Open menu

Mon rêve le plus fou6-09-03Miroirs

GEORGE ET FRED
(WHOEVER SHOT POOR GEORGE OBLIQUE STROKE XR 40 ?)

Steed seeks the equation for a murder - Tara becomes an American

Tournage : Terminé le 17 avril 1968

Diffusion : ITV, 30 octobre 1968 - 2ème chaîne ORTF, 8 novembre 1969 ( La saison 6 a été diffusée aux Etats-Unis avant son passage au Royaume-Uni. La série étant britannique, seule la date de diffusion en Grande Bretagne, région de Londres, est fournie.)

Scénario : Tony Williamson

Réalisation : Cyril Frankel

Dennis Price (Jason), Clifford Evans (Pelley), Judy Parfitt (Loris), Anthony Nicholls (Ardmore), Frank Windsor (Tobin), Adrian Ropes (Baines), Arthur Cox (Anaesthetist), Tony Wright (Keller), John Porter-Davison (Jacobs), Jacky Allouis (Jill), Valerie Leon (Betty).

Résumé

Un intrus tire sur un ordinateur très sophistiqué du ministère qui était sur le point de révéler le nom d'un traître. George, l'ordinateur, entre en salle d'opérations, tandis que Tara se fait passer pour la nièce du suspect.

Epilogue

Steed demande à George la recette d'un cocktail mais le résultat est explosif.


CRITIQUES

6-09-01


Denis Chauvet

Avis : Le thème de cet épisode est d'une stupidité sans bornes mais heureusement que certaines scènes permettent de passer quelques bons moments. Les séquences interminables de l'opération de l'ordinateur sont d'un ennui indescriptible. Le meilleur passage est une excellente scène d'action qui se termine par la chute de Tara dans l'escalier dans une tenue séduisante, beaucoup mieux adaptée que les pantalons trop remplis ou les jupes trop courtes. Tara en nièce de Pelley se débrouille pas mal pour démasquer le coupable. A des années lumières des saisons précédentes…

Avec le recul (nouvel avis, juillet 2011) : Points positifs : la bagarre avec Tara costumée chez Baines, l’infirmière masquée et Steed, c’est le ‘butler’, le coupable comme dans un épisode de l’âge d’or. Points négatifs : tout le reste ! L’intrigue stupide, les opérations de transplantation de l’ordinateur qui servent de bouche-trous, la balle…dans le chapeau, Prunella/Tara bien naïve et deux fois assommée.

0,5 au lieu de 2 ; j’avais été bien trop clément lors de l’élaboration des fiches…

Steed3003 19 décembre 2004

Cet épisode, au titre original par ailleurs bien meilleur, choisit un thème plutôt original, pour son époque bien entendu : la cybernétique.

Il faut bien avouer que si ce thème est original, il est peu séduisant : c'est un des rares thèmes qui a finalement du mal à se frotter à l'univers de la série. Tony Williamson l'exploite de plus très mal. L'intrigue est poussive et avance bien trop lentement. Même si quelque grands moments joyeusement décalés (comme l'opération de George) parsèment l'épisode, il ne se révèle au final guère passionnant. Il est même parfois involontairement drôle ; comme quand par exemple on utilise l'éternelle (et usante) bonne ficelle du mourant qui dans son dernier souffle va révéler quelque chose de capital avec... un ordinateur ! L'épisode manque par ailleurs d'humour, trop peu présent. Seuls les quelques rebondissements, surtout présents vers la fin de l'épisode, et des personnages tous remarquablement bien dessinés réussissent à maintenir l'attention.

La réalisation de Cyril Frankel est plate et peu inspirée : on ne s'étonnera pas que ce soit sa seule réalisation pour la série. Il est aussi peu étonnant qu'il ait ensuite réalisé des épisodes de la toute aussi plate série Les Champions. Il a du mal à saisir l'esprit et le second degré de la série : la première opération de Georges en est symptomatique. On sent qu'il voulait en faire une scène à suspense, alors que on saisit dans les dialogues un second degré évident qui aurait pu donner une bien meilleure scène comique ; même si finalement la scène l'est mais, une nouvelle fois encore, involontairement. Cyril Frankel tente désespérément de donner du rythme à l'épisode avec de nombreux zooms, qui tentent de masquer la vacuité de son travail. Les quelques scènes d'action sont néanmoins bien dirigées. Comme les acteurs d'ailleurs : Dennis Price excelle en majordome anglais, comme Clifford Evans qui nous offre une brillante composition en Sir Pelly. Linda Thorson et Patrick Macnee sont aussi très bons.

On remarquera que Tara King dévale l'escalier la tête la première et s'en tire sans un bleu ! Un des rares délicieux moments de l'épisode est le moment où Tara King se fait passer pour la nièce américaine de Pelly : Prunella (dont elle n'aurait, selon l'aveu même de Steed, que les genoux en commun !) ; un moment un peu gâché par l'accent américain approximatif (dans la VO bien entendu) de Linda Thorson.

On a le droit a un déguisement des plus chatoyants pour Tara King au début de l'épisode, même si il se révèle nettement moins sexy que celui que portait Mrs Peel dans la séquence d'introduction de Maille à partir avec les taties. Les tenues rose bonbon lui siéent aussi très bien... Enfin, on remarquera que Linda Thorson porte le chapeau presque aussi bien qu'Honor Blackman. Les énormes ordinateurs paraissent extrêmement kitsch (d'autant plus quand on a regardé l'épisode sur un ordinateur portable !).

La salle d'opération est très laide, mais les extérieurs de l'épisode (comme la magnifique maison de Sir Pelly, dans lignée des superbes manoirs qui ont jalonné la série) rattrapent des décors manquant, en général, de soin.

La composition d'Howard Blake, qui remplace pour l'occasion Laurie Johnson, est exemplaire : rythmée ou douce, selon les passages, c'est un des points forts de l'épisode.

EN BREF : Malgré quelques bons moments et une excellente interprétation, difficile d'accrocher à cet épisode à l'intrigue poussive et à la réalisation manquant de finesse.

Estuaire44 16 février 2014

Il apparaît intéressant de comparer George et Fred à ce très lointain épisode Cathy Gale qu’est Le Grand Penseur (saison 2). Il est ressort en effet comme un quasi remake avec une situation très semblable autour d’un ordinateur de pointe enjeu d’une conspiration et des traitres présents au sein de l’équipe de recherche, même si les développements de l’action diffèrent grandement. On découvre ainsi un véritable intérêt à cet opus témoignant des progrès rapides accomplis en matière d’électronique, en une poignée d’années. Les années 60 constituent une période pivot en la matière et les tubes à vide, déjà en fin de cycle en 1962, ont ici totalement disparus au profit des transistors, voire des premiers circuits intégrés. Le modus operandi des saboteurs en découle largement et il s’avère amusant de vérifier à cette occasion à quel point l’évolution technologique peut influer sur l’écriture d’un scénario.

La part considérablement accrue de la fantaisie chez George et Fred vis-à-vis du récit d’espionnage classique que représentait Le Grand Penseur apporte également un éloquent témoignage de l’importante évolution connue par la série. Malheureusement cet ajout d’aspect s’avère ici bien inégal. Souvent divertissant  autour de Tara King, le récit multiplie par ailleurs les contre-sens. Si l’amateur de Science-fiction s’amusera en découvrant à quoi pouvait ressembler un récit Cyber durant les Sixties, bien avant la perception moderne des Intelligences Artificielles (les messages de George évoquent d‘ailleurs l’autrement plus pétillant From Agnes – With Love de Twilight Zone), l’interminable développement autour de l’opération chirurgicale ne fonctionne pas. Phénomène déjà observé avec le Jonas de A Surfeit of H2O, l’impact d’un Excentrique s’optimise lors de scènes brefs et marquants, centrés sur lui. Ici l’effet se délaye au fil du temps et des scènes répétitives, se prolongeant sans plus-value. L’idée de Tony Williamson provoque en définitive l’irruption du drama médical dans le Monde des Avengers, pas forcément la meilleure nouvelle qui soit.

En dehors de cette plaisanterie sans cesse davantage éventée, l’essentiel du récit se résume à des va-et-vient pareillement répétitifs, entre le laboratoire et le domicile de Sir Pelley, d’où un rythme bien lent. La plate mise en scène de Cyril Frankel ne tente rien pour dynamiser l’ensemble, malgré la jolie musique d’Howard Blake. L’épisode souffre également d’un manque patent de caractérisation des trop nombreux membres de l’opposition. Cette grave faiblesse  se ressent avec d’autant plus d’intensité que la distribution s’affirme de haute volée, avec de talentueux et chevronnés comédiens, hélas sous-employés. On regrette en particulier que Judy Parfitt achève son brillant parcours au sein de la série sur un rôle aussi limité à un cliché. L’unique exception réside chez le savoureux Loris, dont la qualité de majordome plaisamment caricatural établit de plus une passerelle avec la période antérieure (sans doute un ancien de l’école de What The Butler Saw), mais il ne saurait animer tout ce secteur du récit à lui tout seul.

