Open menu

Volume 1Présentation

Le Baron

Volume 2


16. ÉTRANGE CROISIÈRE
(STORM WARNING)

Critique :

Le second coffret s’ouvre sur un épisode en deux parties et, contrairement à celui du premier volume, la diffusion française a suivi l’exemple britannique et les a titrées différemment.

Au port de Macao - à l’époque une colonie portugaise -, le Baron et Cordelia surveillent l’embarquement de caisses pour l’entrepôt londonien mais une manque à l’appel. Alors que Mannering retourne vérifier en ville, Cordelia monte à bord d’un navire en partance et elle est témoin d’un meurtre avant de s’évanouir. A son réveil, le capitaine du bateau tente de la convaincre qu’elle s’est méprise mais, devant l’obstination de la jeune femme, il la neutralise et l’enferme dans une cabine. Le Baron s’enquiert de sa disparition et il se glisse dans l’embarcation à la levée de l’ancre après qu’il ait découvert que son assistante est effectivement à bord. Mais quelle est cette ‘piece of history’, ce secret que le capitaine promet à Miss Winfield ? Et pourquoi cacher du matériel informatique dans des cartons de chips aux crevettes ?

Ces épisodes en deux parties qui se passent sur un rafiot étaient un peu la marque de fabrique des studios ITV de l’époque. Je me souviens d’une aventure de L’homme à la valise – aussi sortie en film – dans laquelle McGill prend un bateau pour rejoindre le Portugal. Cela ne coûte pas cher car tout est tourné en studio avec l’ajout de quelques images du coin en inserts. Ceci écrit, les résultats s’avèrent très honorables : Variation on a Million Bucks et Storm Warning sont d’excellents épisodes avec de nombreux revirements de situation, même si un sentiment d’huis-clos transpire. On ne s’ennuie pas ici avec quelques surprises, tels la présence de l’agent de la CIA infiltré et l’enfumage de la salle de radio transmissions. Comme Masquerade, le suspense est à son paroxysme dans la première partie car le capitaine garde secret le but de sa mission jusqu’aux ultimes secondes de l’opus.

Alors que l’ex agent Cordelia Winfield devient une assistante de boutique d’antiquités efficace – elle remarque les deux caisses manquantes -, le comportement de John Mannering fait plus penser à un agent secret qu’à un négociant d’œuvres d’art. C’est sûrement le gros reproche qu’on peut faire aux scénaristes de la série. Cordelia/ Sue Lloyd arpente les ponts du bateau (avec toujours son sac à main noir au bras) vêtue d’une robe pas glamour à l’aspect bon marché, mais l’actrice est néanmoins très sexy, dans cette tenue moulante à souhait qui met en valeur ses jolies jambes. La façon de perdre connaissance à la vue d’un couteau n’est définitivement pas avengeresque (honte à Terry Nation, le scénariste), mais elle est obstinée et toujours pleine d’humour et ça compense, bien qu’elle soit deux fois saucissonnée telle une dinde de Noël prête à être mise au four ! Evidemment, une jolie femme sur un bateau au milieu de la mer attise les convoitises comme le prouve la scène dans la salle de radio (« It’s very nice to have a pretty girl on board »).

Les meilleurs passages sont l’intrusion de Cordelia sur le navire et la tentative du capitaine de la prendre pour une hystérique (« See a doctor, have a rest »), la pièce de monnaie qui permet au Baron de quitter le local réfrigéré (est-ce vraiment possible de faire sauter les plombs en bloquant le culot de l’ampoule ? ), les retrouvailles sur le bateau Mannering/Cordelia (à la demi-heure) et la fusillade – le moment fort de la partie - durant laquelle le Baron manie avec perfection la mitraillette (curieux pour un marchant d’arts !).

Le calme du capitaine en fait un vilain très crédible (Reginald Marsh, le docteur de Quelqu'un dans mon genre d’Amicalement vôtre). Le marin qui tente d’abuser de Cordelia est joué par Dudley Sutton, alors au début de sa longue carrière. L’agent de la CIA est John Woodvine, quatre participations aux Avengers dont Cœur à cœur, tandis que Derek Newark, le tueur, est un habitué des rôles de ce genre que cela soit dans Chapeau melon et bottes de cuirBons baisers de Vénus entre autres – L’homme à la valise, Amicalement vôtre et il est aussi le complice de Patrick Allen dans un excellent épisode du premier coffret, Les rapaces.

L’intrigue rappelle le premier James Bond, Dr No, car le détournement d’une capsule américaine est envisagé à son retour sur terre afin qu’une puissance adverse puisse prendre possession des recherches spatiales américaines. En pleine guerre froide, le capitaine du bateau est soupçonné de comploter avec la ‘Chine communiste’ et Mannering se retrouve par le hasard d’une caisse disparue être le seul rempart pour empêcher ce désastre. 

Retour à l'index


17. UNE ÎLE
(THE ISLAND)

Critique :

Mystery Island est le titre du film confectionné avec cet épisode en deux parties ; un procédé répandu à l’époque. Comme pour le premier double, le suspense de l’aventure est essentiellement concentré sur la première partie. Lors des ultimes instants d’Etrange croisière, le téléspectateur connaît tout du plan qui consiste à saboter une mission spatiale américaine en détournant une capsule qui rentre sur Terre afin de la vendre à une puissance ennemie. Une île est axé sur l’évasion des héros et la poursuite qui s’ensuit sur une île inhospitalière.

Enfermés dans une cabine, Mannering résume la situation à son assistante en lui précisant qu’ils vont se débarrasser d’eux : « They have no alternative ». Lorsque les recherches forcent le capitaine à laisser le Baron parler à la radio de bord, Mannering glisse un indice : on apprend ainsi qu’il possède des boutiques à Londres, Paris, Boston mais pas Madrid ! Au quart d’heure, l’évasion ‘vaseuse’ des deux héros - remarquez le petit coup de pied dans la porte sans conviction de Sue Lloyd– permet de relancer l’aventure qui devenait un tantinet poussive et bavarde. Cordelia surveille, attache le prisonnier, grimace lors d’échanges de coups de poings et elle est paniquée à l’idée de rejoindre l’île à la nage. Une Miss Winfield très humaine, à l’opposé d’héroïnes invincibles et parfois peu crédibles, qui n’abuse pas de toilettes, avec une seule robe pour cette double aventure, scénario oblige. Tel Mannering, on a envie de protéger Cordelia, pieds nus, trempée et épuisée sur l’île…Se prenant pour le chaperon rouge, elle perd une boucle d’oreille mais Miss Winfield se rattrape par quelques astuces et de l’humour (« Yes, I thought so, too »). Et puis, lors de la diversion, elle se sert aussi bien d’une mitraillette que Tara King ou Emma Peel !

