Saison 6 (1989-1990) 2. Cas de conscience (Fatal Flaw) 3. Des fleurs pour Matty (Flowers for Matty) Un baron de la drogue, vieil ennemi de Kojak, utilise une petite fille grecque comme appât pour piéger l’inspecteur. Au cours d'une promenade dans un parc d'attractions, l'inspecteur Kojak rencontre une petite fille nommée Ariana qui semble perdue. Comme elle ne parle que grec, Kojak est la seule personne capable de communiquer avec elle et d’apprendre son nom et sa ville d’origine. Il n'y a pas d'autres pistes et la famille est introuvable. L’inspecteur, avec l'aide d'un jeune policier, découvre la véritable affaire qui se cache derrière cette petite fille, et la clé se trouve dans le passé de l’ex-lieutenant. Onze ans après l’arrêt de la série, Kojak revient pour une (courte) sixième saison. Deux téléfilms dans l’intervalle avaient déjà permis aux fans de ne pas perdre le contact avec le célèbre flic chauve de la Grosse Pomme. En 1989, l’apparition, bien que malheureusement brève, sera plus régulière. Telly Savalas reprend son rôle fétiche dans cinq téléfilms diffusés sur ABC au sein de ABC Saturday Mystery Movie, une émission programmée chaque samedi soir. Quatre séries assuraient la rotation de ce créneau horaire, dont deux sont toujours célèbres dans l’hexagone : Kojak et, surtout, Columbo. L’émission fut annulée au printemps 90, ce qui ne permit le tournage que de cinq films Kojak. Seul, Columbo survécut avec 14 autres enquêtes produites après l’annulation. Comme lors de The Price of Justice, Kojak est inspecteur, mais il est dorénavant secondé par le détective Winston Blake, interprété par Andre Braugher. Evidemment, Telly Savalas, à maintenant 67 ans, joue plus dans le cérébral que le physique et l’ajout d’un jeune flic à ses côtés est judicieux. Dans Ariana, Savalas rend hommage à sa chère culture grecque et le côté paternel qu’il utilise avec la petite fille perdue et effrayée est crédible, et pour cause : la petite fille qui interprète Ariana dans le film a cinq ans mais l’acteur est au moment du tournage papa d’une petite Ariana de deux ans ! La découverte de la petite Ariana à une fête foraine sans ses parents est un mystère, dont la solution va s’avérer plutôt abracadabrante. L’apport de l’arrogant détective Blake permet certaines scènes intéressantes car Hector Elizondo, qui est le ‘méchant’ de l’histoire, est mal exploité ; il est en effet présent pratiquement que lors de la première longue séquence et au final. Pourtant, l’acteur a laissé d’excellents souvenirs avec deux mémorables rôles de la série ; celui d’un flic intelligent qui croit avoir commis le meurtre parfait en tuant l’amant de sa femme et l’autre, très glauque, d’un pédophile protégé par l’immunité diplomatique. Ici, Elizondo est Edson Saunders, un baron de la drogue qui a fui les USA pour se réfugier en Thaïlande. Son retour à New York est motivé par le désir de ramener sa fille de neuf ans avec lui et de piéger Kojak qui a tué son frère psychopathe lors d’une fusillade. L’enlèvement d’Ariana n’est qu’un leurre, une sorte de garantie, et le scénario est de ce fait assez surprenant voire pâlot. Blake a la phrase juste lors du final, considérant qu’un coup de téléphone aurait été plus simple ! Le kidnapping d’une petite fille grecque à Rome qu’on emmène à New York….qu’on perd puis qu’on rekidnappe pour la garder dans la communauté grecque… Heureusement, Blake est l’attraction de l’épisode car il amuse l’audience en soupçonnant