28 jours en sursis (2000) Résumé : Après avoir embouti une maison au volant d’une voiture qu’elle conduisait en état avancé d’ébriété, Gwen est envoyé passer 28 jours dans un centre de désintox. Critique : Comédie dramatique, 28 jours en sursis (le titre français est mieux trouvé que le très sec titre original) permet à Sandra Bullock de jouer sur une corde sensible et elle est à la hauteur d’un sujet loin d’être simple. Le scénario, cela dit, ne va pas très loin et se concentre largement sur le personnage de Gwen. Par contre, la réalisation parvient à restituer les moments dramatiques avec force, recourt aux flash-backs à bon escient et a la bonne idée de présenter légèrement troublées et violacées les images se rapportant au passé alcoolisé de Gwen. L’introduction est virevoltante. C’est une fête à laquelle participent Gwen et son petit ami Jasper. Musique qui déchire, ambiance festive et soirée se terminant sous la couette. Le lendemain, le couple est en retard pour le mariage de Lily, la sœur de Gwen, mais ça n’empêche pas nos amis de boire plus que largement. C’est dire l’état des duettistes quand ils arrivent. Le scénario ne présente pas la situation comme dramatique mais, à partir de la scène du gâteau (silence de mort), on sent qu’il n’est plus possible de rire. Aucun drame ne survient mais c’est justement ce que veut nous dire le film : il ne suffit pas qu’il y en ait un pour qu’un problème ne soit pas perçu. Et les dépendants ne veulent voir que le verre (sans jeu de mots) à moitié plein. Gwen n’est pas différente ; elle se voit précisément différente des autres pensionnaires parce qu’elle n’est pas malade. Sandra Bullock, qui était excellente dans la comédie, change de registre et passe au noir. Elle affiche le mépris de Gwen pour les autres à plusieurs reprises. A son conseiller – Steve Buschemi la joue sentencieuse mais sensible même s’il ne creuse pas assez cette voie – Gwen affirme hautement qu’elle saurait s’arrêter si elle le voulait. Le silence que lui oppose Cornell est éloquent. Combien de fois a t’il entendu ces paroles ! D’autant que nous aussi, nous pouvons douter de la volonté de Gwen. Lorsque son petit ami Jasper vient la voir la première fois, il lui refile de la Vicodine et quand elle rentre au centre, c’est dans un état d’ébriété avancé ! Dominic West est impeccable dans ce rôle. Il ne se contente pas de jouer le petit ami qui vit de manière fantasque, boit et s’amuse mais il nous le présente comme un véritable mauvais génie. La cure est un moment difficile mais comment rendre cela perceptible ? Gwen va ainsi voir sa main trembler et souffrir de sensation de froid (scène ou Sandra ouvre grand les robinets de la douche et du lavabo et où l’on voit la vapeur monter alors que l’actrice se serre dans son pull). Le manque va pourtant conduire Gwen à faire une bêtise qui aurait pu être plus grave qu’une jambe cassée. Scène qui permet à Viggo Mortensen de faire son entrée avec une certaine classe. L’acteur a du charisme et son personnage, Eddie, va être important pour Gwen. Le scénario s’épargne une romance qui aurait alourdi le film et diluer le processus de guérison dans l’eau de rose. Ce n’est pas par amour que l’on change – ou pas que – c’est surtout pour soi. Le choc va cependant conduire Gwen à s’investir davantage dans les tâches du centre et dans la thérapie. Le passage par le haras est loin d’être anodin mais la réalisatrice a l’habileté de ne pas s’appesantir dessus. Ce n’est que plus tard que nous comprendrons le bien qu’il a fait à Gwen. Pour l’heure, le premier signe tangible de changement, c’est son peu d’enthousiasme devant la demande en mariage de Jasper. L’importance de ce personnage se voit dans son grand nombre d’apparitions sans qu’aucune ne soit inutile. Au départ, il est le pendant fêtard de Gwen puis son soutien. A partir de là, il devient un poids et sa dangerosité éclate dans le discours glaçant quoique prononcé avec fougue et chaleur qu’il tient à son amie. Le changement va aussi se nouer de façon plus surprenante quoique comique autour d’un feuilleton, Santa Cruz. C’est d’abord la colocataire de Gwen une jeune nommée Andrea à qui Azura Skye prête une grande fragilité qui le regarde et avouons que l’entendre résumer l’irrésumable est un peu pénible. Puis Gwen découvre qu’Eddie le regarde aussi en douce, s’y met et c’est tout le centre qui se retrouve devant ! Pour le départ d’Andrea, Gwen demande aux patients de rejouer une scène débile. Cette mise en abyme est un beau moment d’émotion et « l’amateurisme » des « acteurs » est rendu par un sur-jeu général qui donne le sourire. Un sourire avant des moments plus sombres, la troisième visite de Jasper et la mort d’Andrea par overdose. Pas de pathos inutile mais Sandra joue avec une force communicative l’émotion qui bouleverse Gwen. Les retrouvailles entre sœurs auraient pu être casse-gueule mais aucune fausse note tant d’Elizabeth Perkins que de Sandra Bullock. La distance entre elles est aussi restituée par la caméra qui va progressivement se rapprocher. C’est d’une grande sensibilité, à cœur ouvert et l’aide que l’on peut apporter sans qu’il soit demandé est souligné avec conviction. Gwen veut changer mais un frisson nous parcourt quand nous la voyons retrouver Jasper. Dominic West est plus serpent que jamais. Jasper ne veut pas « faire le mal » puisqu’il ne le voit pas et ignore cette notion. Son amoralité est plus un risque. On l’entend presque susssurer « Aie confiance » et le visage fermé de Sandra Bullock ne permet pas de savoir si elle va choisir de sourire et de le suivre ou non. Sa décision tiendra en un mot. Anecdotes :
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