Open menu

Du bois vermoulu6-21-01Le matin d'après

INTERROGATOIRES
(THE INTERROGATORS)

Steed acquires a new musical taste - Tara gets grilled for a recipe

Tournage : Terminé le 22 octobre 1968

Diffusion : ITV , 1er janvier 1969 - TF1 23 janvier 1982 ( La saison 6 a été diffusée aux Etats-Unis avant son passage au Royaume-Uni. La série étant britannique, seule la date de diffusion en Grande Bretagne, région de Londres, est fournie.)

Scénario : Richard Harris & Brian Clemens

Réalisation : Charles Crichton

Christopher Lee (Colonel Mannering), David Sumner (Minnow), Philip Bond (Caspar), Patrick Newell (Mother), Glynn Edwards (Blackie), Neil McCarthy (Rasker), Neil Stacy (Mallard), Neil Wilson (Norton), Cardew Robinson (Mr. Puffin), Cecil Cheng (Captain Soo), Mark Elwes (Naval officer), David Richards (RAF officer).

Résumé

Plusieurs agents disparaissent et subissent un test anodin mais poussé d'endurcissement à l'interrogatoire. Peu après, tous les contacts de ces agents sont assassinés. Tara King est la prochaine sur la liste à devoir se plier aux questions…

Epilogue

Steed interroge Tara au dîner pour connaître la recette d'un plat.


CRITIQUES

6-21-02


Denis Chauvet

Avis : Une intrigue solide : ce plan diabolique est un des meilleurs scénarios d'espionnage. Un bon épisode avec la présence inestimable de Christopher Lee. Beaucoup de suspense et une tension palpable. Le repaire de Mother dans le fond d'une cabine téléphonique est bien British ! Des jeux de mots sur les noms des seconds rôles : Izzy (easy) Pound, Puffin...par contre, suivre le pigeon en hélicoptère ! Tara se sort bien des interrogatoires et nous donne une bonne scène de combat. Un des derniers 'bons' de cette sixième saison !

Avec le recul (nouvel avis, juillet 2011) : Points positifs : Christopher Lee, le QG de Mother (et les tournesols), la couverture des espions (archer, footballer, vendeur de ballons et mention spéciale au musicien Izzy Pond), l’intrigue mais…, le combat Tara/Soo mais…Points négatifs : la chute de l’intrigue est peu crédible (fable de Casper à son retour), le combat Tara/Soo a une erreur de continuité car elle est vaincue mais réapparait victorieuse ! Le final très décevant : l’hélicoptère suit un pigeon, Steed vite repéré, les militaires crédules, Steed et les ‘chinois’ et la ‘ruse’ des balles à blanc. 2,5.

Steed3003 14 mai 2009

Plus que jamais la saison 6 aime prendre le spectateur à contre-pied avec cet épisode où tout n'est que faux-semblants. Richard Harris écrit peu mais quand il écrit cela donne des épisodes incroyables comme Vengeur Volant ou Jeux.

Brian Clemens écrit lui beaucoup, mais le résultat est inégal. L’alliance des deux pour cet épisode fonctionne parfaitement. Interrogatoires revient à une veine plus réaliste et s’avère être un thriller psychologique aussi réussi que Mon rêve le plus fou. L’intrigue est parfaitement construite. De la scène d’introduction au final, le spectateur ne cesse d’être prise au piège de nombreux rebondissements. Les séquences très courtes s’enchaînent à un rythme trépidant. 40 ans avant 24h chrono, la série pose également la question de la torture pour obtenir des renseignements. Et sa conclusion est sans appel : un verre de martini ou une tasse de thé sont bien plus efficaces pour soutirer des informations ! Moins fantaisiste qu’à l’accoutumée, cet épisode manque d’humour, hormis quelques répliques de Mère-Grand. On y retrouve une ambiance paranoïaque. Mais quelques scènes délicieusement absurdes (la filature du pigeon avec un hélicoptère, la fanfare au milieu d’une carrière vide) viennent nous rappeler que nous sommes bien dans Chapeau Melon et pas dans Le Prisonnier. Malheureusement quelques mauvaises ficelles scénaristiques, un comble pour un scénario écrit à 4 mains, empêchent cet épisode d’atteindre le 4 étoiles : deux fois de suite, Steed arrive pile au moment du meurtre d’un agent secret, et quelques minutes plus tard, c’est au tour de Tara King !  Une facilité déconcertante pour le spectateur.

Le style de mise en scène sans esbroufes de Charles Crichton convient tout à fait à l’écriture. Il signe ici une réalisation simple et efficace, avec des angles souvent inventifs. Charles Crichton installe tranquillement une ambiance oppressante. L’intensité des scènes d’interrogatoires rappellent la violence de Mon rêve le plus fou. Christopher Lee nous avait laissés sur notre faim dans Interférences. Dans un rôle bien plus intéressant, il nous livre une performance magistrale, excellant dans la rupture de ton. Il est pour beaucoup dans la réussite d’Interrogatoires. Patrick Macnee est lui aussi surprenant dans sa composition d’un Steed plus sérieux, annonçant celui des New Avengers. Quel dommage que ces deux grands acteurs, et amis à la ville, ne partagent quasiment aucune scène ensemble !

Une fois n’est pas coutume, John Steed perd son flegme légendaire. Quand la vie de ses collègues agents secrets est en jeu, le champagne est mis au placard ! On remarquera que Tara King est le seul agent secret féminin au centre d’interrogatoire. Et quand on souhaite l’interroger sur John Steed, elle prévient : « It could take some time ! » [« Ca pourrait prendre du temps ! »].

Dans cet épisode plus réaliste, on sent que la créativité des décorateurs a été bridée : les décors apparaissent plutôt fades, même le repaire de Mère-Grand, tout juste fleuri. Mais ce style moins fantaisiste est tout à fait dans le ton.

