Saison 4 1. Tout ne doit pas mourir (Herrenvolk) 5. Le pré où je suis mort (The Field Where I Died) 6. Sanguinarium (Sanguinarium) 7. L'Homme à la cigarette (Musings of a Cigarette Smoking Man) 8/9. Tunguska (Tunguska/Terma) 10. Cœurs de tissu (Paper Hearts) 14. Journal de mort (Memento Mori) 15. La prière des morts (Kaddish) 16. L'Homme Invisible (Unrequited) 17/18. Tempus fugit (Tempus Fugit/ Max) 19. Aux frontières du jamais (Synchrony) 20. La queue du diable (Small Potatoes) Épisode Mythologique Scénario : Chris Carter Résumé :
Mulder et Jeremiah Smith parviennent à échapper au Bounty Hunter, laissant Scully derrière eux. Mais le chasseur se remet aussitôt à leurs trousses, bien décidé à supprimer sa proie. Pendant que Scully tente de déchiffrer les fichiers informatiques de Smith, ce dernier emmène Mulder dans un champ au Canada où se trouve une colonie d’hybrides. Parmi ses « habitants », Mulder reconnaît un clone de sa propre sœur. Surveillée de loin par L’Homme à la Cigarette, Teena Mulder n’arrive pas à se réveiller de son coma… Critique : La saison 4 débute sur un ton mineur, avec un épisode qui ralentit encore le rythme par rapport au précédent, déjà peu nerveux. La faute en revient principalement à la mise en scène passablement statique de Goodwin. Celui-ci se contente de passer les plats, et le résultat demeure rien moins que convaincant lorsqu’il tente d’accélérer le tempo. La course-poursuite du début se révèle ainsi plus brouillonne que réellement trépidante. La musique de Mark Snow demeure néanmoins sublime, comme toujours. Un certain manque de contenu dans son intrigue doit également être reproché à Carter, qui se limite à une très simple course-poursuite vite expédiée. Celle-ci parait uniquement destinée à introduire les quelques éléments clés de la Mythologie qu’il entend révéler, rien de plus. Et pourtant, Herrenvolk ne se limite pas seulement à un simple épisode fonctionnel, destiné à annoncer notamment la thématique du film à venir. On apprécie ainsi de voir Carter optimiser la grande présence de Roy Thinnes en reconstituant l’atmosphère unique des Envahisseurs : Amérique désertique, paranoïa ambiante, colonisation en marche, base secrète où se trame un sombre projet, abandonnée sans la moindre preuve après le passage du héros, etc. Malheureusement, ce bel hommage se voit sapé par la mise en scène sans cachet de Goodwin. L’épisode résulte totalement dépourvu de l’intensité dramatique époustouflante caractérisant Les Envahisseurs. Reste bien entendu le plaisir non démenti de contempler Thinnes et Duchovny évoluer ensemble, le duo fonctionnant à la perfection. On se situe quand même cent coudées au-dessus de l’infâme reprise des Envahisseurs avec ce pauvre Bakula. C’est finalement dans les seconds rôles que l’épisode trouve réellement un second souffle. Lors de la scène d’ouverture, ces clones blonds évoquent Le village des Damnés dans cet épisode décidément très années 60 ! Avant I Want To Believe où elle apparaît très brièvement dans une très amusante scène pour le coup vraiment aux frontières du réel, il est très plaisant de retrouver si longuement Vanessa Morley, d’autant qu’elle manifeste de vrais talents de comédienne. L’Agent Pendrell, qui a toujours cinq minutes (et des heures de travail) pour Scully, et qui arrange nerveusement sa cravate quand elle entre ou la défend mordicus devant les patrons, s’avère aussi amusant et attendrissant que de coutume. Scully elle-même demeure relativement en retrait, mais nous offre néanmoins un beau moment d’émotion quand elle soutient un Mulder désemparé. Le Fumeur montre un vrai attachement pour Teena Mulder (à l’évidence la vraie raison de son intervention), une tentative originale d’humaniser le personnage, mais potentiellement très dangereuse ! On en reparlera dans quelques épisodes. Steven Williams nous gratifie d’un ultime superbe numéro d’acteur lors de la fin brutale de son personnage, mais là on ne comprend plus. Mulder et X s’étaient définitivement séparés sur des menaces de mort et autres amabilités, et voici que ce dernier, d’ordinaire si prudent, n’hésite pas à se mettre en grand péril pour venir avertir notre héros d’un hypothétique danger planant sur sa mère ! Incohérence ? Sans égaler tout à fait la relation si enthousiasmante entre Deep Throat et Mulder, X laissera néanmoins un très grand souvenir aux amateurs de la série. Le passage de témoin apparaît fort élégamment tourné, puisque la scène suivante voit l’arrivée de la nouvelle source de Mulder : Casque d’Or a le blond vénitien et les yeux pers de Laurie Holden, mais dans un style très différent pour le moins de X. Marita prépare cependant de rudes moments à Mulder ! Tout ceci ne vient pas compenser la frustrante atonie de l’épisode, et, hormis la visite bienvenue de Roy Thinnes, le diptyque Talitha Cumi/Herrenvolk ne demeurera décidemment pas parmi les meilleurs doubles épisodes de la série. Anecdotes :
Scénario : Glen Morgan & James Wong Résumé : Le cadavre d’un bébé est retrouvé dans un champ, l’autopsie révèle qu’il a toutes les malformations génétiques possibles et imaginables ! Mulder et Scully soupçonnent les Peacock, une famille dégénérée de trois fermiers souffrants d’horribles malformations, d’être à l’origine du drame. Ces derniers ne sortent jamais de leur maison isolée de la ville, et n’obéissent qu’à leurs instincts sauvages les plus profonds. Inquiets de voir le FBI et le shérif de la ville s’intéresser à eux, ils commencent à devenir de plus en plus violents… Critique : La famille dégénérée s’en prenant aux visiteurs reste un classique du film d’horreur américain, de La Colline a des yeux à Massacre à la tronçonneuse, jusqu’au plus récent Détour mortel. Les X-Files devaient fatalement s’y intéresser, avec une jolie réussite à la clé. Les piliers du genre sont introduits avec beaucoup d’audace : la maison isolée, immonde et piégée, les physiques difformes (encore un superbe travail des artistes de la série), les scènes très gores… Pour son retour, le duo Morgan/Wong réalise réellement des étincelles et évoque très crûment l’inceste, chose rare dans une série télé. Mais la série n’oublie pas de mettre son grain de sel, notamment par une mise en scène de très haute volée, bien plus imaginative que ce que l’on voit le plus souvent sur grand écran, et pleine de bonnes idées (les hyènes de la télévision, la balade nocturne des monstres au son d’une musique sirupeuse, le petit paradis rural tout autour…). Surtout, elle n’hésite pas à introduire une solide dose d’humour, notamment via les vannes d’un Mulder se montrant ici en grande forme. On peut également y rajouter le passage des cochons, franchement désopilant en plein drame (excellent clin d’œil à Babe). Ce constant contraste entre humour et ténèbres demeure une grande réussite du récit. L’autre grand intérêt de l’épisode réside dans la fenêtre supplémentaire qu’il ouvre sur nos héros et leur relation. La prédilection de Mulder pour le baseball s’affiche au grand jour, ce qui énerve passablement Scully, mais il aura ultérieurement l’occasion de l’y convertir (on en reparlera). Scully ressent avec plus de force son envie de maternité, prologue encore que cela. D’ailleurs Mulder évoque une possible retraite à la campagne, dans une maisson très reculée… comme se sera le cas dans I Want To Believe ! Durant tout l’épisode, les deux agents ne se quittent quasiment pas, ce qui nous vaut un nombre élevé de scènes de dialogues, brillantes et parfois mordantes. Duchovny et Anderson connaissent désormais leurs personnages sur le bout des doigts et accomplissent un superbe numéro. L’épisode a été partiellement censuré, les vagissements de la scène d'introduction indiquant initialement que le bébé a été enterré vivant. Les autorités obtiendront un fond musical, mais le passage original est disponible en bonus. Chouette ambiance… classé comme un film pour adultes, Home ne fut d’ailleurs pas rediffusé avant longtemps par la Fox ! L’excellent Tucker Smallwood apparaissait dans la série annulée de Morgan/Wong, Space : Above and beyond. Les deux feront ainsi participer aux X-Files de nombreux acteurs de cette série défunte ; ce sont finalement des sentimentaux qui s’ignorent… Anecdotes :
Scénario : Howard Gordon Résumé : Dans un avion en provenance du Burkina-Faso, une hôtesse découvre avec horreur le cadavre d’un afro-américain entièrement décoloré ! Deux mois plus tard, trois autres jeunes noirs sont portés disparus et un quatrième vient d’être retrouvé, la peau aussi totalement dépigmentée. La cause des morts demeure inconnue. Scully trouve une graine africaine sur le corps de la victime. Pendant ce temps, l’assassin mystérieux frappe encore… Critique : Après Chine, Caraïbes, et autre Europe Orientale, les X-Files décidément universels s’intéressent maintenant aux mythes de l’Afrique noire. Même si l’épisode développe une intrigue très classique (l’école Tooms), la réussite n’en paraît pas moins évidente grâce à une mise en scène crépusculaire à souhait, portée par une toujours sublime musique de Mark Snow, ici subtilement enrichie d’éléments africains (flûtes et percussions). La tonalité est très sombre, d’autant que la série n’hésite pas à évoquer la triste condition sociale des immigrés africains. Cette noirceur imbibe tout l’épisode, tandis que la personnalité morbide du Teliko et les superbes maquillages, effraient réellement. Le tout se voit couronné par une longue scène d’action aussi palpitante que claustrophobique où Scully se met particulièrement en valeur. La seule réelle pointe d’humour provient de l’Agent Pendrell tout décontenancé de ne pas avoir affaire à Scully, mais rassuré par un Mulder à demi narquois ! Le même Mulder semble bien moins méfiant envers Marita Covarrubias qu’envers M. X… Une nouvelle différenciation s’introduit dans le Duo, Mulder voyant des conspirations partout (même en dehors de la Conspiration), au grand effarement de Scully ! Le message du générique est d’ailleurs Deceive, inveigle, obfuscate, tout un programme ! Ce solide épisode n’atteint pas les sommets de son modèle, mais développe une ambiance réellement sinistre, très dense. Qu’on se le dise, on ne va pas beaucoup rigoler au cours de cette saison 4, sans doute la plus sombre de toute la série ! On remarque la présence de Carl Lumbly, le futur Marcus Dixon d’Alias et déjà prénommé ainsi dans l’épisode ! Anecdotes :
