Au cœur du temps (1966), 24 heures chrono (2002), DOS : Division des Opérations Spéciales (2005-2006), Crash (2008-2009). Il est emporté par un cancer du pancréas.

  • Joe Morton/Herb McMahon : acteur américain, il débute dans la comédie musicale Hair (1968). Au cinéma, il a notamment joué dans L’héritier de la panthère rose (1983) et retrouvera Sandra Bullock pour Speed 2 (1997). Vu aussi dans Paycheck (2003). Il a surtout tourné pour la télévision : Mission : Impossible (1970), MASH (1976), Deux flics à Miami (1985), X-Files (2000), Smallville (2001-2002), Docteur House (2004), Eureka (2006-2012). Il interprète le père d’Olivia Pope dans Scandal (depuis 2013).

  • Jeff Daniels/Harry Temple :  acteur, réalisateur et scénariste américain, son nom complet est Jeffrey Warren Daniels. Il débute au théâtre et fonde sa propre compagnie en 1991. En 1981, Ragtime est son premier rôle au cinéma. Il se fait connaître en 1983 avec Tendres passions. En 1985, il est remarqué dans La rose pourpre du Caire de Woody Allen. Il se diversifie dans les années 90 avec l’horreur (Arachnophobie, 1990) ou la comédie (Dumb et Dumber, 1994). En 2002, il est à l’affiche de Créances de sang suivi de The Hours et Good Night and Good luck (2005) qui le montrent excellent dans le dramatique. En 2015, il est à l’affiche de Seul sur Mars. Il a également tourné pour la télévision The Newroom (2012-2014).

  • Bien qu’ayant déjà quelques films à son actif, c’est Speed qui lance la carrière de Sandra Bullock à Hollywood.

  • Josh Whedon a participé à l’écriture du scénario mais n’est pas crédité. Il a notamment écrit la quasi-totalité des dialogues du film. Le scénariste indiqué est Graham Yost (Band of Brothers).

  • C’est un remake du film Super Express 109 de Junya Sato sorti en 1975.

  • Quentin Tarantino devait réaliser le film à l’origine.

  • Le film connaîtra une suite, Speed 2, qui aura beaucoup moins de succès.

  • Le rôle d’Annie Porter a été proposé à Halle Berry et celui de Jack Traven à Bruce Willis et à Johnny Depp.

  • Le film a remporté les Oscar « meilleur son » et « meilleur montage son ».

  • Pas moins de douze bus ont été utilisés ; deux ont effectivement explosé et un autre servait pour les scènes à l’intérieur du véhicule.

  • Le nom de la compagnie aérienne, dont l’avion explose sur le tarmac, Pacific Courrier, est un clin d’oeil à Piège de cristal, film sur lequel Jan de Bont était directeur de la photographie. Pacific Courrier est le nom de la compagnie empruntée par McClane pour rallier Los Angeles.

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Un poseur de bombes rusé et cruel exige une rançon de la ville de Los Angeles. Pour se faire bien comprendre, il piège un bus. Si celui-ci descend en-dessous d’une certaine vitesse, il explose ! Jack Traven, jeune policier, monte à bord.

Miss DétectiveL'Amour sans préavis

Saga Sandra Bullock

Calculs meurtriers (2002)


CALCULS MEURTRIERS
(MURDER BY NUMBERS)

classe 4

Résumé :

Deux jeunes gens décident de commettre un meurtre gratuit. L’enquêtrice Cassie Mayweather les soupçonne mais comment prouver ce qui ressemble à un crime parfait ?

unechance 7

Critique :

Un film très dur, quasiment sans égal dans la filmographie de Sandra Bullock. L’actrice, qu’on a beaucoup vu dans les productions plus légères, se montre extrêmement convaincante dans ce thriller et nous fait regretter de n’avoir pas davantage creusé ce sillon.

L’enjeu n’est pas de savoir qui a commis le crime mais comment les enquêteurs, Cassie et son équipier Sam, vont les coincer. L’étude psychologique est le véritable moteur et si le film affiche quelques longueurs dans sa première partie, il avance ensuite avec une rigueur qui scotche le spectateur minute après minute. Il y a quelque chose de l’écrivain anglais Thomas De Quincey et son De l’assassinat considéré comme un des beaux-arts en plus violent psychologiquement, en plus malsain aussi. La relation entre les meurtriers, Justin et Richard, est ambigüe et nous ne savons pas vraiment s’il y a un cerveau et un exécutant, un meneur et son suiveur. Avec une habileté démoniaque, Barbet Schroeder semble démonter plus loin ce que ses plans semblaient vouloir dire peu avant. Il n’y a pas de récit ferme, linéaire ; un discours qui serait incontestable. Mais tout est parfaitement maîtrisé. La vérité est ailleurs tout le temps ; un peu partout, un peu tout le temps mais jamais là et maintenant. La dernière scène entre Justin et Cassie est exemplaire à ce titre-là.

