LE CLUB DE L'ENFER Steed joins the Hellfire Club – Emma becomes the Queen of Sin Tournage : 12 au 24 décembre 1965 Diffusion : ITV, 19 février 1966 – FR3, 1er juillet 1991 EN VOST Scénario : Brian Clemens Réalisation : James Hill Peter Wyngarde (John Cartney), Colin Jeavons (Lord Darcy), Carol Cleveland (Sara), Robert Cawdron (Horace), Michael Latimer (Roger Winthrop), Jeremy Young (Willy Frant), Bill Wallis (Tubby Bunn), Steve Plytas (Boris Kartovski), Art Thomas (Pierre), Alf Joint (Big Man), Bill Reed (Huge Man). Résumé Des farces à priori anodines perturbent la visite de personnalités étrangères sur le sol britannique et nuisent aux relations internationales. La mort provoquée d'un diplomate amène les Avengers à s'intéresser à un aristocrate et à son "Hellfire Club", qui restitue fidèlement l'ambiance de 1759. Steed passe les tests et devient membre tandis que Mrs Peel se métamorphose en une hallucinante reine des péchés. Le club sert de couverture à des comploteurs qui ont l'intention de faire sauter le gouvernement. Épilogue Les Avengers quittent les lieux dans une diligence tirée par quatre chevaux et snobent les véhicules modernes : "Just a fad". CRITIQUES
Denis Chauvet 17 septembre 2004 Le club de l'enfer est un épisode légendaire, non seulement dans l'histoire de la série mais également dans celle de la télévision. Il a fallu pratiquement un quart de siècle pour avoir accès à la version intégrale. Les médias britanniques ont entretenu cette légende dès la première diffusion en publiant à l'époque des photos sous le titre : "Les scènes censurées que vous ne verrez pas ce soir !". A Touch of Brimstone est évidemment l'épisode le plus érotique de la série, mais les réactions outrées de l'époque ne peuvent que faire sourire de nos jours. Néanmoins, j'ai lu récemment une critique contemporaine sur le site de David Smith dans laquelle l'auteur (américain) soutient la censure exercée il y a près de quarante ans ! Ceci renforce mon opinion personnelle, à savoir que les Américains et les Anglais ont la langue en commun mais pas la culture ni le sens de l'humour ! La pudibonderie notoire américaine a également influencé la cinquième saison et fut préjudiciable à la série. L'épisode doit sa notoriété aux quelques passages délurés (John Cartney et Sara, sa maîtresse – la scène d'orgie – le costume d'Emma Peel en reine des péchés) mais ceux-ci ont tendance à masquer la grande qualité de l'ensemble. Quant à la "scandaleuse" scène finale, elle n'offusquerait plus personne de nos jours ! L'épisode La poussière qui tue a une scène similaire à la fin et ne fut pas censuré, mais il est vrai que Diana Rigg y a une tenue plus décente ! Le fouet de Cartney ("And now... What are you like with the big boys ?") est donc moins condamnable que la tenue dominatrice de notre héroïne ! À moins que cela soit les attitudes (Cartney repousse sa maîtresse de la botte) et les propos machistes ("a new wench", "vessels of pleasure"). Peter Wyngarde (John Cartney) est sûrement le second rôle le plus remarquable de la série : son humour et son cynisme font merveille. Jeremy Young (Willy Frant), qui a quatre participations à la série, fait ici sa meilleure prestation. La réalisation est également excellente. Une introduction originale où un fauteuil est poussé vers la caméra, un duel à l'épée titanesque, sans oublier le jugement expéditif de Lord Darcy et le combat délirant entre Mrs Peel et l'acrobate. Le duel entre Steed et Frant (malgré les doublures) est particulièrement phénoménal dans sa conception et est, à mon avis, le combat à l'arme blanche le mieux réussi de la série. Écoutez le bruit des épées sur le sol ! Notez également l'échange entre Darcy et Horace filmé de la machine à coudre ainsi que les deux "doigts" apparents de Frant lorsque Steed se présente au club. Patrick Macnee est en grande forme et le regard que lance Steed à l'apparition de la reine des péchés est dans toutes les mémoires. L'inoubliable scène du petit pois démontre que le personnage est plein de ressources. À noter également le nom de sa recette miracle "National anthem" (hymne national) ! Il faut ajouter à cela les répliques teintées d'humour ou de sous-entendus intraduisibles : Mrs Peel et Cartney lors de leur première rencontre "I've come here to appeal to you, mister Cartney", "You certainly do that". Les petites scènes entre Avengers, sans lesquelles un épisode ne peut avoir quatre melons, sont également présentes : Steed et Mrs Peel au théâtre ; chez Steed au découpage d'empreintes de bonhommes dans le Times et, bien sûr, Emma vidant son verre sur la femme qui colle un peu trop "son " Steed ! Pour finir dans ce registre, la grande réplique entre Steed et Mrs Peel : "This is the first time I've to wait for a man to get ready", "You're uncommon handsome, ma'am". Pour couronner le tout, nous avons une très belle musique d'époque, principalement au clavecin, et une splendeur des décors et des costumes. L'atmosphère du dix-huitième siècle est parfaitement recréée et le Hellfire Club, lieu de débauche et de plaisirs, est un clin d'œil aux censeurs des années soixante. Brian Clemens devait savoir que A Touch of Brimstone allait faire jaser, le costume de Mrs Peel (collier à pointes, corset, bottines, fouet) étant une sorte de provocation ! Après tout, qui se souvient de l'intrigue, tirée par les cheveux, après avoir vu l'épisode ? En définitive, Le club de l'enfer a profité de quelques scènes "sulfureuses" pour créer sa légende et donner un ton provocateur à la série. Il est néanmoins dommage que d'autres grandes scènes et répliques de l'épisode soient de ce fait méconnues. Cet épisode vaut le coup d'œil, à défaut de se le rincer comme voulaient nous le faire croire les censeurs ! "Gentlemen, Hellfire". EN BREF : Mrs Peel en dominatrice dans un épisode censuré devenu légendaire.
Steed3003 19 mai 2006 Le club de l'enfer est l'un des épisodes les plus connus de la série et, bizarrement, l'un des moins représentatifs de son univers et de son ambiance. Alors cet épisode sulfureux avec son aura légendaire est-il aussi bien qu'on le dit ? Brian Clemens est aux manettes du scénario ici. On a du mal à retrouver sa patte : notamment l'humour so british de la série fait complètement défaut à cet épisode, à quelques répliques près. Même si les dialogues restent dans l'ensemble soignés. Brian Clemens préfère sexualiser la série comme jamais elle ne l'a été auparavant, et ne le sera ensuite. Son scénario, aux tendances SM, flirte dangereusement avec la vulgarité... et y tombe parfois, il faut bien l'admettre. Il reste suffisamment bien emballé pour séduire. On pourra regretter le côté racoleur de l'épisode, le cocktail sexe et violence y est surexploité. Surtout quand on sait que la série n'a jamais eu besoin de ça pour fonctionner. Elle jouait intelligemment sur l'implicite plus que sur l'explicite à ce niveau là. Il faut tout de même reconnaître que l'intrigue se dégage adroitement des archétypes habituels de la série en commençant par des incidents diplomatiques par exemple. Elle prend ensuite une direction inattendue. L'idée du Club de l'enfer, cette organisation terroriste avant l'heure, est excellente ; on se réjouit que la série sorte du contexte de la guerre froide et s'intéresse à une entité purement néfaste. Malheureusement, le scénario s'étire parfois un peu trop en longueur et ce n'est pas Mrs Peel en cuir qui fait illusion. D'ailleurs, je dois dire que, pour avoir vu cet épisode assez jeune, la série m'a éveillé à la sexualité (et de quelle manière !), comme quoi ne renions pas son côté pédagogique ! Plus sérieusement, félicitons Brian Clemens d'avoir créé un ton et un univers à part. Il prouve avec cet épisode que la série sait se renouveler. On regrettera juste une intrigue légèrement racoleuse et manquant un peu de peps. Les superlatifs manquent pour qualifier la réalisation de James Hill : on retrouve l'ambiance gothique qu'il avait déjà installée avec succès dans Le fantôme du château De'Ath. L'épisode est visuellement une réussite totale, la photographie est magnifique et met particulièrement en valeur des décors exceptionnels. La mise en scène élégante et raffinée de James Hill est innovante à de nombreux égards. Elle confère vraiment à l'épisode des airs de cinéma. Par ailleurs, les scènes d'action sont remarquables, avec un duel à l'épée haletant et une séquence de coups de fouet impressionnante. Pas surprenant qu'elle soit devenue culte depuis. James Hill ajoute même par sa réalisation de nombreuses touches d'humour, celles qui manquaient au scénario. James Hill donne vraiment à la série ses galons artistiques ! Au niveau de l'interprétation, le résultat est plus mitigé : si Macnee est absolument génial durant tout l'épisode et livre ici une de ses meilleures prestations de la série, la majorité des seconds rôles offre des interprétations trop théâtrales et grandiloquentes (Peter Wyngarde en tête). Le résultat n'est pas franchement convaincant. À signaler enfin un montage et surtout une ambiance sonore dignes d'un film de cinéma là aussi, avec des coups de fouet cinglants qui résonneront longtemps dans nos esprits. Au début de l'épisode, nous voyons pour une fois notre duo favori lors d'une sortie en société, ici au théâtre. Par ailleurs, Steed a installé un téléviseur dans sa voiture ; l'homme au chapeau melon serait-il plus moderne qu'il ne le laisse paraître ? Steed se débauche : lors de son initiation au Club de l'enfer, il boit un demi litre d'alcool d'un trait… et en redemande ! Les décors de cet épisode sont splendides ; avec une mention spéciale à ceux du Club de l'enfer, véritablement impressionnants. Tenue de soirée étincelante pour Mrs Peel au début de l'épisode : joli costume de cette dernière et de son partenaire pour se rendre à la nuit de tous les péchés aussi ! Enfin, c'est dans cet épisode qu'on la voit en fameuse reine du péché : beaucoup de fans trouvent cette tenue sexy, ce n'est pas mon cas. La musique aux tendances gothique s'inscrit merveilleusement dans le ton de l'épisode et parachève sa réussite artistique. EN BREF : Une mise en scène magistrale pour un scénario légèrement racoleur mais globalement réussi. Un épisode surestimé tout de même.