Toutefois, si Steed réalise une excellente performance, l’opus se trouve une sauveuse en Miss Tara King. Efficace dans l’action, elle apporte surtout un humour précieux et une fantaisie autrement plus convaincante que le laborieux faf médical. Avec nombre de répliques malicieuses et une garde robe pour le moins haute en couleur, dont le spectaculaire costume de Catwoman, Linda Thorson brille par la vitalité qu’elle insuffle à son personnage et qui fait si défaut par ailleurs au récit. L’accentuation de son accent nord-américain nous vaut une divertissante caricature de Yankee. Décidément l’actrice aura su rapidement passer du statut d’encombrant héritage de l’équipe précédent à celui d’atout de la saison.

EN BREF: Le scénario n’exploite que très médiocrement le thème de l’intelligence artificielle et se résume à une succession d’allées et venues. Tara King parvient néanmoins à tirer son épingle du jeu.


VIDÉO


L'opération de George !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

6-09-02

 


Tournage

o La maison de Pelley se trouve à Rossway Park près de Berkhamsted.

o Les bâtiments administratifs du ministère de la technologie sont les studios d'Elstree à Borehamwood.

o Steed est suivi par Jacobs sur Sutherland Avenue à Londres.


Continuité


Détails

o Les titres de l'épisode sont écrits en rouge (en VF comme en VO).

o Le faux Sir Pelley déclare par erreur avoir passé cinq ans à Harwell. Il s’agit d’une petite ville de l’Oxfordshire, auprès de laquelle fut installé le principal centre de recherches nucléaires  britannique, de 1947 à 1990. Plusieurs réacteurs atomiques révolutionnaires y furent conçus, dans les domaines civils et militaires.

Acteurs - Actrices

o Clifford Evans (1912-1985) était un acteur, écrivain et metteur en scène gallois. Il a tourné dans deux autres épisodes de la série : Meurtre par téléphone (saison 4) et La porte de la mort (saison 5). Il fut un des nombreux numéros deux dans la série Le Prisonnier et participa également aux séries Les champions et Le Saint. Il était également grand amateur d'échecs.

o Dennis Price (1915-1973) débuta sur scène en 1937 puis tourna dans des films à succès dans les années 40. Un revers le fit sombrer dans une dépression mais Kind Hearts and Coronets (1949 avec Alec Guinness) fut son meilleur rôle. Il sombra dans l'alcoolisme dans les années 50 et son mariage fut un échec du à son homosexualité. Au début des années 60, il trouva des rôles dans des films de série B puis à la télévision mais en 1967, il fit faillite et se réfugia sur l'île de Sark et tourna dans pratiquement n'importe quoi (dont Vampyros lesbos et Les expériences érotiques de Frankenstein !). Il mourut d'une cirrhose du foie. Il fut considéré comme étant 'very nearly Britain's biggest film star'.

o Valerie Leon (1945) a pris du galon au théâtre puis au cinéma et à la télévision. Elle tourna dans deux James Bond (L'espion qui m'aimait et Jamais plus jamais), quelques films (No sex please : we're British, La malédiction de la panthère rose) mais surtout un film de la Hammer dans un rôle très déshabillé : Blood from the mummy's tomb (1971). Vue également à la TV dans Le Saint, Le baron, Amicalement vôtre, Cosmos 1999 et la série humoristique Carry on. Elle reste dans les mémoires pour toute une série de spots télévisés très populaires, réalisés pour l’après rasage Hai Karate. Elle y brûlait de désir pour un homme falot, mais aspergé du produit : le malheureux devait avoir recours au karaté pour se dégager…

o Anthony Nicholls (1902-1977) est connu pour son rôle de Tremayne dans Les champions (1968-30 épisodes). Il a joué également dans Le Saint, L'homme à la valise, Département S, L'aventurier, Cosmos 1999 et un épisode de la seconde saison : L'école des traîtres.

A noter que…

o Commentaire de Patrick Macnee sur cet épisode : "Les téléspectateurs voulaient voir des femmes. Steed était une sorte d'homme du 18ème siècle avec des femmes du 21ème siècle. Je n'ai jamais eu de problèmes avec ça. L'avantage avec Steed, c'était que les femmes venaient à son aide. C'était tout à mon avantage. Je n'avais pas à être macho." - (source : bonus DVD)

o Commentaire de Brian Clemens sur l'épisode : "C'est un autre exemple de l'avance des Avengers sur son temps. Il est question de cybernétique et de machines toutes puissantes. Pourquoi pas ? L'auteur était très étrange. C'était un dentiste, doublé d'un hypnotiseur. Il était aussi pilote dans la RAF (Royal Air Force) avec un autre auteur des Avengers, Dennis Spooner. Un soir, Tony [Williamson, auteur de l'épisode] lui a extrait une dent sous hypnose ! C'est ce que j'appelle un Avenger." - (source : bonus DVD)

o Howard Blake composa la musique de cet épisode.

o Coupures de presse lors de la 1ère diffusion française.

Télé 7 Jours

Télé Poche

Jours de France

Fiche de George et Fred des sites étrangers

En anglais

http://theavengers.tv/forever/king-5.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/tara/605.html
http://deadline.theavengers.tv/King-06-PoorGeorge.htm

En flamand

http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/king07.htm

En italien

http://www.serietv.net/guide_complete/agente_speciale/stagione_6.htm#134

En espagnol

http://losvengadores.theavengers.tv/tara_george.htm

 

Retour à la saison 6

 

Clowneries6-08-02George et Fred

MON RÊVE LE PLUS FOU
(MY WILDEST DREAM)

Steed is sleepwalking - Tara tries to wake him up

Tournage : Terminé le 1er avril 1968

Diffusion : ITV, 7 avril 1969 - Antenne 2, 21 avril 1988 ( La saison 6 a été diffusée aux Etats-Unis avant son passage au Royaume-Uni. La série étant britannique, seule la date de diffusion en Grande Bretagne, région de Londres, est fournie.)

Scénario : Philip Levene

Réalisation : Robert Fuest

Peter Vaughan (Jaeger), Derek Godfrey (Tobias), Edward Fox (Chilcott), Susan Travers (Nurse Owen), Philip Madoc (Slater), Michael David (Reece), Murray Hayne (Gibbons), Tom Kempinski (Dyson), John Savident (Winthrop), Hugh Moxey (Peregrine).

Résumé

Les membres d'une entreprise sont assassinés les uns après les autres. Par une curieuse coïncidence, Steed est témoin des meurtres. L'assassin est à chaque fois conditionné pour accomplir sa mission et les Avengers suspectent un inquiétant psychiatre. Est-il vraiment le 'diabolical mastermind' ?

Epilogue

Allongé sur le sofa, Steed révèle à Tara qu'il boit du champagne parce qu'il aime ça ! "That's because I like it!".


CRITIQUES

6-08-01


Denis Chauvet

Avis : Un très bon épisode qui bénéficie de nombreux atouts : un 'faux' vilain excellent, une réalisation de tout premier ordre, des décors et des extérieurs variés et plaisants. Cette dernière contribution de Philip Levene à la série est certes violente mais originale, alternant la réalité et la fantaisie dans les scènes de conditionnement avec savoir faire. La musique stressante sied à l'atmosphère et nous assistons à une des meilleures scènes de combat de toute la série. Le personnage pitoyable de Chilcott et la scène finale sont les seuls points négatifs de cette aventure.

Avec le recul (nouvel avis, juillet 2011) : Points positifs : suspense et intrigue intéressants (répétitions des meurtres), Jaeger est plus machiavélique que le véritable ‘méchant’ aux motivations simplistes, l’excellente bagarre pour le calepin au centre optique, la jolie ‘nurse’. Points négatifs : l’amoureux transis pénible (qui me fait penser à deux/trois participants à ce forum), la Rolls bicolore (jaune/vert), les mannequins puérils, la fin vite expédiée.

Toujours trois.

Steed3003 9 décembre 2004

On pouvait craindre le pire de cet épisode : encore une histoire sur le thème éculé de l'hypnose ! Et pourtant...

