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Frankenstein s’est échappé (1957)Frankenstein créa la femme (1967)

Saga Hammer

La revanche de Frankenstein  (1958)


LA REVANCHE DE FRANKENSTEIN
(THE REVENGE OF FRANKENSTEIN)

Résumé :

Ayant échappé à la guillotine, le baron Frankenstein, sous l’identité du docteur Stein, s’installe à Carlsbrück où il reprend ses expériences tout en travaillant dans un asile de miséreux. Il a pour objectif d’aider son assistant, Karl, partiellement paralysé, à obtenir un nouveau corps.

Critique :

Second opus des sinistres basses-œuvres de Victor Frankenstein, ce film s’inscrit d’emblée dans la continuité du premier dont il poursuit la scène finale. De nombreuses allusions marqueront cette continuité.

Terence Fisher a construit film après film la figure de Frankenstein et il est ainsi intéressant de suivre les éléments de ressemblance et les nouveautés. Parmi les premiers, la solitude du savant. C’est un poncif invariablement repris par toutes les fictions quel que soit le support. Il veut donner la vie. Tout commence bien et finit mal. Sauf que cette apparente similarité cache une vraie histoire originale et bien construite.

La première originalité c’est la rupture de la solitude mais, contrairement au fadasse Paul Kemple de Frankenstein s’est échappé, Hans Kleve est un confrère qui est venu de lui-même chercher « la connaissance ». Francis Matthews marque d’emblée la rupture avec son prédécesseur. Si les recherches de son maître le troublent, il ne lui en reste pas moins fidèle et n’a pas les scrupules moraux d’antan. Il se préoccupe de technique et de conséquences pratiques. En outre, l’acteur a bien plus de présence et il parvient à exister aux côtés de Peter Cushing toujours aussi brillant.

C’est l’élément de continuité le plus marquant : le prodigieux charisme de l’acteur et l’intensité qu’il met dans son jeu. Une illustration ; lorsque Frankenstein montre à Kleve sa créature et qu’il explique son échec précédent, qu’il nie avoir le moindre regret et qu’il veut sa vengeance. Cushing n’a pas besoin d’élever la voix pour marquer sa détermination. D’autant que Terence Fisher fait l’excellent choix de mettre en relief chaque segment du monologue de Frankenstein avec les réactions sur le visage de Kleve. Un court croquis vaut mieux qu’un long discours !

La créature constitue l’originalité la plus forte. Ainsi, bien qu’elle soit bricolée comme autrefois (soulignons que le décor du laboratoire le montre bien plus grand mais toujours aussi « artisanal » avec ses cornues et ses branchements étranges. Un décor familier et pourtant nouveau), elle a une allure bien plus « normale ». En outre, l’objectif n’est plus de « donner la vie pour donner la vie » si l’on ose dire car la démonstration a déjà été faite. A cet égard, celle que Frankenstein montre à Kleve s’apparente à une amusante distraction entre médecins ! Ici, et c’est une curiosité, c’est l’altruisme qui guide les actes de Frankenstein.

Chaque film explore ainsi une facette différente de sa personnalité. Le baron a une dette envers un dénommé Karl, un homme partiellement atteint de paralysie et il va tout simplement lui transplanter le cerveau dans ce nouveau corps ! Nous sommes en 1860, c’est dire si tout cela relève quand même de la science-fiction ! La rupture est nette avec le premier opus, avec le monstre sans nom. Ici, c’est Karl. Évidemment, tout va pour le mieux au départ avec la longue convalescence. Comme souvent chez lui, Terence Fisher place une scène avec un miroir et c’est une scène capitale.

Est-ce la misogynie qui a inspiré le scénariste mais c’est à cause d’une femme, Margaret, à qui Eunice Glayson apporte sa beauté et sa candeur, que l’histoire va dérailler et la créature échapper à Frankenstein. Néanmoins, le scénario va plus loin car il nous a été dit que le cerveau est le siège des souvenirs. La perosnnalité est donc la même quel que soit le corps. Et l’esprit, l’énergie qui anime ce cerveau si l’on veut rester « scientifique », est-elle maîtrisable, ou peut-elle prendre l’ascendant sur le corps ?

Anecdotes :

  • Sortie anglaise : 17 novembre 1958 Sortie américaine : janvier 1958 Sortie française : 12 septembre 1958. Le film fut annoncé quatre mois après la sortie du premier.

  • Dans le scénario du premier film, le baron est exécuté mais un contrat pour le financement d’un deuxième Frankenstein avait été vendu aux Américains. Jimmy Sangster a alors écrit un flashback et c’est le prêtre qui prend la place de Frankenstein. Cette exécution (que l’on ne voit pas) donne un côté matérialiste et athée au film.

  • Les photos d’exploitation américaine comprenaient un avertissement au public féminin : « Si vous allez le voir toute seule, vous risquez de rentrer chez vous à tombeau ouvert ».

  • C’est en septembre 1957 que la Hammer passe un accord de distribution pour le monde entier avec Columbia.

  • Parmi les pilleurs de tombes, on reconnaît Michael Ripper, un des seconds rôles les plus savoureux de la Hammer. Le chercher dans les films de la firme est un jeu presque gagnant à tout coup.

  • Le film fut un semi-échec au box-office, ce qui pousse les producteurs à stopper l’idée d’une nouvelle suite.

  • Francis Matthews/Hans Kleve : cet acteur britannique a joué dans Dracula, prince des Ténèbres.

  • Eunice Glayson/Margaret Conrad : cette actrice britannique joua dans Zarak le valeureux (1956) avant d’être la première James Bond Girl à apparaître dans deux films : James Bond 007 contre Docteur No (1962) et Bons baisers de Russie  (1963). La suite de sa carrière se déroule à la télévision : Le Saint (1963, 1965), Chapeau melon et bottes de cuir (1966), L’aventurier (1972). Elle quitte la scène au début des années 1990.

  • Michael Gwynn/Karl : acteur britannique (1916-1976), il a joué dans Dunkerque (1958), Le village des damnés (1960), Barabbas (1961), Jason et les Argonautes (1963), Cléopâtre (1963), La chute de l’Empire romain (1964), Les cicatrices de Dracula (1970). Il a surtout travaillé pour la télévision : Great Expectation (1959), Le Saint (1965), Adam Adamant Lives (1967), Chapeau melon et bottes de cuir (1969), Département S (1970), Jason King (1971), Colditz (1972), Angoisse (1974)

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