Dans des tenues très courtes, les jambes de Linda Thorson sont mises en avant ! Le régime entrepris en coulisses depuis plusieurs mois aurait-il donc touché à sa fin ?  On remarquera sa robe de soirée bling bling dans le tag final. Travail sans saveur d’Howard Blake. Il nous avait pourtant habitués à mieux.

EN BREF : Un thriller psychologique haletant porté par la remarquable performance de Christopher Lee.

Estuaire44 16 février 2014

The Interrogators confirme l'une des tendances fortes de cette saisons : à côté d'une fantaisie parfois exacerbée, nombre de scénarios en reviennent aux fondamentaux de l'espionnage, tels que connus à l'époque Cathy Gale. A quelques légères modifications près (les intermèdes des informateurs), on aurait pu pleinement y retrouver cet opus, d'autant que Steed renoue lui avec ses intonations viriles et violentes d'alors, sans avoir cette fois l'excuse d'une partenaire en danger ; Une telle évolution ne pose certes pas problème dès lors qu'elle se justifie par une intrigue de qualité, ce qui s'avère d'évidence ici le cas. L'arnaque montée par Mannering (très à la manière de Mission Impossible) s'avère originale et subtile, d'autant plus prenant que son procédé ne se dévoile que progressivement. Surtout l'ingénieux dispositif imaginé par les auteurs joue finement de qualités purement britanniques manipulées par le fourbe Mannering : le Fighting Spirit, le goût du pari et la joyeuse fraternité des pubs, autour d'une pinte de bière.

L'autre grand atout d'Interrogatoires réside bien entendu dans l'exceptionnelle présence du grand Christopher Lee. La très bonne nouvelle de l'opus est que l'acteur ne se trouve pas confronté à une resucée opportuniste et servile de ses prestations cinématographiques de la Hammer, comme ce fut malheureusement la cas lors d'Interférences. Bien au contraire, Mannering lui offre un rôle de Mastermind autorisant pleinement la rencontre de son talent et du Monde des Avengers. Issu d'une grande famille britannique et ayant connu une carrière militaire en ses vertes années, , tout comme son camarade Patrick Macnee, Lee se révèle particulièrement à son aise pour incarner une parfaite image de l'officier anglais, apte à duper ses proies. En outre l'acteur sait parfaitement y instiller sa noirceur personnelle sarcastique et élégante. De fait Mannering se montre aussi envoûtant et dominateur que le fut Dracula ou que le deviendra Scaramanga. On apprécie également les seconds rôles, dont des Chinois cousins de ce deux de Avec vue imprenable. La présence accrue de Mother permet d'apprécier les différentes facettes du personnage, bourru mais très humain.

Crichton confirme son talent de metteur en scène, apportant un véritable impact aux diverses scènes d'interrogatoires. Sans pour autant violer la règle de l'absence de sang à l'image, ces passages comptent parmi les plus dures de la série, rejoignant également sur ce point l'ère Cathy Gale. On songe notamment à un épisode comme Le Cocon, à l'inégalable cruauté. La caméra sait également souligner l'insolite de la situation, notamment lors de l'arrivée de Tara à la résidence ou lors de l'exécution d'informateurs très particuliers. Crichton tire également un bon partie des rares extérieurs de l'épisode, notamment lors de la poursuite en hélicoptère du pigeon, façon l'escadrille infernale de Satanas et Diabolo. Le réalisateur s'entend également à mettre en valeur un QG de Mother ambitieux, entre pagode, temple grec et salon de l'horticulture.

L'exploitation de l'excellente idée de base du scénario demeure toute fois entachée de quelques faiblesses. En définitive on retrouve une nouvelle fois la litanie des meurtres et des Avengers arrivant toujours pile trop tard pour les empêcher, parfois de manière tout à fait caricaturale ici. De plus les informateurs tombent ici comme des cheveux dans la soupe, leur fantaisie exacerbée résultant exogène  à la tonalité globale d'un épisode. On devine ici une difficulté liée à l'exercice toujours difficile qu'est l'écriture à quatre mains, ces claires interventions de Brian Clemens manquant de liant avec le script de Richard Harris. Si l'on comprend que la présence de Christopher Lee entraîne un grand espace dédié à Mannering, on aura rarement vu les Avengers aussi inopérants. C'est particulièrement vrai pour Tara, qui passe les trois quarts de l'épisode à ouvrir des tiroirs et à décrire leur contenu ) Mother, ainsi qu'à échouer à sauver les cibles. Le marchand des ballons finit par s'en sortir par lui même, ce qui apparaît particulièrement rosse pour notre amie. Son statut de femme l’empêche de réellement faire preuve d'héroïsme durant les interrogatoires, selon les mœurs du temps. Steed lui même n'intervient  que lors de la dernière ligne droite, après avoir longtemps papoté avec Mother et le jeune officier. En définitive ce dernier contribue au moins autant que lui à la résolution de l'affaire.

EN BREF: Si les Avengers demeurent trop périphériques au récit, l'épisode s'appuie sur un grand Chistopher Lee, dont le talent est idéalement mis au service d'une idée originale et astucieuse.


VIDÉO


Steed perd son flegme !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

6-21-03


Tournage

o Les extérieurs du centre d'interrogatoires sont filmés à Brocket Hall à Welwyn Garden City.

o Steed arrive à la cabine téléphone, QG de Mother pour cet épisode. Scène tournée à Cavendish Place, Londres.


Continuité

o Comment se fait-il que des agents secrets, logiquement entraînés et préparés, tombent aussi facilement dans le piège du Colonel Manning ?


Détails

o Lorsque Tara rend visite à Minnow, on aperçoit les noms de Clemens et Fennell sur les sonnettes.

o Le terrain vague vu dans Mais qui est Steed ? refait une apparition avec Izzy Pound et son 'orchestre '.

