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TOP 3

Steed3003

1) Caméra meurtre : S'il n'en restait qu'un ! Un monument de délire et d'audace maîtrisé de bout en bout. Une des mises en abyme les plus épatantes et distrayantes jamais réalisées. Le top du top de la série, l'épisode ultime qui rend accro.

2) La chasse au trésor : Un road movie déjanté où l'on ne s'ennuie pas une seconde. Le savoir-faire de la série brille de mille feux dans ce ballet d'automobiles réglé comme une montre suisse. Parfait mélange d'humour et d'action, avec une saveur british inimitable. Enfin, le thème musical reste longtemps dans la tête.

3) Le vengeur volant : Qui a dit que les comic books étaient incompatibles avec une série aussi anglaise que Chapeau Melon ? Certainement pas les auteurs de la série qui, une fois de plus, font preuve d'une créativité folle dans cet épisode magistral. 'Eee-urp'.

Denis Chauvet

1) Bons baisers de Vénus : Un des grands moments de la série ; l'humour, l'excentricité et le bizarre sont présents. Cet épisode, première aventure couleur Emma Peel en ordre de diffusion, est une excellente transition car sa qualité ne détonne pas avec la saison référence n&b, ce qui ne sera malheureusement pas le cas de certaines aventures.

2) Le tigre caché : Cet épisode symbolise admirablement l'esprit de la série qui lui a permis de perdurer de génération en génération. L'humour, les clins d'œil et l'excentricité donnent une particularité inégalée aux Avengers et cet épisode résume au mieux toute la richesse de ce programme.

3) Rien ne va plus dans la nursery : Tout ce qui fait la notoriété de la série se retrouve dans cet épisode : une histoire loufoque, un humour 100% British, un excentrique attachant et des acteurs de qualité. La nounou à la mitraillette, l’agent Dobson, le pouce dans la bouche, et Steed, à quatre pattes qui feint de retomber en enfance en imitant le chien, sont de grands moments !

Estuaire44

1) Caméra meurtre : Superbe hommage rendu au génie épique du grand Hollywood. On aura rarement évoqué avec autant d’éloquence le mystère du Septième Art, incarné dans toute sa démesure en Z.Z. von Schnerk, fastueux esprit diabolique. L’épisode joue aussi à merveille d’une mise en perspective de la réalité et d’une dimension documentaire concernant la série elle-même. Un moment unique, totalement hors normes. 

2) Le vengeur volant : Fusion débordante de créativité et de talent entre le Monde des Avengers et celui ces  Comics de super héros, en particulier le sombre Batman. L’épisode joint une habile intrigue à un langage visuel particulièrement imaginatif. Le combat final reste un moment particulièrement renversant !

3) Le retour des CybernautesL’épisode a la grande idée d’enrichir le concept des Cybernautes en l’interpénétrant à l’humain, aidé par une grande Diana Rigg Peter Cushing excelle dans le rôle d’un anti Steed machiavélique et dévoré par la soif de vengeance. Les autres seconds rôles s’avèrent fort bien croqués. 


FLOP 3

Steed3003

1) Un petit déjeuner trop lourd : Un bien désagréable retour en arrière pour cet épisode d'un ennui total, bien éloigné de la magie des Avengers. Un remake d'un épisode déjà pas terrible donne au final un épisode encore plus mauvais qui fait tache dans une saison à la qualité par ailleurs inouïe.

2) La dynamo vivante : De la SF considérablement trop sérieuse comparée à la légèreté ambiante de la série. Heureusement, quelques notes d'humour et une réalisation soignée sauvent l'épisode du marasme.

3) Mission très improbable : L'épisode qui prouve que la série n'est jamais aussi inefficace que lorsqu'elle essaie de rivaliser sur le terrain de ses consœurs américaines. Ce déploiement d'effets spéciaux, au demeurant impressionnants, se réalise au détriment de ce que l'on aime vraiment dans la série : son atmosphère unique et son esprit barré. Un mauvais blockbuster avant l'heure.

Denis Chauvet

1) L'homme transparent :La supercherie ne prend pas dans le plus mauvais épisode Emma Peel. L'exception de la cinquantaine… Le scénario de Philip Levene ne permet pas de faire illusion, contrairement à ses autres contributions remarquables à la série, et démontre que l'inexplicable peut engendrer la bêtise !

2) L'oiseau qui en savait trop : Cet épisode n'est pas un sommet de la saison cinq et on ne s'extasie pas à chaque diffusion, mais certains passages sont agréables. L'histoire de ce perroquet introuvable, capable de réciter sa leçon au tintement d'un triangle, est assez simplette. Les épisodes où le rôle vedette est tenu par une bestiole ne m'ont jamais passionné !

3) Meurtres distingués : Les mimiques extravagantes d’Olga tapent vite sur les nerfs et rappellent l’insupportable Brodny. L’accent russe exagéré de nombreux protagonistes lasse, surtout à la rediffusion. L’épisode est néanmoins correct grâce à une seconde partie bien meilleure.

Estuaire44

1) InterférencesL’étiage des années Emma Peel. Les auteurs n’utilisent l’exceptionnelle présence de Lee que pour ressasser son Frankenstein, de manière indigente et exogène à l’esprit Avengers. L’épisode pose une question (cela sert-il à quelque chose de refaire en moins bien ?) et y répond clairement par la négative.

2) le dernier des septLes auteurs ont lesté la saison 5 de nombreuses reprises de différentes natures, dont des remakes transparents. Une pratique rarement justifiée par un gain de  qualité, mais le Dernier des Sept se singularise par son accumulation de choix malencontreux, dénaturant l’excellent Balles costumées. Un rare gâchis.

3) L'oiseau qui en savait trop : Le récit relève trop de l’espionnage classique, le seul élément supposé étrange le rattachant au Monde des Avengers s’avère plus ridicule qu’autre chose. L’antagoniste du jour reste certainement l’un des plus fades de l’ensemble de la saison. On regrette aussi le manque de scènes saillantes entre nos héros.

