PETIT GIBIER POUR GROS CHASSEURS Steed joins the natives – Emma gets the evil eye Tournage : 16 septembre au 1er octobre 1965 Diffusion : ITV, 15 janvier 1966 – 2e chaîne ORTF, 24 avril 1967 Scénario : Philip Levene Réalisation : Gerry O'Hara Bill Fraser (Colonel Rawlings), Liam Redmond (Professor Swain), James Villers (Simon Trent), Peter Burton (Fleming), A.J. Brown (Dr. Gibson), Paul Danquah (Razafi), Tom Gill (Tropical Outfitter), Esther Anderson (Lala), Peter Thomas (Kendrick). Résumé Un fermier en tenue coloniale est retrouvé dans le coma, une fléchette plantée dans le dos. A-t-il été victime d'une malédiction vaudou originaire de Kalaya ? Mrs Peel fait appel au Professeur Swain, spécialiste en la matière, tandis que Steed, plus pragmatique, mène son enquête qui le conduit jusqu'au Colonel Rawlings dans le cottage voisin. La jungle tropicale de Kalaya y a été reconstituée à son insu pour favoriser les desseins du Professeur Swain et de ses complices. Ils entendent utiliser une race de mouches tsé-tsé capables de neutraliser la population d'un pays. Les propriétaires terriens lésés par l'indépendance de Kalaya espèrent ainsi se venger. Épilogue Steed et Mrs Peel quittent les lieux en canoë. Emma pagaie et Steed donne les directives (similaire à une scène de La poussière qui tue) : "Full speed ahead", "In that case, we'll have to start the other engine", "Aye, Sir". CRITIQUES
Denis Chauvet 7 juin 2004 Small Game for Big Hunters est un épisode honnête, sans plus. Il a de nombreux parallèles avec Room Without a View. L'histoire se passe en Angleterre mais les scénaristes transposent une partie de l'action dans une jungle tropicale ou un camp mandchou annexé à un hôtel londonien. L'originalité des scénarii permet à ces épisodes de ne pas sombrer dans la médiocrité engendrée principalement par le manque de caractère des "méchants". Après Max Chessman, nous avons ici le Professeur Swain qui nous fait vivre une des scènes les plus ennuyeuses de la saison 1965-66, expliquant l'origine de Shirenzai et détaillant les artifices ridicules qu'il utilise pour combattre cette malédiction (flûte, pendule, squelette... ). Dire que Mrs Peel semble y croire... Petit gibier pour gros chasseurs a néanmoins de très bonnes choses ; la scène d'introduction est superbement réussie et, sans le générique la précédant, on pourrait même se demander si nous regardons un épisode de notre série préférée ! Kendrick atteint d'une fléchette et rampant vers la borne "London 23 miles" est une image devenue classique car elle résume parfaitement l'état d'esprit de la série. Les quelques bons mots entre Avengers sont toujours mémorables, même dans un épisode qui ne l'est pas. Après l'attaque, Steed s'inquiète de la santé de son chapeau "he practically ruined my bowler hat" et de ses sandwiches "Fortunately, he overlooked my cucumber sandwiches". Steed est en pleine forme, tirant l'épée avec rapidité et jetant un coup d'œil vif et coquin sur Lala. Il joue sur les mots avec le vendeur au sujet de l'éléphant, shoot voulant dire à la fois "tuer" et "prendre une photo" (moins évident en VF) et sa réplique toute britannique lorsqu'il constate qu'il pleut "Good old England. Beautiful weather, don't you think ?" souligne le caractère 100% British qu'avait encore la série en 1965. Les remarques du Colonel Rawlings le confirme "This is British territory", "Back in Mother England". Bill Fraser (Colonel Rawlings) est le seul second rôle en vue de l'épisode. Il est un colonel en retraite persuadé qu'il est toujours au Kalaya. Il est bourru et c'est un ronfleur à la réplique savoureuse "By Jove, the natives are restless tonight !". Les années soixante ont marqué la fin du colonialisme britannique et Kalaya, pays évidemment imaginaire, peut s'apparenter à n'importe quel pays du continent africain sous domination de Sa Majesté. Philip Levene s'attaque avec humour à la colonisation et le Colonel Rawlings personnifie la tranche de la population pour laquelle le changement dû à la décolonisation fut durement ressenti. L'action se passe dans le Hertfordshire et les scènes en extérieur sont nombreuses et agréables ; la jungle est également bien reproduite. La musique, bien que répétitive, est nouvelle et Laurie Johnson prouve de nouveau qu'il sait adapter son œuvre. La clémence du climat de ce septembre 1965 permet d'avoir Mrs Peel en top noir très sexy, ce qui aide à supporter les longueurs du début de l'épisode ! Elle est consignée la majeure partie du temps à la surveillance de Kendrick et du Docteur Gibson et a seulement un rôle actif lors du dénouement dans une tenue de jungle "très parlante". La mise en scène est atypique mais on peut relever le réveil de Steed qui voit successivement une tête de tigre, de lion et une femme, et surtout le cauchemar de Mrs Peel très bien rendu. Certaines questions restent sans réponse : à qui appartiennent les empreintes de pieds nus à l'arrivée du Professeur Swain ? Que deviennent Kendrick et le Docteur Gibson ? Surprenant que Trent considère Steed comme un allié vu la situation ! On peut également s'étonner de la facilité avec laquelle les Avengers se débarrassent du Professeur Swain dans la bagarre finale plutôt délirante mais décousue ! EN BREF : L'épisode est en définitive assez inégal et parfois même ennuyeux mais les bons mots des Avengers (surtout de Steed), l'extravagance du colonel Rawlings et l'originalité du scénario rachètent les imperfections constatées. Il ne faut pas oublier non plus que le laps de temps entre le tournage de cet épisode et maintenant est plus important que celui entre le tournage et... la confection de la veste coloniale pour le colonel !
Steed3003 11 novembre 2004 Après Un Steed de trop, La mangeuse d'hommes du Surrey et Les Cybernautes, Philip Levene continue à détacher la série du monde de l'espionnage avec Petit Gibier pour Gros Chasseurs. On saluera une nouvelle fois son audace. Son intrigue aux tendances ésotériques aborde avec humour le thème du colonialisme. Cependant, son schéma narratif est assez usé et ne convainc guère. Si l'épisode réserve son lot de rebondissements, plus ou moins vraisemblables d'ailleurs, il ne réussit pas à nous captiver. Peut-être parce que l'action y est un peu figée, même si les décors, comme la fausse jungle, sont particulièrement réussis. Le manque d'enjeux se fait cruellement sentir. Par ailleurs, l'épisode manque pas mal d'humour. Les personnages excentriques, notamment l'obtus Colonel Rawlings ou le professeur Swain, sont eux superbement brossés. A contrario, les deux méchants de l'épisode sont un peu fades, même si, pour une fois, leurs motifs sont particulièrement ingénieux. En bref, une intrigue originale mais qui ne tient pas le spectateur en haleine. Gerry O'Hara avait déjà effectué l'une des mises en scène les plus brillantes avec L'heure perdue. Il fait encore une fois du bon travail. On retiendra notamment la scène d'introduction au montage serré et au rythme élevé, une séquence véritablement impressionnante. Le reste, même si inférieur à L'heure perdue, reste d'excellente tenue avec des cadrages et des mouvements de caméra particulièrement efficaces et esthétiques. Quelques reproches néanmoins, un abus du zoom et des scènes d'action plutôt moyennes, gâchées, une fois de plus, par le problème des doublures trop visibles. L'interprétation est, elle aussi, de bon niveau, avec un Bill Fraser plein de verve dans le rôle du Colonel Rawlings. Emma Peel se montre assez ouverte aux pratiques ésotériques, comme elle l'affirme au Docteur Gibson : "Well you must admit so far conventional medicine had no effect" ["Vous conviendrez avec moi que la médecine officielle n'a aucun effet "]. Ne manquez pas la parodie un peu facile, certes, mais tellement drôle, de Tarzan par nos deux Avengers. Les décors sont absolument somptueux : la fausse jungle est très crédible, la maison de Trent (et ses faux trophées de chasse) impeccable… Cette qualité artistique dénote joyeusement avec le reste de la saison. On retrouve avec bonheur le haut noir de Mrs Peel, qu'on avait déjà pu apprécier dans L'heure perdue, ainsi que le costume rayé que portait Steed dans Avec vue imprenable. Une des tenues les plus courtes et les plus sexy de Mrs Peel à la fin de l'épisode, celle-ci se transforme ainsi en vahiné. La musique tribale de Laurie Johnson colle parfaitement à l'épisode. EN BREF : Malgré ses indéniables qualités artistiques, cet épisode souffre d'une intrigue faiblarde. Estuaire44 27 avril 2013 Le scénario souffre des mêmes lacunes que celui de l'opus précédent, Le jeu s'arrête au 13, en plus accentué encore. L'intrigue connaît ainsi un manque de rythme, demeurant un quasi huis clos statique jusqu'à la rencontre entre Steed et le Colonel. Levene, que l'on a connu mieux inspiré, gère également très mal nos Avengers. Durant la période Cathy Gale, il est déjà arrivé que des aventures se centrent sur un seul des héros, avec souvent une réussite à la clef (Les Oeufs d'or ou Le Point de Mire). Mais l'autre savait alors s'effacer pour ne pas occuper inutilement l'écran. Ici, Mrs Peel demeure au contraire présente, tout en n’accomplissant que bien peu de choses, hormis apparaître comme une piètre garde malade (s’endormant à l'heure du péril !) ou comme la parfaite dupe du méchant. Avant d'être capturée puis sauvée par Tarzan. Le prochain Maille à partir avec les taties saura éviter cet écueil, sans même évidemment parler de L'héritage diabolique. Durant l'ère Cathy Gale, c'était aussi la dame qui était mise en avant, une plaisante originalité à l'époque tandis que dans le cas présent, avec Steed, on renoue avec le schéma commun des séries d'aventures, de Destination Danger au Saint. Le scénario n'évite pas non plus quelques approximations, comme le destin finalement demeuré inconnu des deux dormeurs. La référence à la récente décolonisation aurait pu constituer une intéressante approche, d'autant que le récit fustigeant les rancœurs et l'esprit de Kipling prolonge une modernité progressiste présente dès les premiers temps de la série. Malheureusement, cet atout se voit irrémédiablement gâché par un emploi d’un Fantastique exotique déjà suranné lors des Sixties, dans la tradition de Sax Rohmer ou de Burroughs. Ici du niveau d'une bande dessinée pour la jeunesse, le Fantastique s'avère bien moins