Acteurs - Actrices

o Christopher Lee (1922) a fait ses débuts en 1948 mais ce sont ses films d'horreur avec la Hammer qui le fit connaître mondialement dans les années 50 jusqu'au début des années 70. Il tourna de nombreux films avec Peter Cushing. Il a également joué dans La vie privée de Sherlock Holmes et il est L'homme au pistolet d'or dans le James Bond du même nom. Il avait déjà été pressenti pour être le docteur No dans le premier film de la série. Il fit également une apparition dans le second et troisième volets de La guerre des étoiles. En 2001, il fut fait Commandant de l'ordre de l'empire Britannique pour sa longue carrière (227 films) et officier des arts et des lettres en 2002. Il a joué dans un deuxième épisode des Avengers : Interférences, saison 5.

o Philip Bond (1934) a participé à de nombreuses séries britanniques : Dr Who, L'homme à la valise - 2 épisodes, Les champions, Jason King, Bergerac.

o Neil McCarthy (1933-1985) était instituteur avant d'être acteur et de jouer surtout des rôles de criminels, soldats ou bagnards. Il est apparu à la télévision dans Destination danger, Le Saint (2 épisodes), Département S, Jason King, Le retour du Saint, Les professionnels et au cinéma dans Zoulou et The hill. Il a joué dans deux autres épisodes de la série : Brought to book, saison 1 et La chasse au trésor, saison 5. Il souffrait d'acromélagie et il s'est éteint d'une maladie liée à la motricité.

A noter que…

o Howard Blake composa la musique de cet épisode.

o Un homme de couleur apparaît (le Colonel Soo), ce qui est contraire à la bible de la série.

o L'idée de la cabine téléphonique, ici porte vers le repaire de Mère-Grand, sera réutilisée pour le film. Mais cette fois-ci la cabine ne sera plus une simple porte, mais carrément un ascenseur!

Fiche d'Interrogatoires des sites étrangers

En anglais

http://theavengers.tv/forever/king-13.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/tara/613.html
http://deadline.theavengers.tv/King-14-Interrogators.htm

En flamand

http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/king15.htm

En italien

http://www.serietv.net/guide_complete/agente_speciale/stagione_6.htm#142

 

Retour à la saison 6

Meurtre au programme6-20-01Interrogatoires

DU BOIS VERMOULU
(THE ROTTERS)

Steed gets a piano lesson - Tara dodges the axe

Tournage : Terminé le 8 octobre 1968

Diffusion : ITV , 8 janvier 1969 - 2ème chaîne ORTF 21 novembre 1970 ( La saison 6 a été diffusée aux Etats-Unis avant son passage au Royaume-Uni. La série étant britannique, seule la date de diffusion en Grande Bretagne, région de Londres, est fournie.)

Scénario : Dave Freeman

Réalisation : Robert Fuest

Gerald Sim (Kenneth), Jerome Willis (George), Eric Barker (Pym), John Nettleton (Palmer), Patrick Newell (Mother), Frank Middlemass ( Sawbow), and Dervis Ward, Harold Innocent, Tony Gilpin, Amy Dalby, John Stone, Charles Morgan, Harry Hutchinson, Noel Davis, John Scott.

Résumé

Des experts en sylviculture et en bois de charpente connaissent un triste sort. L'enquête conduit les Avengers vers un 'master mind' qui élimine toutes les personnes au courant de l'existence d'un procédé permettant la désintégration instantanée du bois. Son but est la déforestation de la Grande-Bretagne !

Epilogue

Tara prépare une omelette avec un champignon géant (au moins, elle sait cuisiner !). Cet épilogue rappelle celui du Monstre des égouts des TNA (Purdey et sa tomate survitaminée).


CRITIQUES

6-20-02


Denis Chauvet

Avis : Une intrigue typiquement Avengers. Toutes les caractéristiques d'un excellent épisode sont réunies. Deux tueurs bien particuliers qui font penser au couple homosexuel des Diamants sont éternels. Plusieurs excentriques dans cette aventure (plus d'un est généralement signe de bon épisode) : Mr Pym et son beffroi, Sawbow et sa façon de vieillir les meubles. Beaucoup d'humour et de jeux de mots. Très bonne réalisation de Robert Fuest (exemple: la voiture de Tara se reflète dans la camionnette à son arrivée chez Pendred). Des scènes d'action assez bien réalisées (le bûcheron et sa hache à la poursuite de Tara) et des extérieurs bien choisis. Des scènes comme la visite chez la vieille dame dans le cottage sont mémorables. 'John, you're a naughty boy' [John, tu es un vilain garçon !]. Un petit bémol : la doublure trop apparente de Steed lors de la bagarre avec les deux tueurs.

Avec le recul (nouvel avis, juillet 2011) : Points positifs : une intrigue dans la bonne tradition de la série ; une trouvaille et des morts à la chaine ; ici, les cinq personnes d’une photographie. Le QG de Mother : ‘Come along, Rhonda, pump, pump !’, les multiples excentricités (les deux tueurs, parmi les meilleurs vilains de la série, la société Wormdoom Ltd, Palmer qui tire sur les moineaux, Pym qui écoute les ‘bébêtes’ dans son beffroi, Sawbow qui ‘patine ‘ ses meubles…), la Britishness de l’épisode (Union Jack de Palmer, la fameuse boite aux lettres en vaporisateur géant, le cercueil en ‘British oak’ , la BBC), les scènes d’action (dont celle avec le type à la hache qui pique la Lotus), Steed chez la mère d’un suspect avec les deux tueurs, l’humour (‘Dry, dry !’’Do you want water ?’ ‘No, thank you’). Les points négatifs : pourquoi Tara se réfugie-t-elle dans une cabine en bois ? (c’est même la scène que je me souvenais après ma première vision en janvier 75 !) et la bourde de Tara :’Considering the facts that two people on that photograph have already been murdered’…alors qu’à ce moment, il n’y avait que Pendred ! Erreur de Tara/Thorson ou du scénariste ?