Retour à la saison 5

TABLEAU RECAPITULATIF SAISON 5
Episodes Steed3003 Denis Estuaire44 Total Moyenne

 

 

Les Marchands de Peur 3 3 2 8 2,7  
Remontons le temps 4 4 4 12 4  
L'oiseau qui en savait trop 3 2 2 7 2.3  
Bons baisers de Vénus 3 4 4 11 3.7  
L'Homme transparent 2 1 2 5 1.,7  
Le Vengeur Volant 4 4 4 12 4  
Le mort vivant 3 2 2 7 2.3  
Le tigre caché 3 4 3 10 3,3  
Meurtres distingués 4 2 2 8 2,7  
Interférences 3 2 1 6 2  
Caméra meurtre 4 4 4 12 4  
Le dernier des sept 3 3 1 7 2,3  
Une petite gare désaffectée 3 3 3 9 3  
Rien ne va plus dans la nursery 4 4 3 11 3,7  
Le Joker 4 4 2 10 3,3  
Qui suis-je ??? 3 3 4 10 3,3  
La porte de la mort 3 3 3 9 3  
Le retour des cybernautes 3 3 4 10 3,3  
La chasse au trésor 4 3 3 10 3.3  
Un petit déjeuner trop lourd 1 2 2 5 1,7  
Meurtres à épisodes 3 4 3 10 3,3  
La dynamo vivante 2 2 3 7 2,3  
Le village de la mort 4 4 3 11 3,7  
Mission très improbable 2 4 4 10 3,3  
Total 75 74 68 213 76  
Moyenne 3.13 3.08 2,83 8.87 3.16  
Nombre de 4 chapeaux 8 10 7 18 9
Nombre de 3 chapeaux 12 7 8 19 9.5
Nombre de 2 chapeaux 3 6 7 9 4.5
Nombre de 1 chapeaux 1 1 2 2 1
           
Pire note 1 1 1 3 1.5
 Meilleure note 4 4 4 4 8
           
  Carton rouge pour… L'homme transparent
    Un petit déjeuner trop lourd      
     
    Le Vengeur Volant  
Cartons verts pour (à égalité)… Caméra Meurtre  
Remontons le temps
       
       
           
         
©Steed3003        
         

Le Village de la mort5-24-02Ne m'oubliez pas

MISSION TRÈS IMPROBABLE
(MISSION... HIGHLY IMPROBABLE)

Steed falls into enemy hands – Emma is cut down to size

Tournage : Terminé le 22 septembre 1967

Diffusion : ITV, 18 novembre 1967 – TF1, 18 août 1978

Scénario : Philip Levene

Réalisation : Robert Day

Ronald Radd (Shaffer), Jane Merrow (Susan), Noel Howlett (Professor Rushton), Francis Matthews (Chivers), Richard Leech (Colonel Drew), Stefan Gryff (Josef), Nicholas Courtney (Gifford), Kevin Stoney (Sir Gerald Bancroft), Peter Clay (Sergeant), Nigel Rideout (Corporal Johnson), Cynthia Bizeray (Blonde), Nicole Shelby (Brunette), Nosher Powell (Henrick), Denny Powell (Karl).

Résumé

L'invention d'un professeur tombe dans de mauvaises mains et tout est réduit à des proportions minuscules… y compris les Avengers !

Épilogue

Steed aide Mrs Peel à mettre en place les meubles de son appartement et regrette que la machine ait été détruite. Ils décident de sortir mais un orage menace. Steed offre alors un minuscule parapluie à Mrs Peel : "No need to worry. Take my brolly" [Pas besoin de s’inquiéter. Prenez mon parapluie.]


CRITIQUES
 
5-24-01

Denis Chauvet

Avis : Ce dernier épisode Mrs Peel "officiel" est un peu spécial car il se distingue par des effets spéciaux grandioses. L’adage Avengers est de mise : l’intrigue n’est pas le plus important pour cette série culte. L’aventure est sympathique et les seconds rôles sont à la hauteur : le sadique Chivers, le général russe bien moins horripilant que son collègue Brody, le savant excentrique et la ravissante fille de ce dernier. Jane Merrow aurait fait une excellente Avengers girl et cet épisode aurait très bien pu servir de transition… À noter quelques devil minds dont le fameux "Everything?" prononcé par Mrs Peel. L’Avengers girl déclare également en voyant un Steed minuscule : "It’s a dream !". Personnellement, je dirais "un cauchemar" car c’est le dernier épisode de la période dorée des Avengers….

Avec le recul (nouvel avis, février 2012): C’est rare mais je descendrais cet épisode de quatre à trois melons. Il est certes plaisant à regarder et les trucages sont réussis (comparé à une histoire similaire des Mystères de l’Ouest) mais il n’est pas un incontournable de la saison et on y retrouve encore une caricature énervante d’un soviétique. C’est cet épisode qui aurait dû servir de transition avec Jane Merrow en nouvelle Avengers girl ! Sinon, le professeur Rushton a des faux d’air d’Erich Honecker !

 

Steed3003 13 avril 2007

Longuement refusé, le scénario de Mission très improbable a finalement été tourné à la fin de la cinquième saison. Une histoire complètement folle !

Admettez-le, il n'y a que dans Chapeau Melon et Bottes de Cuir que vous pourrez voir des machines divisant par vingt la taille ! On ne sera pas surpris que ce soit Philip Levene qui soit à l'origine de cet épisode fou, fou, fou. Il a écrit les épisodes les plus délirants de la série : Les cybernautes, Rien ne va plus dans la nursery, Le tigre caché... Si le pari de Mission très improbable est des plus originaux, l'intrigue est tout aussi banale : un éminent scientifique a inventé une machine incroyable à des fins philanthropiques mais il se retrouve trahi par un membre de son équipe aux intentions mercantiles ; tout cela devenant bien entendu une affaire d'État. Ce canevas a été mille fois vu ailleurs, que ce soit au cinéma ou à la télévision. Après Le retour des cybernautes, Mission très improbable traduit une perte d'inspiration d'un auteur qui excellait auparavant à bouleverser justement les schémas habituels. On notera néanmoins que l'humour, notamment à travers les dialogues, est heureusement bien présent. Malheureusement, on a la forte impression que Philip Levene a uniquement cherché à multipliler artificiellement les scènes m'as-tu vu à défaut de construire une intrigue solide. Il a voulu avant tout exploiter la fibre sensationnelle du thème, tel un enfant cherchant à extraire le maximum de plaisir de son jouet. Par conséquent, l'épisode se déroule sans surprises. Certes, en matière de scènes spectaculaires, le contrat tacite est respecté. En bref, Philip Levene a écrit une sorte de blockbuster Avengers sans grand intérêt.