Scénario : Vince Gilligan Résumé : Mary, fraudeuse en fuite avec son petit ami, s'arrête à un drugstore pour tirer une photo d’identité nécessaire à un passeport. Mais la photo d’elle qui sort de l’appareil la représente, hurlant, se faisant kidnapper par des visages d’horreur grimaçants ! Peu après, elle se fait enlever et son petit ami est assassiné : on lui a enfoncé un poinçon dans l’oreille jusqu’au cerveau ! Mulder explique la prédiction de la photo par la capacité qu’aurait le ravisseur de modifier à distance par la pensée des pellicules photographiques. Peu après, Mary est retrouvée : elle a subi une lobotomie qui a détruit ses facultés cérébrales… Critique : Mulder dans la Twilight Zone ! En effet, cette histoire de photographie montrant l’avenir, outre Stephen King, évoque irrésistiblement la Quatrième Dimension et plus particulièrement l’épisode Futurographe (A most unusual camera). Mais là où la Quatrième Dimension nous offrait un épisode à l’humour noir réjouissant, Les hurleurs s’avère un épisode des plus sombres. Le récit s’insère ainsi parfaitement dans la tonalité générale très noire de cette saison 4. Outre une mise en scène de haut vol et un scénario particulièrement astucieux et plein de suspense, Les hurleurs reste avant tout un grand épisode de comédiens. Cette pénétration aussi aboutie que glaçante d’un délire homicide doit ainsi beaucoup à l’étonnante prestation du toujours excellent Pruitt Taylor Vince (Deadwood, Murder One...). Face à lui, Scully se révèle une redoutable profiler pour sauver sa vie, ce qui donne lieu à une partie d'échecs verbale très éprouvante, avec une Gillian Anderson au diapason. Duchovny ne dépare pas l’ensemble en Mulder se surpassant comme toujours quand sa partenaire est en danger. Les étranges photographies constituent une nouvelle preuve de l’impressionnant savoir-faire de l’équipe technique des X-Files. Dans la lignée de l’épisode précédent, la série accentue le clivage entre Mulder et Scully, le premier s’acharnant jusqu’à ce que toute la Vérité soit découverte, tandis que la seconde, davantage sensible à l’atrocité, se contente de l’arrestation du coupable. Nous apprenons que Scully maîtrise l’Allemand, l’ayant appris durant ses études (les partenaires féminines des grands justiciers sont souvent très fortes en langues étrangères…). De plus, elle est visiblement très douée en contorsionnisme pour s’être libérée aussi vite de ses liens ! Enfin, on s’inquiétait car cela faisait quelque temps qu’elle n’avait plus arboré d’horreur vestimentaire : nous voici donc rassurés avec un ensemble tenant beaucoup du sac de pommes de terre. Initialement prévu pour suivre immédiatement Tout ne doit pas mourir, cet épisode fut finalement le quatrième de la saison, avec à la clef une scène supprimée montrant Mulder prendre au téléphone des nouvelles de sa mère (visible dans les suppléments). Anecdotes :
5. LE PRÉ OÙ JE SUIS MORT Scénario : Glen Morgan & James Wong Résumé : Sydney, membre de la secte du Temple des Sept Etoiles, prévient par téléphone le FBI que Vernon Ephesian, le fondateur de la secte, cache des armes illégales et qu’il inflige des maltraitances. Mélissa, une des femmes de Vernon, est possédée par plusieurs personnalités, et elle « est » Sydney. Scully la croit schizophrène mais Mulder pense que Melissa a vécu des vies antérieures qui prennent sporadiquement le contrôle de son esprit. Cela réveille en lui des souvenirs de ses propres vies antérieures : lui-même est mort pendant la guerre de Sécession, dans ce même pré où se trouve le Temple. Mulder et Mélissa se soumettent à une séance d’hypnose pour faire resurgir leur passé… Critique : Ce magnifique épisode se caractérise d’abord par une très grande richesse d’écriture (Morgan et Wong sont bien de retour !), en trois temps. Le récit débute ainsi par une évocation aussi pénétrante que glaciale du phénomène sectaire. En 1996, le drame de Waco reste dans toutes les mémoires, et l’épisode en opère une remarquable reconstitution sans aucun tape à l’œil (David Koresh est d’ailleurs explicitement cité en VO, et se prénomme en réalité Vernon…). Puis, nous suivons la découverte de l’effarante vérité, parfaitement distillée par des indices successifs jusqu’à la révélation finale. La qualité de jeu de Duchovny, qui accomplit ici une de ses plus belles performances de la série, aide le spectateur à s’identifier à lui et à partager cette expérience particulièrement troublante. Enfin, l’épisode débouche sur une déchirante histoire d’amour se poursuivant d’incarnations en incarnations, même si les parallèles Samantha/CSM/Scully semblent quelque peu tirés à la ligne. On remarquera que « Scully » apparaît plus comme la bonne copine que comme l’âme sœur au fil des époques… Mais l'épisode acquiert toute sa dimension grâce à la merveilleuse mise en scène du grand Rob Bowman. Celui-ci, par de savants effets de caméra (magnifiques travellings), des effets de lumières recherchés et un décor naturel à l’intemporalité saisissante, confère un impact et une esthétique rare à cet épisode. Le tout se voit magnifié par la musique de Mark Snow, plus envoûtante que jamais. Cette poésie funèbre, cette prégnance de l’Apocalypse, la dimension spirituelle, le final morbide, cette profondeur psychologique des personnages l'emportant sur le développement de l’action font de cet épisode une véritable fenêtre ouverte sur MillenniuM, tandis qu’il demeure résolument en marge des X-Files, avec un Mulder comme on ne le reverra jamais. Ce n’est ainsi pas vraiment une surprise de voir l’excellente Kristen Cloke roder son futur personnage de Lara Means (encore une ancienne de Space 2063), tandis que Michael Massee (24h chrono, Carnivale…) apporte un vrai magnétisme à son sinistre personnage. La tonalité très sombre de cette histoire se communique à Mulder et Scully qui, dans l’approfondissement des épisodes précédents de cette saison 4, voient leur duo connaître un clivage particulièrement prononcé, bien au-delà des différences d’opinions habituelles. On voit ainsi Scully accuser Mulder de mensonge et de manipulation (un comble !) alors même que des vies sont en jeu. Ceci débouche sur une véritable querelle assez étonnante de violence, et fait s’interroger sur la possibilité d’une crise au sein du duo, même si la complicité finit par triompher une fois encore. Le pré où je suis mort restera comme un des sommets de la série, aussi décalé qu’a pu l’être L’heure perdue pour les Avengers. Il demeure d’ailleurs passablement controversé ! On notera également une nouvelle référence au Flukeman (après celle du Pousseur), décidément cet épisode aussi aura marqué les esprits ! Le texte cité par Mulder à l’ouverture comme à la conclusion de l’épisode (une excellente idée de plus) est tiré de Paracelsus (1835), par Robert Browning. Anecdotes :
Scénario : Valerie Mayhew et Vivian Mayhew Résumé : Un chirurgien esthétique devient fou et assassine un patient, pensant faire une « vidange ». Il ne se souvient ensuite plus de rien. Mulder repère un pentagramme sur les lieux et cela lui fait penser que la magie noire est en cause. Lorsque deux autres chirurgiens commettent eux aussi des « accidents » fatals, la clinique est à bout de nerfs. D’ailleurs, 10 ans auparavant, des faits similaires se sont produits, conduisant à la mort de 4 patients et au suicide d’un médecin. Mulder et Scully découvrent qu’une des infirmières s’adonne à la sorcellerie, mais un point les intrigue : elle fait de la magie « blanche », de la magie de « protection »… Critique : Quand les X-Files rencontrent Nip/Tuck ! Cette satire de la chirurgie esthétique, narquoise et teintée de l’humour le plus noir, fait en effet irrésistiblement penser aux troubles aventures de Sean et Christian, dont elle présente le même impact. Outre une dénonciation très pointue (au scalpel) de cette chirurgie et de l’importance qu’occupe le paraître dans nos sociétés, l’épisode joue avec virtuosité de l’idée qu’elle constitue un pendant moderne à la sorcellerie médiévale et à son penchant pour les métamorphoses corporelles. Bon, Gillian Anderson a beau jeu de dénoncer la futilité de telles opérations alors qu’elle n’en a à l’évidence nul besoin… Cet épisode très relevé se voit accorder un surcroît de saveur par un recours immodéré au gore le plus sanguinolent, avec à la clé quelques images les plus chocs de la série (Nip/Tuck, encore et toujours) ! L’intrigue ménage un joli coup de théâtre à mi-parcours, notamment grâce à la qualité du jeu de O-Lan Jones, très convaincante en sorcière plus vraie que nature. Si la galerie de portraits de médecins avides ayant abandonné toute éthique professionnelle vaut son pesant d’or, la vedette de l’épisode demeure incontestablement Richard Beymer. Cette grande figure de Twin Peaks donne à son personnage la malice et la présence d’un Ben Horne. Aussi subtil que cynique, ce sorcier force l’admiration ! Il arrivera que Mulder soit vaincu par des pouvoirs surhumains, mais bien peu le battront au jeu de la ruse comme l’accomplira le bon docteur, avec un coup de maître final absolument infernal ! Au sein de cette saison si funèbre, il paraît finalement logique que l’humour le plus marquant soit celui du Diable… Anecdotes :