De même, la police ne jouit pas d’une aura qui assurerait son succès. A la différence de Columbo, si nous ne doutons pas que Cassie comprenne qui est l’assassin, il n’y a pas la certitude qu’elle saura les coincer. Lorsque, surveillant Richard, Cassie se fait surprendre, qui a le dessus ? La première partie, avec l’enquête « classique », est magistrale grâce à un montage astucieux : les découvertes des enquêteurs qui ne leur serviront à rien ainsi qu’un récit de Justin nous l’apprend ; les deux plans étant présentés alternativement avec une musique qui souligne l’impasse dans laquelle les meurtriers ont amené la police précisément là où ils le voulaient. On pourrait croire soudain à une bonne trouvaille de la police quand Cassie va interroger Richard mais cela aussi était prévu. Disons-le maintenant, Ryan Gosling est juste brillantissime. Ici, il la joue charmeur et imbu de lui-même ; ailleurs, touché, tendre ou violent et impitoyable (la lutte finale est éprouvante à tous les points de vue). Il montre parfaitement le caractère narcissique, vénéneux et déséquilibré de son personnage. Son attachement supposé à Justin met de plus en plus mal à l’aise car, ça aussi, le scénario le remet en cause. Rien n’est sûr. Michael Pitt, qui incarne Justin, est moins fort dans son interprétation mais il tient bon. Le côté doux, sensible de son personnage, ne nous rassurera pas car, dans la toute première scène, c’est bien lui qui, dans une dissertation philosophique, prêche le meurtre comme manifestation de la liberté. Audacieux certes !

ladoublure 3

C’est l’obstination de Cassie qui va enrayer progressivement la belle machine. Une peu ragoûtante découverte sur la scène de crime l’amène à découvrir Justin qui, interrogé, nie être l’ami de Richard. On peut être surpris par l’amertume du portrait de ce dernier. Piège pour la police ou manifestation inconsciente d’un sentiment refoulé ? Par contre, si elle n’est pas dupe de la piste du « vrai tueur », elle n’a que son instinct car tout colle. Et justement, tout colle trop bien. Comment expliquer une approche organisée du crime et une scène de crime désorganisée ? Le traitement criminalistique est très moderne et, même aujourd’hui, malgré l’avalanche de fictions (ou non) mettant en scène policiers, experts et profileurs, on n’a rien inventé ; tout est contenu dans ce film. En femme obstinée, courageuse mais qui n’est pas au-dessus du commun des mortels, Sandra Bullock est la meilleure. C’est son type de personnage ; celui que l’on retrouve dans tous ses films ou presque. Il y a comme un archétype du personnage « bullockien » : femme célibataire, accrochée à un boulot dans lequel elle excelle, méfiante envers les sentiments mais sans leur être hostile. Solitaire au milieu du monde.

Comment ne pas comprendre le rire amer de Cassie devinant où les indices qui accablent le « vrai tueur » se trouvent ? Son obstination, qu’on comprend, c’est le jeu, semble soudain se retourner contre elle. Tout ne tient qu’à un fil. Le spectateur sent le chaud et le froid que souffle Barbet Schroeder. Il suffirait d’un rien pour que Cassie soit déboulonnée et, cela, même si l’entente entre les deux assassins semblent s’essoufler par la faute d’une certaine Lisa. Quoique marginale, Agnès Bruckner joue assez bien le seul personnage « normal » de ce film ; un personnage qui aurait le comportement que l’on attend de lui. Jolie, l’actrice met assez de chaleur dans son jeu pour donner une crédibilité à l’aura rassurante qui semble attirer Justin. C’est là aussi quasiment un archétype : la madone et la putain dans une seule personne. Mais cet archétype vit et on y croit. De son côté, le coéquipier de Cassie (un peu charismatique Ben Chaplin qui défend sa partition mais aurait dû y mettre plus de force) va choisir de lui faire confiance. Certes, on pourrait dire que, dans un policier, cela va de soi et que c’était courru d’avance. Justement pas, l’entente entre les partenaires n’est plus sur des bases sûres. 

Quand arrive le double interrogatoire, on se dit que, cette fois, la police a les cartes en main. Lequel des deux va parler ? On pense le savoir mais non ! A nouveau, le montage se fait ingénieux car, le récit que tiennent les policiers, est « illustré » par le déroulement du crime. Sauf que, que voyons-nous exactement ? La vérité ou l’illustration de la thèse des policiers ? L’attitude des deux garçons semblent vouloir dire que c’est la première option qui est la bonne mais ils ne la confirmeront pas.

Ce jeu du chat et de la souris connaît une conclusion éprouvante et Sandra Bullock n’a sans doute pas jouée de scènes aussi dures de toute sa carrière. La présence de revolvers, la nervosité croissante des protagonistes, mais aussi des phases de froideur et de calculs ; tout pointe vers le drame mais savoir comment il se déroulera et qui s’en sortira, c’est beaucoup plus difficile.