Le suspense est bien moindre dans ce second opus, surtout qu’on sait que les secours sont sur la piste de l’embarcation assez tôt. Si l’ensemble est néanmoins plaisant à suivre, le téléspectateur remarque cinquante ans après le tournage l’abus d’inserts qui est particulièrement frappant et parfois dérangeant. Plus l’insert est court, mieux c’est, mais c’est tout le contraire ici car rien ne nous est épargné : les lancements de fusées, des avions de chasse, un porte-avions, une ile tropicale, des singes, la mer, des couchers de soleil…A cela, on ajoute le fameux système de projection d’images très utilisé dans les séries de l’époque, qui s’avère être une véritable catastrophe dans The Island. Mannering et Cordelia s’échappent du navire et utilisent une chaloupe pour atteindre l’île. L’embarcation - comme celle des poursuivants -  tangue exagérément pour suggérer l’océan mais la véracité fait rapidement place à l’effroi pour un téléspectateur actuel. Du studio comme rarement vu pendant cinq longues minutes. La brume qui sert de cache misère ne fait que couler le procédé un peu plus, sans jeu de mots. C’est à flinguer n’importe quel scénario intéressant.  Quant à l’île, ce n’est guère plus reluisant avec quelques vues d’extérieur noyées dans la jungle d’un studio.

Le repaire des cerveaux de l’opération, taillé dans la roche (du studio), renvoie vaguement à la tanière de Dr No car l’intrigue est finalement assez proche. Parmi la distribution, Mr Baggio, Derek Newark en gros méchant, sort du lot. J’aime particulièrement le coup théâtral de l’arrivée de la cavalerie au secours de Cordelia et ces fusillades à la mitraillette très Avengeresques, sans aucune tache de sang. 

Retour à l'index


18. LE TRÉSOR DANS LA MONTAGNE
(A MEMORY OF EVIL)

Critique :

Voilà une aventure prometteuse, typique de la série, ponctuée de hauts et de bas. Certes, l’intrigue est intéressante et captivante mais certaines incohérences donnent une impression d’ensemble très mitigée.

Le Baron se retrouve plongé dans une chasse au trésor nazi après l’assassinat d’une vieille connaissance. Nicola Holz, la fille de la victime, se déplace à la boutique londonienne de Mannering pour lui confier un aigle en or qui provient du butin. Suivie, la jeune femme est enlevée avant que l’aventurier ne puisse la rencontrer. Lors du kidnapping, Nikki a laissé tomber son sac qui contient l’objet, ce qui permet au Baron de se rendre en Autriche sur la piste des nazis.

La fragilité du scénario est perceptible sans que le téléspectateur ait besoin de s’armer d’un bloc-notes pour traquer les imperfections. Nikki, la petite blondinette, a la fâcheuse habitude de lâcher tout ce qu’elle tient, histoire de faciliter le pistage (sac, mouchoir). Admettons qu’elle soit un peu maladroite, mais que dire de l’ascension dans les alpes autrichiennes. Cela ne parait pas trop perturber notre antiquaire qui part, avec un guide, à l’assaut du sommet alors qu’il est stipulé dans le déroulé de l’histoire que la nuit va tomber (le frère de Nikki) et qu’il faut deux heures pour y arriver (le guide de haute montagne).

Parmi les passages intéressants, la séquence pré-générique explique clairement aux téléspectateurs la situation, avec le premier plan du télescope sur le massif qui donne un petit air hitchcockien. Evidemment, la montagne n’est pas naturelle (rien à voir avec les somptueux paysages de La sanction d’Eastwood) et le fameux aigle fait inévitablement penser au « drôle d’oiseau » de Wilde et Sinclair. A ce sujet, je suis presque certain que le décor est le même que celui de l’alpiniste du Vengeur volant (cinquième saison de Chapeau melon et bottes de cuir). Le clou de l’opus est la séquence au stand de tir avec Mannering et ‘Temp’ – la dernière apparition du chef des services secrets. Le Baron se prend pour un tireur d’élite et la réplique de Cordelia à son arrivée est en plein dans le mille : « Not bad shooting for a simple antique dealer ! ». Le passage à l’hôtel Shalimar divertit, la Mercedes à la poursuite du Baron (« Finish him ») emballe mais après une grosse vingtaine de minutes, on se retrouve à Innsbruck, et les paysages tyroliens se prêtent beaucoup moins au studio que les ruelles embrumées londoniennes. En fait, les vingt dernières minutes se passent dans la roche-studio des montagnes, une économie de la production à laquelle Dennis Spooner - le scénariste - s’est plié et tant pis pour les invraisemblances. Ainsi, pourquoi Mannering ne mitraille-t-il pas toute la clique au lieu de tirer sur les lampes, ce qui aurait nettoyé l’opposition ? La réponse est simple : il restait encore treize minutes…et le sacrifice du guide et une sortie obstruée furent privilégiés. 

L’interprétation n’est pas inoubliable ; le frère boiteux à l’hideux pullover est complètement transparent bien qu’il soit censé être un des deux méchants de l’opus. Robert Hardy en chef nazi retient l’attention mais Edwin Richfield, le guide qui devient l’allié de Mannering, est le plus convaincant de l’épisode. Quant à Sue/Cordelia, elle est trop sage, aussi bien en robe à deux tons très classe que dans un manteau léopard qui ferait hurler tous les défenseurs de pauvres bêtes à poils. Malheureusement, elle ne prend pas part à la fin de l’aventure, mais, au crédit du scénariste, on ne l’imagine pas faire la grimpette. Miss Holz, coiffée dans la première partie d’un horrible galurin noir, est le personnage féminin de l’histoire bien qu’elle ne fasse pas d’ombre à Cordelia ; la seule scène commune à la boutique nous en convainc sans difficulté. A noter la bonne réalisation de Don Chaffey (le verrou de la porte calqué sur la culasse de l’arme par exemple).

Après la guerre, « Captain » Mannering avait participé au recouvrement des œuvres pillées et cette aventure est une réminiscence du passé du personnage. Une grande partie du butin – il existe encore de nos jours une légende tenace au sujet d’un trésor analogue - avait été planquée dans une mine de sel et servait de financement à un nouveau parti fasciste en Autriche. Ces chasses au trésor nazi sont monnaie courante – sans jeu de mots – dans les séries des années 60 et 70 et celle-ci se situe dans la bonne moyenne. 

Retour à l'index


19. LE BARON JOUE ET GAGNE
(YOU CAN’T WIN THEM ALL)

Critique :

Le Baron apprend que trois petites icônes russes inestimables du douzième siècle, qu’il avait vendues à une galerie, ont été remplacées par des imitations et il organise une partie de poker avec le cerveau de l’opération afin de récupérer les œuvres d’art.

L’implication de Mannering dans l’aventure s’effectue par l’intermédiaire d’Osbourne, un escroc à la petite semaine, qui a réussi à dérober les icônes à Sefton Folkard, un gangster, propriétaire d’un club de jeux. Pour éviter un sort radical, il se rend à la police se croyant en sécurité, enfermé entre les quatre murs d’une prison (en fait, l’hôpital Shenley). C’est sans compter sur les complicités du truand, qui a déjà corrompu le directeur de la galerie Kemston ; les extérieurs du musée sont les murs de l’ambassade philippine. Osbourne est – comme prévu – liquidé, mais la clé de consigne récupérée permet au Baron de localiser les images pieuses. Rusé, Folkard a tout envisagé et roule Mannering, qui n’a pas d’autre choix que de jouer une fortune au poker pour piéger le truand.