Robert Day est ici derrière la caméra. Durant la cinquième saison, l'association Philip Levene/Robert Day était toujours couronnée de succès (Bons baisers de Vénus, Le retour des cybernautes, Interférences). Leur dernière collaboration ne déroge pas à la règle. Une impeccable maîtrise technique était indispensable à la réussite de Mission très improbable ; au risque, eut égard à un scénario boîteux, d'un échec total. Brisons le suspense tout de suite : les effets spéciaux sont les plus remarquables de toute la série, New Avengers inclus. Nous assistons à une véritable démonstration technique qui rivalise largement avec les dernières productions télévisuelles. Par ailleurs, Robert Day sait parfaitement faire le lien entre les scènes miniatures et les scènes "grande taille" grâce à d'habiles plongées et contre plongées. Les scènes de dialogues sont, elles aussi, impeccablement mises en scène. Quant à l'interprétation, Ronald Radd (interprète du général soviétique Shaffer) domine facilement le reste de la distribution. Il faut dire que l'acteur avait hérité du seul personnage véritablement intéressant. Diana Rigg et Patrick Macnee livrent eux aussi de bonnes performances.

Lorsque Mrs Peel voit Steed miniaturisé, elle lui demande d'un air faussement inquiet : "Is everything on scale ?" [VF: "Est-ce que tout est à l'échelle ?"]. Une allusion coquine qui vient alimenter le célèbre débat : est-ce que Steed et Mrs Peel ont, un jour, passé une nuit ensemble ?

Les extérieurs nuageux et plutôt tristes (champs, terrains vagues...) et les intérieurs classiques (entrepôt, bureaux...) sont loin d'être inoubliables. Saluons cependant le réalisme saisissant des décors où évoluent les personnages miniaturisés.

La chemise jaune et le costume marron pour Steed au début de l'épisode annoncent la future évolution vestimentaire plus colorée de la saison 6. Rien d'important à noter sinon.

Hormis le sympathique thème musical de la série remixé pour les scènes où l'on voit mini Steed, Laurie Johnson nous ressort des compositions d'anciens épisodes pas trop convaincantes.

EN BREF : Une brillante démonstration technique plus qu'un épisode de "Chapeau Melon et Bottes de Cuir". Épisode très dispensable.

 

Estuaire44 15 Septembre 2013

C’est avec un entrain tout à fait réjouissant et empreint de fantaisie que Mission très improbable ajoute sa pierre à l’un des sujets favoris de la littérature anglo-saxonne de l’imaginaire : l’opposition entre micro et macro individus.  Sans remonter jusqu’au folklore (le Petit Peuple), Swift et Carroll entre autres, ont écrit quelques-unes de leurs plus belles pages autour de ce thème. Les séries de l’époque s’y intéressent également (Doctor Who, Twilight Zone ou bien entendu Land of Giants, etc.), tout comme le cinéma avec le récent succès du Voyage Fantastique (1966), avec un mode de miniaturisation proche de celui de l’épisode. L’exploit de Mission très improbable consiste à ajouter une version originale et très Avengers à tous ces précurseurs.

Pour y parvenir il actionne deux puissants leviers emblématiques de la série : le mélange des genres et l’humour. Levene développe ainsi une intrigue très caractéristique de l’espionnage. Rien n’y manque : l’ignoble félon, la jeune innocente en danger, l’opposition sans scrupules et les héros héroïques. C’est bien simple, sur le fond de l’histoire, on se croirait dans un épisode du Saint. Mais son traitement s’en distingue radicalement par le double recours à la Science-fiction et à l’humour.

En effet, a contrario de nombreux autres épisodes de la saison, Mission très improbable bascule dans une Science-fiction intégrale. Or Levene intègre parfaitement cet apport, pour susciter des images frappantes mais aussi dynamiser en permanence l’action, au point de la rendre diablement audacieuse. Les rebondissements ludiques et toniques se bousculent d’autant plus que l’auteur ignore royalement la règle de conservation de la masse, afin de jouer pleinement la carte de la fantaisie. Contrairement à Doctor Who dans Planet of Giants, il parvient à établir des interactions entre plans micro et macro, ce qui pimente encore les débats L’irruption de la Science-fiction autorise également des effets spéciaux performants, dont ce mémorable décor en trompe-l’œil.

L’humour irrigue également le récit, notamment grâce à des Avengers toujours plus en verve et complices, jouant d’une relation à la nature toujours plus explicite. Les répliques malicieuses, voire à double sens, abondent. Certaines scènes se montrent franchement irrésistibles, comme Mrs Peel récupérant sa taille (sinon ses formes) ou l’épatant tag de fin, idéale conclusion de la saison. Les seconds rôles participent au mouvement, en particulier Shaffer, grâce au bagout et à la faconde de Ronald Radd, bien connue des amateurs de l’ère Cathy Gale.  Par ailleurs Shaffer n’est pas Brodny et sait ne pas se montrer trop idiot. Ses décisions demeurent suffisamment sensées pour animer le récit.

Chivers apporte aussi un nécessaire  contrepoint nécessaire pour que l’humour ne vire pas à la farce. Trop simplement vénal pour réellement constituer un Diabolical Mastermind, il n’en demeure pas moins un adversaire acéré et redoutable. On lui doit sans doute le moment le moment plus horrifique de la saison, avec le malheureux emporté par un mini tsunami. Nonobstant le charme de Jane Merrow, Susan ne s’affranchit pas assez de son statut de Damoiselle en détresse. Dans cette configuration, l’actrice n’a pas latitude de se montrer convaincante en potentielle partenaire de Steed.

EN BREF : L'épisode va jusqu'au bout du concept Avengers de mélange entre Science-fiction et espionnage traditionnel. La fantaisie scientifique et d'étonnants décors en trompe l'oeil assurent de spectaculaires péripéties, comme souvent pimentées d'humour. Une idéale conclusion pour une saion dont elle synthétise les tendances.


VIDÉO

Steed miniaturisé !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

5-24-03

Tournage

o La scène d'introduction a été tournée à North Mymms près de Welham Green.

o Rabley Park à Ridge est la maison de Shaffer. (source : site, TAF)

o Lorsque Mrs Peel regarde par la fenêtre, ce n’est pas un extérieur mais un ‘fake’, une peinture trompe-œil comme souvent dans cette saison.


Continuité

o Dans la scène d'intro, lors du contrôle des papiers, on distingue facilement que la scène a été tournée en studio. L'arrière-plan n'est donc pas un extérieur mais une simple toile. La série a régulièrement recours à cet artifice pour accélérer la cadence de tournage.

o Dans la scène d’introduction, la moto de Gifford se trouve à bonne distance de la Rolls mais elle est tout près des deux premières motos lors du premier plan de la disparition puis de nouveau à distance respectable à l’image suivante.

o Dans la dernière partie de l'épisode, comment Mrs Peel, alors qu'elle a été réduite à une dizaine de centimètres, a-t-elle réussi à quitter le jardin pour rentrer dans la maison et surtout grimper sur une table, et ce en l'espace de quelques minutes ?


