COMMENT RÉUSSIR UN ASSASSINAT Steed becomes a perfect boss – Emma goes seeking charm Tournage : 1er au 15 février 1966 Diffusion : ITV, 19 mars 1966 – 2e chaîne ORTF, 23 mai 1967 Scénario : Brian Clemens Réalisation : Don Leaver Sarah Lawson (Mary), Angela Browne (Sara), Anne Cunningham (Gladys), Zeph Gladstone (Liz), Artro Morris (Henry), Jerome Willis (Joshua Rudge), Christopher Benjamin (Hooter), Kevin Brennan (Sir George Morton), David Garth (Barton), Robert Dean (Finlay), Sidonie Bond (Annie). Résumé Des hommes d'affaires sont assassinés et remplacés par leur secrétaire parfaitement apte à prendre la succession. Toutes ces employées sont inscrites à un club de gym que Mrs Peel ne tarde pas à rejoindre. Il s'avère en définitive que ces demoiselles sont manipulées par un ventriloque qui se sert d'elles afin de venger le décès de sa femme. Épilogue Steed et Mrs Peel s'initient à la ventriloquie dans une caravane ; chacun ayant son livre : Advanced ventriloquism et The ventriloquist. Emma n'est pas convaincue des capacités de l'agent au chapeau melon : "Steed, I saw your lips moving !". CRITIQUES
Denis Chauvet 10 décembre 2004 Comment réussir un assassinat est l'épisode le plus faible de la saison quatre à mon humble avis et heureusement que l'excellent Du miel pour le prince clôture les "noir et blanc". Cela permet d'éviter de terminer une saison grandiose sur une mauvaise note ! Trop peu de bons moments dans cet épisode peu crédible et souvent ennuyeux. L'apparition tardive de Steed, après plus de huit minutes, ne laisse présager rien de bon. La question primordiale avant de commencer toute analyse est de savoir dans quel registre se classe cet épisode : vengeance ou libération féminine à la mode dans les années soixante ? Pour ma part, je le classe dans la première catégorie et je fais fi de certaines critiques qui taxent cet épisode de "sexiste" ! Elles s'appuient sur des scènes que j'apparenterais plutôt à de l'humour, comme celle où Steed invite Sara à s'asseoir sur ses genoux ou lorsqu'il la chatouille pour lui faire révéler l'adresse du club de gym. Vraiment pas de quoi s'offusquer ! D'ailleurs, ces deux scènes citées plus haut font partie des temps forts de l'épisode. Le meilleur passage est néanmoins la rencontre de Mrs Peel avec JJ Hooter, un excentrique de première classe ! Il distille des répliques savoureuses "You see the splendid beast, naked before you. Wait until you see him in action." [Vous voyez maintenant la superbe bête, nue devant vous. Attendez de la voir à l'œuvre] et la performance de Christopher Benjamin est remarquable. Quelques autres points positifs : Sara (Angela Browne) est une dangereuse "tigresse" sachant manier le bas avec dextérité ; quelques extérieurs agréables (Mrs Peel à la poursuite de Mary et Steed au cimetière), la trouvaille de la pompe à parfum et la ravissante silhouette de Mrs Peel en danseuse. Le reste de How to Succeed... at Murder est décevant et parfois même ridicule. Henry veut venger Henrietta mais n'a pas l'envergure d'un "méchant " et on peut se demander comment il a pu convaincre toutes ces secrétaires de participer à sa croisade ! Je n'ai jamais trop adhéré aux épisodes avec des marionnettes (Un petit déjeuner trop lourd est très moyen, Clowneries sort du lot grâce à son originalité). Henrietta, l'hideuse marionnette, est exaspérante et occupe trop de temps et certains passages comme l'introduction ou le cri de ralliement des secrétaires [" Ruination to all men "] frisent le ridicule. Brian Clemens a-t-il voulu avec cet épisode participer à sa façon au mouvement féministe de l'époque ? En tout cas, la parodie tourne mal (ou plutôt mâle ;-). Même la mise en scène ne peut racheter la médiocrité de l'ensemble, l'attaque sur Steed étant très mal filmée. Un bon épisode comporte quelques scènes intéressantes entre Avengers, mais elles font défaut dans Comment réussir un assassinat. On peut simplement noter Mrs Peel faisant le "portrait" de Steed : "Do I look like that ?". À noter l'air musical lorsque JJ Hooter se prépare à "sentir", déjà utilisé dans Un Steed de trop, et un morceau agréable lorsque Emma suit Mary jusqu'au club de gym provenant de L'héritage diabolique. Malgré quelques scènes intéressantes, How to Succeed... at Murder est un épisode décevant et fastidieux. Mrs Peel est-elle une amazone du vingtième siècle? Moi, j'ai ma petite idée... EN BREF : Un épisode quelconque sans grand intérêt comparé aux nombreux classiques de la quatrième saison.
Steed3003 10 juin 2006 Avant-dernier épisode de la saison, Comment réussir… un assassinat est une critique incisive du féminisme à outrance. Brian Clemens fait ici une attaque en règle du féminisme hard, à l'opposé du féminisme soft de notre chère Mrs Peel. Si cette attaque est parfois outrancière, et parfois misogyne il faut bien l'avouer, elle reste efficace et surtout d'une modernité implacable. Brian Clemens rétablit quelques vérités : la série est féministe, oui, mais ne versera jamais dans le sexisme. Cette satire réussie prend place dans une intrigue qui l'est nettement moins. Après un démarrage en trombe, qui voit une secrétaire faire exploser le bureau de son patron, la meilleure scène d'intro de la saison, le rythme tombe vite et l'épisode apparaît au final assez laborieux. Le schéma habituel (Emma Peel infiltre un milieu, puis est démasquée ; Steed est pris pour cible) fonctionne mal. Malgré cette impression d'intrigue poussive, Comment réussir… un assassinat contient malgré tous quelques petits joyaux. Comme M. Hooter, dans la lignée des meilleurs excentriques de la série. Ce spécialiste du nez permet à Brian Clemens de s'en donner à cœur joie dans des métaphores sexuelles savoureuses La fin aussi, très surprenante, prend à contre-pied le spectateur : toutes ces femmes qui affirmaient tromper les hommes à leur guise ont été en fait manipulées par un homme ! Malgré tout, ce scénario de Brian Clemens laisse un goût d'inachevé. Dernière réalisation pour la série de Don Leaver pour cet épisode. On retrouve ici le talent dont il avait fait preuve pour L'héritage diabolique. Sa mise en scène élégante et dynamique nous permet d'oublier que quasiment tout l'épisode est en studio. Plutôt à l'aise dans les quelques scènes d'action, excellent pour relever les scènes de comédie et pour semer le doute dans l'esprit du spectateur, il rajoute dans son travail un suspense qui faisait défaut au scénario originel. Dommage qu'il n'ait pas mis en scène plus d'épisodes dans la série… L'interprétation sonne juste, on ressent un vrai plaisir chez les actrices à jouer des personnages vindicatifs. Patrick Macnee et Diana Rigg paraissent un peu en retrait, mais l'alchimie est toujours là. On remarquera la qualité des lumières, particulièrement raffinées. Mrs Peel peint le portrait de son partenaire. Un portrait tendance art moderne où celui-ci est difficilement reconnaissable. À vrai dire, seul le chapeau melon a subsisté sur la toile ! Pour démanteler le réseau de secrétaires aux dents longues, Emma Peel va, comme à son habitude, infiltrer avec discrétion l'organisation. À la vue des décors vides et impersonnels, on sent un coup de fatigue à la production. Tous les décors se ressemblent atrocement. Heureusement, la qualité de la réalisation réussit à masquer cette faiblesse majeure. À part le fait de voir Mrs Peel en tenue de gym, aucune tenue de celle-ci ne retiendra notre attention. Pour Steed, rien d'exceptionnel non plus. La musique est à oublier, tant elle a du mal à saisir l'esprit satirique du scénario. Laurie Johnson paraît "à côté de la plaque" ! EN BREF : Excellente critique d'une certaine conception du féminisme, dommage qu'elle s'inscrive dans une histoire fade que peine à relever une pourtant excellente mise en scène.