Estuaire44 27 avril 2013 A Touch of Brimstone évoque à bien des égards Man-Eater of Surrey Green. En effet, tout comme ce précédent opus, il nécessite de s’immerger dans la culture populaire des Sixties afin d’en extraire la substantifique moelle. Il va ainsi pour imaginer le choc représenté par la fameuse tenue de la Reine des péchés, relativement anodine à l’heure où une série pétillante et ultra londonienne comme Secret Diary of a Call Girl évoque sans fards aucun le monde du sadomasochisme (de même que The L Word, sous un angle lesbien). Surtout les deux opus procèdent à une similaire démarche, avec à chaque fois l’approche circonstanciée d’un univers cinématographique. Dans Man-Eater of Surrey Green, Levene s’attachait aux séries B de Science-fiction paranoïaque des Fifties, tandis qu’ici Clemens reproduit manifestement l’atmosphère si identifiable et codifiée des productions gothiques de la Hammer. On y retrouve ainsi de nombreux éléments caractéristiques, tels la sensualité exacerbée (notamment lors de la remarquable rencontre entre Cartney et Mrs Peel), le goût pour les recréations ne costumes, les décors gothiques, une certaine emphase du jeu et des dialogues, un mâle dominateur et sombre régnant sur des damoiselles peu farouches, un sens exacerbé de l’imagerie macabre (les tunnels, le serpent), le combat à l’arme blanche des héros contre des adversaires haut en couleur (le spectaculaire duel de Steed contre le bretteur) etc. Clemens s’avère un fan manifeste, comme le confirmera d’ailleurs la présence la saison ultérieure des deux stars masculines de la Hammer, Christopher Lee et Peter Cushing, dans des rôles d’ailleurs emblématiques du genre. Mais c’est à que réside également les limites de son entreprise car on préférera sans doute aucun le pastiche brillant, hilarant, irrévérencieux et volontiers caustique de Levene à cette vibrante déclaration d’amour si littérale et immédiate. Ce premier degré absolu peut s’explique que l’étoile de la Hammer brille encore de tous ses feux en 1966 (son âge d’or recouvre l’ensemble des Sixties), tandis que les films visés par le subtil et brillant Levene ont alors largement entamé leur déclin. Il n’en reste pas moins que le récit de Clemens demeure trop unidimensionnel et, par ailleurs, non dépourvu de maladresses gênantes. L’intrigue résulte ainsi minimaliste et s’attachant trop à la seule atmosphère alors que celle-ci paraît pour le moins inégale. On se lasse rapidement des beuglements bestiaux et tonitruants de la beuverie, d’autant plus irritante que l’on goûte davantage de raffinement dans Chapeau Melon et Bottes de Cuir. On se situe ici dans un hors sujet que la structure narrative empruntée ne justifie jamais par son aboutissement, contrairement au bijou d’humour distancié constitué par Man-Eater of Surrey Green. Fort heureusement, Clemens a suffisamment de métier et de talent pour préserver une ambiance purement Avengers dans les à-côtés de son récit, notamment avec ces blagues potaches insolites, les dialogues affutés entre héros ou certaines scènes hors normes comme le duel original entre Mrs Peel et le petit champion de savate. L’auteur peut d’ailleurs s’appuyer sur un Patrick Macnee particulièrement impérial, exprimant à point nommé la quintessence du style John Steed. Diana Rigg réalise également une grande prestation, exprimant merveilleusement les différentes facettes de son riche et fascinant personnage. La fameuse tenue de la Reine des péchés représente l’aboutissement spectaculaire et audacieux d’un courant crypto fétichiste observé tout au long de la saison, mais aussi dès l’ère Cathy Gale. Assez caricaturale et outrancière, on lui préférera cependant l’élégance suggestive de la tenue des Chevaliers de la Mort, tout ceci étant éminemment suggestif. L’épisode peut également compter sur l’expressivité et le brio de la mise en scène de James Hill, la musique variée et évocatrice de Laurie Johnson, ainsi que sur un travail de production (décors et costumes) d’évidente qualité. Mais, au sein d’une distribution relevée, son atout maître demeure néanmoins le grandiose numéro de Peter Wyngarde, apportant toute une dimension supplémentaire à l’opus. L’acteur, grand spécialiste des rôles sulfureux et extravertis, se trouve ici particulièrement dans son emploi. L’épisode renoue d’ailleurs avec plusieurs accents du chef d’œuvre gothique que représente The Innocents, dans lequel Wyngarde brille dès 1961. En attendant ses fabuleux et emblématiques croque-mort et savant fou d’Epic, hommage autrement plus madré et subtil à ce genre de cinéma que ne l’est jamais le sincère et appliqué A Touch of Brimstone. EN BREF: Un hommage sincère aux films de la Hammer, mais manquant de l’humour propre aux Avengers. L’épisode doit beaucoup à l’étonnante prestation de Peter Wyngarde. VIDÉO Mrs Peel en reine des péchés ! INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES Tournage o Lorsque Steed et Mrs Peel se rendent à la conférence, ils prennent un croisement à Shenley et passent devant la ferme de Deeves Hall Lane. Continuité o On peut noter une erreur, sûrement faite au montage, au début de l'épisode : Cartney se verse un verre et il n'y a pas de chocolat sur le bras du fauteuil, puis il se met devant la TV et des chocolats sont alignés. La scène suivante montre le bras du fauteuil de nouveau nu et Cartney prenant un chocolat de la boîte pour le poser dessus. o L'escalier est trop étroit pour que la chaise à porteurs puisse passer. o Le serpent change de taille et a doublé de volume après être passé dans les mains de Mrs Peel ! o Le décor est fixe lorsque Steed arrête sa Bentley après l'assassinat du diplomate. o À 20', pendant le combat, alors que dans les plans éloignés Mrs Peel assise dans les tribunes rit franchement, dans les plans rapprochés, elle apparaît nettement plus sérieuse. o La date sur le journal et le chèque de Cartney est clairement le 12 janvier 1966, alors que le journal lu par Darcy est daté du 10 novembre 1965 ! Détails o Brian Clemens a réutilisé Boris Kartovski dans Double personnalité (saison six). o Le journal de Lord Darcy est The Evening News et a pour titre "Tape cutting ends in tragedy". o Le club Hellfire le plus connu est l'organisation fondée par Sir Francis Dashwood (1708-1781) mais le nom que lui donnèrent les membres était plutôt "The Friars of St Francis of Wycombe" ou "The Monks of Medmenham". Francis Dashwood fut membre du Parlement pendant vingt ans et trésorier du roi George III. o Dans la version originale, lorsque le titre apparait en incrustation, Cartney se tourne et prend un autre chocolat dans la boite (plan sur le visage) alors que dans la version française, l’image se fige à ce moment. o Hellfire est traduit par…feu de l’enfer ! o La banque de John Cartney est la National Provincial Bank Limited à Piccadilly. Une National Provincial Bank exista en Angleterre et au Pays de Galles dès 1833 jusqu’à ce qu’elle fusionne avec la Westminster Bank en 1970. Cartney date le chèque au 12 janvier 1966 ce qui correspond effectivement à la date du jour car Mrs Peel découvre dans le calepin de Cartney l’énigmatique inscription : ‘Today 4 :30 Friendship’ à cet emplacement. Néanmoins, l’épisode est censé avoir été tourné entre le 12 et le 24 décembre 1965 avant d’être diffusé sur ITV le 19 février 1966. o Cartney offre un chèque de mille guinées pour la prétendue œuvre caritative de Mrs Peel. La guinée fut une pièce d’or frappée de 1663 à 1813, mais qui demeura ultérieurement comme expression de valeur. Elle équivaut à une livre et un shilling, ce qui permet un rajout non négligeable concernant les hautes sommes. Depuis le passage au système décimal, en 1971, la guinée vaut 105 pences. o Outre une référence dans les X-Men (la Reine des Péchés y devenant Emma Frost, the White Queen) , le Hellfire Club influence la première grande partie du comic Steed and Mrs Peel, écrit par Mark Waid, ancien auteur des X-Men, dont la parution débute en 2012. Steed et Mrs peel s’intéressent à la disparition de nombreux agents, ce qui les conduit à découvrir un Club de l’Enfer ressuscité, tentant de nouveau d’abattre les institutions anglaises. o Le programmes aperçus au cours de la représentation théâtrale indiquent qu’elle se déroule au Queen’s Theatre. Situé dans la Cité de Westminster, il s’agit effectivement d’un important établissement du West End, inauguré en 1907 et notamment connu pour l’immense succès qui connaissent encore et toujours Les Misérables de la RSC, depuis 2004 (les représentations débutèrent au Barbican Theatre, en 1985). o Toutefois l’insert initial représente un autre établissement, le London Palladium, également situé au West End. On le reconnait à ses arches, colonnes et lumières. Inauguré en 1910, il fut dessiné par Frank Matcham, architecte théâtral réputé pour ses conceptions de style antique. Le London Palladium reste l’une des plus célèbres salles de Londres, pour ses comédies musicales, mais aussi les nombreuses émissions télévisées s’y déroulant. Les spectateurs des Avengers purent le reconnaître facilement, car il hébergeait la grande émission musicale des Sixties d’ITV, Sunday Night at the London Palladium (1955-1967). En 1998, Laurie Johnson y donna un grand concert reprenant ses œuvres les plus notables, dont celles composées pour la télévision. L’animation de la soirée était assurée par Gareth Hunt Acteurs– Actrices o Peter Wyngarde (1933) reviendra dans la saison Emma Peel couleur Caméra meurtre. Il est né à Marseille. Enfant, il fut détenu dans le camp de Lung-Hai en Chine après l'invasion japonaise en 1941. Le rôle de Jason King dans les séries Département S (1969-70), puis Jason King (1971-72) centrées sur son seul personnage, l'a rendu célèbre, notamment pour sa moustache et ses cravates flamboyantes. Auparavant, il avait tourné dans Le Saint (deux épisodes) et Le prisonnier (Numéro 2 dans Échec et mat). Sa dernière apparition à l'écran remonte à 1994 dans un épisode des Mémoires de Sherlock Holmes. o Carol Cleveland (1942) a fait partie des Monty Python. Également vue dans Le Saint (deux épisodes), L'homme à la valise et Amicalement vôtre. o Qui a repéré Alf Joint (1927-2005), connu pour se faire électrocuter dans la baignoire par James Bond dans la séquence d'ouverture de Goldfinger ? Il était un cascadeur reconnu dans la profession. Il a travaillé pour des séries – Mission casse-cou (expert armes blanches), Le prisonnier, Sherlock Holmes – et des films, en particulier les James Bond : Goldinger, Au service secret de sa Majesté. Il a eu quelques rôles dans Destination Danger, Le prisonnier, Poigne de fer et séduction, Cosmos 1999, Le retour de Sherlock Holmes. o Robert Cawdron (1921-1998) est né en France, à Garches. Il participera au Village de la mort (saison cinq). Il a également tourné dans Destination Danger, Le Saint (cinq épisodes), Département S et Amicalement vôtre. o Colin Jeavons (1929) reviendra dans Le vengeur volant (saison cinq) et il tournera dans L'homme à la valise, Paul Temple, Regan, Bergerac et il est l'inspecteur Lestrade dans Sherlock Holmes avec Jeremy Brett. o Jeremy Young a tourné dans trois autres épisodes de la série : Interférences (saison cinq), Ne m'oubliez pas (saison six) et Le monstre des égouts (TNA). Également vu dans Le Saint (deux épisodes), Département S, Regan, Cosmos 1999, Les professionnels, Poirot, Taggart, Cadfael. À noter que… o Aka The Hellfire Club : "Hellfire" est le cri de ralliement du club. o La meilleure tenue d'Emma Peel, les deux saisons confondues (question de goût !) dans ce qui est considéré comme l'épisode le plus érotique de la série. Elle est "the queen of sin" dans cet épisode (la reine du péché). À noter que cette célèbre tenue fut dessinée par Diana Rigg elle-même ! o Le collier à pointes qui fait partie de la tenue de la Reine des Péchés s’est vendu £ 53 sur e-bay. o Comme sur la version DVD Optimum, on note des traits verticaux visibles au niveau de la statue en bois lorsque Steed vient se recueillir sur le cercueil de Darcy. A noter également la présence de grain ça et là parfois perceptible : lorsque Steed et Mrs Peel se préparent ou pendant la célèbre scène du fouet (versions Blu-ray française et britannique). o Cet épisode est le deuxième écrit mettant en scène Emma Peel. Son caractère "érotique" et "violent" nécessita plusieurs réécritures, ce qui explique qu'il fut filmé si tard. L'épisode fut bien évidemment interdit aux États-Unis et la scène du fouet dut être coupée pour passer en Grande-Bretagne (contrairement à celle de l'épisode La poussière qui tue). La version intégrale fut visible pour la première fois lors des sorties vidéo. o La scène du serpent fut la plus éprouvante pour Diana Rigg. Elle a dû tenir ce serpent une journée entière, le propriétaire lui ayant ajouté qu'il pouvait faire pipi sur elle à n'importe quel moment ! o Il n'est pas surprenant d'apprendre que cet épisode fut le plus regardé en Grande-Bretagne pour une première diffusion. o De nombreuses différences sont à noter dans le synopsis du livre de Dave Rogers The Avengers : o Comparaison Studio Canal/Optimum (par Denis Chauvet) : Il n’y a pas de coupe entre les deux versions. L’image de la version française est acceptable si on fait abstraction des petites taches et saletés pratiquement récurrentes pendant tout l’épisode ; la seconde partie de l’entretien entre Lord Darcy et Steed au club a même une image assez dégradée (à gauche de l’écran). La version Optimum est débarrassée de ces défauts encombrants mais il y a des traits verticaux visibles au niveau de la statue en bois lorsque Steed vient se recueillir sur le cercueil de Darcy. A noter également la présence de grain ça et là parfois perceptible même pendant la célèbre scène du fouet.