Steed3003 13 mai 2009

Un revival de la saison 5 pour les déçus de la saison 6 !

Dave Freeman écrit ici son seul épisode pour la série. Ultra respectueux de l’univers de Chapeau Melon , son épisode cumule toutes les caractéristiques de la série. Rien qu’au niveau des personnages, tous les archétypes connus répondent présent : les excentriques, les spécialistes farfelus, les vieilles dames british… et bien sûr le méchant mégalomane qui veut détruire le monde. Ce qui nous vaut un échange mémorable entre Tara King et Steed : « He’s got a plan […] to destroy the world ! » (« Il a un plan pour détruire le monde ! ») prévient Tara King, « Haven’t we all ? » (« Comme nous tous, non ? ») lui rétorque Steed ! Cet échange est tout à fait représentatif de l’incroyable qualité des dialogues : les mots d’esprit fusent à chaque scène. Certains personnages comme le Professeur Palmer, qui tire sur des moineaux au milieu d’une conversation avec Tara King, ou le duo d’hommes de mains, aussi agréable et poli que dangereux, sont croustillants. Extrêmement caractéristique de la série, cet épisode en reprend aussi un de ses défauts récurrents, une conclusion beaucoup trop vite expédiée. On pourrait d’ailleurs reprocher à cet épisode un certain suivisme dans les conventions, aussi anti-conventionnelles fussent-elles, de la série. Au final, le connaisseur regrettera un certain manque d’originalité et de créativité, malgré une parfaite exécution. Pour tout dire, cet épisode rappelle fortement la saison 5. L’attitude de Tara King fait d’ailleurs étrangement penser à celle de Mrs Peel.  La saison 6 était allée beaucoup plus loin dans le délire et l’absurde, réécrivant et dynamitant le concept de la série (avec des résultats inégaux). Tout paraît plus timide et schématique ici. Mais comme les épisodes des saisons précédentes, il se suit avec très grand plaisir.

Si le scénario rappelle fortement les saisons 4 et 5, ce n’est pas le cas de la réalisation. Robert Fuest, à la mise en scène symbolique du renouveau artistique de la saison 6, signe une fois de plus un travail remarquable. On retrouve son  style dynamique. Conjuguant l’aspect racé et élégant de la série british avec une efficacité à l’américaine redoutable. Quelques plans de nuit sont d’une belle plastique, comme celui où l’on aperçoit l’église où il ne reste plus rien, hormis la cloche.  Les scènes d’action, dont une attaque à la hache mémorable, souffrent toutefois de ce problème de doublures trop visibles.  Les effets spéciaux sont un peu limites : on montre le bois, plan de coupe, effet sonore criard, nouveau plan et plus de bois. Dans le même genre, ceux de Mission très improbable étaient plus convaincants.  Le casting est un vrai bonheur.  On saluera la prestation de  nos têtes d’affiche, Patrick Macnee est plus désinvolte que jamais et Linda Thorson démontre une finesse dans son interprétation qui devrait faire taire ses détracteurs.  

Tara King est véritablement mise à contribution dans cet épisode : pas moins de trois scènes d’action pour elles. Son attitude avec ses ravisseurs, entre copinage et provocation, rappelle fortement celle de Mrs Peel lors des saisons précédentes. Dans une des meilleures scènes, Steed également parle nonchalamment de la pluie et du beau temps avec le duo de tueurs, mais c’est pour mieux les démasquer ! Le duo est en tout cas parfaitement rôdé : l’un finissant les phrases de l’autre et chacun vaquant à ses tâches et faisant progresser l’enquête. Encore une fois, on est plus proches des années Peel que du reste de la saison.

Les décors sont fastueux : la boutique d’antiquité, l’église… Seul le repaire de Mère-Grand surprend un peu : une sorte de boîte de nuit néo-pop inclassable avec des canapés gonflables. Un décor à la teinte 70’s gentiment kitsch. Comme c’est souvent le cas dans la saison 6, une grande partie de l’intrigue se déroule en extérieur, en forêt notamment.

Tara King a une garde-robe très Mrs Peel dans cet épisode. Décidément ! Sa veste violette ou son imperméable noir nous rappellent les tenues de la saison précédente. John Steed lui porte un costume marron, une couleur forestière on ne peut plus dans le ton de l’épisode.

La musique de Laurie Johnson est une belle déception : ronflante, sans aucun dynamisme, la plupart du temps reprise d’anciens épisodes… Un travail bâclé !

EN BREF : Une intrigue sans surprises (trop) typique de la série, mais parfaitement exécutée, et au final très agréable à suivre.

Estuaire44 16 février 2014

Sa structure narratrice limite quelque peu l'indéniable succès de Rooters. Le scénario s'articule quasi totalement autour de la sempiternelle succession d'assassinats de victimes liées au commanditaire, avec les Avengers arrivant toujours trop tard. Le problème ne réside pas seulement dans la satiété du déjà-vu, mais aussi dans le caractère de prévisibilité marquée que cela confère au récit. De fait on se situe tout du long en terrain, mais l'auteur va néanmoins parvenir à se jouer habilement de ces clichés. En effet, ici à l'ouvrage pour son unique scénario pour la série, Dave Freeman reste un grand spécialiste de la comédie. Il a ainsi collaboré avec Benny Hill, plusieurs sitcoms humoristiques et la série des Carry On. Sa savoureuse idée consiste à s'emparer des éléments les plus identifiants de la série, estampillés saison 5 (l'enquête demeurant classique et solidement construite), tout en les poussant au grand feu de la comédie, établissant ainsi un appréciable pont avec la période actuelle, vanadate fantaisiste.