Philip Levene écrit ici un des épisodes les plus violents (tant moralement que physiquement) des old avengers, mais aussi une de ses meilleures histoires. Son scénario tranche avec le ton bon enfant qui régulait souvent la série. Il exploite le thème de l'hypnose de manière nettement plus convaincante que l'avait fait Robert Banks Stewart pour Les aigles. Philip Levene nous surprend durant tout l'épisode tant par son habileté à piéger le téléspectateur : le meurtre est-il virtuel ou réel ? Il nous surprend également par son schéma narratif (nos deux agents n'arrivent pas par exemple sur les lieux du crime juste après l'écran titre), qui s'écarte quelque peu des standards de la série. Quelle bonne idée d'avoir donné un prétendant à Tara! On s'étonne d'ailleurs que les scénaristes n'aient pas pensé plus tôt au potentiel comique de ce type de personnages! Ce nouvel élément donne lieu à de nombreuses scènes de franche rigolade et permet au spectateur de découvrir les sentiments de Tara King envers son partenaire. L'écriture vive et alerte de Philip Levene donne à cet épisode des airs de films à suspense. De plus, il crée avec le docteur Jaeger (aux séquences d' "agresso-thérapie" hallucinantes) un des meilleurs méchants de la série, car un des plus complexes et des plus terrifiants.

Première réalisation de Robert Fuest pour la série, et première réalisation de celui-ci tout court, et autant dire que ce premier contact avec la série est largement concluant. Un talent est ici véritablement révélé. Comme le scénario, sa réalisation tranche avec celles de la saison précédente. Si ces dernières, par leur grand classicisme, avaient le mérite de vieillir particulièrement bien ; la série paraissait parfois un peu figée et se répétait souvent (voir par exemple les scènes d'attaque dans Meurtres distingués et Le vengeur volant). Robert Fuest travaille ici sur une large échelle de plans ; il réussit le tour de force de donner son propre style à la série (on reconnaîtra facilement ce style dans les autres épisodes qu'il a réalisés) : un montage serré, de nombreux zooms, des scènes filmées la caméra à l'épaule, des champs/contre champ limités au minimum pour les scènes de dialogues, la recherche d'angles inédits... Les scènes d' "agresso-thérapie " sont réalisées de manière diablement efficaces, il en est de même pour les scènes de meurtre. En général, Robert Fuest se montre aussi à l'aise dans les scènes de comédie, que dans les scènes d'action, pour une fois vraiment impressionnantes. La direction d'acteurs est une des meilleures de la série : Peter Vaughan fait ici une composition exceptionnelle dans le rôle de Jaeger, dans un rôle ingrat Edward Fox (Teddy) s'en tire très bien, Philip Madoc (Slater) est épatant en employé frustré. De plus, Linda Thorson est remarquable dans cet épisode, qui lui donne enfin l'occasion d'élargir son jeu ; seul Patrick Macnee déçoit par son léger cabotinage. Pour finir de vous convaincre, regardez ces mouvements de caméra à 32'04" et à 40'53".

Tara King fait dans cet épisode preuve de beaucoup d'humour dans cet épisode. Un humour certes moins recherché et moins cinglant que celui de Mrs Peel, mais tout aussi agréable. On remarquera que ses cheveux sont longs ou mi-longs selon les scènes ! On voit pour une fois Steed perdre patience et s'énerver ; son personnage continuera dans cette lancée durant la saison. Un grand moment d'humour dans l'épisode : quand Steed prend le prétexte de se prendre pour un cheval pour consulter Jaeger. Les sentiments de Tara pour son partenaire sont devinées de manière sous-jacente mais non équivoque dans cet épisode. Enfin, ne manquez pas le tag final où Steed révèle les raisons de son goût immodéré pour le champagne : tout simplement parce qu'il aime ça !

Entre la gigantesque et impressionnante salle d'observation, la salle d '"agresso-thérapie" et les extérieurs ensoleillés, on est comblé dans cet épisode. Seul, le bureau de Peregrine paraît bien vide.

Les chemises jaunes et les costumes marrons de Steed ont du mal à passer. Tara King est, elle, particulièrement bien habillée tout au long de l'épisode.

La musique de la séquence d'introduction est parfaite ; après le niveau descend, mais la musique reste agréable.

EN BREF : Un scénario surprenant doublé d'une réalisation d'une rare inventivité, avec de plus une Linda Thorson en très grande forme.

Estuaire44 16 février 2014

L'ultime intrigue composée par Philip Levene n'apparaitra certes pas comme la plus innovante, ni comme la plus enthousiasmante. Les Spy Shows des années 60 regorgent d'histoires de lavage de cerveau ou de suggestion mentale, on se trouve ici face à un véritable marronnier du genre. Les Avengers y ont d'ailleurs eu déjà recours à plusieurs reprises, de Lavage de cerveau à La Porte de la Mort, en attendant la suite. Cette impression de de déjà-vu se voit considérablement renforcée par le choix d'une énième succession de meurtres d'individus liés par une communauté d'intérêt. Si la forme varie considérablement, sur le fond il s'agit ainsi d'un argument similaire à celui du précédent épisode, Clowneries. S'il sait joliment jouer de l'ambiguïté entre réalité et psychose, Levene conserve par ailleurs  un rythme assez lent à ce scénario répétitif

Le modus operandi, trop rapidement dévoilé s'avère sommaire et expéditif,avec un effet s'amenuisant au fur et à mesure des itérations. On prend ici le pari-pris opposé du captivant et poignant affrontement entre Steed et le Wringer, sans même parler de celui entre le Prisonnier et l'ultime Numéro 2, dans Once Upon A Time. Sur le tard, Levene commet de plus une erreur de tempo avec un final aussi expéditif que relevant d'un burlesque hors sujet. Ce récit particulièrement sombre s'achève à contre courant, sur un gag de Cartoon. Steed et Tara expédient Tobias ad patres, exactement de la même manière que les clowns pour Lord Bessington dans Clowneries. La révélation de l'identité du vrai Mastermind (par ailleurs passablement transparent) apporte un retournement réussi, mais d'un impact limité dans cet opus non structuré en Whodunnit. Tout ceci demeure assez prévisible, la présence de Tobias n'ayant pas d'autre réelle justification au sein du récit.

Fort heureusement, Mon rêve le plus fou reste avant tout un grand épisode de production et de mise en scène. ici pour la première fois derrière la caméra pour la série,  Robert Fuest fut un brillant dessinateur de décors durant les années Cathy Gale, où il travailla souvent en association avec Peter Hammond, le metteur en scène le plus imaginatif et innovant de cette époque. De fait l'opus bénéficie grandement de cette double formation. De concert avec Robert Jones, Fuest nous régale de plateaux très design et bien dans l'air du temps, parfois aux lisères du psychédélisme (notamment avec le local d'observation du médecin ou la laboratoire). Tout en réussissant par ailleurs de superbes extérieurs londoniens, cette maîtrise des décors lui permet de réaliser l'un des plus beaux affrontements voyant Tara tirer le meilleur parti de ces derniers, l'un des atouts maîtres de cette sixième saison. L'affrontement dans le laboratoire s'impose comme l'un des sommets de la période, voire de la série tout entière, dans ce domaine particulier. Fuest sait également instiller une véritable atmosphère, jouant admirablement du montage comme de la photographie (superbes jeux d'ombres), annonçant déà un intéressant parcours ultérieur, tout au long de cette sixième saison, comme au cinéma.

La distribution bénéficie de l'appoint de quelques valeurs sûres des séries Sixties, comme Philp Madoc, décidément un acteur caméléon des Avengers, ou Peter Vaugham dont la présence toujours inquiétante, bien avant le Schubert des Persuaders, apporte beaucoup au subterfuge de la véritable identité de l'adversaire du jour. Susan Travers se montre également parfaite en infirmière maléfique, une aimable corporation décidément peu flattée au cours des diverses aventures de nos héros ! Joué avec crédibilité et sans emphase contreproductive par Edward Fox, Chilcott se montre admirablement calibré pour l'intrigue en cours, idéalement situé à mi chemin entre le ridicule d'un Basile (Etrange hôtel)  et le clinquant d'un Baron Van Curt (Mais qui est Steed ?). Son registre introduit un humour aérant agréablement le récit, remettant également à Linda Thorson d'affirmer son talent pour la comédie. Évidement la narration de Levene rend très prévisible l'affrontement avec son rival au Chapeau melon.

Sur le départ, Philip Levene offre d'ailleurs à Tara un beau cadeau avec cet épisode la voyant gagner encore en autonomie et en présence, dans les combats tout comme pour la résolution de l'affaire, tandis que Linda Thorson et Patrick Macnee ont définitivement débusqué le fonctionnement de leur binôme. Même si l'on remarque fugitivement la répétition de cette longue perruque toujours aussi injustifiée, l'actrice bénéficie ici d'une garde-robe particulièrement soignée, d'une splendide robe de soirée jusqu'à une tenue cuir taillée pour l'aventure. Décidément l'actrice parait bien mieux s'épanouir dans la vision élargie de Clemens que dans l'Action girl limitée de Pryce.