Kojak. La filature de l’inspecteur et la façon avec laquelle le jeune policier se fait surprendre est cocasse. Les échanges Kojak/Blake sont intéressants et ils seront un atout de cette courte et ultime saison. Le tournage exclusivement à New York, ce qui n’était pas le cas pour la série, donne à l’ensemble une cohérence appréciable. Contrairement aux téléfilms précédents, ce film fut tourné en été et montre la métropole sous un jour plus attrayant. A noter quelques répliques cocasses comme celle du vieux monsieur à Kojak : ‘You don’t look like a cop’ ou de la jolie fliquette Whitley (Kelly Curtis, la fille de Tony) au sujet du policier : ‘He used to be a hell of a detective.’ Certains passages peuvent surprendre ou déplaire – Kojak en toque de cuistot dans la cuisine d’un restaurant grec, Blake sur un scooter affublé d’un casque granguignolesque – mais le film se laisse voir sans ennui… à part les bavardages insipides de Blake avec la journaliste. Telly Savalas se fait plaisir dans cet opus, où l’interprétation fait souvent oublier une intrigue quelconque. Après tout, on ne peut tenir rigueur à l’acteur de mettre en avant la culture hellénique, qui le mérite bien. Savalas a toujours été très marqué par ses racines grecques orthodoxes – la série a aussi des épisodes « grecs » - et il fut un contributeur important aux cathédrales Sainte-Sophie et Saint-Nicolas à Los Angeles. Il fut aussi un commanditaire pour amener l'électricité dans les années 1970 à Yeraka, la ville de ses ancêtres. Ce film est une bonne entame à cette ultime saison, même si je préfère les deux téléfilms tournés après l’arrêt de la série, qui étaient basés sur des histoires vraies. ‘I was in the wrong pile. I was looking for people who were caught and convicted. This guy wasn’t even booked!’’
2. CAS DE CONSCIENCE L’inspecteur Kojak doit résoudre le mystère qui entoure l’assassinat d’un écrivain qui allait faire publier un livre sur la mafia. L’épouse du défunt est une ancienne conquête de Kojak et le policier essaie de déterminer le rôle respectif de celle-ci et du syndicat dans le drame.
De nombreuses séquences sont intéressantes, comme l’assassinat du truand au début et l’arrestation du complice après une scène d’action, la seule du film, lorsque Kojak se fait surprendre : ‘Don’t shoot, get him’. Sinon, l’essentiel de l’histoire se concentre sur l’énigmatique relation de Kojak avec l’épouse de la victime et le jeu de l’inspecteur pour amener les truands à se découvrir. Justement, c’est sûrement là que le bât blesse, quand la conclusion tombe sur un dénouement qui semble complexe mais qui est, en définitive, bien banal. C’est une photo qui mènera le policier à l’assassin, dont beaucoup auront deviné l’identité mais peut-être pas les motivations. Malgré un script convenu et quelques mollesses au milieu de l’affaire – c’est un film et non pas un épisode normal –, Fatal Flaw est intéressant à plus d’un titre, à commencer par le fait qu’il constitue la dernière apparition de Telly Savalas en Kojak, qui réussit toujours à nous divertir avec sa performance affûtée. « The way I understand the legends are long dead and gone. »
3. DES FLEURS POUR MATTY Kojak ne croit pas un instant que son ami et collègue Ed Mattingly ait été tué pour avoir trempé dans une affaire douteuse. Afin de rétablir l’honneur du policier, Kojak va démêler les ramifications d’un complot impliquant des voleurs d’œuvres d’art, des trafiquants d’armes et l’IRA.
