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LE CHEVAL DE TROIE

( TROJAN HORSE)

Tournage : janvier 1964

Diffusion : ITV, 8 février 1964 – 13ème Rue, 4 juin 1998

Scénario : Malcolm Hulke

Réalisation : Laurence Bourne

Basil Dignam (Major Ronald Pantling), T.P. McKenna (Tony Heuston), Derek Newark (Johnson), Arthur Pentelow (George Meadows), Geoffrey Whitehead (Rt. Hon. Lucien Ffordsham), Lucinda Curtis (Ann Meadows), John Lowe (Lynton Smith), James Donnelly (Kirby), Marjorie Keys (Tote Girl).

Résumé

Steed se rend dans un haras pour veiller à la sécurité d’un pur-sang appartenant à un émir en visite en Grande-Bretagne, avec lequel d’importants contrats pétroliers sont en préparation. Le frère d’un des jockeys est soudain arrêté pour meurtre, alors qu’il avait contracté d’importantes dettes de jeu. Steed établit un lien avec une série d’assassinats inexpliqués et envoie Cathy enquêter chez le bookmaker du parieur malchanceux. Lui-même découvre que le haras sert d’école du crime pour jeunes gens recrutés par le bookmaker afin de devenir des tueurs à gage. Les Avengers parviennent à démanteler l’organisation alors même que celle-ci désignait Steed comme cible à abattre !


CRITIQUES


Estuaire44 9 août 2008

Le cheval de Troie commence par séduire, grâce à son agréable fenêtre ouverte sur le monde si particulier des courses hippiques. Les portraits des différents acteurs de ce petit univers paraissent très vivants, et on apprécie le recours à un certain jargon technique accroissant la véracité de l’ensemble. L’idée d’une école du crime dissimulée sous une apparence respectable semble également fort plaisante de par sa fantaisie (jolie scène du tableau aux poisons).

Hélas, on déchante très vite ! La faiblesse de la progression dramatique saute rapidement aux yeux, tant il ne se passe quasiment rien au-delà de la description initiale de la situation. On ne se captive jamais vraiment pour cette histoire cultivant l’art du surplace, d’autant que l’intrigue ne ressort pas exempte de certaines facilités. Il demeure ainsi étonnant que le corps de Meadows reste ainsi presque en évidence sous une fine couche de paille, alors que le gang sait que Steed rode dans les parages. Et il faut tout de même un joli concours de circonstances pour que les Avengers remontent aussi vite jusqu’à Heuston ! Tous les rebondissements du récit paraissent de plus singulièrement cousus de fil blanc.

La réalisation de Laurence Bourne paraît parfaitement transparente et n’apporte strictement rien à l’épisode, se contentant de filmer platement des scènes ennuyeuses aux dialogues convenus. Ce calme plat ne se voit même pas troublé par l’habituelle bagarre finale, ici réduite à une dérisoire agitation. Les décors du haras s’avèrent certes très réussis, on ne peut que se lamenter sur ces moyens ainsi gaspillés.

Une considérable exception vient néanmoins concentrer l’attention du spectateur méritant : la riche personnalité de Heuston. Impeccablement interprété par McKenna, celui-ci se révèle un adversaire de grande classe. Sa prédilection et son talent pour les mathématiques, ainsi que sa mégalomanie mêlée de fascination pour le mal, en font clairement un prototype des Diabolical Masterminds à venir. On en reste que plus décontenancé par la désinvolture avec laquelle il est vaincu par Ann, à peine assistée par Cathy Gale. Tout cela pour si peu ? Une fois de plus, l’effet tombe à plat.

Surtout, à côté de lui ne demeure qu’un désert. Aucun autre personnage secondaire n’éveille réellement l’intérêt car tous s’avèrent bien trop schématiques. Le duo Steed-Ann aurait pu susciter des scènes drôles et pimentées, mais il n’en est rien. Du fait de la faiblesse des dialogues et de la fadeur du jeu de Lucinda Curtis, on se situe très loin des étincelles provoquées par la rencontre de Steed et Judy dans l’épisode précédent (La mandragore). La scène avec la guichetière provoque bien plus d’amusement mais reste bien éphémère. D’une manière générale la qualité de l’interprétation se maintient très en deçà de ce que l’on a pu admirer au cours de la saison.

