Saison 10
1. LA VIE RÊVÉE DES ANGES Résumé : Depuis six semaines Crowley et Dean-le-Démon écument les bars à karaoké, tandis que le premier se sert du second pour abattre les derniers fidèles de la défunte Abaddon. Sam est sur le point de les rattraper, quand il est kidnappé par Cole Trenton, lui aussi à la recherche de Dean. Ce dernier se désintéresse du sort de Sam. Castiel et Hannah traquent deux Anges en rupture de ban, car désireux de vivre librement parmi les Humains. Critique : Cette saison 10, qui ne restera pas comme la plus mémorable de l’ère Jeremy Carver, débute par un pilote en demi-teinte, caractérisé par un manque d’intensité et des occasions seulement à demi saisies. Si on apprécie le lien désormais installé entre Castiel et Hannah, leur simili road-trip en quête des Anges objecteurs de conscience laisse dubitatif. Avec Hannah on renoue pleinement avec l’Ange militant qu’illustrait Castiel à ses débuts dans la série, ce qui laisse largement de côté le mouvement pour le libre arbitre au sein du Paradis mis en avant lors de la chute de Métatron (pourquoi est-il si crucial que tous les Anges rentrent au bercail ?). Le récit ne se donne pas la peine de réellement justifier ce revirement, tandis que la narration des événements au Paradis par Hannah reproduit la propension de la saison précédente à seulement évoquer par ouï-dire ce versant du conflit. Pour l’heure la perspective épuisement de la Grace de Castiel n’apporte pas de gravit marquée au récit. Si la permanente tournée des grands ducs de Dean-Démon (Deanmon) et de Crowley se montre souvent divertissante et autorise un nouveau festival de Mark Sheppard, on demeure assez confondu devant le faible parti qu’en tire en définitive la série. Deanmon ne fait qu’accentuer les diverses appétences de Dean pour les différents plaisirs de la chair, tandis que le scénario veille scrupuleusement à ne pas lui faire franchir la ligne rouge : Deanmon ne tue que d’autres Démons, surtout pas des Humains innocents (contrairement à Faith chez Whedon). Il aurait été réellement audacieux, et agréablement perturbant, d’interpeller le spectateur sur la question de savoir si désormais Dean mérite réellement d’être sauvé. Au-delà de la péripétie de l’enlèvement de Sam, la survenue de Cole vaut surtout par ce qu’elle va impliquer comme vraie tentation de meurtre chez Deanmon. Pour l’heure il nous faut nous contenter du refus d’aider Sam, ainsi que de la belle interprétation de Jared, exprimant la solitude inquiète de son personnage. Anecdotes :
2. ACCRO À LA MORT Résumé : Cole révèle à Sam qu’il désire se venger de Dean car celui-ci a tué son père des années plus tôt. Il laisse Sam s‘échapper et le suit jusqu’à Dean, qui a échappé à l’influence de Crowley. Dean triomphe de Cole mais l’épargne pour le laisser vivre dans la honte d’avoir échoué. Sam capture son frère avec l’aide de Crowley, en l’échange de la Première lame. Castiel, dont la Grace s’épuise, refuse que Métatron le sauve, malgré l’intervention d’Hannah. Critique : Ce deuxième opus de l’arc Deanmon confirme malheureusement que le talentueux Jeremy Carver s’est pour une fois fourvoyé avec cette histoire de Dean devenu démon. En effet Supernatural demeure structurellement incapable de faire commettre des actes irréparables à l’un de ses deux héros, mais en plus la situation ne débouche sur rien de réellement original. Le thème des Démons des carrefours a déjà été maintes fois exploré et le récit du jour n’apporte rien de réellement neuf ou probant sur la question. Même l’autonomie désormais acquise vis-à-vis de Crowley ne permet pas de lancer de piste scénaristique porteuse. On devine déjà que tout ceci va rapidement arriver à son terme, comme à chaque fois que Supernatural s’autorise des libertés avec sa fratrie emblématique (Cf. les précédentes séparations entre Dean et Sam, ayant toutes tournées court). L’épisode regagne des couleurs avec son versant angélique. Évidemment l’on ne prend pas réellement au sérieux la menace d’une mort prochaine de Castiel suite à un épuisement de sa Grâce, mais cela entretient un certain suspense quant à ce qu’il demeurera de ses pouvoirs au terme du processus. Sa confrontation avec Métatron compose certainement la scène la plus intense de l’opus, grâce aux talents toujours si en phase de Misha Collins et Curtis Amstrong. L’intrigue permet également de parachever le portrait d’Hannah, l’un des Anges les plus attachants que la série nous ait proposé jusqu’ici. Le retour de Métatron permet d’apporter un vrai antagoniste à cette saison, tandis que Crowley se montre bien plus amical que la normale pour un Démon et que, Cole ne constitue pas un défi crédible pour les protagonistes. Anecdotes :
3. TRAITEMENT DE CHOC Résumé : Crowley sauve Castiel, très affaibli, quand celui-ci est attaqué par l’Ange Adina et il lui offre la Grâce de celle-ci. Accaparé par la gouvernance de l’Enfer, il demande en échange à Castiel de régler le cas Dean. Au bunker, Sam et Castiel allient leurs efforts afin de mener a bien un rituel retransformant Dean en humain, malgré la résistance de ce dernier. La Marque de Caïn reste néanmoins présente. Critique : Après à peine trois épisodes, que Jeremy Carver renonce aussi vite à l’arc Deanmon confirme bien la faiblesse de ce démarrage de saison. Certes les vraies prises de distance entre Sam et Dean n’ont jamais perduré très longtemps, mais l’on reste malgré tout loin de la trajectoire sensiblement plus longue qu’aura connu celle qui reste sans doute la meilleure de toutes, avec le Sam dépourvu d’âme. L’arc RoboSam avait perduré durant toute la première moitié de la saison 6. Mais l’épisode permet de rebooter le récit principal, sa manière ne convainc que partiellement. Le road movie d’Hannah et Dean se suit agréablement mais résulte trop déconnecté de l’intrigue du jour. Les scènes autour de Crowley semblent maladroites (les immolations des démons protestataires) ou peu convaincantes quand le Roi de l’Enfer demande à Castiel de gérer Dean. En substance, l’épisode semble nous indiquer que même Crowley trouve désormais Dean ennuyeux. Jusqu’au bout Carver aura paru de pas savoir quoi faire de Deanmon, ou