Outre le schéma narratif, on retrouve ainsi de nombreux Excentriques, des tueurs inexorables,  et un Diabolical Mastermind en bonne et due forme, éléments mis en retrait cette saison. On renoue également avec la Science-fiction originale et délicieusement absurde caractérisant nombre des aventures menées en compagnie de Mrs Peel. Même Tara se fait moins exubérante et davantage sarcastique, se rapprochant quel que peu de son illustre devancière. Mais ces éléments se voient considérablement enrichis en humour, avoisinant le pastiche sans jamais l'atteindre totalement, avec une écriture en fait toute en finesse. Les Excentriques se multiplient jusqu'à emplir le récit. Mais sans que la quantité prenne le pas sur la qualité. Apportant une constante et irrésistible folie douce à l'opus, ces Excentriques hauts en couleurs et interprétés par des spécialistes du genre. Savent en outre diversifier leur humour : folkloriques avec Palmer, absurde avec Pym, charmant avec Mrs Forsythe ou picaresque avec Sawbow. Ces différents sketchs proposent en outre un joli panorama des différents métiers du bois, une vraie thématique pour le récit.

Mais on avouera goûter particulièrement les antagonistes du jour, également classiques mais revus sous le prisme d'un humour joyeusement exacerbé. Le duo de tueurs snobs et grinçants (assez proches  de leurs collègues de Les diamants sont éternels) nous vaut d'excellents dialogues, que l'on pourrait qualifier aujourd’hui de quasi tarantinesques. Leur amusant gadget destructeur de bois génère de spectaculaires gags, bien dans le ton cette fois de cette saison 6 souvent proche des cartoons américains. Le bûcheron mal dégrossi suscite également son lot d'excellentes scènes, également très visuelles. On se régalera également  avec Wainwright, Diabolical Mastermind bon teint, à la démesure logiquement exacerbée et facétieusement  extravertie. Difficile de ne pas éclater de rire en découvrant sa classique mais totalement délirante péroraison devant Tara King. Freeman aura su gérer avec efficacité un nombre particulièrement élevé de personnages.

Robert Fuest met intelligemment en retrait ses habituelles ambitions de designer, qui auraient été ici hors sujet, dans ce récit rejoignant la saison antérieure. Il se rattrape néanmoins dès que possible, avec ce QG de Mother autrement plus marquant que le très atone de Killer et versant totalement dans le psychédélisme. On le croirait jailli du Barbarella de Roger Vadim, également tourné en 1968. Fuest réussit également quelques jolis coups, tels l'atmosphère étrange du plateau de la cloche effondrée ou l’accélération de la percée de Steed dans l'antre des méchants, sur le modèle de celle d’Escape In Time, ce qui accentue capselle cartoonesque de l'épisode. En parfaite adéquation avec le thème de l'intrigue il sait également multiplier les extérieurs boisés, tout en y mêlant quelques jolies perspectives.

L'emballement humoristique de Freeman se déchaîne sur la pauvre Tara, avec un comique de répétition autour des successives galères s’abattant sur la malheureuse. Particulièrement séduisante dans sa courte tenue verte, Linda Thorson fait face avec vaillance et malice, tout en se montrant convaincante lorsque Tara revêt quelques intonations à la Mrs Peel (le détachement sarcastique face aux rodomontades des méchantes, voire quelques -petites- piques amicales envers Steed). L'allant de l'épisode fera pardonner certains passages obligés des Sixties, comme le « ressuscité » surprenant l'héroïne ou l'acide providentiel à portée de la main. Steed orchestre la folie ambiante de main de maître. En parfaite adéquation avec le projet de réécriture des classiques de la série, c'est avec un vif plaisir qu'on le découvre renouer avec le plaisant numéro de la fausse identité. La quiproquo musical qu'il organise traîtreusement afin de piéger les tueurs constitue un excellent comique de situation. Son hideuse vêture au sein d'un tag une nouvelle fois calamiteux confirme par contre le retour à la saison 6 !

EN BREF: L'épisode reprend les caractéristiques de la saison 5, pour finement les refaçonner par l'humour fantaisiste et visuel de la présente. Une divertissante passerelle jetée entre les ères Emma Peel et Tara King, même si rapidement prévisible. 


VIDÉO


Steed enquête avec un spécialiste très particulier !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

6-20-03


Tournage

o The Hatfield Country Club à Essendon représente les bureaux de Wainwright Timber Industries.

o Kenneth et George arrivent à l'église où Pym est au travail. C'est l'église St Andrews à Little Berkhamsted.

o Tara poursuit en voiture Sawbow mais celui-ci la sème. Scène tournée à Littleworth Common à Burnham.

o Tara est bloquée avec un camion et attaquée dans les bois à Burnham Beeches.

o George et Kenneth arrivent au domicile de Sir James Pendred à Bellmoor, Londres.

o La serrure demeurant seul rescapée de l'annihilation de la porte lors de la séquence initiale porte l'inscription Hobbs, Hart and Co. Il s'agit d'une firme remontant à 1852, dont les serrures complexes et de grande qualité étaient prisés par la haute société anglaise. Ces ouvrages d'art anciens sont aujourd’hui particulièrement recherchés par les collectionneurs. L’Américain Alfred Charles Hobbs se rendit à la Première Exposition Universelle, tenue à Londres en 1851. Lors d'un concours public, sa serrure dite "parautoptique" triompha de tous ses concurrents britanniques, faisant sensation auprès du public londonien : pour la première fois la technologie de l'ancienne colonie surpassait manifestement celle de l'Empire. Hobbs assura ainsi le lancement de sa société, en association avec l'Anglais Hart.


Continuité


Détails

o BBC ne signifie pas ce que vous croyez mais British Burial Caskets ! (Littéralement, cercueils britanniques pour enterrements de luxe). En VF : Bière Bouquets Couronnes.

o Le nom de l'entreprise est : 'Wormdoom Ltd' (qu'on pourrait traduire par 'mort aux vers', encore un jeu de mots difficilement traduisible).