Épisode Mythologique Scénario : Glen Morgan & James Wong Résumé : L’Homme à la Cigarette espionne le domicile des Bandits Solitaires : Frohike révèle en effet à Mulder et à Scully quelques fragments du passé de leur ennemi commun. Pendant qu’il attend que Frohike sort de la maison pour l’abattre d’une rafale de mitraillette, des souvenirs de sa vie tumultueuse lui reviennent en mémoire au fur et à mesure du récit de Frohike : son implication dans les plus grands évènements de l’Amérique, puis au niveau international, son rôle dans la Conspiration… mais aussi sa passion contrariée pour l’écriture… Critique : Cet épisode crucial pour la Mythologie nous révèle la biographie (partielle !) de celui qui demeure sans doute l'adversaire récurrent le plus fascinant de l'univers des séries télé : l'Homme à la Cigarette. Nous aurions pu nous trouver face à un récit platement explicatif ou au clinquant sonnant creux, mais le manque d'ambition ou de souffle créatif n'a jamais constitué la marque première du duo Morgan & Wong. Aussi, comme précisé dès la citation ouvrant l'épisode (Car il n'y a pas de jours sombres pour ceux qui triomphent) donnent-ils une dimension toute shakespearienne à ce personnage, que l'on découvre derrière successivement tous les principaux drames modernes de l'Amérique (Baie des Cochons, assassinats de JFK puis de Luther King). Ces passages sont magnifiquement filmés, chacun dans un style différent, et stupéfient littéralement le spectateur par leur intensité. Le récit multiplie également les références à l'univers de la série, et pousse l'audace jusqu'à boucler la boucle en revenant sur la toute première scène des X-Files, cette fois vue par les yeux du Fumeur ! Cet élan finit par déboucher sur une scène hallucinante, où le génie confine à la folie en posant le Fumeur comme véritablement le maître occulte du monde ! (une bouffée délirante de Frohike ?) Mais, plus que ces évènements, c'est bien sa sombre et énigmatique personnalité qui captive, son inclination pour la violence, mêlée à une grande intelligence et à une trouble fascination pour ses victimes (il faut le voir reprendre la prière de Bob Kennedy). Le gaillard fait littéralement froid dans le dos, et ce sociopathe pourrait constituer un serial killer des plus crédibles... C'est d'ailleurs finalement la scène des cravates qui effraie le plus, tandis que le récit présente l'habileté suprême de conserver sa part de mystère au Fumeur. La solitude du pouvoir et de celui qui l'incarne se voit magnifiquement exprimée, ainsi que la conscience d'une certaine damnation. Malheureusement, rien n'est parfait en ce vaste monde, et, outre qu'il souligne assez lourdement la filiation de Mulder, l'épisode se conclut par un pastiche assez consternant de Forrest Gump. Certes, la scène est brillantissime, mais cette faiblesse humaine me semble déparer le personnage et annoncer la fin particulièrement grotesque qu'il connaîtra. Ce n'est pas ainsi, en perdant, que je souhaite me le représenter tout simplement, et je crains que les auteurs n'aient été ici saisis du vertige de la virtuosité... Si William B. Davis confirme son immense talent de comédien, on apprécie également la superbe prestation de Chris Owens qui par un joli clin d'œil incarnera bientôt Spender. On se réjouit également de retrouver les Bandits Solitaires (outre Deep Throat !) dont nous étions privés depuis déjà quelque temps, quoiqu'assez logiquement dans cette saison très funèbre. D'ailleurs, toujours aussi iconoclastes (un épisode sans Mulder ni Scully...), Morgan & Wong avaient bel et bien prévu de faire abattre Frohike par l'Homme à la Cigarette, et il fallut une intervention directe de Chris Carter pour les en dissuader ! La scène aurait d'ailleurs été tournée. On en frémit ! Musings of a Cigarette Smoking Man (quel titre...) achève de planter l'imposante statue du Fumeur, et de faire de lui non un simple second rôle, mais bien l'une des composantes majeures de l'incroyable succès de la série. Un épisode définitivement incontournable pour le fan ! Anecdotes :
Épisode Mythologique Scénario : Frank Spotnitz & Chris Carter Résumé : Pour se venger du Syndicat qui a tenté de le tuer, Alex Krycek aide Mulder et Scully à intercepter une valise diplomatique contenant une roche extra-terrestre destinée au Syndicat. Mais la roche contient de l’huile noire qui contamine et paralyse un scientifique quand il tente de l‘analyser ! Grâce à Marita Covarrubias, Mulder apprend que la roche est originaire de Tunguska, en Russie, où eut lieu en 1908 un événement inexpliqué. Il part là-bas, accompagné de Krycek. Mais ce faisant, il laisse le champ libre à Vassily Peskow, ancien agent secret russe, qui est chargé d'éliminer toute trace de l’affaire de l’huile noire aux USA. Le Syndicat comprend qu'il a lui-même été manipulé... Critique : Cela débutait pourtant bien, avec une première partie captivante marquée par le spectaculaire (mais guère explicité) retour sur scène d’Alex Krycek. Les différents coups de théâtre coutumiers de ces doubles épisodes se suivent avec plaisir, notamment la scène particulièrement terrifiante de l’Huile Noire jaillissant lors d’un contrôle douanier (Brrr…). Cette terrible substance reste bien l'une des grandes idées de la série ! Surtout, on assiste ici au terme logique de la crise que l’on a observée progressivement s’installer entre Mulder et Scully. Cet émoi, habilement semé, confère un véritable impact à l’impressionnante scène d’ouverture, d’autant qu’elle se voit précédée dans la chronologie par une discussion assez violente où Scully va jusqu’à interpeller Mulder sur l’avenir de leur association. Bon, le suspense reste relatif quant à une défection de Scully, mais l’effet demeure réussi. L’épisode se suit donc avec plaisir, d’autant qu’il nous offre une spectaculaire apparition de Marita, qui, en son peignoir d’un blanc satiné, s’avère définitivement différente de Deep Throat et de X ! Duchovny restitue à la perfection la haine féroce qu’inspire Krycek à son personnage, on se régale ! Et puis, patatras ! L’épisode baisse brusquement de niveau quand Mulder passe en Russie. Outre que cette Russie peuplée de serfs et de cosaques semble bloquée à l’époque de Tolstoï (d’ailleurs le scénario n’y est guère épais), tout s’y avère d’un ridicule achevé. On note ainsi une recherche à tout crin de l’effet, tranchant avec la finesse d’écriture coutumière de la série. On ne croit pas une seconde à cette histoire d’un vaccin de très haute technologie concocté dans les hangars crasseux d’un goulag. Cette succession morbide de cachots et de mains coupées reste plus glauque que réellement effryante, même si le cliffhanger traditionnel demeure redoutable et que le running gag de Krycek dégustant un maximum devient franchement rigolo. Le comble grotesque se voit atteint avec un Mulder se dissimulant sous un tapis de feuilles comme un vrai warrior. Où sommes-nous, chez Rambo ? D’une manière générale, on sent que Carter dispose d’un vrai budget (la série atteint alors des sommets d’audience historiques) et qu’il se fait plaisir avec des évènements privilégiant le spectaculaire au détriment de la cohérence et du développement de l’intrigue. On en reparlera d’ailleurs dans Fight The Future ! À propos de film, le véhicule de Mulder déboule un ravin, cela va devenir une habitude… Le personnage de l’agent secret russe apparaissant tel Fantômas toujours au bon endroit au bon moment va encore plus loin dans la facilité et accroît l’incrédulité ressentie. On admet ce genre de péripéties chez le Bounty Hunter et ses pouvoirs, ici cela ne peut pas passer. Enfin, on note un contraste détestable entre d’une part la simplification excessive de l’intrigue principale (s’évader d’un goulag en prenant seulement le camion, être secouru par des samaritains providentiels pour réapparaître pile au bon moment à Washington...), et d’autre part une complexification de la Mythologie, avec notamment une embrouille tordue et décevante autour du Bien Manucuré qui accomplit clairement ici son apparition la plus faible de la série ! L’épisode se pare néanmoins d’une scène particulièrement émouvante : les lumineuses retrouvailles de Mulder et Scully. Le couple a victorieusement franchi l’orage et définitivement refermé une parenthèse troublée. C’est bien ensemble qu’ils affronteront la sombre épreuve à venir. Mais ce grand moment demeure bien tardif et ne saurait dissiper la mauvaise impression laissée par Terma. Donc, au total deux étoiles, mais trois pour la première partie et seulement une pour la seconde, franchement ratée ! Anecdotes :
Épisode Semi-Mythologique Scénario : Vince Gilligan Résumé : Mulder fait le même cauchemar depuis trois nuits : il suit une étrange lumière rouge qui le mène dans un parc où se trouve le cadavre d’une petite fille. Mulder part sur les lieux de son cauchemar et y trouve en effet le squelette de la fillette ! Il s’agit d’une des victimes du serial killer John Lee Roche depuis longtemps sous les verrous grâce à Mulder. Lors d'une visite des deux agents dans sa prison, Roche prétend être l’assassin de Samantha Mulder ! Scully pense que Roche est capable de lire les pensées de Mulder et l’avertit qu’il pourrait le manipuler, mais Mulder, choqué, croit qu’il lui a dit la vérité et cherche à en avoir le cœur net. Commence un intense duel psychologique… Critique : Mulder dans les Griffes de la Nuit. Cette histoire, un magnifique scénario de Vince Gilligan, met en scène un superbe duel entre Mulder et l’effroyable John Lee Roche (excellent Tom Noonan, un habitué du genre), haletant de bout en bout, et porté par une magnifique mise en scène. Les visions oniriques apparaissent ainsi somptueuses, leur magie se distillant avec une élégante économie de moyens. De même, le mano a mano final développe un suspense à couper au couteau, digne des meilleurs moments de 24h chrono. La musique de Mark Snow est une fois de plus merveilleuse (le jeu des clochettes), il fut d’ailleurs nommé aux Emmy Awards pour le travail réalisé sur cet épisode. Le Freddy Krueger version X-Files (rien ne manque : rêves truqués, humour noir, tueur d’enfants…) s’avère un adversaire aussi retors que sinistre, jouant à merveille de l’éternel talon d’Achille de Mulder : son désespoir jamais éteint face à la disparition de Samantha, obscurcissant régulièrement ses brillantes capacités intellectuelles. Duchovny se montre une nouvelle fois exceptionnel en exprimant l’espoir frustré de son personnage et sa douleur lorsqu’il retrouve sa lucidité en ayant le courage de renoncer à ce… doux rêve. Sans avoir la tripe sanguinaire, on ne peut que se réjouir quand il se résout finalement à abattre Roche, tant celui-ci compte parmi les monstres les plus répugnants de toute la série. Scully montre sa véhémence coutumière dès lors qu’il s’agit d’enfants, comme elle l’illustrera de nouveau dans I Want To Believe. À propos de I Want To Believe et du funeste Xzibit, on remarque que l’épisode introduit un customiseur de voitures et qu’il s’agit d’un idiot, de plus interprété par un acteur sans talent particulier. Décidément, la concordance est parfaite ! C’est d’ailleurs avec une jouissance sans mélange que l’on voit Mulder démolir son joyau. Destroy my ride ! On note également l’apparition de l’édition originale d’Alice au pays des merveilles (l’épisode compte de nombreuses références à Lewis Carroll), avec les fameuses illustrations de John Tenniel également aperçues dans l’épisode des Avengers : Le Quadrille des Homards. Cœurs de tissu, dont Duchovny déclara qu’il constituait selon lui le meilleur des épisodes centrés sur Mulder, s’impose comme un épisode très relevé, bien dans la tonalité funèbre de cette saison 4. La Quête continue… Anecdotes :