demeurer paralysé par l’impossibilité de le faire réellement basculer dans le côté obscur. Tout se passe comme si le showrunner n’avait pas réellement réfléchi à la question au-delà de la scène choc concluant la saison précédente, ce qui tonne de sa part. Outre quelques décors réussis (la salle du trône de Crowley, gothique mais pas trop) l’opus sauve néanmoins les meubles grâce à la séquence cruciale de la transformation de Dean. Rejoignant la grande tradition des exorcismes à l’écran, elle donne lieu à un grand nuémro de Jensen Akles, aussi bien comme acteur que comme metteur en scène. Même les traditionnelles lumières oculaires surnaturelles se voient sollicitées avec talent. Sam demeure une nouvelle fois le sacrifié de ce qui demeure avant tout une confrontation entre Dean et Castiel, mais au moins Deanmon réussit sa sortie. La série va désormais pouvoir se ressourcer avec quelques Chasses indépendantes, en attendant que la Marque de Caïn, toujours présente, ne refasse parler d’elle. Anecdotes :
4. LUNE DE PAPIER Résumé : Sam et Dean enquêtent sur meurtres causés par un Loup-garou et suspectent Kate, qu’ils avaient précédemment épargné. Alors qu’ils s’apprêtent à procéder, ils découvrent que la coupable est en fait Tasha, la sœur de Kate. Celle-ci l’a transformé afin de la sauver après un accident de la route. Tasha est en train de créer une meute et Kate doit se résoudre à l’abattre, tandis que Sam et Dean traitent les autres Loups-garous. Critique : Lune de papier en revient clairement à la forme la plus ancienne et usuelle des épisodes de Supernatural, avec un récit organisé autour d’une Chasse concernant un grand classique, les Loups-garous. Un sujet particulièrement balisé, donc, sans Anges ni Démons, mais il demeure agréable d’en revenir aux classiques après la décevante expérimentation de Deanmon. On apprécie d’autant plus le spectacle que les deux actrices invitées (Brit Sheridan et Emily Tennant) apportent beaucoup de personnalité aux deux sœurs antagonistes et que le récit sait pimenter un propos toujours moins manichéen que lors des premières saisons. En effet, même si l’on ne doute jamais véritablement de l’innocence de Kate, le trouble éprouvé par les Winchester du fait de l’avoir précédemment épargnée pimente les débats. Assez prévisible en soi, l’effet miroir organisé entre les deux sœurs confrontées à la chute morale de l’une d’entre elles fait intelligemment écho à ce que viennent de vivre Sam et Dean. La relation entre les deux frères, enfin débarrassée des faux semblants et de l’incommunicabilité, permet des scène d’une touchante sincérité. Elle est à l’image de cet épisode de facture classique, mais relançant efficacement une série ainsi sortie d’une belle ornière. Anecdotes :
Résumé : Quand Sam et Dean enquêtent sur la disparition d’une professeure, ils ont la surprise de découvrir que ses élèves préparent un spectacle musical dédié... à Supernatural, adaptant les romans de Chuck. Alliée à un Épouvantail, la Muse Calliope a entrepris de transformer la représentation en sacrifice humain. Sam et Dean vont s’associer à leurs fans pour la vaincre, tout en permettant au spectacle d’avoir lieu. Critique : Un magnifique hommage, sincère mais jamais obséquieux, est ici rendu aux fans, via le méta récit introduit depuis la saison 4 par l’irruption des romans Supernatural, Chuck est toujours culte, et ce n’est pas fini. L’épisode s’avère aussi formidablement émouvant que drôle, émouvant. La difficulté était que ce type d’histoire a déjà été mis en scène à plusieurs reprises au cours de Supernatural et que par conséquent l’opus 200 ne sera pas totalement à part, on songe ainsi souvent à l’opus Les Incroyables Aventures de Sam et Dean (5.09). Outre la spécificité musicale, très réussie, les auteurs résolvent cette contradiction en l’assumant pleinement : l’opus 200 de Supernatural n’est pas à proprement parler un épisode totalement décalé comme chez Stargate SG-1, alors que Supernatural nous en a déjà proposé plusieurs. Mais c’est un excellent épisode, narrant une Chasse illustrant subtilement les qualités épiques et psychologiques ayant permis à la série de perdurer jusqu’alors. Un bilan bien présent, mais évitant le trop démonstratif. Les auteurs évitent aussi le sirupeux en se moquant parfois gentiment des fans (les Fanfics, c’est quelque chose) : comme toujours avec Supernatural, on est en famille. Le récit en revient également habilement aux origines, laissant de côté l’aspect biblique apparu avec Castiel, pour en revenir aux adversaires des premières saisons : créatures du folklore américain (un Épouvantail horrifique comme on aime) et Dieux Païens mégalomanes et fous, tous avides de sacrifices humains. L’élue du jour n’est rien moins que Calliope, Muse de l’Epopée, une divinité une nouvelle fois idéalement choisie. Bien entendu les héros font alliance avec les jeunes fans pour massacrer la dame et son allié. Un récit prenant, avec action, humour et émotion : un régal, d’autant que toutes les jeunes actrices sont enthousiasmantes. Anecdotes :
6. SECRET D'ALCÔVE Résumé : Sam et Dean découvrent que Bobby est destinataire d’un riche héritage. Ils se présentent comme ses propres héritiers, se retrouvant ainsi impliqués dans une succession de meurtres survenant dans un magnifique manoir. Ils sont arrêtés par la police en tant que principaux suspects, mais une Changeuse de Formes est en fait à l’œuvre. Jadis épargnée par Bobby, elle est en fait la vraie héritière. Critique : La bonne humeur instillée par l’épisode et son sujet plairont sans doute aux amateurs de Whodunit, après tout un similaire mélange des genres entre humour parodique et mystère avait efficacement fonctionné lors de l’épisode Agatha Christie mène l’enquête du Doctor Who moderne (4-07). Même si placer un deuxième opus léger après la barre mise singulièrement haut par Fan Fiction complique la donne, L’épisode bénéficie de quelques atouts. Il en va ainsi de la séquence récapitulative multipliant à l’envie les monstres les plus divers afin de brouiller les pistes, ou de l’emploi d’un superbe manoir, figure incontournable du récit d’épouvante en définitive peu usitée jusqu’ici dans Supernatural. Il n’en reste pas moins que l’opus déçoit par un certain manque d’ambition. Ainsi il de disperse entre parodie du roman à énigme, clins d’œil à Cluedo (jeu et film), et satire sociale des WASP. Chacun de ces éléments se voit seulement survolé. En 2013 une série comme Psych saura plus tard accroître la dimension décalée de son centième épisode en se centrant sur le seul film Cluedo, avec une approche plus fouillée (Une soirée mystérieuse, 7-05). Les personnages rencontrés s’en tiennent à des stéréotypes et interagissent très peu entre eux, renforçant ainsi le ressenti d’un simple catalogue. Le scénario se refuse également à mettre en place une véritable enquête impliquant le spectateur, renonçant de la sorte à une bonne partie de son potentiel ludique. Anecdotes :