Estuaire44 27 avril 2013
How To Succed… At Murder (titre très à la Agatha Christie) demeure certes divertissant par son ton le plus souvent léger (conclusion mise à part) et par son défilé de jolis minois très Sixties, à commencer par la sublime Angela Browne. Par contre l’habituellement suprêmement habile Brian Clemens ne cesse de se prendre les pieds dans le tapis, en multipliant les contresens scénaristiques. Le récit introduit ainsi une tonalité sexiste assez contre-productive alors que s’achève une saison si avant sur son temps sur ce point. Que l’on décrive des personnes du beau sexe trucider leur prochain ne pose pas problème, après tout si la femme est l’égale de l’homme, elle l’est aussi dans les aspects les plus sombres de l’humanité. Mais, outre la parodie exacerbée du féminisme, il s’avère par contre navrant que ces dames se révèlent en définitive manipulées par un homme. Elles obéissent à une marionnette, mais l’intrigue les peint elles-mêmes comme telle. Après les sociétés secrètes baroques, immatures et suprêmement machistes de A Touch Of Brimstone et de A Sense Of History, il aurait été bien plus judicieux d’opposer une contrepartie féminine, tout à la fois froidement efficace et davantage raffinée que les matamores masculins. Ici tout est bâti sur du sable. Si le but poursuivi est la vengeance, pourquoi y entremêler un but crapuleux ? La haine pure du Pr. Keller résonnait avec une toute autre force. D’autre part il est gênant que jamais ne soit explicité ce qui incite ces femmes à cette soumission à une marionnette. On ne voit pas le lien, contrairement à Clowneries, où elle appartiendra au même univers que ses sectateurs. L’autre contresens plombant l’épisode, proprement désarçonnant de la part de Clemens, est que si un Diabolical Mastermind adversaire des Avengers, peut (doit) être magnifique, extraverti, dément, obsessionnel ou mégalomaniaque, il ne doit par contre jamais apparaître comme pathétique. En quoi réside l’intérêt d’une opposition pareille ? Nous nous trouvons dans une série d’aventures, pas dans un mélodrame poisseux. Et c’est peu de dire que nous sommes servis en la matière avec l’OVNI dénommé Henry, tout droit sorti des mélodrames antédiluviens de la littérature populaire du XIXème siècle (du même tonneau que le Sica de La loi du silence). On a l’impression que tout est mis en œuvre pour en rajouter sur ce chapitre : ton déclamatoire, costume, maquillage, sur-jeu pas possible d’Artro Morris : halte au feu ! Le côté risible de l’affaire est souligné par le tag final, tombant comme un cheveu sur la soupe après ces grands violons larmoyants. Si les décors s’avèrent assez quelconques, How To Succed… At Murder parvient malgré tout à échapper au désastre. Il le doit notamment à certains à-côtés amusants, comme la bonne idée ce bracelet composé de gadgets. On aime beaucoup, cela fait très Bat-Ceinture, même s’il y a loin des marionnettes de l’ineffable Henry à Selina Kyle. Et puis avouons que cette moulante tenue d’entrainement sied fort bien à ces dames, à commencer par Mrs Peel. Comme souvent les étincelles entre Avengers viennent d’ailleurs au secours des épisodes défaillants. Le recours au chatouillement représente un biais habile pour l’interrogatoire d’une dame, cela se distingue fort heureusement de la brutalité de celui de A Sense Of History. Certainement un bon souvenir pour Patrick Macnee ! Le recours aux poupées ou marionnettes animées introduit toujours un effet réussi, comme en témoigne à diverses reprises The Twilight Zone, dans un registre certes différent. Mais l’atout maître de l’opus réside dans la fabuleuse prestation de ce grand acteur qu’est toujours Christopher Benjamin. Hooter se montre irrésistible par ses mimiques et sa cuistrerie ridicule, mais aussi par ses paroles à double sens. Il peut sembler paradoxal que l’épisode le plus faible de la saison recèle son Excentrique le plus savoureux, mais en tout cas cela tombe à pic. EN BREF: Un épisode au contresens global, d’autant plus surprenant qu’il est écrit par Brian Clemens en personne. Fort heureusement, Hooter évite au spectateur de piquer du nez. VIDÉO Mrs Peel rencontre un spécialiste du nez ! INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
![]() Tournage o Steed suit Henry dans le cimetière où repose Henrietta : c'est celui de la vieille église St Butolph's à Shenleybury. o Mary Merryweather quitte son bureau et est suivie par Mrs Peel jusqu'au cours de danse. Elle quitte les studios Elstree à Borehamwood. Continuité
o Lorsque Mrs Peel gare sa Lotus Elan derrière la voiture de Mary Merryweather, la scène est filmée d'un toit et on peut voir nettement les chaussures du cameraman. Détails
o Beaucoup de thèmes musicaux réutilisés : la rencontre Finlay/Sara se fait sous la musique de The Murder Market, l’air musical lorsque JJ Hooter se prépare à "sentir" provient de Two’s a Crowd (thème de Brodny), le morceau agréable lorsque Emma suit Mary jusqu'au club de gym a déjà été entendu dans The House That Jack Built… o Le panneau à l’entrée du club de gym est similaire à celui de l’épisode Quick-Quick Slow Death (source ; site : Mrs Peel, we’re needed). o Henry emprunte la ligne 358, qui relie Orpington à Crystal Palace, pour se recueillir sur la tombe d’Henrietta. o Le parfum, la création de JJ Hooter qui mène les Avengers sur la piste, a pour nom "Leap into my fervid arms". o La devise du cours de danse "Keep fit classes for young ladies" est "Think thin-to be slim is to be successful". o "Ruination to all men" est le cri de ralliement des secrétaires. o Dans la riche galerie photos de l’édition Blu-ray britannique, on peut admirer quatre clichés couleur de Sara/ Angela Browne dans une tenue cuir noire et orange. C’est celle que Sara porte lorsque, accompagnée de Liz, elle tente d’occire Steed. Celui-ci déclare à cette occasion: « Terrible weather. And nothing between you and the weather, but leather.” o Le panneau présentant JJ Hooter, l'excentrique de l'épisode : "JJ Hooter – Perfumier Extraordinary Scents blended – Ad sniffum ad smellum par excellum". o Sur la tombe d'Henrietta : "My dearest Henrietta – Passed away 1951 – Rest In Peace" o La ligne de bus utilisée par Henry pour aller au cimetière est l’ancienne 358 (Country Area Route, North of the Thames). Elle se rendait de St. Albans Bus Garage à Borehamwood (Milton Drive) via London Road, Napsbury Gates et Shenley. Borehamwood est la ville ou se situent les studios d’Elstree. o On distingue plusieurs publicités sur ce bus.
Acteurs – Actrices o Christopher Benjamin (1934) a participé à deux autres épisodes : Interférences, saison cinq, et Double personnalité, saison six. Il a la particularité d'avoir joué le même personnage, Potter dans Destination danger et Le prisonnier, ce qui démontrerait que la seconde série est la suite de la première, ce que Patrick MacGoohan, créateur du Prisonnier, a toujours démenti. Il a également joué dans Le Saint, Paul Temple, Poigne de fer et séduction, Thriller, Le retour de Sherlock Holmes, Mission casse-cou, Inspecteur Morse, Inspecteur Barnaby… o Angela Browne (1938-2001) a joué dans Intercrime, saison deux et Le prisonnier. C'est La fille en pyjama rose (titre de l'épisode) dans Destination danger. Également vue dans Le Saint, L'homme à la valise, Paul Temple, Bergerac. o Sarah Lawson (1928) a tourné dans de nombreuses séries jusqu'à la fin des années 80 : Destination danger, Le Saint, Département S, Amicalement vôtre, Jason King, Les professionnels, Bergerac (deux épisodes). À noter que… o Aka How to Succeed at Murder... Without Really Trying. o Connu également en France sous le titre Abus de confiance. Ce titre apparaît mystérieusement dans les magazines TV, et dans les coffrets VHS de chez EMI édités au début des années 90. Cet épisode apparaît également sous ce titre dans le livre Chapeau melon et bottes de cuir, irrespectueusement vôtre. o La voix d'Henrietta en VO était-elle celle d'Honor Blackman ou de Yolande Turner (Maille à partir avec les taties et Un petit déjeuner trop lourd) ? o Gros problème de son pendant la majeure partie de l'épisode dans la version originale de la première édition kiosque. o Il y a déjà eu onze meurtres avant que les Avengers n’interviennent pour stopper l’épidémie ! o L’image du Blu-ray est si nette qu’on remarque que la secrétaire de la scène d’introduction a le bras velu ! Comparaison Studio Canal/Optimum (par Denis Chauvet) : Pas de différence de durée entre les deux éditions mais la version VO de l’édition française est inaudible alors qu’elle est parfaite sur Optimum. L’image britannique a été épurée des déchets vus sur la version kiosque comme les taches, les barres sur toute la largeur de l’écran lorsque Steed et Mrs Peel inspectent la voiture, la scène du crime… o Coupures de presse lors de la 1re diffusion française.
En anglais
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L'ÉCONOME ET LE SENS DE L'HISTOIRE Steed dons a gown – Emma becomes a Don Tournage : 20 au 31 janvier 1966 Diffusion : ITV, 12 mars 1966 – 2e chaîne ORTF, 30 mai 1967 Scénario : Martin Woodhouse Réalisation : Peter Graham Scott Nigel Stock (Richard Carlyon), John Barron (Henge), John Glyn-Jones (Grindley), John Ringham (Professor Acheson), Patrick Mower (Duboys), Robin Phillips (John Pettit), Peter Blythe (Millerson), Peter Bourne (Allen), Jacqueline Pearce (Marianne). Résumé L'assassinat d'un éminent économiste aux idées humanistes conduit les Avengers à l'université St Bodes. Mrs Peel y fait la connaissance d'un groupe d'étudiants réactionnaires tandis que Steed essaie de découvrir l'auteur d'une thèse diamétralement opposée aux pensées du défunt. Lors d'une soirée costumée, les Avengers démasquent le cerveau qui, avec l'aide de quelques étudiants, entendait imposer une vision extrémiste. Épilogue Les Avengers quittent les lieux en side-car. Steed bien installé et calfeutré dans la partie passager. "Steed, you're a fraud !". CRITIQUES
Denis Chauvet 27 octobre 2004 A Sense of History est déprécié dans la plupart des sites et livres consacrés aux Avengers alors qu'il est, à mon avis, une belle illustration du caractère particulier de la série. L'intrigue est tout à fait traditionnelle, sans aucune touche surnaturelle, mais elle est néanmoins originale et solide. On peut même y déceler un côté pessimiste assez inhabituel à la série. Rien ne manque pour faire un classique de cet épisode : un "méchant" convaincant, un excentrique farfelu, de l'humour, une bonne bagarre finale, une devil mind croustillante et une inoubliable Mrs Peel en costume de Robin des Bois. Grindley (John Glyn-Jones) est un méchant a priori sympathique, mais son idéologie exposée à la fin de l'épisode fait froid dans le dos. Il est un obscur archiviste mais il s'avère être le personnage central, mettant le spectateur sur une fausse piste ; son interprétation est admirable. Par contre, Duboys (Patrick Mower) est désagréable au possible et on espère même que Steed lui brise le bras ! Sa façon de casser les mines de crayon est exaspérante et la scène du serment de fidélité par le sang bien trop longue. Professeur Acheson (John Ringham) est l'excentrique de l'épisode "Isometrics, exercise without apparatus", même si la série en a connu d'autres plus inoubliables ! Les autres seconds rôles font une bonne prestation : Henge (John Barron) est le suspect numéro un, Richard Carlyon (Nigel Stock) est l'appât, John Pettit (Robin Phillips) le repenti, Millerson (Peter Blythe) le comparse dévoué et Marianne (Jacqueline Pearce) la crédule de service. Quant à Steed, il n'apprécie pas de se faire manœuvrer par de jeunes "blancs-becs" et il n'hésite pas à tordre le bras de Duboys et à assener un coup de thèse sur la tête à Pettit : sa façon de procéder renvoie aux saisons Cathy Gale. Mrs Peel est égale à elle-même et j'adore sa moue lorsque Acheson fait tomber par terre les archives qu'elle a classées ! L'humour a une place importante dans A Sense of History (en tout cas dans la VO). Steed et Carlyon tout d'abord : "Old wound, you know", "Really ? German bullet World War II ?", "Umbrella. January Sales. Damned stupid woman !" [Vieille blessure – Balle allemande de la seconde guerre mondiale ? – Parapluie, soldes de janvier, sacrée bonne femme !]. Steed et Mrs Peel ont également des échanges intéressants soit au moment d'assommer les suspects "Historical memoirs or The Encyclopedia of Erotica ?", "The memoirs-they are heavier" ou avant la soirée avec la fameuse devil mind : "That looks a bit droopy", "Wait until it's challenged !" (je vous laisse la traduire !). De nombreuses autres scènes amusantes sont à noter : le melon transpercé de Steed ; Mrs Peel découvrant la photo d'une pin up sous un pupitre "I prefer my students to be wide-eyed and innocent" [Je préfère mes étudiants attentifs et innocents] ; Carlyon coiffé d'une passoire, Steed en lanceur de couvercle de casserole... La liste n'est pas exhaustive ! On comprend mal dans ce cas pourquoi certains sites (anglo-saxons) dénigrent cet épisode. Il est vrai qu'ils décèlent une confrontation communisme/fascisme dans A Sense of History et privilégient peut-être trop le côté pessimiste de l'intrigue alors que les Avengers est avant tout une série basée sur l'humour ! On peut également considérer que la série est une nouvelle fois en avance sur son temps avec cette thèse visant à unifier l'Europe contre la pauvreté ! Les extérieurs ne sont pas merveilleux et nous pouvons nous demander ce que fabrique Carlyon dans les bois alors que sa vie est menacée ; l'université semble toujours être prise du même côté bien que les scènes dans l'obscurité soient bien filmées. Seule la surprenante séquence d'introduction, qui nous montre une magnifique Rolls Royce quitter un hameau pour s'enfoncer dans les sous-bois, est d'intérêt. Heureusement, les costumes contrebalancent la pauvreté des extérieurs ! Steed en shérif de Nottingham et surtout Mrs Peel en Robin des Bois font sensation et démontrent une nouvelle fois que des costumes d'époque peuvent donner un certain cachet à un épisode. A Sense of History est en effet le troisième de la saison à y avoir recours après Too Many Christmas Trees et A Touch of Brimstone. Une photo couleur de la soirée costumée (à voir sur le site Mrs Peel, we're needed) montre Steed, Mrs Peel et Carlyon en habits d'époque : admirez l'énorme cœur rouge que porte Carlyon ! Laurie Johnson propose un thème musical chevaleresque tout à fait de circonstance comme d'habitude. À noter les bruits de la circulation et les chants d'oiseaux lorsque les Avengers examinent la voiture de Broom et un buste de Napoléon qui réapparaît de temps à autre (voir Les chevaliers de la mort). A Sense of History est un très bon épisode bourré d'humour et de situations farfelues avec une ravissante Mrs Peel en costume de Robin des Bois. "In a situation like this, a gentleman would bow to a lady." EN BREF : Les Avengers côtoient le monde de l'éducation dans un épisode riche en humour, injustement déprécié.
