LES CYBERNAUTES Steed receives a deadly gift – Emma pockets it Tournage : 2 au 14 mars 1965 Diffusion : ITV, 16 octobre 1965 – 1re chaîne ORTF, 27 mai 1973 Scénario : Philip Levene Réalisation : Sidney Hayers Michael Gough (Dr. Armstrong), Frederick Jaeger (Benson), Bernard Horsfall (Jephcott), Burt Kwouk (Tusamo), John Hollis (Sensai), Ronald Leigh-Hunt (Lambert), Gordon Whiting (Hammond). Résumé Quatre industriels se disputant un nouveau système de circuit électronique sont assassinés par ce qui semble être un expert en karaté. Pendant que Mrs Peel s'exerce sur les tatamis, Steed se rend chez l'inventeur du nouveau système, Harachi Corporation, avec qui toutes les victimes étaient en pourparlers pour se procurer cette invention révolutionnaire. Lorsque Jephcott, le karatéka, est assassiné à son tour, les Avengers orientent leur enquête vers le Docteur Armstrong, spécialiste en automatisation. Ce dernier a mis au point des robots télécommandés qu'il utilise pour éliminer ses rivaux afin de s'approprier le nouveau produit, désireux de créer ainsi des machines capables de remplacer les hommes. Piégé dans le repaire du docteur, Steed parvient à s'échapper à temps pour secourir Mrs Peel et, grâce à un habile subterfuge, il se débarrasse des cybernautes et provoque la mort du Docteur Armstrong. Épilogue Steed est assis dans la Bentley, occupé à faire des mots croisés lorsque la mine de son crayon casse ("It moves in the dark, it leaves no mark"). Il refuse le stylo proposé par Mrs Peel (et surtout le progrès qu'il représente). Emma disparaît dans sa Lotus. CRITIQUES Denis Chauvet 17 décembre 2003 Les cybernautes est un classique de la série : il suffit d'avoir vu cet épisode une seule fois pour s'en souvenir même si on n'est pas un fan de Chapeau melon et bottes de cuir. Il ne faut pas oublier en regardant cet épisode qu'il date de 1965 et qu'il est par conséquent bien en avance sur son époque. Les dialogues échangés par Steed avec Tusamo puis avec Dr Armstrong sont prémonitoires pour la plupart ("Radios smaller than a wristwatch", "computers no bigger than a cigarette box") même si l'encre solide et les stylos rechargeables tous les dix ans n'ont pas encore été découverts. Par contre, le chien qui se déplace au coup de sifflet semblerait dépassé à nos enfants ! Les Avengers avaient néanmoins une trentaine d'années d'avance car la miniaturisation électronique était telle à cette époque que cet épisode pouvait s'apparenter à de la science-fiction, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Les cybernautes bénéficie d'une très bonne réalisation, de bons dialogues et d'un certain sens de l'humour même si l'intrigue ne s'y prête pas. La réalisation de Sidney Hayers n'a rien à voir avec celle des épisodes Cathy Gale. Le teaser est l'une des meilleures scènes de l'épisode. Le stylo en gros plan est la première image juste après le générique puis la victime apparaît, tentant d'abord de se barricader puis d'abattre son agresseur. Bel effet lorsque le fusil fait face à la caméra ; on aura la même impression lors de l'approche en file indienne des karatékas. L'apparition de Steed (pieds enjambant des débris, parapluie tournant le gong arraché) est aussi originale que la révélation de Jephcott en kimono. L'ombre inquiétante derrière la porte du bureau de Tusamo entretient également le suspense. Mrs Peel arpentant son appartement en vêtements de cuir devant un feu de cheminée est une autre scène très intéressante et confirme les propos du Dr Armstrong ("What a charming young woman"). Même dans un épisode aussi "sérieux", les échanges entre les Avengers ne sont pas dépourvus d'humour : Mrs Peel en voyant Steed manipuler le fusil tordu "For the man who has everything" ou Steed à l'évocation de Tall Mountain (nom de karatéka de Jephcott) "What's he got that I haven't got ?". D'autres scènes sont très intéressantes ; Mrs Peel faisant son ménage en profite pour épousseter le costume de Steed à son insu, Steed essaie un masque de carnaval et retrouve son caractère bon enfant dans l'ascenseur de l'usine du Dr Armstrong (déjà présent dans les deux épisodes précédents). À noter la réaction surprise de Steed en apprenant le nom de la secrétaire asiatique (Smith équivaut à Dupont chez nous). Une très bonne musique accompagne l'enquête des Avengers ; le thème omniprésent et facilement reconnaissable des cybernautes, une petite touche de musique orientale et un air très plaisant à mon goût lorsque Mrs Peel sort de l'ascenseur de l'usine et inspecte l'entrepôt. Les cybernautes est un excellent épisode à voir et à revoir même si l'effet de surprise disparaît : les cybernautes n'apparaissant en tant que tels qu'après trente minutes de film. Il est de plus agrémenté de très bonnes scènes d'action (combat de femmes et de cybernautes). Michael Gough est un admirable Dr Armstrong et John Hollis (que l'on reverra dans Le dernier des sept) est un maître karatéka très convaincant. La seule touche négative est la présence de cet informateur énervant remettant systématiquement tous les bibelots de Steed dans le bons sens. Quelques remarques pour conclure : les poupées britanniques disent "I love you, Daddy" ; un cybernaute peut se mouvoir assez rapidement vu qu'il regagne l'usine peu de temps après l'arrivée de Mrs Peel dans sa Lotus ; le canapé de Steed a besoin d'être remplacé ; le cybernaute fait irruption chez Mrs Peel par la porte-fenêtre alors qu'elle n'est pas censée habiter au rez-de-chaussée. L'édition Canal+ dvd kiosque n'a ni le générique de début ni celui de fin en VO (pas de sous-titres anglais non plus). EN BREF : Les cybernautes est un excellent épisode à voir et à revoir !
Steed3003 3 septembre 2004 Cet épisode figure au panthéon des meilleurs épisodes de cette saison, avec Faites de beaux rêves et L'héritage diabolique. EN BREF : Merveilleux épisode d'une rare efficacité !
Estuaire4427 avril 2013 Les Cybernautes demeurent l'une des figures les plus populaires et reconnaissables de la série, alors que ce premier opus sera le seul à connaître une suite, en saison 5, encore prolongée à l'époque des New Avengers. Pourtant, malgré ce succès des plus manifestes, le concept créé par Philip Levene me semble pâtir de deux défauts majeurs. Tout d’abord, en retenant des robots archétypaux comme sujet de son récit, l’auteur opte pour propulser nos amis dans un épisode relevant de la Science-fiction. Les robots constituent en effet l’un des deux thèmes avec le voyage spatial) autour duquel la l’écriture spéculative s’est bâtie sous sa forme moderne, et ce dès les années 20. Dans les deux années 60 les deux sont déjà devenus indissociables depuis fort longtemps, ce que ne peut ignorer un amateur comme Levene. Ce sentiment perdure d’ailleurs encore aujourd’hui, alors même que la littérature de l’imaginaire s’est ouverte à tant d’inspirations nouvelles. Or ce qui suscite la spécifié et l’attractivité des Avengers est que la série se situe aux confluents de genres divers, occasionnant un univers étrange et unique. Les artefacts des Diabolical Masterminds, par leur fantaisie et à l’occasion leur poésie, y participeront pleinement ; c’est ici le parfait opposé qui survient. Toutefois, cette réduction drastique du paradigme de la série aurait pu au moins nous valoir un excellent récit de Science-fiction. Cela serait déjà cela de pris, il n’en sera hélas rien. Les histoires de robots peuvent se concevoir sous diverses optiques. Elles peuvent ainsi se développer autant que troublant miroir renvoyé au genre humain, cela relève généralement davantage de la littérature, mais La Quatrième Dimension en a établi la féconde possibilité. Le robot autorise aussi de flamboyants récits d’aventures épiques aux quatre coins du cosmos, où de titanesques batailles les opposent aux défenseurs de la Terre. C’est la voie que s’apprêtent à prendre avec succès les célèbres Cybermen du Docteur (The Tenth Planet, 1966). On peut aussi trouver des récits simplets au sein des Pulps ou Comics pour le jeunesse des années 30, où les robots sont de vulgaires outils à fracasser (portes, nuques, tutti quanti) et à tuer, et c’est là le choix retenu par Levene, soit l’option la plus pauvre et la plus infantile qui se puisse imaginer. Rien de profond ou d’exaltant là dedans, alors que la Science-fiction permet d’ouvrir tant d’autres portes. Rien d’original non plus, tant le cliché de la créature indestructible et impitoyable s’avançant inexorablement vers son hurlante victime apparaît comme un poncif absolu, remontant lui aussi aux sources, mais cette fois du cinéma d’horreur. Dans les années 30 (derechef), le Dracula de Bela Lugosi, c’était déjà très exactement cela. Durant l’époque Cathy Gale quelques épisodes, tels The White Dwarf (ou The Big Thinker, dans une moindre mesure) sauront par contre déjà joliment flirter avec la Science-fiction, tout en la mêlant à d’autres gendres et composant d’astucieuses intrigues. Soit l’antithèse absolue de la présente entreprise. En plus de développer d’habiles fausses pistes, on reconnaîtra au scénario de Levene le mérite d’avoir su jouer du suspense lié à la révélation retardée de la nature réelle du mystérieux assassin ; Mais ans doute fait-il trop durer ce procédé en le prolongeant sur près de la moitié de l’épisode, car en portant ainsi au paroxysme l’attente du spectateur, il en avive également l’inévitable déception quand surgit la solution de l’énigme : un robot définitivement basique (mais avec un joi chapeau et des lunettes) et déjà totalement obsolète au milieu des années 60, alors la Science-fiction connaît le bouillonnement créatif caractérisant cette époque. De plus certaines naïvetés viennent grever l’ensemble, comme le Cybernaute qui entreprend de saccager l’appartement de Mrs Peel, alors que Mrs Peel est déjà partie avec l’émetteur, cela n’a pas de sens. On regrette également la trop floue dissociation du guidage par cet émetteur et le passage à l’acte du meurtre. Que ce passe-t-il si le stylo est posé sur une table, le terrible cybernaute se contente-t-il du faire du petit bois ? Tout ceci demeure passablement léger, alors même que la Cybernétique désigne l’étude des interactions régissant les systèmes autorégulés. La mise en scène de Sydney Hayers se montre pareillement inégale. Il échoue à filmer les cybernautes avec suffisamment de créativité et pour les rendre vraiment menaçants et pallier à l’évidence de leur aspect bon marché. Dans des situations équivalentes, on voit beaucoup plus fort dans les films de la Hammer de l’époque. C’est dommage, un Peter Hammond aurait certainement eu l’inspiration requise pour sauver l’épisode. De même le combat de karaté de Mrs Peel est filmé froidement et sans intensité aucune, on a vu tellement plus relevé à l’époque d’Honor. On note une maladresse quand le crane du Cybernaute « ouvrier » réapparaît mystérieusement intact après que l’on ait vu son cerveau tomber sur le sol. Hayers réussit cependant quelques jolis coups, comme le passage stressant de l’ascenseur et tire un beau parti des décors à la fois futuristes et fortement claustrophobiques. Encore une fois la saison 4 de développe que peu d’extérieurs mais parvient à mettre supérieurement en valeur ses décors en studios, sans commune mesure avec la période précédente. On apprécie également la superbe et évocatrice musique de l’ensemble de l’opus. The Cybernauts doit pour partie à nos Avengers d’échapper à la vacuité. Levene se rattrape en leur offrant des dialogues enlevés et pétillants d’humour, tandis que John Steed et Emma Peel trouvent ici leur tempo définitif, tout en complicité et en rayonnement. L’alchimie est installée et le divertissant tag de fin campe joliment nos héros et leurs différences. L’épisode trouve une planche de salut dans ses seconds rôles, souvent talentueusement écrits, et joués avec pittoresque par plusieurs visages connus. Outre l’excellent John Hollis, on remarque le toujours parfait Burt Kwouk. Son personnage bénéficie de dialogues percutants et évoque avec acuité l’élévation du Japon technologique que connait la décennie et que l’on retrouvera bientôt dans On ne vit que deux fois (1967). Benson constitue un comparse de choix (style Igor) et son affrontement avec Steed apparaît tonique et enlevé, ce sera une judicieuse idée de le retrouver dans Return of the Cybernauts et il manquera cruellement dans The Last of the Cybernauts. Mais, évidemment, le grand intérêt de l’épisode réside dans l’effarante composition de Michael Gough, apportant un formidable charisme au Dr. Amstrong. Celui ci compose un étonnant adversaire, terrifiant par sa démesure mais aux prédictions se révélant souvent visionnaires. L’acteur souligne admirablement son aspect de démiurge halluciné et nous vaut les meilleures scènes de l’épisode, notamment la confrontation avec Steed et le terrible final. Doctor Who rendra un hommage mérité à Amstrong, avec le John Lumic de Rise of the Cybermen (2006).Finalement le savant fou, même si assez classique sur le fond, s’avère autrement plus captivant que ses ternes créations, une idée qui convaincra visiblement les auteurs eux-mêmes puisqu’elle s’exacerbera lors de Return of the Cybernauts, tandis que les Avengers eux-mêmes se verront mobilisés pour remplacer nos robots. Un aveu en creux de l’insigne faiblesse intrinsèques des Cybernautes. Ce mouvement de substitution trouvera son aboutissement lors du troisième opus, où le Diabolical Mastermind fusionnera carrément avec le Cybernaute. EN BREF: Un traitement sur le mode mineur de l’emblématique thème des Robots, même si Michael Gough campe un formidable démiurge, à la fois dément et visionnaire. VIDÉO Emma Peel se débarrasse du cybernaute à sa manière ! INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