Détails

o Karl lit le célèbre roman de la littérature britannique Emma de Jane Austen en gardant Mrs Peel.

o Certaines scènes figurant les essais du FV-603 apparaissent également dans un épisode de Département S. À noter que beaucoup d'acteurs ont joué dans les deux séries tournées pratiquement en même temps.

o Le grand calendrier "Thursday the 12th" fait partie du cauchemar dans La porte de la mort.

o Le professeur Rushton a les mêmes dessins de voitures anciennes dans son bureau que Sir George dans La chasse au trésor (source : site, Mrs Peel, we’re needed).

o En utilisant le téléphone de Shaffer, Steed révèle que le numéro de téléphone de Mrs Peel est 629-6291 (source : site, Mrs Peel, we’re needed).

o Steed et Mrs Peel jouent aux dames.

o En arrivant dans le périmètre sécurisé, on distingue un panneau : "Ministry of Defence ; Testing area" et sur le hangar : "Metal Fatigue Division ; Experimental shed ; authorized personnel only."

o Sur certains sites comme Mrs Peel, we’re needed, on signale que Gifford casse une vitre de l’entrepôt et qu’il est improbable que du verre se trouve à l’extérieur pour alerter Chivers. Or, je partage l’avis de The Avengers Forever : la vitre est brisée vers l’intérieur mais il est possible que du verre soit tombé à l’extérieur. D’ailleurs, en passant la scène en image arrêtée, on se rend compte que du verre tombe effectivement vers l’extérieur.

o Une devil mind passée inaperçue. Lorsque la femme blonde, en fait la maîtresse d’un soir du général, demande l’origine d’une des médailles : "Is this one for endurance ?".

o Chivers souligne bien la référence à la série Mission Impossible lors d’un échange avec le général : "Mission highly improbable, I grant you, but not impossible !" [Mission très improbable, je vous l’accorde, mais pas impossible !]

o Shaffer prononce le début d’un dicton anglais sur le champ de tir : ‘The proof of the pudding…’. La fin est ‘…is in the eating’. En français :’C’est à l’œuvre qu’on voit l’artisan.’

o La Rolls-Royce miniaturisée est une Silver Cloud III La même voiture est aperçue dans Les marchands de peur et Rien ne va plus dans la nursery. Etrangement la voiture réduite placée sur le FV603 n’est ni altéré, ni même déplacé par le bombardement subi.

o La moto d’escorte est une Triumph Thunderbird 6T. Lancée dès le début des années 50, elle constitue le premier modèle d’une gamme destinée à pénétrer le marché américain et que le fabriquant anglais prolongera jusqu’en 2010. En vente jusqu’en 1966, la 6T est pilotée par Marlon Brando dans L’équipée sauvage (1953). Une 6T est également employée dans la scène d’introduction des Chevaliers de la Mort (saison 4), le pilote arborant un blouson noir Perfecto très proche de celui d’un film (qui était orné d’une tête de mort).

o Le véhicule blindé est un Alvis Saracen FV603. Il est le modèle de base de cette gamme de véhicules blindés servant au transport des troupes britanniques. Hautement protecteur, il est également armé et doté d’un puissant moteur Rolls-Royce. Adaptables en de multiples versions (ambulance, commandement…), le FV603 fut conçu et produit en urgence en 1952, afin de répondre aux besoins des combats de jungle contre l’insurrection communiste de Malaisie, finalement vaincue. Le véhicule reste toutefois associé aux forces de l’ordre en action durant les troubles irlandais, à partir de 1969.

o I must say, Mrs Peel, the Pen is mightier than the Sword déclare Steed. Cette formule, symbolisant la primauté de la communication (ou de l’esprit politique) sur la force brute, fut crée par l’anglais Edward Bulwer-Lytton, dans sa pièce Richelieu (1839) et connut un foudroyant succès, jusqu’à passer dans la culture populaire.  Elle est ainsi évoquée par Marcus Brody dans Indiana Jones et la Dernière Croisade, mais aussi détournée par la Joker dans le Batman de 1989. Celui-ci trucide un rival en lui plantant une plume dans la gorge !


Acteurs – Actrices

o Jane Merrow (1941) fut une des actrices pressenties pour succéder à Diana Rigg. Elle étudia à la RADA et fit de nombreuses apparitions dans des séries des années 60 comme Le Saint (deux épisodes), Destination danger (trois épisodes), Le Baron, Le prisonnier, L'homme à la valise. Elle fut nominée au Golden Globe pour le film Un lion en hiver (1968). Elle émigra aux États-Unis aux débuts des années 70 (on peut la voir dans des séries US : Mission impossible, Mannix, Cannon, Sergent Anderson, L'homme qui valait trois milliards) avant de revenir en Grande-Bretagne aux débuts des années 90 pour y ouvrir une école de langues.

o Ronald Radd (1929-1976) a participé à deux autres épisodes de la série : Le point de mire, saison 2, et Le retour du traître, saison 3. Également vu dans Destination danger (deux épisodes), Le prisonnier (c'est la tour dans Échec et mat), Le Saint (trois épisodes), Les champions, Département S, Jason King, L'aventurier, Thriller, Poigne de fer et séduction. Il est décédé d'une hémorragie cérébrale après une représentation.

o Peter Clay est habitué aux petits rôles dans la série : soldat du 18e siècle dans Remontons le temps, Zorick (pas au générique) dans Meurtres distingués, conducteur de Landrover dans Un petit déjeuner trop lourd et la première victime dans Le village de la mort, tous de la saison 5. Il n'apparaît au générique que dans ce rôle de sergent.

o Nicholas Courtney (1929), fils d'un diplomate, est né au Caire. Il joua pendant dix ans dans Dr Who. Il a participé à Combustible 23, saison 2, ainsi qu'aux séries Le Saint, Les champions, Jason King.

o Francis Matthews (1927) est le héros de la série Paul Temple (1969-71). Il a tourné dans un épisode de la saison 4, Le jeu s'arrête au 13, ainsi que dans les séries Le Saint (deux épisodes) et Taggart.