7. ROWENA Résumé : Sam et Dean s’intéressent à une maison close tenue par des Démons, quand Rowena, puissante sorcière écossaise désormais déchue, entreprend de s’en emparer. Dean parvient à la capturer, mais elle s’échappe après une nouvelle attaque de Cole. Dean vainc ce dernier, mais l’épargne de nouveau, après une ultime explication. Crowley s’intéresse à Rowena et a la surprise de reconnaître en elle sa propre mère. Critique : Avec un titre tel que Girls, Girls, Girls, on aurait pu croire qu'un épisode débutant avec Dean draguant sur Internet (pseudonyme « Impala67 ») aurait rapidement à la comédie légère. Il n'en est rien, mais ce joli contre-pied va donner lieu à un récit intimiste et mélancolique, agréablement dédié aux personnages secondaires de la saison. On pourrait reprocher à ce carrefour de départs et d'arrivées d'embrasser trop large, avec pas moins de quatre personnages considérés (Rowena, Cole, Hannah et les jeunes femmes), dont tous auraient mérité d'avoir leur propre opus, mais ces histoires demeurent suffisamment développées et écrites avec sentiment pour réellement susciter l'émotion. Hannah arrive ainsi au terme de son road movie avec Castiel, souvent touchant, mais où jusqu'au bout on se sera malicieusement demandé si cela allait se faire ou non entre eux. Même si l'on sait qu'avec Supernatural les départs ne sont jamais définitifs, rendre volontairement sa liberté à son Vaisseau reste un beau et original moyen de prendre congé, tout en lançant Castiel sur une nouvelle piste narrative. Erica Carroll, qui, elle, ne reviendra pas, demeurera l'un des bons souvenirs de cette saison inégale. Rowena s'impose d'emblée comme un personnage nettement plus riche et complexe que les adversaires coutumiers des Winchester. On apprécie qu'elle ait eu le temps de se présenter pour elle-même, avant la révélation du twist final concernant Crowley, particulièrement prometteur. Cole, lors de sa réconciliation avec Dean, et les deux jeunes femmes participent également à ce panorama sensible et abouti. Alors que la saison 10 approche déjà le tiers de son parcours, on regrette toutefois absence d'un véritable fil rouge succédant à la déconfiture de l'arc Deanmon. Aussi réussies soient-elles, les trajectoires des personnages secondaires ne sauraient en soi constituer la colonne vertébrale de toute une saison. Anecdotes :
8. SHÉRIF, FAIS-MOI PEUR Résumé : Jody se lient d’amitié avec sa collègue Donna Hanscum, durant un séminaire de shérif isolé dans la campagne. Quand des meurtres abominables surviennent, Jody fait appel aux Winchester et Donna se lance dans l'action. Tous les quatre vont triompher d’un clan de Vampires et Jody accueille Donna dans son groupe. La Marque de Caïn semble demeurer inactive. Critique : L'épisode se situe dans l'exact sillon du précédent. En attendant le probable retour de l'emprise de la Marque de Caïn (au sujet de laquelle la série nous envoie régulièrement des cartes postales), le seul moteur de la saison 10 reste la gestion des personnages secondaires, à travers ce qui reste fondamentalement des récits de Monstres de la Semaine. Ici le récit fait se rencontrer les deux shérifs alliés des Winchester, Jody et Donna. De fait cet aspect-là fonctionne à merveille. Les deux femmes sont complémentaires, la rude introvertie et la dynamique extravertie, tandis que Kim Rhodes et Briana Buckmaster fonctionnent d'emblée parfaitement ensemble. Sam et Dean apparaissent par contre ici clairement en tant que seconds rôles, mais le jeu en vaut la chandelle. Donna a droit à davantage d'exposition qu'en saison 9 et apporte beaucoup d'humour. Malheureusement tout le reste de l'opus se montre beaucoup moins convaincant. Au-delà d'un simple prétexte justifiant la rencontre entre Jody et Donna, le récit ne tire quasiment aucun parti de la convention des shérifs, un contexte tout de même particulier pour les Frères Winchester. Par ailleurs les adversaires du jour échouent totalement à constituer une menace crédible. Figures déjà multi-utilisées par la série, et par toujours pour le meilleur, ces Vampires suscitent peu d'action ou d'émotion forte. Ils se montrent par ailleurs assez bavards et renoncent curieusement à la consommation traditionnelle de sang humain. Décidément cette saison 10 apparaît moins dense et effrayante que la norme de Supernatural. Anecdotes :
9. AU NOM DU PÈRE Résumé : Tourmenté par ce qu’ont subi son Vaisseau et la famille de celui-ci, Castiel s’intéresse à la fille de Novak, Claire. La jeune femme est désormais à la dérive. Castiel s’efforce de la sauver des mauvaises influences avec lesquelles elle s'est liée, mais elle le rend responsable de ce qu’est devenue sa vie. Durant les événements, Dean subit à nouveau l’influence de la Marque de Caïn et provoque un massacre. Critique : Sur le point de connaître la pause coutumière de fin d'année, la saison 10 continue à exploiter l'inépuisable filon des personnages secondaires de Supernatural en guise de moteur. Cette fois elle s'en va chercher Claire Novak, que l'on n'avait plus aperçue depuis... la saison 4. Un choix que l'on pourrait croire capillotracté, mais qui va donner à ce qui constitue sans doute le meilleur opus de la séquence. Ainsi le départ d'Hannah libérant son Vaisseau a-t-il idéalement préparer le terrain pour la culpabilisation de terrain, tandis que l'intrigue en