prégnant que lors de Warlock, décidément le grand opus du genre au sein de Chapeau melon et bottes de cuir. Clairement, Levene demeure bien plus affûté dans le domaine de la Science-fiction, les deux univers reposant sur des ressorts tout à fait différents. Petit gibier pour gros chasseurs échoue également dans l'élément clef que constitue toujours l'antagoniste, le professeur résultant ridicule durant la majeure partie du récit (ses commentaires s'étirent à n'en plus finir) puis grotesque et surjoué sans génie. Il manque terriblement de dimension, de même que ses mouches tsé-tsé bien peu effrayantes et que l'on en voit jamais qu'encagées. Les essaims de papillons dévoreurs de chair des Envahisseurs auront une toute autre allure, deux ans plus tard. Tout comme Levene, on aura connu Gerry O'Hara en bien meilleure forme, notamment lors de la fascinante Heure perdue. Ici il se contente de filmer platement une action déjà si peu tonique et rythmée. Il ne peut hélas s'appuyer que sur de rares extérieurs et des décors de studios assez communs. Que cela soit des peintures de paysage sans cachet, des papillons épinglés ou des trophées de chasse ultra classiques, aucun élément de décoration ne ressort réellement. Fort heureusement le décor de la jungle s'avère réussi, compte tenu des contraintes matérielles dont souffre chroniquement la série. Il est vrai que l’équivalent de l'épisode Les griffes du tigre du Saint (au budget tout autre) résulte bien supérieur, mais le plateau suffit à susciter une ambiance. Il est aidé en cela par les tambours de Laurie Johnson, même si, à force, ceux-ci deviennent répétitifs. La bagarre finale ne manque pas d'énergie, mais les recours aux doublures sont une nouvelle fois évidents. L'épisode bénéficie cependant du charme d'Esther Anderson. De plus, si la participation de Mrs Peel à l'action résulte minimaliste, elle arbore une sublime garde robe monochrome, avec notamment ce haut noir sans manches ayant déjà accompli des prouesses lors de L’heure perdue. La tenue exotique lui sied également à ravir. Surtout, Levene parvient malgré tout à optimiser la mise en avant de Steed; grâce à des dialogues enlevés et à un flegme britannique inaltérable, ainsi qu'à la rencontre parfaitement réussie avec le Colonel, les fantaisies des deux compères s'alliant à merveille; ce dernier, l'un des meilleurs Excentriques de la saison, constitue assurément l'atout majeur de l'opus tant son décalage au réel, agrémenté d'un ton de vieille baderne nostalgique, assure l'hilarité. Cela devient particulièrement évident lors de l'affrontement final, où chacune de ses réparties fait mouche. Bill Fraser se montre absolument épatant, sa prestation se voyant soulignée par la fadeur de nombre de seconds rôles. EN BREF: Un scénario et une mise en scène sans entrain se voient sauvés par la rencontre providentielle de Steed et d'un Excentrique hors normes. Mrs Peel se sera rarement aussi peu imposée ! VIDÉO INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES Tournage o Les extérieurs de la maison de Gibson furent tournés à Starveacres, Radlett. Continuité o Une erreur de continuité fréquente dans la série : dans la scène d'intro de l'épisode, d'un plan à l'autre, un individu trempé de la tête aux pieds se retrouve parfaitement sec. o A la deuxième visite de Swain, Mrs Peel s’empare d’un livre et lui demande s’il a entendu parler de glossina trypanosoma. Le titre du livre est ‘Tropical Dieases’. A mon avis, il manque une lettre… o La barbe de Razafi change de volume plusieurs fois en cours d'épisode. D’abord très mince quand il est capturé par Steed, elle devient ensuite nettement plus conséquente, alors que les évènements sont censés se succéder rapidement. o Quand Mrs Peel pénètre dans la chambre de Jack Kendriek (0’35’’), la statue de femme africaine est orientée dos à la porte. Quand elle en ressort (1’07’’), la statue a inexplicablement tourné vers la gauche. o Ce n’est pas Patrick Macnee lorsque Steed, de dos, force Razafi à le mener à son chef : ‘Take me to your leader’. Détails o L'une des pochettes du dossier Rawlings que Steed manque de se faire voler par l'indigène a l'inscription "Pzev", identique à celle de l'épisode Un Steed de trop. o Mrs Peel lit "Tribal customs of Kalaya". o Le Colonel Rawlings évoque à Steed Mafeking, lieu d’un siège par 3 000 soldats boers du 13 octobre 1899 au 17 mai 1900 pendant la Deuxième Guerre des Boers. o Les Avengers dégustent un miraculé sandwich au concombre. Ce délice au minces tranches de pain blanc accompagne traditionnellement le thé l'après midi en Grande Bretagne. Les pépins doivent au préalable être retirés à la fourchette et les concombres agrémentés de sel et de jus de citron, tandis qu'il est recommandé de beurrer le pain. Il en existe des variantes locales en Inde et aux Etats-Unis. Ce sandwich connu le succès durant l'ère victorienne, où son faible apport nutritif convenait idéalement à la haute société, ne considérant pas le thé comme substitut au souper. Oscar Wilde se moque d'ailleurs de cette tocade dans l'un des mémorables dialogues de L'importance d'être Constant (1895). Ce plat demeure très populaire encore aujourd'hui, notamment pour son côté rafraichissant. o I’ve heard of forty winks… But this ! déclare Steed en découvrant le docteur endormi. Forty winks est un idiotisme anglais signifiant « petit somme ». Mais il s’agit également d’une nouvelle référence à Lewis Caroll au sein de la série. En effet, le héros du roman Sylvie et Bruno (1889) emploie cette expression quand on l’accuse à multiples reprises de paresse. o Snap ! s’exclame le Colonel lors de sa partie de cartes avec Steed, indiquant qu’ils jouent au jeu du même nom. Similaire à notre bataille, le snap consiste à remporter toutes les cartes selon des règles très simples. Il s’agit d’ailleurs souvent du premier jeu de cartes appris aux enfants en Grande Bretagne, souvent enjolivées avec des images représentant des héros de contes. Venant après l’évocation de ses capacités mathématiques par le colonel, ceci indique plutôt la faiblesse d’esprit de ce dernier. o Glossina trypanosoma cite Mr Peel pour évoquer la maladie du sommeil. Le nom scientifique est effectivement « trypanosomiase africaine », tandis que les mouches tsé-tsé sont répertoriées comme glossines. La maladie est endémique dans certaines régions de l’Afrique subsaharienne, couvrant environ 36 pays et menaçant potentiellement 60 millions de personnes. On estime que 50 000 à 70 000 personnes sont actuellement infectées par an. Il n'existe pas encore de vaccin ni de prévention médicamenteuse, mais des protocoles efficaces de traitement, même s’ils n’empêchent pas les rechutes. Certains existaient déjà durant les années 60, on peut donc avoir bon espoir pour les deux victimes ! Acteurs – Actrices o Bill Fraser (1908-1987) était un acteur écossais et il est décédé dans le Hertfordshire... lieu où l'action de cet épisode se déroule. Il a reçu le Laurence Olivier Theatre Award en 1987. o Liam Redmond (1913-1989) a joué dans Étrange hôtel de la saison Tara King. Cet acteur irlandais a été cantonné dans sa carrière à des rôles de professeurs (comme dans cet épisode), d'inspecteurs et de prêtres. o James Villers (1933-1998) décédé d'un cancer, était un descendant des ducs de Clarendon. Il a tourné dans Le Saint, Le Baron, L'homme à la valise, Thriller, Les mémoires de Sherlock Holmes. o Peter Burton (1921-1989) était le major Boothroyd alias Q dans le premier James Bond, Dr No mais il fut indisponible pour participer au second. C'est d'ailleurs ni plus ni moins Jean Berger qui le doublait dans la VF ! Il a tourné dans Le Saint, L'homme à la valise, UFO, Le retour du Saint, Les professionnels. o Esther Anderson (1946), originaire de la Jamaïque, s'installa à Londres en 1961. Elle connut le succès comme top model, danseuse et chanteuse. Elle contribua ainsi à faire connaître la musique jamaïcaine au sin du Swinging London, à travers le développement du label Island Records et des collaborations avec notamment Jimmy Cliff, Sydney Potier et Bob Marley, dont elle fut très proche. Sa carrière à l'écran se limita à quelques apparitions mais elle devint par la suite une photographe réputée de personnalités et réalisa plusieurs films, notamment Bob Marley : The Making of a Legend, en 2011. À noter que… o Autre titre français : Petite chasse pour gros gibier. o Dans la VF, Mrs Peel téléphone et dit "A comme Armand, L comme Louise" ce qui évidemment n'explique pas sa moue de la VO ("A for Apple, L... for Love !"). Lorsque Steed hésite à laisser Emma seule avec les deux "dormeurs", la VF nous gratifie de "voyons, John !" (VO : "really Steed !"). Sans oublier "Madame Pèle" au lieu de " Peel " [pi:l]... o Exception aux règles controversées de Clemens qui consistaient notamment à ne pas avoir d'acteurs de couleur dans la série. Les deux autres exceptions sont Du miel pour le prince (saison quatre) et Un dangereux marché (saison six). o La clémence du climat de ce septembre 1965 permet d'avoir Mrs Peel en top noir très sexy, qui est bien mis en valeur après la restauration Blu-ray. Je me demande même si… o Gerry O’Hara parle pendant cinq bonnes minutes du tournage de son autre épisode de la saison, Small Game for Big Hunters, et plus particulièrement de Bill Fraser, le colonel Rawlings, un grand acteur de théâtre qui savait, lui aussi, ce qu’il avait à faire. C’était aussi un très bon script visuel (NDLR : de Philip Levene) mais il était trop court pour O’Hara et il a parfois dû meubler et rallonger des scènes. Il y avait quatre ou cinq minutes de bon en moyenne par jour de tournage (commentaires de Gerry O’Hara sur l’épisode The Hour That Never Was, édition britannique). o Comparaison Studio Canal/Optimum (par Denis Chauvet): Pas de coupe dans la version Studio Canal. L’image n’est pas mauvaise mais l’édition britannique a évidement une définition qui procure une image avec des contours plus nets. Sur la version française, les noirs ont tendance à flotter et les feuillages sont ‘grouillants’. Lorsque Steed et Mrs Peel découvrent que la maison, 'The Willows’, est au fond du jardin (‘Now isn't that a coincidence?’), les vues de la propriété sont tachées et griffées sur Studio Canal mais nettoyées sur Optimum. o Coupures de presse lors de la 1re diffusion française.
