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Le Viager (1972)Le Grand Blond avec une chaussure noire (1972)

Comédies françaises Années 70

Les Malheurs d'Alfred (1972) par Sébastien Raymond


LES MALHEURS D'ALFRED (1972)

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Résumé :

Alfred poursuivi par une terrible malchance décide de se suicider en sautant dans un canal. Au même moment, une femme plonge également. De leur rencontre, le cours de la vie d’Alfred va basculer. Il lui faudra un peu plus que de la chance pour la conquérir : un vrai parcours sportif.

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Critique :

Le film “Pierre Richard” est un genre à part entière : il a ses formes, ses récurrences, ses forces et ses faiblesses bien entendu, des couleurs, un tempo, un ton qui appartiennent à son auteur / acteur de toute évidence. Et Les malheurs d’Alfred, comme d’autres (Je ne sais rien mais je dirai tout, Le distrait, etc.) en est la parfaite illustration.

Alliant à la fois le comique slapstick, tarte à la crême, un humour physique et très visuel donc et un humour plus poétique, tendre, romantique, mais capable de mordant ironique, osant même la critique politique à l’occasion, ses thématiques se rassemblent autour d’un personnage, toujours le même, un malchanceux, un étourdi, quelqu’un qui vit dans son propre monde, un rêveur, maladroit et utopiste, un clown peut-être ici plus triste qu’à l’habitude. Car dans ses malheurs, il se rend compte que cette déveine lui rend la vie impossible, misérable. 

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C’est un personnage qui trouvera chez des auteurs plus rigoureux, comme Francis Veber par exemple, des situations et des dialogues bien plus percutants. Toutefois, Pierre Richard sait s’entourer de belles plumes et d’esprit on ne peut plus innovants, notamment Roland Topor, un type que beaucoup considèrent comme génial, et je ne suis pas loin de penser comme eux, même s’il me semble ne pas le connaître suffisamment.

Sous l’égide affectueuse et rieuse d’Yves Robert qui joue un petit rôle en forme de clin d’oeil paternel, la réalisation de Pierre Richard reste plutôt neutre. Académique, sans bavure non plus. Le générique est comme souvent dans ses films une oeuvre comique en soi. Avec des animations amusantes et une musique de Vladimir Cosma pleine d’entrain, le générique semble pouvoir donner un bon rythme et son envol au film.

De très bons acteurs viennent proposer quelques jolis numéros. Un Paul Le Person par exemple fait des merveilles. Paul Préboist par quelques apparitions répétées est une sorte de gimmick à lui tout seul fort plaisant. Quant à Pierre Mondy, il est tout bonnement génial, comme d’habitude, en animateur cynique, menteur, obséquieux ou exécrable selon à qui il s’adresse, bien entendu. Il a un beau rôle de salop. Ce type est un très grand, un régal de comédien.

Quelques gags par-ci, quelques idées par-là font malgré tout vivre le film, certes, mais malheureusement, il faut bien avouer que cette vie est par moments bien pâlichonne. Ce n’est pas qu’on s’ennuie, mais la finesse n’est pas toujours au rendez-vous et le scénario s’alourdit, dès lors on a le sentiment que la comédie s’assoupit, que le rythme devient erratique. Parfois cet humour visuel et physique me laisse au mieux indifférent.

Reste que ses multiples diffusions télé dans ma jeunesse ont dû forger un lien affectif particulier, insubmersible qui fait que j’aime ce film : la séquence au commissariat, les scènes de tests ou bien les effets du poison sur Pierre Mondy sont des moments que j’aime toujours autant.

Au final, aujourd’hui je balance entre rires francs et légers bâillements. Ce déséquilibre incompréhensible me fait dire que le film est moyen en somme.

Anecdotes :

  • Le tournage du film a duré deux mois. Réunissant toute une bande de copains, on peut imaginer sans peine que les conditions de tournage étaient excellentes : rires, bonne humeur et plaisir d’être ensemble.

  • Le scénario se veut aussi une critique des jeux télévisés et notamment d’Intervilles que Pierre Richard jugeait trop abrutissant. Le film y fait référence sans aucun détour.

  • Les malheurs d’Alfred (1972) est son deuxième film après Le distrait (1970).
  • Pierre Richard, outre le tournage très plaisant garde le souvenir encore plus souriant de l’écriture du scénario avec Ruellan et Topor. Les fous rires de Topor étaient pour lui galvanisants.

  • Yves Elliot est un acteur extraordinaire capable de s’endormir au milieu d’une phrase. Deux ou trois fois, il s’est littéralement endormi pendant une prise. Ce qui ne manquait d’épater et de faire rire ses camarades de jeu.

  • A midi, les acteurs se pressaient de finir leur repas pour faire une petite partie de pétanque. Or, Mario David était vraiment mauvais à ce jeu. Francis Lax pour le chambrer osa le stopper avant qu’il n’ait le temps de tirer, et alla poser sur la boule à tirer sa montre. Mario David fit pour la première fois de sa vie un superbe carreau, explosant la montre de Lax.

  • Autre joyeux luron, Jean Carmet a osé faire croire à toute l’équipe qu’il était l’âme généreuse qui avait pourvu au petit gueuleton de fin de tournage, collectant tous les remerciements en lieu et place de Pierre Richard.

Séquences cultes :

Combien de sucres ?

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Il m'énerve !

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