Cathy Gale ne force guère son talent au cours de cet épisode dans lequel elle ne fait pas grand-chose à part servir de secrétaire et de confidente à Heuston. Leur rencontre constitue néanmoins un moment plaisant. Sa scène commune avec Steed aux courses fonctionne très bien mais demeure tristement unique dans un épisode où les Avengers œuvrent séparément pratiquement tout au long de l’intrigue. Heureusement Steed s’avère toujours aussi enjoué, notamment lorsqu’il se montre séducteur bille en tête avec la guichetière. Surtout il devient le personnage que nous apprécierons tant par la suite lorsque, en attente dans une écurie, il se régalera de caviar et de champagne ! Élégant, joyeux et amoureux de la vie, toujours magistralement interprété par un Macnee dominant de la tête et des épaules le reste de la distribution, Steed sort indemne d’un des trous d’air de cette saison.

EN BREF : Un épisode dont le rythme tient plus du cheval de labour que du pur-sang. Demeurent néanmoins une jolie évocation du monde des courses et un adversaire de grande classe !


VIDÉO


Steed et Cathy au champ de courses !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Tournage


Continuité 

o Toutes les bouteilles du bureau de Heuston sont dépourvues de bouchon. Il s’agit clairement d’accessoires ! (25’37’’) :


Détails

o Ann n’a pas encore atteint la majorité nécessaire pour prendre en main le haras à la disparition de son père. Cela signifie qu’elle n’a pas encore 21 ans, âge légal de la majorité au Royaume-Uni à cette époque. Jusqu’en 1928, les femmes devaient y attendre jusqu’à 30 ans pour l'obtenir ! Le Royaume-Uni abaissera la majorité légale à 18 ans en 1969, la France seulement en 1974.

o À Meadows, qui propose ironiquement que Sebastian soit hébergé par le Premier Ministre, Steed répond avec le sourire que le 10, Downing Street est une bien petite maison. En effet la résidence et cabinet de travail du chef du gouvernement britannique, à la célèbre porte noire, ne constitue extérieurement qu’une maison parmi d’autre de cette rue donnant sur Whitehall. L’intérieur reste cependant d’un luxe considérable ! Les Premiers Ministres y résident depuis 1735, quand Walpole s’y installa après un cadeau offert par le roi George II. Il s’agit officiellement de la demeure du Premier Lord de la Trésorerie mais les deux fonctions sont confondues. George Downing, bâtisseur de la rue portant son nom, était le maître espion de Cromwell, chargé de la surveillance de Charles Stuart. Il édifia une vraie fortune dans l’immobilier, Downing Street constituant le couronnement de sa carrière d’entrepreneur (1660).

o Le haras est protégé notamment par du fil de fer barbelé électrifié. Ce matériel, autorisé en Grande-Bretagne et aux États-Unis, est rigoureusement interdit en France, du fait des risques encourus si une personne y demeure accrochée.

o La règle décrite pour donner un nom à un cheval (s’inspirer des géniteurs) est valable en Grande-Bretagne mais pas en France, où à chaque année correspond une initiale obligatoire selon l’ordre alphabétique. Ainsi les poulains nés en 2007 ont un nom débutant par un T, un U pour 2008. Les purs-sangs, déjà parfaitement référencés par ailleurs, sont dispensés de cette obligation légale.

o Parmi les poisons évoqués par Johnson durant son cours figurent l’arsenic, le cyanure et la strychnine, dont les noms sont marqués au tableau.

o Dans un pays passionné par les paris, les bookmakers exercent une activité tout à fait légale. Leurs domaines les plus traditionnellement importants sont les courses de chevaux et de lévriers, mais on peut prendre des paris à peu sur tout et n’importe quoi (y compris sur la durée de vie de couples de VIP ou si un jour on trouvera de la vie sur Mars !). Ce secteur très dynamique, aux sociétés souvent cotées en Bourse, a su négocier le virage de l’Internet et on peut désormais très facilement parier en ligne. Cette activité est davantage encadrée en France, avec par exemple le Pari Mutuel Urbain pour les courses de chevaux ou La Française des Jeux. Sous la pression de Bruxelles les autorités françaises doivent progressivement libéraliser le secteur, y compris sur Internet.