Steed3003 1 juin 2006 Après un début de saison très inégal, la série commence enfin à trouver son équilibre. Les bons épisodes se suivent et ne se ressemblent pas. Martin Woodhouse était déjà l'auteur de nombreux, et plutôt bons, épisodes des saisons précédentes, comme Mr Nounours ou Seconde vue. Il offre ici sa dernière contribution aux Avengers et à la fiction télévisuelle en général, puisque c'est son dernier scénario tout court. Il deviendra ensuite un auteur à succès de romans dans le ton des Avengers. Son adieu est très réussi. Tout d'abord, il s'adapte parfaitement au nouveau style des Avengers, laissant une large place à l'humour et au second degré dans cet épisode. Il fait aussi une attaque en règle des public schools britanniques, du système universitaire en général. En effet, tous les étudiants paraissent ignares, arrogants, irrespectueux et ont même des tendances meurtrières ! On est loin de l'univers du Cercle des poètes disparus ! La critique sociale, rarissime dans la série, est ici forte et volontairement acide : le système universitaire britannique est aux abois. Pour revenir à l'intrigue de l'épisode en elle-même, elle s'inscrit dans le schéma habituel de la série : une succession de meurtres dans un environnement particulier par une organisation secrète que vont tenter d'infiltrer nos deux agents. Regrettable, surtout au vu des derniers épisodes qui avaient su, avec talent, explorer d'autres voies narratives. Ne nions pas notre plaisir pour autant : les vieilles recettes fonctionnent plutôt bien. La toile de fond (l'université) est extrêmement bien exploitée, les personnages ont "de la gueule", malgré certains traits parfois trop forcés, et les rebondissements rebondissent comme il faut. Tout cela est enrobé d'un humour efficace. Le scénariste nous offre même parfois des scènes carrément jouissives : comme Steed utilisant les Châtiment corporels sur un élève récalcitrant (une scène que devraient savourer nos nombreux amis professeurs, notamment un certain Denis C.). Le fond de l'histoire, totalement improbable pour n'importe qui ayant quelques notions d'économie, est heureusement peu développé. En bref, un adieu réussi pour Martin Woodhouse avec un ton incisif surprenant. Troisième et dernière contribution de Peter Graham Scott. Il nous fait lui aussi ses adieux, mais seulement pour la série. Il travaillera ensuite dans bien d'autres séries (Le Prisonnier, Arabesque…). Après le très médiocre (Les aigles) et l'excellent (Cœur à cœur), Peter Graham Scott équilibre et fait du moyen. En effet, la réalisation est classique mais efficace. Si la mise en scène manque d'originalité, elle valorise correctement le scénario. On regrettera un manque de punch général et une tendance au statisme, récurrent dans les saisons 4 et 5. L'ensemble ne manque pourtant pas de panache et le scénario est assez bon et rythmé pour maintenir l'intérêt à lui seul. La photographie est splendide. L'orage et le feu apportent de nombreuses nuances au niveau des lumières pour un rendu superbe en N&B. L'interprétation est aussi de bon niveau. Si Patrick Macnee et Diana Rigg sont bons sans plus, le reste du casting est réussi, notamment les jeunes acteurs (on en voit peu fréquemment dans la série). Ils se montrent à la hauteur de leurs rôles. En bref, après avoir flirté avec le pire et le meilleur, Peter Graham Scott fait ici un au revoir proportionné et donc moyen ! Cet épisode nous permet de voir Steed goûter aux joies du camping, ce qui donne lieu à quelques scènes iconoclastes. Pendant ce temps, Mrs Peel infiltre le milieu étudiant et défend courageusement ses professeurs auprès de ses camarades. Un superbe décor pour l'université où se déroule une majorité de l'action, si réussi qu'on se demande même si l'épisode n'a pas été tourné dans une vraie. On notera aussi un faux extérieur plus réussi que d'habitude pour le lieu de campement de Steed. On retrouve la même tenue blanche et le même voile pour Mrs Peel au début de l'épisode que dans l'épisode précédent, L'héritage diabolique, ce qui soulève quelques doutes sur son hygiène de vie. De superbes costumes à la fin de l'épisode pour Steed et Mrs Peel, respectivement habillés en Shérif de Nottingham et Robin des Bois. Après Faites de beaux rêves, le savoir-faire de l'équipe de la série en matière de costumes est une nouvelle fois démontré. La composition de Laurie Johnson pour cet épisode est loin d'être mémorable : juste fonctionnelle, rien de plus. EN BREF : Le cocktail habituel des Avengers, toujours un régal, avec en bonus une légère touche d'acidité.
Estuaire44 27 avril 2013
A Sense Of History présente l’amusante particularité d’apparaître comme un simili clone de A Touch of Brimstone. En effet les convergences abondent : groupe apparemment potache dissimulant une redoutable société secrète, où les membres féminins disposent d’un statut clairement inférieur, chef charismatique et extraverti, influence similaire de la Hammer, rendu encore plus évident par l’actrice maison Jacqueline Pearce, renouant avec les standards des rôles féminins de la célèbre maison de production (beauté évanescente, effroi exacerbé, soumission à l’homme), moment pivot d’une grande fête en costumes, où Mrs Peel exhibe pareillement un ensemble original et fort suggestif, cette dernière terrassant le mâle alpha par un ironique renversement de situation, etc. Malheureusement, hormis la tenue de Robin des Bois que l’on peut préférer à l’aspect caricaturale de la Reine des Péchés, A Sense Of History reste loin de se hausser à la hauteur de son célèbre modèle. Outre une mise en scène bien plus commune la faute en revient principalement à un scénario maladroit. La majeure partie du récit se traine en lorgneur, multipliant les scènes bavardes au sein de décors dépourvus de cachet et souffrant de la comparaison avec nombre d’autres opus cette saison. Les tentatives de diversion sur des suspects ont évidentes. Le twist final censé marquer l’esprit du spectateur après la traversée du marécage sombre dans la facilité, avec ce mort surgissant de nulle part sans qu’un indice n’ait pu nous éclairer et sans que rien ne l’ait concrètement obligé à opérer ce mouvement. Du mauvais théâtre, tout ceci est très mal équilibré. Les seconds rôles, étudiants et professeurs, à la notable exception de Duboys, manquent singulièrement de piment et d’envergure. Carlyon résulte plus pataud qu’amusant et résume parfaitement la faible inspiration momentanée de Martin Woodhouse. Alors qu’il est menacé il est absurde de le placer ainsi dans un chariot en pleine forêt, une idée tirée à la ligne uniquement pour justifier la scène de l’attaque. Une manœuvre cousue de fil blanc, d’autant plus regrettable que le passage ne montre rien de remarquable ou d’original. On se demande bien aussi pourquoi Steed l’emmène dans cette fête truffée d’assassins potentiels. On ajoutera l’énième recours au poncif de la source trucidée ou le côté fumeux de cet argumentaire de thèses universitaires, on se croirait dans Le Nom de la Rose, des siècles plus tôt. L’épisode ne manque cependant pas d’intérêt. S’il était impossible de vraiment étudier le système universitaire anglais dans le cadre restreint d’un épisode, ce thème complète joliment le panorama d’ensemble de la société britannique traditionnelle réalisé cette saison. Les Avengers se montrent de nouveau prémonitoires puisque cette révolte, certes dévoyée, de la jeunesse contre ses ainés et le système, évoque les bouleversements survenant une poignée d’années plus tard, même si la rébellion sera davantage de gauche que de droite ! Cependant on remarque avant tout la remarquable prestation de Patrick Mower en Duboys, impérieux et extraverti, sans doute l’un des rares points où A Sense Of History peut presque rivaliser avec A Touch Of Brimstone. On lui doit les seules scènes réellement marquantes de l’opus, même si l’on regrettera sa fascination pour Napoléon. Il demeure en effet contradictoire qu’un farouche adversaire de l’Union Européenne admire celui qui en a édifié la première version post Charlemagne, lors du Blocus continental précisément dirigé contre l’Angleterre. Etrange. On portera également au crédit de Duboys d’autoriser le moment le plus électrique de l’opus, lors de sa confrontation musclée avec Steed. Ce dernier se montre très en verve durant tout l’épisode mais ce retour du Steed plus brutal des années Cathy Gale apporte une plaisante spécificité, y compris durant l’impitoyable interrogatoire. Macnee s’amuse visiblement beaucoup de réminiscences d’Eton et du grand costume du Shérif de Nottingham. Les dialogues entre Avengers pétillent, notamment lors de la scène d’introduction, plus franche que d’habitude de la part de Steed et mettant fort bien en avant la Lotus Elan. Par contre, il demeure pénible de voir Mrs Peel être cantonnée à la manipulation de poussiéreuses archives durant la majeure partie de l’histoire. La talentueuse amatrice n’est principalement là que pour exhiber ses atours à plume et distribuer quelques horions, une version assez schématique du personnage. EN BREF: Un épisode à la réalisation et au scénario médiocres. La tenue Robin des Bois de Mrs Peel reste cependant un plaisant souvenir ! VIDÉO Conflit de générations entre Steed et un étudiant ! INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES Tournage o Lorsque James Broom s'engage en Rolls dans les sous-bois (scène d'introduction), il passe devant Aldenham Wood Lodge à Elstree. o The Royal Masonic Senior School (plus tard devenu The Bushey International University) est Saint Bodes. C'est également le centre de conférence de La porte de la mort. Continuité o "St Bede's" apparaît sur la tirelire dans les bois et les documents des archives de l'école. Les acteurs disent "St Bede's" (lire sur les lèvres) mais sont doublés par "St Bode's" dans la version originale. En effet, "St Bede's" est le nom d'une véritable école en Grande-Bretagne : "Toute ressemblance avec des personnes ou lieux...". o Lorsque Grindley prononce "St Bodes" lors de la rencontre avec Steed, le nom de l'université est en désaccord avec le reste de la phrase : cela est dû au doublage du nom effectué après le tournage (dans la VO). Détails o Le titre du livre retrouvé auprès de Duboys est "How to develop a winning personnality". o Mrs Peel en Robin des Bois est à voir