EN BREF: L'entrée en matière particulièrement réussie du réalisateur Robert Fuest compense largement un scénario relativement peu inspiré. Philip Levene accorde toutefois toute sa place à Tara, définitivement entrée dans la série.


VIDÉO


Steed se prend pour un cheval !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

6-08-03


Tournage

o Tara arrive en Rolls Royce à l'entreprise Acme Precision Company Ltd pour fouiller le bureau de Slater. La scène a été tournée à The Revell Offices Maxwell Road à Borehamwood.

o De nombreuses séquences de cet épisode ont été filmées dans Londres. Après avoir quitté l'entreprise, Tara poursuit Dyson dans Park Crescent et Portland Place - l'infirmière Owen attaque Chilcott à Weymouth Mews - la clinique de Jaeger se trouve à Mansfield Street - la séduisante infirmière emprunte Westbourne Terrace Road Bridge en quittant la clinique.

o Dans cette visite de Londres se détache Park Crescent (près de Regent’s park), lorsque Tara suit Dyson en sortant des bureaux d’Acme. Cette spectaculaire colonnade ionique ornant un immense bâtiment circulaire de style Régence (1811) est une œuvre du grand architecte John Nash, également créateur de Buckingham Palace, Trafalgar Square ou encore St Jame’s Park. L’intérieur est dédié à des bureaux de grandes sociétés.


Continuité

o Regardez le train passer à 28'00" derrière la fenêtre de l'appartement de Tara King : pas trop dur de deviner qu'il s'agit d'une maquette !


Détails

o L'entreprise a pour nom : Acme Precision Company Ltd .

Acteurs - Actrices

o Peter Vaughan (1923) a fait ses débuts à l'écran en 1959. Cantonné surtout dans des rôles de vilains, il a tourné entre autres dans The naked runner, Chiens de paille, Le piège, L'ultime attaque, Moi, Peter Sellers. Sa carrière se tourna vers la télévision dans les années 70 dont le rôle de Schubert dans l'épisode d'Amicalement vôtre, Un enchaînement de circonstances. Egalement vu dans Le Saint, L'homme à la valise, L'aventurier, Madigan, Poigne de fer et séduction, Regan, Les mémoires de Sherlock Holmes

o Edward Fox (1937) a commencé sa carrière en 1963 dans Le prix d'un homme puis dans des films connus comme La bataille d'Angleterre, Le messager, Chacal, Un pont trop loin, Les duellistes, Le grand sommeil, Le miroir se brisa, Jamais plus jamais, La route des Indes…. Vu à la télévision dans L'homme à la valise, Poirot. De 1958 à 1961 il fut marié à Tracy Reed, qui interprète l’ex fiancée de Steed dans Trop d’indices, cette même saison. Leur fille Lucy devint Première Vicomtesse d’Irlande par mariage !

o Derek Godfrey (1924-1983) a fait une carrière théâtrale importante et a joué avec la Royal Shakespeare Company. Il a participé aux séries Destination danger, Le Baron, Poigne de fer et séduction et Les Professionnels.

o Susan Travers (1939) a joué dans Destination danger, Le Saint, Van der Valk et Poigne de fer et séduction. Elle n'a plus tourné depuis 1974.

o Philip Madoc (1934) a joué dans quatre autres épisodes des Avengers : Le décapode et Six mains sur la table (saison 2), Mort d'une ordonnance (saison 3) et Meurtres distingués (saison 5). Egalement vu dans les séries britanniques Le Baron, le Saint, L'homme à la valise, Les champions, Paul Temple, Jason King, Regan, Cosmos 1999, Doctor Who mais son rôle de Premier Ministre David Lloyd George dans la série The life and times of David Lloyd George l'a vraiment mis au premier plan. Ses lectures dans des livres audio demeurent très populaires Outre-Manche. Il soutient activement le parti nationaliste gallois, le Plaid Cymru. Madoc explique avoir surtout joué des rôles de méchants du fait de son physique ténébreux, ce qu’il ne regrette pas car, selon lui, ce sont les meilleurs !

o John Savident (1938) a participé à de nombreuses séries : L'homme à la valise, Le Saint, Département S, L'aventurier, Colditz, Les professionnels. Connu en Grande Bretagne pour son rôle dans Coronation Street depuis 1994.

A noter que…

o Cet épisode n'était pas au goût des censeurs anglais et fut en conséquence diffusé très tard dans la saison le 7 avril 1969 à 22h30 au lieu du prime time habituel.

o Commentaire de Patrick Macnee pour cet épisode : "Cet épisode, le premier dirigé par Bob Fuest, n'a eu aucun budget ni délai. Il a du garder l'équipe prête pendant plusieurs heures pour plaire aux dirigeants des studios. Bob avait travaillé comme décorateur dans les saisons avec Honor Blackman" - (source : bonus DVD)

Fiche de Mon rêve le plus fou des sites étrangers

En anglais

http://theavengers.tv/forever/king-27.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/tara/631.html
http://deadline.theavengers.tv/King-28-MyWildestDream.htm

En flamand

http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/king29.htm

En italien

http://www.serietv.net/guide_complete/agente_speciale/stagione_6.htm#160

En espagnol

http://losvengadores.theavengers.tv/tara_wildest.htm

 

Retour à la saison 6

 

Trop d'indeices6-07-02Mon rêve le plus fou

CLOWNERIES
(LOOK – stop me if you've heard this one BUT THERE WERE THESE TWO FELLERS...)

Steed becomes a vaudeville comic – Tara takes up silly walking

Tournage : Terminé le 19 mars 1968

Diffusion : ITV, 4 décembre 1968 – 2e chaîne ORTF, 27 décembre 1969 (La saison 6 a été diffusée aux États-Unis avant son passage au Royaume-Uni. La série étant britannique, seule la date de diffusion en Grande-Bretagne, région de Londres, est fournie.)

Scénario : Dennis Spooner

Réalisation : James Hill

Jimmy Jewel (Maxie Martin), Julian Chagrin (Jennings), Bernard Cribbins (Bradley Marler), John Cleese (Marcus Rugman), William Kendall (Lord Bessington), John Woodvine (Seagrave), Garry Marsh (Brigadier Wiltshire), Gaby Vargas (Miss Charles), Bill Shine (Cleghorn), Richard Young (Sir Jeremy Broadfoot), Robert James (Merlin), Talfryn Thomas (Fiery Frederick), Jay Denyer (Tenor), Johnny Vyvyan (Escapologist), Len Belmont (Ventriloquist).

Résumé

Deux clowns loufoques assassinent les responsables du projet Cupid qui vise à remplacer des théâtres par un abri ministériel en cas de guerre. Les artistes sont-ils vraiment les seuls responsables de cette hécatombe ?

Épilogue

Tara arrive chez Steed pour aller à l'opéra. Steed n'est pas encore habillé pour sortir, mais cette enquête lui a appris comment se changer en un clin d'œil !


CRITIQUES

6-07-01


Denis Chauvet

Avis : Un épisode culte, dingue, dingue, dingue ! Un vaudeville où les clowns sont rois ! Néanmoins, cet épisode est heureusement un cas isolé car la série serait ennuyeuse si elle était constamment basée sur ce schéma. Nous sommes en effet très loin des saisons Emma Peel. De plus, Tara est horripilante et 'tarte' avec ses cheveux longs qu'elle est obligée de retenir derrière ses oreilles ! On frise parfois le ridicule dans cette aventure très spéciale ! Rugman et Marler sont deux excentriques attachants et la chasse aux canards est la meilleure scène de l'épisode !

Avec le recul (nouvel avis, juillet 2011) : Points positifs : originalité, la chasse aux canards, the Eggman, Freddy. Points négatifs : Pas de dialogue interactif Steed/Tara ; c’est ‘stupid’, ‘cupid’ comme le souligne Steed dans un jeu de mots de la première scène, l’ensemble beaucoup trop déjanté, les marionnettes pénibles, la coiffure cruche de Tara et ses répliques nunuches ‘clowns don’t lay eggs’, Tara doit énumérer sur ses doigts ce qu’elle doit faire à Steed (en vain) (ici, elle est assommée), le dialogue plat Derrington/Tara (‘Well, bodyguard’), le type aux blagues nulles.

1,5 au lieu de 3. Grosse chute car comme je le pressentais, j’avais bien surestimé cet épisode.