Acteurs - Actrices

o Eric Barker (1912-1990) était un visage familier de la comédie en Grande Bretagne. Il débuta sa carrière dès 1916 mais il fut célèbre à la radio de l'armée pendant la seconde guerre mondiale. Vu dans Alfred Hitchcock presents, Destination danger et sa dernière apparition à l'écran fut en 1978 dans une resucée du film Emmanuelle !

o John Nettleton (1929) était célèbre dans les années 60 et 70 car il prêtait sa voix à de nombreuses émissions pour enfants. Egalement dans L'homme transparent, saison 5.

o John Stone (1924) est un acteur gallois. Il a participé à deux autres épisodes de la série : Le Marchand de secrets (saison 3) et Le joker (saison 5). Vu également à la télévision dans Le Saint, Les Champions, Amicalement vôtre…

A noter que…

o Le titre The rotters est un jeu de mots (il y en a beaucoup dans l'épisode en VO). Rotten signifie 'pourri, carié' (pour le bois) et rotters veut dire 'sales types, bons à rien.'

o Dans certains épisodes de la saison 6, de nombreux acteurs apparaissent au générique sans le nom de leur personnage.

o DVD : Une image de piètre qualité.

o Coupures de presse lors de la 1ère diffusion française.

Télé 7 Jours

Télé Poche

Fiche Du bois vermoulu des sites étrangers

En anglais

http://theavengers.tv/forever/king-14.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/tara/614.html
http://deadline.theavengers.tv/King-15-Rotters.htm

En flamand

http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/king16.htm

En italien

http://www.serietv.net/guide_complete/agente_speciale/stagione_6.htm#143

En espagnol

http://losvengadores.theavengers.tv/tara_rotters.htm

 

Retour à la saison 6

Etrange hôtel6-19-02Du bois vermoulu

MEURTRE AU PROGRAMME
(KILLER)

Steed gets a new partner - Tara gets some R and R

Tournage : Terminé le 27 septembre 1968

Diffusion : ITV , 22 janvier 1969 - 1ère chaîne ORTF 12 octobre 1973 ( La saison 6 a été diffusée aux Etats-Unis avant son passage au Royaume-Uni. La série étant britannique, seule la date de diffusion en Grande Bretagne, région de Londres, est fournie.)

Scénario : Tony Williamson

Réalisation : Cliff Owen

Jennifer Croxton (Lady Diana), Grant Taylor (Merridon), William Franklyn (Brinstead), Richard Wattis (Clarke), Patrick Newell (Mother), Harry Towb, John Bailey, Michael Ward, James Bree, Michael McStay, Anthony Valentine, Charles Houston, Jonathan Elsom, Clive Graham, Oliver Macgreevy.

Résumé

Des agents sont retrouvés morts, emballés, enrubannés et déposés dans un cimetière. L'assassin se nomme Remak mais sous quelle apparence agit-t-il ? Steed et sa nouvelle partenaire, Lady Diana Forbes, mènent l'enquête.

Epilogue

Steed rentre chez lui et découvre un amoncellement de cartes postales. Tara est de retour et elle offre à Steed un canot pneumatique qu'il gonfle immédiatement.


CRITIQUES

6-19-01


Denis Chauvet

Avis : Bonne intrigue et une superbe Jennifer Croxton (Lady Forbes) en Avengers girl, un mélange de Mrs Peel et de Purdey. Sportive et charmante, elle nous met en appétit et nous donne un aperçu de ce que la saison 6 aurait dû être : une totale réussite ! Jennifer Croxton a plus de confiance en soi et de subtilité que l'actrice qu'elle remplace. Une excellente mise en scène, de l'action, une musique agréable et une histoire typiquement Avengers ! Dommage que qui vous savez rentre de vacances pour nous gratifier d'un épilogue ridicule : triste retour à la réalité !

Avec le recul (nouvel avis, juillet 2011) : Points positifs : action, suspense, mystère (même si on sait que Remak est un ordinateur à la revoyure), les agents décimés aseptisés, empaquetés et livrés par hélicoptère au cimetière, Freddy, le roi de l’emballage, des airs musicaux de la saison 4 (dont Les fossoyeurs au cimetière et Les cybernautes dans le final), le départ de Tara en vacances, le faux mort, l’humour (chapeau, brandy, suranaya), le bus et les mannequins, le final Steed versus Remak et, bien sûr, Lady Forbes (‘Call me Steed, I call you Forbes’) et sa Triumph blanche : subtile, féline, élancée, bien habillée (en contraste avec la titulaire) et une voix chaleureuse. Un chapeau en bonus pour cette unique prestation. Lady Forbes méritait de revenir pour s’affirmer.  Points négatifs : suspense moins présent à la rediffusion, le retour de Tara dans un tag stupide. Four !

Steed3003 29 mai 2007

Après le médiocre Georges et Fred, Tony Williamson s'intéresse une nouvelle fois aux ordinateurs. L'essai est-il cette fois conclu?