En anglais
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LES CHEVALIERS DE LA MORT Steed joins a secret society – Emma walks the plank Tournage : 15 novembre au 13 décembre 1965 Diffusion : ITV, 12 février 1966 – FR3, 2 juillet 1991 enVOST Scénario : Roger Marshall Réalisation : Charles Crichton Nigel Davenport (Major Robertson), Douglas Wilmer (Dr. Long), Fabia Drake (Col. Adams), Moray Watson (Peters), Adrian Ropes (Stanhope), Richard Coleman (RAF Officer), John Gatrell (Lamble). Résumé Pourquoi des militaires distingués se transforment-ils en kamikazes ? Steed et Mrs Peel enquêtent sur une base militaire pour percer ce mystère. La léthargie et le manque d'action en temps de paix conduisent d'éminents soldats à rechercher le danger et les émotions fortes dans des actions suicidaires. Le but ultime est le crime du siècle : le vol des joyaux de la couronne à la Tour de Londres ! Les Avengers découvrent le repaire des comploteurs et démasquent non sans mal Apollo(n), le cerveau de l'organisation. Épilogue Steed et Mrs Peel quittent les lieux en kart. Steed évoque l'enchaînement d'événements qui l'a conduit à la solution : "as simply as put two and two together". CRITIQUES Denis Chauvet 5 septembre 2004 Un épisode que j'ai découvert l'année dernière à sa sortie en collection kiosque ; il fait en effet partie des nouveautés Continentales des années 90 diffusées le matin et a dû échapper à mon magnétoscope de l'époque ! En tout cas, l'intrigue est particulière et même morbide et peut faire réfléchir le téléspectateur. Où commence la prise de risque ? Peut-on mériter "the black rose of courage" lorsqu'on passe au rouge par exemple ? Où s'arrête la témérité et où commence la folie ? Les chevaliers de la mort (bon titre français) est relativement lent au début et les Avengers apparaissent alors qu'aucun meurtre n'a encore été commis. Inhabituel mais pas unique (voir Le club de l'enfer). Le scénario entretient un climat angoissant, souligné par la très bonne réalisation de Charles Crichton (Mort en magasin) : les scènes de la roulette russe et du duel à la grenade entre Robertson et Peters sont significatives. Le clou de l'épisode peut se ranger également dans cette catégorie : l'initiation de Mrs Peel est en effet très bien rendue, avec un suspense à son paroxysme, même si l'issue est connue d'avance. L'épisode est inégal mais comporte des perles figurant parmi les meilleures scènes, toutes saisons confondues. Celle de la boîte de chocolat que Steed soupçonne d'être piégée est un bijou. "Whatever you do, don't touch the wrapped ones", "Why not ?", "'Cause I like them !". Steed est gourmand, relax, roublard et sans complexe en choisissant Bacchus comme nom de code. L'échange avec le major Robertson est significatif, la lecture de la bourse étant plus importante que son sort : "I'm going to kill you", "Oh my goodness me, British tin down another point". Une devil mind inoubliable lorsque Mrs Peel avec un décolleté provocant demande à Steed, pantois, la façon d'aborder Robertson. Réponse de l'agent au chapeau melon après avoir jeté un coup d'œil sur le décolleté plongeant : "Show him your bumps". De l'humour, mais également de l'action dans cet épisode : une bonne introduction (bien filmée avec le demi-tour de la moto), Steed/Robertson autour de la table et l'excellente bagarre finale à l'épée. Robertson (Nigel Davenport) est un second rôle parfait en militaire blasé à la recherche du danger suprême qui interprète une belle sonnerie au mort et le colonel Adams (Fabia Drake) est l'excentrique de l'épisode avec une présence néanmoins assez courte. À quel président fait-elle allusion lorsqu'elle déclare : "Of course, that was before he became President !" ["À ses débuts" dans la VF] : John Adams le second président américain de 1797 à 1801 ? Kennedy ? Dr Long (Douglas Wilmer), le psy manipulateur, est un méchant insipide de plus... En tant que français, on peut noter que les Avengers ont tendance à critiquer un peu notre patrimoine en la personne de Napoléon ; Steed "Bullet-shaped" et Mrs Peel "Alpha alpha minus". Inférieur à Alexandre le Grand & co ? Hmm, un peu "anti French" les scénaristes de cet épisode (voir aussi la bataille d'Inkerman dans Informations complémentaires ). Peu de scènes extérieures notables, la saison étant peu propice (hiver 1965) mais nous avons néanmoins l'arrivée de Steed puis celle de Robertson et Mrs Peel à Manton House et enfin l'épilogue. La musique est composée de morceaux agréables mais déjà entendus, en particulier celui de la scène finale. Quelques interrogations concernant l'intrigue pour finir : pourquoi ce cercle très fermé de machos accepte-t-il d'initier une femme ? Surprenant que Robertson/Mercury puisse ouvrir la porte avant d'assassiner Lamble sans que Steed et Mrs Peel s'en rendent compte ! Que penser de soldats chevronnés se laissant manipuler par un psychiatre ? Et quelle conduite moyenâgeuse de se débarrasser de Mrs Peel en la glissant sous la table ! Life's for living... EN BREF : The Danger Makers a une intrigue originale et est parsemé de petites scènes et répliques savoureuses qui font de cet épisode un bon spectacle, même après plusieurs diffusions.
Steed3003 18 mai 2006 Après deux épisodes très axés sur la comédie (Maille à partir avec les taties et Danses macabres), la série revient avec un épisode plus sombre. Roger Marshall est un scénariste irrégulier, navigant entre le nullissime (La poussière qui tue) et le génialissime (L'heure perdue). Heureusement pour nous, cet épisode est une excellente cuvée. Tout d'abord, il retrouve l'équilibre de la série entre suspense, action et humour – après des épisodes misant tout sur l'humour. On s'en réjouit. D'autre part, il a trouvé une nouvelle fois un concept brillant, parfaitement exploité. À croire que l'univers militaire (sur lequel il avait déjà écrit dans L'heure perdue) lui réussit. Cette histoire d'accoutumance au danger est tout à fait inattendue et propose une réflexion intéressante sur le devenir des vétérans et plus globalement sur notre société en général : quelle est l'intérêt d'une vie où les parcours de chacun sont sécurisés au maximum, une vie où il n'y a plus de risques à prendre ? Problématique à laquelle le scénariste ne répond pas par ailleurs, laissant libre à chacun de s'en faire sa propre idée. Néanmoins, cette thématique d'addiction au danger permet à l'épisode, doté de plus d'une trame inhabituelle, de multiplier les scènes de tension toutes très réussies, avec en apothéose le test d'entrée de Mrs Peel. Cette scène est tout simplement le meilleur moment de suspense de la saison, grâce notamment à une interprétation impeccable de Diana Rigg. Cet épisode est aussi surprenant, car bien plus sombre que d'habitude, lorgnant même parfois vers le pathétique. Je pense à la scène du major, héros de l'armée, sonnant la trompette seul dans son bureau. Mais rassurez-vous, cet épisode offre aussi des notes d'humour qui permettent de relâcher la tension, avec par exemple la scène très drôle de la boîte au chocolat. En bref, un scénario parfait avec un ton inattendu et passionnant de bout en bout. Après Un mort en magasin en demi-teinte, Charles Crichton remonte le niveau pour cet épisode où le style Avengers s'affine de plus en plus. Déjà, on pourra remarquer que les scènes d'action sont toutes mises en scène avec punch. Charles Crichton apparaît nettement plus à l'aise pour des épisodes action que les épisodes plus bavards, tant mieux pour le spectateur ! Il s'est aussi considérablement renouvelé depuis Mort en magasin, les angles sont nettement plus variés, avec même des plongées, rares dans la série. La mollesse d'avant a fait place à un rythme soutenu. Par ailleurs, l'interprétation est vraiment grandiose : Nigel Davenport (major Robertson) insuffle à son personnage une ampleur stupéfiante et Fabia Drake (le colonel Adams) est simplement géniale dans un rôle malheureusement trop court. Mrs Peel fait preuve d'un flegme admirable lors du passage de son examen d'entrée. Après les avoir vus s'entraîner dans Voyage sans retour, on constate que nos deux agents favoris sont experts dans le maniement de l'épée. Autre bonne surprise de l'épisode, les décors sont un cran au-dessus de la moyenne de la saison. La salle de la rose noire ou le bureau du major Robertson en témoignent. Mrs Peel est tout de blanc vêtue pour une majeure partie de cet épisode, dans une tenue plus casual que d'habitude donc un peu décevante. La musique de cet épisode sert parfaitement les moments de suspense comme les moments plus détendus. Estuaire44 27 avril 2013 L’idée centrale du récit de Roger Marshall se montre certes redoutablement efficace, car autorisant nombre de scènes fortes, impressionnantes ou troublantes, voyant les drogués du danger en proie à leur obsession. Malheureusement l’auteur s’appuie trop sur cet aspect et néglige quelque peu le reste d’une intrigue n’apparaissant vite que comme un passe plat servant à aligner le plus possible de ces pépites d’adrénaline. La propension de la série à user et abuser des successions de meurtres spectaculaires trouve là une variation pour le moins aigue et symptomatique. Marshall est d’ailleurs un auteur assez fin pour le ressentir et profite joliment du tag conclusif pour se gausser ouvertement de l’aspect mécanique de son intrigue. Le but ultime du complot se voit également bâclé, avec le recours au poncif absolu du vol des Joyaux de la Couronne, une menée que ne rien ne vient solidement étayer. L’exposition en demeure bien trop étendue : la découverte de la loge secrète n’intervient qu’en toute fin de récit, ce qui la prive d’une bonne part de son potentiel dramatique. Le ton général manque singulièrement de cet humour fantaisiste caractérisant désormais le Monde des Avengers et paraît parfois appliqué, lors d’explications psychologiques un brin sentencieuses. Le Diabolical Mastermind manque de présence et d’envergure, même si la révélation de son identité apporte un twist réussi. Le voir tenter de s’enfuir aussi lâchement résulte effectivement décevant. Pour adorable qu’elle soit, le colonel Adams ne ressort pas non plus comme l’Excentrique le plus marquant de la saison. Encore à l’orée de sa carrière, Crichton démontre déjà un authentique sens de l’image lors des scènes de stress, soit la justification première de l’opus. Les angles de vues retenus, la mobilité de la caméra et la musique de Laurie Johnson suscitent une indéniable intensité. Cela éclate particulièrement durant la remarquable scène de l’ordalie électrique de Mrs Peel, certainement le pinacle de l’épisode, mais aussi durant la mouvementée bagarre finale, particulièrement enlevée et spectaculaire. On remarque au passage que se confirme le penchant de la série à retenir des inserts d’une hauteur absurde, cela avait déjà été le cas lors de la porte donnant dans le vide de La danse macabre, ou durant les années Cathy Gale. Les décors se montrent inégaux, car minimalistes en dehors du bureau du général (légèrement surexploité) et du sanctuaire de la loge. Encore celui-ci reste-il partiellement gâché par une évidente porte peinte ! Alors que la plupart des seconds rôles du jour se résument à de simples silhouettes, Roger Marshall réussit cependant un maître coup avec l’écriture de Robertson. Interprété avec une expressivité et conviction par un parfait Nigel Davenport, il exprime à merveille la déviance psychologique pathologique des Chevaliers de la Mort et parvient temporairement à la hisser au-dessus de sont statut de simple prétexte. Ses scènes avec Steed et Mrs Peel se révèlent remarquables à cet égard. On ressent pour une fois de la commisération devant un adversaire blessé par la vie et avant tout victime, vaincu avec une désarmante facilité par la perfidie et l’esprit florentin de Steed. Celui-ci se montre d’ailleurs à son avantage, la narration, autrement plus sombre qu’à l’accoutumée, lui permet en effet de concentrer l’essentiel des scènes humoristiques, ce qui convient idéalement à Patrick Macnee. Mais la véritable vedette de l’opus demeure incontestablement Mrs Peel. Supérieurement élégante et classieuse tout au long du