Steed3003 14 octobre 2004

Au même titre que Le vengeur volant ou Jeux, Clowneries (titre français, par ailleurs bien réducteur par rapport au titre original, lequel est le plus long de la série) constituait un challenge particulièrement ambitieux. En effet, un épisode pareil aurait vite pu sombrer dans le ridicule.

Néanmoins, comme les épisodes précités, c'est l'un des sommets de la série.

Tout le mérite en revient au scénario, de loin le plus inventif de la série. Un scénario qui n'hésite jamais – et pour notre plus grand plaisir ! – à pousser toujours plus loin le délire. Il en est, par conséquent, particulièrement drôle. Et, contrairement à un épisode comme Maille à partir avec les taties, il possède une vraie et passionnante intrigue. Même si on pourrait reprocher à celle-ci une forte présence de poncifs (les mêmes d'ailleurs que l'autre chef-d'œuvre de la saison 6 : Jeux) particuliers à Chapeau Melon : succession de meurtres sans faire avancer l'intrigue, enlèvement de Tara King... Mais la variété et l'ingéniosité dans le déroulement de ces meurtres font tout le sel de l'épisode (comme dans Jeux !) et masque ces faiblesses. De plus Dennis Spooner, qui tient ici son meilleur scénario pour la série, ajoute (comme Donald James l'avait si bien fait dans Un dangereux marché) une intéressante continuité avec la série en multipliant les références à l'inexpérience de Tara King.

La réalisation sert très efficacement le scénario. On retiendra notamment une bagarre finale inoubliable et très intelligemment mise en scène. On regrettera, cependant, la chute libre d'une dizaine d'étages de Lord Bessington copieusement ratée : on distingue sans grande difficulté un mannequin !

Dans cet épisode, Linda Thorson nous offre, une nouvelle fois, une délicieuse prestation. La voir en " garde rapprochée " avec Lord Bessington, un patron très old school, et le choc des cultures qui s'ensuit vaut son pesant de chapeaux melons ! Et puis regardez ce clin d'œil coquin qu'elle lui adresse à 29'04", irrésistible ! Elle est, de plus, encore plus jolie avec ses cheveux longs. Steed n'est pas délaissé pour autant : la scène où il tombe sur une blague graveleuse ou le tag final sont autant de scènes désopilantes. Leur duo, qui repose sur une mécanique plus complexe que ceux des saisons précédentes, fonctionne à merveille. Quant aux seconds rôles, ceux de cet épisode constituent le point d'orgue de ce qu'on a toujours salué chez Chapeau Melon : la qualité de ceux-ci. Les deux clowns tueurs, l'hilarant auteur de blagues Bradley Mahler ou le gardien des œufs décorés, qui nous vaut une magistrale, mais malheureusement si courte, prestation de John Cleese, sont autant de personnages inoubliables, tellement avengeresques qu'ils en sont aussi inimitables et gravés à jamais dans nos mémoires de téléspectateur.

Le soin apporté aux décors est tout simplement ébouriffant : regardez la qualité des œufs peints ou alors la masse de papier qui jonche le sol chez Marler. La qualité des costumes, notamment ceux des clowns, laisse aussi pantois.

La musique est tout simplement l'une des meilleures compositions de Laurie Johnson. Ce dernier suit le mot d'ordre de l'épisode (délire complet !) et nous offre une partition musicale bien plus osée (il n'hésite pas à alterner brutalement des musiques radicalement opposés) qu'à l'habitude. Le thème des clowns ou la séquence dans laquelle King et Bessington simulent un concerto sont autant de moments cultes. Dommage que la musique de la série n'ait pas été souvent d'un tel niveau.

EN BREF : La saison 6 persiste dans un délire jouissif avec un incontestable talent. Un pur chef-d'œuvre !

Estuaire44 16 février 2014

L'hilarant et particulièrement enlevé Clowneries apparaît comme le véritable épisode Tara King de Brian Clemens. L'opus prend place après une période de transition particulièrement difficile, une tradition pour la série (grèves des acteurs lors du départ de Ian Hendry, puis Honor Blackman rejoignant Goldfinger). L'opus pose enfin le décor de la nouvelle période, apportant son lot de changements, dont un règne sans partage de la fantaisie. Une évolution provoquant l'ire de nombreux nostalgiques de la fastueuse ère Emma Peel, mais qu'il importe de relativiser et de mettre en perspective. 

L'ambiance très Cartoon à la Tex Avery fait souvent pointer; à juste titre, une américanisation de la série, en fait déjà entamée en saison 5. Mais la présence en fil rouge du Punch & Judy Stand maintient un élément culturel intrinsèquement anglais au coeur de l'intrigue. Le détournement de l'imagerie de l'enfance au profit d'un complot 
mortifère a déjà été exploré lors de Rien ne va plus dans la nursery. Si la fantaisie burlesque prédomine, un épisode comme Maille à partir avec les taties avait déjà introduit l'absurde en saison 4, apparaissant comme un prédécesseur, certes mezzo voce, de celui-ci. Le combat final a été critiqué comme relevant de la farce, mais il se situe finalement dans le prolongement d'une tendance de fond de la série, s'éloignant toujours davantage du réalisme des affrontements de la période Cathy Gale. Par ailleurs, derrière l'exacerbation du burlesque, on retrouve une structure narrative régulièrement employée durant l'ère Emma Peel, celle de la succession de meurtres que les Avengers ne parviennent à stopper qu'en conclusion. 

Surtout, plus que toute autre production (hormis le cas éminemment particulier que représente Doctor Who), les Avengers ont su se réinventer à chaque changement de période, incarnée par la collaboratrice de Steed. Cathy Gale puis Emma Peel ont chacune accompagné et promu d'importants changements. En agissant de même avec Tara King, Brian Clemens se situe pleinement dans cette tradition, c'est bien le choix de l'immobilisme et de la perpétuation illusoire de l'ère Emma Peel qui aurait au contraire marqué une rupture. Un tel mouvement contrariera sans doute les amateurs jugeant que le duo Steed/ Mrs Peel constitue l'Alpha et l'Oméga définitif des Avengers, mais conviendra à ceux qui, tout en reconnaissant sa primauté, estiment qu'il ne saurait circonscrire à lui seul le génie de la série. Tout en conservant les fondamentaux, opter pour l'évolution paraît préparer l'avenir, même si la nouvelle période doit encore convaincre sur la durée, changer pour changer ne constituant toutefois pas une panacée.

Et Clowneries va effectivement à s'attacher brillamment convaincre. L'esprit particulièrement inventif du prolifique Denis Spooner, trop rare dans la production avant les New Avengers, donne ici pleinement sa mesure, avec une irrésistible déferlante d'humour farfelu,tant dans les dialogues que les divers postures et gags. Sous son apparent délire, le récit demeure parfaitement cohérent et relié à la thématique récurrente de l'espionnage (avec un abri souterrain n'étant pas agréablement évoquer le grand épisode Cathy Gale que fut Le Cocon). Le tempo se montre frénétique et la variété des gags cartonnesques du meilleur effet empêche de ressentir toute lassitude devant cette nouvelle enfilade de meurtres. L'épisode voit le triomphe des Excentriques, envahissant l'écran et prenant les premières places de l'opposition, dans un ensemble chamarré et délirant évoquant clairement la série Batman, un rapprochement là aussi entamé en saison 5. Les clowns assassins résultent clairement comme les cousins anglais du Jocker, dans la grande tradition des clowns inquiétants. Que le tireur de ficelles demeure un adversaire bien effacé ne pose pas problème, bien contraire grâce à l'idée magistrale de mettre en avant les diaboliques marionnettes, dans un ensemble finalement bien plus cohérent et porteur que leur équivalent de Comment réussir un assassinat.

Clowneries s'impose comme un impressionnant carrefour de talents, la mise en scène de James Hill sachant pleinement jouer le jeu du Cartoon, de même que la musique de Laurie Johnson. On a envie de s'exclamer That's all, Folks, à chaque sortie en fanfare du fin duo ! Hill parvient à tirer le meilleur parti du Technicolor, grâce à une profusion de couleurs saturées, parfaitement évocatrices. Les extérieurs aèrent également le récit et le montage (notamment lors du combat final) s'avère aussi dynamique que souhaitable. Les différents comédiens, tous admirables, se mettent idéalement au diapason. On apprécie évidemment les épatants guestings de l'immense  John Cleese, un an et demi avant la création des Monty Pythons, ou du toujours parfait Bernard Cribbins, bien avant le Wilfred du Docteur et dont la présence installe un lien supplémentaire avec Maille à partir avec les taties. Chagrin compose un saisissant alliage entre un Clown Blanc de pantomime  et l'expressivité muette d'un Harpo Marx. Mais le clou du spectacle reste bien éblouissante composition de Jimmy Jewel, parfait dans on Auguste alliant à la perfection l'humour et les mimiques pittoresques à la folie homicide. Maxie compose un adversaire aussi  mémorable que savoureux.