C’est l’intrigue imprévisible et la longue partie de cartes à suspense qui donnent à cet épisode une touche particulière dans la série. De nombreux personnages bien interprétés  agrémentent également cette histoire distrayante.

Les trois passages qui distinguent cet opus sont mémorables. Commençons, sans ordre chronologique, par la séquence à Waterloo Station près des consignes qui démontre que l’adversaire est à prendre au sérieux. Tour à tour, Cordelia et Mannering se font piéger par une femme attirante et énigmatique qui ne prononce pas un mot de tout l’épisode. On redoute un instant que Miss Winfield se fasse enlever et qu’on assiste à un énième chantage à l’adresse du Baron. Il n’en est rien et la séquence est finement montée. Quant à la longue partie de cartes, elle rentre dans les best-off de la série avec une tricherie qui n’est pas sans rappeler Goldfinger, sauf qu’ici, le complice n’a pas de jumelle et n’a rien de la belle Masterson. D’ailleurs, on regrette que le rôle ne soit pas tenu par cette brune de la gare aux charmes indéniables, dévoilés lors de la séquence pré-générique où, nue sous une (petite) serviette, elle se bronze à la lampe. Dans ce même passage, très avengeresque, le méchant joue seul aux cartes assis sur un fauteuil qui masque son visage, une bouteille de champagne à portée de main. C’est d’ailleurs de ce noble breuvage que Folkard arrose ensuite le petit voleur pour qu’il retrouve ses esprits.

Cette partie de cartes au Peerage Club mérite qu’on s’y attarde, surtout qu’elle occupe presque la moitié de l’épisode, préparation comprise. Le Baron lance un défi à Folkard et se rend au club avec une mallette contenant 100 000 £ en coupure de dix (une somme astronomique déjà à l’époque). Il compte sur la vanité du truand pour qu’il se découvre et qu’il morde à l’hameçon. Un tel final fait inévitablement penser à la partie de poker de Casino Royale, en plus modeste évidemment. Un bras de fer épique où le truand est certain de triompher alors que le téléspectateur est convaincu du contraire bien qu’il ne sache pas jusqu’aux ultimes instants comment le Baron va s’y prendre. La ruse du porte-cigarette donne l’illusion et je vous laisse voir comment Mannering monte les enchères et transforme un deux de trèfle en un roi de pique…

Peter Bowles est le curateur du musée, qui subit le chantage de Folkard à qui il doit une dette de jeu considérable. C’est la deuxième participation de l’acteur à la série mais celle-ci est loin de ses prestations avengeresques. Lors de la seconde confrontation avec le Baron, il lâche d’ailleurs facilement le morceau sans convaincre. Sam Wanamaker est un méchant distingué aux goûts raffinés particulièrement incisif. Reginald Marsh est le chef inspecteur Filmer peu de temps après avoir été le capitaine du bateau du double épisode (en ordre de diffusion). Il n’aime pas les amateurs qui se mêlent aux histoires policières ; une formule qui rappelle quelque chose ! Quant à Osbourne, c’est John Cater (Jarvis dans Mort en magasin).

Sue Lloyd est ravissante et pimpante – comme toujours me direz-vous - dans cette aventure et elle est de surcroit habillée à la mode Avengers, particulièrement dans ce superbe imperméable zébré qui lui va à ravir (et que lui chaparde la mystérieuse créature à la gare). Miss Winfield s’approprie également les répliques humoristiques de l’épisode ; lorsque le Baron lui demande si le vêtement est nouveau, elle répond : « Do you think I buy second-hand clothes? » et plus tard, au club : « Hmm, nice. Free drinks, I like it ». A noter que Mannering fixe le rendez-vous à Cordelia à sept heures à Waterloo Station alors que l’horloge indique 10h45 à son arrivée ! Pas étonnant qu’elle doive attendre, mais ne chipotons pas : l’aventure est captivante. 

Retour à l'index


20. CHIMÈRE ET MALÉFICES
(THE HIGH TERRACE)

Critique :

C’est sûrement le plus faible épisode que j’ai vu de cette série pour l’instant. Malgré une entame prometteuse, l’intrigue et la réalisation sont poussives et incitent à la somnolence.

En enquêtant sur la disparition d’une riche cliente, le Baron pénètre une étrange secte dont le but est d’extorquer sous l’effet de la drogue les crétins qui lui font confiance. Rien d’original.

En fait, la meilleure séquence est le pré-générique. Particulièrement réussi dans sa conception (caméra sur le bateau puis le pont et enfin la voiture blanche), on peut aller jusqu’à évoquer une touche avengeresque à la vue du pont pratiquement désert au moment où la désespérée va sauter dans la Tamise (de Southwark Bridge). Les fans de Chapeau melon auront immédiatement reconnu Jan Holden (Ruth Boardman de Meurtre par téléphone) dans un rôle similaire de femme cupide et manipulatrice. En effet, elle plonge mais c’est le corps d’une autre qui est repêché ! L’actrice est par contre plus terne lors de cette aventure et on a même l’impression qu’elle se demande ce qu’elle vient y faire. L’amertume du téléspectateur est indéniable car ce hors-d’œuvre appétissant sera suivi rapidement d’une bouillie indigeste.

Mannering et Cordelia se rendent au domicile d’une cliente pour un lot de Médicis mais l’appartement est inoccupé et un individu suspect prend la fuite à leur arrivée. Une photographie trouvée sur place – quel hasard ! – renvoie au supposé suicide commis deux mois plus tôt. Y-a-t-il un lien entre les deux disparitions ?

A partir de là (10 minutes), c’est ridicule et ennuyeux. L’enquête mène Mannering à l’excentrique époux de la disparue ; il fallait trouver cette scène du gros ventre où la graisse tressaute au rythme d’une ceinture en caoutchouc (ça fait même penser à quelque chose de bien salace !). Et que dire de la fastidieuse et interminable réunion de voyance chez une certaine Madame Bregonzi ! Grâce à un petit indice, Mannering se rend à l’Ordre des Sept Etoiles…. tout un programme là encore où de longues scènes bouche-trous insupportent.

Après le pré-générique, on peut passer à l’épisode suivant à moins de s’intéresser aux toilettes de Miss Lloyd, toutes élégantes excepté l’ensemble fleuri. 

Retour à l'index


21. LES SEPT ÉTOILES DE LA NUIT
(THE SEVEN EYES OF NIGHT)

Critique :

Malgré ses précautions, Mannering se fait rouler lors de l’achat d’un collier prestigieux ayant appartenu à l’impératrice Joséphine– les sept étoiles de la nuit. Ce n’est pas avec la riche veuve française qu’il a fait affaire mais Nancy Cummings, son ancienne secrétaire affublée d’une perruque, qui est au cœur d’une machination savamment ourdie. Une usurpation d’identité qui risque de coûter cher au Baron. Il se lance donc sur la piste de la jeune femme, qui s’avère être en fait complètement apeurée et soumise à son impitoyable amant. L’aventurier joue habilement sur ce maillon faible pour arriver à ses fins.