Pas de répit pour Tony Williamson: il avait déjà écrit l'épisode précédent (Etrange Hôtel) et enchaîne avec celui-ci. Pour l'occasion, Tara King est remplacée le temps d'un épisode par un nouvel agent : Lady Forbes. Il introduit parfaitement Lady Forbes et règle en quelques dialogues son duo avec Steed. Néanmoins, si le personnage se révèle excellent dans les scènes physiques, il manque d'humour et de personnalité. On regrettera qu'il n'ait pu être développé dans plus d'épisodes, comme l'avait par exemple été Venus King dans la saison 2. L'intrigue de Meurtre au programme est passionnante. Contrairement à Georges et Fred, où le traitement de l'informatique était des plus rebutants, Tony Williamson a su ici tirer tout l'intérêt dramatique et ludique de l'ordinateur. Le rythme est à l'américaine : cette rapidité parfois étourdissante, tout en sachant prendre son temps pour les scènes essentielles, permet une tension constante. Les morts s'accumulent sans temps...mort! Une caractéristique qui n'est pas sans rappeler celle de Maille à partir avec des taties où là aussi, le temps d'un épisode, Steed faisait équipe avec une nouvelle partenaire. Tony Williamson se moque d'ailleurs joyeusement d'un tic bien connu des scénaristes: le mourant qui dans son dernier souffle révèle une information capitale. Ce faux semblant sous forme de dérision, la première fois le spectateur est pris au piège, est tout à fait dans l'esprit de la série! On se souvient d'ailleurs que Tony Williamson avait lui même utilisé cette astuce dans le nettement moins glorieux Georges et Fred. En tout cas, Tony Williamson sait maintenir le mystère tout au long d'un épisode où il est bien difficile de croire que c'est un ordinateur qui est responsable de tous ces meurtres. A ce titre, il est bien dommage de remarquer un titre français moins équivoque que le titre original. L'intrigue aboutit sur une scène finale qui compte parmi les meilleures de la série. En bref, une intrigue parfaitement maîtrisée qui permet de passer outre la légèreté du personnage de Lady Forbes.

Il s'agit ici de l'unique mise en scène de Cliff Owen pour la série, un réalisateur qui d'ailleurs ne fera pas carrière. Son travail s'inscrit dans la continuité de ceux de John Hough, Robert Fuest et Ray Austin qui cherchaient à dépoussiérer la série. Cliff Owen se montre à la hauteur de ses prédécesseurs. En parfaite harmonie avec le scénario, il nous offre une réalisation des plus bluffantes. Il apporte un côté spectaculaire qui sied parfaitement au ton de Meurte au programme. Faisant preuve d'une recherche et d'une inventivité constante, il ne cesse de surprendre; quitte parfois à en faire trop et à donner un air foutraque à l'épisode. En effet, il a tendance à multiplier les effets et sa mise en scène apparaît parfois un peu précieuse. En tout cas, sa réalisation est extrêmement soignée et s'écarte de très loin des standards télévisés de l'époque. Il suffit de regarder la scène finale hallucinante où Steed est pris au piège de Remak (l'ordinateur diabolique) pour remarquer l'étendue du talent de Cliff Owen. Jennifer Croxton se débrouille plutôt bien dans le rôle de Lady Forbes mais ne jouit certainement pas de l'aura des autres Avengers girls. Macnee, bien soutenu par Newell dans le rôle de Mère Grand se révèle excellent et prend sans difficulté la vedette de l'épisode.

Tara King prend des vacances! Elle l'avait déjà fait dans l'épisode précédent, pour des motifs certes bien différents. Elle est remplacée par Diana Forbes qui se situe dans une situation bien plus d'égal à égal avec Steed. Mais bien qu'à l'aise physiquement, le personnage manque cruellement d'humour et de charme.On retrouve avec plaisir Tara King à la fin de l'épisode (quoi qu'en disent les mauvaises langues!). Une Tara King qui a inondé son partenaire de cartes postales!

Le studio de cinéma désert nous permet de retrouver durant quelques scènes l'atmosphère de Caméra Meurtre. Le pub est aussi réussi. Un décor très moderne et parfaitement réussi pour les entrailles de l'ordinateur. Pas mal d'extérieurs aussi, sans grandes particularités mais joliment ensoleillés.

Au début de l'épisode, nous pouvons voir Tara King porter un ensemble bleu clair ravissant avec une mini jupe nous laissant entrevoir des jambes qui n'ont rien à envier à celles de Diana Rigg. La garde robe de Lady Forbes s'avère être un mix improbables des trois Avengers girls précédentes. Ce mix nous permet de revoir le chapeau de l'ère Gale qui n'a rien perdu de ses attraits. Enfin, Steed enchaîne des costumes à se damner dans trois coloris différents :marron, bleu marine et gris.

Laurie Johnson ne nous offre aucune composition nouvelle mais seulement une reprise d'anciens thèmes, plus ou moins adaptés selon les scènes.

EN BREF : Efficace et des plus spectaculaires, Meurtre au programme figure parmi les joyaux de la série.

Estuaire44 16 février 2014

On apprécie le pont jeté entre l'épisode précédent (Étrange hôtel), également écrit par Tony Williamson), qui se concluait par la volonté affichée par Tara de partir en vacances et qui passe ici à l'acte. Un joli effet mais, pour le reste, le scénario de Killer se caractérise par son insigne faiblesse. En effet tout ce qui précédé le véritable argument de l'intrigue, la confrontation entre Steed et REMAK, ne représente qu'un interminable prétexte, où Williamson se contente de meubler, de plus maladroitement. Pour cela il suscite une accumulation des poncifs les plus éculés au fil de la série, tels l'informateur déboulant chez Steed pour y mourir en débitant quelques termes sibyllins, ou encore le marronnier absolu du défilé ininterrompu de meurtres. Le suspense autour de la véritable nature de REMAK ne perdure guère, les spectateurs comprenant le pot aux roses bien avant les Avengers, tant les indices se multiplient. La surprise de nos héros lors de la « révélation » résulte dès lors plus attristante qu'autre chose.