L’inspecteur Kojak veut mettre la main sur l’assassin de son ami Mattingly, mais il est dessaisi de l’enquête qui est confiée au lieutenant Conner de l’Internal Affairs Bureau (l’équivalent de la police des polices). Kojak continue néanmoins les investigations pour blanchir Mattingly afin que celui-ci ait les honneurs appropriés à ses funérailles. Il tente de savoir pourquoi le tueur a pris le soin d’emporter les douilles et qui était la cible du contrat du double meurtre au restaurant. Officiellement chargé de résoudre une série de vols d’œuvres d’art, l’inspecteur va progressivement s’apercevoir que les deux affaires sont liées. L’intérêt que portait le policier abattu peu avant son décès à l’art et aux expositions intrigue Kojak, qui se lance à la recherche des effets personnels de Mattingly étrangement subtilisés par Conner, principalement un mystérieux calepin. Le détective Blake apporte à Kojak la preuve que Conner est pourri jusqu’à la moelle au moment où celui-ci se fait abattre. L’affaire prend alors une autre tournure et tous les protagonistes deviennent suspects à commencer par l’énigmatique Molly dont le comportement est ambigu. Le film met en relief l’histoire intrigante de Garret Fitzsimons (Donald Moffat), un riche homme d'affaires philanthrope d'origine irlandaise, qui devient impliqué dans un complot machiavélique ourdi par des rebelles irlandais désireux d'acheter de puissantes armes expérimentales de l’armée avec l’argent des œuvres d’art dérobées. Sa fille, Molly (Glynnis O'Connor), noue une étrange amitié, quasi-romantique, avec Kojak, qui pourrait être, au moins, son père de substitution ! Mais, après tout, c’est la jeune femme qui met le grappin sur l’inspecteur allant jusqu’à le suivre sur la scène du double crime. Le film entretient le suspense grâce à un scénario bien cloisonné. La mort de Conner relance l’affaire et l’enquête dans la seconde partie se base sur le calepin récupéré dans le coffre de la voiture du ripou. Il révèle l’adresse d’un pub que Mattingly avait répertorié, ce qui va faire progresser considérablement les investigations. Les tableaux de Mattingly parachèveront le tout et permettront d’identifier la galerie d’art, lieu du recel, et d’y trouver un vase inestimable qui crachera une partie de la vérité aux enquêteurs. Vols, meurtres et corruption sont en toile de fond de la relation Molly/Kojak et l’inspecteur a besoin de la jolie jeune femme pour faire aboutir son enquête et remonter à la cache de munitions connue seulement de son père, qui est finalement naïf et dépassé par la tournure des évènements. La persuader prend du temps et procure quelques longueurs au film ; néanmoins, l’ensemble reste toujours plaisant à regarder. S’appuyant sur un casting solide qui comprend des acteurs confirmés comme Barbara Barrie, dans le rôle de la veuve, et Tom Atkins (Conner), sans oublier Kitty Carlisle, très connue aux USA, dans un caméo, le metteur en scène Paul Krasny ménage le suspense et empêche le téléspectateur de deviner la vérité trop tôt grâce à une réalisation ingénieuse et habile. Les séquences s’entrecoupent judicieusement telle l’entame avec la réception à laquelle assiste Kojak et l’arrivée de Matty et la fusillade au restaurant chinois. La meilleure scène du film est bâtie similairement : la conversation téléphonique - Kojak révèle à Morris que Conner est corrompu - entretient le doute sur la cible que le tueur s’apprête à abattre pendant de longs moments. Lorsque Kojak regarde par la fenêtre, Sands arme et le suspense est alors à son comble. C’est extrêmement bien pensé et réalisé. Quelques passages du long métrage, apparemment secondaires, constituent d’excellents repères, car l’interprétation y est toujours convaincante, telles les visites de Kojak et de l’aumônier à la veuve et de l’inspecteur et Blake chez Lan, témoin du double meurtre. C’est également le cas quand Kojak se rend au bureau des effets consignés et qu’il s’entretient avec l’armurier. Le final lorsque l’inspecteur menace Sands est, bien entendu, un moment fort du film. Parmi la distribution impeccable, l’audience est attirée par Glynnis O’Connor à la carrière injustement trop creuse et Richard Lynch, toujours excellent en tueur infâme. Un suspense entretenu, une intrigue solide, la prestance de Savalas/Kojak, l’impeccable jeu des seconds rôles - l’humour de Blake est bien plus ajusté que celui de Crocker en son temps - font de ce film un excellent divertissement, qui, sans faire oublier la série, permet aux fans d’assister à une sorte de canonisation de leur héro. ‘Save it for the bastard who killed him’.
4. LA MORT D'UN CLOCHARD Lors d’une enquête qui établit des liens entre un haut fonctionnaire et des tueurs colombiens, le détective Winston Blake est victime d’une machination et accusé de meurtre. Crocker, assistant du District Attorney, est chargé de l’instruction.