![]() Tournage o L'usine du Docteur Armstrong est le bâtiment de maintenance des studios ABC. Continuité o Steed évoque un proverbe de Confucius mais l'épisode fait référence au Japon et non à la Chine ! o Le cybernaute fait irruption chez Mrs Peel par la porte-fenêtre alors qu'elle n'est pas censée habiter au rez-de-chaussée. o Durant la bagarre finale entre les deux cybernautes, on aperçoit la main d'un accessoiriste (en bas à gauche) pousser un carton. o Tout fait référence à "Industrial Developments" (enseigne, papier à entête) mais les acteurs parlent de "Industrial Deployments". Clause juridique ? Détails o On peut lire sur le passe : "United Automation. Be sure to bring this card with you.". o Après le combat entre les cybernautes, on peut remarquer qu'une caisse est estampillée "Made in Singapore". o Gilbert décrit Armstrong à Steed en précisant qu’entre Gina Lollobrigida (ndlr : une actrice italienne aux formes plantureuses) et une calculatrice électronique, le choix du docteur se porterait à chaque fois sur l’électronique. o Les thermomètres Coley, fabriqués à Brentford en Angleterre sont très réputés. On en trouve des ‘vintage’ en vente sur des sites d’enchères. o Emma Peel se rend chez Jephcott en se faisant passer pour les magasins Winnel et Fentle. Un clin d'œil aux producteurs (Julian) Wintle et (Albert) Fennell. o Emma Peel fait la connaissance d'un marchand de jouets et d'un jouet robot qui marche au sifflet. Ce jouet a été commercialisé au Japon par la société Horikawa en 1963 sous le nom Machine Robot.
Acteurs – Actrices o Frederick Jaeger (1928-2004) tiendra de nouveau le rôle de Benson dans Le retour des cybernautes de la cinquième saison. Jaeger est né à Berlin et étudia en France et en Allemagne avant d'émigrer en Angleterre en 1939. Il commença à faire du théâtre en 1949, de la télévision en 1955 et du cinéma en 1956. Il est apparu dans de nombreuses séries comme Département S, Paul Temple, Amicalement Vôtre, Poigne de Fer et Séduction, Regan, Le Retour du Saint, Les Professionnels… Il est décédé en Espagne. o John Hollis (1931-2005) a fait trois autres apparitions remarquées et remarquables dans la série : Markel dans Warlock, saison deux, Kanwitch dans Le dernier des Sept, saison cinq, et Zoltan dans Le Legs, saison six. Il a également joué dans les séries Le Saint (deux épisodes) et Dr Who entre autres. Au cinéma, notamment dans Les douze salopards, Superman, Star Wars, l'empire contre attaque et le James Bond, Rien que pour vos yeux dans le rôle de Blofeld. o Burt Kwouk (1930) apparaît également dans Kill The King (saison 1) et Le quadrille des homards (saison 3). Il est connu pour son rôle de Cato dans les films de la Panthère rose. Cet acteur anglo-chinois est également apparu dans deux James Bond : Goldfinger (1964) et On ne vit que deux fois (1967). Occupant de très nombreux rôles d’asiatique au cinéma et à la télévision, il connaît une très grande popularité en Grande-Bretagne. o Katherine Schofield, décédée en 2002 d'un cancer, a quitté l'école à 16 ans et a travaillé au pair en France avant de devenir actrice (vu dans Le Saint, Département S et Thriller entre autres). À noter que… o Brian Clemens convia Philip Levene à participer à l'écriture de la série après avoir entendu une de ses pièces de science-fiction à la radio. o Deux suites à cet épisode : Le retour des cybernautes (Emma Peel couleur) et Le dernier des cybernautes (New Avengers). Les cybernautes constituent les seuls vrais ennemis récurrents des Avengers. o Cet épisode a fait l'objet d'une adaptation radiophonique sous le titre A Deadly Gift. o La Lotus Elan de Mrs Peel fait sa première apparition dans l'épilogue de cet épisode. o Ce fut le premier épisode diffusé aux États-Unis le 28 mars 1966 sur ABC. o Il y a un fil collé au centre de l'objectif de la caméra lors du passage Mrs Peel/ Oyuka. Egalement une tache bizarre en haut à gauche lors de la séquence de l’assassinat de Jephcott comme si quelqu'un avait gribouillé sur le film. o Parmi les nombreuses photographies disponibles en bonus, on aperçoit, entre autres, Ray Austin préparer Katherine Schofield et Diana Rigg à leur combat et une couturière faisant une retouche au col du cybernaute de l’entretien o Comparaison éditions DVD Studio Canal / Optimum (par Denis Chauvet):
o Coupures de presse lors de la 1e diffusion française.
En anglais
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FAITES DE BEAUX RÊVES Steed hangs up his stocking – Emma asks for more Tournage : 18 février au 1er mars 1965 Diffusion : ITV, 25 décembre 1965 – 1re chaîne ORTF, 21 septembre 1973 Scénario : Tony Williamson Réalisation : Roy Baker Mervyn Johns (Brandon Storey), Edwin Richfield (Dr. Felix Teasel), Jeanette Sterke (Janice Crane), Alex Scott (Martin Trasker), Robert James (Jenkins), Barry Warren (Jeremy Wade). Résumé Steed a des cauchemars inquiétants et prophétiques à l'approche de Noël. Il a ainsi rêvé la mort d'un collègue en présence d'un Père Noël très étrange. Mrs Peel propose à Steed de passer le réveillon chez l'éditeur Brandon Storey, un amateur de Dickens. Ils y rencontrent Jeremy Wade, un ami de Mrs Peel, ainsi que Janice Crane qui a la particularité de s'introduire dans les rêves. Mrs Peel fait échouer la tentative de télépathie sur Steed, toujours assailli de cauchemars, mais ne peut empêcher l'assassinat de Wade, prêt à faire des révélations. Le complot a pour but d'extirper des secrets à Steed mais les Avengers reprennent les choses en main et lors de la bagarre finale dans la salle des miroirs, Steed abat le Père Noël de ses cauchemars qui n'est autre que Brandon Storey, le cerveau du complot. Epilogue Les Avengers quittent les lieux dans une carriole tirée par un cheval. Emma dit à Steed en le regardant tendrement qu'il va enfin pouvoir faire des "sweet dreams" et lui pose son melon sur la tête. Steed tient du gui, symbole des fêtes du premier de l'An. Le gui est peut-être également utilisé par Steed en référence à sa protection contre les méfaits de la sorcellerie sous les druides. En Angleterre, il est aussi important que le houx. CRITIQUES
Denis Chauvet 28 avril 2004 Cet épisode est une référence pour tous les amateurs de la série ; pour certains c'est le meilleur, pour les autres il en est pas loin. Faites de beaux rêves a tous les paramètres de l'épisode inoubliable : une atmosphère particulière, un humour omniprésent, une intrigue inquiétante et une touche de culture britannique. Too Many Christmas Trees fit sa première apparition le 25 décembre 1965 sur les téléviseurs britanniques et il reste toujours pour moi un programme d'actualité au moment de Noël ; ceci dit, en deuxième partie de soirée, le Père Noël étant ici un personnage traumatisant pour nos bambins ! On peut même dire que le Père Noël est une ordure ! L'osmose entre Steed et Mrs Peel est au zénith et une certaine tendresse est perceptible tout au long de l'épisode par de nombreuses petites scènes parfois anodines. Nous avons droit également à de nombreux échanges intéressants, sans oublier la référence à Cathy Gale : "Mrs Gale ! Oh how nice of her to remember me. What can she be doing in Fort Knox ? ". Allusion au tournage de Honor Blackman dans Goldfinger. En route pour la maison de Storey, Mrs Peel préconise l'entrée de la Bentley au British Museum et Steed féminise sa voiture (comme au début de L'heure perdue) : "The quality of a lady's performance is not measured by her years". Le dialogue au sujet du lit à colonnes est cette fois-ci à double sens sans équivoque possible. Mrs Peel: "I've always rather fancied myself in one of these", Steed : "So have I – I mean, I have, too". Sans oublier le duo entonnant un chant de Noël en se dirigeant vers la salle des miroirs. Ma scène préférée est néanmoins l'ouverture ; Steed rêve et il se voit errer dans une forêt d'arbres de Noël en pyjama avec son melon et son parapluie (scène coupée dans la version Continentales) : "Happy Christmas, John Steed". L'humour dans un Avengers peut être aussi sans paroles ! Robert Jones fut responsable des décors de ce seul épisode (Harry Pottle pour les autres de la saison) mais il a contribué à son succès : la forêt d'arbres de Noël, l'immense maison de l'éditeur, la salle des banquets et la salle des miroirs sont particulièrement saisissantes. Ces superbes décors compensent le peu de scènes en extérieur (la campagne anglaise à l'arrivée chez Storey et l'épilogue). Les costumes donnent une touche spéciale à cet épisode comme plus tard dans la saison Le club de l'enfer et L'économe et le sens de l'histoire ; Mrs Peel en Oliver Twist est " craquante " et John Steed en Sidney Carton criant de vérité. Dès la scène d'ouverture, la musique est superbe et de circonstance. À noter le thème de Meurtre par téléphone lorsqu'Emma découvre le corps de Jeremy Wade et la musique des scènes finales de Castle De'Ath et L'heure perdue pendant le dénouement. Une excellente réalisation de Roy Baker, deux scènes en particulier : le cauchemar de Steed ou il fait face à la guillotine, au bourreau et au Père Noël machiavélique, l'angoisse étant soulignée par une succession rapide d'images et un roulement de tambours, et la scène finale dans la salle des miroirs qui est filmée sous divers angles en utilisant la réflexion, créant ainsi un suspense parfait. À noter également la superposition du roi de carreau avec l'infâme trogne du Père Noël et le balancier de l'horloge ! Deux scènes peuvent choquer : le cauchemar de Steed décrit plus haut et Jeremy Wade retrouvé mort, le regard fixe et recouvert de toiles d'araignée dans le "Hall of Great Expectations". Mervyn Johns est le second rôle le plus en évidence. "You, Sir, must be John Steed..." et s'ensuit un monologue. L'obsession de Brandon Storey pour Dickens est palpable, le buste de l'écrivain trônant à chaque coin de la demeure. Charles Dickens et Sidney Carton témoignent des références exclusivement britanniques encore d'usage lors de cette saison. Les quelques reproches qu'on peut trouver à cet épisode sont la présence superflue du Docteur Felix Teasel qui embrouille l'intrigue : il n'est d'aucune aide et on ne sait pas de quel coté il se trouve ! Le rapprochement rêve/passage secret est tiré par les cheveux et nous ne connaissons pas les fameux secrets de Steed ! Quelques curiosités dans l'appartement de Steed : une sorte de poupée Barbie au-dessus du sapin de Noël (première image après le titre), le parapluie accroché au tableau à l'entrée et le sucre dans le pot "wild thyme" ! (le thé est dans le pot " pearl barley " dans Meurtre par téléphone). EN BREF : Too Many Christmas Trees est un épisode incontournable car il a contribué à faire de la série une légende et le rire du Père Noël n'a pas fini d'effrayer les téléspectateurs. On peut du moins l'espérer...