11. CHUPACABRA Scénario : John Shiban Résumé : Dans un camp d’immigrés mexicains, une lumière blanche explose dans un champ et fait tomber une pluie jaune. Une chèvre et une jeune femme, Maria, sont retrouvées mortes, atrocement défigurées. Soledad, le fiancé de Maria, est convaincu que son frère Eladio l’a tuée car il n’aurait pas supporté qu’elle le rejette. Soledad se lance à la poursuite de son frère en cavale pour le tuer et venger Maria. Tout le camp pense qu’Eladio est en fait une incarnation du Chupacabra, un monstre légendaire aux pouvoirs terrifiants. Mulder, Scully, et un inspecteur du coin, tentent de le retrouver avant Soledad tandis qu’Eladio sème à son corps défendant la désolation autour de lui... Critique : La grande force de Chupacabra, outre l'ouverture sur les très originales et savoureuses légendes sud-américaines, consiste en une évocation sans fard de la situation des immigrés mexicains illégaux. Vivant dans des bidonvilles, exploités par des négriers et des passeurs marrons, leur sécurité ignorée par la police, subissant le mépris de la population, ces gens font peine à voir, et c'est encore une fois dans le sens d'un certain engagement à gauche, sinon humaniste, que la série les envisage. Mais on observe peu de choses ensuite, l'enquête de Mulder et Scully se bornant à suivre une piste pour le moins évidente, sans d'ailleurs parvenir à leurs fins... on les a connus en meilleure forme ! Scully nous assassine notamment avec une profusion de jargon médico-scientifique... Les auteurs tentent de redonner du brio à l'enquête par une scène finale bien écrite avec Skinner, mais assez inutile. L'épisode s'essaie également à la satire de la telenovela sud-américaine, reprenant plusieurs figures imposées de ce genre ultra codifié comme les deux frères aimant la même femme. Malheureusement, cela demeure trop timide et manque de mordant. De fait, Chupacabra ne se résout pas à choisir entre ces trois directions, d'où l'impression frustrante d'inachevé qui demeure, malgré une habile conclusion entrecroisée. On notera tout de même une galerie d'interprètes latinos très convaincants, ainsi que les créations somptueuses de délire horrifique des artistes de la série. Ceux-ci s'en donnent à cœur joie, et ils s'imposent finalement comme les véritables héros de cet épisode peu emballant par ailleurs. Anecdotes :
12. RÉGÉNÉRATIONS Scénario : Vince Gilligan, John Shiban, & Frank Spotnitz Résumé : Leonard Betts meurt décapité lors d'un accident de voiture. Le lendemain, son cadavre a disparu de la morgue et les caméras de surveillance révèlent qu’un homme à la tête invisible se promenait dans les couloirs ! Un autre examen révèle que la tête de Betts est animé d’une énergie puissante et qu’elle semble vivante. Mulder est persuadé que Betts est capable de régénérer son corps mutilé et qu’il est en train de recouvrer sa tête ! Les deux agents apprennent non seulement que tout le cerveau de Betts est infecté par un cancer qui aurait dû le tuer bien des années avant, mais qu’en plus il a déjà été déclaré mort il y’a six ans… Critique : Aux frontières du soutenable… Bien avant I Want To Believe, le titre français du jour était déjà régénération(s), mais cette fois amplement justifié ! On remarque que le méchant récupère d’ailleurs des morceaux du corps de ses victimes pour reconstituer le sien, tandis qu’une bonne partie de l’histoire se déroule en milieu hospitalier (mais ici sans le pathos coutumier du genre…). Sur une trame très classique (Eugène aura décidément marqué la série, à juste titre), l’épisode va très loin dans le gore, en se basant tout de même sur l’idée pour le coup originale du cancer vivant. Le ton funèbre et l’enfermement savamment distillé par l’habile réalisation élèvent cette histoire d’un mort perpétuellement en sursis au rang de superbe diamant noir de cette saison, qui en compte pourtant quelques autres de la plus belle eau. L’intrigue sait progressivement révéler l’effarante vérité avec une habileté consommée, tout en ménageant de constants et surprenants rebondissements. L’effroi que suscite naturellement le cancer se voit employé à la perfection dans ces décors glacés où l’on erre sans cesse d’hôpitaux en morgues en passant par les tables d’autopsie. Les excellentes idées de mises en scène se multiplient, comme cette image du corps sans tête suggérée dans le reflet renvoyé par les frigos de la morgue (la scène d’ouverture fait irrésistiblement penser à un Tru Calling soupoudré d’humour noir). On en frémit réellement, d’autant que les scènes gores présentent un impact certain grâce aux effets spéciaux toujours étonnants. Allergiques aux hôpitaux, passez votre chemin ! L’interprétation apparaît une fois de plus de très haut niveau. S’y détache bien évidemment Paul McCrane, grand spécialiste des rôles durs, dont cette avant-première du Dr Romano d’Urgences constitue bien entendu un magnifique clin d’œil. On ne peut s’empêcher de songer que passer d’infirmier à mandarin constitue certes une belle progression, mais par contre des X-Files à Urgences… L’autre vif attrait de l’épisode consiste dans sa manière de se centrer sur Scully. On la sent au début toute contente de se retrouver sur son terrain de prédilection, l’hôpital, et ainsi de pouvoir en remontrer pour une fois à Mulder… Avec une malice très féminine, elle le convie d’ailleurs à se joindre à elle dans la fouille des immondes déchets hospitaliers ! Le pauvret est au supplice… Qui aime bien châtie bien, son partenaire n’hésite pas à lui rendre la monnaie de sa vanne à propos de sa frayeur lors de l’autopsie ! Ces scènes se révèlent particulièrement drôles (gores aussi, ce qui ne gâche rien). Cela faisait quelques temps que nous étions privés des autopsies si particulières de Scully, et l’amusement reste comme toujours au rendez-vous ! Par la suite, elle paraît effarée, et même scandalisée, de voir ce temple de la science profané par l’irruption du paranormal, ce qui nous vaut des discussions assez jouissives avec Mulder, elle multipliant comme jamais les termes scientifiques comme pour se rassurer, tandis que lui aligne comme à plaisir les théories les plus folles (et les excellentes vannes). La traditionnelle agression par l’adversaire du jour a bien lieu, mais alors que précédemment Mulder arrivait en sauveur, cette fois Scully parvient à s’en sortir toute seule. Décidément, le personnage a bien progressé et pris une assurance et une autonomie bienvenues par rapport aux commencements de la série. Enfin, vient la terrible révélation finale. Des scènes amusantes jusqu'à ce tragique instant, l’épisode constitue un fort habile entonnoir nous emmenant avec un rare impact jusqu'à l’épreuve à venir. Tout du long, Gillian Anderson se montre éblouissante de talent et de profondeur de jeu. C’est un ravissement de la voir donner ainsi vie avec passion à son personnage. Ses deux dernières scènes, où on découvre Scully deviner l’insoutenable vérité en refusant d’inquiéter son partenaire jusqu’à l’effroi nocturne, comptent parmi les plus grands numéros de comédienne vus dans l’ensemble des séries contemporaines. Quelle actrice ! On se permettra d’observer également que décidément la grande beauté de Scully atteint son zénith durant cette saison 4, période où Gillian fut élue plus belle femme au monde par un grand magazine américain. Ce grand classique des X-Files demeure aussi l’épisode de la série ayant réalisé la plus grande audience (pratiquement 30 millions de spectateurs). Pour rester honnête, il convient de préciser qu’il suivait immédiatement le Superbowl… c’est aussi l’occasion pour le Dr Chuck Burks de réapparaître après Les Calusari. Ce personnage très amusant (il a un esprit très Bandits Solitaires !) va devenir un personnage récurrent (6 apparitions), sans parvenir toutefois à devenir aussi attachant que l’Agent Pendrell. Anecdotes :