C’est totalement par hasard que l’inspecteur Kojak se retrouve plongé dans cette enquête palpitante. La mort d’un clochard - le titre français est plus subjectif que l’original - connu de Kojak pousse l’ami du défunt à contacter le policier. Il a été témoin du meurtre de son pote qui tentait de négocier des bons au porteur trouvés à l’intérieur d’une sacoche d’un coursier renversé. Deux tueurs hispaniques ont roulé sur Bunky et la serviette fut remise à un homme dans une voiture à plaques officielles. Ces renseignements orientent l’enquête vers Schoenbrun, un haut fonctionnaire, qui prend peur (Kojak: ‘Schoenbrun hit the panic button’) et les deux assassins sont liquidés. Le fonctionnaire subit le même sort sur un banc d’un parc et Kojak apprend que les tueurs font partie du cartel de drogue colombien. Afin de stopper la progression des investigations de l’inspecteur, un coup monté est organisé. Winston Blake est accusé du meurtre d’une call-girl retrouvée dans son lit, mais le détective, en liberté sous caution, découvre que Wainwright, le magnat de l’hôtellerie, est l’instigateur de la machination. Il transmet le renseignement à Crocker, l’assistant du D.A. qui se retrouve dans une position délicate car il est le futur gendre de Wainwright. Celui-ci a moins d’état d’âme que Crocker car des tueurs sont prêts à se débarrasser de l’homme de loi dans l’enceinte de la propriété du ponte de l’immobilier.
Comme Fatal Flaw, c’est de nouveau Richard Compton qui réalise cet excellent thriller qui marque le retour de Kevin Dobson dans le rôle de Bobby Crocker. C’est la grosse attraction du film. Son entrée s’effectue dès la seconde scène avec un long plaidoyer magistral contre un propriétaire négligent. L’ancien détective, toujours arrogant et sûr de lui, a gravi les échelons professionnellement en étant assistant du District Attorney et il est un sérieux candidat pour devenir le prochain procureur de New York. Il est également sur le point d’épouser Stacy, la ravissante fille de Wainwright, un riche entrepreneur, propriétaire de plusieurs grands hôtels. Il n’y a qu’une seule ombre au tableau : il semblerait que Wainwright ait des relations avec le cartel de la drogue colombien et les criminels, conscients du danger que représente Kojak, envoient un message au policier…par l’intermédiaire de Blake. C’est la seule incongruité du scénario : pourquoi les tueurs ne liquident-t-ils pas Kojak tout simplement ? Même si Kojak donne la réponse stipulant qu’on ne peut tuer un inspecteur sans soulever beaucoup d’effervescences. Crocker est perturbé et perd de son aplomb après les révélations de Blake et Kevin Dobson rend son personnage plus vulnérable. En fait, avec ce rôle, il montre une palette de jeu qu’il n’avait pas eu besoin d’employer en étant simple détective dans la série et il fait un peu penser à Keller/Douglas des Rues de San Francisco, alors qu’il en était très loin durant les cinq saisons de la série. Parmi les meilleurs passages, il y a le déjeuner à trois en début de film, où Crocker sermonne Blake sur ses relations passées qui ont fait capoter une affaire (‘You failed to do your homework’). L’inspecteur Kojak est en retrait et assiste en spectateur à la confrontation verbale entre ses deux bras droits, l’ancien et le nouveau. Il jette un sourire amusé aux convives curieux qui écoutent l’échange. Un somptueux moment et on constate que Savalas a dû être enchanté que Dobson participe à l’épisode. Vers le milieu du film, il y a une seconde (longue) confrontation Crocker/Blake sur un terrain de basket. Là aussi, Kojak est spectateur. Il y a une sorte de rivalité entre les deux hommes soulignée lorsque Kojak fait la morale à Blake à la sortie du tribunal. Le détective reconnaît que ce n’est pas facile d’accepter des faveurs de Crocker. Le clash de l’assistant D.A. avec Wainwright est également un moment fort du film. L’audience se rend compte que Wainwright n’a pas toutes les cartes en main et que Guzman, son créancier, a le dernier mot car il finance le projet par ses trafics (la scène du sauna, ‘Each man kills the things he loves’). L’enveloppe de bons au porteur était en fait destinée à remercier Schoenbrun pour son changement de vote sur un projet immobilier. De son côté, l’inspecteur est persuadé que l’assassinat de Bunky et le coup monté sur Blake sont liés. Guzman est donc le véritable cerveau de l’affaire et cela est révélé dès le milieu du film lors de sa visite aux tueurs pour l’élaboration du plan anti-Kojak (passage en espagnol sous-titré). L’inspecteur n’est pas dupe et considère le bon psychiatre comme le suspect principal à la fin de la visite à son cabinet. Il est en effet la dernière personne à avoir parlé au téléphone à Schoenbrun, un de ses patients. Sa nationalité colombienne, la même que celle des tueurs abattus, ne peut être qu’une simple coïncidence pour le policier. Plus tard, Crocker apprend que Wainwright est aussi un patient de Guzman : la boucle est bouclée.