récit, Emma démontre ses capacités de chasseuse d’hommes implacable, avant What the Butler Saw. Le pauvre Robertson n’avait aucune chance là non plus et cette inversion de statut entre antagoniste et victime produit décidément une perspective réussie. L’éclatant talent de Diana Rigg constitue la clef de voute de l’épreuve à l’intensité si paroxystique. Entre cuir, chaines et menottes se confirme derechef un arrière fond fétichiste pour le moins original, déjà présent en saison 3 il est vrai. Surtout, le personnage d’Emma permet d’introduire un effet miroir représentant l’intérêt ultime du récit. Sans s’y appesantir, l’auteur nous questionne en effet sur les motivations profondes de l’amatrice talentueuse l’amenant à se lancer dans de si périlleuses aventures : patriotisme, défense de la justice, sentiment pour Steed ou Mrs Peel n’est elle pas plutôt une simple droguée de danger de plus, certes supérieurement douée et davantage maîtrisée ? De fil en aiguille, le spectateur des séries d’aventures en vient à considérer s’il n’en est lui même pas un autre, par procuration. Une approche psychologique à tiroirs remarquablement menée par Marshall. EN BREF: Un récit demeurant assez mécanique mais sauvé par plusieurs scènes impressionnantes et un remarquable Nigel Davenport, ainsi que par une subtile mise en perspective d’Emma Peel. VIDÉO INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Tournage o Manton House est le British Rail Centre, The Grove à Watford. En s'y rendant, Mrs Peel et Robertson empruntent Grove Mill Lane. Continuité o La Sunbeam Alpine du major Robertson est une Series V pour les scènes d'extérieur et une Series IV pour les scènes de studio (plans rapprochés). o Lorsque Lamble, un membre de l'organisation, veut se suicider à l'hôpital, on peut apercevoir l'ombre d'un arbre alors que le plan auparavant nous faisait penser que la chambre se trouve au 18e-20e étage. o Lors du duel à la grenade, Mercury et Jupiter jettent leur grenade le plus tard possible. On n’entend qu’une seule explosion. o Il y a un raccord de scène étrange lorsque Mrs Peel a la carte de Manton House dans les mains et, au plan suivant, la boite de chocolats. La carte a soudainement disparu et on peut même penser à une coupe ! o Mrs Peel met sa main devant les yeux lorsque la voiture de Robertson va croiser le camion. Néanmoins, dans le plan éloigné, entre deux images de Diana Rigg, on aperçoit que la doublure n’a pas la même attitude. Détails o La moto de l'introduction est de la marque Triumph. La moto immatriculée 452 YMF devait appartenir au cascadeur. Il l’a conduit dans Meurtre par téléphone, et, plus tard, lors de l’épisode Mission très improbable, saison 5. Le camion, 2705 VX, qui heurte la moto du général est celui de La mangeuse d’hommes du Surrey. Il réapparait lorsque la Sumbeam de Robertson croise un camion sur la route de Manton House (source : Mrs Peel, we’re needed). o On peut lire derrière la carte postale de Manton House : "Open to the public from May to October every day except Wednesday". o Un peu de français en VO. À Manton House, lorsque Steed évoque le cerveau de l'organisation à Mrs Peel : "Apollo is his nom de guerre". o On remarque la plaque "To Woody From Wing Commander Watson – RAF Hamelin". Hamelin est le nom de la base dans L'heure perdue. o "Faversham Military Hospital" est le nom de l'hôpital. Faversham est une petite ville très agréable dans le Kent. o Beaucoup de références mythologiques : Apollo(n), Mercury, Jupiter, Pegasus (Pégase). Lorsque Robertson présente Mrs Peel à Manton House: "(She) will make a nice Diana". Diana est le prénom de l'actrice et la déesse de la chasse. Coup double ! o Bacchus est le dieu du vin, de la vigne, de la végétation, de la danse et aussi des plaisirs naturels de la vie. Pas étonnant que Steed choisisse Bacchus comme surnom... (Mrs Peel : "I might've guessed..."). o Des batailles célèbres sont citées dans l'épisode : la bataille d'Inkerman en 1854, où les Français ont repoussé les Russes pour sauver les Britanniques ; la bataille de la Somme en 1916 ; la bataille de Saratoga en 1777, première victoire pour l'indépendance de l'Amérique. o Le livre des visiteurs de Manton House contient des célébrités et, même s’il n’est pas révélé, le président américain est Dwight D. Eisenhower (source : Mrs Peel, we’re needed). o Après l’énumération chiffrée des indices disponibles, Steed s’exclame : A partridge in a pear tree ! Il s’agit d’un clin d’œil à la première strophe chanson de Noël, The Twelve Days of Christmas, très populaire dans les pays anglo-saxons et qui est cadencée de manière similaire. Il s’agit d’une comptine à récapitulation où sont énumérés douze cadeaux qu’une personne dit avoir reçus de son amoureux/se durant les douze jours consécutifs du temps de Noël. Après l’annonce d’un nouveau cadeau, la liste des précédents est répétée à l’envers. Ce premier cadeau, une perdrix sur un poirier, est souvent représenté sur les cartes de Noël. o Sur le corps de Lamble, les Avengers découvrent quatre plumes blanches contenues dans une enveloppe. Dans la culture populaire anglo-saxonne la plus blanche est synonyme de lâcheté infamante, et non de paix. La tradition remonte aux combats de coqs, les volatiles arborant des plumes blanches ayant la réputation d’être peu combatifs. En 1914, le gouvernement anglais créa The Order of the White Feather, pour inciter les femmes à offrir des plumes blanches aux hommes ne s’engageant pas dans l’armée, afin de fustiger leur lâcheté, une anecdote reprise au début de la saison 2 de la série Downton Abbey. o Robertson conduit à toute allure au volant d’une Sunbeam Alpine. Cette deux-places anglaise particulièrement sportive connut un grand succès durant les années 60 et connut cinq séries de production successives. Elle apparaît dans plusieurs productions de l’époque : 007 en conduit une lors de la poursuite automobile de Dr No (Série II Roadster) et elle est la voiture de Max la Menace (Sunbeam Tiger). Michael Caine en conduit également dans les films Get Carter et Gambit. o Le tag de fin montre cette fois Steed et Mrs Peel s’éloigner en kart. Le Karting a été inventé aux Etats-Unis durant les années 50, à partir de moteurs de tondeurs à gazon ou de tronçonneuses. Les années 60 voient sa popularité gagner le grand public en Europe, particulièrement en Grande-Bretagne et en France. Le sport de courses de Karting, souvent antichambre de la Formule 1, se structurèrent durant les années 70. o L’addiction au danger décrite dans l’épisode est reconnue par le milieu médical et est liée à l’accoutumance à une drogue naturelle, l’adrénaline, dite « hormone du stress ». L’adrénaline est libérée par le système nerveux (glande adrénale), en cas d’excitation liée à la perception d’un péril ou durant l’exécution d’un sport extrême. On reconnaît de fait cette addiction parmi les amateurs de Course automobile ou de sauts à l’élastique, etc. A terme l’émission régulière d’adrénaline entraine hypertension et troubles cardiovasculaires. o Afin d’intéresser Robertson, Mrs Peel se prétend adepte de la phrénologie. Il s’agit d’une théorie, développée au XIXème siècle, selon laquelle le caractère est influé par les bosses du crane, prédisposant la vie des individus. Rapidement identifiée comme pseudoscience, la phrénologie fut néanmoins à la base de classifications détaillées du crane qui aidèrent à la naissance de la médecine légale. Steed a remarqué ce penchant chez Robertson et conseille donc à Emma de capter son attention en lui montrant ses bosses (bumps), mais cette phrase contient bien entendu un évident second degré ! o A plusieurs reprises Steed qualifie l’attitude de Lamble de chicken running. Il s’agit d’une référence à l’expression anglaise Running around like a chicken with its head cut off. Elle fait écho à l’attitude réelle ou supposée des poulets à encore se débattre après avoir eu la tête tranchée et désigne, d’une manière imagée, une attitude illogique et improductive. Le titre du film Chicken Run (2000) y fait également allusion. o Parmi les allusions historiques, Steed cite le Passe de Kyber. Il s’agit d’un passage stratégique dans les montagnes séparant l’Afghanistan du Pakistan. Alexandre passa par ce chemin lors de sa tentative de conquête des Indes et elle fut le théâtre de nombreux affrontements au cours des siècles. L’armée britannique y installa de grandes fortifications, destinées à interdire protéger l’accès au sous-continent. o Parmi les nombreux tableaux de bataille présents dans le musée, on remarque The Charge of the Light Brigade du peintre anglais Robert Hillingford (1828-1904). En effet, durant la saison 5, entouré du le même cadre il ornera le décor central de l’appartement de Steed ! o Hillingford était un spécialiste de la reconstitution de batailles, notamment napoléoniennes. Ici l’artiste représente en 1899 la charge héroïque, mais désespérée et absurde, de la cavalerie anglaise contre les canons russes durant la bataille de Balaklava (1854, guerre de Crimée). Cette action fut popularisée par un poème d’Alfred Tennyson, cette même année. Acteurs – Actrices o Terry Plummer a participé à de nombreux épisodes (neuf) mais ne figure pas toujours aux génériques. Il a également été cascadeur dans des James Bond : Bons baisers de Russie, Goldfinger, On ne vit que deux fois, L'espion qui m'aimait. o Rocky Taylor (1946), qui a participé à de nombreuses doublures, a été bloqué dans un bâtiment en flammes durant une cascade sur le tournage du film Un justicier dans la ville 3 en 1985 avec Charles Bronson. Il s'est fracturé le dos et le bassin en sautant et fut brûlé sérieusement. Il travaille depuis cet accident à la coordination de cascades. o Nigel Davenport (1928) a fait une autre apparition remarquée dans la série : Double personnalité (saison six). Il a tourné à la télévision dans Le Saint (deux épisodes), Les règles du jeu et au cinéma dans L'attentat, L'île du Dr Moreau, Les chariots de feu entre autres. o Fabia Drake (1904-1990) était une amie de Lord Olivier. Elle a tourné dans Le Saint (deux épisodes), Le prisonnier, L'homme à la valise, L'inspecteur Morse. Elle joue le rôle d'une nonne dans le film policier L'année du dragon avec Mickey Rourke. À noter que… o Traductions bizarres (prises au hasard) : "beatniks" devient "blousons dorés" et "show him your bumps" ["montrez lui vos bosses", littéralement] devient "il s'intéresse beaucoup à l'anatomie !" dans la VF ! Vive la VO ! o Couac diplomatique : la VF fait référence à la participation (déterminante) des Français à la bataille d'Inkerman, mais pas la version originale qui stipule que 9 000 Anglais sont venus à bout de 40 000 Russes : quelle ingratitude ! o Les éditions Blu-ray française et britannique présentent beaucoup de grain dans l’image – comme c’était le cas pour la version DVD Optimum. Par exemple, le passage où Mrs Peel entre dans la pièce des Roses noires où se trouve déjà Steed. Malgré ce problème d’image récurrent, il est possible que les deux versions ne soient pas les mêmes ; en effet, quelques autres défauts d’images et de son de la version française ne sont pas apparents sur la britannique : à droite, lorsque Robertson présente Mrs Peel à ses congénères, brèves griffures sur les lèvres de Steed lorsqu’il déballe les chocolats et une baisse de son importante en VO lorsque Steed répond à Robertson qu’il préfère terminer son ‘excellent brandy’ puis à Mrs Peel ‘I’m going to inspect the premises’ et ’ good luck’. o Comparaison Studio Canal/Optimum (par Denis Chauvet): - Il n’y a pas de coupe sur l’édition française et l’image est d’assez bonne qualité. Parfois pas très nette dans les contours des visages mais elle a manifestement moins de grain que l’édition Optimum. Par contre, la version britannique a pratiquement supprimé toutes les impuretés (elles sont nombreuses) de la version française à l’exception des images d’archives et des brèves griffures sur les lèvres de Steed lorsqu’il déballe les chocolats, défaut absent sur l’édition Canal (la fameuse scène de la boite de chocolats que j’ai passée plusieurs fois pour comparer la qualité d’images des deux versions).