En anglais
|
LE JEU S'ARRÊTE AU 13 Steed finds a bogie – Emma gets a birdie Tournage : 6 au 22 septembre 1965 Diffusion : ITV, 29 janvier 1966 –2e chaîne ORTF, 4 juillet 1967 Scénario : : Tony Williamson Réalisation : Roy Baker Patrick Allen (Reed), Hugh Manning (Colonel Watson), Peter Jones (Dr. Adams), Victor Maddern (Jackson), Francis Matthews (Collins), Donald Hewlett (Waversham), Norman Wynne (Professor Minley), Richard Marner (Man on TV Screen) . Résumé L'assassinat d'un agent conduit Steed et Mrs Peel au club de golf de Craigleigh. Des événements étranges se déroulent sur le parcours autour du trou numéro 13. Tandis que Mrs Peel découvre une carte céleste insolite, Steed échappe à une balle de golf tirée d'un bazooka ! Une ponctualité obsessionnelle et la présence d'une étoile non répertoriée sur la carte permettent aux Avengers de percer les mystères du trou numéro 13, véritable nid d'espions. Le passage d'un satellite au-dessus du Surrey à des heures précises facilite la communication de renseignements aux puissances ennemies. Épilogue Steed et Mrs Peel quittent les lieux dans un caddie de golf. Steed essaie d'ouvrir une bouteille de champagne tout en conduisant. "It's a question of the wrist action. That's the secret". CRITIQUES
Denis Chauvet 5 juillet 2004 The Thirteenth Hole, décrié par la plupart des critiques, est, à mon avis, un très bon épisode ; pas un classique, mais il présente les éléments indispensables à la réussite d'un Avengers: humour, action, intrigue originale. Certains points sont néanmoins assez contrariants : il y a évidemment les problèmes récurrents de doublures beaucoup trop apparentes pendant l'épisode (voir informations complémentaires) ainsi que lors de la bagarre finale, comme d'habitude suis-je tenté d'écrire. Les scènes du parcours de golf en studio font contraste avec celles tournées en extérieur, l'éclairage n'étant pas utilisé à bon escient comme lors du passage de nuit se déroulant autour du trou numéro 13. Les seconds rôles ne sont pas inoubliables et le méchant de l'épisode, le Colonel Watson, est à mettre dans le même sac que Max Chessman et le Professeur Swain ! Ceci dit, les trois étoiles que j'ai attribuées au Jeu s'arrête au 13 trouvent leur justification dans des scènes et répliques mais également dans le cadre ; similaire à L'heure perdue (une base aérienne), cet épisode a une unité de lieu assez originale (un club de golf) qui rappelle par certains côtés une scène de Goldfinger, tourné deux ans auparavant. Reed et Steed font un parcours de golf parsemé d'embûches à l'instar d'Auric Goldfinger et de James Bond. L'arme insolite utilisée sur Collins et Steed peut également s'apparenter à un gadget rencontré par 007. Cet épisode comporte quelques scènes et répliques entre les Avengers qui sont indéniablement un critère important dans l'attribution de melons. Steed est l'excentrique de l'épisode et sa façon d'appréhender un parcours de golf est savoureuse (sextant, balle de golf dans le chapeau, coupe de l'herbe aux ciseaux) ; sa réplique est appropriée après la découverte des balles de fusil "guaranteed to put a hole in one every time !". Mrs Peel se prend pour un lion avec son dossier de chaise (elle le refera dans Caméra meurtre) ou pour une fée "I'm your fairy godmother". Lorsque Steed évoque la loyauté de son chapeau, Emma trouve que c'est le comble du pessimisme d'avoir son couvre-chef garni de mailles (scène coupée sur le dvd, voir informations complémentaires). Les scènes du mikado (première image du teaser de la saison) et du jeu de puce (malheureusement coupée) sont des passages entre Avengers indispensables à un bon épisode. À noter également une introduction typiquement Avengers avec un dialogue de circonstance : "Two", "Four", "Three O Three" ! La devil mind de l'épisode est pour le capitaine du club qui s'adresse à Mrs Peel : "I wouldn't mind giving you a stroke or two, on or off the course". Assez étrange que cette réplique, absente de la version Continentales, ait passé la censure stricte de l'époque ! Les scènes en extérieur au Dyrham Park sont très bien rendues et changent des épisodes du début de saison où les passages en studio prévalaient. La musique essentiellement nouvelle est agréable tout au long de l'épisode ; écoutez par exemple le passage musical lors de la partie de golf entre Steed et Reed. Celle de la bagarre finale a déjà été utilisée dans le dénouement des épisodes Castle De'Ath et L'heure perdue entre autres. Le Jeu s'arrête au 13 – le titre français est mieux choisi, pour une fois, que le titre original – est à mes yeux un bon épisode, même si les critiques négatives à son sujet sont de loin majoritaires. La série est encore une fois en avance sur son époque car les satellites en étaient à leurs balbutiements en 1965, mais cela n'explique pas pourquoi le russe de la télévision prend peur lorsque Steed lance un club de golf dans l'écran... EN BREF : Le jeu s'arrête au 13 présente les éléments indispensables à la réussite d'un Avengers: humour, action, intrigue originale.
Steed3003 25 février 2006 Après les brillants Faites de beaux rêves et Cœur à Cœur, deux épisodes pleins de drôlerie et d'imagination, le scénariste Tony Williamson s'intéresse cette fois à l'univers du golf. Autant le dire tout de suite : la déception est immense ! C'est le pire scénario de Tony Williamson. Le début est trompeur avec cette défaite d'Emma Peel au combat. Tony Williamson allait-il briser le schéma parfois linéaire des épisodes : meurtre, enquête, bagarre finale, dénouement ? Au contraire, le moule narratif de la série n'était jamais apparu aussi clairement. L'épisode se révèle être une simple resucée de Voyage sans retour, Le fantôme du château De'Ath… sans aucune saveur. Dans cet épisode, nos agents vont une nouvelle fois démasquer une organisation paramilitaire, cachée derrière un club de golf. Après le village pour Voyage sans retour, le château pour Le fantôme du Castle de'Ath, le grand magasin de Mort en magasin… Si parfois ce schéma narratif donnait des épisodes brillants, critiques habiles des univers correspondants, comme l'hôtellerie dans Avec vue imprenable, c'est loin d'être le cas ici. Les personnages sont des archétypes vus et revus dans la série, loin de ceux, délicieux, que Tony Williamson avait talentueusement dépeints dans Cœur à Cœur. L'intrigue a du mal à rebondir. C'est une fuite en avant avec des astuces poussives, comme la menace de mort sur Steed ou le court kidnapping de Mrs Peel. Bien évidemment, ces mauvaises ficelles ne relancent en rien l'intérêt de l'épisode. Le suspense est quasi absent. Les quelques scènes censées maintenir en haleine le spectateur sont proches du ridicule : Emma Peel agressée par une voiturette de golf, le meurtre de Collins avec une balle de golf… Par ailleurs, on aurait pu s'attendre à une caricature plus corrosive du monde des golfeurs et, finalement, le golfeur le plus excentrique s'avère être… Steed ! En effet, les scènes de ce dernier sur le terrain de golf sont parmi les seules séquences drôles de l'épisode. Et l'humour est une denrée rare ici. Je n'ai relevé qu'une seule réplique digne de ce nom lorsque le capitaine du club s'adresse à Emma Peel en lui disant : "I wouldn't mind giving you a stroke or two on and off the course" ["Je vous ferai bien tâter de mon club à l'occasion !"]. En bref, une énorme déception de la part de celui qui avait écrit quelques-uns des meilleurs épisodes de la saison : aucun mystère, aucun suspense, très peu d'humour. Un désastre ! Comme il l'avait fait dans La poussière qui tue, Roy Ward Baker saborde une nouvelle fois totalement l'épisode. À croire qu'il prend un malin plaisir à accentuer le désastre. Pour ceux qui trouvent difficile de juger la mise en scène d'un épisode, je vous invite vivement à regarder celui-là. Observez ce qu'est une vraie réalisation pantouflarde. Comparez-la ensuite avec celle de Faites de beaux rêves, du même réalisateur. Cette comparaison sera éloquente, je vous le garantis ! Tout d'abord, on remarquera facilement que Roy Baker a voulu bâcler cette réalisation par l'usage abusif de faux extérieurs en studio. En effet, étant alors à l'abri des caprices météorologiques et des nombreuses autres contraintes des tournages en extérieur, cette technique permet au metteur en scène de gagner du temps . Elle est souvent utilisée pour les scènes en voiture. Ici, c'est tout le temps. L'illusion ne prend quasiment jamais, comme pour les scènes de plage dans Voyage sans retour. Ces trucages sont vraiment mal faits : utilisés pour la plupart des plans rapprochés, les décors photographiés et mis sur toile derrière les acteurs n'ont souvent rien à voir avec les vrais extérieurs. L'alternance entre vrais et faux extérieurs est donc bien vite démasquée par le téléspectateur du 21e siècle. Elle donne un côté désagréablement cheap à la série. Quant aux différents facteurs météorologiques (jour/nuit, soleil, vent…), ces paramètres ne sont pas du tout respectés, ce qui donne parfois des scènes surréalistes. Par exemple, lorsqu' Emma Peel et John Steed rencontrent Collins au début de l'épisode : si les cheveux de Collins volent au vent, ceux de John Steed et Emma Peel restent stoïques ! Les scènes de combats donnent, elles aussi, l'impression d'un travail vite fait, comme cette doublure de Macnee que l'on voit carrément de face lors de la bagarre finale de l'épisode. Elles manquent terriblement d'intensité. Par ailleurs, à l'exception d'un zoom arrière joliment amené (quand Steed et Emma Peel discutent dans le bar du club), les mouvements de caméra sont en général beaucoup trop brusques. Saluons l'interprétation qui reste d'un bon niveau, malgré des personnages inconsistants. Les quelques scènes réussies du scénario restent totalement plombées par la réalisation, comme l'interpellation d'un fuyard par Steed à la fin de l'épisode, en tirant des balles de golf, incroyablement mal filmée. En bref, une mise en scène effroyable de nullité ! J'avertis tout de suite les fans, dans cet épisode Steed a troqué son célèbre chapeau melon contre un haut-de-forme, puis un borsalino. Shocking ! À quand la casquette ? Les scènes avec Steed sur le terrain de golf et sa préparation millimétrée sont les seules intéressantes de l'épisode : soutenues par une musique délicieusement légère et l'interprétation loufoque de Macnee, elles sont très drôles. Ce dernier se révèle d'ailleurs être un excellent golfeur, certes parfois grâce à l'aide de sa partenaire. Il assomme même un ennemi, déjà bien loin, à l'aide d'une balle de golf ! Maigre consolation pour le fan : les décors sont un des rares aspects positifs de l'épisode, avec des intérieurs plus fouillés. Fait exceptionnel dans la série, une marque apparaît à l'écran : Dunlop. Les extérieurs sont vastes et ensoleillés, du moins quand il s'agit de vrais. Malheureusement, le noir et blanc ne leur rend pas toujours justice. On croyait le style de Steed acquis, ce n'est visiblement pas le cas puisque, ici, il est habillé de manière désagréablement casual et encore n'évoquons pas ses errements melonesques. Pour Emma Peel, à part une jolie veste rayée noir et blanc, rien de transcendant. Même si elle s'apparente plutôt parfois à une musique d'ambiance (le premier combat, Steed sur le terrain de golf…), la musique reste de qualité. EN BREF : Une intrigue poussive + une réalisation atroce + Steed sans chapeau melon = vraiment pas bon !