Le film présente toutes les caractéristiques de cette ultime saison : une interprétation irréprochable, une intrigue solide, des extérieurs new yorkais somptueux et une excellente musique. Comme le film précédent, It’s Always Something peut être scindé en deux parties. Le meurtre du clochard s’embraye sur une investigation plus complexe dans le domaine financier assez rébarbatif. Le suspense ne se relâche pas, même si le dénouement – que je ne dévoile pas – est quelque peu prévisible.
‘The why? I’m the why; those Columbians! This is their way of telling me you’d better go into early retirement.’
Après l’assassinat d’un comptable dans un restaurant, l’inspecteur Kojak doit retrouver l’unique témoin et s’intéresser à un gangster notoire et à un businessman âgé en chaise roulante marié à une jolie jeune femme énigmatique.
Une pluie diluvienne force une jeune femme à se réfugier dans un restaurant italien et elle assiste, dissimulée dans le coin téléphone, à l’assassinat du dernier convive de la salle. Il n’y a aucun doute que la victime faisait l’objet d’un contrat. Les lieux appartiennent au beau-frère de l’insaisissable gangster Tony Salducci et Kojak ne croit pas que cela soit le fruit du hasard. Blake est chargé de retrouver Angelina, le témoin, tandis que l’inspecteur rend visite à la famille Hogarth (pour qui le comptable travaillait) et au truand Salducci. Gideon Hogarth, cloué sur un fauteuil, est un businessman aisé, propriétaire de grands magasins, et son épouse Michele, qui parait bien trop jeune pour lui, attise les interrogations. Les enfants du magnat, Paul et Debbie, ont-ils un rôle particulier dans l’histoire? L’affaire va se révéler tortueuse et Kojak ira de rebondissement en rebondissement pour mettre la main sur le tueur, pendant qu’un autre drame se joue. L’inspecteur aura en définitive deux assassins sur les bras.
Le style ‘film noir’ s’impose dans cette ultime enquête de Kojak, le célèbre flic chauve – sans sucette pour cette saison - qui nous aura enchantés pendant dix-sept ans. L’atmosphère lugubre est palpable dès le début avec les trombes d’eau dans une nuit inhospitalière. La préparation du meurtre et l’exécution à la fermeture des lieux sont superbement bien filmées et transmettent ce cachet ‘film noir’, qui est dû à l’impeccable travail de photographie de Geoffrey Erb.
Les meilleures séquences sont la longue filature de Blake et Constanza qui prennent en chasse Lorraine Ortega, la colocataire, qui les mène à l’impétueuse Angelina. Coincée sur le toit de l’hôtel miteux dans lequel elle s’est réfugiée, elle reste silencieuse sur ce qu’elle a vu, étant même revendicative envers l’inspecteur lors du passage du salon de coiffure. Elle perdra de sa splendeur après le clou du film : l’assassinat de Lorraine dans une superbe scène hitchcockienne de meurtre sous la douche, la couleur en plus, avec le sang qui s’évacue dans le siphon. Cela poussera Angelina à dresser un portrait-robot qui coïncidera avec le tueur Dutchman, qui rend visite à Salducci. Il ne restera plus qu’à lui tendre un piège.