Scénario : Glen Morgan & James Wong Résumé : Mulder prend une semaine de congés et délègue à Scully une affaire extra-terrestre. Mais Scully est en pleine dépression et n'enquête que machinalement. Edward Jerse est un jeune homme brisé par son divorce qui un soir se fait tatouer Betty, une belle femme, avec l’inscription « Never again » sur le bras. Mais à sa grande horreur, le tatouage lui parle dans sa tête et le pousse à accomplir des actes de plus en plus horribles. Scully finit par le rencontrer au cours de son enquête, et, attirée par Edward, dîne avec lui, provoquant la jalousie de Betty… Critique : Comme l'indique d'ailleurs clairement le titre, le duo Morgan/Wong fait ici ses adieux à la série pour voguer vers de nouvelles aventures. Bien entendu, ces auteurs aussi imaginatifs qu'audacieux fonctionnant volontiers en marge du reste de l'équipe de production ne pouvaient pas prendre congé avec un épisode banal. Le scénario instaure ainsi une véritable crise existentielle chez Scully, alors que Mulder se voit contraint administrativement de prendre une semaine de congé. Ceci nous rappelle d'ailleurs que Mulder et Scully sont bien des fonctionnaires, José Chung avait raison ! Si ces vacances s'avèrent très amusantes (avec notamment un pèlerinage spirituel à Graceland !), elles demeurent en marge, tandis que le récit se centre quasi exclusivement sur Scully. Celle-ci semble en proie à une véritable dépression, doutant de tout jusqu'à sa relation avec Mulder et de l'intérêt même des Affaires non classées ! Ce n’est pas en relation avec son cancer, l'épisode n'y fait pas explicitement mention d’autant que l’ordre des épisodes 12/13/14 a été bouleversé. On peut y discerner surtout la tendance coutumière de Morgan/Wong à pianoter sur la relation Mulder/Scully. Cette présentation d'une Scully "lost in translation" dans une ville de province lors d'une enquête ennuyeuse, d'une grande finesse d'écriture et portée par une Gillian Anderson particulièrement inspirée, se suit avec le plus vif intérêt, mais également quelque incrédulité... On ne peut s'empêcher d'y voir une certaine tentation de la transgression et de la virtuosité pour elle-même, plutôt qu'une réelle inflexion du personnage. L'épisode se termine d'ailleurs amèrement sur l'image d'un duo véritablement au bout du rouleau, une idée que la suite de la saison démentira au plus haut point ! L'aspect fantastique demeure ici accessoire sans que cela constitue un réel problème, le cœur de l'épisode étant bien le spleen de Scully. On remarque d’ailleurs que, bien avant I Want To Believe, Scully résout l’affaire en un instant sur le Net… Néanmoins cette histoire de tatouage reste habilement agencée, comme toujours avec ces auteurs. Cet épisode, un temps destiné à être diffusé après le Superbowl, devait être dirigé par Quentin Tarantino, finalement empêché pour des raisons juridiques. La réalisation de Rob Bowman apparaît toutefois si efficace que l'on ne parvient pas à le regretter ! Le serpent Ouroboros du tatouage de Scully évoque irrésistiblement celui de MillenniuM, où les auteurs feront également merveille ! La voix du tatouage est assurée par Jodie Foster/Clarice en VO. De même que Chris Carter était intervenu pour éviter l'assassinat de Frohike dans Musings of a Cigarette Smoking Man, le Boss a du agir également ici pour empêcher que la scène intime de Scully et Ed Jerse ne soit trop explicite... L'audace diabolique du duo ne connaît pas de limites ! Certains s'interrogent de fait sur l'existence d'un tel évènement ; à la vision de l'épisode, c'est pourtant une évidence ! Enfin, pour les amateurs de potins, Gillian Anderson, qui vient alors de divorcer, aurait connu une brève romance avec le séduisant Rodney Rowland... Never again reste le brillantissime testament de Morgan/Wong, même s'il n'entraîne pas une adhésion aussi totale que leurs précédents opus. Après celui de Darin Morgan (les coups de fil des Coprophages sont bien plus amusants qu’ici !) , leur départ définitif - du moins jusqu'à la saison 10, 18 ans plus tard - constitue une perte des plus lourdes pour les X-Files ! Anecdotes :
Épisode Mythologique Scénario : Chris Carter, Vince Gilligan, John Shiban, & Frank Spotnitz Résumé : The Truth will save you, Scully. I think it'll save both of us. Scully apprend qu’elle est atteinte d’une tumeur cervicale inopérable et sans doute incurable. La cause de son cancer vient de son enlèvement. Mulder refuse de rester inactif et mène son enquête pour trouver un moyen de sauver quand même sa coéquipière. Il apprend que le nom de Scully figure dans une clinique « spéciale » qui fait des traitements contre la stérilité alors qu’elle n’y a jamais mis les pieds. Il s’y introduit avec l’aide des Bandits Solitaires… Critique : Cet épisode, véritable croisée des chemins de cette saison, comporte deux segments bien distincts. Le premier constitue une enquête hyper classique, et finalement très schématique, au sein d’une Mythologie continuant à se complexifier mais demeurant parfaitement cohérente. Cet aspect demeure trop précipité pour totalement entraîner l’adhésion. Ainsi, on comprend très rapidement que le gaillard est un Hybride, bien avant l’apparition du poinçon fatidique. Le nom sur la boule de neige ou la séance de tir alors que la porte ne s’ouvre pas représentent autant de poncifs passablement éculés, alors que l’on attend tout autre chose des X-Files (en l’obtenant souvent). Pourquoi le tueur de l'Homme à la Cigarette démarre-t-il sa voiture pour simplement se positionner devant la porte de la maison ? Demeurent tout de même des scènes faustiennes en diable et somptueusement filmées entre l'Homme à la Cigarette et Skinner, et l’intervention aussi pittoresque qu’à l’accoutumée des Bandits Solitaires. Que Mulder fasse appel à eux pour une intervention reste l’indice absolu d’une situation définitivement désespérée… Surtout cette enquête ne sert finalement que de véhicule au véritable sujet de l’épisode, un moment clé et particulièrement déchirant dans la relation unissant Mulder et Scully. L’épisode débute ainsi par une scène magnifique où Scully envoie comme une lettre d’adieu à Mulder, le passage restant absolument bouleversant même quand on le connaît par cœur. Ces passages du « Journal de Mort » de Scully scandent le récit de moments particulièrement vibrants, tandis que Gillian Anderson nous régale d’une éblouissante démonstration de son grand talent d’actrice. Elle remportera l’Emmy Award 1997 pour cet épisode, ce qui n’est vraiment que justice. Duchovny n’est pas en reste et manifeste parfaitement l’énergie désespérée qui anime Mulder dans sa quête pour sauver Scully. Il ira jusqu’à tenter une négociation avec l'Homme à la Cigarette… on se demande vraiment si ceux qui reprochent à l’acteur la fadeur de son jeu ont vraiment vu la série ! Les deux collègues (le terme apparaît définitivement inapproprié après cet épisode) se soutiennent l’un l’autre avec beaucoup de dignité et de courage, chacune de leurs scènes arracherait vraiment des larmes à une pierre, sans toutefois jamais tomber dans le pathos… Les dialogues entre Scully, Margaret et l’ultime survivante du groupe paraissent également très réussis. Un épisode central de la série, cultissime pour les passionnés de la relation Mulder/Scully, mais qui ne laissera personne indifférent ! À noter deux scènes coupées exceptionnelles (maudits écrans publicitaires). La première met en scène Scully recevant la visite de son frère Bill ; le moins que l’on puisse dire est que leur relation apparaît déjà particulièrement tendue, le passage paraît étonnement dur ! Le personnage fera finalement son apparition dans Gethsemane. Comme dans One Breath, le père de Scully lui rend aussi visite, ce qui nous vaut le plaisir de revoir Don S. Davis. Mais surtout, alors que la version finale de l’épisode met en scène un chaste baiser sur le front, nous découvrons, effarés, qu’il est bel et bien suivi par la première vraie embrassade entre nos deux héros. Sans doute dû ici au trop-plein d’émotions, ce moment clé sera finalement remis à plus tard… Enfin Memento Mori est aussi le titre d’un épisode de Chicago Hope (également de Stargate), I Want To Believe s’annonce déjà… Anecdotes :
Scénario : Howard Gordon Résumé : Un groupe de trois jeunes antisémites assassine Isaac Luria, un épicier juif. Le lendemain de son enterrement, un des trois tueurs est retrouvé étranglé, avec curieusement des traces de doigts appartenant à Luria ! Le cadavre d’un des deux autres tueurs est retrouvé plus tard près de la tombe de Luria. Scully soupçonne Jacob, le malheureux père, de s’être fait justice lui-même ; mais Mulder pense que Luria est revenu d’entre les morts sous la forme d’un golem vengeur, un monstre légendaire de la culture juive… Critique : L’épisode paraît ne pas manquer d’atouts. L’histoire se montre particulièrement émouvante (la scène de la bague nuptiale…) grâce à une mise en scène habile, alternant scènes violentes et touchantes avec une grande justesse. L’omniprésence de la pénombre situe bien l’intrigue aux limites crépusculaires de la mort et de la vie. Les fenêtres ouvertes sur la culture juive se révèlent passionnantes. L’extrême droite nazillonne se voit montrée telle qu’elle est (des abrutis sanguinaires passablement minables, avec une jolie vision inversée des Bandits Solitaires et de leurs publications), et l’antisémitisme se voit éloquemment condamné. La musique de Snow appuie comme toujours somptueusement le déroulement de l’intrigue. Les acteurs font merveille, surtout Justine Miceli (NYPD Blue), particulièrement convaincante sur un registre difficile et risqué. Alors ? Alors cette belle romance d’amour et de désespoir semble vraiment se suffire à elle-même, d’autant que l’aspect X-Files s’avère artificiellement et maladroitement greffé sur ce magnifique thème principal. L’enquête se scande ainsi par plusieurs facilités : le livre qui prend feu pour la simple épate (on se croirait dans un numéro de Maleeni le Prodigieux, à moins que Xander Harris ait encore eu la facétieuse idée de parler en latin), une explication scientifique de Scully ridicule, mais qui nous vaut un hochement de tête sarcastique de Mulder assez plaisant, il est vrai, certains raccourcis temporels trop criants comme l’ambulance arrivée en trois secondes ; le Golem impressionne nettement moins que d’autres Monster of the week, et il ne se passe aucune scène marquante entre Mulder et Scully… Et puis on se demande à quoi sert l’intervention du fin duo qui n’empêche aucun meurtre, le Golem étant finalement détruit par sa créatrice. Non, décidément, cela semble paradoxal, mais cette histoire très « Anne Rice » aurait gagné à être dépouillée du rituel X-Files pour prendre toute sa dimension et son autonomie. La série accroît tout de même ici l’universalité de ses sujets de manière éclatante ! On apprécie également de voir l’affaire pour une fois exposée par Scully. Je conseille également la lecture de Pieds d'Argile (Terry Pratchett, Les Annales du Disque Monde), une autre variation subtile et amusante sur le Mythe du Golem, avec d’intéressants clins d’œil aux Robots d’Isaac Asimov. Et avouons qu’après la superbe mais ténébreuse succession d'épisodes très noirs de cette saison 4, on commence à aspirer à un peu de divertissement, sinon de gaîté… Nul doute d’ailleurs que le prochain épisode ne se montre plus joyeux et rieur ! Ah bon ?! Anecdotes :