Fiche de Les Chevaliers de la mort des sites étrangers En anglais
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LA DANSE MACABRE Steed has two left feet – Emma dances with danger Tournage : 25 octobre au 12 novembre 1965 Diffusion : ITV, 5 février 1966 – 2e chaîne ORTF, 4 juillet 1967 Scénario : Robert Banks Stewart Réalisation : James Hill Eunice Gayson (Lucille Banks), Maurice Kaufmann (Ivor Bracewell), Carole Gray (Nicki), Larry Cross (Chester Read), James Belchamber (Arthur Peever), John Woodnutt (Captain Noble), Alan Gerrard (Fintry), David Kernan (Piedi), Colin Ellis (Bernard), Graham Armitage (Huggins), Charles Hodgson (Syder), Ronald Govey (Bank Manager), Michael Peake (Willi Fehr). Résumé Le corps d'un homme est retrouvé dans le landau que poussait un agent ennemi. Deux indices intéressent les Avengers : un tatouage et un smoking de location. La piste mène à une école de danse. Mrs Peel se fait engager comme professeur et Steed passe pour un célibataire désireux de parfaire son éducation artistique. L'école est en fait une couverture pour infiltrer des espions sur le sol britannique : des célibataires anonymes et solitaires sont remplacés par des agents ennemis. Épilogue Steed et Mrs Peel s'éloignent en dansant dans la pénombre. Épilogue très romantique sans moyen de locomotion cette fois-ci ! CRITIQUES
Denis Chauvet 4 août 2004 Pourquoi mettre trois melons à un épisode lorsqu'on considère que l'intrigue est confuse, la musique pénible et le thème (la danse) rébarbatif ? C'est ce qui fait tout le charme de la série ! En effet, La danse macabre mérite trois melons pour les personnages, les répliques et les situations plus cocasses les unes que les autres. Qui n'a pas encore compris que l'histoire est secondaire dans les Avengers ? Trois personnages excentriques donnent un cachet à cet épisode. Fintry, le tatoueur et son saucisson à l'ail, est un classique. Il voudrait bien s'occuper de Mrs Peel en lui tatouant une jarretière "engraved garter around your left leg" ou des boutons de rose "pretty pink rosebuds, one on each". Cette dernière réplique est en fait la devil mind de l'épisode ! À noter la traduction difficile lorsque Fintry évoque le trop long tatouage effectué sur un maigrichon ; la VF a la version "Qu'est ce qu'une maison sans l'amour infini d'une mère ?" raccourcie en "Qu'est ce qu'une maison sans l'amour ?" ! La version originale est bien plus drôle : "What is home without a mother's loving touch?" devient "What is home without a moth ?" ["a moth" est une mite]. Piedi, le fétichiste des pieds, est tout aussi délirant ! "Piedi never measures, he moulds !". Il tombe en extase devant les pieds de Mrs Peel et les personnifie "They are a poem". Enfin Chester Read, le cerveau de l'affaire, admirablement interprété par Larry Cross, est un "méchant" surprenant qui feint d'être continuellement saoul tout en dirigeant un orchestre composé de musiciens en carton à son image ! D'autres scènes sans aucun rapport avec l'intrigue méritent l'attention : le capitaine Noble, aphone, siffle en morse pour se faire comprendre ; Steed déplore que Mrs Peel ait gâché de la bonne bière "Hate to see good beer going into orbit !" ; la réplique de l'employé de location de vêtements qui se vante d'habiller tout le pays "We dress the entire nation. Without us, Ascot race week would look like a nudist convention !" et, pour finir, les échanges savoureux entre Mrs Peel et Steed: "Destroy it", "Eat it" (en parlant du saucisson)/" You're number nine", "and you're dancing with garlic sausage". Nous avons ensuite une réplique en franglais de Steed ! "I neufed his soixante" veut sûrement dire qu'il a changé le six en neuf, mais dans ce cas "I neufed his six" aurait été plus approprié ! Le titre français est bien plus sérieux que le titre original, mais peut se comprendre par les scènes violentes qui accompagnent les meurtres de Huggins, Fintry et Bernard. La règle est néanmoins respectée : pas une goutte de sang même lorsque Willi Fehr se traîne sur plusieurs mètres ! Très peu de passages en extérieur mais ils sont très réussis. L'introduction est aussi loufoque que celle de Maille à partir avec les taties et Steed en as du ball-trap fait mouche. Sans oublier la fausse porte qui fait froid dans le dos (à en perdre son melon) ! Les inconvénients de l'épisode sont néanmoins nombreux : il n'est pratiquement tourné qu'en studio, la musique de l'école de danse n'a rien d'Avengers, la bagarre finale n'est pas convaincante et l'intrigue n'est pas crédible. EN BREF : En faisant abstraction d'éléments pourtant essentiels dans n'importe quelle autre série, on passe un agréable moment en regardant Quick-Quick Slow Death, un épisode intéressant pour tous ses à-côtés drôles et surréalistes. Comment trouvez-vous Steed avec un chapeau napoléonien ?
Steed3003 14 mai 2006 Après des Aigles mitigés, Robert Banks Stewart écrit son second épisode pour la série : Danses macabres. Les reproches déjà formulés pour Les Aigles sont valables : le schéma déjà usité tant de fois lors de cette quatrième saison est réutilisé. Nos deux agents vont, pendant tout l'épisode, tenter de démasquer une organisation secrète. Il s'agit cette fois d'une école de danse infiltrée par des espions soviétiques. Comme pour Les Aigles, on pourra regretter de n'arriver que trop lentement dans cette école de danse, même si le début de l'épisode est nettement moins ennuyeux et bavard. L'intrigue en elle-même est plutôt bien menée, réservant quelques jolies surprises : la porte qui donne sur le vide, la réapparition de Peever, les différents engrenages se mettant en place contre Steed… Néanmoins, elle manque cruellement d'originalité. Ce qui fait tout le charme de cet épisode, c'est son humour. En effet, celui-ci a rarement été aussi présent dans la saison, à l'exception notable de Maille à partir avec les taties. On retrouve dans les personnages, les situations et les dialogues cet humour british unique à la série. Cet épisode contient quelques moments parmi les plus comiques de la série : notamment l'inoubliable passage de Mrs Peel chez Piedi, un fétichiste des pieds. On retrouvera dans Comment réussir un assassinat ? un fétichiste du nez pour une scène toute aussi fantastique. L'univers de la danse paraît inexploité : pourquoi ne pas avoir osé faire un épisode entièrement musical par exemple ? En effet, le thème de la danse ne reste finalement que cadre de l'action dans cet épisode. En bref, un scénario aussi faible que les Aigles, mais rattrapé par un humour irrésistible et des dialogues au diapason. James Hill, un des meilleurs réalisateurs sur la série, fait comme toujours du très bon travail : une mise en scène sobre mais efficace. Tout à fait à l'aise avec les scènes de pure comédie, il sait parfaitement mettre en relief l'humour dans cet épisode. Il le prouve avec la scène du combat final complètement délirante. On regrettera néanmoins le manque d'ampleur des scènes de danse, filmées de manière plutôt convenues. Un point noir d'autant plus dommageable que les deux acteurs stars de la série se montrent extrêmement à l'aise dans des danses perses et variées. Par ailleurs, l'interprétation est de haute volée. Tous les acteurs, soutenus par d'excellents dialogues, apportent un vrai charisme à leur personnage. Steed s'entraîne avec succès au tir au début de l'épisode avec des cannettes de bière ! Par ailleurs, les pieds de Mrs Peel seraient de véritables œuvres d'art "jusqu'au bout des ongles" selon le chausseur Piedi de l'épisode. Y a-t-il une once d'imperfection dans cette femme ? Enfin, Mrs Peel se révèle être une danseuse hors pair, maîtrisant la rumba et le cha cha cha aussi bien que le fox trot ! Les décors de cet épisode, la salle de danse surtout, sont légèrement mieux conçus que la moyenne médiocre de cette saison. Mrs Peel est plus élégante que jamais dans cet épisode, avec de nombreux ensembles noir et blanc (dont une superbe fourrure) tous plus craquants les uns que les autres. À noter que, lors d'une courte scène, on voit Steed essayer plusieurs sortes de chapeaux, pour revenir finalement à son chapeau melon ! Élément essentiel ici, la musique reste efficace mais manque terriblement de fantaisie, à l'image des scènes de danse émaillant cet épisode. EN BREF: Danses Macabres est avant tout un épisode très drôle. On regrettera que l'intrigue manque d'originalité et que l'univers de la danse soit relégué au second plan.