profite pour insérer des informations relatives au parcours de Castiel (idem pour Crowley et Rowena). Surtout, Kathryn Newton s'avère une parfaite interprète pour Claire. Elle et Misha Collins nous délivrent plusieurs scènes d'émotion à fleur de peau. Le scénario sait également se trouver une thématique globale, autour des conséquences d'une relation perturbée subie les enfants du fait des parents. La figure de John Winchester est bien entendu évoquée, tandis que Crowley et Rowena continuent à explorer leur relation aussi forte que dysfonctionnelle. L'opus jette également les bases de la seconde mi-saison à venir, en réactivant enfin la Marque de Caïn. Un mouvement utile, mais ne justifie pas en quoi ce qui a échoué du fait du refus de rendre Dean réellement démoniaque pourrait fonctionner cette fois. On reste également sceptique sur la capacité de la Marque, qui représente une menace pour le seul Dean et non pour le Monde, à soutenir l'intérêt d'une deuxième saison. Anecdotes :
Résumé : Afin de sauver Dean de l’influence de la Marque, Castiel se tourne vers Métatron. L’Ange du Livre lui révèle que la Première Lame est nécessaire pour y parvenir, alors qu’elle a été dissimulée par Crowley. Métatron va comploter pour aggraver la situation de Dean, afin de rendre son aide encore plus essentielle. Pendant ce temps Rowena poursuit son conflit personnel contre Crowley et Castiel s’efforce de protéger Claire. Critique : Survenant après le hiatus de fin d'année, ce pilote de mi-saison déçoit par le manque de réelle impulsion qu'il suscite. En effet, il se place en tous domaines dans la continuité immédiate de l'opus précédent,jusqu'à pouvoir parler de double épisode ne disant pas son nom. Certes Fergus présente l'intérêt de définitivement replacer la Marque de Caïn au cœur de la saison et de l'histoire personnelle des Frères Winchester. Mais, à l'instar de la Marque elle-même, les différentes trames secondaires ne font que suivre le chemin passablement tracé. Heureusement l'interprétation reste au rendez-vous pour maintenir l'intérêt. La rencontre entre Claire et Castiel continue à susciter l'émotion, même si le caractère de la jeune femme résulte quelque peu caricatural quand elle préfère une vie aventureuse à la sécurité proposée par l'Ange Mais il est vrai que la destinée de sa mère demeure un mystère. On avouera préférer le duo antagoniste et original formé par Rowena et Crowley, à la rivalité jouissive et pétillante. L'arc autour de Sam et Dean prend la forme d'une énième recherche d'artefact, formule ayant déjà bien servi, mais qui présente le mérite d'exister. SI le retour de Métatron n'apporte rien de bien neuf à propos de l'Ange du Livre, toujours aussi manipulateur et amateur de drama, Curtis Amstrong assure toujours le spectacle avec talent. Même si tout ceci manque encore d'intensité et de sens du péril, la saison 10 est (enfin) en ordre de bataille pour narrer une histoire. Anecdotes :
11. DU CÔTÉ OBSCUR Résumé : Sam et Dean découvrent que Charlie est revenue d’Oz et qu’elle a débuté une vendetta sanguinaire afin de venger ses parents. Suite à un marché passé avec le Magicien d’Oz, il existe désormais deux Charlie, l’une positive et l’autre négative, qui a brisé la Clé d’Oz. La sombre Charlie tue le Magicien d Oz et son double humain, mais Sam et Dean parviennent à annuler le sortilège. Charlie, réunifiée, va désormais les aider à effacer la Marque de Caïn. Critique : A son tour Charlie prend place parmi la kyrielle de personnages secondaires invoquées par la saison 10, et l’on ne va certes pas se plaindre de ce retour surprise en provenance d’Oz (l’univers, pas la prison). Comme à l’accoutumée, un épisode dédié à Charlie nous régale de ses clins d’œil et références à la Pop Culture, mais le récit du jour va se distinguer du lot par son ton très sombre. Outre qu’elle renvoie à la figure toujours captivante du Doppelgänger, cette césure jadis déjà connue par le Capitaine Kirk (L’Imposteur, Star Trek 1-05) suscite une version de Charlie réellement enténébrée. L’épisode ne fait pas semblant là-dessus. L’effroi est réel, d’autant que Felicia Day se montre convaincante sur un registre tout à fait nouveau pour elle. Outre un thriller horrifique de qualité, le récit sait également offrir un beau effet miroir au drame intime vécu par Dean, à l’âme également tiraillée par l’emprise toujours plus présente de la Marque de Caïn. Une Charlie réunifiée et ayant vaincu ses démons intérieurs sera particulièrement en situation de l’aider. On regrettera toutefois l’argument assez emberlificoté autour du Magicien d’Oz pour à la fois justifier le retour et la séparation des Charlie qui prend réellement des libertés vis-à-vis du roman. Le contraste semble également top marque entre la Charlie sombre capable de bouleverser deux univers (et de voler l’Impala) et la lumineuse, longtemps similaire à un boulet, à croire que toutes ses qualités proviennent de sa part de ténèbres. Il demeure également dommage que Supernatural n’ait en définitive pas saisi l’occasion d’une virée de Sam et Dean au Pays d’Oz. Après tout l’expédition très Fantasy d’Angel et compagnie à Pyléa nous avait voulu de bons moments. Anecdotes :
12. LA FONTAINE DE JOUVENCE Résumé : Sam et Dean enquêtent sur de mystérieuses disparitions accompagnées d’un flash de lumière. Dean subit le phénomène et se retrouve tel qu’à 14 ans. Lui et Sam vont découvrir qu’ils ont affaire au fameux Hansel. Il est soumis à la méchante sorcière Katja qui a dévoré le cœur de Gretel et lui fournit de la chair fraîche de jeunes gens depuis des siècles. Mais Hansel est lui-même perverti, tandis que Katja est liée au même convent que Rowena. Critique : Ce n’est certes pas la première fois que Supernatural joue avec l’âge de ses personnages, Dean avait ainsi considérablement vieilli dans le déjà réussi Jeu d'argent, jeu de temps (5-07). Ce qui aurait pu s’assimiler à de l’exploitation de filon va au contraire s’avérer une vraie pépite d’humour, et l’un des meilleurs épisodes de la saison. On s’amuse en effet beaucoup de la jeunesse retrouvée de Dean, à l’occasion d’une cure de jouvence aussi bien pour le personnage que pour le