o Kirby se rend à Paris pour assassiner un certain Patrice Dubois, habitant 17, avenue de la Grande Armée. Cet actionnaire principal part tous les matins pour le Bd St-Michel, via les Champs-Elysées, la Place de la Concorde puis le Bd du Palais.

o Sous couvert d’accompagner un cheval, il va loger à la résidence Goujon, à Chantilly. Cela semble logique, cette vile de l’Oise comportant un des plus importants hippodromes de France. Une première course s’y déroula en 1834, mais les gigantesques Grandes Écuries du Prince de Condé, le jouxtant, (186 m de longueur) y furent bâties en 1719. Elles sont considérées comme les plus belles du monde et contiennent le Musée du Cheval Vivant, inauguré en 1982. Depuis 1836 ce haut lieu de l’hippisme européen voit se dérouler le prix du Jockey Club, la deuxième course de galop la plus prestigieuse de France, derrière le Prix de l’Arc de Triomphe.

o Kirby a besoin d’un passeport pour se rendre en France, le Royaume-Uni n’intégrant la Communauté Européenne qu’en 1973, du fait de refus successifs du Général de Gaulle.

o The Daily Mirror : Lynton Smith, puis le Major, lisent le Daily Mirror (12’48’’). Fondé en 1903 par le magnat de la presse Alfred Harmsworth, entre autre sauveur du Times et de l’Observer. Ce tabloïd, novateur en son temps, connaît un fulgurant succès, avec un pic de popularité précisément durant les années 60, où il est le plus lu du Royaume-Uni. 1964 voit apparaître un redoutable compétiteur avec le Sun de Ruppert Murdoch, qui lui dérobe une part toujours croissante de son lectorat. La suite de l’histoire du Mirror, incapable de se renouveler, n’est plus qu’un long déclin tandis que le Sun, davantage sensationnaliste et à la fameuse page 3, se vend désormais bien plus que la presse nationale (deux fois plus que le Times). Aujourd’hui le Mirror est lu par à peine 1,7 millions de personnes, contre 5 en 1964. Il a de plus été décrédibilisé par la publication en 2004 de fausses photographies montrant de supposées exactions britanniques en Irak. Il demeure néanmoins un élément important de la culture populaire britannique.

o Quarantaine : Meadows et Pantling se plaignent auprès de Steed de la quarantaine qui prive Sebastian de la compagnie du chien du Sultan. Effectivement la Grande-Bretagne a longtemps maintenu une quarantaine stricte de six mois pour les chiens entrant sur son territoire, par crainte de la rage. Cette règle, remontant à 1922 où la rage fut déclarée éradiquée en Grande Bretagne, ne souffrait aucune exception, que cela soit pour le corps diplomatique, les visites officielles (comme dans l’épisode) ou même les chiens pour aveugle ! Cette mesure se révélant ruineuse pour les propriétaires qui en assuraient les frais et se heurtant de plus en plus à l’opposition d’associations écologistes, elle fut finalement allégée en 2002, par Tony Blair. Il en avait fait un engagement électoral, aucun des 200 000 chiens et chats mis en quarantaine durant les 25 années précédentes ne s’avérant porteur de la rage ! Les animaux doivent cependant détenir un passeport sanitaire en bonne et due forme. (Pet passport)

Acteurs – Actrices

o Basil Dignam (1905-1979) a fait une de ses dernières apparitions dans Un chat parmi les pigeons (saison 7, TNA). Il a tourné auparavant dans un grand nombre de séries britanniques à succès : Sir Francis Drake, Le Saint (deux épisodes), Destination Danger, Le Prisonnier, L'Homme à la Valise (deux épisodes), Les Champions, Département S (trois épisodes), Paul Temple, UFO, Jason King, Amicalement Vôtre, L'Aventurier, Poigne de Fer et Séduction, Regan… Il s’est spécialisé avec succès dans les rôles d’autorité (policiers, militaires, nobles...).

o Derek Newark (1933-1998) a participé à deux autres épisodes de la série : Bons baisers de Vénus (saison 5) et Étrange Hôtel (saison 6). Il a également à son actif de nombreuses apparitions dans des séries britanniques : L'Homme à la Valise (deux épisodes), Le Saint (deux épisodes), Les Champions, Département S, Paul Temple, Amicalement Vôtre, Poigne de Fer et Séduction, Mission Casse-Cou. Il apparaît également dans le mythique premier épisode de Doctor Who : An Unearthly Child (1963).