Un des points négatifs est la réapparition de la journaliste Trish, pas vue depuis le premier film Ariana. Maitresse épisodique de Blake, elle vend la mèche à la une de son journal, ce qui enrage Kojak qui s’étonne que Blake ait pu faire confiance à une journaliste ; au passage, toute la profession en prend un petit coup (A word of a reporter ?), mais l’inspecteur, subtil et roublard, saura utiliser la presse pour servir son enquête.
Les personnages sont excellemment interprétés jusque dans la moindre apparition : le couple Hogarth et les deux grands enfants aux dents longues, le gangster épicurien ainsi que le tueur méticuleux qui essuie les taches de sang sur ses chaussures après avoir exécuté son contrat. Rip Torn personnalise un excellent magnat et Margaret Whitton sied parfaitement à ce rôle d’épouse dont les intentions paraissent troubles, surtout aux yeux de Kojak qui la croit coupable de quelque chose, sans savoir de quoi exactement ! Blake est un peu en retrait mais ses apparitions donnent quelques pointes d’humour comme dans le magasin de vêtements hors de prix que fréquente Salducci. Marcia Gay Harden est le témoin effronté qui avec l’aide de sa coloc Lorraine - il y a des airs de L World entre les deux copines - mène Blake en bourrique. Quant à la fille de Plummer, Amanda, on se demande si Phyllis (ah, le jeu de mots inévitable) est consciente du jeu dangereux dans lequel elle est embrigadée. Son meurtre est une affaire bien plus familiale que la vendetta de gangsters.
Jack Laird est le scénariste et on reconnaît le Kojak de la série ; le policier monopolise le temps de présence à l’écran et les gestes typiques du personnage réapparaissent une dernière fois, telles les petites claques sur les joues des truands interrogés. Savalas est génial, tout simplement ! Enrhumé – sûrement l’est-il réellement -, il passe la plupart du film le mouchoir à la main en s’y accommodant par quelques réparties ‘kojakiennes’. Les répliques rappellent celles entendues dans la série, comme lors de l’entretien avec Salducci à la concession automobile. Sans oublier la scène où l’inspecteur laisse le prisonnier blessé debout alors qu’il mange goulûment puis il finit par le bluffer et lui faire avouer ses liens avec Salducci. Un modèle de cynisme. Une des meilleures sorties de Kojak se situe à l’arrestation du gangster qu’il trouve en compagnie d’une très jeune et jolie femme blonde : ‘Who’s that? Your niece?’, puis au détective qui l’accompagne : ‘Blake, read the cockroaches Miranda!’
Les arrestations par le FBI de Goodrich, un truand ami de Salducci, mais aussi une connaissance d’Hogarth, puis de Michele font penser à un informateur interne. Finalement, dans cet imbroglio, deux amants avaient décidé de se débarrasser de Michele, la belle-mère – avec le silence complice de Debbie – afin de s’approprier les rênes de l’entreprise aux côtés du ponte. Un meurtre au passage n’effrayait en aucun cas Paul, fils tête à claques et manipulateur, alors que Phylis craquait. Pour sa part, Kojak avait saisi l’occasion pour mettre le grappin sur Salducci en utilisant l’infortunée Michele Hogarth. Même Gideon n’est pas blanc comme la neige qui tombe dans la scène finale car il avoue à Kojak avoir contacté Salducci pour effrayer le comptable inquisiteur et gênant.
Il y a peu de temps mort et les quelques bavardages – Kojak et Gideon Hogarth au solarium– ne sont pas rébarbatifs et ils s’insèrent dans l’ensemble. Les deux affaires se rejoignent tant bien que mal dans les dernières minutes du film et le suspense est préservé jusqu’à l’ultime instant.
C’est avec ce cinquième et dernier film de ce qui est appelé la sixième saison que Kojak tire sa révérence. La série policière eut un excellent prolongement avec les sept films – deux furent tournés dans les années 80 – qui sont tous intéressants. Comme Kojak, je tire ma révérence pour les chroniques de séries mais je continuerai à faire connaître ces séries uniques et inégalables qui ont marqué l’histoire de la télévision par leur originalité et leur qualité.
‘You should have left the photograph. If you had, I wouldn’t have given a second thought’.
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