Les Ensorceleuses (1998) Résumé : Sally et Gillian Owens sont des sorcières de tempéraments différents. La première veut une vie « normale » malgré une malédiction qui condamne les hommes qui approchent une fille de la famille quand la seconde vit très librement. Mais, quand Gillian appelle à l’aide, Sally n’hésite pas et elles auront besoin de tout leur amour pour s’en sortir. Critique : Un film plaisant, vraiment agréable mais qui pèche par une absence de choix clair entre la comédie, le romantique et le fantastique. L’ensemble fonctionne certes plutôt bien mais on sent que le film aurait pu être meilleur encore. L’intérêt vient aussi du statut des deux héroïnes. Nicole Kidman et Sandra Bullock étaient déjà des vedettes mais elles n’avaient pas encore la carrière qu’on leur connaît. Les associer est un pari et il fonctionne ; aucune n’empiète sur l’autre et la distribution des rôles a été bien fait. Les deux actrices abattent un boulot formidable et sont vraiment en osmose. Nicole Kidman, très en beauté et qui en joue, joue sur une corde raide car si son personnage pouvait paraître excentrique, elle n’en fait jamais une cruche ou une victime. De son côté, Sandra Bullock est excellente en femme sérieuse, « normale » mais qui a une puissante force intérieure. Les deux actrices montrent chacune à leur manière que les deux sœurs ont la même flamme mais qu’elles la vivent différemment. Au commencement est une promesse entre les deux sœurs mais Gillian a choisi de partir avec un garçon…et il y en aura d’autres jusqu’à un certain Jimmy avec qui ça chauffe ! Sally, elle, est restée auprès de ses tantes qui ont élevé les deux sœurs après la disparition de leur mère mais elle s’est trouvé un mari et eu deux filles. Mais, voilà, lorsqu’elle entend une blatte, elle comprend que la malédiction est sur le point de s’abattre. Il est intéressant de voir le suspense entre la recherche assez cocasse de la bestiole par Sally et le trajet bonhomme du mari. Alors oui, il va mourir mais, jusqu’au bout, on a bien cru qu’il allait s’en sortir. Sally va donc revenir vivre auprès de ses tantes avec ses enfants. Un mot des tantes. Un vrai régal ! Stockard Channing et Dianne Wiest campent deux femmes mûres mais pas des sorcières « traditionnelles » ; on est plus proche de la guérisseuse actuelle. Elles sont loin d’être austères et dégagent une vraie aura de bienfaisance et de sympathie. Rien que les voir donne le sourire ! Le film entre dans le vif avec l’appel à l’aide de Gillian ; son petit ami Jimmy la bat et elle veut le fuir. Mais Jimmy les rend en otage. Quand il veut marquer Gillian avec une bague chauffée avec sa cigarette, Sally passe à l’action. Elle lui tend une bouteille d’alcool traité à la belladone. Ça relaxe mais à forte dose ça relaxe définitivement ! La scène est dure – passons sur une étranglement inachevé - et assez noire d’autant que Goran Visjnic est à mille lieux de son rôle de docteur ! C’est ici un beau salaud, certes qui a su jouer de son charme canaille, mais dont l’âme est aussi noire que de l’encre. Le spectateur n’a pas trop de ses deux mains pour applaudir à la disparition de cette ordure. Mais ce crime n’en reste pas là car Gillian est trop mordue pour renoncer à son bel amour et à ses souvenirs qu’on imagine brûlants. Et à quoi bon être une sorcière si l’on ne se sert pas de ses pouvoirs ? Gillian convaint Sally de procéder à un rituel de résurrection. Voilà une autre scène où le scénario et le réalisateur hésitent entre faire rire (le pentagramme en Chantilly !) et le glauque (le rituel est assez sinistre) ; ce qui retire une partie de sa force à ce passage. Dommage car les deux actrices sont excellentes et se complètent à merveille. Nicole Kidman en extravertie passionnée et Sandra Bullock en introvertie méfiante sont des évidences et le film fonctionne grâce à elles. On se doute qu’il va y avoir problème mais pas parce que le rituel va rater, bien au contraire ! Le problème enterré, tout rentre dans l’ordre et les nièces se font une belle soirée avec leurs tantes qui ont préparé un cocktail mais le spectateur a bien cru que c’était une décoction de sorcière ! On rira bien à ce qui suit jusqu’à un réveil brutal. Par la suite, d’autres signes montrent qu’une menace rôde. Une menace qui prend d’abord la forme d’un inspecteur de police qui recherche Jimmy. Aidan Quinn réussit son entrée. On ne sait alors pas trop de quel côté il va se trouver. En effet, il est intéressé par le discours embrouillé de Sally devant une Gillian paniquée mais il est aussi intéressé par Sally tout court ! La traversée du miroir va se faire en plusieurs temps pour l’inspecteur Gareth Hallet. En écoutant le discours vibrant que lui fait Sally sur la sorcellerie (et Sandra Bullock met une énergie convaincante dans ce plaidoyer) ; en écoutant les aveux de Sally qui veut s’accuser tout en protégeant sa sœur (et le policier stoppe l’entretien avant qu’elle ne se soit incriminée), en l’embrassant parce qu’il s’est senti attiré (envoûté ?) ; en sauvant finalement (le procédé est un brin ironique) les deux sœurs de l’attaque d’un Jimmy revenu d’entre les morts ! La scène de possession est forte et sérieuse parce que Nicole Kidman y met du sien mais il y a eu plus effrayant ailleurs. Pour en finir, les sorcières vont « sortir du placard » et faire appel à la communauté. Dans une scène très réussie mêlant glauque, noirceur et humour, la caméra tourne et accélère à mesure que l’incantation est prononcée par les femmes en cercle. C’est assez dur grâce à une Nicole Kidman qui donne une malice cruelle à son regard mais aussi tendre par l’amour sororal qu’exprime une Sandra Bullock vraiment transcendante dans l’émotion. Tout se terminera bien et les amoureux seront réunis. Le sort en est jeté ! Anecdotes :
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