Estuaire44 27 avril 2013 Danse macabre constitue un exemple parfait du style caractérisant désormais les Avengers en cette quatrième saison. Sur un fond toujours teinté d’espionnite, viennent se greffer une kyrielle de gags flirtant volontiers avec l’absurde, ainsi qu’un sens aigu du design et du tempo de l’action. Ainsi toute la première partie du récit, jusqu’à l’arrivée dans l’école de danse, prend l’allure d’une succession accélérée de mini sketchs. L’emploi d’une succession de percutants Excentriques s’effectue de manière optimale, avec des séquences courtes et incisives, au lieu d’une prolongation contre productive car répétitive, comme cela a été le cas pour le Jonah de A Surfeit of H2O. Une brève reprise de ces figures viennent ensuite agréablement pimenter l’intrigue principale, sans parasiter ou prendre le pas sur celle-ci. Robert Banks Stewart manifeste un indéniable art de la narration ! Les Excentriques les plus marquants illustrent à merveille les fondamentaux de la période, comme la satire de la société traditionnelle britannique (les tailleurs) ou le subtext sexuel fétichiste (Piedi), tandis que les autres versent dans une irrésistible comédie au non sens très anglais (le militaire aphone s’exprimant en Morse, le guichetier ou le tatoueur jovial). Parfois on risque la surchauffe, comme l’excellente introduction en partie gâchée par l’impossibilité manifeste d’un adulte tenant dans un berceau (le plus grand à l’intérieur étant réservé au Docteur), mais ce versant de l’histoire apparaît dans l’ensemble parfaitement maîtrisé. Robert Banks Stewart sait trouver un second souffle en abordant le second grand temps de l’intrigue, lors de la découverte de Terpsichorean Training Techniques. Sans s’embarquer dans un descriptif complet du monde certes passionnant de la danse de salon, ce qui serait hors sujet, l’auteur nous livre quelques instannés réussis de ce petit univers, avec ces messieurs en mal d’affection, finalement plus touchants que ridicules, ou un envers du décor plus cynique. Surtout il sait doser ses effets, ne délivrant que progressivement la révélation de la machination en cours afin de préserver le suspense. On pourrait objecter que le procédé de substitution est absurdement compliqué à mettre en œuvre et généré plus de risques qu’autre chose, mais cela fonctionne idéalement dans le monde très décalé des Avengers. La mise en scène sait tirer un joli parti de décors élégant, avec le design toujours si subtil d’Harry Pottle : salon de danse peuplé de personnages en trompe l’œil ou salle de détention du traître, en définitive très étrange, ou réalisme convaincant des échoppes des Excentriques, faisant rejaillir la bizarrerie de ces derniers. La musique de Laurie Johnson se montre délicieusement satirique car tout à fait sucrée et vieillotte, mais résulte un tantinet répétitive à la longue. James Hill réussit quelques morceaux de bravoure, avec la cavalcade derrière le landau, la porte donnant sur le vide, la confrontation dansante et légère ou encore ce tag conclusif si romantique et parlant. De fait l’ensemble de Danse macabre apparaît comme un agrégat finement agencé de scène aussi supérieurement écrites que mises en scène. L’opus bénéficie également d’une interprétation haut de gamme, avec bien tendu la présence d’Eunice Gayson comme attraction principale. Les amateurs de 007 apprécieront évidemment de retrouver celle qui demeure la toute première des Bond Girls (Sylvia Trench et non pas le boulet nommé Honey Rider) et la seule à apparaître dans deux films, tandis que les scènes communes avec Diana Rigg renforcent encore ce sentiment. Mais, au-delà de l’effet de curiosité, l’actrice, aussi élégante qu’expressive, accomplit une grande performance et demeure l’une des grandes invitées de cette saison. Carole Gray apporte une vraie sympathie à sa Nicki, dont aucune réplique n’est inutile, tandis que Larry Cross se montre absolument hilarant en chef d’orchestre pompette. Jouer sur sa personnalité mystère de chef de gang résulte quelque peu inutile et transparent, amis qu’importe, l’important est ailleurs. Tous les autres seconds rôles se montrent idéalement survoltés et savoureux, en parfait diapason avec le récit. Les Avengers ne sont pas en reste, avec un Steed s’amusant visiblement beaucoup, comme à l’accoutumée, avec son identité d’emprunt du jour. On admirera le naturel et l’allant de Patrick Macnee en homme du monde et parfait gentleman, si fringant en que de pie et haut de forme à la Arsène Lupin. Ses dialogues restent toujours irrésistibles, notamment lors de l’improvisation du carnet de bal ou de la rencontre avec Lucille. On remarque qu’il n’oublie pas ses ficelles, mettant un terme aux interrogations d’Emma par une invitation à la danse, tout comme pour Vénus Smith dans La boite à trucs. Mrs Peel paie de sa personne comme rarement, on apprécie particulièrement ce retour au premier plan, après deux opus où elle figurait bien davantage en retrait (Petit gibier pour gros chasseurs et Maille à partir avec les taties). On ne peut s’empêcher d’imaginer ce que cette éprouvante infiltration de l’école de danse, tut en souries et courbettes, aurait donné avec Cathy Gale ! Hill semble aussi s’amuser à doter la grande Diana Rigg de cavaliers toujours plus petits de 20 bons centimètres ! EN BREF: Un excellent opus, illustrant à merveille comment la série parvient à susciter un ton original et irrésistible en entremêlant espionnite, action, humour fantaisiste et style. Un grand classique de cette saison, encore embelli par la délicieuse Eunice Gayson. VIDÉO INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES Tournage o Les scènes de rues du début de l'épisode furent tournées à côté du studio (Shenley Road, Borehamwood). o Le lieu-dit de l'accident de poussette est "The Rise" à Borehamwood. Continuité o Fintry a le temps de graver sur son saucisson une longue phrase alors qu'il vient de recevoir une balle dans la tête "killer has rose tattoo on right wrist". o À noter qu'il s'écoule quatre jours entre les deux visites de Steed à la banque (19 et 23) : un peu long... o Lorsque Willi Fehr, blessé, se traine vers le téléphone, il laisse tomber sa cravate qui a servi à étrangler Noble mais lors du plan large, la cravate n’est pas visible. Détails o Mulberrys Bank Limited est la banque de Peever. Il habite "Mackidockie Street" (rue qui réapparaît dans Remontons le temps : "Mackidockie Court"). o Le même panneau apparaît dans l’épisode How to Succeed….at Murder. La plupart des noms de sociétés sont identiques, comme Gordon Jacksons Ltd. Seuls les noms clés changent. o Steed se présente comme "Jonathan Steed. British by birth, nature and incarnation". Patrick Macnee s'est fait naturaliser américain en 1959... o La musique particulière de cet épisode revient brièvement dans Un petit déjeuner trop lourd. o "Terpsichorean Training Techniques" est le nom de l'école de danse. La devise est "dancing feet are happy feet". o Royal Ascot (évoqué dans l'épisode) est une réunion hippique mondialement connue datant de 1711. Cette tradition britannique dure cinq jours et ne se focalise pas seulement sur les courses de chevaux. L'élégance et la sophistication sont également au rendez-vous. o Piedi signifie 'pieds' en italien. o Le titre original est un clin d’œil au système de danse Quick Quick Slow, souvent désigné par l’acronyme QQS. Il s’agit d’une annotation des mouvements des danses de salon, très pratiqué pour l’enseignement. o Le titre français fait lui référence à une représentation théâtrale ou picturale de la Mort, présente au Moyen-âge et jusqu’au XVième siècle. Ce genre, notablement développé par les ordres mendiants, montraient la Mort entrainant tous les membres de la société, y compris, et anéantissant toutes les vanités. On trouve de telles fresques dans de nombreuses églises d’Europe. o Le nom Terpsichorean Training Techniques fait référence à Terpsichore, la Muse de la danse dans le panthéon grec. o Steed est amateur de mild ale (ou mild beer), dont il accompagne son déjeuner). La mild ale est une bière remontant au XVIIème siècle. A base de malt de doux, cette bière pale était servie très jeune et souvent très alcoolisée. Elle fut très populaire dans les pubs jusque dans les années 60, avant de pratiquement disparaître en faveur des bitters. Malgré un léger regain actuel, elle reste quasiment inconnue en dehors de Grande Bretagne. o Pidi imagine Emma Peel en Wellington boots, il s’agit de traditionnelles bottes étanches en caoutchouc. Elles furent introduites par le Duc de Wellington, inspiré par la cavalerie allemande, et d’abord portées par les officiers et les membres de la haute société. Elles se popularisèrent après la seconde guerre mondiale. Piedi ajoute In the kinkiest black leather, ce qui évoque la chanson Kinky boots, interprétée par Honor Blackman et Patrick Macnee en 1964. Acteurs – Actrices o Eunice Gayson (1931), pressentie pour le rôle de Miss Moneypenny, a finalement joué Sylvia Trench, la maîtresse de James Bond dans les deux premiers films (Dr No – Bons baisers de Russie). o Maurice Kaufmann (1928-1997) a été marié à Honor Blackman. Il a joué dans Ivanhoé, Destination Danger, Le Saint (deux épisodes), L'homme à la valise, Thriller. Il est décédé d'un cancer. o John Woodnutt (1924-2006) est connu pour ses participations à Dr Who. Il a également tourné dans Le Saint, Regan, Les aventures de Sherlock Holmes et Wycliffe. À noter que… o Le titre français sur l’épisode est Danses macabres et pas La danse macabre. o La bible de la série (pas de figurants, pas de gens de couleurs...) ne semble toujours pas en place : en effet, on peut voir de nombreux figurants dans la scène d'intro, ainsi qu'une danseuse orientale lors de la scène chez le tatoueur. o Le manteau noir et blanc de Mrs Peel fait une quatrième apparition consécutive en ordre de diffusion (déjà vu dans Petit gibier pour gros chasseurs, Maille à partir avec les taties et Le jeu s'arrête au 13). Conçu par Alun Hughes, il a pour nom "Chemin". o Il y a beaucoup de grains sur les versions Blu-ray française et britannique ; en tout cas plus que sur les autres épisodes. Peut-être que celui-ci avait une image plus dégradée que les autres. La version DVD n’était pas non plus terrible. o Comparaison Studio Canal/Optimum (par Denis Chauvet): Une image pas très nette dans l’édition Studio Canal, souvent granuleuse (l’interrogatoire de Fehr) et des défauts sont apparents – griffures, saletés sur l’image – comme lors de l’entretien de Steed avec Huggins, le tailleur. Néanmoins, il y a toujours un peu de grain sur l’édition britannique Optimum mais celle-ci est débarrassée des taches, griffures et autres défauts. Il n’y a pas de coupe sur l’édition française. o Coupures de presse lors de la 1re diffusion française.