Épisode Semi-Mythologique Scénario : Howard Gordon & Chris Carter, d’après une histoire d’Howard Gordon Résumé : Un général américain est retrouvé mort dans sa voiture hermétiquement fermée de l’intérieur ! L'assassin est Nathanael Teager, membre de « La main Droite », une association d’anciens soldats du Viêt-Nam préparant un coup d’Etat, et déclaré mort au Viêt-Nam en 1973. Il possède le don de se rendre invisible à volonté et le démontre en tuant dans une chambre close un second général. Skinner mobilise tous ses hommes dont Mulder et Scully pour sauver le 3e général visé par Teager. Mais comment neutraliser un ennemi qui peut disparaître en un clin d’œil ? Quel est son mobile ? Agit-il pour le compte de quelqu’un ?… Critique : La grande faiblesse de l’épisode réside dans sa trop grande similitude avec Insomnies : même thématique (regard critique sur le traumatisme du Vietnam), et déroulement de l’intrigue sensiblement équivalent. Il en découle une certaine prévisibilité ne pouvant que desservir le récit. De plus, la comparaison tourne plutôt à l’avantage du premier, les manifestations du pouvoir onirique d’Augustus Cole apparaissant plus troublantes que les pourtant spectaculaires tours de passe-passe de Teager. Le grand Tony Todd accomplit une performance plus notable que l’efficace Peter Lacroix, un habitué des séries de Science-Fiction. Mais l’épisode n’en reste pas moins fort plaisant à regarder grâce à une mise en scène efficace, avec notamment de forts jolis angles de caméra et des travellings impressionnants. Les effets spéciaux, certes réduits, demeurent comme toujours très efficaces. En particulier, on apprécie vivement que cette habile variation autour de cette figure centrale du Fantastique qu’est l’Homme Invisible ne se traduise pas par la succession coutumière d’effets plus ou moins fabriqués du type objets se déplaçant tout seuls, etc… (Suivez mon regard sur une certaine ambassade soviétique). Les apparitions et disparitions de Teager s’avèrent toutes des modèles d’efficacité et de sobriété. L’histoire s’agence habilement, avec un duel Mulder/Teager fort plaisant à suivre. Une interrogation cependant : si Teager est visible à travers une caméra, pourquoi le FBI n’en dispose-t-il aucune autour du Général, au lieu de se livrer à cette partie de cache-cache des plus risquées ? L’interprétation se montre brillante (belle apparition de Scott Hylands), comme souvent tout au long de la série. L’épisode se pare d’à-cotés très positifs, comme une jolie visite de Washington, un détour bien amené par la Mythologie, une apparition comme toujours particulièrement bienvenue de Marita Covarrubias (ah, Marita…) sous l’égide de Lincoln, ou un rappel du passé militaire si troublant de ce personnage ô combien complexe et passionnant que se révèle toujours Walter Skinner. Anecdotes :
17/18. TEMPUS FUGIT Épisode Mythologique Scénario : Chris Carter & Frank Spotnitz Résumé : Le vol 549 se crashe au sol après une chute de 9000 mètres. Parmi les victimes se trouve Max Fenig (cf. L'Ange déchu, saison 1), qui a été plusieurs fois kidnappé par des extra-terrestres ! Mulder et Scully apprennent que les victimes du crash ont reçu des radiations inexplicables, que toutes les montres des victimes ont 9 minutes de retard par rapport à l'heure du crash comme ce qui arrive à chaque enlèvement extra-terrestre ! L’avion a-t-il été intercepté par un OVNI ? Max détenait-il un objet compromettant ? La situation se complique quand l’armée tente d’éliminer un militaire qui veut aider nos agents, que la sœur de Max est à son tour kidnappée, et qu'un allié de nos héros est victime d'un attentat. En recoupant des documents appartenants à Max et sa découverte au fond d'un lac, Mulder met au jour une vérité vertigineuse... Critique : Les avions, volant dans des espaces normalement inaccessibles à l’homme et finalement très mystérieux, comme quittant temporairement notre univers, ont de tout temps fasciné auteurs et amateurs de Fantastique (Stephen King, Les Langoliers). Ce thème passionnant a bien entendu été exploité avec bonheur dans les séries télé, en particulier The Twilight Zone (titre même de l’anthologie, avion échoué dans un étrange désert, revenant vide, perdu dans l’espace-temps, monstre sur l’aile…), mais aussi plus récemment dans Torchwood. C’est donc fort naturellement que les X-Files en viennent à leur tour à aborder ces rivages, et avec quelle maestria ! La première partie se déroule comme un thriller captivant de bout en bout, où l’on suit avec un très vif plaisir la succession des révélations chocs mais aussi les échanges très ludiques d’hypothèses sur le crash entre Mulder, Scully, et Millar (excellent Joe Spano, Hill Street Blues). La déclinaison du récit en énigmes à résoudre est une vraie réussite. La tension ne diminue jamais, et, sans atteindre tout à fait les cimes d’Anasazi, on est content de se retrouver devant un épisode mythologique de la plus belle eau et au budget visiblement conséquent. On se réjouit également de revoir, hélas pour une tragique conclusion, l'amusant Max Fenig de Fallen Angel. Ce personnage se montre une nouvelle fois particulièrement attachant ! L’intrigue offre également une nouvelle occasion de différencier les caractères de Mulder et Scully : alors que celle-ci se montre très sensible au drame et aux meurtres postérieurs, Mulder paraît lui quasi indifférent. Passé en mode « traque », seule l’ardente volonté de découvrir la vérité semble l’animer, et la mise en scène parfaitement efficace sait à merveille nous faire ressentir cette flamme l’habitant. Duchovny nous régale d’un récital particulièrement magistral. Outre le cliffhanger coutumier, percutant mais non plus exceptionnel cette fois-ci, Mulder s’étant déjà fait capturer par des militaires, le récit se conclut avec éclat par une scène faisant écho à la pétillante introduction de l’anniversaire de Scully (tous les sept ans, comme les chiens). C’est en effet dans ce même bar que le si sympathique Agent Pendrell trouve un trépas fort cruel, marqué par une ironie tragique au moment où il allait enfin partager une table avec son étoile. On ne se demande pas vraiment pourquoi il se retrouvait à boire tout seul au bar… Je ne connaissais même pas son prénom restera l’épitaphe lapidaire, mais oh combien significative de Pendrell, dont la fin constitue le nadir de cette succession de noirceurs de la saison 4. So long, Pendrell ! La seconde partie apparaît un peu moins consistante. Même si elle répond avec clarté et précision aux interrogations de la première, elle se résume principalement à la mise en œuvre des deux scènes d’abordage d’avions. Mais celles-ci s’avèrent réellement stupéfiantes d’intensité et de maîtrise technique. En utilisant simplement décors, sons et savants éclairages, loin des images informatiques contemporaines, les incroyables artistes de la série réussissent un double prodige, aussi merveilleux que spectaculaire. On ne peut qu’applaudir la performance ! Le face-à-face entre Mulder et le très habile tueur taciturne du jour se révèle également très prenant. Le bilan de l’épisode ressort très amer, toutes ces morts n’empêchant pas Mulder de se retrouver finalement les mains vides, et cette fois pas du fait de ses adversaires ! La petite touche finale d’humour entre Mulder et Scully apparaît ainsi particulièrement bienvenue ; quand tout le reste n’est plus que cendres, il demeure toujours au moins leur complicité… À propos du duo on note que quand Mulder se dévêt sans trop de gêne devant sa partenaire, celle-ci se retourne, passablement embarrassée. Décidément ces deux-là ne sont pas encore intimes ! Les moments de honte de Scully quand Mulder explique ses théories à un tiers sont toujours aussi délectables… Tempus Fugit s’impose comme un double épisode mythologique de très haut niveau, démontrant qu’en sa quatrième saison la série n’a rien perdu de sa fougue. Seul petit regret, l’absence de l'Homme à la Cigarette : il manque toujours quelque chose aux récits mythologiques quand ils se voient privés de la lumière sombre de William B. Davis… À noter également, dans la série des « vus ailleurs » : une chambre de motel, avec télé devant le lit, où se déroule un mystérieux Événement, dont l’Occupante disparaît sans laisser de traces, où la porte s’ouvre de manière très curieuse tandis que tout le monde court après d’étranges Artefacts… Bon dieu, mais c’est bien sûr, nous sommes dans The Lost Room ! Bon, je suis fier de moi, j’ai terminé cette critique sans vanne foireuse sur Il est libre, Max, il y en a même qui l’ont vu voler. Ah, zut. Anecdotes :