Estuaire44 27 avril 2013 Opus mineur que celui-ci. Certes la scène d’introduction se montre alléchante par son twist réussi, voyant la réalité d’une paisible partie de golf soudainement basculer. La tension se maintient par la suite, grâce à un difficile affrontement subi par Mrs Peel. Malheureusement le soufflé retombe dès l’arrivée au club. L’action se résume dès lors à des allées et venues répétitives entre les différents locaux de l’établissement et les greens, au cours de scènes souvent verbeuses. Les décors apparaissent certes réalistes, mais aussi sommaires, sans que rien n’accroche réellement le regard. Il reste pénible d’observer les Avengers se succéder à plusieurs reprises dans la même remise, pour y être infailliblement dérangés quelques instants plus tard. On éprouve réellement l’impression de tourner en rond. Toutes les péripéties destinées à tenir la distance font long feu. De plus, l’épisode tombe dans le piège de trop multiplier les adversaires, les privant d’une véritable dimension comme d’une quelconque fantaisie ou originalité, de manière encore plus accentuée que lors de Silent Dust. The Thirteenth Hole multiplie certes les références et les expressions relatives au sport très anglais qu’est le golf, mais, à moins de le pratiquer soi-même, on demeurera sans doute étranger à cette accumulation. Les scènes extérieures apportent une respiration bienvenue, mais de nombreux recours évidents à des tournages en studio viennent considérablement minorer leur impact. La mise en scène se contente par ailleurs de passer les plats, sans inventivité marquante. The Thirteenth Hole souffre aussi d’un certain effet de répétition : après la base secrète sous un village (The Town Of No Return), après une base secrète sous un château (Castle De’ath), nous trouvons maintenant une base secrète sous un parcours de golf. Il faut véritablement attendre le dernier tronçon du série pour voir l’action redémarrer, avec le parcours de golf agréablement mis en musique, où la fantaisie de Steed, mais aussi celle de Mrs Peel, fait merveille. Cette dernière, toujours suprêmement élégante, dispose d’ailleurs de la meilleure scène de l’épisode, lors de son éprouvante discussion avec le libidineux capitaine du club. On observe toutefois que, lors de l’affrontement final du précédent Castle De’ath, Steed avait su se libérer seul, tandis qu’ici Mrs peel doit attendre l’arrivée du sauveur, c’est dommage. Le pot aux roses satellitaire se révèle astucieux, de même que le tag conclusif s’avère plein de malice, demeure cependant l’impression d’une aventure manquant de substance. EN BREF: Une aventure trop circonscrite dans un univers de golf peu propice, lestée par des adversaires peu pétillants. Heureusement les Avengers sauvent les meubles. VIDÉO Steed se prépare à jouer au golf ! INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Tournage o La porte d'entrée du club de golf a déjà été vue dans l'épisode Maille à partir avec les taties. Ce lieu est en fait le Dyrham Park Golf Club. o Les scènes de golf furent tournées au Mill Hill Golf Club près de Highwood Hill. Continuité o Dans le tag, Steed conduit le caddie de golf mais lorsqu'il tourne le volant, sa main ne tient rien du tout ! La scène a été tournée en studio. o Lorsque Mrs Peel évite le caddie de golf fonçant sur elle, celui-ci se couche sur le coté mais il est seulement de travers quand Emma l'inspecte. o Steed trouve le fusil et les balles qui ont abattu Murphy et remet tout en place ; quelques secondes plus tard, il montre néanmoins à Emma une des balles. o Après l'assassinat de Collins par une balle de golf, Steed inspecte le bunker. Emma l'appelle d'assez loin peut-on croire mais on aperçoit l'ombre de ses pieds à environ cinquante centimètres de Steed ! o Les scènes en studio sont visibles dès la séquence d’ouverture où elles sont insérées. Les passages tournés en extérieur montrent que le temps était venteux. Lors des dialogues avec les visages cadrés, Jackson et Reed reçoivent de l’air d’un ventilateur ce qui déplace leurs cheveux mais l’arrière-plan montre des arbres immobiles alors que cela souffle lors des plans plus larges. o Dans l'appartement de Ted Murphy, Mrs Peel se jette sur Jackson mais le plan rapproché montre que ce n'est pas elle mais Ray Austin, le cascadeur. Celui-ci fait une autre brève apparition de doublage durant la bagarre entre Mrs Peel et Collins dans le bunker. On s'en compte lorsque Collins saute sur Emma. o On aperçoit une perche à 13'59 au haut de l'écran (reste très discrète tout de même)! Détails o CGC sur la balle de golf signifie "Craigleigh Golf Club". o La devil mind de l’épisode ne passe pas, évidemment, en VF. Lorsque Waversham annonce à Mrs Peel: ‘I wouldn't mind giving you a stroke or two, on or off the course’ (jeu de mots sur stroke, caresse et partie), on a en VF : 'J’aimerais beaucoup vous conseiller sur le terrain ou ailleurs’. o Du matériel de la marque "Dunlop" est à noter dans le pavillon. o Lors de la scène d’introduction le tireur demande le club numéro 303. La 303 anglaise est la cartouche en vigueur dans l’armée britannique, comme de nombreux pays alliés, de 1895 au début des années 60. Elle est alors remplacée par la 7,62 × 51 mm Otan. Au moment du tournage de l’épisode, la 303 est encore fréquemment utilisée pour de nombreux fusils, notamment pour la chasse. Steed en découvre plus tard tout un jeu en fouillant le sac. o Sans doute sensibles au manque d’action, Steed et Mrs Peel passent le temps en jouant au Mikado. Les baguettes sont jetées sur la table et doivent être retirées sans faire bouger les autres. Identifiées par des couleurs, elles valent différents nombre de points. Le Mikado, en noir, est unique, et vaut le maximum, soit 20 points. Venue d’Asie, le Mikado est apparu au XIXème siècle en occident, et devint notamment très populaire aux Etats-Unis et en Grande Bretagne. Acteurs – Actrices o Patrick Allen (1927-2006) a laissé son empreinte sur la série pour le personnage cynique de Reed dans Le jeu s'arrête au 13. Il était également connu en Grande-Bretagne pour avoir prêté sa voix aux grands documentaires de la BBC. Il a joué dans un autre épisode de la série : Kill the King (saison un). Il a également participé à de nombreuses séries : Le Saint, L'homme à la valise, Les champions, Poigne de fer et séduction, Van der Valk, Thriller, Bergerac, Le retour de Sherlock Holmes dans le rôle de l’abominable colonel Moran. Il a joué au cinéma dans Le crime était presque parfait d'Hitchcock (son second rôle) en 1954. Également vu au grand écran dans La nuit des généraux, Les oies sauvages (avec Roger Moore et Richard Burton), Les loups de mer avec Roger Moore, Grégory Peck, David Niven et Patrick Macnee. Il était la voix du gouvernement britannique dans les années 70 pour la série Protect and Survive (ou que faire en cas d'attaque nucléaire !). Sa voix fait ainsi partie du single Two Tribes du groupe Frankie Goes to Hollywood. Il prêta également sa voix pour des publicités et des programmes pour enfants. En 2005, il était encore la voix de la chaîne E4. Peu avant son décès, il participait à des émissions radiophoniques jusqu'à ce qu'il tombe malade au début de 2006. Il a joué également dans de nombreuses pièces de théâtre pour la BBC et la Royal Shakespeare Company. o Hugh Manning (1920-2004) a joué dans deux autres épisodes de la série : Le dernier des sept (saison cinq) et Haute tension (saison six). Il a également participé à la série Amicalement vôtre. o Peter Jones (1920-2000) est Sir Arthur Doyle dans Trop d'indices de la saison six. o Richard Marner (1921-2004), l'espion russe sur l'écran de télévision est né... à St Petersbourg ! Il a tenu de nombreux rôles de militaires russes ou allemands. On a pu le voir au cinéma dans African Queen, Les douze salopards, L'espion qui venait du froid, On ne vit que deux fois. o Francis Matthews (1927-2014) est le héros de la série Paul Temple (1969-71). Il a tourné dans un épisode de la saison cinq, Mission très improbable, ainsi que dans les séries Le Saint (deux épisodes) et Taggart. À noter que… o La version DVD kiosque Canal+ est coupée. Il manque à peu près une minute et, en comparant avec la version Continentales (coupée sur d'autres passages), on peut reconstituer ce qui manque. o Sur le panneau de menu du DVD StudioCanal, le titre de l'épisode devient bizarrement Le 13e trou. o À partir de 35', les sous-titres (anglais comme français) sont décalés de quelques secondes par rapport à l'action, ce qui rend l'épisode désagréable à suivre. (DVD Studio Canal) o Le jeu s’arrête au 13 est l’épisode aux sept coupes sur les éditions françaises antérieures à 2015. Rien que ça ! Il manquait, entre autres, la drague du capitaine à Mrs Peel, la réplique de Mrs Peel au sujet du chapeau ‘capitonné’ de Steed et l’échange Steed/Peel sur la canne-épée…L’édition française Blu-ray a récupéré six de ces sept coupes : il manque toujours la dernière réplique de Jackson au docteur Adams (coupe N°6), qui s'inquiète du retard de Steed, juste après le petit rire sarcastique : ‘Then, he won't bother you again’. L’édition britannique est complète. Néanmoins, dans les deux versions, les passages récupérés présentent des défauts avec une image un peu délavée par rapport au reste de l’épisode (coupe n° 2 particulièrement, mais aussi la 5 et la 7). Tandis que la 4 présente un son moins net lors du passage récupéré, le plus long des 7 o Comparaison éditions DVD Studio Canal / Optimum (par Denis Chauvet): Cet épisode a sûrement la palme du charcutage car il manque sept scènes à la version Studio Canal ! La version française dure 48’08 contre 49’45 à Optimum. La qualité de l’image est bonne, voire très bonne (à l’exception du générique très abimé), sur la version Studio Canal. On peut même écrire qu’elle est au moins aussi bonne que la version Optimum pour les passages situés à proximité des coupes. C’est frappant lorsque Steed et Mrs Peel sont à la table et surveillent Reed accoudé au bar. L’image est toujours excellente lorsqu’ils lui emboitent le pas (‘Let’s ask, Mr Reed’) mais elle devient tout d’un coup passable et grouillante lors du questionnement. Je ne pense pas que cela soit une coïncidence. Certains passages trop abimés ont pu être supprimés des éditions françaises. En considérant les descriptions ci-dessous, c’est dommageable. En tout cas, la version Optimum est la seule intégrale disponible de l’épisode. - La première coupe se situe lorsque le capitaine Waversham profite que Steed quitte la table pour se joindre à Mrs Peel. Il lui dit :’I’ve been waiting for the opportunity to welcome you to the club’ [J’attendais l’opportunité de vous souhaiter la bienvenue au club.] Le passage suivant est coupé ; le capitaine veut payer un ‘drink’ à Mrs Peel qui précise ‘a large one’. Waversham espère qu’ils ont des points en commun :’I expect we have a great deal in common’ et Mrs Peel répond, laconique : ‘I expect’. - La seconde coupe a lieu lorsque Steed s’enquiert auprès de Reed de la disparition du docteur Adams. Lorsque Steed déclare à Reed: ‘A few moments ago, you were in the bar, he wasn’t with you’, l’image suivante de Studio Canal est Adams sortant de sa chambre: ‘Someone looking for me?’. Il manque le questionnement de Steed et les réponses embarrassées de Reed. Il dit d’abord qu’il prend sûrement une douche ‘a shower in his chalet’, Steed répond qu’il y est déjà passé (‘I looked there’). Reed prétexte ensuite qu’Adams est parti s’entrainer. Steed rétorque que justement il comptait sur Adams pour améliorer son swing. Ne croyant pas Reed, Steed lui demande finalement abruptement : ‘Where is Adams ?’ On voit déjà Adams sortir de sa chambre à l’arrière-plan. C’est à ce moment que vient le plan Studio Canal qu’on connaît. - La troisième coupe, comme les précédentes, ne dure qu’une dizaine de secondes. Steed et Mrs Peel surveillent Adams et Steed joue à une machine à sous. Mrs Peel dit: ’What is it?’ et Steed répond: ‘Bells and lemons’. On ne voit pas la suite : Mrs Peel remet quelques pièces dans la machine et Steed actionne le levier. Mrs Peel déclare en parlant d’Adams: ’He’s watching the time.’ Steed: ‘Obviously, he’s waiting for…’ (il ne termine pas sa phrase pris par le jeu) et Emma la finit pour lui :’Something’. Steed répète le mot et Mrs Peel, constatant qu’il a une nouvelle fois perdu :’You got nothing.’ - La quatrième coupe est la plus longue. Steed et Mrs Peel jouent au saut de puces. Steed récupère sur le canapé et évoque son chapeau qui l'a sauvé : ‘If it hadn’t been for my trusty hat...’ puis le colonel Watson apparaît. Or, sur la version intégrale, Mrs Peel répond à Steed: ‘It really is the height of pessimism to have a hat lined with chain mail.’ (‘Best line’ sur le site The Avengers Forever). Vu que le problème de ce que va faire Reed est résolu, Steed demande à Mrs Peel : ‘Any further amusing speculation ?’. Emma répond: ‘Yah, one. I’ve found that in the staff office along with a very large telescope.’ Elle sort et déplie une carte céleste et énumère les étoiles et elle en trouve une qui n'existe pas: ‘Here, it's a star that doesn't exist’. Steed lui demande si cela peut être une nouvelle étoile. Emma répond que c'est possible et qu'elle a téléphoné à l'observatoire de Greenwich pour savoir (d'où l'appel téléphonique avant la partie de golf avec le docteur). C'est seulement à ce moment que le colonel Watson apparaît et qu’Emma cache la carte avec le chapeau de Steed. Cette scène dure une quarantaine de secondes. - Un peu plus loin, il manque la dernière réplique de la scène lorsque Steed dit que beaucoup de gens semblent concernés par sa partie avec Adams, Emma répond, tout en retirant un jeton du chapeau de Steed : ‘And what's so important about three o'clock this afternoon anyway ?’. - La dernière réplique de Jackson au docteur Adams, qui s'inquiète du retard de Steed, est également coupée juste après le petit rire sarcastique : ‘He won't bother you again’. Ce qui est surprenant est que la réplique apparaît néanmoins en incrustation si vous activez les sous-titres anglais ! - La septième et dernière coupe se passe dans la foulée. Après que Jackson ait conseillé à Adams de laisser Steed passer au douzième trou en premier, le plan suivant est Steed et Mrs Peel qui sortent de la chambre. Or, il manque un échange intéressant. Steed déclare : ‘Time to go’ et prend son sac de golf. Mrs Peel se renseigne sur une canne qui n’est pas de golf. ‘A swordstick. There is a sword in it’. Mrs Peel répond: ’Fancy’. On entend déjà le téléphone sonner qui annonce la séquence suivante. Cette scénette explique pourquoi Steed s’empare de la canne et tire dessus dans le combat final. Se rendant compte qu’il n’y a pas l’épée escomptée, il dit à Emma : ‘Wrong stick’. o Coupures de presse lors de la 1re diffusion française. Fiche de Le jeu s'arrête au 13 des sites étrangers En anglais
|
LE FANTÔME DU CHÂTEAU DE'ATH Steed becomes a strapping Jock – Emma lays a ghost Tournage : 2 au 20 août 1965 Diffusion : ITV, 30 octobre 1965 – FR3, 3 juillet 1991 en VOST Scénario : John Lucarotti Réalisation : James Hill Gordon Jackson (Ian), Robert Urquhart (Angus), Jack Lambert (McNab), James Copeland (Roberton), Russell Waters (Controller). Résumé La disparition des poissons le long de la côte et la mort étrange d'un plongeur amènent les Avengers à s'introduire dans le château De'Ath sous diverses couvertures. Mrs Peel arrive sur les lieux et prétend être une consultante touristique alors que Steed (ou plutôt McSteed), déjà sur place, est un historien désirant écrire un livre sur Black Jamie, l'énigmatique treizième propriétaire du château. Leurs soupçons se portent sur Ian De'Ath, l'actuel propriétaire, peu enclin à l'ouverture du château contrairement à son cousin Angus, de nature plus cupide. Emma découvre un passage secret tandis que Steed explore le loch à la recherche d'indices. Capturé, il s'aperçoit alors qu'un abri pour sous-marins a été construit afin d'éloigner les poissons et de ruiner l'économie britannique ! Mrs Peel, remerciée par Ian, revient au château furtivement la nuit et se trouve confrontée aux deux cousins. Contre toute attente, Angus tue Ian et meurt bloqué dans le passage en cherchant à s'enfuir. Épilogue Steed et Emma s'en vont pêcher dans le loch dans une voiture amphibie. CRITIQUES
Denis Chauvet 27 janvier 2004 Après un grand magasin londonien dans l'épisode Death at Bargain Prices, c'est un château écossais qui sert de décor à Castle De'Ath. Même si le château est en fait dans le Kent, c'est bien cet édifice qui tient la vedette dans cet épisode. Les quelques plans de la campagne écossaise, la musique et l'accent des acteurs permettent de croire que l'action se déroule vraiment en Écosse : en tout cas, j'ai travaillé dans ce beau pays quelques temps et je n'ai eu aucune difficulté à y adhérer ! Le somptueux intérieur est présenté dès le début avec une caméra sur l'épaule qui nous plonge dans les entrailles du château, passant en revue les armures, la salle de banquet, son immense table ("passing the salt must be a bit tricky") et finalement la chambre de tortures ! L'esprit écossais est également bien présent par le personnage de Ian De'Ath, fier de ses origines ; la performance de Gordon Jackson (décédé en 1990) est de tout premier plan : un laird entretient le prestigieux passé de son clan et désire préserver son domaine de l'invasion des touristes. Le noir et blanc est de circonstance pour cet épisode dont l'action se déroule principalement dans l'obscurité ; la couleur aurait été superflue ! La musique et surtout la cornemuse nous montrent la facilité avec laquelle Laurie Johnson adapte son œuvre. À noter également l'air intéressant lorsque (la fausse) Mrs Peel revient au château. Par contre, je trouve la musique de la scène finale en décalage avec l'action et les lieux. L'humour est bien sûr présent : quand Steed revient de promenade et Mrs Peel sort, un peu groggy de la chambre de tortures "Lean on me, Mistress Peel as much as you like !" ; la scène où Steed danse le "hopscotch" sur un air de cornemuse joué par Emma et la scène du porridge au petit déjeuner ("There is not enough salt in it"). Sans oublier les remarques de Steed au sujet des chambres de tortures "in the Middle Ages, they were full of jolly ideas" et à la suite de sa nuit mouvementée "they tried to press my best shirt while I was still wearing it !". Les tenues vestimentaires font également partie des points positifs de cet épisode ; Steed a délaissé son chapeau melon au profit d'un kilt plus à propos tandis que Emma a un ensemble écossais (!), une tenue de soirée très sexy et nous gratifie d'une visite du château en chemise de nuit transparente ! La scène finale est mouvementée et attrayante bien que les doublures soient visibles ; Mrs Peel attend "le fantôme" McNab assise à côté d'un canon miniature et elle s'en débarrasse en le précipitant par-dessus la balustrade ; beau duel à l'épée sur la table de banquet entre "McSteed" et Angus et Emma manie l'arbalète avec grande dextérité (à deux reprises dans l'épisode) ! On découvre enfin sur le tard, en même temps que Mrs Peel, que le comploteur n'est pas celui qu'on croyait. Le gros point noir de Castle De'ath est l'absence d'intrigue (de "plot" comme disent les Anglo-Saxons) digne de ce nom. Comment peut-on croire à ce complot qui a pour but de déstabiliser l'économie du royaume en égarant les poissons à l'aide de sous-marins ? Ian est-il au courant des méfaits de son cousin, Angus, comme leur conversation peut le laisser penser ? Pourquoi Angus désire-t-il autant ouvrir le château au public, ce qui aurait inévitablement comme conséquence la mise à jour de ses agissements ? La cornemuse du "fantôme" peut couvrir les bruits des sous-marins, mais pas les vibrations ! Black Jamie, le traître du clan, sert ainsi les desseins d'Angus et de McNab. Il a été emmuré vivant et son portrait abandonné dans le donjon. La légende voudrait qu'il revienne faire des concerts nocturnes de temps à autre ! La version Canal+ kiosque est amputée d'environ deux minutes (scandaleux !). Pour les malheureux possesseurs de cette version (comme moi !), les scènes manquantes sont : la danse écossaise de Steed est plus longue et Emma s'étonne des capacités de son partenaire ("an unexpected talent"), celui-ci répond "il y a beaucoup de choses que vous ne savez pas sur moi !" ; Steed obtient une autre chambre (Lord Darnley room) ; une discussion entre Steed et Emma est écourtée ; Mrs Peel s'entretient avec une personne du château. EN BREF : Castle De'Ath est l'exemple démontrant que l'atmosphère est plus importante que l'intrigue dans un épisode des Avengers car, malgré les réserves énoncées plus haut, cet épisode se laisse voir et revoir avec le même plaisir. Une atmosphère si "British" omniprésente dans la quatrième saison qui s'estompera durant la suivante et disparaîtra pratiquement dans l'ultime saison Tara King.
Steed3003 6 novembre 2004 Les Avengers continuent, après Les cybernautes, à s'écarter des classiques histoires d'espionnage pour pimenter la série. Et c'est, là encore, une vibrante réussite. Le scénario de John Lucarotti jongle sur plusieurs genres avec talent. L'intrigue, dont le déroulement est loin des standards avengeresques, est captivante. De plus, les dialogues sont excellents, avec un humour très présent. Dommage que seuls Diana Rigg et Patrick Macnee raflent une nouvelle fois les meilleures répliques. Les seconds rôles manquent totalement d'humour. John Lucarottti n'hésite pas à se moquer des traditions écossaises (les clichés pullulent) et des histoires de fantôme pour notre plus grand plaisir. On regrettera néanmoins une fin trop soudaine, sans réelles explications. James Hill, futur réalisateur de Clowneries et Pour attraper un rat, fait du très bon travail. Dès l'excellente séquence d'introduction, il réussit à introduire une ambiance à la Hammer. Il offre une belle profondeur de champ, grâce à une utilisation maximale des décors. Il offre une belle variété de plans avec des plongées, peu utilisées dans Chapeau Melon. Les lumières, particulièrement travaillées, donnent un cachet unique à l'épisode. Les scènes d'action sont dirigées de main de maître. Le duel final à l'épée est épatant. On lui reprochera cependant ces redondants et très agaçants problèmes de doublures trop apparentes. La danse écossaise de Steed constitue un des moments les plus drôles de l'épisode. Mrs Peel ouvre dorénavant des portes lourdement scellées avec des stylos. Ils sont une nouvelle fois le points fort de l'épisode. Les seconds rôles, plutôt classiques et sans grande envergure, ne marquent pas l'épisode. Saluons cependant l'excellente prestation de Gordon Jackson en châtelain écossais. Le décor du château écossais, dont de magnifiques plans d'extérieur jalonnent l'épisode, souffre d'une apparence trop studio. Le budget de la série ne permettait sûrement pas des reconstitutions plus fidèles. Patrick Macnee, qui n'est pas écossais comme son nom ne l'indique pas, porte avec beaucoup d'élégance le kilt tout au long de l'épisode. Tandis que Diana Rigg, avec ses ensembles écossais et ses nuisettes, est filmée avec amour par James Hill. Elle apparaît plus belle que jamais. La musique, trop présente à mon goût, est plus (la séquence finale...) ou moins inspirée selon les passages. EN BREF : Un épisode à l'ambiance de film d'horreur bourré d'humour qui détonne dans une saison légèrement trop classique ; à ne surtout pas rater.