Nous avons vu pour ce début de saison que, tant au niveau artistique que scénaristique, la série avait bien du mal à décoller. Cet épisode, par son ton et son ambition, nous dévoile enfin ce que vont devenir les Avengers. Ce premier scénario de Tony Williamson pour la série est épatant. Pour un coup d'essai, c'est un vrai coup de maître ; surtout au regard du peu d'expérience que Tony Williamson avait dans le domaine de l'écriture. La série commence, déjà, à faire éclater les talents. Robert Fuest, Ray Austin et John Hough suivront. Tony Williamson écrira ensuite pour Destination Danger, Les Champions, Amicalement Vôtre… En mixant le thème du paranormal, qui avait réussi à la saison 2 avec Warlock, à l'univers de Charles Dickens, tout en baignant dans une ambiance de Noël, Tony Williamson réalise un cocktail aussi étonnant que détonnant. L'intrigue efficace, pleine de suspense et de mystère, maintient habilement le spectateur en haleine. Cette intrigue sera d'ailleurs largement reprise par la suite dans La porte de la mort. L'épisode contient aussi énormément d'humour, avec des dialogues parmi les plus drôles de la série. De plus, tous les personnages ont une réelle épaisseur et, bonne nouvelle, Tony Williamson capture enfin le personnage de Mrs Peel, qui tâtonnait jusqu'ici. Son caractère diffère enfin de celui de Mrs Gale, même si le duo qu'elle forme avec Steed fonctionne toujours un peu de la même manière. Une fois de plus, Steed lui ment pour les besoins de l'enquête. Cerise sur le gâteau : il nous offre un des rares instants de continuité de la série et ces moments se comptent sur les doigts d'une main. Steed reçoit une carte de vœux de… Mrs Gale (une private joke qui ne passe qu'en VO), que celle-ci lui envoie de... Fort Knox évidemment ! Les fans apprécieront. Pour cette première réalisation sur la série, Roy Ward Baker fait un travail remarquable. La séquence d'intro est, à ce titre, une des meilleures de la série. Malgré un manque de moyens évident, la réalisation est de haute volée. Les scènes de rêve sont impressionnantes, notamment la scène de la guillotine. Les quelques scènes d'action sont parfaitement maîtrisées. Le duel entre Mrs Peel et le Père Noël dans la galerie des glaces est épique. Il nous offre même quelques mouvements de caméra chocs inattendus et du plus bel effet. La photographie est splendide avec noir et blanc qui sied ici parfaitement. L'environnement sonore est un des plus soignés de la saison. Les rires du Père Noël vous flanquent littéralement la frousse ! Enfin, le montage est superbe. Admirez ce montage ultra serré pour la scène où Steed se fait hypnotiser avec des cartes. Au niveau artistique, la série atteint un niveau qu'on n'aurait pu lui soupçonner au vu des épisodes précédents. Est-ce parce que le directeur artistique avait changé le temps d'un épisode (c'est ici Robert Jones et non Harry Pottle) ? Sûrement… Les acteurs sont tous très bien dirigés dans cet épisode, notamment Mervyn Johns. Il nous offre une composition puissante avec le rôle de Storey. Nous retrouverons cet excellent comédien dans les New Avengers. Servie par d'excellents dialogues, Diana Rigg cerne ici le personnage de Mrs Peel, un personnage féminin fort certes, mais qui conserve toute sa part de féminité. Contrairement à Mrs Gale apparaissant parfois comme un garçon manqué. Il y a malgré tout quelques fausses notes, comme ce regard éperdument amoureux qu'elle jette à Steed à 13'02" qui rappelle énormément celui qu'aura quelques années plus tard Tara King. Néanmoins, sa composition d'Oliver Twist et de sa réplique culte : "Please sir, I want more" est géniale. À savourer en VO bien entendu ! Patrick Macnee nous offre lui aussi une très belle prestation. Dans un passage, nous pouvons constater que le duo a un joli filet de voix. Quelques petits bémols à la mise en scène cependant : des scènes de dialogue tournées de manière très convenue et un masque du Père Noël plutôt raté. Malgré ces deux points négatifs, voilà un épisode visuellement très réussi et une des meilleures réalisations de Roy Baker. Mrs Peel pique une petite crise de jalousie, à la lecture des cartes de vœux que Steed a reçues de ses multiples et internationales conquêtes féminines : "Much more of this and I should lose my appetite !" (en VF : "Je déclare forfait, autrement je vais perdre mon appétit !"). Cette dernière n'hésite pas par ailleurs à critiquer le goût immodéré de Steed pour les voitures vintage, mais ce dernier lui rétorque élégamment : "I'm loyal to my old loves !" ["Je suis fidèle à mes vieilles amours !"]. Le nouveau duo avec son mélange unique de respect, d'humour et de complicité est pleinement installé dans cet épisode. Il nous régale de bout en bout. Les décors, et le scénario le permettait, sont parmi les plus réussis de la saison. On retiendra, notamment, la chambre d'hôte de Steed et son lit impressionnant, ainsi qu'une salle des Grandes espérances particulièrement soignée. Mrs Peel est femme fatale, dans le manteau de fourrures qu'elle porte au début de l'épisode. Le style hollywoodien des précédents épisodes est toujours d'actualité. Les costumes d'Oliver Twist et de Sidney Carton pour nos deux héros sont eux aussi plutôt réussis. Une musique plutôt discrète, mais très efficace quand elle se fait entendre, accompagne l’épisode. EN BREF : Un épisode envoûtant aux indéniables qualités artistiques. Estuaire44 27 avril 2013 Too Many Christmas Trees s'affirme clairement à la hauteur de sa prestigieuse réputation le situant parmi les meilleurs opus de la série. On est ainsi d'emblée séduit par la finesse et la qualité de son évocation de l'univers à la fois dur et enchanté de Charles Dickens. L'ensemble des multiples décors, répliques et costumes en constitue une galerie de portraits érudite, mais aussi vivante et enthousiaste. Outre les costumes de célèbres personnages, les clins d'oeil astucieux se multiplient, tels la Guillotine du Conte de Deux Cités, le Little Nell du Magasin d'Antiquités, le manoir tapissé de toiles d'araignées de Miss Havisham, avec le Hall des Grandes Espérances, voire la fascination de Dickens pour les miroirs. Les décennies s'écoulent et Dickens demeure bien un phare de la culture britannique, trouvant une extension naturelle et réussie dans le domaine audiovisuel. Le nouveau Docteur, outre le rare privilège de rencontrer l'auteur en personne, a ainsi dédié pas moins de deux épisodes à son oeuvre, l'horrifique The Unquiet Dead et le merveilleux A Christmas Carol. En 2011, la BBC fait sensation avec sa version ambitieusement esthétique des Grandes Espérances, avec Gillian Anderson dans le rôle principal une talentueuse actrice dont on espère qu'elle percera dans le métier. On pourrait également citer la ravigorante relecture de Conan Doyle induite par le Sherlock de Steven Moffat (également scénariste d'un formidable Jekyll), ou l'astucieuse mise en scène de Jane Austen dans Lost in Austen (ITV, 2008). Décidément, bien loin du sempiternel académisme hexagonal, les Britanniques ont le talent d'allier leur patrimoine littéraire à une écriture télévisuelle innovante et Too Many Christmas Trees représente un remarquable ancêtre et chef de file pour cette mouvance des plus enthousiasmantes. Ce sombre et angoissant conte de Noël (diffusé le 25 décembre 1965) marque les esprits par une impressionnante conjonction de l'ensemble des talents de la série, dans un tout parfaitement harmonieux. La talent et le métier du réalisateur vétéran Roy Ward Baker font merveille, avec un art consommé dans l'instauration d'une atmosphère étrange et angoissante. Cela ressort particulièrement dans les remarquables scènes oniriques, au dégradé subtil entre merveilleux et épouvante, mais aussi les frappantes découvertes de cadavre, les angles biscornus, les gros plans sur des visages particulièrement expressifs. On reconnaît plusieurs des meilleures idées de la Hammer au sommet de son art. La photographie se montre également admirable, Gerry Turpin instaurant un noir et blanc particulièrement somptueux. Laurie Johnson nous offre une grande partition, notamment ces tambours stressants et ces carillons étranges. Les décors impressionnent par leur qualité et leur créativité, que cela soit dans la reconstitution du Noël rêvé par Dickens ou le le monde du cauchemar. Le choix pour cet unique opus du décorateur Robert Jones apparaît judicieux. Harry Pottle excelle dans le design Sixties mais aussi l'art de vivre pratique, mettant un point d'honneur à ce que ses diverses créations soient parfaitement fonctionnelles, or on se situe ici dans une sensation profondément différente. Clef de voûte de cette convergence, le scénario savamment complexe de Tony Williamson fusionne avec une rare réussite avec la réalisation de Roy Ward Baker. Tony Williamson, à qui l'on devra nombre des meilleurs épisodes Tara King, comprend admirablement la nature très particulière de l'opus, relevant davantage du Fantastique que de la Science-fiction; contrairement aux autres aventures des Avengers (hormis Warlock et, partiellement, Death's Door). Or le Fantastique est avant tout une atmosphère, tandis que la Science-fiction est un assemblage dynamique de données. L'intrigue joue donc judicieusement principalement la carte de l'ambiance, tandis que le spectateur reste jusqu'à la fin dans l'incompréhension des évènements, mais telle est l'essence des rêves. On regrettera uniquement une conclusion légèrement précipite, avec un certain retour aux poncifs de l'espionnite (certes inscrite dans l'ADN de Chapeau Melon) avec à la clef un poncif aussi rebattu que la révélation de l'identité du leader des méchants, dissimulée sous le masque. C'est d'autant plus dommageable que cette découverte s'avère largement prévisible. Conserver une part de mystère et d'interrogation aurait sans doute parachevé le récit, mais il aurait fallu pour cela naviguer loin des Avengers, jusqu'à atteindre la Zone crépusculaire. La distribution, talentueuse et expérimentée, apporte un élément clef au succès de l'entreprise. Robert James (Jenkins) suinte jouissivement la fourberie en majordome sans doute déjà issu de The Butler's and Gentleman's Gentlemen Association, tandis que Jeanette Sterke (Janice Crane) apparaît comme une beauté ténébreuse et froide, très hitchcockienne (l'ensemble de l'épisode fait irrésistiblement songer à La Maison du Dr. Edwardes). Alex Scott (Trasker) campe efficacement le chef de bande décidé, mais l'on retiendra surtout la composition d'Edwin Richfield en psychanalyste intriguant et inquiétant; Une habile diversion mais aussi un parfait exemple de la maestria de cet acteur épatant, admiré également chez Simon Templar. Le vétéran Mervyn Johns (Storey) brille de la maestria d'une figure du cinéma britannique (notamment dans Au cœur de la nuit, 1945, mémorable film d'horreur). Nos Avengers ne demeurent certes pas en reste au sein de ce vaste chef d'œuvre. Patrick Macnee incarne avec beaucoup de crédibilité un Steed moins triomphant et irradiant d'énergie qu'à l'ordinaire (mais tirant évidemment le ficelles en ultime ressort). Ses scènes avec sa partenaire se révèlent cependant brillante, d'autant que Mrs Peel trouve ici définitivement son tempo, toujours malicieux mais plus complice et féminin que ne le fut celui de Cathy Gale. On remarque qu'Emma prend avec le sourire d'avoir été peu ou prou manipulée (un travers byzantin dont Steed ne se départira jamais vraiment), une magnanimité qui ne caractérisa jamais notre ethnologue préférée dans des circonstances