absolument ! o Professeur Henge est surnommé ‘Stonehenge’ par les étudiants (une référence au grand monument mégalithique de renommée mondiale classé à l’Unesco). Henge est donc pour les étudiants ‘vieux jeu’ ; en français, ‘Stonehenge’ devient…’Henge le crétin’ ! o Le scénariste Martin Woodhouse a récemment confirmé que l’épisode avait de nombreuses références ; à l’université de Bede et les noms des personnages proviennent des chroniques de Robin-des-Bois. Ainsi, l’histoire fait une part belle à la semaine du carnaval étudiant (rag week) au profit d’institutions caritatives avec le final costumé. o Lorsque Steed dit à Carlyon au sujet de la thèse : ‘with the whiff of jackboots’, il faut savoir que le terme ‘jackboot’ est un synonyme de totalitarisme en Grande-Bretagne, bien que les ‘jackboots’ furent portées par de nombreux régiments britanniques depuis le dix-huitième siècle. o Mrs Peel trouve une revue Lion. C’était un magazine hebdomadaire de bandes dessinées qui est paru du 23 février 1952 au 18 mai 1974. Dans les années 60, la revue était une des plus populaires du Royaume-Uni. o Lorsque Steed admire un croquis d’anatomie, le fournisseur est Denoyer-Geppert Anatomy Series. Une entreprise toujours debout aujourd’hui: www.denoyer.com. o Carlyon n’apprécie pas le continental roasted coffee de Steed. Il s’agit en effet d’un degré de torréfaction assez élevé, supérieur à la norme britannique, assez légère. Les deux degrés de torréfaction encore supérieurs au continental (aussi nommé high ou viennese) sont le french et black french roasted coffee. Toujours l’entente cordiale ! o Dubois évoque la Rag week auprès de Mrs Peel, tandis que les tirelires des sollciiteurs indiquent Rag funds. Les rags sont des sociétés étudiantes de bienfaisance, présente dans la plupart des nivosités britanniques et irlandaises, organisant des campagnes de levées de fonds similaires à ce qui montré dans l’épisode. Depuis 2011, un fonds national établit une péréquation entre établissements. To Rag est un verbe de vieil anglais signifiant harceler (les rags remontent à l’ère victorienne) aujourd’hui le terme est souvent l’acronyme de Raise and Give. La Rag week annuelle constitue la forme de sollicitation la plus traditionnelle pratiquée par ces sociétés, dont les actions sont désormais très variées. o Durant leur confrontation Duboys demande ironiquement à Steed s’il désire des sackcloth and ashes. To wear sackcloth and ashes (revêtir le sac et la cendre en français) est un idiotisme anglais signifiant exprimer un profond regret pour une erreur commise. Il s’agit d’une allusion à des pratiques bibliques de mortification : porter le cilice (ou sac) et se couvrir la tête de cendre. C’est ainsi que le roi David exprime son repentir après son adultère et la mort d’Urie le Hittite. Acteurs– Actrices o Nigel Stock (1919-1986) fut présent au théâtre, à la télévision et la radio. Il fut le Dr Watson dans une série Sherlock Holmes de deux saisons en 1965. Il a joué dans Le Saint, Destination danger, Le prisonnier (Le colonel dans L'impossible pardon), Van der Valk. Il est décédé d'un arrêt cardiaque. o John Barron (1920) et Peter Blythe (1934) sont décédés en 2004. o Jacqueline Pearce (1943) a également joué dans Destination danger, L'homme à la valise (deux épisodes) mais son rôle dans la série de science-fiction Blake's Seven (1978-81) fut le plus marquant. À noter que… o Le titre français se réfère sûrement à la thèse recherchée "Economics and a Sense of History". Or, economics est curieusement traduit par "l'économe" ; "l'économie" aurait été plus adaptée. o Dans le synopsis de Dave Rogers, Steed fait appel à Mrs Peel après avoir vu Carlyon et utilise son arme pour disperser les attaquants (et non pas un couvercle de casserole !). Ils sont censés quitter la scène en side-car dans un coucher de soleil et non dans le brouillard ! o Dans la galerie photos très riche du Blu-ray britannique, on note six photos sexy couleur et n&b de Jacqueline Pearce, qui interprète Marianne. Également des photos de Diana Rigg s’entrainant sur le side-car utilisé dans le tag et auprès de la Lotus Elan. o Comparaison Studio Canal/Optimum (par Denis Chauvet) : Pas de coupe sur l’édition Canal. L’image de l’édition française n’est pas aussi nette que celle de son homologue britannique néanmoins. Un défaut récurrent au niveau du visage de Grindley lorsqu’il dit à Henge qu’il est impressionné par les manières de Steed (‘Quite polite he was, that makes a change these days’). o Coupures de presse lors de la 1re diffusion française (l'économie ou l'économiste ?) Fiche de L'économe et le sens de l'histoire des sites étrangers En anglais
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L'HÉRITAGE DIABOLIQUE Steed takes a wrong turn – Emma holds the key to all Tournage : 9 au 18 janvier 1966 Diffusion : ITV, 5 mars 1966 – FR3, 6 juillet 1991 en VOST Scénario : Brian Clemens Réalisation : Don Leaver Michael Goodliffe (Professor Keller), Griffith Davies (Burton), Michael Wynne (Withers/Pongo), Keith Pyott (Pennington). Résumé Mrs Peel se rend dans une maison à la campagne qui vient de lui être léguée par un oncle inconnu. Elle s'aperçoit très vite que la demeure a des aspects inquiétants et qu'elle est retenue prisonnière. Le piège lui a été tendu par un ingénieur en automatisation qu'Emma avait licencié lorsqu'elle avait repris l'entreprise de son père. L'ingénieur, décédé, avait conçu cette maison diabolique gérée par un ordinateur dans le but de faire perdre la raison à Mrs Peel. Épilogue Steed et Mrs Peel quittent les lieux en tandem. Steed explique qu'il avait demandé au pauvre Pongo d'effectuer une surveillance discrète, ne voulant pas alarmer sa partenaire, d'où le jeu de mot avec "soft pedal". Peut-être un jeu de mot à triple entrée... CRITIQUES
Denis Chauvet 6 octobre 2004 The House That Jack Built est curieux, angoissant et particulièrement prenant pour le téléspectateur. C'est bien évidemment un épisode incontournable de la saison et même de la série. Je lui ai mis quatre melons mais il ne figure pas, à mon avis, parmi les trois meilleurs épisodes toutes saisons confondues, car il lui manque deux aspects indispensables sans lesquels The Avengers n'est pas la série telle qu'on la connaît : la bagarre finale et surtout l'humour ! L'histoire ne s'y prête pas du tout et les scènes entre les Avengers propices à ce genre de situation sont réduites au minimum. Nous avons deux scènes avec Steed et Mrs Peel. Celle du début où nous découvrons la mystérieuse clé au pouvoir étrange. Steed demande si c'est celle de la Bastille et conseille à Emma de visiter la cave à vin ! Dans la scène finale, nous avons droit à un regard langoureux d'Emma pour Steed bien qu'il soit arrivé, pour une fois, après le dénouement. "What happened to the shining armour ?", "It's still at the laundry". Pas de place pour l'humour dans cet épisode sérieux et lugubre. Nous découvrons une Emma différente dans L'héritage diabolique. Grâce à l'excellente réalisation de Don Leaver, le spectateur participe à la peur de Mrs Peel, qui se transforme même en panique devant l'ordinateur ; il a une place privilégiée et c'est une sorte d'épisode pour voyeurs. L'atmosphère oppressante est parfaitement rendue par une succession d'événements lents, mais somme toute logiques. Le suspense est à son paroxysme, mais nous découvrons assez tôt l'auteur de ce plan machiavélique. Le Professor Keller est en fait de la même lignée que le Doctor Armstrong : l'automatisation à tout prix, "replace man with machine", ce qui était un sujet précurseur à l'époque ! Il n'y a pas de bagarre finale car le "méchant" est déjà mort, mais la présence du cadavre de Keller sous verre renforce le côté sinistre de l'épisode. Le thème de la vengeance est très bien exploité et elle trouve ses racines dans le passé de Mrs Peel. Elle a repris l'entreprise de son père à 21 ans alors qu'elle s'appelait encore Knight et s'est débarrassée du Professor Keller, fou d'automatisation. Le mémorial à Emma Peel est morbide, mais très enrichissant pour la connaissance du personnage (cela me fait penser aux vignettes du générique d'Amicalement vôtre). À noter également un petit effet intéressant du réalisateur lorsque Mrs Peel jette un coup d'œil à travers son portrait géant. La distribution est réduite au minimum mais les seconds rôles sont tous convaincants. Professor Keller (Michael Goodliffe) est revanchard et aigri. Il est perdu mais sa maison va lui rendre justice tôt ou tard. C'est un méchant plus démoniaque encore que Prendergast dans Le joker, l'épisode pendant de la saison cinq. Burton (Griffith Davies), l'échappé de prison, a été vaincu par l'invention du professeur et sa composition de fou est assez saisissante (bien plus en tout cas que celle d'Ola !). Par contre, Steed n'a pas choisi en Pongo (Michael Wynne), le meilleur agent. Il a un regard en coin inquiétant et des attitudes efféminées (d'où la triple entrée de l'épilogue). La scène où ses genoux sont au premier plan dans la Lotus est assez... obscène ! Les longues séquences sans dialogue sont une autre particularité de cet épisode. Emma est seule tellement longtemps qu'une voix off est utilisée pour éclairer son raisonnement, indispensable à la compréhension de l'intrigue. Le mécanisme de la porte fait se déplacer les pièces, ce qui explique la scène du labyrinthe. Cette dernière peut néanmoins paraître trop longue à la rediffusion. En tout cas, nous apprenons que Mrs Peel ne se déplace jamais sans son bâton de rouge à lèvres ! À noter des extérieurs intéressants dans la campagne hivernale anglaise où la Lotus Elan et la Bentley sont mises en valeur. L'intérieur de la maison est étonnant, mélangeant passé et futur. La musique est de circonstance et parfois agréable (Burton se dirigeant vers la maison – Pongo allant à la rencontre de Mrs Peel). Lorsque Steed découvre la Lotus garée près de la maison, je suis persuadé que Patrick Macnee est doublé : la silhouette n'est en effet pas familière ! The House That Jack Built est un chef-d'œuvre incontournable et tient une place particulière dans la saison quatre, mais il n'est pas à voir en pilote pour découvrir la série tant les aspects traditionnels sont ignorés. "Good bye, dear lady". EN BREF : Mrs Peel est attirée dans un piège machiavélique pour un épisode grandiose.