À noter que…

o Le titre de l’épisode représente un évident clin d’œil à la série culte Mission impossible (1966-1973). Ce n’est pas tout à fait gratuit lors de la diffusion de l’épisode, car c’est cette production qui battit deux fois les Avengers lors de la cérémonie des Emmy Awards de mai 1967. Elle leur fut en effet préférée dans les catégories de la meilleure série dramatique et de la meilleure actrice (Barbara Bain face à Diana Rigg).

o Jane Merrow (Susan Rushton) finira par se confronter à l’Impossible Missions Force  dans un épisode spécial de 1970, recréant l’univers des Spy Shows anglais des Sixties. Cette actrice n’ayant finalement pas succédé à Diana Rigg ne jouera ainsi pas dans The Forget-Me-Knot, amis bien dans Lover’s Knot !

o Pour une fois l'écran titre est légèrement animé. Prémices de la saison 6 où les écrans titres auront souvent un format spécial.

o Commentaire de Macnee pour cet épisode : "Toujours frais et vivifiant, les Avengers n'ont que peu vieilli avec le temps. Arts martiaux et humour plaisent à toutes les nouvelles générations. Ici, les tailles de Steed et Emma sont réduites par leurs ennemis mais ils parviennent pourtant à s'en sortir et à éliminer les cerveaux diaboliques." (source : DVD 7 de la collection Optimum, Granada Plus Points)

o À la fin de l'épisode, lorsque le général Shaffer est à son tour miniaturisé, il s'exclame : "You English. Mini cars. And mini skirts. You never know when to stop!" ("Vous les anglais. Vos mini voitures. Vos mini-jupes. Vous ne savez jamais quand vous arrêter."). On peut y voir une attaque contre les networks américains, qui finançaient alors la série, et qui regrettaient régulièrement que les jambes de Mrs Peel ne soient pas plus couvertes !

o Aka The Disappearance of Admiral Nelson. Curieux car aucun personnage ne porte ce nom !

o Ce scénario fut le troisième écrit mettant en scène Emma Peel, mais il fut jugé trop fou et refusé au moment de la production de la quatrième saison.

o Le titre est inspiré de la série Mission... Impossible. À noter : Barbara Bain (actrice de cette série) obtint en 1967 l'Emmy Award dans la catégorie meilleure rôle féminin de série devant Diana Rigg.

o Toutes les scènes ayant Nicole Shelby (brunette) ont été coupées au montage mais son nom est néanmoins au générique.

o Henrick et Karl sont interprétés par deux frères.

o Une critique du magazine Variety en date du 17 janvier 1968 est à lire sur le site Deadline.

Fiche de Mission très improbable des sites étrangers

En anglais
http://theavengers.tv/forever/peel2-24.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/emmacol/524.html
http://deadline.theavengers.tv/PeelS2-24-MissionHighly.htm
En flamand
http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/peel51.htm
En italien
http://www.avengers.it/24col.htm
En espagnol
http://losvengadores.theavengers.tv/peel_mission.htm

La dynamo vivante5-22-03Mission très improbable

LE VILLAGE DE LA MORT
(MURDERSVILLE)

Emma marries Steed – Steed becomes a father

Tournage : Terminé le 25 août 1967

Diffusion : ITV, 11 novembre 1967 – 2e chaîne ORTF, 6 octobre 1968

Scénario : Brian Clemens

Réalisation : Robert Asher

Colin Blakely (Mickle), John Ronane (Hubert), Ronald Hines (Dr. Haymes), John Sharp (Prewitt), Sheila Fearn (Jenny), Eric Flynn (Croft), Norman Chappell (Forbes), Robert Cawdron (Banks), Marika Mann (Miss Avril), Irene Bradshaw (Maggie), Joseph Greig (Higgins), Geoffrey Colville (Jeremy Purser), Langton Jones (Chapman), Tony Caunter (Miller), John Chandos (Morgan), Andrew Laurence (Williams).

Résumé

Mrs Peel accompagne un ami d'enfance à sa nouvelle demeure dans un village isolé. Elle découvre rapidement que toute la population est associée dans le crime et que tout nouvel arrivant n'est pas le bienvenu…

Épilogue

Steed ne parvient pas à ôter le casque de l'armure de la tête de Mrs Peel. Celle-ci est obligée de boire à la paille. Il réussit finalement à délivrer Emma mais se retrouve "prisonnier" à son tour en voulant lui montrer le bon fonctionnement : "My knight in shining armour !". [Mon chevalier en armure reluisante !]


CRITIQUES

5-22-02

Denis Chauvet

Avis : Un nouveau one-man show de Mrs Peel mais, cette fois-ci, tourné en extérieurs. Malgré quelques curiosités du scénario (Mrs Peel quitte sa cachette pour s’exposer à l’hélicoptère), des bagarres peu crédibles (dans le cabinet du docteur et la scène finale) et une présence minimale de Steed, cet épisode ne peut pas laisser le fan indifférent. Mickle est un excellent salopard mais on peut se demander ce que trouve Mrs Peel à son ami d’enfance, Paul Croft, personnage inintéressant. Un grand moment de la saison qui alterne le tragique et l’humour ; la partenaire de Steed est même affectée, ce qui est peu banal. L’humour de certaines situations, comme le tueur dans la salle de lecture et les instruments de torture, tranche avec d’autres bien plus crues et inhabituelles pour la série (le saccage des affaires de Croft, la découverte des corps, le bain forcé de Mrs Peel).

Avec le recul (nouvel avis, février 2012): Le dernier ‘must’ de cette saison et, en même temps, de la période Peel, l’âge d’or de la série. D’excellents personnages participent à cette histoire tournée majoritairement en extérieurs dans laquelle Mrs Peel ne cache pas ses émotions rendant le personnage humain quoiqu’en disent ses détracteurs. Un épisode noir qui laisse néanmoins de la place pour l’humour dans quelques scènes et situations comme lors du grandiose échange téléphonique Mrs Peel/Steed.

Steed3003 18 janvier 2007

Brian Clemens excelle à mettre ses héroïnes dans les pires situations et ne manque jamais d’imagination pour leur faire subir de nombreux sévices. Cas unique, c’est la troisième fois en une seule saison (après Caméra meurtre et Le joker) qu’une Avengers girl se retrouve piégée.