Spooner , sachant doser ses effets et ne jamais tomber dans la facilité, parachève son succès avec un (enfin) épatant duo formé entre Steed et Tara. On apprécie que nos héros disposent cette fois de vraies scènes d'amusantes connivence, sur une tonalité renouvelant l'aspect fusionnel de l'ère Emma Peel, mais demeurant fort plaisante. On apprécie surtout l'affirmation tant attendue de tara, participant pleinement à l'action et au combat final et se montrant capable initiative. On lui reprocher peut-être d'avoir été aisément la dupe du faux policeman, mais Mrs Peel a après tout connu la connu la même mésaventure avec l'aimable figurant d'Epic. On reste charmé par association Steed/Tara (et leurs interprètes) certes plus hiérarchiquement articulée que précédememnt, mais pétillante d'humour et de connivence. Elle n'est d'ailleurs pas sans évoquer celle unissant le Docteur au jeunes femmes devenues ses Compagnons d'aventure, une série dont le succès initial doit immensément  à Spooner et avec laquelle il semble ici renouer.

Un moment handicapée par une coiffure absurdement rallongée et epu seyante, mais bénéficiant d'une élégante garde-robe, la charmante Linda Thorson convainc totalement. Elle rend tout à fait délicieuses les scènes d'incommunicabilité avec lord Bessington Il faut imaginer cette toute jeune et novice actrice, rescapée de la terrible bourrasque et subissant toujours la forte pression d'avoir à remplacer Diana Rigg, parvenir à se montrer aussi aisément dans le ton, avec une indéniable assurance. Une admirable performance, validant le choix de Clemens de la conserver dans l'équipe. Même le tag final se montre plus divertissant qu'à l'ordinaire, un joli clin d'œil adressé  à cet univers du cartoon ayant tellement irrigué l'épisode. 

EN BREF: Aussi décalé soit-il, l'épisode pose avec succès les jalons d'une ère Tara King, qu'il inaugure véritablement. Le récit se montre irrésistible d'humour et d'allant, tout en accordant à Tara la place qu'elle mérite.


VIDÉO


Un meurtre clownesque !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

6-07-03


Tournage

o Tara King suit en voiture Maxie Martin et Jennings dans leur taxi noir avant de se faire capturer. La scène a été tournée à Longmeadow, Welham Green, une très belle résidence privée.

o La chasse aux canards a été tournée à Tykes Water Lake, Elstree.

o L'entreprise "The Caritol Land and Development Corporation" est à Wembley Point, Stonebridge à Londres. Cette tour représentait une curiosité récente lors du tournage de l’épisode et demeure toujours en fonction aujourd’hui. Haute de 21 étages et dotée d’un restaurant ainsi que d’un club de sport, elle abrite les bureaux de nombreuses sociétés.


Continuité


Détails

o "Cupid" signifie Cabinet Underground Premises In Depth.

o Steed lit l'album d'Hergé Le lotus bleu dans l'épilogue.

o Le nom de la société est "The Caritol Land and Development Corporation".

o Certains passages musicaux ont déjà été entendus : thème principal des Chevaliers de la mort lorsque Rugman et Tara circulent entre les rangées d'œufs, thème principal de Maille à partir avec les taties lorsque Tara suit le taxi et quelques notes dans l'épilogue de Avec vue imprenable (Steed en asiatique) et Caméra meurtre (Steed en chef indien).

o On apprend que Tara vivait en Alaska quand elle avait deux ans, que ses hobbies sont le ski, la moto, la mode et la musique classique.

o On retrouve la marionnette du ventriloque dans Un petit déjeuner trop lourd.

o Voici ce qu'on peut lire sur la porte de Marcus Rugman : "Eggs fragile, fragile area, take care, handle as eggs, tread carefully, no handbags [no] umbrellas [no] packages, please take care, Don't knock, please don't knock, don't slam the door, [don't] talk loudly, [don't] vibrate, [don't] even breathe".

o Les marionnettes ourdissant le complot diabolique sont en fait Punch et Judy, aussi populaires en Angleterre que Guignol en France. Ce couple est le protagoniste d’un spectacle humoristique voyant le bossu Punch tuer son enfant, puis son épouse Judy à coups de gourdin (donc parfaitement syntonisé à l’épisode). Il trouve ensuite la rédemption à travers plusieurs rencontres allégoriques variant selon les représentations, notamment avec le Crocodile ou le Diable. Cette aimable fable pour la jeunesse est répertoriée pou la première fois en 1662, s’inspirant de la Commedia dell'arte. De fréquentes représentations ont lieu sur les plages estivales,  avec un tréteau caractéristique, celui-vu dans l’épisode.

o La tradition bien réelle des maquillages de clows peints sur œuf remonte à 1946. A l’origine un hobby de Stan Bult, membres de l’association professionnelle Clown International, cette pratique devint un moyen de reconnaître semi-légalement la propriété intellectuelle d’un clown sur son maquillage, incorporant également des éléments de son costume et de ses ustensiles. Des expositions se déroulent également régulièrement. On comprend la paranoïa de Rugman, car en 1965 la majeure partie des œufs fut détruite, suite à une manipulation insuffisamment sécurisée. En 1984 la collection fut reconstituée sur des œufs, cette fois en porcelaine, à partir de photographies et se développe depuis dans d’autres pays. Aux Etats-Unis on utilise des œufs d’oie, plus solides que ceux de poule.

o Lors de la conclusion, le costume de Steed arbore une publicité sur le dos, Eat At Joe's. Il s’agit d’une réclame pour le restaurant fictif Joe’s, popularisée par les cartoons de la MGM et de la Warner dans les années 40, notamment chez Tex Avery. Elle apparaissait régulièrement dans les décors, sous formes de néons ou autres, étant synonyme de petits établissements sans prétention. Cette plaisanterie récurrente, passée dans la culture populaire, a provoqué la création de nombreux restaurants du même nom, durant les années 50 et 60. En fait le tag de fin effectue ici un clin d’œil à l’univers du Cartoon, dont l’épisode s’inspire fortement.

Acteurs – Actrices

o John Cleese (1939) fut un membre des Monty Python, ce qui le rendit célèbre. Il tourna ensuite dans Un poisson nommé Wanda, Harry Potter et il est Q dans les James Bond depuis 1999, jusqu’à l’avènement de Daniel Craig. Un symbole de la comédie outre-Manche.

o Jimmy Jewel (1909-1995) a travaillé de longues années dans le music-hall. Il a commencé sa carrière à l'âge de 10 ans.

o Julian Chagrin (1940) est un mime célèbre qui apparaît dans Blow up (1966). Il vit en Israël depuis 1976 où il produit des émissions pour la télévision.

o Bernard Cribbins (1928) est acteur depuis l'âge de quatorze ans. Il a prêté sa voix pour des publicités et des dessins animés. Il a touché à tout, même à la chanson. Il a également joué dans Maille à partir avec les taties (saison 4). Il tint le rôle récurrent du grand-père de Donna Noble, tout au long de la saison 4 du nouveau Dr Who, en 2007/2008.

o Robert James (1924-2004) était un acteur écossais talentueux qui a œuvré pendant cinq décennies, que cela soit au théâtre, à la télévision ou au cinéma. Il faisait autorité dans la profession. Il a tourné dans deux autres épisodes de la série : Mort à la carte de la saison 3 et Faites de beaux rêves de la saison 4. Il a fait une apparition remarquée dans Dr Who et a tourné dans Les Professionnels et Taggart. Il est décédé de la maladie d'Alzheimer.

o Talfryn Thomas (1922-1982) est un acteur gallois, connu sous le pseudo "Talf the Teeth" à cause de son physique ingrat. Il a participé à de nombreux shows radiophoniques de la BBC et à des productions tournées au pays de Galles dont un épisode du Saint. Il a participé à Dans sept jours le déluge, saison 4 et il a tourné également dans un épisode d'Amicalement Vôtre où il avait le rôle d'un braconnier, comme Eli Barker ! Il est décédé d'un arrêt cardiaque.

o Johnny Vyvyan (1929-1984) est un personnage récurrent des Benny Hill.