similaires (bon séjour à Fort Knox). Too Many Christmas Trees marque un jalon puisque c'est la toute première fois que l'on entrevoit la possibilité que nos Avengers forment un couple, par des touches subtiles espacées de scène en scène, voire le fameux final du gui. Diana Rigg est éblouissante de beauté et de talent, bien avant Robin des Bois ou le Far West elle excelle déjà à donner une aura toute de féminité à des vêtures masculines. Peut être est-ce dû à l'amour des grands auteurs, mais on la sent particulièrement ravie et épanouie de se retrouver immergée dans l'univers de Dickens. EN BREF: L’un des plus grands chefs d’œuvre de la série, avec un superbe hommage à Dickens doublé d’une histoire plaisamment étrange. VIDÉO Steed reçoit une carte de voeux de... Fort Knox ! INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES Tournage o Les extérieurs de la maison de Brandon Storey ont été tournés au Château Hilfield près d'Elstree. o Steed et Mrs Peel se rendent chez Brandon Storey en empruntant le croisement The Battleaxes à Elstree. Continuité o Emma ramasse les cartes de vœux que Steed vient de recevoir et en laisse tomber une près de la porte. o On distingue très clairement les doublures de Macnee et Rigg lors du trajet en Bentley. De plus, le pare-brise est baissé sur les plans serrés, mais pas sur les plans larges. Détails o Steed reçoit une carte postale de Cathy Gale de Fort Knox, référence directe à Goldfinger, le James Bond que Honor Blackman venait de tourner. En VO : "Mrs Gale ! Oh, how nice of her to remember me. What can she be doing in Fort Knox ?". Aucune allusion à Cathy Gale dans la VF. o Une célèbre réplique de Steed lorsqu'il parle de sa vieille Bentley : "The quality of a lady's performance is not measured by her years". o L’échange entre Steed et Mrs Peel dans la Bentley présente un sous-entendu sans équivoque. Steed: “I’m loyal to my old loves.” Mrs Peel: “Yes, I know”. o Steed en parlant de sa chambre: “There seems to have given me the old curiosity shop. The Old Curiosity Shop, est l'un des deux romans que Charles Dickens a publiés dans sa revue L'Horloge de Maître Humphrey. Cela parle de la jeune Nell Trent qui vit avec son grand-père dans une vieille maison de Londres appelée « The Old Curiosity Shop ». D’ailleurs, plus tard, lorsque Steed reçoit son carton contenant son déguisement, Mrs Peel s’exclame malicieusement : « I hope it’s Little Nell ». o Le hall de l'étage menant aux chambres de Steed et Mrs Peel est le même que le couloir des chambres à l'étage de Castle De'ath. Le reste du décor - les escaliers et la grande salle – est à l’identique avec des décorations de Dickens pour l’un et des portraits écossais pour l’autre. o Pour tromper l’ennemi, Steed chante The Grand Old Duke of York, une comptine. Ensuite, accompagné de Mrs Peel, il se lance dans Green Grow the Rushes, O, une chanson folklorique anglaise populaire dans le monde anglophone, qui est parfois chantée comme un chant de Noël. Lorsque les deux Avengers se rendent au passage secret, ils terminent leur récital avec deux vers de Oranges and Lemons, une autre comptine, qui fait référence aux cloches des églises de la City de Londres. o La salle des banquets est une référence à celle de Miss Havisham dans le roman Great Expectations de Dickens écrit en 1861. o Le titre du journal annonçant la mort de Freddy Marshall : "Mystery death in hotel room. Screams... then man found dead". o A noter l’expression utilisée par Steed : « as dead as a doornail » qui remonte au XIVe siècle. Acteurs – Actrices o Robert James (1924-2004) était un acteur écossais talentueux qui a œuvré pendant cinq décennies que cela soit au théâtre, à la télévision ou au cinéma. Il faisait autorité dans la profession. Il a tourné dans deux autres épisodes de la série : Mort à la carte de la saison trois et Clowneries de la saison six. Il a fait une apparition remarquée dans Dr Who et a tourné dans Les Professionnels et Taggart. Il est décédé de la maladie d'Alzheimer. o Mervyn Johns (1899-1992) était une star du cinéma britannique pendant la seconde guerre mondiale. Son plus grand rôle d'après guerre est dans le film A Christmas Carol (1951) d'après Dickens. Patrick Macnee y joue le rôle du jeune Jacob Marley ! Steed et la voyante des TNA fut l'avant-dernière apparition de cet acteur gallois. o Edwin Richfield (1921-1990) a joué dans cinq autres épisodes de la série : La trapéziste de la saison un, Tueurs à gages de la saison deux, L'éléphant blanc de la saison trois, La chasse au trésor de la saison cinq et Miroirs de la saison six. Il a également joué à la télévision dans Ivanhoé et Destination Danger. À noter que… o Charles Dickens (1812-1870) est l'un des romanciers anglais les plus populaires. Auteur entre autres d'Oliver Twist (1838) et des Contes de Noël (1843-1846). o Sidney Carton est un personnage du roman historique de Dickens A Tale Of Two Cities (Le conte des deux cités – 1859). o Le seul épisode de la saison 4 où Harry Pottle n'est pas le directeur artistique. C'est Robert Jones pour cet épisode. o Sur le DVD, lors de la scène chez Steed avec ses cartes de vœux, les sous-titres français orthographient mal le nom de Mrs Gale (écrit : "Gayle"). o Comparaison éditions DVD Studio Canal / Optimum (par Denis Chauvet): Pas de coupe entre les deux versions contrairement à la version diffusée sur Continentales où, par exemple, le rêve initial de Steed est tronqué. Par contre, la restauration est perceptible à tout instant ; cet épisode étant très ‘noir et blanc’. Lors des rêves de Steed, l’apparition du Père Noël et de la maison bénéficient d’un noir profond ce qui change de la version blanchâtre de Studio Canal. Les nombreuses lumières pâlottes et l’obscurité sont parfaitement rendues sur la version britannique, comparez, par exemple, les scènes dans le Hall of Great Expectations…. En tout cas, nos attentes sont, elles, comblées avec la version Optimum. o Coupures de presse lors de la 1e diffusion française.
En anglais
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MORT EN MAGASIN Steed fights in Ladies Underwear – Emma tries "feinting" Tournage : 25 janvier au 17 février 1965 Diffusion : ITV, 23 octobre 1965 – 2e chaîne ORTF, 13 juin 1967 Scénario : Brian Clemens Réalisation : Charles Crichton Andre Morell (Horatio Kane), T.P. McKenna (Wentworth), Allan Cuthbertson (Farthingale), George Selway (Massey), Harvey Ashby (Marco), John Cater (Jarvis), Peter Howell (Professor Popple), Ronnie Stevens (Glynn), Diane Clare (Julie). Résumé Un agent du gouvernement, qui enquêtait dans un grand magasin londonien, est retrouvé assassiné, en possession d'un ticket de caisse daté du dimanche (impossible dans les années 60 !). Les Avengers se rendent sur les lieux ; Mrs Peel est vendeuse au rayon lingerie féminine et Steed se propose d'améliorer le rendement du magasin et fait la connaissance d'Horatio Kane, un magnat de l'industrie âgé et cloué sur un fauteuil roulant. Emma apprend du détective du magasin que des évènements suspects se produisent régulièrement la nuit depuis quelques temps. Désirant en savoir davantage, elle est capturée mais Steed, revenu après la fermeture, la délivre. Ils découvrent alors le professeur Popple, séquestré et contraint de fabriquer une bombe. Après une recherche hâtive, les Avengers réalisent que le magasin est la bombe et après avoir neutralisé Horatio Kane et ses acolytes, ils désamorcent l'engin censé gommer Londres de la carte pour faire pression sur le gouvernement britannique. Épilogue Steed et Mrs Peel quittent les lieux en bicyclettes. Ils les ont empruntées au magasin comme service rendu ! CRITIQUES Denis Chauvet 20 janvier 2004 Mort en magasin est un de mes épisodes préférés car il possède les ingrédients indispensables à un bon Avengers : histoire originale, humour, suspense, action et bonne musique. Pour la petite histoire, c'est également le préféré de Patrick Macnee. En tout cas, il rappelle étrangement les saisons Cathy Gale pour le côté huis clos. À part quelques vues de Londres au début, les deux scènes dans l'appartement de Mrs Peel et le tag, tout l'épisode se confine à l'intérieur du magasin. Malgré un rythme lent au début, Mort en magasin n'a pas de temps mort à mon avis. Andre Morell en Horatio "King" Kane est très convaincant : un vieil homme aigri censé être dépassé par son temps et ses nouvelles technologies mais sachant très bien les utiliser contre la société qui l'a rejeté. Deux seconds rôles sont également intéressants. Allan Cuthbertson (Farthingale), l'homme de main chargé des basses besognes, refera une apparition tout aussi remarquée dans l'épisode Death's door. John Cater (Jarvis) est un détective très crédible et reviendra dans The Living Dead. Le personnage de Wentworth est par contre horripilant. L'introduction (sans parole et presque sans musique) est remarquable : vues de Londres désert, Big Ben frappe les neuf coups d'un dimanche matin et Moran apparaît au cinquième, dissimulé derrière un énorme éléphant sur lequel Steed accrochera son parapluie dès le début de l'épisode, démontrant par la même occasion qu'il se trouve déjà sur les lieux du crime. Comme dans mes critiques précédentes, je fais une place aux échanges entre Avengers souvent ironiques et plein de sous-entendus (particulièrement dans la version originale). Ainsi, Steed découvrant Mrs Peel dans le rayon lingerie féminine "He (the chief predator) said "Our Mrs Peel is in ladies' underwear". I rattled up the stairs three at a time". À noter également, Emma devant un landau et jaugeant Steed "I think baby's too big" et Steed fixant l'œil fermé de la porte d'entrée de l'appartement de Mrs Peel "Too many late nights". La scène au rayon alimentation est très cocasse ; la manière très gentleman de Steed d'acheter un fromage odorant (Stilton) tout en faisant les yeux doux à la vendeuse afin d'obtenir certains renseignements. Steed est toujours aussi farceur (il ne peut s'empêcher de faire claquer un pétard : "You have a kind and considerate nature") et se retrouve mis à la porte de chez Mrs Peel alors qu'il venait y chercher un peu de réconfort ("I have a dynamic too...") ! La musique est conventionnelle (Steed se rendant au dernier étage pour rencontrer Kane) ou inhabituelle (Steed cherchant Emma, puis les Avengers la bombe) mais dans tous les cas choisie avec à-propos. Quelques notes évoquent la jungle avant et après l'assassinat de Jarvis. La bagarre finale est un classique et sa durée contrebalance la lenteur d'une partie de l'épisode. Elle débute au rayon jouet où Steed s'empare d'un pistolet d'enfant et se poursuit avec des accessoires bien British : une batte de cricket et un couteau qui se plante en plein milieu d'une cible de fléchettes, sans oublier le pas de danse de Mrs Peel et l'inoubliable "Give me the gun". Ce quatrième épisode de la saison 4 (en ordre de diffusion) est à mon avis du même calibre que les trois précédents et de bon nombre d'épisodes noir et blanc 1965-66. L'édition DVD Canal+ kiosque permet, contrairement au premier volume, d'avoir les génériques et sous-titres anglais. Il y a néanmoins un petit problème de synchro sur la version anglaise de mon DVD entre les voix et les mouvements des lèvres. Quelqu'un a-t-il essayé la recette que donne Steed à Julie Thompson ? Que devient Horatio Kane, le fauteuil dévalant les escaliers étant vide ? EN BREF : Un de mes épisodes préférés car il possède les ingrédients indispensables à un bon Avengers : histoire originale, humour, suspense, action et bonne musique!