Dès les premières minutes, on flaire le grand Chapeau Melon. La scène d’intro nous montre deux british attablés dans leur pub local, qui badinent tranquillement de la pluie et du beau temps tout en sirotant une pression, alors qu’une personne se fait tirer dessus à quelques mètres d’eux. Une minute brillantissime qui résume à elle seule tout l’esprit décalé de la série. Si l’intrigue de l’épisode n’est pas sans rappeler Voyage sans retour, elle se révèle encore plus surprenante et efficace. La paranoïa y est encore plus prononcée. Le Village en question nous fait inévitablement penser à celui du Prisonnier. Brian Clemens s’écarte avec succès du moule habituel de la série et prend des directions inattendues. Le schéma de l’épisode rappelle les survivals, ce sous genre du cinéma d’horreur dont La Colline a des yeux est un des meilleurs représentants, où des personnes sont coincées dans des villages de fous et cherchent à tout prix à s’en sortir. Il va au bout de ses ambitions et fait subir à Mrs Peel sa plus horrible torture (cf vidéo). Si une ambiance angoissante flotte sur une majeure partie de l’épisode, Brian Clemens n’a pourtant pas oublié d’alimenter son script en scènes d’action haletantes, avec notamment la poursuite de Mrs Peel à travers le village puis dans les champs. Si la tension ne relâche jamais, Brian Clemens ponctue tout de même l’épisode de touches d’humour : la bibliothécaire qui indique le panneau « Silence » à un homme armé qui met alors son silencieux, Mrs Peel coincée dans une ceinture de chasteté… La fin de l’épisode vire, elle, complètement à la comédie. Une rupture de ton parfaitement maîtrisée. De tous les scénaristes de la série, Brian Clemens est sans nul doute celui qui sait le mieux varier les registres, même au sein d’un seul et même épisode. Par ailleurs, Brian Clemens nous pose une vraie question, certes avec légèreté, mais l’interrogation est là : jusqu’où est-on prêt à aller par cupidité ? À partir de quelle somme serions-nous prêts à perdre notre intégrité ? En bref, un scénario à plusieurs lectures, passionnant de bout en bout.

Robert Asher effectue ici sa dernière mise en scène pour la série, après L’homme transparent et Meurtres à épisodes. C’est un départ en beauté. Il reste respectueux du style des Avengers et sait parfaitement l’assouplir pour arriver à un résultat à la hauteur du scénario. Il installe sans grande difficulté une ambiance oppressante, voire étouffante. Il filme avec assez d’inventivité le fameux village, seul lieu d’action de l’épisode, pour éviter la redite et par conséquent la lassitude. Il excelle tout autant dans une longue et impressionnante scène d’action qui voit Mrs Peel tenter d’échapper à ses ravisseurs. Une poursuite qui démarre avec un superbe zoom arrière pour laisser le spectateur découvrir Mrs Peel cernée par de nombreux assaillants. Les plans en hélicoptère s’imposent comme parmi les plus spectaculaires de la saison. Si l’interprétation de Diana Rigg est plutôt bonne, elle reste tout de même en deçà de ses performances dans L’héritage diabolique et Le joker. Quant aux acteurs jouant les villageois, ils sont tous parfaits dans l’ambiguïté.

À 6 ans, Mrs Peel portait des nattes. Anecdote aussi charmante qu’inutile que nous apprenons au début. Par ailleurs, elle remarque que le policier n’en est pas un à la vue de ses seules chaussettes à motifs ! Surprenant ! Cas unique dans la série, nous la voyons dans un moment aussi fugace qu’émouvant au bord des larmes à la vue du cadavre de son ami d’enfance. Par ailleurs, Mrs Peel joue de son « Mrs » pour contacter Steed en le faisant passer pour son mari auprès des villageois. Une conversation des plus drôles s’ensuit. Enfin, lorsque Steed délivre Mrs Peel de sa ceinture de chasteté, il ne peut s’empêcher le commentaire suivant : « It may surprise you to know that I’ve had little experience with this type of garment. »[« Cela peut vous surprendre mais mon expérience est limitée avec ce type de vêtement. »] .

On regrette que le village, théâtre de l’action et véritable vedette de l’histoire, ait été vu seulement 4 épisodes plus tôt dans La chasse au trésor, sous un autre nom. Oui, l’audience n’a pas la mémoire courte messieurs les producteurs ! Le reste des intérieurs, hormis le musée, est des plus banals mais c’est là l’effet recherché.

L’emmapeeler violet/bleu de l’épisode fait plutôt penser à un pyjama qu’autre chose. On regrette que les costumiers ne lui aient pas fait porter à la place la splendide robe blanche qu’elle porte dans le tag final.

Laurie Johnson a choisi une musique calme et bucolique pour mieux contraster avec l’atrocité des faits. Effet garanti !

EN BREF : Bourré d’angoisse et d’adrénaline, ce "Village de la Mort" est une pure merveille !

 

Estuaire44 15 Septembre 2013

Idéalement mis en place par une impressionnante et passionnément énigmatique séquence d'introduction, le sujet choisi astucieusement par Brian Clemens ne manque pas d'intérêt.  Il opère ainsi un novateur retournement de point de vue. La série s'était jusqu'ici spécialisée dans une opposition constituée d'esprits criminels, magnifiques et déments, totalement hors normes et individualisés. Ici c'est l'exact contraire qui survient, puisque les antagonistes sont les quidams peuplant un village. L'originalité provient justement de leur manque de distanciation vis à vis du public. Même si les sadiques prédominent au sein de cette micro société, l'effet miroir ainsi obtenu sollicite plus qu'à l'accoutumée le spectateur, l'obligeant à une ambitieuse introspection. L'épisode expose clairement à quel point l'humain peut recéler noirceur et violence sous le vernis de la civilisation. On songe au grand épisode de La Quatrième Dimension que fut Les Monstres de Maple Street, au traitement encore assombri d'une semblable problématique.

Le Village de la Mort renoue aussi avec bonheur avec une grande tradition à laquelle  l'anthologie de Rod Serling rendit honneur : le petit village en décalage avec le réel, revêtant rapidement la forme d'un piège périlleux pour le voyageur imprudent. Toujours un habile conteur, Clemens sait instaurer progressivement cette impression d'enfermement, avec une intensité dramatique sans cesse croissante. Il trouve une précieuse alliée en la personne de Diana Rigg, dont l'infinie palette de comédienne sait à merveille évoquer les multiples émotions ressenties par l'héroïne. De terribles événements scandent cette descente finement graduée au fond du gouffre, admirablement filmés par Robert Asher (querelle virant au crime, découverte des corps, fuite éperdue et vaine, torture  particulièrement éprouvante, attirail de cachot médiéval). Le village lui même prend place parmi ces grands décors à l'air libres dont la mise en valeur est devenue un atout de la série. Coïncidence ou non, la diffusion du Prisonnier vient de débuter le mois précédent. On songe bien davantage à cette série emblématique au cours de cet épisode, jusqu'à l'hélicoptère revêtant des allures de Rôdeur, que lors du futur Étrange hôtel.