Cet épisode est conçu sans temps mort et bénéficie de multiples rebondissements, même un de trop, ce qui lui fait perdre de la crédibilité (et une botte dans la classification). Cependant, la supercherie n’est pas totalement éclipsée car lorsque le collier est revenu à sa place initiale dans le coffre, il semble évident que la riche Madame Devereaux est au moins complice, ce qui échappe complètement au policier subjugué par ce coup de maitre. Quant au Baron, il est surtout concerné par la perte de 300 000$, qui le motive à suivre la seule piste qu’il possède.  

L’opus est connu de tous les holmésiens pour la présence de Jeremy Brett, en « guest star », considéré par beaucoup – dont moi – comme le meilleur interprète du détective de Sir Conan Doyle. Ici, il personnifie Jeff Walker, la pire crapule qu’on ait pu voir dans la série jusqu’à présent. Il assassine sans état d’âme son complice joué par Christopher Benjamin, moustachu pour l’occasion, que Brett retrouvera dans l’excellent épisode de Sherlock Holmes, L’école du Prieuré, vingt ans plus tard. Ensuite, lorsqu’il se rend compte que Nancy Cummings ne tiendra pas le coup, il élabore sa disparition lors d’une scène prenante et glaçante ; après lui avoir injecté un somnifère, il la place dans la voiture et répond à la question de la naïve demoiselle qui lui demande ce qui va lui arriver : « Don’t you know, kitten ? I’m going to kill you. » Bref, Jeremy Brett vaut le détour à lui seul. Il est impressionnant et il a déjà le regard glacial dans ce rôle de tueur, le même que le célèbre détective deux décennies plus tard.

Cordelia fait son apparition après un gros quart d’heure, lorsque la situation est décantée et que Mannering passe à l’offensive. Elle donne un second souffle à l’aventure. Il  y a un excellent passage de suspense lorsqu’elle fouille l’appartement de Nancy et qu’un individu entre dans la pièce ; cachée derrière le rideau, elle découvre en même temps que nous que c’est le Baron. Une scène très bien pensée : « What are you doing here ? ». Elle parvient aussi à glisser un peu de légèreté (le passage du sandwich) dans cette histoire assez noire. Sue Lloyd n’est pas la seule présence féminine intéressante de l’épisode ; Hilary Tindall fait également une belle prestation de jeune femme nerveuse, effrayée et naïve en robe rouge sexy. Néanmoins, Jeremy Brett en tueur glacial écrase de sa performance un peu tout.

Le final avec la chasse au magot engendre quelques rebondissements superflus. Le scénario laisse à tort sur la touche Miss Winfield et remet en jeu Nancy qui se retrouve prise en otage par Jeff…un peu tiré par les cheveux.

Pour la petite histoire, l’action se déroule en France et c’est suggéré par l’abus de véhicules français - 403 noire, quelques R8 – mais Mannering s’est déplacé sur le continent dans sa Jensen que Cordelia conduit pour la première fois. A noter aussi l’accent prononcé de l’inspecteur qui parle encore plus mal anglais que Poirot, la Villa des Fleurs, résidence de Mme Devereaux, et la Rue du Monde à Paris, qui n’existe d’ailleurs pas.  

Retour à l'index


22. CHANTAGE ET LIBERTÉ
(NIGHT OF THE HUNTER)

Critique :

Sans être une calamité, cet épisode n’est pas une réussite. Il se laisse voir, certes, mais il n’enflamme pas, que cela soit l’intrigue, l’interprétation ou le suspense quasi inexistant.

Mannering et Cordelia sont en villégiature dans un pays qu’on soupçonne fortement d’être la Grèce bien qu’il ne soit pas nommé. Le Baron doit remettre une forte somme d’argent – un demi-million de dollars résultant d’une vente– à l’épouse de l’ex-président que certains partisans viennent de libérer du joug d’un dictateur. Ce dernier fait épier les moindres gestes de l’antiquaire afin de retrouver la trace de la femme, qui a toujours une grande influence dans le pays. Le comportement du Baron est risqué et même inconsidéré mais son plan d’échanger les vêtements entre  Cordelia et la fille rebelle nous gratifie d’une belle poursuite en voiture qui démontre les qualités de conduite sportive de Miss Winfield. La séquence de l’évasion aux sbires du dictateur par les toits est l’autre passage intéressant de l’aventure, qui se terminera – comme convenu – avec tous les protagonistes réunis sur le bateau de l’espoir pour l’acte final.

Les quelques inserts ne permettent pas d’embellir un épisode poussif tourné exclusivement en studio, et le ‘beautiful view’ du Baron en pénétrant dans la chambre d’hôtel prête à sourire ; il s’agit bien entendu d’une peinture, procédé couramment utilisé pour les séries de l’époque. A noter que Mannering et Cordelia descendent dans la même suite mais avec des chambres séparées. Il est également évident que le rendez-vous au milieu de colonnes grecques se passe aux studios Elstree ! C’est d’ailleurs incongru de voir apparaître Cordelia sur les lieux s’inquiétant de la disparition de son patron en robe seyante rose et talons aiguille.  

Reste quelques répliques savoureuses – généralement de Cordelia, comme celle faisant référence à Peeping Tom lorsqu’elle apparaît dans un accoutrement moulant. Malheureusement, Roy Ward Baker n’a pas le même angle de caméra que Peter Graham Scott dans Les aigles des Avengers ! Je passe sur la distribution qui ne mérite pas qu’on s’y attarde. Pour finir, j’ai bien aimé la réplique du Baron, alors qu’il vient de se libérer, à l’adresse des deux jeunes femmes toujours coincées : « What about us ? » « No time now, later »…l’air de dire qu’il n’a pas le temps de s’encombrer de deux boulets ! 

Retour à l'index


23. AU BORD DE LA PEUR
(THE EDGE OF FEAR)

Critique :

Un espion français a placé un micro sur le téléphone de Mannering et le Foreign Office conseille à l’antiquaire de rester hors du coup. Un objet de la plus haute valeur a été dérobé, une pièce tellement unique que personne n’ose évoquer son nom « astonishing, isn’t it ? ».

Cette aventure présente de l’attrait par sa conception et son mystère mais elle pèche néanmoins par des imperfections et des incohérences qui rendent l’ensemble intéressant mais pas transcendant.

Cette œuvre d’art est la célèbre Mona Lisa comme on l’apprend dans l’acte final même si on peut le deviner surtout lorsqu’on sait que le larcin a été effectué durant la rénovation du Louvre. Le vol de l’illustre peinture n’a pas été éventé ce qui oblige les voleurs à avoir recours à un antiquaire afin qu’il certifie l’authenticité à un lord, acheteur potentiel. C’est le côté ingénieux de l’intrigue.

Tout n’est malheureusement pas aussi bien huilé et de nombreux passages sont longs et parfois peu crédibles, comme l’entame et l’arrivée du truand Jordon sur le sol britannique, alors qu’il est soi-disant atteint de typhoïde, et la séquence de l’agent à l’hôpital. De plus, la Joconde est une peinture à l'huile sur panneau de bois de peuplier et voir le Baron la rouler et la cacher tel un vulgaire parchemin a de quoi laisser perplexe tout téléspectateur un tant soit peu connaisseur.