Voilà un épisode qui, pour une fois, s'inscrit dans une réalité sociale. Il s'intéresse directement à la crise des grands magasins face aux nouvelles distributions dans les années 60. En est-il pour autant intéressant ? Le scénario de Brian Clemens est d'un classicisme outré dans son déroulement. Comme dans Les fossoyeurs, Voyage sans retour ou Les aigles, Mrs Peel infiltre un milieu précis dans le but de démasquer un complot. L'épisode tire sur plusieurs ficelles avec plus ou moins d'adresse. Il réserve néanmoins assez de surprises pour captiver le téléspectateur. De plus, comme très souvent chez Brian Clemens, les dialogues sont brillants et plein d'humour. Les double sens, ces fameuses devil jokes, pullulent. La réalisation de Charles Crichton est en demi-teinte. S'il réussit parfaitement la séquence d'introduction et une séquence finale haletante, le reste de son travail apparaît moins inspiré et très mou. L'abus de plans américains et de plans séquences nuit au rythme de l'épisode. Le style Avengers tâtonne encore, comme le montre la présence de nombreux figurants et même ces images d'archives montrant un Londres plein de vie. Ce procédé utilisé dans les saisons précédentes fut heureusement vite abandonné. La complicité entre Steed, toujours plus cabotin, et sa partenaire fonctionne à merveille. Patrick Macnee et Diana Rigg éblouissent de leur talent, si bien que les quelques seconds rôles ont bien du mal à retenir notre attention. Malheureusement la VF détourne parfois leur propos, comme quand Mrs Peel demande à Steed, ayant un œil au beurre noir : "Would you like a drink ?" (VF : "Vous voulez boire quelque chose ?") et ce dernier répondant : "Intravenously" (soit, littéralement : "Par intraveineuse). Bizarrement, la VF ne retranscrit pas la private joke. Dans les costumes, on remarquera que les tenues de Mrs Peel sont affriolantes au possible. Il est aussi étonnant qu'elle vienne travailler au grand magasin en combinaison de cuir ! Le grand magasin est reconstitué à la perfection, on se croirait dans un vrai. A contrario, tous les autres décors paraissent bien vides. La musique, qui accompagne idéalement l'épisode, réussit par moments à lui insuffler du rythme. EN BREF : Malgré quelques bons moments et un humour très présent, cet épisode reste très moyen, la faute à une réalisation trop peu inspirée.
Estuaire44 27 avril 2013 La séquence introductive frappe d’emblée un grand coup, avec cette vision à la fois sinistre et étrange des ces salles vides, peuplées de mannequins. A l’instar de l’inoubliable opus de The Twilight Zone que fut The After Hours, une prégnante angoisse sourd toujours plus fortement, jusqu’à l’explosion de violence impitoyable. Un remarquable effet, parachevé par l’ironie des personnages de dessin animé. Outré son impeccable tempo, cette introduction, l’une des plus belles mises à mort d’une série pourtant particulièrement prodigue en la matière, présente également le mérite de nous présenter la véritable vedette de Death at Bargain Prices : le formidable décor de Pinters. On pourrait certes regretter qu’après Dial a Deadly Number, on trouve ici un deuxième épisode tout en décors de studio, mais la situation ne signifie certainement pas un retour à ce que l’on a connu durent l’ère Cathy Gale. La sophistication de la mise en scène, que les nouvelles normes techniques autorisent, permet de tirer le meilleur parti d’un décor riche et composé avec goût. La variété des élégants articles présentés (y compris dans la mémorable Galerie des Fins de Série) s’avère un régal pour l’œil. Décidément le budget s’affirme en hausse. Cet univers clos et chamarré représente un parfait écrin pour les aventures déjà significativement décalées de nos amis. Pinters retrouve certes la tradition des grands magasins mais exprime également l’abondance retrouvée de l’époque. Il faut s’en imaginer l’impact auprès du téléspectateur, alors que la Blitz reste encore si proche et que les privations de la reconstruction se sont poursuivies bien après la fin du conflit. Alors que les premières années des Avengers se situent encore aux orées du boom économique. Death at Bargain Prices introduit la société de consommation triomphante des Sixties au sein de l’univers de la série, ainsi que, parfois au détour d’un rayon, la pop culture. Evidemment, tout ceci demeure parfaitement stylé. Dans la grande tradition de la littérature britannique, notamment celle de l’imaginaire, l’enfer se dissimule sous les ors du Paradis et Kane (superbe Andre Morell) constitue un saisissant portrait d’un réactionnaire de génie. Le personnage, irrésistiblement mégalomane, se révèle d’une plaisante ambivalence, abominable par la démesure insensée de ses méthodes, mais dont l’épisode se garde de bien de condamner dans son mépris de la modernité. En effet Chapeau Melon, aussi dans le vent soit-elle, manifestera souvent une défiance envers les temps nouveaux, notamment technologiques. La machination s’avère captivante à découvrir, déployant un magistral retour en force des hantises atomiques issues de la Guerre froide au sein des riantes Sixties. On apprécie également que, contrairement à ce que l’on connu dans The Master Minds, ses mercenaires bénéficient d’une vraie caractérisation, au détour de scènes courtes mais incisives. On apprécie la rudesse militaire de Wenworth (décidément beaucoup d’officiers écrivent leurs mémoires dans cette série !) ou la classe naturelle de Farthingale. Avec T.P. McKenna, Allan Cuthbertson et quelques autres, la distribution se montre solide et éprouvée. Si l’opposition s’affirme à la hauteur il en va de même pour les personnages secondaires. On aurait pu exploiter plus longuement l’ambigüité véhiculée par le détective, mais le personnage se voit bien croqué. L’intermède entre un Steed volontiers libidineux et la jeune vendeuse apparaît charmant, un genre d’impromptu déjà découvert à plusieurs reprises en saison 3. De fait, durant tout sa première partie, l’épisode multiplie ces scénettes, prêtant le flanc à la critique de dispersion, du moins jusqu’à la révélation du pot aux roses et à l’affrontement final. Effectivement, il faut bien constater un certain immobilisme de l’intrigue, se percevant au delà de quelques péripéties secondaires. Au moins le scénario ne recoure-t-il pas au procédé du défilé des meurtres. Surtout chacun de ces moments se révèle divertissant, nous permettant de profiter d’excellents décors et dialogues, souvent acérés. La trouvaille des marionnettes se montre remarquable d’inventivité. L’appartement de Mrs Peel apparaît splendide, chaleureux et moderne, au design étudié mais évitant l’artificiel. On y reconnaît pleinement la griffe du toujours inspiré Harry Pottle. Ce procédé, qui aurait effectivement pu s’équilibrer avec une avancée mieux minutée de l’intrigue principale, sert idéalement nos héros. Steed, très en verve et à l’entrain toujours aussi communicatif, a ainsi le plaisir (évidemment partagé part Le spectateur) de croiser le fer avec son irrésistible nouvelle partenaire. Leurs échanges se montrent caustiques et enlevés, mais toutefois nettement moins acrimonieux qu’ils ont pu le devenir avec Mrs Gale. La scène du salon de lingerie s’avère plus affutée et brillante que lors de Propellant 23. L’épisode met particulièrement en valeur Emma, davantage installée au cœur de l’action et absolument magnifique, pétillante d’esprit et intrépide. La saison trouve son héroïne, supérieurement élégante (y compris ici pour les amateurs de Science-fiction), même si toujours trop fardée. Déjà une icône, Mrs Peel, au phrasé sexy et si sophistiqué, s’affirme également sur le plan des scènes de combat en parvenant à trouver son style propre, acrobatique et improbable, alors que les deux opus précédents se situaient encore dans le flou. On raffole déjà de cet hoaxing cher à Ray Austin et aux spectaculaires coups tranchants. Le tonitruant final lui doit beaucoup, ainsi qu’à l’humour et à la fantaisie de Steed. EN BREF : A la fois drôle et cérébral, sophistiqué et violent, Death at Bargain Prices indique déjà fort éloquemment en quoi les Avengers diffèrent si précieusement de l’espionnage traditionnel. VIDÉO Conversation devilmindesque entre Steed et Emma Peel INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES Tournage o L'ascenseur dans les studios Pinewood représentant le magasin ne descend que d'un étage et le décor a dû être changé à chaque fois pour faire croire à un magasin à plusieurs étages lors de la scène du début. o Steed et Mrs Peel partent en bicyclette le long de Dagger Lane à Elstree. o Certaines vues de Londres sont montrées au début de l'épisode. On reconnaît Lombard Street, Fleet Street, Sloane Square, Marylebone Road, Oxford Circus. o On aperçoit également deux prestigieuses églises londoniennes : St Bride’s Church et St Marylebone Parish Church. (source : The Avengers on Location) Continuité o En se dirigeant vers le rayon 19, Steed déclare à Mrs Peel : "It may help us find out what Moran was buying" [Cela pourra nous aider à découvrir ce que Moran a acheté]. C’est pourtant précisé sur le ticket de caisse :"1 pram, hood & canopy" [un landau avec capote et auvent]. o Dans l'appartement de Mrs Peel, Steed demande "Do you know a Professor Popple ?" ; Emma, dans la cuisine, revient dans le champ de la caméra et on peut se rendre compte que sa combinaison est ouverte dans le dos, de façon plus visible lorsqu'elle va s'asseoir dans le sofa. Diana Rigg a souvent dit que ces vêtements en cuir la gênaient et on a dû oublier de la refermer après une pause. o Lors de la pause déjeuner dans l'appartement de Mrs Peel, Steed tient la bouteille de vin dans la main droite puis dans la gauche dans l'image suivante. o Lorsque Mrs Peel est sur une échelle en train de ranger des jouets, elle a un pistolet/jouet dans la ceinture. Elle l'a toujours lorsqu'elle quitte le rayon avec Tony Marco, mais il a disparu dans le plan suivant dans le couloir. Détails o Lorsque Emma Peel critique le responsable de la porcelaine du magasin qui ne sait pas faire la différence entre "Old Bates and Royal Crichton", il y a une référence à John Bates (le créateur de la garde-robe de Diana Rigg) et Charles Crichton (le metteur en scène). o Les maquettes d'avions du département jouet du magasin refont une apparition dans le pub de Voyage sans retour. o Le nom du magasin est Pinters. On peut lire sur le ticket de caisse retrouvé sur Moran "Pinters Stores Ltd, 134 New Oxford Street, London WI". Il est censé avoir cinq étages, la répartition s'arrêtant à "5th Floor" (visible près de l'ascenseur). o Au rayon landaus (département 19), on peut voir "is your happy day not so far away". o Farthingale lit une