Scénario : Howard Gordon & David Greenwalt Résumé : 23h40, Jason et Lucas, deux étudiants en cryobiologie, se disputent quand un vieil homme arrive et supplie Lucas de s’arrêter : un bus va l’écraser à 23h46 s’il ne change pas son chemin. Mais Lucas l’ignore et continue… et se fait écraser par un bus à l’heure dite ! Le vieil homme entretemps a été embarqué par la police mais il s’est échappé et le policier est mort totalement congelé ! Tout accuse Jason sur qui croulent les preuves. De plus, les empreintes retrouvées sur le policier correspondent… à celles de Jason ! Mulder et Scully découvrent dans leur enquête le second cadavre aussi congelé d’un… cryobiologiste... Critique : Cet épisode clairement mineur détonne singulièrement au sein d’une saison 4 incroyablement relevée. Le voyage temporel ressort comme un des thèmes les plus riches et passionnants de la Science-Fiction, et la version donnée ici en demeure terriblement basique. On ne discerne aucune originalité ni prise en compte de subtils paradoxes dans ce récit. Dans un sujet proche, Barjavel faisait déjà beaucoup mieux en 1943 avec Le voyageur imprudent. Cette faiblesse demeure d’autant plus rageante que la série nous offrira des épisodes de tout autre stature dans ce domaine : Monday (verrou temporel) ou Redrum (déstructuration temporelle). On en est loin. Cela débute très mal par une introduction dévoilant une trivialité devinée dès les premiers instants, avec un ton grandiloquent parfaitement dérisoire. Une fois les jalons posés, l’histoire se suit sans surprises dans un déroulement très mécanique et multipliant les facilités (pourquoi le voyageur se pique-t-il ? Comment au juste voyage-t-il ? Pourquoi ne pas tuer ses victimes avec des moyens classiques mais plus définitifs ? etc.). L’attention du spectateur peine à se maintenir tant la mise en scène, certes efficace, n’apporte pas la fantaisie dont l’épisode aurait besoin. L’interprétation se maintient à un honnête niveau, mais sans les grands numéros d’acteurs admirés dans d’autres épisodes. Restent de nouveaux exploits des artistes de la série et un Mulder très en forme, pétillant d’esprit (la scène de présentation de l’affaire est très réussie), titillant de manière très réjouissante Scully sur sa fameuse thèse. Duchovny et Anderson insufflent beaucoup d’humour à leurs jeux et sortent indemnes de ce qui restera comme le fiasco de cette saison. À noter qu’un titre français particulièrement ridicule vient couronner l’ensemble, alors que les comédiens de doublage français de Mulder et Scully accomplissent un bel ouvrage comme toujours. Hiro Kanagawa, un habitué des séries fantastiques, refera une apparition dans Au cœur du Complot et MillenniuM. Anecdotes :
Scénario : Vince Gilligan Résumé : - I don't imagine you need to be told this, Mulder, but you're not a loser. Au moment d’accoucher, une femme dit que le père de son enfant vient d’une autre planète ! Pire, le bébé qu’elle met au monde est pourvu d’une queue ! C’est la cinquième fois en trois mois que cela se produit. Mulder et Scully découvrent que les quatre autres bébés pourvus d’une queue sont le fruit du même géniteur. Mulder arrête vite le coupable, il s’agit d’un concierge : Eddie van Blundht. Scully croit qu’il a drogué et violé ces femmes, mais Mulder pense qu’il est capable de changer d’apparence à volonté. C’est en effet ce qui se produit, et la situation se complique quand Eddie s’évade et prend l’apparence de Mulder !… Critique : Ah, le charme de ces récits décalés, à côté des loners classiques et autre Mythologie… Ne serait-ce que pour représenter l’unique épisode comique de cette aussi noire que somptueuse saison 4, Small Potatoes mériterait déjà toute notre sympathie, tant cette bouffée d’oxygène nous fait du bien ! Mais ce ne serait pas faire justice à ce très gouleyant épisode si on se limitait à ce constat. En effet, c’est bien par ses qualités propres que cette histoire emporte l’adhésion tant elle apparaît comme un véritable festival de gags et d’effets comiques particulièrement réussis, de plus de natures très différentes. Humour de situation, de réparties, de l’absurde, satirique envers les héros de la série, voire noir lors de la très gratinée autopsie du jour... le cocktail drolatique de l’épisode s’avère vraiment irrésistible. Lee de Broux et Christine Cavanaugh accomplissent également de savoureuses apparitions. On rit souvent de bon cœur, comme lorsque Mulder prend la bombe Skywalker en pleine figure, avec une Scully prenant un malin plaisir à bien enfoncer le clou, ou quand Mulder démolit l’appendice de la dépouille, le pastiche de Taxi Driver, Mulder et Scully se regardant avec embarras quand on les prend pour des parents, etc... Les exemples abondent, tandis que Mulder en prend pour son grade durant tout le récit. La mise en scène et la musique jouent efficacement sur le registre humoristique, et les acteurs se montrent au diapason. Si Gillian Anderson se montre excellente, la palme revient à Duchovny qui accomplit ici une prouesse proprement époustouflante, manifestant avec un rare abattage les dons pour la comédie qu’il confirmera plus tard en tant que « Hanky ». Mais une grande comédie ne saurait se contenter d’empiler les gags, même excellents, et Small Potatoes atteint une nouvelle dimension grâce au passionnant et finalement très subtil personnage de Eddie. Interprété avec une grande conviction par nul autre que Darin Morgan (à qui Vince Gilligan rend ici comme un hommage), ce prétendu loser se révèle progressivement un fin psychologue non dénué d’humanité. Agréablement ambivalent, on ne sait trop finalement que penser de son action certes moralement très condamnable, mais qui non révélée apporte en fait un peu de bonheur et de romantisme chez des femmes à l’existence sinon bien morose. L’épisode se double ainsi d’une satire de l’American way of life bien propret, qui pour en être feutrée n’en demeure pas moins redoutable. Une démonstration particulièrement éclatante en est réalisée avec Scully. Cette dernière, qui passe ses week-ends à bosser (mais qui, tout comme Skinner, ne se rend absolument pas compte de la substitution alors que les indices pleuvent… reviens, Mulder !), tombe instantanément sous le charme d’un Eddie accomplissant en une soirée ce que Mulder a été incapable de mener à bien en quatre ans. Il se montre également bien plus empathique qu’un Fletcher dont il n’a ni le cynisme rigolard ni la veulerie crapuleuse, sans doute parce qu’il recherche vraiment l’amour. Certes, grâce à la survenue du vrai Mulder (tiens, on avait oublié l’humour de boulevard !), la morale est sauve, mais qui pourrait nier que l’on n’avait pas vu Scully aussi heureuse depuis bien longtemps ? Eddie conclut son magistral passage dans les X-Files par une explication de texte pétillante à souhait avec Mulder, où il lui assène une Vérité pas piquée des vers. Mulder est bien trop intelligent pour répliquer par la négative… Le seul petit regret de cet enthousiasmant épisode reste de voir enfermé dans un hôpital pénitentiaire celui en qui l’on a pu découvrir l'un des plus touchants et sympathiques fameux Monstres de la semaine ! À noter que la saison 4 restera celle des occasions manquées pour notre duo : après le baiser coupé de Memento Mori, voici que ce moment crucial est de nouveau remis à plus tard. Enfin on se dit que le stupéfiant Yappi a vraiment marqué les esprits car il effectue une nouvelle apparition au détour d’un tabloïd ! Anecdotes :
Épisode Mythologique Scénario : Howard Gordon & Frank Spotnitz Résumé : Une employée de poste s’éclipse pour aller fumer aux toilettes. Une monstrueuse colonie d’abeilles s’infiltre alors dans la salle et s’abat mortellement sur elle ! Skinner, soumis aux ordres du Fumeur s’il veut obtenir un vaccin contre le cancer de Scully (actuellement à l’hôpital), se voit obligé d’effacer toute trace de l’événement. Mais Mulder commence à avoir des soupçons et se demande qui efface les traces. Skinner, piégé, ne peut rien dire. Alors qu’une deuxième victime meurt de la même horrible manière, Skinner commence à s’interroger sur les causes de ces morts. Quelles sont donc les motivations du Consortium ? Peut-il échapper à la main de fer du Fumeur ? Critique : Cet épisode présente une structure très originale car il se révèle quasi totalement centré sur Skinner, tandis que Mulder demeure à la marge et que Scully reste totalement absente (retour à la case cancer après l’accalmie de Small Potatoes). On est ravi pour ce formidable personnage qui méritait bien un tel honneur, d’autant que l’épisode se révèle passionnant. Cela débute, tel un excellent Columbo, par un long passage somptueusement filmé où l’on suit Skinner dans son rôle de nettoyeur au service du Fumeur. Une fois Mulder entré en action, on passe à un schéma hitchcockien où Skinner découvre l’ampleur du complot dans lequel il se trouve compromis, et désormais se débat. Le récit, nerveux à souhait et au suspense constant, se voit scandé par une série de confrontations tendues qui sont autant de scènes choc : avec Mulder, l'Homme à la Cigarette (aux nerfs décidément d’acier) mais aussi la toujours charmante Marita dont la félonie se trouve ici révélée (quelle surprise !). Les conversations de Marita avec Skinner et l'Homme à la Cigarette apportent une nouveauté bienvenue. Autant de morceaux de bravoure qui font le prix de cet épisode très percutant, porté par la musique de Snow. On notera que Skinner restera sans aucun doute comme le supérieur hiérarchique le plus braqué par ses subordonnés de l’univers des séries télé ! Mitch Pileggi (à la musculature toujours aussi impressionnante) montre une grande subtilité de jeu, à la hauteur de la richesse de son personnage. Ce thriller à haute tension, ponctué de scènes horrifiques particulièrement marquantes, se conclut abruptement, nous laissant littéralement le souffle coupé et terriblement désireux de découvrir la suite ! Cet épisode mythologique de haute volée (on ne regrette même pas l’absence de Scully !) est dédié à Vito Pileggi, père de Mitch. Après Herrenwolk, on continue à progresser vers Fight The Future… Anecdotes :