Contrairement à la précédente aventure, la distribution présente de l’intérêt. Willoughby Goddard, qui joue le cerveau de l’affaire au monocle nommé…Colbert, marque les esprits dès son apparition par son duel au vin avec le serveur qui n’est pas sans rappeler celui de Meurtre par téléphone des Avengers et ses pourboires en francs. Justement, les fans de Chapeau melon n’auront aucun mal à reconnaître Gerald Sim du Foreign Office (entre autres Frederick Yuill de Meurtre par téléphone déjà cité mais également ministre dans Le lion et la licorne) et William Franklyn, le truand Jordon (Omrod de La poussière qui tue). Cordelia – superbe dans sa robe aux tons violets - n’a pas grand-chose à faire car le changement de voiture rend le mouchard inopérant.

C’est divertissant mais parfois confus et, surtout, pas crédible pour deux sous. Pour des histoires de vols de la Joconde, je conseillerais plutôt Maille à partir avec les taties des Avengers et les exploits de Sherlock Holmes qui, comme Mannering, a aidé l’Etat français à retrouver la toile dans Le dernier problème

Retour à l'index


24. UN AUSSI LONG VOYAGE
(LONG AGO AND FAR AWAY)

Critique :

Dès la première image et l’inscription  ‘South America’, on peut craindre le pire…Et à peu de choses près, c’est en effet catastrophique. Le scénario est d’une banalité affligeante : un ancien président prépare un coup d’état dans la jungle en y amassant un stock d’armes.

Pourtant, le premier quart d’heure est de bons augures. Envoyée par son patron, Cordelia négocie l’achat de babioles aztèques lorsque le butler est assassiné et le maitre des lieux disparaît.  Miss Winfield a mis son nez là où il ne fallait pas et son entêtement lui attire des ennuis avec des policiers corrompus. Mannering arrive de Los Angeles et enquête donc sur la disparition de son assistante et il prend rapidement la direction de la jungle. A partir de là, c’est de mal en pis.

Il y a seulement quelques passages – et une poignée de réparties - à sauver ; à commencer par le premier plan sur les longues jambes gracieuses de Sue Lloyd et la remarque de l’hôte : « John Mannering is a very lucky man. When I see him next time, I’ll congratulate him on his choice of assistant. » La façon avec laquelle Cordelia – dans un superbe ensemble jaune canari durant tout l’épisode – fracasse la vitre de la porte d’entrée en lançant sa chaussure (pas très Avengeresque mais efficace) et la rencontre de Mannering avec le malotru du bar. A noter aussi l’Anglais qui guide, à contrecœur, le Baron à travers la jungle avec des ‘old boy’ à la pelle. C’est à peu près tout.

Le reste est long, sans étincelle ni suspense, tourné dans une hideuse jungle en studio. L’histoire est inintéressante et, de surcroit, déjà vue dans la plupart des séries. C’est mal filmé, mal joué et facilement oubliable. 

Retour à l'index


25. LE GUERRIER EN BRONZE
(SO DARK THE NIGHT)

Critique :

Après trois épisodes moyens, cette aventure nous réconcilie pleinement avec The Baron dans une histoire mystérieuse, bien interprétée et agrémentée d’un suspense intense.

L’excellent début de So Dark the Night s’apparente à un film de la Hammer ; on aperçoit par une nuit orageuse et venteuse une vieille bâtisse isolée où vivent Carl Grant et sa fille, Joyce. Les lumières vacillent, la musique est angoissante et, très tôt, le téléspectateur a la conviction que la demeure reçoit un visiteur indésirable à la mort mystérieuse du père, dont les dernières paroles : « The warrior » auront de l’importance. Lors d’une séquence suivante, Joyce, seule dans cette maison inhospitalière, n’a que le cercueil de son père comme compagnie et les appels téléphoniques anonymes l’effraient tellement qu’on la retrouve en chemise de nuit errante dans le parc. Cette entame présente toutes les caractéristiques positives des petits films d’horreur britanniques à faible budget de l’époque.  

Mannering et Cordelia sont arrivés dans le village à proximité afin d’évaluer, à la demande du défunt, certaines antiquités. Rapidement, l’aventurier détecte un danger pour Joyce de rester dans cette demeure de mauvaise réputation qui vient d’être fouillée de fond en comble. Miss Winfield reste lui tenir compagnie pendant que Mannering retourne à Londres élucider le mystère Carl Grant. Alors que Cordelia et Joyce forment un charmant et sympathique duo d’enquêtrices, le Baron finit par découvrir que le mort a commis un hold-up il y a plusieurs années et que le butin est toujours introuvable, tandis que son complice est récemment sorti de prison.

Au-delà de l’histoire de bandits et de mystère, l’épisode présente d’autres véritables attraits. Après une entame angoissante, une succession de faits intrigants tient en haleine le téléspectateur jusqu’au dénouement final. Ajouter à cela un déroulé inhabituel qui partage en temps et importance équitables les actions du Baron et de son assistante. Le personnage de Cordelia Winfield s’étoffe ainsi qualitativement pour notre plus grand plaisir. Elle ne se contente pas, lors de cette aventure, de balancer gracieusement quelques vannes caustiques car elle participe réellement à l’action…elle conduit même la Jensen ! Certes, elle n’est pas douée en sports de combat, telle Mrs Peel, et elle se débarrasse du docteur par ruse et ingéniosité, comme on l’avait déjà  constaté dans Time to Kill.

Cordelia Winfield porte de nouveau la robe Wallis violette à bandes vertes dans la scène hilarante du petit déjeuner avec son sourire malicieux et la réplique moqueuse au tenancier qui demande si plus de café est nécessaire : « Oh, that’s what it is ! ». Superbe !  Sue Lloyd démontre dans cet épisode qu’elle a assez d’envergure pour supporter le poids d’un scénario, même si Mannering revient lors du final violent et efficace.

L’intérêt de l’épisode réside également dans ses seconds rôles, nombreux et pour la plupart parfaitement interprétés par des visages connus des fans de Chapeau melon et bottes de cuir. Gillian Lewis, qui interprète Joyce Grant, a le plus de temps de présence, mais elle n’est peut-être pas le personnage qui monopolise l’attention. Elle est Laura, une relation au destin tragique de Mrs Peel, dans La mangeuse d’hommes du Surrey.  Elle est assez convaincante en jeune femme persécutée et apeurée, bien qu’elle passe beaucoup de temps alitée, ce qui rend le personnage vulnérable. Dans le mystérieux bar typiquement avengeresque, tout amateur des Avengers aura reconnu Freddie Jones en tenancier énigmatique et bourru, avant d’être – la même année - Basil, le double de Steed de Qui suis-je ??? mais aussi le savoureux inspecteur Baynes et ses bonbons colorés de Wisteria Lodge, une des enquêtes de Sherlock Holmes. Lors de son retour à Londres, à Fleet Street, symbole de la presse britannique, Mannering côtoie Felicia et on perçoit une certaine fusion, voire plus, entre les deux protagonistes. Bien que la dévergondée n’ait pas d’influence sur l’intrigue, elle retient toute notre attention car c’est Caroline Blakiston, l’infirmière revêche des Fossoyeurs  et la secrétaire ‘top hush’ qui garde les clés au chaud de La dynamo vivante. Les autres personnages, également très bien représentés, ont aussi des liens Avengers ; ainsi, le docteur à la coiffure ridicule - louche dès le début - est John Franklyn-Robbins qui a un petit rôle dans Les cybernautes et le braconnier inquisiteur est excellemment personnifié par John Garrie, Tay-Ling  du Vengeur volant.