o T. P. McKenna (1920) a participé à deux autres épisodes : Mort en magasin (saison 4) et Je vous tuerai à midi (saison 6). Très présent au théâtre, cet acteur irlandais a connu une belle carrière tant à la télévision (Le Saint, Doctor Who…) qu’au cinéma (Les Chiens de paille, 1971, Valmont 1989…). À la radio, Thomas Patrick McKenna connaît une grande popularité dans la dramatique à succès de la BBC Baldi (depuis 2000).

o Geoffrey Whitehead (1939) joue également dans Pandora (saison 6). Acteur shakespearien réputé, il est apparu sur les planches dans les plus grands rôles du répertoire. Il a régulièrement participé à des séries télé (Z Cars, Sherlock Holmes…), sa voix si particulière en fait surtout un grand comédien de radio, dans des domaines très divers (Cadfael, Rigor Mortis…).

À noter que…

o Le générique débute par une nouvelle animation du logo d’ABC.

o Un véritable cheval apparaît dans le décor. D’autres animaux vivants figurent dans La loi du silence (saison 2) et L'éléphant blanc (saison 3).

o Il paraît contradictoire de montrer un Steed aussi ignorant en matière hippique, alors que durant cette saison il s’est déjà passionné pour le Polo (Ne vous retournez pas). Par ailleurs il s’avère un cavalier accompli dans La poussière qui tue (saison 4) et convie la perfide Barbara Wakefield à une promenade à cheval (Cœur à cœur, saison 4), tandis que plus tardivement, il sera propriétaire d’un haras et se montrera passionné au point de conserver des photos de ses chevaux au même titre que celles de ses anciennes collaboratrices ! (Le château de cartes, saison 7, TNA).

o Si Steed semble totalement béotien en matière hippique, ce n’est pas le cas pour Patrick Macnee, dont le père fut un entraîneur réputé de chevaux de courses. Alors désargenté, Macnee rapporte d’ailleurs dans ses Mémoires avoir vendu à ses camarades d’Eton les tuyaux obtenus auprès de son père, pour améliorer l’ordinaire. Il alla jusqu’à s’improviser bookmaker en organisant des paris clandestins au sein de la prestigieuse institution. Ce fut d’ailleurs une des causes de son expulsion, avec le commerce de publications pornographiques ! Il fréquenta lui-même à cette époque un bookmaker nommé William Hill dont les hommes de main brutaux rappellent furieusement ceux de Heuston ! Avec les cachets de la série, il offrit un cheval à son épouse Katherine Woodville, qui, elle-même passionnée, ouvrit un haras dans les années 70 (Chapeau melon, 1988). Avec un naturel confondant Patrick Macnee incarne d’ailleurs le spécialiste des courses hippiques du MI6, Sir Godfrey Tibbet, dans Dangereusement vôtre (1985).

o Malcom Hulke (1924-1970) a participé à l’écriture de neuf épisodes : Mauritius Penny, Inter-crime, La naine blanche (saison 2), Concerto, Les fossoyeurs, Les sorciers, Le cheval de Troie (saison 3), Les fossoyeurs (saison 4) et Homicide et vieilles dentelles (saison 6). Il a également contribué à d’autres prestigieuses séries : Pathfinders (en collaboration avec Eric Paice), Gideon’s Way, Destination Danger… Il a principalement collaboré à Dr Who (13 épisodes, sept novélisations). Auteur d’un livre référence, Writing for television in The 70’s, il fut également un ami personnel de Terrance Dicks à qui il mit les pieds à l’étrier avec l’écriture conjointe de Mauritius Penny .

o Laurence Bourne a réalisé trois épisodes des Avengers : L’éléphant blanc, Les petits miracles et Le cheval de Troie, tous durant la saison 3. Il a également apporté sa contribution à plusieurs séries des années 60 (Public Eye, The Troubleshooters, Dr Finlay’s Casebook…).

Fiche du Cheval de Troie des sites étrangers :

En anglais
http://theavengers.tv/forever/gale2-20.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/ gale/322.html
http://deadline.theavengers.tv/GaleS2-20-TrojanHorse.htm

En flamand
http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/gale47.htm

 

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