Steed3003 26 mai 2006 Après avoir trouvé son rythme de croisière et une identité propre, la série commence à prendre un peu de recul avec ses schémas narratifs habituels et nous offre un épisode au ton inattendu. Avec L'héritage diabolique, Brian Clemens ouvre l'ère des épisodes ludiques : ceux qui jouent ouvertement avec le téléspectateur, et ses nerfs, sans souci de la vraisemblance. Caméra meurtre, Le joker ou Jeux s'engouffreront dans cette voie. Le concept de l'épisode est simple : Mrs Peel prise au piège dans un immense labyrinthe. Concept aisément "casse-gueule" et qui aurait pu facilement ennuyer sur la longueur. Surtout quand, cas unique, les 2/3 de l'épisode sont silencieux ! Au contraire, Brian Clemens s'en tire brillamment, grâce à une intrigue extrêmement resserrée et à un approfondissement bienvenu, mais un peu tardif tout de même, du personnage de Mrs Peel. En effet, si le déroulement de l'épisode est plutôt lent, il est, oh combien ! efficace ! En recentrant exclusivement l'épisode sur son héroïne (personnages secondaires limités au maximum, rôle de Steed accessoire) et en offrant des rebondissements inattendus, Brian Clemens dynamite les poncifs de la série et réussit à surprendre le spectateur. Il lui offre au final un petit film d'angoisse complètement maîtrisé. Il n'hésite pas à plonger le spectateur dans une ambiance lourde – très peu d'humour dans cet épisode – et à faire passer Mrs Peel par les pires tourments. La tension ne relâche jamais ! Par ailleurs, on saluera aussi un des méchants les plus efficaces de la série, avec une machination superbement huilée. La réussite du passage à l'écran de ce type de scénario nécessitait un réalisateur à la hauteur ; un réalisateur qui réussirait à retranscrire son ambiance oppressante. C'est à Don Leaver qu'on a confié cette mission. Ce nom peut inquiéter, surtout quand on a vu son travail pour Meurtre par téléphone. Cet épisode s'apparentait plus à du théâtre filmé qu'autre chose. Heureusement pour nous, sa mise en scène est ici d'une toute autre qualité. Disons le tout de go : Don Leaver a réalisé ici l'épisode le plus angoissant des Avengers. Il utilise toutes les facettes d'un décor unique avec un talent et une inventivité qui forcent l'admiration. Sa mise en scène rappelle le génie du réalisateur du film Cube, reposant sur le même concept. Sa mise en scène est dynamique et rythmée, tout en préservant la certaine lenteur du scénario. Il retranscrit parfaitement à l'écran les différents mécanismes du piège dans lequel est tombée Mrs Peel. On ne pourra s'empêcher de regretter néanmoins quelques effets outrés : comme ce lion bondissant apparaissant à deux reprises dans l'épisode vraiment pas crédibles, ces scènes de voitures grossièrement tournées en studio ou l'usage pénible (mais heureusement limité) d'une voix off explicative pour Mrs Peel plutôt redondante. Néanmoins, il faut bien reconnaître que le travail de Don Leaver ne manque pas d'audace, avec une belle variété de plans. Il offre aussi au spectateur un final impressionnant, c'est malheureusement peu souvent le cas dans la série, avec des effets spéciaux à la hauteur. Diana Rigg est magnifiée tout au long de cet épisode. C'est véritablement là qu'elle prend ses galons d'héroïne culte. Sa performance est à la hauteur du scénario. Le reste de la distribution est dans la moyenne de la série, avec mention spéciale pour Michael Goodliffe, effrayant dans le rôle du revanchard de service. Premier épisode solo pour Mrs Peel. Ces derniers se multiplieront dans la saison suivante : Caméra meurtre, Le joker et Le village de la mort. Tara King y aura aussi droit avec Pandora et Étrange hôtel , à l'ambiance certes plus légère. Cet épisode nous permet de mieux connaître l'histoire du personnage, au détour d'une exposition qui lui est consacrée. Des choix qu'elle a faits dans le passé ressurgissent violemment dans un effet boomerang. Par ailleurs, Steed développe lui-même ses photos ! À noter que ce dernier n'arrive finalement que lorsque que sa partenaire s'est déjà tirée d'affaire, ce ne sera pas toujours le cas pour les autres épisodes solos. Décors absolument splendides et d'une rare créativité, notamment le labyrinthe en trompe-l'œil dans lequel va se perdre Mrs Peel, digne de celui réalisé en clin d'œil à cet épisode pour le film. Mrs Peel porte le voile au début de cet épisode, ce qui lui donne des airs d'héroïne hitchcockienne lorsqu'elle est au volant de sa voiture. Sa tenue toute blanche (encore une fois) est sympathique sans être sexy. Chapeau melon et costume de rigueur pour Steed, of course ! La musique est de qualité, avec des sonorités agréablement variées. EN BREF: Un chef-d'œuvre d'angoisse !
Estuaire44 27 avril 2013 L’héritage diabolique apparaît comme un épisode profondément singulier, doté d’une rare intensité dramatique. D’une manière certes étonnante sous la plume de Brian Clemens, il diverge totalement de l’humour fantaisiste caractérisant l’ensemble de cette quatrième saison. Totalement a contrario, il s’aventure aux confins du récit d’épouvante, jouant brillamment de divers ressorts effrayants implacablement orientés vers le cœur de toute terreur : l’esprit. Bien supérieurement aux techniques traditionnelles de l’horreur, le récit s’attache à décrire finement l’effroi intérieur minant Mrs Peel. La formule toujours efficace du huis clos se double du poison psychologique de la solitude, un redoutable cocktail. Fort intelligemment, Brian Clemens refuse la facilité du péril physique direct, qui perturberait inutilement le délitement subi par l’horaire. Ce dérivatif aurait sans doute été le le bienvenue pour cette femme d’action qu’aura toujours campé Emma Peel, mais ce soulagement lui sera refusé. L’immense talent de Diana Rigg trouve ici de nouveaux domaines d’expression dans cet épisode d’un théâtral absolu, au meilleur sens du terme (quasi respect de la règle des trois unités). En outre, Brian Clemens y introduit quelques superbes innovations. L’emploi de la voix hors-champ révélant les pensées de Mrs Peel ne se limite pas à un simple gadget d’écriture, unique exemple d’usage de cette technique durant le parcours des Avengers. Bien au contraire, il permet de démultiplier l’expressivité de l’image, afin de plonger au sein d’un esprit d’abord terrifié, puis combattif. Cela soutient idéalement l’ensemble de la démarche entreprise. Il en va pareillement pour l’exposition mortuaire consacrée à la défunte Emma Peel. Au-delà du plaisant effet de curiosité sur ces informations soudainement révélées, cette audacieuse initiative de Brian Clemens apparaît comme une humanisation d’Emma Peel. Ainsi déchue de son mystère et de son aura de quasi déesse (sinon de pur fantasme) par le banal relatif de son parcours d’héritière, elle devient soudainement sujette à une humaine panique. Un maître coup de la part de Clemens, n’hésitant pas à jeter à bas toute l’édification du personnage emblématique de la saison, avec un admirable succès à la clef. L’autre versant de ce remarquable thriller psychologique, quasi hitchcockien, réside bien entendu dans la personnalité hors normes de Keller, sans aucun doute à la fois le plus mémorable et inquiétant Diabolical Mastermind de cette saison, sinon de l’ensemble de la série. Interprété avec une confondante conviction par le vétéran Michael Goodliffe, il interpelle directement un spectateur ne pouvant constater la clairvoyance de sa vision d’un monde futur (désormais si contemporain) d’un monde automatisé et déshumanisé, où règne l’informatique et , bientôt, l’intelligence artificielle. L’oracle s’exprime de manière autrement plus suggestive et éloquente que les robots basiques et antédiluviens du Dr. Amstrong. Les années 60, entre autres spéculatives innovations, donnent lieu à un première vague Cyber, marquée par des ordinateurs encore non structurés en réseaux. Plusieurs machines diaboliques se révèlent particulièrement savoureuses et la létale machinerie du bon Professeur (cabine à suicide incorporée) se situe clairement comme l’un des parangons du genre. On y distingue une annonce du prochain HAL 9000 (1968) ou encore un écho de l’amusante Agnès de The Twilight Zone (1964). Mais, outre sa dimension de sorcier technologique de haut niveau, Keller fascine par la véhémence et le caractère absolu de sa haine. Ses interventions post-mortem scandent efficacement le récit et lui confèrent un impact particulier, à l’instar de son morbide mausolée. L’effet obtenu apparaît encore supérieur à celui de Teddy Bear. Il est toujours dramatiquement préférable qu’un contentieux personnel existe entre le héros et son antagoniste (Cf. Dead Men Are Dangerous) et l’on renoue ici pleinement avec l’inusable thème de la vengeance, si fort dès lors qu’il n’est pas dévoyé par des auteurs sans imagination. Keller irradie littéralement de passion obsessionnelle, cela change agréablement des poncifs si présents de l’époque, recherche de la fortune ou de la domination mondiale. La mise en scène de Don Leaver, certainement son chef d’œuvre au sein de la série, contribue puissamment au charme vénéneux de l’épisode. Sa palette de gros plans anxiogènes et d’angles de vue biscornus installe une atmosphère paranoïaque et claustrophobe à souhait. L’héritage diabolique constitue un véritable bréviaire d’animation d’un huis clos, à l’usage des auteurs et réalisateurs nécessiteux. La mise en scène revêt également un aspect onirique, proche d’un merveilleux teinté de noir, comme a pu l’être Too Many Christmas Trees. Une judicieuse symbolique se voit employée, comme la clef magnétique évoquant celle en or grâce à laquelle Alice pénètre dans le Pays des Merveilles. Les apparitions suspendues de Keller nous valent d’ailleurs une version pertinente du Chat du Cheshire, le personnage le plus remarquable de Lewis Carroll (Nous sommes tous fous, ici). Le superbe décor, aux réussites parfois fulgurantes (l’exposition, le mécanisme gyroscopique, le mausolée, l’ordinateur, etc.) apporte un précieux écot à l’ensemble, de même que les compositions si suggestives de Laurie Johnson. On remarque, à