À noter que…

o Le titre d'épisode le plus long de la série dans sa version originale : Look... (stop me if you've heard this one) but there were these two fellers... : 62 caractères contre 3 pour le plus court : Fog (Brouillard en français).

o Le scénario était au départ prévu pour l'une des saisons Emma Peel.

o Garder les visages des clowns sur un œuf est une véritable tradition britannique qui remonte à 1946 (Clowns International).

o Un des épisodes préférés de Patrick Macnee et Linda Thorson.

o Également des rayures sur deux passages dont celui où Steed réunit les responsables du projet Cupid.

o Lorsque Sir Jeremy Broadfoot (sûrement pas une coïncidence que "Broadfoot" signifie "pied large") entend du bruit, il se lève et dit "Quelqu'un à cette heure-ci !" dans la VF. Dans la VO, il se lève mais ne dit rien !

o Bizarrement, les noms des seconds rôles et des acteurs qui les interprètent ne sont pas présents dans le générique de fin (DVD Studio Canal).

o Coupures de presse lors de la 1re diffusion française.

Télé 7 Jours

Jours de France

Fiche de Clowneries des sites étrangers

En anglais

http://theavengers.tv/forever/king-10.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/tara/610.html
http://deadline.theavengers.tv/King-11-LookStopMe.htm

En flamand

http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/king12.htm

En italien

http://www.serietv.net/guide_complete/agente_speciale/stagione_6.htm#139

En espagnol

http://losvengadores.theavengers.tv/tara_look.htm

 

Retour à la saison 6

Les évadés du monastère6-06-03Clowneries

UN DANGEREUX MARCHÉ
(HAVE GUNS – WILL HAGGLE)

Steed makes a bid to buy arms – Tara comes with the package

Tournage : Terminé le 29 février 1968

Diffusion : ITV, 11 décembre 1968 – 2e chaîne ORTF, 29 novembre 1969 (La saison 6 a été diffusée aux États-Unis avant son passage au Royaume-Uni. La série étant britannique, seule la date de diffusion en Grande-Bretagne, région de Londres, est fournie.)

Scénario : Donald James

Réalisation : Ray Austin

Johnny Sekka (Colonel Nsonga), Nicola Pagett (Adriana), Jonathan Burn (Conrad), Timothy Bateson (Spencer), Michael Turner (Crayford), Robert Gillespie (Lift attendant), Roy Stewart (Giles), Peter J. Elliott (Brad).

Résumé

Le vol de trois mille fusils de haute technologie amène les Avengers à s'intéresser à l'arrivée en Grande-Bretagne d'un colonel africain ; celui-ci a planifié un coup d'État et a besoin d'armes. Steed feint de représenter le gouvernement de cet état et participe aux enchères. Les fusils, mais aussi Tara King, sont en jeu...

Épilogue

Steed et Tara attendent un cadeau du président africain. Steed ouvre la porte et un rugissement se fait entendre !


CRITIQUES

6-06-01


Denis Chauvet

Avis : Cet épisode à l'élaboration singulière est souvent méprisé bien que le résultat soit de très bonne facture ; à noter une excellente scène d'introduction et une Tara blonde en rose bonbon à croquer ! Deux bonnes scènes d'action dont une poursuite en voitures, un vilain noir, chose unique dans l'histoire des Avengers et une méchante exquise font de cet épisode un agréable divertissement. La partie où Tara est blonde fut tournée sous Bryce tandis que la partie avec une Tara brune fut ajoutée au retour de Clemens et Fennell.

Avec le recul (nouvel avis, juillet 2011) : Points positifs : excellente scène d’introduction pré-titre (même si ensuite Tara essaie d’imiter Mrs Peel au trampoline), Nicola Pagett, très bonne vilaine, une poursuite Lotus/Rolls, des morceaux musicaux de la quatrième saison et une intrigue correcte. Points négatifs : Tara piégée deux fois, la fin trop longue dans le faux sous-bois, la chemise de Steed dans l’épilogue.

2,5 au lieu de 3.  

Steed3003 12 octobre 2004

On pouvait craindre le pire avec cet épisode : encore une ennuyeuse histoire de trafic d'armes, dans un contexte géopolitique, digne des saisons 2 et 3. De plus, cet épisode fut tourné (avec d'autres comme le désastreux L'invasion des terriens) avant que Brian Clemens reprenne en main la série. Et pourtant, il se révèle être l'un des meilleurs de la saison.

Tout d'abord, le scénario de Donald James est exemplaire : plein de rebondissements, il sait nous réserver de beaux moments de suspense (par exemple, quand Tara King passe le test du FF70 ou la séquence de la dynamite dans la cabine), comme la série ne nous en donne que trop rarement. Les dialogues sont, comme très souvent dans la série, brillants ; avec un humour savamment distillé. L'opposition entre le cynisme de Steed et la naïveté de Tara King fonctionne à merveille ! De plus, Donald James fut un des rares scénaristes à essayer d'ajouter une certaine continuité entre les épisodes, chose très novatrice pour l'époque et qui faisait souvent défaut à la série. Ainsi, dans l'épisode, il est souvent fait référence au manque d'expérience de Tara King. Malheureusement, l'ordre de passage à la télévision fut différent de celui de production (heureusement les DVD présentent, pour cette saison, les épisodes par ordre de production) et personne ne remarqua cet ajout. Néanmoins, Donald James ne respecte pas le cahier des charges de la série (mais était-il, durant l'ère John Bryce, encore en vigueur ?) en instaurant un personnage noir avec le colonel N'Songa ; on l'excusera, vu la qualité du reste et l'intérêt du personnage. On excusera aussi les nouvelles histoires de perruques ridicules de Linda Thorson, que Donald James tente de justifier en les rendant "nécessaires" à l'enquête. Ce qui fait doucement rigoler, surtout quand on connaît la vraie histoire ! Enfin, c'est sans surprise que l'on voit apparaître le nom de l'excellent scénariste Philip Levene dans le générique de fin, en tant que "conseiller de scénario".

Ensuite, la réalisation de Ray Austin (parallèlement cascadeur sur la série) insuffle énormément de rythme à l'épisode. Il y a beaucoup de plans et de zooms (voir, par exemple, les premières de l'essai par Spencer du FF70), alors que souvent dans Chapeau Melon les réalisateurs favorisent un minimum de plans, et le montage est particulièrement serré. Grâce à cela, on ne s'ennuie jamais. Le réalisateur des Cybernautes, saison 4, avait déjà utilisé ce procédé avec le même succès ! Les séquences d'action sont visuellement très réussies (même si quelques problèmes de doublures trop visibles sont encore à déplorer) ; avec notamment des effets pyrotechniques à couper le souffle, rien à voir avec les " pétards " des saisons précédentes. On sent que la série bénéficie d'un budget plus large !

L'interprétation très naturelle de Linda Thorson colle parfaitement au personnage ; Patrick Macnee, plus malicieux que jamais, est excellent de bout en bout ! Lady Adrianna Beardsley, délicieusement interprétée par Nicola Pagett, constitue une des plus belles méchantes de la série : manipulatrice mais courtoise, cruelle mais avec le sourire.

Les costumes varient entre l'indigeste (pauvre Linda Thorson affublée d'une perruque blonde et d'un manteau de fourrure rose bonbon !), le très moyen (Patrick Macnee revient après Les évadés du monastère avec son chapeau melon marron et sa chemise à fleurs) et le joli (notamment la tenue de Tara King dans le tag final).

Les décors sont dans l'ensemble plutôt beaux. Les extérieurs rivalisent de beauté, notamment ces jardins anglais où ont lieu les fameuses " démonstrations " et qui sont un régal pour les yeux.

Enfin, la musique accompagne très bien l'épisode.

EN BREF : L'épisode qui prouve que la série n'a pas besoin d'être fantaisiste pour être excellente.

Estuaire44 16 février 2014

Have Gun – Will Haggle se compose principalement de la récupération de scènes tournées lors de l’éphémère période Bryce (Invitation To A killing), agrémenté d’une histoire ajoutée en sus, afin de composer un épisode complet. Nul doute que cet agrégat ait été bénéfique pour le budget de la production et, surtout, pour permettre à Clemens de disposer d’un peu temps pour installer sa saison, au sein du train d’enfer que constitue la production d’une série télévisée. Toutefois il en résulte de bien dommageables conséquences pour le présent opus. Donald James doit composer avec tout un ensemble de scène fades et très passe partout limitant drastiquement son apport créatif. De fait, il ne peut que broder autour de ce corpus une histoire trop simple, limitée à quelques lieux communs. Les raccords résultent de plus évidents et pesants, notamment avec les transitions entre décors ou le nouveau recours à la prétendue perruque de Tara, en forme de cache-misère. La malheureuse n’est décidément pas à la fête, lestée d’un ensemble rose bonbon au kitch passablement vulgaire.