Estuaire44 27 avril 2013 L’intrigue de Castle De’Ath souffre de plusieurs faiblesses manifestes. Ainsi le scénario n’explique jamais clairement pourquoi Angus, menant un projet ultra secret au sein du château, entreprend de transformer celui-ci en attraction touristique, ce qui apparaît tout de même pour le moins contradictoire ! Pareillement on ne cerne pas précisément en quoi constitue l’intérêt de tester des appareils sous-marins dans ce lac, on peut supposer que la puissance hostile dispose aussi de plans d’eau chez elle. L’idée de cornemuses parvenant à couvrir le vacarme ambiant ou Ian ne percevant aucun des indices sautant aux yeux des Avengers comme des spectateurs suscite également le scepticisme. Malgré ces lacunes, l’opus parvient tout de même à enthousiasmer. Le mérite en revient à une sublime et pertinente reconstitution d’une ambiance écossaise, plus développée que celle mise en scène dans Esprit de corps et davantage ambitieuse que l’irlandaise de Mort en vol. La minutie du travail de production force l’admiration. Cela vaut en particulier pour le fastueux décor intérieur du château, dont la profusion de meubles et de décorations médiévales s’accompagne d’un goût certain. La série s’était rarement élevée jusqu’ici à de tels sommets en la matière. Les vues extérieures accompagnent idéalement le mouvement, que cela concerne l’impressionnât édifice (qu’importe qu’il ne soit pas écossais) et les panoramas des alentours. L’envoutante musique des Bag Pipes répond évidemment au rendez-vous, de même que la profusion des accents locaux, grâce à des acteurs idéalement choisis. Gordon Jackson et Robert Urquhart apportent d’ailleurs une indéniable crédibilité à leurs personnages, au-delà des errements de l’intrigue. Toutefois James Hill a l’excellente idée de ne pas se militer à un effet catalogue, aussi abouti soit-il. Il va en effet utiliser le décor afin de susciter de nouvelles ambiances enrichissant l’épisode, au-delà de la reconstitution figurative et d’une espionnite en définitive assez classique. L’introduction, très à la Scoubidou, du fantôme et l’emblématique salle de tortures (impressionne scène d’ouverture) tirent joliment le récit vers l’épouvante gothique, on se croirait par moments chez le Hammer. il en va pareillement pour ce passage secret, idéalement dissimulé dans une sympathique vierge de fer, jusqu’au dénouement cruellement ironique. L’enthousiasmante scène du duel final nous entraine cette fois vers les films hollywoodiens médiévaux ou de capes et d’épées, auquel le plateau correspond à la perfection. L’enthousiasme des comédiens, à commencer par Patrick Macnee, résulte des plus communicatifs. Nos Avengers brillent également lors de cet opus. Même si leurs scènes en commun demeurent relativement rares, elles nous valent des dialogues toujours percutants, ainsi que la mémorable scène de danse celtique de Steed. Patrick Macnee s’amuse d’ailleurs visiblement beaucoup tout au long de l’épisode, ravi de renouer avec les origines écossaises de sa lignée. Il arbore d’ailleurs le kilt avec un naturel confondant ! Mrs Peel n’est pas en reste point de vue garde robe, avec des vêtures joliment écossaises mais aussi une raffinée tenue de soirée. Cette saison reste bien celle de l’élégance. La dimension purement anglaise d’Emma permet de faire rejaillir par contraste l’ambiance écossaise. Diana Rigg se montre enfin convaincante dans les scènes d’action, d’autant que son personnage se voit doté d’une doublure cette fois féminine, ce qui permet d’éviter le ridicule de certains affrontements des opus précédents. EN BREF: Quelques lacunes scénaristiques n’empêcheront pas le spectateur de se régaler avec cette reconstitution écossaise à la fois somptueuse et astucieuse. VIDÉO La danse écossaise de Steed !(version intégrale) INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES Tournage o Allington Castle est le château De'Ath. Il ne se trouve pas en Écosse mais à Maidstone dans le... Kent ! Continuité o Deux apparitions de la doublure de Diana Rigg sont très visibles dans l'épisode : lorsque la Lotus Elan est filmée de derrière en arrivant au château et lorsque Mrs Peel revient furtivement au château durant la nuit. Dans les deux cas, Emma Peel est devenue blonde ! Idem pour Steed en sortant du loch en combinaison de plongée : ce n'est pas Patrick Macnee sous le masque mais une doublure ! o Sur la version Blu-ray, les doublures sont évidemment encore plus repérables; c’est particulièrement vrai lors du combat McNab/Mrs Peel (le cascadeur est bien plus jeune que Jack Lambert), c’est également le cas pour le duel Angus/Steed –on distingue très bien Ray Austin à la place d’Angus - et ce ne sont pas Patrick Macnee et Diana Rigg dans la voiture amphibie, mais leur doublure. o Lorsque Steed fait voguer son bateau en papier (wee paper boat), un fil est visible et permet de le tirer pour le faire avancer. o Sur la version Blu-ray, on remarque un micro qui se balade au-dessus de la table de banquet ; le moment où Mrs Peel précise que ce n’est pas pratique pour se passer le sel. o Pourquoi seul le verre de brandy de Steed vibre-t-il durant le dîner ? o Lorsque Steed va pêcher, il descend l'escalier et quitte le château bien habillé (veste, cravate, gilet) mais il porte simplement un polo en arrivant dans les fossés. o Alors qu'il travaillait le bracelet en cuir pour se libérer, Steed emporte avec lui la chaîne pour assommer le gardien ! Détails o L'instrument de torture fatal à Angus est à voir en couleur dans Le village de la mort. o Emma Peel utilise une abréviation impossible à prononcer comme couverture ; elle représente le Aborcashaata "Advisory Bureau on Refurbishing Castles and Stately Homes as Tourist Attraction". o Angus De’ath précise que le cinquième Laird (propriétaire) a combattu avec William Wallace et qu’ils furent exécutés par les Anglais en 1304. Le sixième Laird était avec Robert the Bruce. Alors que Mrs Peel semble ne pas connaître Wallace, les cousins lui disent que c’était un patriote écossais qui fut exécuté (sauvagement, comme le montre le film Braveheart avec Mel Gibson) mais c’est en 1305 et pas 1304 comme le dit Angus. Robert the Bruce fut roi d’Ecosse de 1306 à 1329. o Ian et Angus évoquent le palais d’Holyrood (passage coupé sur la version Canal). Le palais se situe à Édimbourg, dans le bas du Royal Mile, l’artère principale qui relie le palais de Holyrood au château. Il est à l’origine un monastère puis il a servi comme résidence principale des rois et reines d’Écosse depuis le XVe siècle ainsi qu'actuellement à la reine Élisabeth II lors de ses séjours en Écosse. o Lorsque Steed parle à Mrs Peel pour la première fois dans le château, il lui dit que ‘Marie, Queen of Scotland’ n’a jamais vécu ici. Marie Ire d'Écosse (Marie Stuart), aussi connue comme Mary, Queen of Scots, (Marie, reine des Écossais), était souveraine du royaume d'Écosse et fut emprisonnée en Angleterre par sa cousine, la reine Élisabeth. Après avoir été condamnée pour trahison, elle fut exécutée en 1587. o A plusieurs reprises, le terme ‘wee’ est employé, comme pour le bateau en papier de Steed. Cet adjectif signifie ‘tout petit’ et il est surtout utilisé en Ecosse. o Les cousins Ian et Angus évoquent de célèbres batailles auxquelles leurs ancêtres De’Ath ont participé : Bannockburn (1314), Pinkie (1547), Flodden Field (1513)… o Steed hérite de la chambre Lord Darnley. Henry Stuart dit Lord Darnley (1545 -1567), duc d'Albany et roi consort d'Écosse, fut le second époux de sa cousine Marie Ire d'Écosse, reine d'Écosse. o Les décors intérieurs – escaliers, couloir de l’étage, la grande salle – furent utilisés, avec des embellissements différents, comme la maison de Brandon Storey (Faites de beaux rêves). o Quand Mrs Peel lui signale qu’il n’a pas l’accent écossais, Steed répond I was carried south by marauding Sassenachs when I was a bairn. Sassenach est le terme écossais, ou celtique, utilisé pour désigner les Anglais. Il remonte à l’origine du mot « saxon ». Le terme désigne aussi les habitants des Lowlands écossais (au sud, frontaliers avec l’Angleterre), en opposition aux Highlands. On peut deviner ici un clin d’œil aux origines écossaises de la famille de Macnee, par la suite installée en Angleterre. o Quand il part en promenade, Steed déclare qu’il va effectuer A walk across the Glen. Le Glen (vallée, en gaélique), ou Great Glen forme une succession de vallées d’une centaine de kilomètres, coupant les Highlands en diagonale d’Inverness à Fort Williams. Cette importante voie de communication (canal calédonien) s’accompagne effectivement d’un sentier de grande randonnée, très populaire en Ecosse, le Great Glen Way, longeant de nombreux lochs. o Au château, Mrs Peel réside dans la chambre Flora MacDonald, comme le décide Angus. Cette écossaise noble est une héroïne jacobite, qui , après le désastre militaire de Culloden (1746) permis au Prince Edouard Charles Stuart d’échapper à la capture, en s’enfuyant par l’ile de Benbecula, dans les Hébrides extérieures. Le Prince se fit passer pour la bonne de Flora, afin d’échapper à la surveillance des soldats anglais. Découverte, Flora fut brièvement enfermée à la Tour de Londres avant d‘être amnistiée. Une statue est édifiée à Inverness en mémoire de cette figure de l’histoire écossaise. Une danse traditionnelle des Highlands (Flora MacDonald's Fancy) évoque le souvenir de celle qu’elle accomplit, selon la légende, devant le Prince. o The Flowers of the Forest are a' wede away, déclame Steed, quand il découvre la disparition des fleurs mortes. Il s’agit d’un extrait des Fleurs de la Forêt, un chant folklorique écossais traditionnel, remontant au XVIIième siècle. Accompagnée par le grande cornemuse, cette chanson mélancolique est interprétée lors des funérailles et des servies mémoriaux. A l’origine, il s’agit d’un mémoriel de la Bataille de Flodden Field dans le nord de l'Angleterre, en 1513, où le roi Jacques IV d’Ecosse trouva la mort avec 10 000 hommes, surnommés les fleurs de la Forêt. Elle demeure la plus grande bataille ayant opposé Angleterre et Ecosse, en nombre de belligérants. o La voiture amphibie utilisée dans le tag final est une Amphicar 770. Cette voiture allemande, produite par le Quandt group, fut fabriqué de 1961 à 1968. Ses capacités motrices demeurent modestes, mais elle connut un certain succès sur le marché américain, pour l’amusement suscité par la navigation. En 1965 deux Amphicars parvinrent à traverser la rivière Yukon, en Alaska, en 1968 ce fut au tour de la Manche, par temps calme. Le président Lyndon B. Johnson en possédait une et s’amusait à surprendre ses visiteurs en se précipitant dans le lac de son ranch, tous comme les Avengers. L’Amphicar apparaît dans plusieurs films, dont L’infaillible Inspecteur Clouseau (1968). Acteurs – Actrices o Les quatre acteurs principaux Gordon Jackson, Robert Urquhart, Jack Lambert, Russell Waters sont tous nés en Écosse (tous également malheureusement décédés), d'où l'accent en VO. o Gordon Jackson (1923-1990). Acteur écossais. Repéré par la BBC dès l'école pour ses talents de comédien. Il a joué de nombreux rôles bien que son accent écossais le limitât. Il a travaillé pour la radio et le théâtre. Acteur respecté, il est élu en 1974 meilleur acteur britannique et reçoit un Emmy en 1975 pour la série Upstairs, Downstairs (avec Gareth Hunt). Il tourne la série à succès de Brian Clemens Les professionnels de 1977 à 1981 et devient OBE (Officer of the Order of the British Empire) en 1979. Il ne se regardait jamais à l'écran, n'appréciant pas ses prestations. En 1989, il se sait condamné par un cancer des os incurable. À noter que… o Le nombril de Mrs Peel n'a pas été censuré par la télévision américaine, ce qui était pourtant le cas à l'époque (1965). Également beaucoup de censures dans la version allemande (Das schottische Schloss) : quelques secondes de la séquence de torture ainsi que l'inspection nocturne d'Emma du château en chemise de nuit ! o La voiture amphibie de la fin de l'épisode a une mécanique Triumph. Ces voitures furent construites en Allemagne entre 1963 et 1965. o Dans les bonus photographiques, deux photos de Patrick Macnee en kilt se promenant autour des studios Elstree avec une jeune femme. Egalement Diana Rigg qui se recoiffe devant un miroir à main tenu par une maquilleuse. o Il y a une amélioration par rapport à la collection Optimum déjà remarquable. En effet, les fameuses scènes coupées ont une qualité d'images inférieure au reste sur Optimum en y faisant bien attention. Là, sur le Blu-ray, aucune différence. Tout est dans la continuité. o Comparaison de la version DVD Studio Canal avec la version VHS Lumière (l'index se refère à la version DVD) : o Comparaison éditions DVD Studio Canal / Optimum (par Denis Chauvet): Le générique Optimum présente de nombreuses imperfections comme sur la version Canal. Par contre, les premières images, le château extérieur et intérieur, sont restaurées sur la version Optimum. L’attrait de la version britannique est qu’elle présente des scènes inédites pour nous, fans français habitués de la version Studio Canal tronquée. Il y a d’abord la danse écossaise de ‘Jock McSteed’, très écourtée sur la version Canal (elle est en intégralité sur notre site). Mrs Peel joue de la mini-cornemuse tout en étant admirative : "An unexpected talent". Steed explique qu'il était un champion dans cette discipline pendant son enfance ; le ‘hopscotch’, la ‘marelle’ en français. La deuxième coupe peut affecter la compréhension : après qu’Angus ait montré où se trouvait le fantôme de Jaimie, Steed s’aperçoit que les fleurs fanées ont disparu de la tablette devant la porte de sa chambre et rentre (photo ci-dessus)….sur la version Optimum, à ce moment, le valet Roberton lui tapote l’épaule avec la lance qui lui sert à éteindre les bougies et déclare à Steed qu’il a été déménagé dans la chambre d’en face à cause du vent violent. Roberton explique à Steed qu'il l'a changé de chambre, lui en donnant une moins exposée. Il rentre donc dans la chambre d’en face (ce qui explique le lit ‘spécial’). Dans la troisième coupe, les cousins De’ath discutent des plans d’Angus pour le château et Ian ne veut en aucun cas qu’il ressemble au Palais d’Holyrood ou à un centre grand public (avec ‘son et lumière’ et des jeux ‘bingo’) tandis que Mrs Peel et Steed contemplent le tableau représentant Black Jaimie. Steed demande à Mrs Peel de se renseigner sur les entrées condamnées et sur la fameuse East Tower (où est censé œuvrer le fantôme de Black Jaimie). Puis Steed décide d’aller pêcher (on le voit descendre l’escalier juste après la coupe).