En anglais
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MAILLE À PARTIR AVEC LES TATIES Steed almost outbids himself – Emma is a bird in a gilded cage Tournage : 4 au 23 octobre 1965 Diffusion : ITV, 21 janvier 1966 – FR3, 18 juillet 1991 en VOST Scénario : Roger Marshall Réalisation : Roy Baker Liz Fraser (Georgie Price-Jones), Alfred Burke (Gregorie Auntie), Bernard Cribbins (Arkwright), David Bauer (Ivanoff), Mary Merral (Old Lady), Sylvia Coleridge (Aunt Hetty), Yolande Turner (Receptionist), Ray Martine (Taxi Driver), Maurice Browning (Russian), John Rutland (Fred Jaques). Résumé De retour de vacances, Steed a la surprise de découvrir qu'une femme blonde a pris l'identité de Mrs Peel. Celle-ci s'avère être Georgie, engagée pour camoufler l'enlèvement. Toutes les personnes ayant eu un contact avec elle tombent comme des mouches, une aiguille à tricoter plantée dans le dos. La piste mène finalement Steed à un cercle de tricoteuses et à un entrepôt d'œuvres d'art volées où des enchères d'objets hétéroclites ont lieu. Mrs Peel est le lot numéro 17 et doit être vendue aux services secrets ennemis, mais Steed est un enchérisseur convaincant... Épilogue Steed et Emma, à l'étroit dans un cabriolet à trois roues, doublent Georgie dans une Bentley identique à celle que possède Steed. CRITIQUES
Denis Chauvet 17 juin 2004 The Girl from Auntie est sans aucun doute l'épisode le plus délirant de la saison N&B Emma Peel. Il faut le prendre au second degré et... compter les cadavres qui s'entassent à un rythme effréné ! Steed et Georgie ont d'ailleurs un échange à ce sujet : "Six bodies in an hour and twenty minutes. What do you call that?", "It's a good first act !". Georgie Price-Jones remplace Mrs Peel auprès de l'agent au chapeau melon, Diana Rigg étant en vacances. Georgie n'a pas du tout le même caractère et son personnage se rapproche plus de Tara King. Elle est espiègle, impulsive ou imperturbable (sauf lorsque Steed se fait passer pour un ancien petit ami de Mrs Peel : "it's ol' loverboy himself !"). Elle est également peut-être un peu plus négligée. Notez comment elle s'essuie les mains sur sa robe blanche après avoir tripoté le homard ! Elle a aussi une remarque drôle en découvrant le livre de Ray Austin : "She (Mrs Peel) must have some very aggressive boyfriends !". La bagarre qui s'ensuit avec la vieille dame souligne le côté parodique de l'épisode. Georgie assure correctement l'intérim mais ne fait pas oublier l'original ! Mrs Peel a un temps de présence évidemment trop court, mais sa tenue en oiseau des îles est inoubliable : la meilleure de la série à mon avis après celle du Club de l'enfer bien entendu ! L'introduction est à l'image de la série ! Une fille en bikini retrouve un homme à tête de cochon, puis apparaît Emma qui se pare dans un manteau rayé noir et blanc déjà vu dans l'épisode précédent. Elle est piquée par la seringue d'une vieille dame ! C'est le surréalisme britannique made in Avengers ! Pourquoi la présence récurrente du taxi ? Le changement de véhicules entre deux scènes est assez incroyable et fait partie des incohérences de cet épisode. Comment Auntie, qui sait tout sur tout, ne reconnaît-il pas Steed par exemple ? Pourquoi la "vieille dame" a-t-elle besoin d'une photo de Steed alors qu'elle lui a rendu visite ? Alfred Burke (Auntie) est un trafiquant d'œuvres d'art convaincant (en tout cas, plus à la hauteur que Max Chessman et le Professeur Swain, les deux "méchants" d'épisodes précédents). Yolande Turner (décédée en novembre 2003) est une réceptionniste "femme fatale" plus agréable que Miss Pegram de la saison couleur. On peut reprocher un temps trop important accordé à Sylvia Coleridge (Aunt Hetty). Steed fait un "one man show" remarquable ; il désire que Georgie lui tricote des chaussettes pas trop voyantes et a une des meilleures répliques de la série durant les enchères : "She (Mrs Peel) looks a bit broody. Can't you have her move about a bit ?". Quelques autres scènes notables : Aunt Hetty et le pistolet à eau/Arkwright, le professeur de tricot, ses airs de poète et sa réplique à Steed : "What are they knitting ?", "A bungalow !"/le "dong" de Mrs Peel dans sa cage et Steed boxant la "vieille dame" ! Un épisode bien britannique où les texans (qui comparent la Tour Eiffel à leurs derricks) et les soviétiques ("Think of the national budget", "decadent Western art") sont tournés en dérision ! Quelques scènes en extérieur intéressantes : l'entrée du bal costumé (avec chant du coq !) – l'aéroport d'Heathrow – l'appartement de Mrs Peel côté rue. La musique particulière avec trompette (et clavecin aux apparitions de la vieille dame) est mélangée avec des airs connus ou des reprises d'autres épisodes (Meurtre par téléphone et Mort en magasin). Par contre, la réalisation est sans originalité à part la scène où le taxi fait le tour du pâté de maisons sous le même angle. Cet épisode démontre, sans sa présence, que Mrs Peel a également une tête bien faite (livre "Basic nuclear physics") et qu'elle a autant de valeur que la Mona Lisa ou la Tour Eiffel. Maille à partir avec les taties est une sorte de pause récréative et délirante dans la saison, et quel téléspectateur masculin n'a pas rêvé d'être le "gros minet" pour croquer le "Titi" dans sa cage ? EN BREF : L'épisode le plus délirant de la 4e saison, à prendre au second degré !
Steed3003 6 juin 2004 Un des épisodes les plus drôles de Chapeau Melon et Bottes de Cuir : les répliques sont excellentes de bout en bout, les gags sont très réussis. La scène du début et ses innombrables cadavres est hilarante. La réalisation ainsi que la musique (voir notamment les hilarantes scènes du club de tricotage) font de cet épisode une pure comédie. Cependant, tournant tout en dérision, l'épisode manque inévitablement de suspense. En effet, le kidnapping de Mrs Peel ne semble pas affoler Steed plus que ça. Il le sera autrement plus dans L'héritage diabolique, Le club de l'enfer, Pandora ou Jeux. Mrs Peel elle-même semble s'en amuser. Cet épisode est déséquilibré. Le scénario lui-même est très conventionnel, seule la auntie tueuse est originale. L'épisode aurait donc gagné à moins miser sur la comédie, car Chapeau Melon a toujours veillé à garder l'équilibre entre humour et suspense. EN BREF : Un épisode bourré d'humour !
Estuaire44 27 avril 2013 The Girl from Auntie présente la particularité d’avoir été visiblement tourné durant des vacances de Diana Rigg. Un phénomène non unique au sein des Sixties, puisque Linda Thorson s’absentera de même en saison 6 (Killer), à l’instar du premier équipage du TARDIS, dont les différents membres prendront tout à tout congé. Mais là où Killer procède à un simple remplacement occasionnel et où Doctor Who se livre à des contorsions scénaristiques pour le moins visibles, Roger Marshall a la géniale idée de prendre le taureau par les cornes et de profiter pleinement de cette opportunité afin de composer un épisode authentiquement décalé au sein de cette saison 4. Il va ainsi écrire une comédie totalement débridée, bouleversant le parfait équilibre entre fantaisie et développement de l’intrigue caractérisant la période. On retrouve ici une dinguerie demeurant toutefois très anglaise, préfigurant par moment les futurs Monty Python. Les gags se succèdent à un train d’enfer, entremêlant avec bonheur différents types d’humour. Il en va ainsi du comique de répétition avec le chauffeur de taxi au mutisme des plus expressifs ou des gags très visuels autour des coups involontairement assénés par Georgie sur la tête de Steed. Mais aussi de l’irrésistible absurde du club de couture et d’Art Incorporated, avec la destruction de la Joconde en point d’orgue ! Pareillement, Roger Marshall introduit un agréable pastiche des ces organisations mondiales du crime peuplant les Sixties, mais aussi et surtout des Avengers eux-mêmes, avec cette succession échevelée et joyeusement macabre de meurtres à n’en plus finir, un procédé scénaristique maintes fois employé au cours de la série. Une belle audace ! On se laisse si volontiers emporté par la tornade que l’on pardonne volontiers quelques faiblesses, comme la prétendue vieille dame tueuse croisant Steed et ne le reconnaissant pas par la suite, ou le recours de nouveau évident à des doublures. La mise en scène parfaitement tonique de Roy Baker se met au diapason et accompagne le mouvement avec entrain, évoquant ainsi idéalement l’excitation endiablée caractérisant le Swinging London, auquel fait référence à point nommé le clin d’œil aux Beatles. L’opus ressort tout à fait dans l’air du temps. On apprécie la vue d’Heathrow et le décorum d’Art Incorporated, même si les autres plateaux paraissent plus communs. Laurie Johnson, comme si souvent, apporte également sa pierre à l’édifice, avec une musique des plus enjouées et un imaginatif recours au clavecin. Mais The Girl from Auntie demeure un épisode d’acteurs, avec les excellents Alfred Burke, Bernard Cribbins et Yolande Turner composant de savoureuses figures tout à fait délirantes et parfaitement dans le tempo. Liz Fraser apporte beaucoup de naturel et de sympathie à son craquant personnage de jolie et valeureuse gaffeuse, n’étant pas sans évoquer le plaisant souvenir de Miss Vénus Smith, la comédienne succédant à la chanteuse. On apprécie vivement qu’elle ait droit aux honneurs du très amusant tag final, une rareté au sein de la série (ce ne sera malheureusement pas le cas pour l’épatante Lady Forbes-Blakeney, une indéniable faute de goût). Patrick Macnee s’épanouit dans ce climat fantaisiste et tonique lui convenant idéalement. Le courant passe parfaitement entre sa partenaire du jour mais aussi les différents invités, pour de nombreuses irrésistibles scènes. Pour rares que restent ses apparitions, Diana Rigg parvient tout de même à les rendre marquantes, notamment grâce à une tenue fort suggestive et à une atmosphère derechef crypto sadomasochiste, avec cette fameuse cage. La jalousie d’Emma Peel demeure toujours un grand moment ! Le rare moment d’intense frayeur, qu’exprime superbement l’actrice à l’évocation du fatal destin promis à son personnage, tombe à pic pour dramatiser l’action et apporter un réel enjeu à cette ébouriffante comédie. EN BREF: Figurer un irrésistible épisode décalé au sein d’une série elle-même aussi hors normes que Chapeau melon et bottes de cuir apparait comme un authentique exploit, que The Girl from Auntie accomplit haut la main. Une comédie à la folie et à la vitalité éminemment Sixties. VIDÉO INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Tournage o La porte d'entrée du bal de charité est également l'entrée du club de golf dans Le jeu s'arrête au 13. Ce lieu est en fait le Dyrham Park Golf Club. o L'épilogue a été tourné sur Buckettsland Lane à Well End. o L'appartement de Mrs Peel est à Londres, High Point 2, North Road. o Le taxi fait le tour d'un bâtiment à la demande de Steed : c'est l'hôtel de ville de Watford. Les bureaux de Barrett, Barrett & Wimpole et le bâtiment Art Incorporated se trouvent aussi à Watford. Continuité o On aperçoit l'ombre du metteur en scène lorsque Steed, Emma et Aunt Hetty se penchent sur les quatre frères. On entend même un "clic" et l'ombre d'un bras bouge ! o Dans la scène finale de bagarre, la doublure de Steed se prend le pied dans la rampe d'escalier et manque de peu de tomber la tête la première. o Steed quitte l'aéroport dans un taxi londonien de 1964 (toujours utilisé de nos jours) mais arrive chez Mrs Peel dans un taxi bien plus ancien. Ce taxi des années 50 fut également utilisé dans Caméra meurtre – saison 1967. o A noter l’ombre d’un micro qui fait des va-et-vient lorsque Steed et Georgie discutent dans le taxi : ‘Six bodies in an hour and twenty minutes !’