revue de golf avant d'être diverti par Steed. o Les panneaux publicitaires Wilkinson sword sont nombreux dans le magasin. o Présences remarquées de l'ours Yogi et du lapin Bugs Bunny. o Le 7 février 1965 est bien un dimanche… o Jarvis fait un jeu de mots subtil à Mrs Peel au téléphone : « I told you I keep my eyes peeled ». L’expression signifie ‘garder les yeux bien ouverts’. o Quand Emma élucide les plans de la bombe, Steed la surnomme Madame Curie, en référence à la célèbre scientifique. Elle réplique en le désignant comme Mr Magoo. Ce personnage de dessin animé, dont la création remonte à la fin des années 40, reste célèbre pour son extrême myopie. En 1965 sa popularité est à son comble, notamment grâce à une nouvelle série revisitant de grands classiques de la littérature (The Mr. Maggoo Show, 1964-1965). o Afin de discuter avec la vendeuse de l’épicerie, Steed prétexte vouloir acheter du Stilton. Ce fromage, dont la commercialisation remonte au XVIIIème siècle, est exclusivement produit dans les Comtés du Derbyshire, Leicestershire, et Nottinghamshire. Sous sa forme bleue, la plus populaire, il se présente sous la forme d’une pate persillée à la saveur relevée, se consommant traditionnellement avec du céleri et du Porto. Sous sa forme blanche, il est un fromage blanc à la saveur plus douce. Il se consomme alors avec des fruits rouges, notamment à Noël. Acteurs – Actrices o Allan Cuthbertson (1920-1988). Né en Australie, il est arrivé en Angleterre en 1947. Il joua dans quatre épisodes de la série : The Deadly Air (saison 1), Mort en magasin (saison 4), La porte de la mort (saison 5) et Le document disparu (saison 6). o Diane Clare (1938-2013), qui interprète Julie, fut testée pour le rôle de Tara King. Les essais sont visibles sur la toile. https://www.youtube.com/watch?v=DmjvEDKhRkQ À noter que… o Deux "vilains" consécutifs en fauteuil roulant dans l'ordre de diffusion britannique : Horatio Kane succède au Docteur Armstrong (Les cybernautes). o L'escalier en colimaçon emprunté par Steed et Mrs Peel à la fin de l'épisode est le même que celui utilisé dans Le club de l'enfer et L'héritage diabolique. o Horatio " King " Kane est une référence au film Citizen Kane d'Orson Welles. o Diane Clare est une secrétaire dans l'épisode Les cybernautes mais son nom n'apparaît pas au générique. o T.P. McKenna, qui interprète Wentworth, a refusé un rôle dans Le docteur Jivago car il avait déjà signé le contrat pour cet épisode de Chapeau melon et bottes de cuir. o Les tests couleurs des années 80 concernent deux courts passages ; lorsque Steed rencontre Mrs Peel dans le magasin, au rayon chapeau, et la bagarre finale lorsque Mrs Peel claque des doigts : ‘Give me your gun’. A noter que les seuls sous-titres disponibles pour ces séquences sur la version Blu-ray britannique sont en allemand ! o Il existe une scène différente du tag final, avec également un autre générique, beaucoup moins réussi. A noter que les seuls sous-titres disponibles pour ce tag sur la version Blu-ray britannique sont en allemand ! o Pour une critique détaillée du DVD de cet épisode (son, image...), c'est sur le site Kino Digital. oComparaison éditions DVD Studio Canal / Optimum (par Denis Chauvet): Pas de coupe entre les deux versions. J’en ai profité pour relire la dure critique de Steed 3003 et une phrase m’a surpris : Il est aussi étonnant qu'elle vienne travailler au grand magasin en combinaison de cuir ! En fait, Mrs Peel est en tenue de travail, elle a été transférée du rayon lingerie à celui des jouets et elle est en tenue qui colle avec le slogan du magasin : ‘Pinters bring the space age to children of all ages’. L’image Optimum est restaurée sauf sur un point. Evidemment, les premières vues de l’épisode, celles de Londres et du magasin désert sont propres sur l’édition britannique, sans taches, ni points blancs. L’image fixe du titre a aussi été nettoyée. Mais à 15’42, l’image d’Optimum a toujours une imperfection (au niveau du visage de Mrs Peel) lorsqu’elle s’entretient avec Jarvis qui est le ‘house dick’ (une ‘devil mind’ et un jeu de mots, mais rien de vulgaire en fait, le flic de la maison). o Coupures de presse lors de la 1re diffusion française. Fiche de Mort en magasin des sites étrangers : En anglais
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MEURTRE PAR TÉLÉPHONE Steed plays Bulls and Bears - Emma has no option Tournage : 11 au 22 janvier 1965 Diffusion : ITV, 4 décembre 1965 – 2e chaîne ORTF, 4 avril 1967 Scénario : Roger Marshall Réalisation : Don Leaver Clifford Evans (Henry Boardman), Jan Holden (Ruth Boardman), Anthony Newlands (Ben Jago), John Carson (Fitch), Peter Bowles (John Harvey), Gerald Sim (Frederick Yuill), Michael Trubshawe (The General), Norman Chappell (Macombie), John Bailey (Warner), Edward Cast (Waiter). Résumé Todhunter est le sixième homme d'affaires de la City à décéder apparemment d'une crise cardiaque. Ils avaient tous le même banquier, Henry Boardman, qui est rapidement suspecté par les Avengers d'éliminer ses rivaux afin d'enregistrer des plus-values boursières. Steed rend visite à Boardman en se faisant passer pour un millionnaire désirant investir, tandis que Mrs Peel enquête chez le manufacturier d'un système de récepteur radio. Steed poursuit ses investigations dans le milieu de la finance et échappe à un guet-apens après un dîner chez les Boardman. Mrs Peel est démasquée par Fitch, l'homme de main, et doit son salut à la rapidité d'esprit de Steed. Les Avengers découvrent alors que les récepteurs en forme de stylo sont équipés d'une aiguille provoquant la mort sous l'apparence d'un arrêt cardiaque. Henry Boardman a été trompé par sa femme et John Harvey, son associé, et après un duel final dans la cave à vins, les Avengers mettent fin aux agissements criminels des boursicoteurs. Épilogue Steed et Mrs Peel goûtent une bouteille de Bordeaux de la réserve dans un taxi londonien. Steed est étonné des dons de Mrs Peel : "Nose or palate ?", "Eyes... I read the label". Ils trinquent en français "À votre santé", "À la vôtre". CRITIQUES
Denis Chauvet 24 mars 2004 Cet épisode a pour thèmes la finance et le vin et il se laisse déguster, même si je ne le classe pas parmi les dix meilleurs de la série comme le font la plupart des sites anglo-saxons. Roger Marshall démontre qu'il est bien un des meilleurs scénaristes de la série et qu'il possède, de surcroît, une bonne connaissance du monde de la finance. Ce milieu financier, assez rébarbatif a priori, est en effet dépeint avec un certain humour et même si l'intrigue est parfois un peu confuse, Meurtre par téléphone a les caractéristiques d'un bon Avengers. L'humour de certaines scènes et répliques fait passer quarante-neuf minutes agréablement ! Il faut néanmoins supporter les rituels du milieu ("sherry and biscuits") et la définition d'une put option par le courtier Frederick Yuill ! Ne comptez pas sur moi pour vous expliquer ce que c'est ! Les nombreuses situations cocasses prennent heureusement le dessus : Mrs Peel évoque le mauvais état de la montre de Steed léguée par son oncle : "German bullet ?", "Canadian mule" ; Steed écoute les recommandations du serveur : "Splendid, at least one of us will enjoy it !" et est en grande forme avec la gent féminine : d'abord, avec Suzanne, la secrétaire de Yuill ("round figures" étant à double sens) puis avec Ruth Boardman ("not tactful, optimistic ! The hope that history may repeat itself"). La meilleure scène de l'épisode n'a pas d'influence sur l'intrigue mais fait partie des best of : la dégustation des vins, le duel entre Steed et Henry Boardman, recèle plus de tension qu'un duel au pistolet ! "From the Northern end of the vineyard !" et le banquier en fait tomber son monocle ! Pour la deuxième fois (voir Dans sept jours le déluge), Steed démontre des connaissances sur le vin. Que penser enfin de la réplique de John Harvey : "We still judge a man by the colour of his socks"! Il faudra y penser en s'habillant le matin ! Deux scènes notables entre Avengers. Steed met en difficulté Emma par ses remarques sur la Barbade et nous apprenons que Mrs Peel a abandonné ses études de médecine lorsque Steed l'a contactée : une transition avec Cathy Gale aurait pu faire l'objet d'un épisode. Sans oublier l'élégante Mrs Peel crachant une gorgée de Pouilly Blanc fumé ! Dial a deadly number bénéficie de très beaux seconds rôles : Clifford Evans est un banquier dupé très réaliste, la ravissante Jan Holden ne recule devant rien pour arriver à ses fins ("cold as ice" comme la décrit Mrs Peel). A-t-on pensé à elle pour succéder à Diana Rigg ? John Carson personnifie à merveille l'ignoble tueur fétichiste Fitch. Rarement un personnage aura été aussi antipathique dans toute la série : sa façon d'arrêter ses horloges à chaque meurtre et de "tripoter" Mrs Peel fait froid dans le dos ! ("It would be bestial to perforate that skin"). Anthony Newlands est Ben Jago, le financier cynique à souhait. Quant à Peter Bowles, il sera plus à l'aise dans Remontons le temps. La réalisation de Don Leaver présente certains faits notables et originaux : la partie mécanique des vieux téléphones, les images rapprochées sur le poisson ("It was quite a killing"), la scène du guet-apens dans le garage avec la caméra sur la mobylette, les plans à l'annonce des résultats de la bourse (moustache lissée, bouche entrouverte). L'épisode n'a pas de prise en extérieur (à part les vues de la circulation londonienne dans l'épilogue) et la musique est composée de thèmes déjà entendus. Par exemple, la musique utilisée lors de l'arrivée de Steed chez les Boardman est celle employée pour les rendez-vous galants de Cœur à cœur. Steed a un revolver et il s'en sert, chose assez rare pour être soulignée ! On apprend également qu'il garde son thé dans le pot "pearl barley" (orge perlé) ! La bagarre finale est assez conventionnelle si ce n'est par l'utilisation que Steed fait d'un bouchon de liège ! Les "bleepers" montrent de nouveau que la série était en avance sur son époque après l'automatisation dans Les cybernautes. L'intrigue a néanmoins des trous : comment Steed est-il démasqué si tôt ? Comment se fait-il que Mrs Peel soit immédiatement sur les lieux dans le parking ? D'où provient le petit film de Fitch ? Comment Steed fait-il pour glisser un "bleeper" dans toutes les vestes des suspects ? Le film (version kiosque) est à de nombreux moments de mauvaise qualité (lorsque Steed prend congé des Boardman par exemple). EN BREF : En définitive, Dial a Deadly Number est un épisode intéressant pour ses dialogues, ses seconds rôles et sa réalisation, un peu moins si les activités bancaires sont un mystère "complex and definitively not for the amateur".