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Anecdotes :

  • Sortie US : 19 avril 2002 Sortie France : 5 juin 2002

  • Le film a coûté 50 millions $. Il en a rapporté 56 $

  • Réalisateur : Barbet Schroeder. Réalisateur et producteur suisse né à Téhéran, il étudie en France et devient assistant de Jean-Luc Godard. Il réalise More (1969) puis La Vallée (1972). Après Maîtresse (1976), il est engagé à Hollywood. Il commande un scénario à Charles Bukowski qui deviendra le film Barfly (1987). On lui doit aussi Tricheurs (1984), Le mystère von Bülow (1990), JF partagerait appartement (1992), Le poids du déshonneur (1996), La vierge des tueurs (2000), Inju, la Bête dans l’ombre (2007), Amnésia (2015)

  • Scénariste : Tony Gaydon. Il a peu écrit pour le cinéma mais il est le créateur de la série Hell on Wheel (2011-2014).

  • Le film fut présenté en sélection officielle à Cannes en 2002.

  • Les personnages de Richard Haywood et Justin Pendleton sont basés sur des meurtriers réels, Richard Loeb et Nathan Leopold.

  • Le titre original se réfère à la chanson écrite par Sting et Andy Summers et chanté par Police.

  • La voiture de Richard, une Mustang, est le même type de voiture que celle conduite par Steve McQueen dans Bullitt (1968). Ryan Gosling est un fan de McQueen.

  • C’est la quatrième adaptation de l'affaire d'homicide de Leopold-Loeb de 1924. Le premier était La corde d'Alfred Hitchcock (1948), le deuxième Le génie du Mal de Richard Fleischer (1959) et le troisième Swoom de Tom Kalin (1992).

  • Dans une scène, la caméra montre La grande muraille (1933). Ce film a été réalisé par Frank Capra dont le petit-fils, Frank Capra III est le premier assistant réalisateur de ce film.

  • Sur l'horloge vue devant le poste de police, il est dit: « Passez du temps avec ceux que vous aimez».

  • La scène près de la fin du film, où Ryan Gosling lèche le visage de Sandra Bullock, n'a pas été scénarisée. Après quelques prises, Gosling a demandé à Sandra si ce serait correct. Il l'a ajouté pour prouver la nature malade de son personnage.

  • Ben Chaplin/Sam Kennedy : acteur britannique né Benedict John Greenwood, il débute avec Les Vestiges du jour (1993). en 1996, il part tenter sa chance à Hollywood. Il joue le soupirant d’Uma Thurman dans Entre chiens et chats (1996). Il enchaîne avec La ligne rouge (1998), Le talisman (2001), Le Nouveau Monde (2005), Le portrait de Dorian Gray (2009), Cendrillon (2015).

  • Ryan Gosling/Richard Haywood : acteur canadien, il débute dans la série Hercule contre Arès (1998-1999, c’est lui Hercule). En 2000, il joue sur grand écran Le plus beau  des combats et ne quittera plus l’affiche, jouant ensuite dans The United States of Leland (2003), Crazy, Stupid, Love (2011), Drive (2011), Les marches du pouvoir (2011), Gangster Squad (2013), Only God forgives (2013), The Big Short : le casse du siècle (2015)

  • Michael Pitt/Justin Pendleton : acteur et musicien américain, on a pu le voir dans A la rencontre de Forrester (2000), Le Village (2004), Funny Game (2007), Hugo Cabret (2011), Criminal Activities (2015). Il tourne aussi pour la télévision : New York Police Judiciaire (1998), Dawson (1999-2000), Boardwalk Empire (2010-2011), Hannibal (2014).

  • Agnès Bruckner/Lisa Mills : actrice américaine, vue dans La prison de verre (2001), Haven (2004), Le goût du sang (2007), Le fiancé aux deux visages (2011) mais aussi à la télévision : Alias (2002), Dirty Sexy Money (2009), Facing Kate (2012), Once upon a time (2015)

  • R.D. Call/capitaine Rod Cody : acteur américain vu au cinéma dans 48 heures (1982), Couleur (1988), Né un 4 juillet (1989), Waterworld (1995), Sam, je suis Sam (2001), Babel (2006), Into the Wild (2007). Il tourne également pour la télévision : La petite maison dans la prairie (1982), Les Chevaliers de la Nuit (1988-1989), X-Files (1994), EZ Streets (1996-1997), Diagnostic : Meurtre (1998), JAG (2002), Supernatural (2005), Castle  (2014)

  • Chris Penn/Ray Feathers : acteur américain né Christopher Shannon Penn (1965-2006), il a joué dans Rusty James (1983), Pale Rider (1985), Reservoir Dogs (1992), True Romance (1993), Les hommes de l’ombre (1996), Rush Hour (1998), Starsky et Hutch (2004). A la télévision dans Magnum (1982), Les Experts (2003). Il est décédé d’une insuffisance cardiaque conjuguée à une prise de médicaments.

  • Tom Verica/assistant du procureur Al Swanson : acteur, réalisateur et producteur américain. En tant qu’acteur, il a joué dans 58 minutes pour vivre (1990), Dragon rouge (2002), Mémoire de nos pères (2006), Zodiac (2007) mais il tourne principalement pour la télévision : Code Quantum (1989), Central Parl West (1996-1997), Mes plus belles années (2002-2005), The Nine (2006-2007), Murder (2014-2015). Il a réalisé plusieurs épisodes de séries et il est producteur de la série Scandal (2012-2014). 

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