spectateur. En effet on le découvre quasiment tel qu’il fut aux tous débuts, déjà bien lointains de la série, Considérant la Chasse avec un enthousiasme juvénile. L’inversion du duo entre un Sam désormais devenu l’aîné et Dean tout feu tout flamme fonctionne du tonnerre. Le fait que la jeune femme parvienne à saisir l’opportunité d’une nouvelle vie parachève la fête. Évidemment, comme souvent dans les moments forts de Supernatural, l’émotion n’est pas loin des rire. Il reste particulièrement touchant de voir Sam soutenir Dean quelque soin choix, tandis que ce dernier renonce à cette authentique seconde chance, débarrassé de la Marque, au profit de son frère. L’épisode bénéfice également d’une excellente prestation de Dylan Everett, qui ait admirablement s’inspirer des mimiques de Dean (ou de Jensen Ackles) et l’essence du personnage, tout en faisant aisément croire qu’il a réellement 14 ans. On apprécie par ailleurs la version très sarcastique du conte d’Hansel et Gretel. La présence en guest de Lesley Nicol en Sorcière aimant cuisiner la chair fraîche ajoute encore un degré de surréalisme. Un mythe décidément porteur puisqu’il avait déjà inspiré l’assez délirant Intolérance dans Buffy contre les Vampires (3-11), ainsi que la sorcière aveugle d’Once Upon A Time, jouée par Emma Caulfield. Anecdotes :
13. MEURTRE PAR ACCIDENT
Résumé : Sam et Dean luttent contre les manifestations létales d’un esprit vengeur s’acharnant sur un groupe d’étudiants. Mais le corps du défunt a été incinéré et l’esprit ne semble attaché à aucun objet particulier. Ils comprennent que le fantôme a pénétré l’Internet suite à un contact électrique, avant d’exercer sa vengeance sur ceux qu’il estime responsable de sa mort. Son épouse parvient à le convaincre de reposer en paix en dialoguant avec lui via FaceTime. Critique : L’épisode est typique de ces récits indépendants ou quasi), servant de fond de sauce à une saison trop longue pour ne comporter que des scénarios réellement ambitieux. Un cas d’école assez inévitable pour une série étant jusqu’au bout demeurée fidèle au format désormais vieillissant de saisons comptabilisant plus de vingt opus. Sans surprise ou renoue donc ici avec le grand classique de l’esprit vengeur et tout ce qui s’ensuit : identifier son identité et son réceptacle, le tout entrecoupé par des scènes de meurtres fort goûteuses. Un tel épisode de Supernatural fonctionne quasiment tout seul, mais demeure extrêmement prévisible. Reconnaissons toutefois que le scénario se rattrape en partie sur l’inventivité des scènes d’épouvante ou sur l’originalité d’une absence totale de dépouille mortuaire du coupable. The Strange Case of the Missing Corpse, diraient Steed et Mrs Peel. Mais la spécificité de l’opus tient surtout à son environnement informatique.Outre un joli cas de placement de produit désinhibé autour de FaceTime, tous ces écrans instillent une atmosphère à la Black Mirror qui doit sans doute très peu au hasard. On pense notamment à l’épisode Bientôt de retour (2-01, avec Hayley Atwell) qui présente de nombreuses convergences scénaristiques, dont les conversations « longue distance » via Internet. Trois ans avant l’épisode Rm9sbG93ZXJz des X-Files (11-07), il reste amusant de découvrir Supernatural explorer le potentiel horrifique des machines qui font bip. L’intrigue s’élargit également à la comparaison des différences culturelles existant désormais entre Dean et les jeunes d’aujourd’hui, comme une métaphore de Supernatural qui désormais vieillirait à côtés de productions plus récentes. Un épisode où l’astuce de la forme sait compenser le classicisme du fond. Anecdotes :
14. LE CHANT DU BOURREAU Résumé : Caïn a de nouveau succombé à la Marque jadis apposée par Lucifer et a entrepris de tuer tous ses nombreux descendants, car il les estime eux-aussi souillés. Afin de récupérer la Première Lame, Dean affirme à Crowley que celui-ci est sur la liste. Caïn est tué par Dean, non sans lui avoir révélé qu’il n’y avait pas de remède à la Marque. Dean transmet la Première Lame à Castiel, à la grande fureur de Crowley, qui subit les moqueries de Rowena. Critique : La saison 10 connaît ici un énième retour de personnage secondaire, cette fois-ci en la personne de Caïn. En soi le mouvement résulte plutôt savoureux, grâce à une nouvelle grande performance du toujours aussi excellent Timothy Omundson (à voir absolument en roue libre dans Galavant) et à cette sinistre histoire de décimation, bien dans la démesure du personnage. On apprécie également l’ambiguïté de sa mort, constituant probablement un suicide avec Dean comme instrument, une originalité pour un antagoniste de Supernatural. Malheureusement cette intervention échoue dans son dessein premier : relancer véritablement l’intérêt de l’interminable arc de la Marque de Caïn. Deux saisons dédiées à cet élément dont on connaît désormais parfaitement les tenants et les aboutissants cela reste beaucoup trop long, d’autant qu’il n’y a pas de péril global de type Apocalypse pour dramatiser les enjeux (les Ténèbres n’interviendront qu’un toute fin de parcours). Cette histoire présente également comme défaut de mécaniquement laisser Sam dans son coin. Les divers éléments éléments apportés par l’épisode ou sont anticipés depuis longtemps (pas de remède connu, Dean destiné à tuer Sam), ou tombent à plat (la fameuse Première Lame prestement escamotée). L’histoire secondaire entre Rowena et Crowley produit quelques étincelles, notamment par le langage très coloré de la dame, mais cela ne suffit pas. Anecdotes :