l’instar du bon Professeur, Johnson se montre visionnaire en ayant recours aux sonorités électronique, ce type de bruitages et musiques demeurant encore balbutiants. A cette époque peu de séries y ont déjà recours, même si l’exemple le plus fameux en demeure le Tardis’ Whooshing du Docteur. L’héritage diabolique met en avant Mrs Peel, comme aucun autre épisode de la saison, une originalité positive, même si cela avait déjà été pratiqué pour Cathy Gale. Situer ainsi une femme comme protagoniste de l’action et la faire triompher par son astuce et sa combativité représente l’un des plus beaux exemples de l’avancée signifiée en ce domaine par les Avengers. La grande Diana Rigg se montre à la hauteur de l’enjeu, exprimant à merveille les émotions de son personnage, sur des registres encore inédits. Les autres rôles ne sont pas négligés pour autant, Burton participant activement à ces évènements, ainsi qu’à la foli prégnante des lieux. Steed dispose malgré tout de plusieurs scènes intéressantes. Evidemment On retient évidemment avant tout celle des retrouvailles, avec son dialogue affuté (la scintillante armure renouant avec l’imagerie des contes) et son regard si explicite sur la vraie nature de la relation unissant nos Avengers. Quelques regrets perdurent, comme le moindre impact de Pongo ou une nouvelle vue de hauteur absurdement élevée cette saison. On peut aussi se demander comment diable Keller a pu édifier tout ce dispositif sans attirer l’attention. Surtout, les indications fournies sur le passé d’Emma peuvent résulter contradictoires avec ce que l’on sait d’elle par ailleurs. Si elle a repris les entreprises de son père à 21 ans, elle a don c réalisé des études relativement courtes et s’interroge de ce fait sur l’origine de sa proverbiale et universelle érudition. Elle apparaît ici comme une personnalité médiatisée, alors que personne ne la reconnaît jamais, y compris dans le monde des affaires. Mais, après tout, nous sommes dans le Monde des Avengers ! EN BREF: L’héritage diabolique compose l’un des sommets de la série et le Professeur Keller s’impose comme l’un des esprits diaboliques les plus remarquables affrontés par les Avengers. VIDÉO Mrs Peel découvre son mémorial ! INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES Tournage o L'extérieur de la maison est en réalité celui d'un asile psychiatrique, Shenley Lodge ! La maison est censée se trouver à Pendlesham, Seven Pines, Hampshire. En fait, c'est la région de Hertfordshire qui est filmée. La demeure réapparait dans L'homme transparent, saison cinq. o Mrs Peel prend la route qui domine Ivinghoe Beacon en se rendant à la maison. Elle prend en stop le scout qui vient de dévaler Beacon Hill. Mrs Peel aperçoit plus tard Ivinghoe Beacon en regardant par la fenêtre de la demeure. Continuité o Après avoir défoncé la barrière, la Bentley de Steed a un phare en piteux état ; il est néanmoins réparé au plan suivant. o Quand Emma Peel déchire sa photo pour rentrer dans la pièce, elle est déchirée d'une manière différente dans le plan suivant. o À la 21e minute, Emma s'apprête à appuyer avec le pouce sur le bouton qui fait tourner tout le décor, puis gros plan sur sa main et elle appuie avec... l'index ! Puis retour sur Emma et c'est toujours le pouce qui est au-dessus du bouton. o À la 12e minute, on voit un cadreur au détour d'un reflet : Détails o Titre du journal : "Emma Knight Takes the Helm of Father's Industries". Le nom de jeune fille d'Emma Peel est donc Knight. o Le caisson pour se suicider est l'ascenseur de l'usine du Docteur Armstrong dans l'épisode Les cybernautes, saison quatre. o Les lions en pierre de la porte d'entrée reviennent dans l'épisode La porte de la mort devant le centre de conférence, ainsi que dans le bout de film montrant un lion bondir dans Le tigre caché, tous les deux de la cinquième saison. o L'escalier en colimaçon est également dans la scène finale du Club de l'enfer, saison quatre. o Les vêtements de la famille de Mrs Peel ne sont pas de la période à laquelle ses parents sont censés avoir vécu (années 30). o La "B31" n'existe pas. o Le titre en VO de cet épisode est également le titre d'une comptine qui sert de trame. Elle est disponible en intégralité sur le site de David Smith. o A coté de l’article montrant Emma reprendre les entreprises paternelles, on remarque un billet de David Malbert, City Editor. City Editor désigne un poste fort prisé dans la presse anglaise, éditorialiste chargé d’analyser l’actualité de la City, soit du monde de la finance et des entreprises. David Malbert a réellement existé. Il fut durant de nombreuses années l’avisé et très renseigné City Editor du London Evening Standard, le principal quotidien régional du Grand Londres, fondé en 1827. Malbert décède en 1977, à l’âge de 57 ans, laissant le souvenir d’un grand professionnel et d’un parfait gentleman de la City. o L’aspect ensoleillé des photos de vacances de Steed, ainsi que le style des demeures et églises, montrant qu’elles ont sans doute été prises au Mexique ou en Californie. Peut-être les clichés ont-ils été réalisés durant le séjour de Patrick Macnee au royaume du cinéma, avant le tournage de la série (Blind In One Ear). o L’énergie de la machinerie de Keller est fournie par énergie solaire, comme il le déclare dans son message enregistré. Keller est là aussi visionnaire, car les panneaux solaires sont alors encore loin d’avoir gagné le grand public. Durant le XIXème siècle, des premières transformations de rayonnement solaire en électricité se déroulent en laboratoire, notamment en France. Il faut cependant attendre 1905 pour que le processus soit réellement mis au point, par Albert Einstein. La technologie connaît certes un développement prononcé durant les années 50, lié aux nécessités de la conquête spatiale. Les premiers satellites fonctionnant à l’énergie solaire sont ainsi lancés en 1958. Cependant la généralisation du procédé aux particuliers ne sera réellement recherchée qu’à partir des années 70, après les deux chocs pétroliers. Lors du tournage de l’épisode, l’énergie solaire demeure l’apanage d’une poignée de scientifiques. o Les différents dessins de petits enfants apparaissant dans la première section de l’exposition dédiée à la défunte Emma Peel sont des articles de nurserie effectivement parus au début des années 60. On peut retrouver divers articles de cette série graphique, encore en vente sur des sites spécialisés. Acteurs – Actrices o Deux acteurs de cet épisode, à l'atmosphère si particulière, se sont suicidés. o Michael Goodliffe (1914-1976) fut prisonnier de guerre en Allemagne pendant cinq ans lors de la seconde guerre mondiale. Il a joué dans de nombreux films des années 50 à 70 dont L'Express du colonel Ryan et Les 39 marches. À la télévision, il est apparu dans L'homme à la valise et Destination danger. Dépressif, il a sauté de la fenêtre d'un hôpital. o Alan Lake (1940-1984) a eu une vie bien mouvementée. Emprisonné après une rixe dans un pub, il fut également victime d'un grave accident de la circulation. Il a tourné dans de nombreuses séries : Le Saint, Département S, Madigan, Poigne de fer et séduction, L'aventurier, Regan. Il s'est donné la mort le jour anniversaire de la rencontre avec sa femme, l'actrice Diana Dors décédée quelques mois plus tôt. C'est le gardien de prison du début de L'héritage diabolique mais son nom n'apparaît pas au générique contrairement à sa seconde participation dans la série : Ne m'oubliez pas, saison six. o Michael Wynne (1932) n'a fait qu'une apparition chez les Avengers mais il a tourné dans de nombreuses séries à succès : Le Saint (trois épisodes), Les champions, Amicalement vôtre, L'aventurier, Colditz, Les mémoires de Sherlock Holmes, Wycliffe. À noter que… o Pour l'édition Optimum sortie en 2010 au Royaume-Uni, un commentaire audio de cet épisode a été fait avec Don Leaver, réalisateur, et la participation de Jaz Wiseman. o Diffusé pour la première fois en France dans l'émission Continentales en VOST sous le titre La maison que Jack a construite. o Le passage du lion bondissant est tiré du film Nor the Moon by Night de Ken Annakin (1958) avec, entre autres, Patrick Mac Goohan. Je ne sais pas si ce film a un titre français. Ce film anglais est connu aux États-Unis sous le titre Elephant Gun. o Le Blu-ray britannique a une très belle image restaurée et l’épisode est en intégralité. o Le réalisateur Don Leaver souligne que Julian Wintle voulait sa propre équipe, qu’il ne faisait pas confiance aux autres et que l’expérience ne fut pas plaisante. Leaver déclare qu’il n’était pas bien accueilli, simplement toléré. Il régnait une certaine antipathie des gens du cinéma pour ceux de la télévision (commentaires de Don Leaver, édition britannique). o Leaver se souvient qu’il n’y avait qu’une seule équipe sur l’épisode. Il n’y avait pas la possibilité de tourner en extérieur d’où souvent l’utilisation du terme ‘back projection’ qui signifie que la scène est tournée en studio avec une image projetée à l’arrière-plan. Il n’y a pas eu beaucoup de prises pour chaque scène, pas beaucoup de répétitions. C’était merveilleux de travailler avec Diana Rigg et Leaver était au courant du passage d’Elizabeth Shepherd mais il ne fut pas impliqué (commentaires de Don Leaver, édition britannique). Au sujet des ces ‘back projection’, il est à noter que toutes les scènes en extérieur furent tournées avec les doublures de Diana Rigg et Patrick Macnee. o Comparaison Studio Canal/Optimum (par Denis Chauvet) :
Fiche de L'héritage diabolique des sites étrangers En anglais |