. o Lorsque Steed ordonne au chauffeur de taxi de suivre la fausse Mrs Peel, la caméra recule et on a la confirmation que tous les plans rapprochés de la séquence sont tournés en studio, en apercevant en haut de l’image qu’une toile de fond au décor londonien est tendue. o Lorsque Steed discute avec Auntie après être entré par effraction, l’inscription ‘lot 65’ sur la ‘Mona Lisa’ a été déplacée de la gauche à la droite entre deux plans. o On remarque facilement le masque porté par l’acteur moustachu, lorsque Steed s’apprête à confondre la ‘vieille dame’ dans le cercle des tricoteuses. o La doublure de Patrick Macnee est utilisée bien trop souvent en particulier lorsqu’il coure sur la pelouse, du taxi à l’appartement de Mrs Peel ; il est évident que ce n’est pas Patrick Macnee. Lorsque Steed et Georgie courent du taxi à la voiture des avoués, ce sont également les doublures. On a la preuve de l’abus des doublures furtivement lorsque Steed se rend avec Georgie au bâtiment comprenant Art Incorporated et Arkwright Knitting Circle : dans le reflet de la vitre, le visage de Steed n’est pas celui de Patrick Macnee (photo à droite) ! Détails o L'agence "Bates and Marshall" fait référence au scénariste Roger Marshall et au créateur de la garde-robe de Diana Rigg, John Bates. o Le livre de self défense (titre : No Holds Barred) que lit Georgie a pour auteur Ray Austin, l'as de la cascade de la série. o Dans le bureau "Art Incorporated", on retrouve la sculpture d'oiseau qui ornera l'appartement de Mrs Peel dans six épisodes couleur. o Steed à la vieille dame qui vient quêter pour les chiens : « Our four legged friends need all the help they can get. Now what will it be, bones or cash?”. Il y a un jeu de mots sur ‘bone’ qui veut dire également ‘argent’. o La devise de "Art Incorporated" est : "the unobtainable obtained". o Comme souvent dans la série, Steed et Auntie portent un toast en français dans la VO : "à votre santé", "à la vôtre" (paroles identiques à l'épilogue de Meurtre par téléphone). o Lady Bracket est avertie par la réceptionniste de ne pas oublier son sac à main. Il s’agit d’une référence à L’importance d’être Constant, le grand classique théâtral d’Oscar Wilde (1895). Lady Bracknell est le principal personnage comique de la pièce, charge satirique contre la haute société. La scène du sac à main demeure l’une des plus fameuses de la pièce, Lady Bracknell y suffoque d’indignation quand le prétendant de sa fille lui indique avoir été trouvé bébé dans un grand sac à main, abandonné à la gare de Victoria. o Le nom d’Ivanov est une référence à l’Affaire Profumo, qui vient de défrayer la chronique, en 1963. Il en effet révélé par le MI5 que John Profumo, secrétaire d’Etat à la Guerre a eu une liaison avec la demi mondaine Christine Keeler, elle même maîtresse de Yevgeny Ivanov, attaché militaire à l’Ambassade d’URSS. Le scandale et les mensonges de Profumo devant les Communes devaient finalement entrainer la chute du gouvernement d’Harold Macmillan. o Dans le journal que lit Gregorie Auntie, il est précisé qu’Ivanov pour des charges allant de haute trahison jusqu’à vol à la tire (pickpocket) ! Il a été emmené à Wormwood Scrubs. Il s’agit d’une importante prison de haute sécurité, située dans l’ouest de Londres. Inaugurée en 1891, elle fut construite par des forçats et conçue par le même architecte que le célèbre établissement pénitentiaire de Sing Sing, aux USA. Elle abrita les locaux du MI5 et du MI8 durant la seconde guerre mondiale et accueillit plusieurs membres de l’IRA durant les années 70. Son impressionnante porte principale est souvent filmée dans les productions anglaises, lors des scènes de sorties de prison. o L’épisode a été tourné en octobre 1965 et la référence aux Beatles fait écho à l’actualité. Les Fab Four sont en effet élevés par la Reine au rang de Membres de l’Ordre de l’Empire Britannique, le 16 octobre, lors d’une solennelle cérémonie au Palais de Buckingham. o La société d‘avoués Barrett, Barrett & Wimpole est un clin d’œil à la pièce de théâtre à succès The Barretts of Wimpole Street (1930), narrant un grand amour vécu par le célèbre poète victorien Robert Browning. Elle fut adaptée plusieurs fois au cinéma etvient de faire l’objet d’un téléfilm de la BBC, en 1961, avec John Neville. En 1982 la BBC l’adaptera cette fois en série télévisée, avec Jeremy Brett. Acteurs – Actrices o David Bauer (1917-1973) qui joue le rôle du russe Ivanoff est un acteur... américain né à Chicago. Il a également joué dans Les petits miracles (saison trois). Au cinéma, des petits rôles dans L'espion qui venait du froid, On ne vit que deux fois, Patton, Les diamants sont éternels et à la télévision dans Le Saint (cinq épisodes), Le prisonnier, Les champions, Département S, Poigne de fer et séduction. o Alfred Burke (1918-2011) a joué dans deux autres épisodes : Dragonsfield (saison un), The Mauritius Penny (saison deux). Il est le professeur Dippet dans Harry Potter (2002). o Bernard Cribbins (1928) est acteur depuis l'age de quatorze ans. Il a prêté sa voix pour des publicités et des dessins animés. Il a touché à tout, même à la chanson. Il a également joué dans Clowneries (saison six). Il a été élevé au rang de Membre de l’Ordre de l’Empire Britannique, en 2011. Durant les années 2000, il connaît une grande popularité en Grande Bretagne, en tant que Wilfred Mott, ultime Compagnon du Dixième Docteur et grand père de Donna Noble. À noter que… o Diffusé pour la première fois en France sur FR3 dans l'émission Continentales en VOST sous le titre Les tricoteuses de la mort. o Le titre original fait référence à d'autres séries connues de l'époque : The Man from Uncle (Des agents très spéciaux) et The Girl from Uncle (Annie, agent très spéciale). Autre référence à The Man from Uncle : on peut lire sur l'affichette attachée à l'arbre lors de la scène d'introduction "MFU Charity Ball". o Référence aux Beatles avec les quatre frères assassinés : John, Paul, George et Fred. o Le numéro des aiguilles à tricoter est une référence à James Bond : les "special double 0". Le double 0 est le permis de tuer pour l'agent 007. o La voiture à trois roues dans laquelle prennent place Steed et Emma dans le tag (dernière scène de l'épisode) est un cabriolet Messerschmitt KR201. o La version DVD kiosque Canal+ est amputée. Il doit manquer quelque chose lorsque Steed rencontre Ivanoff pour la première fois car le dialogue est coupé abruptement ; lorsque Steed revient à AKC (Arkwright Knitting Circle), on a un plan rapide de la réceptionniste tournant sur sa chaise, une arme à la main, et la scène pourrait également être coupée à cet endroit car on a l'impression qu'elle se trouve dans la même pièce que Steed. Le script de Dave Rogers mentionne Steed écoutant une conversation de cette réceptionniste à travers la conduite d'aération. Scène également coupée ou supprimée au tournage ? o Roger Marshall, le scénariste, n’apprécie pas du tout The Girl from Auntie et il ne se souvient pas si Diana Rigg était en vacances pour l’occasion (commentaires de Roger Marshall sur l’épisode Dial a Deadly Number, édition britannique). o Contrairement aux éditions antérieures, la version Blu-ray française ne souffre d’aucune coupe, ni de passage abimé. On a droit dans cette édition à la fameuse scène de thé complète avec la réplique étrange de l'Auntie, car les lèvres ne bougent pas et l’actrice a la tête penchée vers son tricot. Steed dit aussi à Ivanoff qu'il croyait qu’il était en Sibérie et les répliques, absentes de l'édition précédente, sont là : 'Get going' et 'It's all taken care of'. o Comparaison Studio Canal/Optimum (par Denis Chauvet): - L’image Studio Canal est bonne même s’il y a des imperfections ça et là. Notez par exemple une barre verticale persistante à gauche de l’écran lorsque Steed offre le homard à Georgie. L’épilogue est particulièrement abimé avec taches et griffures. Il y a environ une minute de coupe dans la version commercialisée en France et j’ai dénombré trois scènes coupées et un passage monté différemment. - Il manque une quarantaine de secondes lorsque Steed et Georgie prennent le thé avec Tante Hetty dans l’appartement de Mrs Peel ; la vieille dame propose à Steed de lui tricoter un pull en V puis elle parle de ses neveux et dit les avoir vus ce matin après sa séance de tricot. Lorsque Steed lui demande s’ils étaient seuls, la vieille dame répond que non car ils sont toujours tous les quatre ensembles. ‘That could hardly be, there were four of them.’ Une réplique particulièrement étrange car les lèvres ne bougent pas et l’actrice a la tête penchée vers son tricot. Le passage fut donc doublé plus tard. - La version française a une scène mal montée ; Steed sort d’AKC et tombe sur Ivanoff qui vient de quitter Art Incorporated (la phrase de Steed est coupée) puis on revient brièvement sur Arkwright qui dit à son assistance ‘Knitting’ puis de nouveau sur Steed et Ivanoff. En fait, sur l’édition britannique, Steed quitte Arkwright et ce dernier se tourne de suite vers son cercle de tricoteuses et dit en claquant des mains :’This is. Knitting. Teatime’. C’est alors que Steed rencontre Ivanoff ; Studio Canal a coupé la phrase à : ‘I thought…’ et on a la suite sur Optimum : ‘…you were in Siberia.’ - Le montage de cet épisode laisse à désirer et on se demande si certaines scènes n’ont pas été tournées puis coupées au montage ou, au moins, pensées avec un script différent. Ainsi, la réceptionniste, soudainement une arme à la main, tourne sur sa chaise et on a l'impression qu'elle se trouve dans la même pièce que Steed. La scène a dû être pensée autrement –elle est identique sur la version Optimum- car le script de Dave Rogers mentionne Steed écoutant une conversation de cette réceptionniste à travers la conduite d'aération. - Il manque quelques secondes lorsque la réceptionniste déclare que la fausse Mrs Peel doit être éliminée. Elle s’adresse à la ‘tueuse’ invisible et il manque la réplique : ‘Get going’. - Egalement une réplique manquante lorsque la réceptionniste demande à Gregorio Auntie si Ivanoff parlera. Sur la version Canal, il se tourne et on entend ‘hmm’, sur l’Optimum, on a sa réponse en plus : ‘It’s all taken care of’ [Tout est arrangé.] Ce n’est pas exhaustif et il est possible qu’il y ait d’autres petites coupes. Fiche de Maille à partir avec les taties des sites étrangers En anglais
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