Voilà une nouvelle énigme pour nos Avengers : comment un épisode au demeurant aussi moyen a-t-il obtenu tant de chapeaux des deux côtés de l'Atlantique ? Le site The Avengers forever et notre Denis national, bien connu pour sa main légère pour les épisodes de la 4e saison, lui en ont tous deux adressé quatre. Est-ce le scénario de Roger Marshall ? Sûrement pas ! Roger Marshall avait déjà écrit pour les saisons précédentes. Il nous montre que la série se cherche encore. On pourrait même croire que l'intrigue, désespérément classique et sans extérieurs, a été écrite pour l'ère Mrs Gale. Pourtant, quelle idée ingénieuse et moderne de faire mourir ainsi les gens à distance, tout en faisant croire à un arrêt cardiaque : le crime parfait ! Mais, cette idée est mal exploitée… Tout d'abord, avoir placé l'intrigue dans l'ennuyeux milieu de la finance rappelle trop les facilités des saisons précédentes : répéter à chaque fois quasiment la même histoire tout en la plaçant dans un milieu différent pour donner l'illusion d'une histoire différente. Et c'est bien ce qui se passe ici. Tout donne l'impression d'avoir été vu et revu : encore une fois ce sont les patrons qui sont les victimes (à croire parfois que la CGT a participé à l'écriture de la série), ficelle connue – Steed approche le banquier en client pour lui faire parler du meurtre d'un de leurs soi-disant amis communs… Bref, c'est le moule habituel des Avengers et c'est déjà lassant. L'ambiance générale est beaucoup trop sérieuse et les longueurs s'enchaînent. Le fait de voir Steed porter un revolver ou les plans d'un Londres grouillant nous confirme que la série n'a pas encore trouvé son nouveau style et qu'elle se terre dans ces intrigues conventionnelles, qui l'assimilent à une série d'espionnage standard comme Le Saint. Ce n'est définitivement pas le Chapeau Melon que nous connaissons et apprécions, quoiqu'en disent certains ! C'est d'ailleurs la scène, annonciatrice de ce que deviendra la série, s'éloignant le plus de cette intrigue ordinaire, qui est la plus réussie : je veux parler bien sûr de l'épique duel lors de la dégustation des vins, premier signe de l' absurde distingué auquel la série aimera souvent avoir recours par la suite ! Néanmoins, une qualité du script attire notre attention : le soin apporté aux dialogues, un des points forts de cette saison. En effet, ces derniers sont étonnants d'humour et d'esprit, surtout ceux entre nos deux partenaires. Quant à Steed et Mrs Peel, même si cette dernière nous fait toujours énormément penser à Mrs Gale (voir Les aigles), leur duo devient plus complice et il fait quasiment tout l'intérêt de cet épisode. En bref, voilà un scénario qui nous rappelle trop l'ambiance réaliste des saisons précédentes. Un scénario auquel, de plus, il est difficile d'accrocher tant l'intrigue est poussive. Don Leaver a lui aussi travaillé pour les saisons précédentes. Il a, entre autres chose, réalisé le pilote de la série : Neige brûlante. Les trois premières saisons furent tournées en vidéo. Don Leaver n'est visiblement pas très à l'aise avec le support film. En effet, il reste lui aussi trop conventionnel dans sa manière de filmer. Parfois, on croirait même assister à du théâtre filmé (ce qu'étaient presque les saisons précédentes, le tournage en vidéo ne permettant qu'un montage minimum), tant les angles choisis sont toujours les mêmes ; d'autant plus que l'action de l'épisode ne se déroule quasiment qu'en studio. De plus, quand il essaye d'innover, c'est franchement raté. Par exemple, la caméra qui tourne éperdument lors de l'agression de Steed. Ou parfois sans intérêt, comme avoir placé le dîner chez les Boardman dans une obscurité totale. Quant au seul combat de l'épisode, il est encore une fois gâché par la doublure de Macnee mille fois trop visible. Les acteurs sont, eux, impeccables. Si Diana Rigg a toujours du mal à trouver ses repères avec un personnage qui, il est vrai, ne se démarque toujours pas clairement de Mrs Gale, elle sert les superbes répliques de Marshall avec panache. Quant à Macnee, il dynamise à lui seul un épisode par ailleurs morose par son jeu énergique et plein d'humour. Ne manquez pas la scène où il reconnaît un vin grâce à sa couleur, il y est tout simplement génial, digne, dans une certaine mesure, du talentueux Louis de Funès dans L'Aile ou la Cuisse. Les seconds rôles sont, eux aussi, tous parfaitement dirigés. En bref, dynamisme, punch et rythme ne sont pas les mots par lesquels on pourrait décrire la réalisation de Don Leaver. Il sera nettement plus inspiré par la suite, avec un scénario d'une toute autre qualité, pour L'héritage diabolique. Cet épisode permet à Mrs Peel de nous faire part de ses connaissances approfondies en économie ; contrairement à Steed, visiblement plus porté sur les courbes d'une jeune analyste financière que sur celles du Dow Jones. Ce dernier a aussi l'air féru d'œnologie, comme sa partenaire (mais existe-t-il un seul domaine auquel elle serait étrangère ?), tant il reconnaît avec aisance l'origine d'un vin. On apprend aussi dans cet épisode que Mrs Peel suit des études de médecine ; cette piste narrative ne sera pas explorée par la suite. Ne manquez pas la scène où Steed assomme son adversaire avec... un bouchon de champagne bien sûr ! Indescriptiblement Steedesque. Nous avons droit dans le tag final, dans un français gentiment phonétique, à : "À votre santé" (Steed), "À la vôtre" (Mrs Peel). Beaucoup de décors dans cet épisode qui se déroule uniquement en studio. Le bureau de Fitch (et ses nombreuses horloges) se démarque, mais le reste est plutôt convenu et sans imagination. Mrs Peel fait très star hollywoodienne dans cet épisode : son manteau de fourrure, sa veste et sa jupe blanche… Elle évoluera vers un style plus moderne pour mieux trancher avec Steed par la suite ; mais comme le montre cet Emmapeeler en cuir (qui rappelle une nouvelle fois… Mrs Gale !), il y a du chemin à parcourir ! Steed est lui définitivement mis en place : chapeau melon, costume et parapluie. La panoplie du parfait gentleman que Macnee porte déjà admirablement bien. La musique est très discrète dans cet épisode, n'appuyant que les moments forts comme les saisons précédentes, encore et toujours ! On retiendra néanmoins deux remix réussis du thème principal. EN BREF : Un épisode d'une banalité affligeante, sauvé par d'excellents dialogues et quelques bons moments. La série a toujours du mal à se démarquer des saisons précédentes.