A croire que Chapeau melon et bottes de cuir a influencé toutes les séries britanniques de son époque. Mais qui en douterait ? Il est à noter aussi que les extérieurs – surtout en inserts – furent tournés dans le petit village de pêcheurs de Mevagissey en Cornwall, très touristique de nos jours, ce qui permet à Cordelia l’Anglaise de dire à John l’Américain : « I think you’d like to see a little of England. ».  Terry Nation et Dennis Spooner ont bien fait de conjuguer leur effort pour nous offrir un des meilleurs épisodes de ce second coffret. 

Retour à l'index


26. HALTE À LA MAFIA
(THE LONG, LONG DAY)

Critique :

Cet épisode ‘italien’ souligne cruellement l’irrégularité de la série qui, après l’excellente aventure précédente, nous propose un des pires opus de la trentaine. Ca se passe à Rome et la mafia et tous ses clichés sont bien entendu au rendez-vous de ce ratage (presque) total. On comprend que Brian Clemens ait prit le nom d’emprunt de Tony O’Grady afin de cacher ce méfait. A l’image de la série, le scénariste fut capable du meilleur comme du pire pour Le Baron avec l’excellent Labyrinthe de la première partie de saison.

Tel un agent secret, Mannering est chargé d’escorter une jeune femme, témoin d’un meurtre lié à la mafia. Pas finaude pour deux ronds, elle n’a pas trouvé mieux que de se réfugier dans un village isolé à accès unique. Le Baron est cerné par le gangster et ses trois compères et trouve refuge avec le témoin dans le commissariat déserté mais bien achalandé en armement.

Sur le papier, l’épisode est correct, mais, en réalité, Clemens a dû l’écrire en dix minutes, pause comprise. Aucun suspense, une pauvre intrigue, des personnages transparents, une interprétation abominable…Tellement mauvais que les traducteurs lui ont donné un titre français proche du ridicule. Alors pourquoi deux bottes (après délibération) ?  Pour le début et l’interprétation de Peter Arne, Pasold dans Avec vue imprenable. Il est ici Mario, un tueur froid et cynique, qui commence par rassurer Maria lors d’une réception assez ‘hot’, lui assurant que son frère ne va pas faire de mal à sa copine de 17 ans. Mais trois, quatre baffes plus tard, la petite est trépassée et Mario dirige les opérations pour se débarrasser du corps dans une carrière, puis il concède à son frangin qu’il faut éliminer tout témoin en balançant la phrase de l’épisode : « There is room for two down there. » [Il y a de la place pour deux en bas]. Un début très violent pour l’époque d’ailleurs, ce qui fait toute la différence entre le Baron et le Saint. Voilà, c’est tout. 

Contre une œuvre d’art (ben, voyons), le ministre de la justice italienne envoie le Baron récupérer Maria qui se terre mais, filé comme un débutant, Mannering est traqué et piégé dans un village désert, peuplé d’habitants intimidables dont deux - un barman et un policier -  finiront par se révolter lors du final grandguignolesque. Avant ça, on a enduré une longue attente stérile au commissariat.

Il reste encore quelques épisodes à savourer et vous pouvez zapper celui-ci après huit minutes, ou douze si vous voulez voir la brève apparition de la charmante Sue, complètement négligée et qui n’apparaitra ensuite que lors d’une courte scène d’essayage de manteau et l’épilogue. Surement des vacances pour l’actrice qui n’a rien raté avec cet épisode dont l’énumération des incohérences du scénario pourrait noircir un cahier d’écolier ….

Retour à l'index


27. ROUNDABOUT
TITRE FRANÇAIS INCONNU

Critique :

John Mannering découvre qu’une de ses trois boutiques – celle de Paris – sert de base à un trafic de drogues international.

Le Baron se rend à un rendez-vous et sauve la vie d’une femme qui lui remet une clé de consigne ; c’est l’épouse de Georges Delair, propriétaire de la boutique parisienne. Cela rappelle l’excellent Le Baron joue et gagne, avec ici la Gare du Nord, à l’époque encore fréquentable, à la place de Waterloo Station. Mannering s’empare d’une statuette et il va ensuite au salon de coiffure tenu par Jeanna Varda, la maitresse de Delair. L’aventurier y est agressé, ce qui le met immédiatement sur la bonne piste, mais il s’échappe et fait croire au couple diabolique qu’il veut participer au trafic d’héroïne et avoir sa part du gâteau, dans le but de les confondre et de remonter la filière. 

Il n’y a pas de présence familière aux côtés du Baron et deux blondes – une dans chaque camp – remplacent la brune Cordelia, sans pour autant rivaliser avec l’assistante préférée de l’aventurier. Néanmoins, Mannering n’est pas insensible aux avances lourdingues de l’agent Samantha Ballard sous les traits de Annette Andre, ce qui permet d’agrémenter cette excellente intrigue d’échanges savoureux aux airs Avengerish…A noter qu’Annette Andre était une grande copine de Sue Lloyd et les deux actrices vivaient à l’époque en collocation dans une maison londonienne.

Annette Andre est indissociable des séries britanniques cultes des années 60 et 70 grâce à ses nombreux rôles dans Chapeau melon et bottes de cuir, Le prisonnier, Le Saint, Amicalement vôtre entre autres. Elle donne du piquant à l’aventure et la dernière scène fait partie des bons moments de la série ; Samantha embrasse Mannering sur les deux joues lui signifiant que c’est une vieille coutume française et le Baron n’hésite pas à lui demander si elle en connaît d’autres mais elle préfère rester évasive…. June Ritchie est la garce Jeanne Varda qui tourne la tête à Delair et on la connaît surtout chez nous pour être Charlotte alias Charlie, la pétillante blonde qui roule une pelle à 10 000$ à Wilde dans Amicalement vôtre (l’épisode Un risque calculé). Edwin Richfield, Georges Delair, a participé à six Avengers dont le personnage ambigu de Faites de beaux rêves, mais il est aussi le guide qui se sacrifie dans Le trésor dans la montagne. Lisa Delair, la femme bafouée, est interprétée par Lisa Daniely, qui fut prodigieuse dans l’adaptation Granada de Conan Doyle, The Crooked Man, près de vingt ans après cette aventure du Baron.

L’épisode est plaisant avec de nombreux passages intéressants, à commencer par la très longue et excellente séquence pré-générique à l’appartement cosy des Champs-Elysées (du studio of course !) ; une sorte de vaudeville avec l’attente de la maitresse en manteau de fourrure puis l’arrivée de l’épouse encombrante. Les dialogues du mari sont d’un ‘délicat’ envers sa femme : « You want the truth ? You are 40 years old and you look it! » [Tu veux la vérité? Tu as 40 ans et ça se voit!]. L’éconduite se barre emportant une ‘preuve’ des malversations de son mari et la chasse est ouverte, personnifiée par le tueur raffiné qui se fait passer pour Mannering. Parmi les autres passages attrayants, notons ceux du salon de coiffure ; la bagarre et la rencontre cruciale avec Samantha, l’agent anti-drogue, sous les toits : « You aren’t dressed for swimming ».  Bien entendu, la petite séance de drague de ‘Sam’ auprès du Baron est croustillante. Elle tient de la comédie avec, en français dans la VO, « Les affaires sont les affaires » et, après le dénouement prévisible, on revient dans le registre par l’échange final.