LES ESPIONS FONT LE SERVICE Steed becomes a Gentleman's Gentleman – Emma faces a fate worse than death Tournage : 26 décembre 1965 au 7 janvier 1966 Diffusion : ITV, 26 février 1966 – 2e chaîne ORTF, 20 juin 1967 Scénario : Brian Clemens Réalisation : Bill Bain Thorley Walters (Hemming), John Le Mesurier (Benson), Denis Quilley (Group Captain Miles), Kynaston Reeves (Major General Goddard), Howard Marion Crawford (Brigadier Goddard), Humphrey Lestocq (Vice Admiral Willows), Ewan Hooper (Sergeant Moran), Leon Sinden (Squadron Leader Hogg), David Swift (Barber), Norman Scace (Reeves), Peter Hughes (Walters). Résumé Qui est le traître ? Trois hauts gradés de l'armée britannique sont sur la liste des suspects. Leur domestique respectif ne semblant pas étranger aux fuites, Steed suit une formation poussée tandis que Mrs Peel use de ses charmes sur un membre du trio. Le nettoyage des uniformes est une activité fructueuse permettant la fuite de renseignements confidentiels... Épilogue Les Avengers partent en hélicoptère et en viennent à la conclusion : "The butler did it !" [Le coupable, c'était le domestique]. CRITIQUES Denis Chauvet 26 septembre 2004 What the Butler Saw est un épisode de comédie à ne pas prendre au sérieux du début à la fin et s'apparente à The Girl from Auntie – Maille à partir avec les taties ; une partie du thème musical est d'ailleurs réutilisé. L'intrigue est assez complexe et le "vilain" est impossible à démasquer avant le dénouement. Malgré une certaine lenteur au début, cet épisode agréable se caractérise par une succession de gags, de bonnes répliques et de quelques scènes d'action intéressantes. Le ton léger prédomine et les deux meurtres du début de l'épisode n'entament pas cet état d'esprit. Steed fait une sorte de one man show en prenant tout d'abord trois déguisements différents pour rendre visite aux suspects puis en suivant des cours pour devenir serviteur. À noter les noms d'emprunts utilisés (Red, White, Blue) qui font référence aux couleurs du drapeau britannique. Je trouve néanmoins ce passage des visites assez lent et fastidieux, surtout à la rediffusion. C'est à Steed que revient également de prononcer la devil mind... par omission : "An admiral who gambles too much, a brigadier who drinks too much, a group captain who... " [un amiral qui joue trop, un général de brigade qui boit trop, un colonel qui... ]. Mrs Peel fait son apparition après un petit quart d'heure (!) mais l'"operation fascination" est le grand moment de l'épisode : Mrs Peel, des lunettes d'aveugle sur le nez, déclarant : "Competition ? What competition ?" puis claquant la porte-fenêtre sur Steed est un régal. Il faut dire que Group Captain Miles est devenu un lobotomisé d'Emma, retrouvant son portrait partout, même sous son verre ! La scène du sofa est du même acabit, de la pure comédie avec Steed en jaloux prêt à intervenir pour défendre son "bien" ; son regard lorsqu'il entend Miles déclarer : "There is one thing I'd like to do with you" [Il y a une chose que je voudrais faire avec vous] est significatif. Que s'attend-il à trouver en rentrant dans la pièce ? Quel célibataire ne rêve pas d'avoir un bouton master switch au pied de son lit ? La lampe de chevet est en forme de taureau si j'ai bien vu... L'éducation de Steed en parfait domestique est le deuxième temps fort de l'épisode ; cirage de chaussures, repassage et entrée ("You rang, Sir ?"), le tout avec une grande classe. Sans oublier les savoureux moments entre Steed et Mrs Peel (je suis favorable à l'élaboration d'un DVD best of de ces scènes). Emma, la rose entre les dents "He will come to me" [Il viendra à moi] et Steed en conseiller : "Don't do anything I would do !" [Ne faites pas ce que je ferais !]. Les réunions dans les sacs poubelles, pardon sacs en plastique, et l'excentrique General Goddard soulignent le côté parodique de l'épisode. Est-ce pour ces raisons qu'une critique anglo-saxonne considère que l'intrigue ressemble à celle d'un épisode Tara King et que The Avengers Dossier compare cet épisode à ceux de la saison six ? La musique est reprise ou militaire avec peu de scènes en extérieur (l'épisode fut tourné à cheval sur décembre 1965 et janvier 1966). Il y a néanmoins le taxi Austin suivi par la Lotus dans le parc devant la demeure de Miles. John Le Mesurier est un acteur très connu en Grande-Bretagne et il est le second rôle le plus en évidence des Espions font le service : la scène où Benson essaie de mettre un nom sur le visage de Steed est amusante "in one of Her Majesty's prisons" [dans une prison de Sa Majesté]. La bagarre finale entre Mrs Peel et Sergant Moran est très bien rendue et a dû être douloureuse (voir informations complémentaires). Le ton se veut plus sérieux "I don't need a gun to kill a woman" [pas besoin d'arme pour tuer une femme] et Moran ouvre les portes à la manière d'un cybernaute. Steed a également sa part d'action en évitant un casque à pointes et une table gadget sortie tout droit d'un James Bond. Pas trop de doublures apparentes mais on a néanmoins l'impression que Patrick Macnee s'est fait doubler lorsqu'il sort de dos de la Lotus pour se rendre à l'école ! À noter par ailleurs que l'image du DVD kiosque est de très mauvaise qualité sur de nombreux passages. Le centième épisode de la série permet à Brian Clemens de parodier de nouveau l'armée et, malgré certaines lenteurs, What the Butler Saw est un excellent divertissement, un épisode qui privilégie comme souvent l'humour à l'intrigue. EN BREF : Mrs Peel, en femme fatale, dans un épisode comique où les domestiques d'importants généraux de l'armée sont remplacés par des espions.
Steed3003 20 mai 2006 Après quelques épisodes aux tons plus sombres, la série lorgne une nouvelle fois dangereusement vers la comédie pure. En effet, cet épisode contient énormément d'humour, depuis la séquence d'introduction jusqu'à la dernière réplique : " The butler did it" [Le majordome l'a fait], sympathique clin d'œil aux whodunnit britanniques, Agatha Christie notamment, où le majordome est toujours en tête des suspects mais rarement coupable. À la vision de cet épisode, on a l'impression que Brian Clemens a voulu offrir un moment de relâche aux spectateurs entre deux épisodes inhabituellement sombres : Le club de l'enfer et surtout L'héritage diabolique. Son scénario prend vite des allures de grosse farce, voire même parfois de vaudeville. Je pense à la scène où Mrs Peel se fait ostensiblement draguer par le colonel Miles, avec Steed en majordome qui ne cesse de les interrompre en ouvrant et refermant la porte ! L'intrigue, aussi faiblarde (une histoire d'espionnage classique vue et revue) que peu crédible, ne sert finalement qu'à multiplier les moments de comédie, avec des dialogues hilarants et des seconds rôles de haute volée. Brian Clemens utilise le cachet made in England de la série à plein régime en se moquant joyeusement de ces fameux butlers (majordomes, domestique anglais), allant même jusqu'à les parodier dans une séquence mémorable où Steed apprend à être majordome. C'est d'ailleurs ce dernier qui est véritablement au centre de l'épisode, Mrs Peel n'apparaissant finalement que très peu. Diana Rigg devait être occupée à tourner L'héritage diabolique, épisode complètement centré sur son personnage. On sent que Brian Clemens a vraiment écrit un épisode taillé pour Patrick Macnee, qui va jusqu'à se déguiser de trois manières différentes dans les dix premières minutes ! Les espions font le service tombent aussi parfois dans l'absurde total : comme ces trois militaires de haut rang qui discutent dans une énorme bulle plastique pour se protéger des micros. Dans le film adapté de la série, cette même bulle permettra à Steed et Mrs Peel de marcher sur l'eau ! D'autres moments incongrus dans l'épisode : ce mort dans la machine à laver ou Steed écoutant aux portes avec une… coupe de champagne ! En bref, un épisode où le suspense est quasiment absent, mais d'une rare drôlerie. Bill Bain avait déjà réalisé beaucoup d'épisode des trois premières saisons en format vidéo. Il s'adapte plutôt bien au format film, mieux que Don Leaver pour Meurtre par téléphone en tout cas. Hormis quelques effets outrés (comme ces regrettables gros plans inutiles, sur la bague par exemple au début de l'épisode), sa mise en scène est efficace et sert parfaitement les moments de comédie. Pour un épisode très bavard, il s'en sort très bien et insuffle un vrai rythme à l'ensemble. Il innove intelligemment au niveau des rares scènes de combat, utilisant les décors pour dynamiser la bagarre. Au niveau de l'interprétation, Macnee est simplement génialissime durant tout l'épisode : l'acteur excelle comme jamais dans l'humour et l'ironie. Il réussit à rendre cet épisode jouissif de bout en bout. Il va même jusqu'à modifier complètement sa voix lorsqu'il est dans la peau du chef d'escadron bleu, changement malheureusement imperceptible en VF. Le reste de la distribution est de bon niveau. Steed est fortement mis en avant dans cet épisode, c'est un véritable festival, se déguisant en trois personnages différents au début. Grand moment quand il porte la big moustache ! Il rentre ensuite à l'école des majordomes pour se retrouver domestique ! Mrs Peel joue une nouvelle fois de ses charmes pour démasquer le complot, mais semble vite débordée par la situation. Peu de chose à déclarer au niveau des décors, classiques intérieurs sans trop de personnalité. Même l'école des majordomes sent un peu trop le bâclé. Quasiment aucun extérieur dans cet épisode. Aïe, aïe, aïe : avant d'aller draguer le capitaine Miles, Mrs Peel porte une paire de lunettes de soleil qui lui donne un air désagréable de Bozo la mouche ! Heureusement, on ne retrouvera pas cet accessoire dans le futur ! Le reste de ses tenues a un charme suranné. Laurie Johnson compose une musique décalée tout à fait dans l'esprit de l'épisode et qui ne fait qu'accentuer son orientation vers de la pure comédie. EN BREF: On rit énormément dans cet épisode, difficile de nier son plaisir face à un Macnee hilarant et des dialogues "au poil". Le meilleur épisode comique de la saison. Estuaire44 27 avril 2013 What The Butler Saw se révèle particulièrement caractéristique de l’impulsion donnée par Brian Clemens à la série, passant d’un espionnage classique à une vision parodique et loufoque de cet univers, si présent par ailleurs dans les productions des Sixties. Sans doute plus que dans tout autre épisode de cette quatrième saison s’acheminant vers son terme, le récit puise ici sa source dans les figures classiques du genre, mais pour mieux les détourner. L’ouverture des trois