Et pourtant l'indéniable performance du Village de la Mort n'apparaît pas aussi exempte de défauts qu'on le professe habituellement. La faute en revient à un lot non négligeables de  plus ou moins graves maladresses, dont la plupart aurait pu faire l'objet d'une utile économie. Le personnage de Paul Croft  disparaît ainsi bien trop rapidement. Outre l'intérêt pour le portrait de la protagoniste qu'une évocation plus développée de son passé aurait pu apporter, l'escamotage de son ami d'enfance résulte trop soudain pour ne pas légèrement prendre des apparences de prétexte fabriqué. On évoque souvent, à juste titre, l'absurdité d'une Mrs Peel traquée par l'hélicoptère et refusant obstinément l'asile proposé par les bois environnants. Mais il en va pareillement pour la discussion téléphonique entre elle et Steed. La scène est totalement idiote, car Steed, agent d'élite, révèle la supercherie de sa partenaire alors même qu'il ignore si leur conversation est écoutée ou non.

Emma passe le plus clair de l'épisode dans un pyjama pour bébé aux couleurs criardes, une espèce de paroxysme de la dépréciation de son élégance véhiculée par les Emmapeelers de sinistre mémoire. Le thème d'une Mrs Peel seule face au péril a déjà été exploité deux fois cette saison (Le Joker et Camera meurtre), auxquelles on pourrait encore rajouter la mésaventure de Steed lors du Dernier des Sept. De quoi malheureusement minorer l'originalité bien réelle du scénario. D'autre part, se peut du fait qu'ils interprètent des quidams, les seconds rôles du jour ne nous proposent pas les grands numéros d'interprétation auxquels nous sommes accoutumés. Surtout, on regrette un mauvais dosage de l'humour. Au lieu de finement s'intégrer à l'intrigue, il survient d'un coup d'un seul, sous la forme d'un burlesque massif et déchainé. Cela s'avère contre-productif et ruinant en partie le drame psychologique habilement construit jusque là. Le tag conclusif s'avère par contre des plus réussis.

EN BREF :La peinture du charmant petit village se refermant tel un piège mortel sur Mrs Peel est une complète réussite , de même que l'idée d'une opposition rompant totalement avec les esprits diaboliques. Le déferlement final de burlesque apparait toutefois contre-productif. 


VIDÉO

La torture de Mrs Peel !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

5-22-01
 

Tournage

o Little Storping in-the-Swuff (Swingingdale dans La chasse au trésor) est le village de Aldbury, situé dans le Hertfordshire (nord-est de Londres).

o La maison de Paul Croft est le Stocks Hotel de Aldbury, aujourd'hui un club de golf.


Continuité

o La combinaison violette de Mrs Peel devient rouge lors des prises studio (scènes de voiture) : cela est dû à la technique de projection employée. Contrairement au système usuel, l'arrière-plan qui défile est projeté sur les acteurs par devant et non sur un écran derrière. De plus, on peut remarquer à la sortie du village le panneau ’30 miles’ des deux cotes de la route ; un sens unique emprunté à l’envers !

o Dans les plans en extérieurs, c’est Diane Enright ou Cyd Child qui conduit (à gauche). Ce n’est pas non plus Diana Rigg qui est encerclée dans les plans éloignés ; l’attitude du corps de la doublure est différente. Dans le final, Patrick Macnee est doublé par Rocky Taylor (à droite).

o Même problème que pour l'épisode Meurtres à épisodes : les cheveux de Mrs Peel sont alternativement secs et mouillés. Cela est sûrement dû au fait que c'est Cyd Child (la doublure de Diana Rigg) qui "boit la tasse".

o L'enseigne du docteur est : Dr. JF Haynes. MD. Surgery. Or, c'est le Dr Haymes qui est mentionné dans l'épisode et le générique. Peu d'heures au cabinet soit dit en passant : Hrs 9.0 am-10.30 am. 6.30 pm-7.0pm.

o Lorsque Croft se rend au pub, à la recherche de son chauffeur, il arrive de la mauvaise direction. À en juger par ce que nous avons vu du village et de la situation de sa maison, il aurait dû arriver de l’autre côté.

o La scène, où Mrs Peel est confrontée aux quatre villageois, fut filmée en deux fois. Il suffit de regarder les ombres pour se rendre compte que cette séquence fut vraisemblablement tournée le matin et l’après-midi.

o Lors du combat final, Mrs Peel est couverte de crème, alors qu’elle en a beaucoup moins lorsqu’elle menace Jenny et Maggie. C’est vraisemblablement Cyd Child qui se trouve sous le casque et pas Diana Rigg ! (source : site, Mrs Peel we‘re needed !).


Détails

o Un peu de pub pour Breitling.

o Curiosité du scénario : pourquoi Emma ne reste-t-elle pas à couvert dans la forêt lorsque l'hélicoptère est à sa recherche ? Au lieu de cela, elle court à découvert, facilitant ainsi sa capture.

o The Happy Ploughman [Le joyeux laboureur] est le nom du pub. Il existe toujours sous le nom de The Greyhound de nos jours.

o Les "enfants" de Steed et Emma portent les prénoms des quatre producteurs : Julian (Wintle), Albert (Fennell), Gordon (LT Scott) and baby Brian (Clemens).

o On retrouve les objets du musée dans Le fantôme du château De'Ath, saison 4.

o On reverra le break Citroën DS19 Safari noir immatriculé AYR141B dans Trop d'indices, saison 6 – (source : Voitures de rêve et séries cultes/éditions Yris).

o On peut lire sur le panneau à l'entrée du village : "Welcome to Little Storping in-the-Swuff. Voted the best kept village in the country. Please help us keep it that way". (Première image de l’épisode).

o L’homme balancé de la voiture est le cascadeur Roméo Gorrara (source : site, Mrs Peel, we ‘re needed !). Il apparaît souvent dans la série ainsi que dans Le prisonnier.

o Allusion à l’empire britannique, ce thème était souvent évoqué en Grande-Bretagne dans les années 60. L’épisode Petit gibier pour gros chasseurs (saison 4) s’en fait l’écho.

o Croft a passé une annonce dans le Times pour trouver sa demeure ; journal qui ne peut rimer qu’avec sérieux !

o Sur la porte du musée : "Please obtain key from curator".

o La ceinture de chasteté (chastity belt) date de 1359, d’après la date relevée dans le musée.