L’intrigue est correcte avec quelques rebondissements et en toile de fond le trafic de drogues. Cette banale histoire est embellie par une solide interprétation. Ainsi, la femme trompée et le policier souffrant, qui sont des personnages secondaires, s’avèrent aussi très bons. Paris est évidemment représenté par des inserts – la Tour Eiffel et la capitale des années 60 – le tout agrémenté de quelques mots en français (le « Monsieur Mannering ? » de Madame Delair à l’hôtel Lindsey) mais Londres est également bien photographié avec la Jensen devant Marble Arch (scène post-générique).

Pas de Cordelia même si Lisa Delair fait référence au personnage quand elle déclare au tueur qu’elle a appelé son assistante. A noter le gros trucage qui plombe le combat entre Mannering et l’assassin à la fenêtre, les abus du studio qui en deviennent risibles même pour l’époque, à l’hôtel (« It’s daylight already ») et dans la ‘jungle’ au final.

Un bon épisode néanmoins. 

Retour à l'index


28. L’HOMME DE NULLE PART
(THE MAN OUTSIDE)


Critique :

Suite au décès d’un de ses associés dans un accident de voiture, Mannering se rend en Ecosse, accompagné de Cordelia. Les choses se compliquent lorsque le Baron remarque la bague antique - qu’il avait chargé le défunt de se procurer - au doigt d’un client du pub, où ils sont descendus. Afin d’identifier le mystérieux individu qui s’est échappé, Mannering et Cordelia se séparent pour prospecter les demeures de la région et retrouver la voiture américaine qui a failli renverser l’aventurier.

Le pauvre associé du Baron avait reconnu fortuitement la trogne d’un malfrat après avoir accidentellement éclaté un pneu dans la bucolique campagne écossaise. Ces deux infortunes conjuguées lui ont valu son arrêt de mort. C’est la bague qui permet de ne pas classer l’affaire en simple accident et l’opiniâtreté du Baron sera, bien entendu, payante.

L’intrigue est simple et on se doute que c’est Mannering qui finira par tomber le premier sur le repaire des gangsters. Bruno Orsini, le chef de la bande, est une parfaite crapule et il a décidé de se venger du Royaume-Uni qu’il l’a extradé en inondant le territoire de fausse monnaie. Le titre vient du fait qu’Orsini n’a plus de patrie après avoir été expulsé d’un bon nombre. Si un complice n’avait pas dérobé la bague avant d’assassiner le collègue du Baron, ce dernier n’aurait jamais mis son nez dans ce complot.

Une histoire de gangsters américains vraisemblablement conçue à l’intention de la clientèle US de la série, avec en tête de distribution David Bauer, natif de Chicago. Il a sa place aux côtés de Jeremy Brett parmi les grands salopards de la série. C’est en Grande-Bretagne qu’il connut le succès lors d’apparitions dans Chapeau melon et bottes de cuir (le colonel russe Ivanoff de Maille à partir avec les taties), mais aussi des rôles de ‘bad boys’ dans Le Saint, Les champions et Madigan, sans oublier le mémorable juge N02 de Musique douce du Prisonnier. Ses trois hommes de main possèdent des pedigrees non négligeables. L’acteur canadien Paul Maxwell (Dino) était Jim Carey, le copain de régiment de Mannering, dans le très bon Epitaphe pour un héros (premier coffret) et Michael Coles, Vince, asticoté et condamné par son boss, a aussi un rôle de tueur dans L’oiseau qui en savait trop des Avengers. On reste sur Chapeau melon avec le quatrième partenaire, Jeremy Burnham, acteur et scénariste prolifique pour cette série ; ici, l’érudit et perfide de la bande apostrophe tout le monde d’un inquiétant ‘sweetie’.

Grâce à des acteurs de cette trempe, le divertissement est de qualité et les séquences de gangsters particulièrement crédibles, avec le thème de la loyauté judicieusement travaillé, comme lors de la scène du ‘hit him’ dans le final. D’ailleurs, le jeu du quatuor éclipse celui de Steve Forrest, assez transparent. Il reste peu de place pour l’humour, qui est encore une fois l’affaire de Cordelia qui disparaît du script lors du final. Elle est assez ‘sollicitée’ à commencer par le clin d’œil appuyé de Vince -‘an old-fashioned wink’ - qui, aux dires de Miss Winfield, n’est rien de mieux pour redonner confiance à une fille ! Ce n’est pas étonnant car, même chaussée de lunettes (scène avec l’inspecteur Duncan au pub), elle est très séduisante. On lui doit la réplique de l’opus lorsqu’elle rapporte à Mannering qu’elle a déjà eu quatre propositions à diner : « These hills are full of Scottish wolves » [Ces collines sont pleines de loups écossais.].  Elle ne semble pas attirée par le haggis – plat typique du pays qu’il faut avoir gouté une fois, croyez-moi (« I don’t think I want ») mais le Baron tient à ‘sa’ Cordelia : « Don’t wink back » [Ne répondez pas aux clins d’œil.]

La majeure partie de l’opus permet de visiter de somptueuses résidences ; pour les extérieurs car les intérieurs restent du pur studio comme le montre l’arrivée de Mannering au repaire avec un ‘background’ dessiné. La plupart de ces belles demeures sont d’ailleurs anglaises, dans le Hertfordshire ou le Gloucestershire. La production n’a glissé qu’une seule vue de l’Ecosse, du très beau burgh royal d’Inveraray, que j’ai visité il y a quelques années. Sur ce court insert au tout début, on aperçoit le pittoresque Loch Fyne. L’épisode reste typique de la façon de procéder pour toutes les séries britanniques des années 60 : Steve Forrest et Sue Lloyd sont doublés, de dos ou dans des plans éloignés, lors de toutes les scènes en extérieurs, et les deux acteurs n’ont, par conséquent, pas visité les contrées verdoyantes et ils sont restés à Elstree !

Une très bonne histoire agrémentée d’une solide interprétation et de beaux panoramas, ce qui n’est pas négligeable pour une série de cette époque. 

Retour à l'index


29. L’ÉPÉE DE CORELLI
(COUNTDOWN)

Critique :

John Mannering est en confrontation directe avec un autre antiquaire lorsqu’une épée, vieille de plusieurs siècles, refait surface. Les deux hommes n’ont pas le même code d’éthique et la lutte sera âpre.