hilarantes caricatures de militaires assurées par un Patrick Macnee en roue libre se révèle particulièrement parlante à cet égard, tout en plaçant efficacement le décor et en nous régalant de ces superbes demeures auxquelles s’est également ouverte la période. On s’amuse franchement des badernes rencontrées ainsi que de la fantaisie des situations. Ainsi amputer l’action d’un temps non négligeable ressort comme un pari audacieux et remporté haut la main. Le trio d’officiers continue par la suite d’assurer le spectacle par ses pitreries dévoyant joyeusement le genre. Leur emballage élastique n’est ainsi pas sans évoquer cet autre grand classique du pastiche de l’espionnite qu’est Get Smart !, avec son fameux cône de silence régulièrement défectueux. Le vieux général représente également un Excentrique de qualité, son départ royal au bras de Mrs Peel, sous le regard effondré de Steed, constitue d’ailleurs un joli morceau de bravoure. La parfaite représentativité du style Clemens se prolonge par la vision corrosive du petit monde des majordomes. Tout au long de la saison s’est exprimée une satire subtile mais affutée de la société traditionnelle britannique, dont bien des éléments se virent pastichés avec humour et dont les respectables échoppes dissimulèrent en fait des nids d’espions. Une symbolique trouvant ici un sommet avec cette figure emblématique du haut monde, encore très diffusée de nos jours puisqu’expliquant en grande partie le succès d’une série comme Dowton Abbey, avec l’incontournable Carson. Les différents numéros s’enchainent avec entrain et sens de l’absurde, portés par une excellente distribution, dont un John Le Mesurier absolument délectable. Patrick Macnee, décidément ms en avant ici, se montre derechef à son meilleur, parfaitement dans son registre. La figure du Sergent accentue encore la critique sociale. L’excellent tag conclusif n’oublie pas d’envoyer un joli clin d’œil aux maîtres d’hôtel immuablement innocents d’Agatha Christie. Un exercice de style endiablé, serti dans un écrin de décors reflétant idéalement la fantaisie de l’ensemble. Outre un combat final plus schématique qu’à l’accoutumée et lesté de gags assez pesants et inefficacement cartoonesques (les dents du chariot, les enfilades de portes), on ne pourra éventuellement regretter que la portion congrue cette fois échue à Mrs Peel. Il est vrai que tout l’Opération Fascination, pour menée de main de maître qu’elle soit, apparait globalement comme une simple fausse piste. Surtout le récit semble réduire Mrs Peel au rôle de Mata Hari, soit la fonction la plus traditionnelle et réductrice attribuée aux femmes dans les récits d’espionnage. Mais là encore les défournements drolatiques opérés par Clemens font merveille, de même que le charme ravageur de la suprêmement élégante Diana Rigg. Toute la scène du souper galant relève du meilleur boulevard, tandis qu’il se confirme qu’Emma reste décidément amatrice de roses. De fait What The Butler Saw parvient à mettre efficacement l’un des Avengers en avant, sans pour autant sacrifier ou effacer l’autre, un exercice plus malaisé qu’il n’y paraît. EN BREF: Un épisode hilarant, aussi féroce que qu’entrainant, exprimant à la perfection les attraits de cette saison portée par le talent et la vision de Brian Clemens. VIDÉO Steed se forme pour devenir majordome ! INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES Tournage o Steed-Major White arrive dans un blindé chez General Goddard. La maison est Edge Grove School à Aldenham. o Steed et Mrs Peel partent en hélicoptère de la Radlett Prep School à Radlett. o Steed déguisé en amiral arrive en bateau à Monksbridge, Sunbury on Thames. Continuité o Pendant la scène finale avec Mrs Peel, le Sergent Moran casse d'un coup de poing une planche à repasser en deux. La moitié de la planche rebondit et atteint violemment Ewan Hooper (Sergent Moran). La force de l'impact le fait tituber : cette scène n'était évidemment pas prévue mais fut conservée au montage. o Hemming se retrouve dans la machine à laver mais le hublot semble trop petit ! Détails o Le champagne que se fait livrer Group Captain Miles est de la marque Bollinger. o Le nom de l'école est : "The Butler's and Gentleman's Gentlemen Association" ; sa devise : "Better, Brighter, More Beautiful Butling". o What the Butler Saw était le titre d'une célèbre bobine mutoscopes (les mutoscopes étaient des machines à sous où on pouvait regarder individuellement un petit film au ralenti). What the butler saw (littéralement : "Ce que le serviteur a vu"), sûrement par un trou de serrure, était une femme en partie dévêtue, ce qui constitue les débuts de la pornographie. Les machines montrant cette pellicule étaient si présentes que les mutoscopes sont connus comme les What-the-butler-saw en Angleterre ! Cette expression est devenue courante pour décrire des situations embarrassantes ou de voyeurisme. o Steed se déguise et représente trois personnages différents : le commandant Rouge, le major Blanc et le chef d'escadron Bleu : rouge, blanc, bleu sont les couleurs (également) de la Grande-Bretagne. o Steed est doublé pour sortir de la Lotus. Alors que sur le plan large, la doublure s’est déjà préparée à ouvrir la portière (coude plié), Steed/ Macnee est encore normalement assis pour dire à Mrs Peel l’incroyable réplique : « Don't do anything I would do ! ». Ensuite, c’est la doublure qui sort de la Lotus et se dirige vers l’entrée de l’école. o L'intérieur chez Willows et le bureau de l'amiral dans Une petite gare désaffectée de la saison cinq ne font qu'un. o La photo de Mrs Peel dans la poubelle de Miles est une photographie publicitaire pour La mangeuse d’hommes du Surrey (source, site Mrs Peel, we’re needed). o Pamela Davies joue le rôle de la fille de la Navy (elle n’est pas mentionnée au générique); elle commenta une photo de l’épisode à un journal des années après le tournage : ‘En 1966, j’ai eu de la chance d’obtenir un rôle d’une trentaine de secondes dans The Avengers. Je suis sur cette photo avec Patrick Macnee dans What the Butler Saw. J’ai eu une superbe journée de tournage avec lui à Chertsey pour mes trente secondes de gloire. Il était vraiment un gentleman.’. o Quand l’Amiral déclare à Steed que son majordome a disparu sans explication, il commente le fait par le terme militaire AWOL. Celui-ci signifie Absent Without Official Leave et est synonyme d’abandon de poste, voire de désertion. o Evoquant les bonnes fortunes du Group Captain surnommé Georgie-Porgie, Steed et l’officier d’aviation récitent : Georgie-Porgie, pudding and pie, kissed the girls and made them cry. Il s’agit de la première strophe d’une comptine très populaire en Angleterre, Georgie-Porgie, remontant au milieu du XIXème siècle. La même année, 1966, une parodie italienne de James Bond s’intitule d’ailleurs Kiss the Girls and Make Them Die (Se Tutte le Donne del Mondo), avec Mike Connors et Terry-Thomas. o Le majordome Steed déclare à Mrs Peel : Madame looks the cat’s whiskers, quand celle-ci se présente chez le Group Captain. To look (ou to be) the cat’s whiskers est un idiotisme anglais signifiant être suprêmement belle. Acteurs – Actrices o John Le Mesurier (1912-1983) a fait des études de juriste mais il se tourna vers la comédie. Il débuta au cinéma à la fin des années 50 mais son rôle le plus populaire est celui du Sergent Wilson dans Dad's Army (1968-77). Il a reçu le BAFTA, meilleur acteur de l'année en 1971. Il a écrit lui-même son épitaphe pour le Times et avant de sombrer dans le coma, il aurait dit : " It's all been rather lovely ". Il est décédé d'une cirrhose du foie. o Howard Marion-Crawford (1914-1969) a également tourné dans Le mort vivant, saison cinq, et Le visage, saison six, un de ses derniers rôles. Il était le Dr Watson de la série Sherlock Holmes de 1954. Apparitions dans Destination danger, Le Saint et L'homme à la valise. Il est décédé d'un excès de somnifères. o Denis Quilley (1927-2003) était un acteur de théâtre classique très réputé. Sa carrière s'étend sur pratiquement six décennies. Il a reçu l'OBE (officier de l'Ordre de l'Empire Britannique) en 2001. Il a joué dans deux films adaptés de l'œuvre d'Agatha Christie : Le crime de l'Orient-Express et Meurtre au soleil (avec Diana Rigg). Il est intéressant de noter que lors de sa carrière, Denis Quilley a partagé encore d'autres fois l'affiche avec Diana Rigg, aussi bien au théâtre qu'a la télévision (In the House of Brede en 1975, la mini série TV Oresteia en 1979). o Kynaston Reeves (1893-1971) a également tourné dans Le legs, saison six. Son dernier rôle est dans La vie privée de Sherlock Holmes. o Thorley Walters (1913-1991) est connu pour ses participations dans des oomédies à partir des années 50 et des films d'horreur de la Hammer (années 60 et 70). Il a joué le rôle du Dr Watson dans plusieurs films. Il a participé à un d'épisode d'Amicalement vôtre. À noter que… o Référence à James Bond lors de l'échange entre Steed et Hogg "downgraded to 007". o Lors de la séance de repassage, le son baisse soudainement d’intensité. L’épisode présente toujours quelques défauts d’image également, dès le générique (Blu-ray). o Comparaison Studio Canal/Optimum (par Denis Chauvet) : Pas de coupe entre les deux versions. Beaucoup de défauts – taches, saletés- de la version française ont disparu dans la nouvelle édition britannique. Idem pour l’image au noir qui fourmille (scène Benson/Commander Red par exemple). L'image du DVD kiosque est de très mauvaise qualité sur de nombreux passages mais ne croyez pas toutes les critiques qui vous racontent que l’édition Optimum est parfaite. En lisant mes comparaisons, vous avez dû vous rendre compte que ce n’est pas le cas. Un autre exemple dans cet épisode : lorsque Miles parfume son intérieur en prévoyant la venue de Mrs Peel, l’image est bien abimée sur la droite sur la version française ; elle l’est également sur la version Optimum ! o Coupures de presse lors de la 1re diffusion française. Fiche de Les espions font le service des sites étrangers En anglaisl
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