Scénario : John Shiban Résumé : Pintero, un tenancier de bowling, aperçoit, coincé dans le mécanisme d’un poseur de quilles, le cadavre d’une jeune femme à la gorge tranchée. Sortant dehors, il constate avec stupéfaction qu’un cadavre vient d’être retrouvé dans le parking… et qu’il s’agit de la même jeune femme ! Mulder pense que Pintero a vu un spectre, une âme qui venait de quitter son corps. Les deux agents soupçonnent Harold Spuller, un aliéné mental qui ne cesse de réciter des chiffres, et qui fait une crise quand Mulder lui demande s’il a vu des fantômes. Alors que d’autres meurtres identiques ont lieu, Scully est de plus en plus mal : elle a aussi été témoin d’une apparition prémonitoire et commence à s’effondrer moralement et psychiquement… Critique : Malgré des débuts assez amusants, Scully paraissant visiblement aussi captivée par le bowling que par le baseball et nous offrant un de ses regards-de-la-honte bien croquignolets, cet épisode se révèle, encore une fois, particulièrement sombre. C’est le cas concernant une intrigue du jour se développant entre mort et folie, avec à la clef des apparitions spectrales particulièrement saisissantes ! La mise en scène impressionne par sa dimension crépusculaire, et bénéficie de l’époustouflant numéro de Steven Porter, étonnant de conviction. Les rebondissements parfaitement maîtrisés de l’intrigue offrent également un récit policier de haute qualité, au vrai suspense. Mais cette brillante réussite ne constitue finalement que le socle sur lequel se bâtit l’argument principal du récit : la dérive psychologique subie par Scully. Alors que ces apparitions se relient d’une manière particulièrement sinistre à son cancer, Scully, jusque-là relativement épargnée, se trouve brutalement confrontée à un surnaturel des plus morbides. Ceci, se cumulant au stress induit par sa maladie, nous fait assister au poignant spectacle d’une Scully craquant littéralement sous nos yeux : déni de réalité et incommunicabilité avec son partenaire, scène très émouvante chez la psychologue (déjà vue dans Le Fétichiste) où Scully révèle à quel point elle s’appuie sur Mulder, effusion finale de larmes… on touche au plus près la réalité de cette terrible maladie, tout en demeurant très pudique et en évitant le mélodrame. Gillian Anderson se montre absolument bouleversante, faisant réellement corps avec les tourments traversés par son personnage. Elle s’affirme définitivement comme une très grande actrice de l’émotion. C’est la suprême habileté de l’épisode que de reposer, bien au-delà de son aspect paranormal, sur une description très profonde et pertinente des vicissitudes de l’âme humaine confrontée à sa propre mortalité. Au total, l’épisode s’achève sur une Scully plus proche de l’effondrement que jamais. Il est vraiment temps que le cauchemar s’achève, pour elle mais aussi pour nous, tant le spectateur sort laminé par un épisode aussi superbement abouti qu’éprouvant ! John Shiban signe ici une de ses meilleures histoires, et semble déjà anticiper sur sa participation à Supernatural, très friande du thème des spectres. Pour les amateurs de littérature, une élégie est une poésie lyrique plaintive, évoquant la mort ou la souffrance amoureuse due à l’absence. Encore une fois, le titre original apparaît bien supérieur à sa traduction… Anecdotes :
Épisode Mythologique Scénario : R.W.Goodwin Résumé : Mulder se réveille dans une chambre d’hôtel loin de chez lui. Sa chemise est ensanglantée bien qu'il ne soit pas blessé, et il ne se souvient de rien. Mulder a de fortes crises où il voit des souvenirs embrumés de la nuit où Samantha a été enlevée. De plus, Amy et David Cassandra, un couple de retraités, a été assassiné avec le pistolet de Mulder, et un policier se suicide… Pendant que l’inspecteur place Mulder en garde à vue, Scully s’aperçoit que le policier mort connaissait les victimes, et qu'Amy prétendait avoir été enlevée par des extra-terrestres… Critique : Cet épisode tente d’entremêler Mythologie et thriller onirique, mais le résultat ne semble guère concluant. Certes, la mise en scène demeure efficace, et l’histoire bénéficie d’une très belle composition de Gillian Anderson, judicieusement mise en avant ici avec une Scully remuant ciel et terre pour sauver son partenaire. Si l’ensemble se suit sans déplaisir ni ennui, force est de constater qu’un nombre considérable d’éléments vient entacher la performance et interdire à l’épisode d’atteindre la moyenne particulièrement relevée de cette saison. Ainsi, si l’intrigue ne comporte pas de contradiction ou de trou béant, les indices se succèdent à une vitesse trop élevée, et résultent obtenus bien trop facilement par nos enquêteurs pour que cela n’entache pas la crédibilité d’un épisode justement quasi dépouillé de toute dimension fantastique et très polar. Après tous les miracles opérés par l’hypnose au cours de la série, y compris dans cette saison (Le pré où je suis mort), on ne comprend tout simplement pas pourquoi Mulder a recours à ce qui ressemble tout de même beaucoup à de la trépanation. Et puis, on répugne sincèrement à le voir abdiquer son si bel intellect pour désespérer au point de s’en remettre à un gourou pour le moins douteux. Alors qu’il parait évident dès le départ que, comme toujours, Mulder n’abandonnera pas tant que la Vérité demeurera dissimulée, Scully s’épuise à lui demander un nombre incroyablement élevé de fois d’aller à l’hôpital, encore et toujours en vain. Cela lasse très vite, et puis cela crispe. Alors que la série nous a habitué à des effets spéciaux aussi habiles qu’élégants, les visions oniriques s’avèrent criardes et d’une grande laideur, et de plus sans réel intérêt. On reste très loin de La Maison du Docteur Edwardes qui sert visiblement de modèle à l’épisode. Où est Skinner ? Qu’un agent du FBI soit incarcéré pour meurtre semble laisser le Bureau totalement indifférent. Le pire demeure que les scénaristes capitulent en rase campagne et renoncent à nous expliquer comment Mulder a pu concrètement en arriver à la situation où nous le découvrons. On reste dans le flou complet derrière l’alibi commode de l’amnésie, cela s’assimile vraiment à de la facilité. Par contre, les auteurs disposent du temps nécessaire pour tartiner sur l’identité du père du Mulder, cette problématique me paraissant loin d’être la plus intéressante de la série, et n’ayant jamais autant ressemblé à du mauvais mélo. Parmi les côtés positifs de l’épisode figure tout de même l’excellence de l’interprétation des seconds rôles, Vanessa Morley et Chris Owens dans leur emploi coutumier, ainsi que Jay Acovone (Stargate), l’excellent invité du jour. Anecdotes :
Épisode Mythologique Scénario : Chris Carter Résumé : L’agent Dana Scully reconnaît devant les policiers le cadavre trouvé dans l’appartement de Mulder : c’est bel et bien celui de son défunt partenaire ! Devant la commission du FBI, elle déclare les recherches de Mulder obsolètes : elle a en effet découvert qu’il a été depuis son entrée aux Affaires Non Classées la victime d’une gigantesque manipulation : les extra-terrestres n’ont jamais existé ! Critique : L'aussi ténébreuse qu'enthousiasmante saison 4 se conclut par le premier volet du désormais traditionnel arc mythologique. Sans doute pour maintenir l'intérêt et éviter un sentiment de routine, Chris Carter introduit un lot pour le moins non négligeable de nouveautés. Dans la forme, l'histoire s'avère être un long flash-back correspondant à une narration de Scully. L'effet paraît fort réussi, scandant le récit d'intermèdes réalisés avec élégance (beaux jeux d'ombres et de lumières), et portés par la grande sensibilité de Gillian Anderson. L'évocation de la métastase de son cancer s'effectue avec autant de dignité que d'impact. Décidément, cette saison demeurera des plus sombres jusqu'à la toute fin... Blevins effectue un retour bienvenu. Sur le fond, Carter va encore plus loin car il n'hésite pas à remettre en cause les fondements de l'univers de la série en introduisant l'idée que les incursions extraterrestres ne constitueraient qu'un immense simulacre destiné à couvrir des expériences menées par l'armée américaine. Mulder aurait été berné depuis le commencement ! Cette théorie proprement vertigineuse, renforcée par le côté volontiers accusateur du discours de Scully, donne un intérêt supplémentaire à l'histoire et nous vaut un beau portrait psychologique de Mulder. Celui-ci s'effondre jusqu'à en pleurer en voyant s'évaporer les fondements de son combat, même si évidemment on se doute bien qu'il y a anguille sous roche ! Nous avons vu l'Huile Noire, etc. L'épisode bénéficie également de vues somptueuses sur les splendides montagnes canadiennes enneigées, on s'en régale. Malheureusement, Le baiser de Judas souffre d'un manque certain de rythme et de contenu. Le pan de l'intrigue relevant de Mulder demeure trop schématique et prévisible, et dépourvu du tempo frénétique qu'ont pu manifester par le passé les arcs similaires. De fait, on comprend très vite que nous n'assistons ici qu'à un simple prologue, l'essentiel de l'intrigue se déroulant ultérieurement. Le double épisode réussi Redux le confirmera d'ailleurs amplement par la suite. On peut regretter ce dosage déséquilibré qui prive de matière cet épisode. L'arc Anasazi (la référence ultime en la matière) savait atteindre son paroxysme dès le commencement, ce n'est pas le cas ici. L'absence du Fumeur (mais aussi des Bandits Solitaires !) se fait encore une fois cruellement sentir dans ce type d'épisode. De plus, le fameux cliffhanger de fin de saison se montre ici passablement éventé. D'une part, on se doute bien que Mulder est évidemment encore de ce monde, et d'autre part, on a assisté à la séance d'ouverture qui annonce déjà cette pseudo révélation. Et puis cette histoire de suicide ne tient pas la route. Même si les Aliens n'étaient que supercherie, le mystère de la disparition de Samantha et de son devenir demeurerait. Imagine-t-on Mulder renoncer à résoudre cette énigme ? La « surprise » tombe donc deux fois à plat, renforçant cette impression d'une réussite imparfaite de l'épisode. Et puis, après Le Seigneur du magma, on a de nouveau droit à un clin d'œil à la vidéo de Roswell, mais avec autrement moins de drôlerie. Ceci dit, les interrogations installées font que l'on attend la suite avec la plus grande impatience, tandis que la situation de Scully prend un tour désespéré. Suspense ! Pour la curiosité, Matthew Walker interprétera plus tard le fameux Merlin de Stargate SG1. À noter que, après la scène coupée de Memento Mori, Gethsemane voit l'entrée en scène effective de Bill (excellent Pat Skipper) dans une version un peu adoucie. L'épisode ouvre d'ailleurs une fenêtre sur les repas familiaux des Scully, qui permet de mieux comprendre à quel point Dana apprécie l'excitation des Affaires non classées... John Finn campe solidement un Kritschgau appelé à revenir ultérieurement dans la série (saison 7). Gethsemane correspond au lieu où se déroule la Passion du Christ, élément biblique que le titre français retranscrit plus explicitement. La culture religieuse reste décidément plus prégnante aux États-Unis qu'en France ! Anecdotes :
1) Le pré où je suis mort Crédits photo : FPE. Images capturées par Estuaire44. |