Estuaire4427 avril 2013 De prime abord, l’épisode captive par son intersection entre deux époques majeures des Avengers. S’y entrecoupent simultanément divers aspects relevant de l’ère Cathy Gale, tandis que celle d’Emma Peel commence à émerger. Après les lumineux extérieurs de The Master Minds, l’on retrouve ainsi un opus intégralement tourné en décors, soit un assez magistral retour à cette technique caractéristique des saisons antérieures. D’où une diminution du champ et parfois une certaine impression d’étouffement. Cela s’avère particulièrement dommageable pour certaines scènes, notamment celle de l’agression à moto, à l’effet considérablement amoindri. Toutefois cette régression ne s’avère que partielle, la nouvelle période conservant bel et bien l’atout du film, avec un superbe Noir et Blanc et une mise en scène davantage fluide. L’habile Don Leaver en profite d’ailleurs pour insérer quelques jolis effets, comme ces gros plans successifs sur un prédateur aquatique ou une bouche humaine figée dans l’attente des résultats du Stock Exchange, frappantes allégories de l’avidité sans freins, la mécanique implacable du téléphone mortel, ou les grands yeux inquiets d’Emma reflétés dans le grand verre de Steed. On note également un insert fort charmant et excellemment chois de la circulation londonienne. En fait on arrive à une situation intermédiaire, finalement assez proche de ce que l’on peut apercevoir à l’époque dans Le Saint, la splendeur des décors en moins, car bien davantage ternes et convenus ici. La différence de budget semble perdurer. Ce positionnement particulier de Dial a Deadly Number se retrouve également dans l’écriture des personnages, l’aspect le plus dommageable résidant dans le néfaste retour du révolver employé par Steed. Pour le coup, c’est jusqu’à la saison deux que l’on s’élance gaillardement, le Grand Bond en Arrière, en quelque sorte. Emma Peel conserve encore quelques accents évoquant Cathy Gale, d’autant qu’elle manifeste un très léger agacement supplémentaire que lors de The Master Minds, notamment lors de l’échange concernant la Barbade. On se situe néanmoins loin des tempêtes de naguère, tout juste distingue-t-on un doux zéphyr. La passerelle établie avec la saison deux se retrouve chez le redoutable Fitch, tant les similitudes avec Teddy Bear sautent aux yeux. Même goût pour d’infernaux mécanismes électroniques, même passé durant la guerre, même trouble suspect à l’idée de tuer pour le première fois une femme et confrontation directe avec l’associée de Steed. La différence réside cependant dans le caractère sexuel nettement plus explicite de la présente rencontre (voire étonnamment sadomasochiste) et effectivement Mrs Peel jouera plus ouvertement cette carte que Mrs Gale. D’ailleurs, si elle revêt, à son tour, le cuir, sa combinaison souligne déjà plus harmonieusement ses formes. La formidable prestation de John Carson, l’un des grands atouts de l’opus, rejoint également la période précédente, puisqu’il y brilla par deux fois. Il continue par ailleurs ses prestations toujours aussi variées dans Le Saint. A côté de ce si intéressant aspect de pont jeté entre deux ères de la série, Dial a Deadly Number souffre néanmoins d’un trop grand nombre de personnages et d’un exposé longtemps confus de son argument principal. Cela conduit à un émiettement d’un récit, privé dès ors d’une véritable intensité dramatique. Par ailleurs on découvre déjà l’un des marronniers des Avengers avec cette succession de meurtres se déroulant au fil de l’épisode, un procédé scénaristique finalement bien moins présent durant les années Cathy Gale qu’a posteriori. De plus quelques imprécisions fort gênantes perdurent. On ne sait jamais vraiment comment ni quand les comploteurs découvrent le pot aux roses, ce qui les amène à se méfier de nos Avengers, ni pourquoi au juste ils assassinent leur propre courtier, pour aboutir au final à une conclusion très accélérée. Et pourtant cet épisode se déguste comme un verre de bon vin ! Le mérite en revient à ses dialogues, le plus souvent brillants et incisifs. On y retrouve la griffe de Roger Marshall, qui sait profiter de chacune des nombreuses confrontations orales (entre Avengers ou avec leurs antagonistes) pour placer de véritables mots d’esprit, relevant de sarcasmes à froid très britanniques. Patrick Macnee excelle particulièrement à ce jeu, que cela soit lors d’un des fameux numéros de Steed lors de ses identités d’emprunt ou durant le duel de dégustation, le véritable clou du spectacle de l’épisode. Outre Fitch, l’écriture des personnages se secondaires se révèle également magistrale, à l’image d’une parfaite distribution. Peter Bowles se montre aussi grandiose en adversaire classieux et vipérin que lors de Seconde Vue en attendant sa grande œuvre d’Escape in Time. La diaphane et magnifique Jan Holden compose un portait sensible et dramatique d’une femme perdue parmi les impitoyables fauves de la finance, tous savoureusement croqués. Et c’est d’ailleurs dans ce portrait de l’émergence de la City contemporaine au sein des années 60, technologique et déshumanisée, que le récit trouve un précieux second souffle. Le panorama impressionne par le sérieux de son étude et son actualité prophétique. En effet les modernes options à terme d’achats et de vente judicieusement (les Put et les Call) constituent les éléments de base de l’ingénierie financière moderne. C’est leur emploi, complexifié et démultiplié par le progrès informatique, qui joue un rôle majeur dans la spéculation actuelle contre l’Euro au sein de la crise des dettes souveraines, une action contre toute régulation semble pour l’heure impuissante. Le monstre naît littéralement sous nous yeux, emportant la banque traditionnelle encore incarnée par Boardman. En visionnant l’opus, on ressent le même vertige qu’en lisant L’Argent, le chef d’œuvre des Rougon-Macquart, en découvrant l’éternel appétit de lucre s’accroître comme un brasier grâce aux techniques nouvelles, financières et scientifiques, du Second Empire jusqu’à nos temps troublés. Le beeper, ancêtre des merveilles contemporaines de connectique, symbolise parfaitement ce facteur scientifique. Dial a Deadly Number ajoute ainsi un ultime écho avec les années Cathy Gale, établit un passionnant diptyque avec Le Point de Mire, où les effets de ce mouvement s’observent du point de vue d’une entreprise, avant d’aborder ici le cœur financier du système. Après une scène de combat séduisant plus par sa vitalité et son humour échevelé que par ses qualités martiales, le tag de fin se montre irrésistible par sa malice, sa tonalité française, son épicurisme et la complicité des deux héros. Un antidote parfait à cette éprouvante expédition au sein de la City ! EN BREF : Malgré un récit quelque peu confus, séduit par ses dialogues et sa galerie de portraits, mais aussi par un Steed impérial. La description de la City moderne se montre aussi affutée que toujours d’actualité ! VIDÉO INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
![]() Tournage o Cet épisode n'a pas de scène en extérieur. Il a été tourné en studio à l'instar des saisons Cathy Gale. Continuité o Pendant que Mrs Peel examine le corps de Frederick Yuill, ce dernier avale sa salive ! o Lorsque Steed rencontre Jago pour la première fois, il lui dit qu'ils ont tous les deux le même courtier : "Brian Yuill" (au lieu de Frederick Yuill). o Lors de la dégustation de vin, Steed teste un Latour 59 et crache la gorgée sur sa veste ! Détails
o "Too large for the pocket, the answer service BLEEP solves the problem" peut on lire sur l'écriteau du manufacturier Warner. "Keeping in Touch" est le titre de la brochure. o Dans la scène du parking, il est écrit "danger" sur le sol. Un des motards traverse une caisse en bois où il est écrit : "handle with care – London". o Steed regarde son agenda chez les Boardman et évoque 'Ladysmith's relief'. C'est un épisode célèbre de la guerre des Boers en 1900. o Dans le tag, le taxi est suivi par un bus de la ligne 3 : il relie Crystal Palace à Oxford Circus en passant par les lieux prestigieux de Piccadilly Circus, Trafalgar Square et Westminster. o La façade de la Banque d’Angleterre à la fenêtre de Yuill est un fake flagrant. o En V.O., lorsque Steed s’étonne qu’il n’y ait pas de glaçon dans son verre, le serveur lui explique que c’est une règle de la maison. Un jour, un courtier de Wall Street a demandé un ‘bourbon on the rocks’ et deux courtiers en entendant ça sont tombés raide. Une différence entre l’anglais et l’américain : ‘on the rocks’ signifiant dans le langage de la City faire banqueroute ! o Boardman possède un Canaletto. Ce peintre vénitien du XVIIIème siècle fut une grande figure du mouvement vétudiste. Le vétudisme consiste à élaborer de vastes et détaillés panoramas urbains, en opposition aux paysages naturels traditionnels. Canaletto est célèbre pour ses plus de 900 peintures consacrées à Venise. Ses œuvres connurent en effet un succès particulier en Grande Bretagne, où elles furent introduites par son ami et admirateur, Joseph Smith, consul britannique dans la Cité des Doges. Par la suite Canaletto résida plusieurs années à Londres, pour asseoir son succès. Smith vendit ses 35 toiles de l’artiste au roi George III, ce qui jeta la base de la Royal Collection du Château de Windsor. En 2007, l’un des Canaletto les plus célèbres, Le Grand Canal, fut adjugé pour sept millions de Livres. o Son patron déclare que Fitch peut concevoir un engin en moins de temps qu’il ne faut pour prononcer Marconi. L’Italien Guglielmo Marconi (1874-1937), Prix Nobel de physique en 1909, reste célèbre pour ses grandes avancées concernant la télégraphie sans fil : communications en morses puis radios et radio téléphonie. Homme d’affaire, il contribua également à la diffusion de la radio, dont il bâtit la première usine de production en Angleterre. Il appartient au consortium fondant la BBC en 1922. Acteurs – Actrices o Avez-vous reconnu John Carson (1927) qui est Freddy dans l'épisode Le baiser de Midas des New Avengers ? Il a également tourné dans deux épisodes de la période Cathy Gale (Le clan des grenouilles et Seconde vue), ainsi que dans trois de la série Poirot. o Michael Trubshawe (1905-1985) était un ami de David Niven ; ce dernier l'évoque dans sa biographie The Moon's a balloon. o Peter Bowles (1936) a tourné dans trois autres épisodes de la série : Seconde vue (saison trois), Remontons le temps (saison cinq) et Les évadés du monastère (saison six). Il a tourné dans de nombreuses séries ITC des années 60 même si "elles rapportaient plus d'amusement que d'argent" : Le Saint, Destination Danger, Département S, Amicalement Vôtre, Cosmos 1999. Il est l'infâme A dans l'épisode A, B et C du Prisonnier. Très peu de films à son actif mais des sitcoms au début des années 80. Il s'est tourné vers le théâtre ces dernières années. Il participe régulièrement à des interviews et reportages sur la série. o Clifford Evans (1912-1985) était un acteur, écrivain et metteur en scène gallois. Il a tourné dans deux autres épisodes de la série : La porte de la mort (saison cinq) et George et Fred (saison six). Il fut un des nombreux numéros deux dans la série Le Prisonnier et participa également aux séries Les Champions et Le Saint. Il était également grand amateur d'échecs. o Jan Holden (1931-2005) a joué un autre épisode des Avengers : Les Fossoyeurs de la troisième saison. Elle a souvent joué le rôle de femmes élégantes dans des comédies et a également tourné dans des séries des années 50 et 60 dont Le Saint et Les Champions. Comédienne de théâtre réputée, elle connaît également de nombreux succès au West End. De 1952 à 1973, elle fut l’épouse d’Edwin Richfield, acteur apparaissant dans six épisodes de la série. À noter que… o Les Beatles ont probablement vu cet épisode à Newcastle City Hall en décembre 1965, comme l'écrit Philip Norman dans son livre Shout. (source : The Avengers dossier) o Cet épisode est 3e dans le Top 5 des meilleurs épisodes de la saison 4 du livre The Avengers dossier. o Meurtre par téléphone marque l'apparition de la série sur les écrans français : le mardi 4 avril 1967 sur la seconde chaîne de l'ORTF. o Roger Marshall ne savait pas qui serait Mrs Peel lorsqu’il a commencé à écrire le scénario de Dial a Deadly Number. Il se souvient d’avoir été sur le tournage de The Town of No Return dans le Norfolk avec Brian Clemens et il vit Elisabeth Shepherd dans le rôle. Un après-midi, ils ont trouvé l’aérodrome qui servira de tournage à l’épisode The Hour That Never Was (commentaire de Roger Marshall, édition britannique). o Dans le final, Marshall précise que l’idée de lire l’étiquette de la bouteille est de lui et il est triste lors du générique de voir tous ces noms d'acteurs si chers aujourd'hui disparus (commentaire de Roger Marshall, édition britannique). o Le son est légèrement plus bas au début de la scène de la cave lorsque Steed s’entretient avec le général (Blu-ray britannique). o Pour une critique détaillée du DVD de cet épisode (son, image...), c'est sur le site Kino Digital. o Comparaison éditions DVD Studio Canal / Optimum (par Denis Chauvet): Pas de coupe sur l’édition française. Par contre, l’image était abimée tout au long de l’épisode avec des passages plus ou moins touchés. L’édition Optimum présente une édition superbement restaurée…mais pas parfaite. Prenons trois passages restaurés au hasard : lorsque Henry Boardman remet la carte de Yuill à Steed, la zébrure a disparu ; lorsque Steed prend congé des Boardman, l’image est parfaite (c’était le passage le plus abimé, ce que je soulignais dans ma critique de 2004) ; Les Avengers découvrent le corps de Yuill et au moment où Mrs Peel déclare : ’A true gentleman doesn’t know about a lady’s promiscuity’, l’image était endommagée de son coté, ce n’est plus le cas. Par contre, l’édition Optimum présente toujours des imperfections lorsque Ruth Boardman explique à ses convives l’avantage de cet appartement pour son mari, regardez le bras de Mrs Peel. Ce détail subsiste sur le Blu-ray. D’ailleurs, à cette occasion, on remarque que l’image permet d’avoir un angle plus large sur l’édition Optimum (sur l’édition Canal, le bras est ‘coupé’). Evidement, la définition et le rendu noir et blanc sont superbes sur Optimum et seulement convenables sur Studio Canal. o Coupures de presse lors de la 1re diffusion française. Fiche de Meurtre par téléphone des sites étrangers : En anglais
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