15. LE VER DE KHAN Résumé : Sam et Dean enquêtent sur le cas d’un homme s’étant suicidé après avoir vidé une femme de son sang. Cette folie semble contagieuse et ils découvrent que Cole s’intéresse également à l’affaire. Ils forment équipe face à un ancien militaire ayant été infecté par un ver maléfique en Irak. Sam et Dean parviennent à sauver Cole quand celui-ci est infecté à son tour. Il rentre alors dans sa famille, pleinement réconcilié avec les Chasseurs. Critique : En son essence, l'épisode du jour nous propose une Chasse, certes classique, mais menée avec efficacité. De quoi nous offrir une pause bienvenue dans l'interminable Affaire de la Marque. Outre une parabole sur les traumas de guerre, le ver venu des sables nous assure également un quota conséquent en scène gores, à un niveau inédit depuis un bon bout de temps. L'occasion de constater à quel point Supernatural s'est progressivement allégé en substance horrifique, l'atmosphère n'est plus la même que lors des sombres premières saisons. Pour le coup, on se régale, d'autant que le scénario tire efficacement parti des diverses potentialités du monstre. On reste davantage circonspect quant au retour de Cole. Oui, derechef, un personnage secondaire revient dire coucou. Si Cole est une figure solide, il n'avait pas réellement suscité notre enthousiasme. Vaille que vaille, sa précédente sortie de scène et la paix conclue avec Dean nous semblaient suffisantes en soi. Le fait qu'une amitié existe désormais entre les deux hommes ne nous passionne guère. D'ailleurs Cole ne réapparaîtra pas par la suite, comme on peut le prévoir dans une série où les Héros passent d'une aventure à l'autre. Structurellement, on ne s'y intéresse pas à ce que deviennent les personnes sauvées, à moins qu'elles ne rejoignent le combat, ce qui n'est pas le cas ici. Que les Chasseurs soient mortels est une évidence depuis longtemps, que Cole ait failli mourir n'apporte rien de neuf là-dessus. Anecdotes :
16. EXAMEN DE CONSCIENCE Résumé : Dans une petite ville, Sam et Dean découvrent que les victimes de meurtres horribles fréquentaient la même paroisse catholique, où ils allaient se faire entendre en confession. Ils ont été victimes du fantôme d’une sorcière du XVIe siècle. Rowena s’intéresse aux Winchester, car son convent originel a été jadis été pillé par les Hommes de Lettres, dont ils sont les héritiers. Elle espère récupérer les artefacts ensorcelés avec l’aide de Crowley. Critique : Autant le ver monstrueux de l'opus précédent apportait une vraie nouveauté au sein de bestiaire de la série, autant ici on en revient au marronnier des esprits vengeurs. Un déjà-vu que se ressent d'autant plus fortement que son collègue de Meurtre par accident (10-13) est encore récent dans les esprits. Mais le miracle Supernatural continue à opérer, la série va de nouveau parvenir à raconter la même histoire de manière aussi différente qu'attrayante. Le cadre religieux crée ainsi une vraie ambiance, tandis que le lien établi entre les deux femmes à travers le Temps. De plus le tableau constitue un réceptacle original, et un intéressant artefact au sein de la série, comme une touche de Warehouse 13 au sein de Supernatural. La vraie série dans la série qu'est devenu le duo Rowena / Crowley franchit ici un pallier en en terminant avec le thème du Convent après la victoire sur Olivette (excellent guesting de Teryl Rothery) et surtout la mise en place d'un conflit direct avec les Winchester via l'excellente idée de l'héritage des Hommes de Lettres. De quoi rendre Rowena considérablement moins périphérique, tout en en installant un prometteuse ambivalence sur la position de Crowle, entre ses « associés » et sa mère. Toutefois le succès de cet épisode ne dissimule pas à quel point l'arc de la Marque est désormais figé, tandis que Castiel demeure désespéramment, même dans un épisode aussi marqué par la religion. Anecdotes :
17. L'ÉCHAPPÉE BELLE Résumé : Sam et Castiel veulent faire sortir Métatron du Paradis, afin de sauver Dean de la Marque. Hannah s’y oppose mais ils y parviennent avec l’aide de Bobby. Castiel prive Métatron de sa Grâce afin de le rendre mortel et le contraindre ainsi à révéler ce qu’il sait. Métatron avoue ne pas savoir comment sauver Dean mais révèle où se trouve la Grâce de Castiel. Dean parvient à rétablir le contact avec Crowley et à le brouiller avec Rowena. Critique : Cette saison 10 ayant massivement recours au retour de personnages en guise de moteur frappe ici un grand coup avec celui de Bobby. Avouons un certain désappointement quant au fait que cet événement attendu depuis Taxi Driver (8-19) ne survienne qu'à l'occasion d'une énième tentative avortée de faire progresser l'intrigue de la Marque de Caïn. Mais pour le reste cette réunion tient toute ses promesses, aussi bien dans l'action, lors de l'évasion de Métatron, que dans l'émotion, avec la lettre-testament envoyée à Sam : Bobby tel qu'en lui-même, toujours aussi sensible et paternel. Jim Beaver incarne toujours aussi parfaitement Bobby, c'est à juste titre qu'il demeure l'unique acteur à être intervenu dans toutes les saisons de Supernatural, en dehors du duo vedette. Outre le retour de Castiel et du toujours aussi réussi Métatron de Curtis Armstrong, l'épisode nous propose une visite approfondie et assez glaçante du Paradis décidément dystopique de Supernatural, avec ces couloirs glacés de cellules individuelles organisées en micro-univers simulacres, à la Philip K. Dick. Décidément tout ne tourne pas rond dans la Création. Si l'épisode met pour une fois l'accent sur Sam, Dean n'est pas en reste pour autant. Entre scènes humoristiques et de complicité avec Crowley, inévitablement autour d'un verre, il participe pleinement au succès de l'opus. Le Roi de l'Enfer semble en définitive être plus proche de lui que sa propre mère, ce qui n'étonnera guère. Anecdotes :