Le Baron est piégé et kidnappé pour l’empêcher d’arriver à temps à un mystérieux rendez-vous auquel il a été convié par lettre. Grâce à l’intervention de Miss Winfield, il parvient néanmoins à rencontrer son contact avant qu’il ne meure. L’aventurier et son assistante ne savent pas ce qu’ils cherchent mais ils ont une idée où prospecter; tout le contraire des gangsters ! Beaucoup de questions restent en suspens et Mannering se rend chez Arkin Morley, un antiquaire concurrent pour qui un des agresseurs avait travaillé un certain temps. Cette piste s’avère être la bonne car le Baron échappe à une tentative de meurtre. En compagnie de Cordelia, il suit finalement le seul indice en sa possession, Parkstone House, une vaste demeure du Sussex dans laquelle l’épée médiévale doit se trouver ; c’est, en fait, un des lieux ‘écossais’ visité par le Baron lors de l’épisode précédent…Le malin Morley les a suivis, flanqué de son redoutable comparse…

L’intrigue n’a rien d’extraordinaire mais cet épisode est néanmoins un des incontournables de la série, aussi bien pour son interprétation que ses scènes de meurtres – l’horrible mort du mangeur de chocolat rend définitivement Le Baron plus violent que Le Saint. L’une des attractions est, bien entendu, l’apparition d’Edward Woodward lors de la seconde partie – les vingt dernières minutes -  dans le rôle de l’antiquaire véreux. D’ailleurs, le personnage qu’il interprète, le distingué et hautain Arkin Morley, aurait mérité d’être présent dans d’autres aventures, mettant en conflit deux antiquaires, aux styles diamétralement opposés, ce qui aurait donné du piquant à la série. Autant dire tout de suite que la présence d’Edward Woodward rehausse intrinsèquement la valeur de l’épisode. A l’époque, l’acteur allait jouer Callan, une série d’espionnage réaliste de quarante-trois épisodes tournée entre 1967 et 1972, malheureusement méconnue en France. Woodward personnifie Morley, l’antiquaire calculateur et sans scrupule, magnifiquement. Habillé impeccablement, le comédien a déjà des allures et des intonations qui feront de lui une vingtaine d’années plus tard l’inoubliable Robert McCall alias l’Equalizer : « The facts are childishly simple : I’ve followed you ». En fait, il éclipse totalement son collègue Mannering/Forrest au jeu rigide comme un bâton de gendarme. 

On reconnaitra aussi dans la distribution Michael Wynne (Logan), qui est Pongo dans L’héritage diabolique de ‘nos’ Avengers, Peter Brace, cascadeur et homme à tout faire des séries cultes britanniques des années 60 à 80 (ici, il est crédité : ‘Hamilton’, un des gangsters, of course !) et Philip Locke, souvent cantonné à des rôles d’immondes salopards comme pour cet épisode. On se souvient de lui en Vargas, harponné par 007 dans Opération tonnerre, ou en Dr Primble dans Bons baisers de Vénus, le premier Chapeau melon couleur diffusé en France et en Grande-Bretagne.

C’est le dernier épisode de Cordelia Winfield. Sue Lloyd a indéniablement apporté un plus à la série par son personnage sexy et pétri d’humour qui a souvent réussi à dérider le monolithe Steve Forrest. C’est son intérêt pour les mots croisés qui amène ici le duo vers la solution et on lui pardonne ses réactions anti-Avengers de femme ‘normale’ comme lorsqu’elle est effrayée par une porte qui claque. Sue Lloyd est une des raisons pour laquelle Le Baron vaut encore le coup d’œil cinquante ans après son tournage. Annette Andre, son amie de longue date avec qui elle partagea une maison pendant quatre années, fut ravie que je mentionne cette série dans laquelle elle participa. Elle me précisa que Sue Lloyd joua dans une aventure de ‘sa’ série, Randall & Hopkirk, Deceased, mais elles n’ont pas eu de scène ensemble, et la même chose se produisit lorsqu’elle tourna dans Le Baron (‘Roundabout’).

Et puis, last but not least, il y a indéniablement un clin d’œil à Chapeau melon et bottes de cuir dans cet opus ! Arkin Morley est également producteur de films et on assiste à un court tournage où la superbe Valerie Leon, au tout début de sa carrière, joue une actrice évoluant dans un salon en justaucorps rouge ; une merveille pour les yeux d’une trentaine de secondes qui renvoie immédiatement aux Emmapeelers avengeresques.

Les meilleurs passages sont le kidnapping dans le tunnel (ingénieux !), le rendez-vous, la révélation de l’intrigue et la fusillade à l’usine désaffectée qui se conclut par la mort du mystérieux contact (écrasé par une pierre) et la première rencontre Forrest/Woodward (et le bluff du Baron) sur un plateau de tournage qui fait immanquablement penser à Caméra meurtre.

Dans certains coffrets, la série se clôt par cet épisode, une note hautement positive, alors que d’autres suivent un ordre différent et terminent Le Baron par une aventure moyenne sans Sue Lloyd. 

Retour à l'index


30. ADIEU AU PASSÉ
(FAREWELL TO YESTERDAY)

Critique :

C’est plutôt surprenant que le cinquième épisode en ordre de production termine cette série, qui avait pris une autre tournure au fil des aventures. Le téléspectateur a l’impression d’un retour en arrière avec l’Adieu au passé… Le Baron est chargé d’une mission à Rome par Templeton-Green, alors que l’insipide David Marlowe est à la boutique. Par conséquent, cet épisode se devait de figurer dans le premier tiers, et il est à noter d’ailleurs qu’il est sur le second disque de la sortie américaine et il fut diffusé outre-Atlantique avec un titre différent, Run Wilde, Run Wide.

Ceci dit, l’aventure est convenable même si l’interprétation n’est pas inoubliable. Mannering se rend à Rome pour démanteler un réseau de contrebande d’œuvres d’art qui a réussi à introduire en Angleterre un médaillon en or, qui est une partie d’un trésor inestimable de huit dérobé au Vatican. Le Baron retrouve une ancienne conquête impliquée dans le trafic, qui est sous l’emprise d’un propriétaire de night-club.

L’histoire tourne beaucoup autour de Cathy Dorne, la blonde instable au décolleté pigeonnant, qui ne sait pas sur quel pied danser et à qui confier son avenir : Johnny, son ex, ou Nick son amant et chef du gang. Le personnage est interprété par Sylvia Syms qui a pour fait de gloire d’avoir participé à de nombreuses productions ITV. Je ne vous conseille pas de rechercher des photos actuelles car vous tomberiez de votre chaise…

Cathy Dorne trahit finalement le Baron et elle se rendra compte trop tard de son erreur. La fin est de toute façon anticipée par l’audience car personne n’imagine Mannering épouser cette femme même si c’est le dernier épisode de la série, à fortiori en plein milieu pour certaines éditions ! Néanmoins, la dernière scène reste une fin tristounette de la série. De surcroit, les limites du jeu d’acteur de Steve Forrest sont condensées dans cette ultime scène où le gros plan de son visage face au corps inerte de Cathy ne laisse transparaitre aucune émotion, comme s’il venait de laisser filer une babiole à une enchère quelconque.

Sinon, c’est sympathique de revoir ‘Temp’ qui ose demander au Baron, dans la réplique de l’épisode : « Did you know her intimately ? ». Ca et quelques clichés en inserts de Londres et Rome dans les années 60 divertissent. Une classique aventure d’espionnage mais avec un antiquaire au lieu de l’espionne de charme Cordelia Winfield…Pour clore la série, préférez plutôt Countdown

Retour à l'index