o On peut lire près de l’instrument de torture de la pauvre standardiste : "Scold’s bridle-used to chastise the nagging wife". Cet instrument était utilisé pour empêcher les femmes de parler ou les punir d’avoir raconté n’importe quoi. Plus de renseignements ici .

o On peut voir du sang sur le visage de Forbes. La règle est parfois transgressée (également dans La chasse au trésor).

o Un jeu de mots en VO intraduisible en français. Mrs Peel explique le retard de Croft par : "runaway elephant ?" et Croft répond : "No, an elephant on the runway."

o L’hélicoptère traquant Mrs Peel est français, preuve de la perfidie bien connue des Froggies. Il s’agit en effet d’un SNCASE SE.3130 Alouette II, hélicoptère léger produit par Sud Aviation, noyau de la future Aérospatiale, à partir de 1956. Ses grandes qualités liées à un moteur à turbine révolutionnaire, une grande légèreté et adaptabilité, ou une large visibilité autorisée par le cockpit lui valent un immense succès. D’abord destinées à la Marine nationale, il acquit un grand renom comme moyen rapide de porter secours à des accidentés. L’Alouette II se fit d’ailleurs connaître en 1957 par une mémorable intervention au sommet du Mont Blanc, à la rescousse d’un hélicoptère américain écrasé. Appareil aux multiples applications civiles ou militaires, l’Alouette II fut vendue ou fabriqués sous licence dans le monde entier. Des  exemplaires modernisés demeurent encore produits  aujourd’hui.


Acteurs – Actrices

o Colin Blakely (1930-1987) a joué également dans L'homme à la valise, Les champions. Il est le docteur Watson de l'excellent La vie privée de Sherlock Holmes (1970). Il est également à l'affiche de plusieurs films dont Le crime de l'Orient-Express, Meurtre au soleil (tous deux adaptés des romans d'Agatha Christie) avec Diana Rigg, Le grand sommeil, Les chiens de guerre... Il est décédé d'une leucémie.

o Robert Cawdron (1921-1998) est né en France, à Garches. Il a participé au Club de l'enfer (saison 4). Il a également tourné dans Destination danger, Le Saint (cinq épisodes), Département S et Amicalement vôtre.

À noter que…

o Pour l'édition Optimum sortie en 2010 au Royaume-Uni, un commentaire audio de cet épisode a été fait avec Brian Clemens.

o Commentaire de Roger Marshall : « On  demandait souvent aux scénaristes de Chapeau melon et bottes de cuir d’où venaient leurs idées. Comme toujours, des sources les plus banales. Nous avions découvert dans l’autobiographie de Sydney Smith, un célèbre expert médico-légal, que le sol de certaines mines d’étain des Cornouailles était littéralement imprégné d’arsenic. Tout d’un coup, nous avions notre point de départ. Des gens avaient été tués partout en Angleterre et leurs corps avaient été expédiés vers ce village des Cornouailles. Les Avengers rencontrent Murder Incorporated [NDR : Nom donné à une organisation mafieuse italo-américaine des années 30/40 qui procédait de la même manière que dans l’épisode pour se débarrasser de personnes gênantes.] ». (Source : DVD 7 de la collection Optimum, Granada Plus Points).  

o Il y a un bref plan flou qui devient net lorsque Mrs Peel reprend connaissance; en fait un voile/filtre est enlevé de devant la caméra. L’image tremblote ensuite à quelques reprises sur le DVD kiosque lorsque Mrs Peel se relève et dit : ‘Wall ?’, ‘Skidded ?’ (image normale sur l’édition Optimum).

o Lors de sa première diffusion en France en octobre 1968, cet épisode fut présenté avec le carré blanc.

o L'instrument de torture porté par la "véritable" employée du téléphone, Hilary Dwyer (absente au générique) a dû être desserré pendant la prise des scènes car cela la faisait trop souffrir. À lire l’article sur le site Deadline : ABC Biography .

o Deux policiers (un vrai et un faux) sont présents dans cet épisode, ce qui va à l'encontre du "formatage" de la série.

o Introduction de Patrick Macnee : « Emma et son prince charmant [NDR : référence au tag final] ont mis un terme aux intentions meurtrières du Village de la Mort. Un village où l’on ne voudrait pas que sa tante s’installe … sauf pour perfectionner son lancer de tartes à la crème ! » (source : DVD 7 de la collection Optimum, Granada Plus Points)

o Pour la scène de torture dans le lac, la surface de l'eau devait apparaître sans mouvement pour montrer que Mrs Peel trempait depuis longtemps. Cyd Child, doublure de Diana Rigg, devait rester le plus longtemps possible la tête sous l’eau et bouger ses orteils pour qu'on la remonte. Le metteur en scène, Bob Asher, l'a remontée avant le signal car cette scène le mettait mal à l'aise rien que de la regarder. Plus de 15 000 mètres de film (50 000 feet) furent nécessaires pour une séquence d'une minute ! (Stay Tuned : The Perils of Cyd, Dave Rogers).

o Lors de la poursuite par hélicoptère, la tenue à base de laine de Mrs Peel n'a pas tenu après que Cyd Child ait escaladé la barrière. (Stay Tuned : The Perils of Cyd, Dave Rogers).

o C’est la seule fois où Emma est placée avant Steed dans les deux lignes : "Emma marries Steed – Steed becomes a father".

o Le village et l’hélicoptère font évidemment penser à la série Le prisonnier.

o Sur le DVD 7 de la collection Optimum, Brian Clemens présente l’épisode en noir et blanc afin de faire ressortir la rose rouge, seul élément couleur.  Clemens évoque le lieu de tournage, Aldbury, qui avait déjà été vu dans d’autres productions comme Les douze salopards, mais aussi dans des séries comme Les champions ou Le Saint. L’avantage est que le village n’était pas loin des studios et très accessible.  Le village est sinistre dans cet épisode où vous pouvez disposer de votre victime en toute tranquillité. Clemens cite Colin Blakely, un très bon acteur, qui a joué Jésus Christ mais il n’a rien de chrétien dans cet épisode !

o Coupures de presse lors de la 1re diffusion française.

Télé Poche

Fiche du Village de la mort des sites étrangers

En anglais
http://theavengers.tv/forever/peel2-23.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/emmacol/522.html
http://deadline.theavengers.tv/PeelS2-23-Murdersville.htm
En flamand
http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/peel50.htm
En italien
http://www.avengers.it/23col.htm
En espagnol
http://losvengadores.theavengers.tv/peel_murdersville.htm