Il y a par conséquent à peu près deux minutes et quinze secondes de coupe. Fiche du Fantôme du château De'Ath des sites étrangers En anglais
|
VOYAGE SANS RETOUR Steed finds a town of ghosts – Emma gets into harness Tournage :29 octobre au 13 novembre 1964 et retournage : 21 au 30 juillet 1965 Diffusion : ITV, 2 octobre 1965 – 2e chaîne ORTF, 2 mai 1967 Scénario : Brian Clemens Réalisation : Roy Baker Alan MacNaughtan (Brandon), Patrick Newell (Smallwood), Terence Alexander ('Piggy" Warren), Jeremy Burnham (Le Vicaire), Robert Brown (Saul), Juliet Harmer (Jill Manson), Walter Horsbrugh (L'inspecteur). Résumé Quatre agents ont disparu, les uns après les autres, dans le village de Little Bazeley et les Avengers prennent la direction du Norfolk par le train. Ils font la connaissance de Smallwood pendant le voyage. Tous les trois se rendent au pub du village où ils sont fraîchement accueillis. Le lendemain, Steed et Emma trouvent le corps de Smallwood sur la plage et ils découvrent rapidement que tous les habitants du village sont des imposteurs. Les archives de la paroisse ont été détruites et l'école est mystérieusement déserte en plein milieu du trimestre. Les dernières paroles du véritable maître d'école ("Below", en bas) mettent les Avengers sur la piste. Le souterrain sous l'ancien terrain d'aviation fourmille d'armes et de soldats prêts à envahir l'Angleterre. Steed et Mrs Peel condamnent la seule sortie possible et enferment les envahisseurs. Épilogue Les Avengers rentrent à Londres en scooter ; Mrs Peel conduit et Steed est assis sur le porte-bagage. CRITIQUES
Denis Chauvet 3 décembre 2003 Le sujet de l'épisode peut paraître assez simpliste, remplacer les habitants de village en village pour prendre possession d'un pays, mais il ne faut pas oublier que la guerre froide battait son plein au milieu des années 60. L'intrigue sera même reprise lors de la saison couleur avec The Living Dead. The Town of No Return est le premier épisode de la saison 4 en ordre de diffusion mais on remarque déjà une osmose entre Mrs Peel et John Steed. Cet épisode a en effet été re-filmé en milieu de saison et peut être considéré comme un très bon épisode, malgré quelques "restes" visibles du tournage original avec Elisabeth Shepherd. Le teaser plante le décor de la série : un pêcheur observe, impassible, un homme sortir de l'eau dans un grand sac à fermeture éclair ! La meilleure scène de l'épisode est, néanmoins, le duel à l'escrime du début : des dialogues intéressants, de l'humour et une certaine familiarité (tape sur le postérieur) entre les Avengers. Steed : "More flexibility in the wrist", Emma : "The cream is in the kitchen", "That was very very dirty". Le voyage en train et l'explication de Mrs Peel au tableau noir avec Steed en élève, assis au pupitre, sont deux autres scènes intéressantes entre les Avengers. On découvre aussi l'esprit bon enfant de Steed qui ne peut pas résister à faire un tour de manège ! On remarque beaucoup de scènes extérieures dans cet épisode tourné en juillet et également des séquences de nuit réussies lorsque Smallwood se rend à l'église en traversant un cimetière. La présence d'acteurs indissociables de la série, comme Patrick Newell et Jeremy Burnham, est un plus indiscutable. J'apprécie aussi beaucoup la musique lorsque Steed et Emma progressent dans le souterrain à la fin de l'épisode (à réécouter dans Castle De'ath). Trois questions peuvent servir à discussions : comment Steed se débarrasse-t-il d'autant d'adversaires avec son melon spécial ? Pourquoi Emma fait-elle confiance au vicaire alors que tous les habitants sont des imposteurs ? La moustache de Warren s'embrase-t-elle en accord avec le scénario ? À noter pour finir que la version Canal+ DVD kiosque ne permet pas d'avoir le générique et les sous-titres anglais, c'est regrettable ! EN BREF : Un excellent départ !
Tout d'abord, que ceux qui ne connaissaient qu'Emma Peel en couleur et redoutaient un peu le noir et blanc se rassurent : Chapeau Melon en noir et blanc est un régal. Le cachet noir et blanc donne une élégance folle et un charme inouï à nos deux agents. Il est drôle de constater que, si en couleur la série faisait souvent kitsch, en noir et blanc, elle apparaît luxueuse. Après une séquence d'ouverture étrange rappelant une des scènes du film si controversé, le scénario de Brian Clemens instaure vite un climat de paranoïa et de mystère. Voyage sans retour, comme L'heure perdue dans la même saison, est avant tout un épisode d'ambiance. Le scénario sait nous réserver de nombreux rebondissements jusqu'à la fin, même si on pourrait lui reprocher un certain classicisme (point de clowneries meurtrières, ni de vengeur volant) et une trop grande ambition : on nous promet beaucoup, on ne voit finalement que très peu. Amateurs d'humour, régalez-vous : on ne compte plus les bonnes répliques, soutenues par un tandem Macnee-Rigg toujours aussi bien rôdé. Rappelons que c'était leur 14e épisode en ordre de production. On retiendra surtout l'inégalable scène du thé dans le train tellement... avengeresque et la réplique culte, John Steed disant l'air catastrophé : "It will have to be milk" (en VF : "Du lait, j'en ai bien peur !") et la mimique de Mrs Peel. So british ! La réalisation est inégale. On oubliera quelques scènes de plage maladroitement tournées en studio, pour retenir un superbe plan de Patrick Newell poursuivi par les chiens. Les scènes d'action sont réussies, notamment celle du tisonnier. L'interprétation est malheureusement caricaturale, à la notable exception de Patrick Newell : il nous montre l'étendue de son talent en jouant un personnage à l'opposé de Mère-Grand. On ne prête guère attention à la musique, c'est qu'elle doit bien accompagner l'épisode ! Les costumes sont particulièrement seyants (ah, le béret de Mrs Peel...). Les décors nous surprennent par leurs nombreux détails (le pub, les chambres, l'école) mais nous déçoivent parfois par leur rusticité (le bunker). EN BREF : Un bon épisode mais on est encore loin de l'âge d'or !