Outre leur manque d’intérêt intrinsèque, ces scènes récupérées s’éloignent également l’de l’esprit Avengers, pour se rapprocher d’une série d’action traditionnelle, comme des aventures du Saint tournées en décors naturels, l’humour et le charme en moins. Même le supposé Excentrique, en charge du laboratoire, résulte anodin et relativement réaliste (dans le monde réel aussi un expert n’aime pas donner un avis définitif !). On songe finalement plus encore aux Professionnels qu’aux New Avengers. Fort heureusement Donald James va comprendre qu’il serait vain et contre productif de tenter de renverser cet état de fait dans l’espace lui demeurant imparti, l’impression, déjà persistante de patchwork devant fatalement en ressortir renforcée. Au lieu de tenter de renouer avec la tradition de la série, il décide judicieusement de rester sur le créneau impulsé par les images originelles, tout en dynamisant et rehaussant la qualité du récit. Pour cela il va il va se baser sur deux éléments distincts, avec une réussite certaine. Il privilégie ainsi l’action en s’appuyant sur le savoir-faire incomparable de Ray Austin en la matière. Avec une claire économie de moyens, l’avisé metteur en scène, très à son affaire, parvient à susciter des scènes réellement prenantes, comme lors de l’introduction en trampoline, la tentative d’assistant du parking, ou l’affrontement final à la conclusion pyrotechnique.

Surtout James parvient à régler le public de deux antagonistes, certes éloignés des Diabolical Masterminds de naguère, mais néanmoins fort savoureux par leur élégance comme par leur cynisme jouissif. La présence de Johnny Sekka rompt certes avec le canon traditionnel de la série (pas de personnages de couleur, ni de policiers, de femmes tuées, d’enfants ou de sang visible), mais cela ne dérangera que les puristes. Avec classe et trompeuse onctuosité, l’excellent acteur compose un passionnant Colonel Nsonga, auquel son mélange de mégalomanie et de savoir-vivre apporte un vraie cachée. Il en va de même pour la sublime Lady Adriana, dont la gracieuse urbanité s’accompagne idéalement d’une avidité sans bornes, agrémentée d’une pincée d’authentique sadisme. Un bien bel alliage, auquel Nicola Pagett, également admirée dans Amicalement vôtre (The Long Goodbye), apporte une désarmante vitalité. De quoi regretter le faible nombre d’adversaires féminines de nos Avengers, au-delà des comparses. Nsonga et Adriana brillent lors de leurs crottons avec Steed, tout comme lors de leurs scènes en commun et constituent réellement le sel de cet épisode. Logiquement, James ne peut par contre rien tenter vis-à-vis du si morne et empesé Conrad, déjà défini lors de l’épisode initial. A l’impossible nul n’est tenu.

James parvient ainsi presque à sauver l’épisode, d’autant que les décors et les extérieurs (notamment de Primrose Crescent) résultent agréables à l’œil.  Mais échoue au port, du fait du trop faible nombre de scènes communes entre Avengers. Postérieurement à l’exposition initiale de la situation par Steed, ils demeurent séparés durant l’essentiel du récit, du fait là aussi, partiellement,  des passages antérieurs récupérés. On regrette aussi une nouvelle fois la minoration du rôle tenu par Tara, simple messagère durant le corpus initial, puis à la part finalement faible tenue dans les confrontations, physiques ou policées. C’est Steed seul, certes en bonne forme,  qui anime l’essentiel du récit, que cela soit dans l’humour (la montre) ou dans l’action, Tara finissant même par ressembler à une Damoiselle en péril de plus, lors du tronçon final. Le tag se montre légèrement plus divertissant que les précédents, mais se voit une nouvelle fois saboté par une abominable chemise 70’s de Steed.

EN BREF: Un épisode rapiécé, sacrifiant davantage aux intérêts de la production qu’à ceux du public. Mais un duo de savoureux et raffinés antagonistes parvient à sauver le récit de la vacuité. 


VIDÉO


Une cabane explosive !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

6-06-02

 


Tournage

o Conrad poursuit la Lotus de Tara dans Dagger Lane à Elstree.

o Steed arrive à Stockley House alors qu'il est observé par Nsonga et Giles. La maison est Starveacres à Radlett.

o Le bâtiment de la balistique est Haberdashers' Askes School à Elstree (en partie démolie de nos jours).


Continuité

o Durant la scène d’avant générique, on aperçoit un fil de fer barbelé surplombant la grille, quand les hommes masqués prennent leur élan sur le trampoline. A plusieurs reprises ce fil a disparu au moment du saut proprement dit. 


Détails

o La musique qu'écoute le Colonel Nsonga à l'arrivée de Steed est le thème principal de Petit gibier pour gros chasseurs.

o Le titre original fait référence à la série américaine Have Gun – Will Travel (1957-1963). Dans l’univers du Western, elle mettait en scène les aventures du dénommé Paladin, dandy justicier  installé à San-Francisco. L’expression originale était une phrase d’appel présente dans les journaux anglophones du début du XXème siècle. Les chercheurs d’emplois y faisaient paraître des annonces personnelles et cette formule annonçait qu’ils étaient ouverts à toute proposition. Passée dans culture populaire grâce à cette série à grand succès, l’expression fut parodiée à maintes reprises durant les années 50 et 60. Robert Heinlein, grand auteur de Science-fiction, publie ainsi le roman Have Space Suit - Will Travel, en 1959. 

Acteurs – Actrices

o Nicola Pagett (1945) est née en Egypte. Lors d'une représentation au théâtre de What the butler saw en 1995, son comportement anormal révéla une grave dépression qui la conduisit à l'hôpital psychiatrique. Elle en est sortie et a écrit un livre relatant cette expérience, Diamonds behind my eyes en 1998. Elle a tourné dans Destination Danger, L'Homme à la Valise, Amicalement Vôtre, Upstairs Downstairs (série à succès outre-Manche), Regan et la mini série Anna Karenina…Sa dernière apparition à l'écran date de 1999.

o Johnny Sekka (1939-2006) a tourné quelques productions en Grande-Bretagne avant d'aller aux États-Unis. Il joue le rôle d'un serviteur dans le drame La femme de paille (1964) avec Sean Connery. Il a tourné avec Patrick Macnee dans le film d'horreur Incense for the Damned (1971). Né à Dakar, il vécut à Paris d’avant de s’engager dans la RAF à 22 ans. Ancien de la Royal Academy of Dramatic Arts, il connut une belle carrière au théâtre. Il y devint, selon le Times, le premier comédien noir à interpréter un rôle écrit pour un blanc.. En 1993 il tient un rôle important (le Dr Kyle) dans The Gathering, film à l’origine de Babylon 5 mais ses ennuis de santé l’empêchèrent de participer à la série. Il décèda d’un cancer du poumon.

À noter que…

o Cet épisode, produit par John Bryce, durait 90 minutes. Le titre initial était Invitation to a killing et il devait être le premier épisode de la saison, mais il fut partiellement refait et coupé au retour de Brian Clemens et Albert Fennell. Des extérieurs de la première version contenaient même des scènes tournées en été et en automne, ce qui donnait un résultat épouvantable à l'écran.

o Quand le Colonel Nsonga tente de le corrompre, Steed réplique que la loyauté  est une vertu lui ayant été enseignée à Eton. Il s’agit d’un clin d’œil, car, en ses vertes années,  Patrick Macnee fut expulsé de la prestigieuse institution, pour y avoir organisé des paris hippiques clandestins.

o Il est recommandé pour la continuité de voir cet épisode (pas représentatif des Avengers) tout de suite après L'invasion des terriens.

o Ray Austin, coordinateur des cascades de la période Emma Peel, passe derrière la caméra pour la première (mais pas la dernière) fois.

o Peter Elliott doubla Linda Thorson dans la scène de trampoline. (Stay Tuned : The Perils of Cyd, Dave Rogers).

o Un acteur de couleur tient un rôle important dans cet épisode et transgresse les "règles" de la série.

o DVD (Studio Canal) : Dans la série " Oh, les belles rayures ", admirez celles qui déchirent l'écran entre 43'38" et 43'45" ! De gros problèmes de son sur le DVD (deuxième partie de l'épisode) ; peut-être pas un cas isolé ?

o Coupures de presse lors de la 1re diffusion française.

Télé 7 Jours

Télé Poche

Fiche d'Un dangereux marché des sites étrangers

En anglais

http://theavengers.tv/forever/king-11.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/tara/611.html
http://deadline.theavengers.tv/King-12-Have Guns.htm

En flamand

http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/king13.htm

En italien

http://www.serietv.net/guide_complete/agente_speciale/stagione_6.htm#140

En espagnol

http://losvengadores.theavengers.tv/tara_haveguns.htm

 

Retour à la saison 6