18. LE LIVRE DES DAMNÉS Résumé : Charlie prévient Sam et Dean qu’elle a découvert un puissant grimoire maléfique, le Livre des Damnés, peut-être capable de détruire la marque. Jacob Styne le réclame comme propriété de son abominable famille. Dean veut détruire le livre dangereux, mais Sam le confie secrètement à Rowena, en échange de son aide. Métatron échappe à Castiel et s’empare de la Tablette des Démons. Castiel récupère toutefois partiellement sa Grâce. Critique : Nous parvenons ici à l'épisode 18 de la saison, autant dire qu'il était grand temps d'enfin trouver un moyen de solder cette histoire de Marque de Caïn. La providentielle porte de sortie semble revêtir la forme de ce Livre des Damnés (pas des Ombres), c'est à dire un énième artefact miraculeux tombant à point nommé au sein de cette série. Outre le contraste installé autour de la peinture grandiloquente des Styne et ce qu'ils montrent à l'écran, tout ceci n'est guère original. On ressent cela d'autant plus fortement que, tant Castiel auprès de Métatron que Sam auprès de Rowena tendent vers la figure classique du sacrifice ou du lourd prix à payer pour sauver autrui, figure au combien rituelle du Clan Winchester. Il faut toutefois reconnaître que les auteurs savent vêtir d'émotions ces figures imposées. Le duo antinomique forme par Castiel et Métatron se montre ainsi particulièrement amusant. Avoir dissimilé la Grâce de Castiel dans un exemplaire de Don Quichotte constitue une belle ironie, digne de l'Ange du Livre. Sam et Rowena instillent un sentiment davantage malicieux, d'autant que la Sorcière bien-aimée éprouvera toujours un faible particulier pour « Samuel ». Le ship Samwena a encore de beaux jours devant lui ! Mais c'est bien Charlie qui s'impose en moteur et figure centrale de l'épisode. Tandis qu'elle a enfin le privilège de rencontrer Castiel, elle joue un rôle primordial dans l'action, avec son astuce et son énergie coutumières. Felicia Day se montre toujours épatante, notamment durant la discussion où Sam avoue enfin se vivre désormais pleinement comme un Chasseur de Démons. Quel chemin parcouru ! Charlie achève elle-même de se dépouiller de ses oripeaux de Geekette sympa pour devenir pleinement une Chasseuse accomplie. Elle semble devenir désormais essentielle pour Supernatural. D'ailleurs la série ne saurait se passer de ce précieux personnage féminin au long cours, pas vrai ? Anecdotes :
19. LA BOÎTE DE WERTHER Résumé : Bientôt rejoint par Dean, Sam part à la recherche du Codex de Nadya, ouvrage dont Rowena a besoin pour traduire le Livre des Damnés. Celle-ci a accepté d’aider Sam en échange de l’assassinat de Crowley. Magnus avait dissimulé le Codex dans la Boîte de Werther, un coffre protégé par de puissants enchantements, dont les Winchester finissent par triompher. Sam apporte le livre à Rowena, mais enchaîne celle-ci pour s’assurer qu’elle tienne parole. Critique : Alors que l’on aimerait enfin converger vers l’issue du marathon de la Marque de Caïn, voici que la saison nous oppose un nouveau détour, heureusement sans interrompre la piste inaugurée par le Livre des Damnés. On peut également regretter un certain manque d’imagination dans le fait d’ajouter un deuxième artefact miraculeux au premier, on empile. Mais le récit parvient à sortir par la haut de cette situation mi-figue, mi-raisin, grâce à la saveur très rôliste de ce coffre maléfique à ouvrir, une excellente exploitation du personnage de Magnus. On se croirait presque face à une épreuve du Labyrinthe du Baron Sukumvit, avec des pièges aussi imaginatifs que sinistres. Le scénario aurait sans doute dû crânement tout miser sur cet aspect ludique, éventuellement avec l’aide d’une Charlie qui aurait été toute à son affaire. La séquence introspective et onirique de Dean au Purgatoire ne manque ainsi pas d’intérêt, mais semble ici hors sujet dans un épisode menaçant de brasser trop de thèmes divers. Le récit sait néanmoins se rattraper via l’ambiance réussie de maison hantée et par d’intéressantes informations supplémentaires à propos du passé des Hommes de Lettres, un sujet décidément inépuisable. Pendant ce temps Rowena et Sam continuent à coopérer et l’on sent bien que quelque chose bouge chez la Sorcière, même si elle trahira évidemment à la première occasion. Outre un ship amusant, rendre Rowena utile aux Winchester permet de la placer au cœur de la série, au lieu de la limiter à des intrigues secondaires. Bon courage à Samuel face à Crowley ! Un épisode inégal, mais distrayant au final. Anecdotes :
20. PLANÈTE CLAIRE Résumé : Claire est agressée alors qu’elle recherche sa mère, Amélia. Castiel et les Winchester viennent l’aider dans son enquête, qui les emmène jusqu’à un guérisseur suspect. Celui-ci se révèle être un Gregori, un Ange ayant sombré dans le Mal et vampirisant les âmes des mortels. Il a assujetti Amélia, qui se sacrifie pour pouvoir l’abattre. Tamiel est finalement tué par Claire. Celle-ci rejoint le groupe de Judy et s’apprête à devenir une Chasseuse de Démons. Critique : Planète Claire apporte une nouvelle parenthèse à cette saison aux multiples détour et voies sans issues, mais l’épisode répond à une véritable nécessité, conclure l’arc de Castiel et de Claire Novak, avant d’entamer l’arc final. Une série aussi centrée sur la famille que l’est et le sera toujours Supernatural ne saurait faire l’impasse sur ce drame n’étant pas sans évoquer les conséquences des morts de John et Mary sur leurs fils. Le scénario procède pour cela à un nouveau rappel de personnage, avec Amélia, plus vue depuis l’épisode Le Pénitent (4-20), à l’occasion d’une réunion familiale menaçant à plus une reprise de sombrer dans le mélodrame… Mais qui en fait surnage toujours. On doit d’éviter ce péril avant tout au talent des comédiens, sachant toujours exprimer l’émotion sans en faire trop. Ainsi Misha Collins sait toujours aussi justement incarner la fibre paternelle et les remords de Castiel. Étonnante d’énergie, Kathryn Newton se montra convaincante dans ce véritable passage à l’âge adulte de Claire, concomitante à son grand début en tant que Chasseuse de Démons. Déjà un beau trophée à son actif, avec l’épée du Gregori, un exemple assez abominable de déchéance morale chez un Ange, même si son modus operandi demeure trop proche de celui des Djinns de la série. Dans cet opus mettant quelque peu Dan et Sam en retrait, on appréciera également la grande prestation de Leisha Hailey. A des années lumière de l’Alice de The L World, elle sait restituer à merveille la dimension tragique d’Amélia, victime de Grégory, mais aussi des choix de son mari. Anecdotes :