Bien que tourné assez tardivement, The Town Of No Return fut le premier épisode Emma Peel présenté au public. Dès lors, il doit être jugé à l’aune du véritable semi pilote qu’il constitue, ouvrant une nouvelle ère pour la série. Et le succès apparaît clairement au rendez-vous. L’introduction de la nouvelle de Steed s’effectue avec habileté. Les quelques minutes d’introduction permettent de ménager un suspense rehaussé par la présence du fameux oei ; veillant sur le sanctuaire de la Déesse. Clemens a la finesse de ne pas représenter une première rencontre factuelle, un procédé assez lourd. Bien au contraire, tout se passe comme si Steed et Mrs Peel étaient proches de longue date, sans explication superfétatoire. La transition de Mrs Gale à Mrs Peel s’effectue donc avec fluidité, mais le jeu de Diana Rigg indique que le duo va s’établir sur un tout autre mode, bien plus complice et fusionnel. Le petit coup d’épée bien placé de Steed au cours de la parfaite scène du duel divertit, mais surtout ne laisse planer aucune ambigüité sur le sujet. La riposte de Cathy aurait tété autrement cinglante ! Tout au long du récit, il s’avérera passionnant de découvrir comment des scènes, encore en grande partie écrites pour cette-dernière se verront atténuées, sinon transformées, par la personnalité de la nouvelle compagne d’aventures de Steed. Sans rien céder en indépendance, Mrs Peel se montre plus avenante et davantage dans l’air du temps des 60’s, plus sexuée également (on note déjà une scène de liens très cuir). La relation avec Steed s’établit d’entrée comme plaisamment ambigue. Le panorama nouveau mis en place par Clemens s’intéresse d’ailleurs également à notre héros. Au terme d’une évolution certes déjà débutée en saison 3, Steed apparaît définitivement comme le parfait gentleman, suave et spirituel (mais aussi si florentin et impitoyable) que nos connaissons. L’univers de la série franchit un nouveau palier, là aussi après une mise en place progressive au cours de la période précédent. La scène initiale (à juste titre reprise dans le film de 1998) frappe d’entrée par le ton aux lisières du surnaturel qu’elle introduit, tandis que le passage du thé se situe pleinement dans la fantaisie, sans même parler du thème de l’intrigue. Les Avengers s’instillent bien ici dans leur royaume de l’imaginaire, loin de l’espionite classique. Cela vaut aussi pour une magistrale discordance de ton instillée par Clemens entre le ton employé et le sujet développé. Ici l’histoire suggère très fortement que toute la population du village a été assassinée, mais l’on reste dans le non-dit tout en mettant en avant l’humour et les boutades. Ce nouveau contraste narratif s’avère profondément original au sein des séries d’aventure de l’époque et demeurera fécond tout au long de Chapeau Melon et Bottes de cuir. Le bouleversement du passage au film est judicieusement souligné par le recours aux extérieurs, la qualité de l’image et de la photographie, ainsi que par le délié de l’action. Enfin Clemens, lors de la visite des lieux et des épatants dialogues entre Avengers, affirme d’entrée la nature profondément anglaise de la série, considérée comme une garantie de succès à l’intérieur mais aussi à l’extérieur des frontières. L’épisode dégage par ailleurs un réel intérêt intrinsèque, du moins jusqu’à son segment final. L’ambiance de mystère insolite régnant sur le village se voit fort bien rendu par la mise en scène de Roy Baker, ainsi que par l’emploi de décors d’intérieur finement ciselés ainsi que par la musique. La distribution se montre remarquable, avec d’excellents acteurs de l’époque, Terence Alexander en tête dans le rôle de l’hilarant tenancier de l’auberge, pittoresque pastiche des pilotes de la RAF. Une météo là aussi très anglaise apporte beaucoup à l’atmosphère particulière de l’opus. Clemens aurait d’ailleurs pu encore accentuer les traits anglais caricaturaux que revêtent les imitateurs, mais l’épisode se montre déjà percutant là-dessus. On découvre avec plaisir Patrick Newell dans sa première apparition, fort convaincante, dans la série, tout en remarquant au passage une évidente doublure lors des scènes de poursuite ! La savoir faire de Clemens restitue avec intensité le malaise croissant des Avengers face à l’étrange, tout en ponctuant effacement le récit de moments chocs. Malheureusement la levée du mystère déçoit quelque peu. L’on retombe dans une paranoïa issue de la guerre froide finalement assez commune, tandis que, concomitamment, l’on butte de nouveau sur le manque de moyens de la série, avec unique quelques soldats hostiles visibles (Le Mort Vivant accomplira bien davantage en la matière). Les scènes, certes réussies sur la base aérienne et les bâtiments déserts font doublon avec L’Heure perdue, qui va bien plus loin là dessus. Les combats s’avèrent également décevant, avec une Mrs Peel n’ayant clairement pas encore trouve son style si particulier, on se loin pour le coup des performances d’Honor Blackman, même si l’énergie déployée est indéniable. L’affrontement celé de Steed reste un astucieux tour de passe-passe, mais aussi un cache-misère. La conclusion reste également assez abrupte et le tag conclusif n’est pas inoubliable. EN BREF: Une excellente et subtile mise en place de la débutante Emma Peel, ainsi que des temps nouveaux désormais abordés par la série. La levée du mystère déçoit toutefois quelque peu. VIDÉO Une rencontre à la pointe de l'épée ! INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES Tournage o Wighton est Little Bazeley by the sea (Bazeley-les-flots en VF). o Steed visite la base militaire. Scène tournée à Bircham Newton, Norfolk. o La scène d'introduction a été tournée à Gun Hill, Norfolk. o L'épilogue a été tourné à Well End Lodge, Well End. Continuité o Lorsque le véritable Brandon expire auprès de Mrs Peel dans la salle de classe, sa tête repose sur le sol, au plan suivant lorsque Emma s'empare de la photographie, sa tête est sur son bras replié. o Smallwood est poursuivi par les chiens, mais on remarque sur une prise de vue qu'il est devenu blond et plus mince ! En fait, c'est Walter Horsbrugh, le directeur d'école, qui était également poursuivi dans la première version. La scène fut supprimée dans la version avec Diana Rigg (excepté cette vue). o Lorsque Mrs Peel examine les registres de la paroisse, elle porte des gants blancs et noirs mais dans le plan rapproché, elle n'en porte plus. o En approchant de l’église de face, Smallwood n’a pas sa valise, mais il l’a au plan suivant de dos. o Lorsque le vicaire atterrit au sous-sol, on voit distinctement que Ray Austin double Jeremy Burnham. Détails o Les maquettes d'avions dans le bar de Piggy Warren refont une apparition dans Mort en magasin. o Le nom du pub est "The Inebriated Gremlin". o Dans le train, Steed lit "Great disappearing acts" et Emma "Primary Education". o Une belle devil mind : lorsque Steed descend de sa chambre et se fait surprendre par Piggy. Il dit avoir besoin d’un ‘nightcap’ (quelque chose qu’on prend avant de se coucher). Les yeux de Piggy se dirigent vers le plafond (allusion évidemment à Mrs Peel) et Steed répond qu’il veut quelque chose qui se boit (consumable). Piggy lui passe alors une bouteille qu’il mettra sur sa note. o Le chant enregistré entendu dans l'église s'intitule All things bright and wonderful. Il s'agit d'un hymne anglican particulièrement populaire, dont les sources remontent au XVIIème siècle. Sous sa forme actuelle, il fut publié en 1849 et célèbre Dieu en tant que concepteur et créateur de l'Univers. Symbole de l'église traditionnelle, il figure à de multiples reprises dans la culture populaire. Il est ainsi parodié par les Monty Python (Monty Python's Contractual Obligation Album, 1980) et les Goodies (The Goodies Beastly Record, 1978) ou entonné par les mutants du Secret de la Planète des Singes (1970). o The butcher, the baker, the candlestick maker, déclare Steed lors de l’exposé au tableau. Il s'agit de l'un des vers d'une célèbre comptine britannique, le Rub-a-dub-dub, publiée en 1798. o Curiouser and curiouser ! cite également Steed sur la plage. Il s'agit d'une reprise de Lewis Caroll, Alice s'exclamant ainsi lors de ses premiers pas dans le Pays des Merveilles (début du deuxième chapitre, La mare aux larmes). o Under a spreading chestnut tree, the village smithy stands déclame devant l’âtre un Steed décidément très en verve. Il réalise un clin d’œil au menaçant forgeron car il s’agit des deux premières strophes du poème The Village Blacksmith, de l’américain Henry Wadsworth Longfellow (1841). o Avec la version Blu-ray, certains petits ‘défauts’ sont visibles ; ainsi, lorsque Mrs Peel rejoint Steed sur la plage, on aperçoit des projecteurs en haut à droit de l’image. On voit également un micro disparaître de l’image par le haut quand Steed entre dans le pub pour questionner Piggy sur la disparition de Mrs Peel. Egalement un micro lorsque Mrs Peel fait remarquer qu’il manque vingt ans dans les registres de la paroisse (haut, à gauche). o L’expression ‘din-dins’ employée par Peggy est souvent utilisée par les enfants pour ‘diner’. Acteurs – Actrices o Patrick Newell (1932-1988) reviendra dans la saison Emma Peel couleur dans Rien ne va plus dans la nursery et sera Mère-Grand dans la saison Tara King. Le rôle de Mère-Grand le rendit célèbre (20 apparitions). Son physique lui permit seulement de jouer auparavant des petits rôles de vilains ou de comiques à la TV. Après les Avengers, il tourna principalement dans des productions secondaires. Il participa néanmoins à un épisode d'Amicalement vôtre dans le rôle du "fat man" ! Ayant perdu du poids de manière importante, il perdit en même temps l'intérêt qu'il pouvait susciter. Il devait prendre part à une convention à Birmingham le jour de sa mort. o Robert Brown (1921-2003) a interprété quatre fois le rôle de M dans les James Bond : Octopussy, Dangereusement vôtre, Tuer n'est pas jouer et Permis de tuer. o Jeremy Burnham a écrit cinq épisodes de la saison Tara King. Il fut également scénariste pour divers épisodes des séries Paul Temple, Les professionnels, Bergerac, Inspecteur Morse... Acteur dans les séries Destination Danger, Le Saint, Amicalement vôtre… et deux autres épisodes des Avengers: Les marchands de peur et Ne m'oubliez pas. o Juliet Harmer (1943) a commencé sa carrière à vingt ans et elle a participé à quelques épisodes de séries britanniques (Destination danger, Département S, Jason King…) et elle est ‘Prune’ dans deux épisodes d’Amicalement vôtre. À noter que…… o La scène d'escrime a été reprise avec beaucoup moins de succès dans le film. o Cet épisode fut d'abord tourné avec Elizabeth Shepherd du 29 octobre au 13 novembre 1964, puis en grande partie refait avec Diana Rigg du 21 au 30 juillet 1965 en plein milieu de la saison, ce qui explique l'aisance de Diana Rigg dans le rôle. Ainsi, bien que quatorzième en ordre de production, cet épisode fut le premier diffusé de la saison 4. o Rodney Marshall, le fils du scénariste, sur le forum international (16 novembre 2013): ‘Sur le site français, il y a une remarque comme quoi une partie de la scène où Steed est seul sur la plage aurait été tournée en studio. Mon père dit que ce n’est pas vrai. Il était avec Brian Clemens sur les lieux du tournage.’ o Pour une critique détaillée du DVD de cet épisode (son, image...), c'est sur le site Kino Digital. o Comparaison éditions DVD Studio Canal / Optimum (par Denis Chauvet): C'est le premier épisode dans les deux collections, que cela soit l'édition française Studio Canal ou britannique Optimum. Par la suite, Studio Canal suit l'ordre de diffusion, Optimum, l'ordre de production. La durée est sensiblement la même : 49'47 pour Optimum, 49'41 pour Studio Canal, mais cela est sûrement dû au déclenchement de mon chrono ou à l'encart Studio Canal qui précède le générique. Je n'ai pas remarqué de 'manque' sur l'édition Canal. C'est un plaisir de voir le générique restauré en version originale car même en choisissant la VO, on avait droit au générique et titre français sur Studio Canal ; un générique Studio Canal granuleux, flou et mobile ! Il y a une nette amélioration de l'image même si l'édition Canal n'est pas catastrophique. Trois exemples (non exhaustif) : - Lorsque Brandon émerge de son sac plastique (c'est seulement à cette rediffusion que je me suis rendu compte que c'est Brandon qui sort du sac poubelle !), il dit au pêcheur, Saul : 'Looks like rain' ; l'image est subitement affreuse sur l'édition Canal mais toujours excellente sur Optimum. - Lorsque Steed et Mrs Peel sont sur la plage, il y a un plan du ciel (avec un oiseau) puis sur Steed ; la version Canal a un trait vertical voyant et gênant sur tout l'écran, - Idem lorsque Brandon ramasse le cadre-photo laissé par Mrs Peel. C'est parfaitement restauré et le défaut n'existe pas sur la version Optimum. o Coupures de presse lors de la 1re diffusion française. Fiche de Voyage sans retour des sites étrangers En anglais
|