21. ŒIL POUR ŒIL Résumé : L’antique clan des Styne déclare la guerre aux Winchester afin de récupérer le Livre des Damnés. Grâce à lui, les Styne manipulent une large part de l’histoire de l’humanité depuis des siècles. Charlie est tuée par le clan maléfique mais a auparavant transmis à Sam et Dean les informations permettant à Rowena de décrypter le Livre. De son côté Crowley cherche à retrouver sa mère disparue. Critique : C’est dommage, car on pouvait aisément trouver plusieurs motifs de satisfaction dans Œil pour œil. La jusque-là très improbable famille Scytte gagne en intérêt grâce à ses allures de Clan Frankenstein lochant clairement vers les classiques des Universal Monsters (excellent Markus Flanagan). Cahin-caha la quête du secret du livre des Damnés se poursuit selon des ressorts solides et éprouvés, à défaut de résulter originaux. Rowena continue à trouver sa place et à s’imposer au sein de l’univers Supernatural. La scène de dialogue entre Crowley et le « hamster » vaut son pesant d’or, avec en prime le souvenir de la Amy de Buffy contre les vampires. Et pourtant tout ceci se voit balayé par le scandale de mort de Charlie, qui fait de l’épisode le N'abandonnez jamais de Supernatural pour les mateurs des Bandits Solitaires des X-Files. Particulièrement choquante, cette mort scandalise par son inutilité, puisqu’en définitive elle ne fait progresser l’histoire que par un sensationnalisme facile. Charlie avait encore tout un potentiel à exprimer au sein de la série, aussi bien par sa personnalité que par ses apports à la Chasse. L’outrage se ressent d’autant plus fortement que la mort de Charlie résulte à peu près aussi sordide que celle des Bandits Solitaires (elle n’a même pas droit à son combat) et qu’un relationnel prometteur commençait à peine à se bâtir avec Castiel. L’Ange du Jeudi aurait évidemment dû être là pour la sauver au lieu de veiller inutilement sur Rowena. Un gâchis qui n’allait pas rédimer l’image du programme auprès des féministes ! Anecdotes :
22. LA VENGEANCE À TOUT PRIX Résumé : Tandis que Sam continue à collaborer avec Rowena malgré la volonté de Dean, ce dernier entreprend de massacrer le clan Styne après le bûcher funéraire de Charlie. Sam doit remplir sa partie du contrat mais Crowley survit à son attaque. Le Roi des Enfers redevient alors un adversaire total et entreprend de tuer de Rowena. Après son opération rondement menée, Dean sombre dans une violence folle et menace de tuer Castiel et Sam s’il les revoie. Critique : La Vengeance à tout prix débute par le moment très fort émotionnellement qu’est le bûcher funéraire de Charlie. Celle-ci méritait évidemment cet honneur accordé aux Chasseurs tombés au combat, qui est assez à Supernatural ce que le carillon silencieux est à 24h Chrono. Mais par la suite un authentique chape de plomb tombre sur l’épisode, tant le spectateur est frappé par la violence irrépressible emportant Dean, avec à la clef une nouvelle intense composition de Jensen Ackles. Celui-ci confirme la force de son talent, il est d’ailleurs fort heureux que sa carrière se soit prolongée après sa flageolante participation à la saison 4 de Smallville. On apprécie également d’en avoir fini avec les Styne, qui n’étaient pas dimensionnés pour devenir des adversaires à long terme, malgré leur amusant numéro à la Frankenstein De fait l’épisode tombe à point nommé pour résoudre l’une des difficultés de cette saison 10 finissante. En effet on aura y vu la Marque de Caïn érigée en menace pour l’équilibre mental de Dean, avec de plus un Sam proclamant sans cesse que son frère ne tournait plus rond... alors que Dean en définitive apparaissait le plus souvent égal à lui-même ! La scène du massacre du clan Styne (y compris son membre le plus faible et innocent) par un Dean dont l’inexorabilité a effacé toute l’humanité, l’un des moments les plus éprouvants de la série, ainsi que le tabassage en règle de Castiel, anéantissent ce paradoxe. La tentative de meurtre de Crowley par un Sam également impitoyable et la rechute du Roi de l’Enfer participent à ce grand moment de noirceur parvenant enfin à dramatiser la saison, juste avant son final. Anecdotes :
23. EX NIHILO Résumé : Après un nouveau drame, Dean invoque la Mort pour en finir avant qu’il ne tue quelqu’un d’autre. La Mort lui révèle que la Marque est la prison d’un Mal antique, les Ténèbres elles-mêmes. Pour intervenir, elle exige que Dean tue Sam, mais Dean l’exécute alors avec sa propre faux. Tandis que Castiel affronte Crowley, Rowena parvient à prolonger le sortilège effaçant la Marque, mais les Ténèbres jaillissent et engloutissent les Winchester. Critique : Même dans ses périodes les plus médiocres Supernatural a pu compter sur ses mémorables fins de saison pour sauver la situation (encore récemment, en saison 14…) et c’est bien le quasi-miracle que signifie Ex Nihilo. Et pourtant l’on revenait de loin et l’épisode, après avoir son temps avant de réellement débuter, prend le risque de présenter la Mort comme un Deus Ex Machina bien pratique, et la spectaculaire apparition des Ténèbres comme un effet spécial tombant à point nommé pour faire passer le reste. Il y a un peu de cela, mais le récit parvient à aller au-delà du simple plaisir de la résolution enfin survenue de l’interminable affaire de la Marque de Caïn et déjà planter avec talent le décor de la saison 11. A travers péripéties et dialogues, l’opus sait en effet se,doter d’une vraie problématique, la présence du Mal en nous et dans le Monde. Ainsi découvre-t-on des Frères Winchester déconcertés par leurs actions, là où Rowena et crowley et Rowena plastronnent volontiers et où les Ténèbres semblent déjà tout recouvrir. Un ensemble aussi troublant que sombre, encore enrichi par les perspectives offertes par une Rowena échappée avec le Livre des Damnés, une fratrie Winchester réaffirmée ou un Crowley ragaillardi par l’affirmation de sa véritable nature. Les révélations de la Mort bouleversent la cosmogonie de la série, avec cet audacieux concept d’un Mil primordial, antérieur même à Dieu. De quoi promettre un Big Bad d’un tout autre niveau qu’Eve ou les Léviathans. Conclu par un mémorable et tonitruant cliffhanger, l’épisode parvient donc aussi bien à apporter une conclusion satisfaisante à la saison 10 qu’à mettre en orbite la saison 11 en stimulant l’imagination du spectateur. Il est vrai que l’on savoure d’autant plus son succès qu’avec le recul nous savons qu’Amara - les Ténèbres va tenir toutes les promesses faites ici, et que la période va même s’offrir un deuxième grand antagoniste d’exception. Anecdotes :
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