L'auteur a également recours à l'arme de prédilection des scénaristes acculés : la réitération. Ce n'est ainsi pas une ou deux, mais bien trois fois (trois) que l'on nous assène l'intégralité de la procédure d'exécution, ce qui alourdit considérablement un récit déjà peu tonique. Cet acharnement souligne de facto l'inanité du concept, puisque l'inamovible et onéreux REMAK ne fonctionne qu'en supposant qu'aucun des agents d'élite du Ministère ne soit capable de distinguer un cadavre d'un simulateur. Pour épicer son brouet dépourvu d'humour, Williamson tente plusieurs manœuvres vite avortées, comme des Excentriques sans saveur (le légiste) ou versant dans le gros rire traditionnel autour des homosexuels (le marchand de rubans). Le summum se voit atteint avec l'associé aussi vite apparu que disparu, uniquement destiné à gagner quelques précieux mètres de pellicule. On appréciera toutefois de retrouver les décors de Caméra meurtre, en particulier l'escalier avec lequel Steed franchit les grilles des studios. Les deux antagonistes ne sont pas non plus dépourvus de saveur, sans atteindre pour autant des sommets.

Au terme de cet indigent pensum survient la récompense du patient public, avec le combat tant attendu entre Steed et la machine infernale. Celle-ci tient ses promesses jusqu'à apporter une vraie justification à l'épisode, même si trop brève. Ici pour la seule fois derrière les caméras de la série, Cliff Owen manifeste un vrai savoir faire dans la mise en valeur de pièges astucieux et de décors élaborés. Il suscite une authentique atmosphère inquiétante, même si l'on peut regretter l'absence de Robert Fuest. Particulièrement versé dans l'art du design, ce dernier aurait encore pu accentuer les effets, tout en apportant une tonalité d'ensemble à l'épisode, en rehaussant les autres décors, très quelconques. Même le QG de Mother semble en retrait, vis à vis des créations antérieures. On reconnaîtra également  à Cliff Owen de s'être efforcé de dynamiser l'atonie du récit, par un montage aussi nerveux que possible, parfois abrupt.

L'autre caractéristique forte de l'épisode réside dans l'introduction d'une nouvelle partenaire de Steed. Forbes bénéficie de la personnalité de la tonique Jennifer Croxton, dont la vivacité et l'allant compensent une intonation parfois trop monocorde. Hélas l'auteur (et sans nul doute doute Brian Clemens lui même) commettent l'erreur d'opter pour la facilité en la campant sous les traits d'une quasi clone d'Emma Peel. Vêture, chevelure, style de voiture ou de combat, postures, tout concoure à ravir les nostalgiques de l'ex veuve ; mais il aurait été plus porteur d'imaginer une personnalité nouvelle plutôt que de ressasser un âge révolu. Une série comme Doctor Who privilégie toujours l'avenir au passé en innovant sans cesse dans le domaine clé de la personnalité de ses protagonistes. Inévitablement, cela suscite des périodes que l'on aime moins que d'autres, mais la série demeure vivace, car sans cesse renouvelée.

Ici le message perçu est que les Avengers demeurent intrinsèquement liés à Mrs Peel, et sont donc condamnés à terme, car il n'existe qu'une seule Diana Rigg. Il s'agit bien ici d'un miroir aux alouettes car les contempteurs de Tara King aimant à porter Forbes aux nues, détesteraient pareillement cette dernière si elle avait succédé à leur idole, la considérant comme une pale et indigne copie. Forbes se voit également assez maltraitée par l'intrigue, oubliant un indice capital, ne bénéficiant de pratiquement aucun moment de complicité avec Steed ou d'une scène d'adieux en bonne et due forme, le tag final (désastreux) voyant le retour de Tara, ce qui n'avait rien d'obligatoire. Alors que Steed monopolise virilement les scènes épiques contre REMAK, l'apparition miraculeuse et largement inexpliquée de Forbes au sein du dispositif achève d'en ruiner le concept. 

EN BREF: L'épisode se résume à un interminable et laborieux prologue au certes spectaculaire affrontement entre Steed et REMAK. Forbes se limite à une copie inévitablement mineure d'Emma Peel.


VIDÉO


Steed pris au piège !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

6-19-03

 


Tournage

o Haberdasher Aske's School à Elstree est le bâtiment Remak.

o Steed et Lady Diana arrivent au pub The Pirate et y cherchent Remak. Ils sont attirés à l'extérieur. Scène tournée à The Crown, East Burnham.

o Trancer s'échappe à l'arrière d'une camionnette sur Dagger Lane à Elstree.

o Lady Diana arrive en voiture chez Wilkington. Scène filmée à Letchmore Lodge, Elstree Road.

o Lady Diana poursuit le car qui vient de quitter le bâtiment Remak sur London Road près de Shenley.


Continuité

o Comment des agents expérimentés ne prennent jamais le pouls du faux mort avant de croire à son décès ?


Détails

o Remak est l'abréviation pour : 'Remote Electro-Matic Agent Killer'. o Pourquoi 'meurtre' au singulier dans le titre français ?

o Une bouteille de champagne Meudon, à peine entamée, traîne sur le bureau de Steed à...11H30 du matin!

o Steed fait 1m85 et pèse 80 kilos comme nous l'apprend l'ordinateur. Avec un indice de masse corporelle de 23,4; il se situe donc dans une corpulence normale.

Acteurs - Actrices

o Jennifer Croxton a fait peu d'apparitions à l'écran ; le rôle de Lady Diana Forbes étant son quatrième après des débuts en 1966 dans la série Dixon of Dock Green. Elle ne fera que des apparitions TV dont Moi, Claudius ; la dernière en date est The tenth Kingdom (2000).

o William Franklyn (1926-2006) a tourné dans trois épisodes de la série : Il est l'inoubliable Omrod dans La poussière qui tue de la saison 4. Il a joué également dans Meurtre au programme, saison 6 et Otage des TNA. Il a souvent prêté sa voix à des publicités comme celles, très connues de Schweppes. Sa carrière a couru sur cinquante ans aussi bien à la télévision qu'à la radio, au théâtre et au cinéma. Il a passé sa jeunesse en Australie avant de revenir à Londres. Il fit ses débuts au théâtre à l'âge de 15 ans dans des rôles dramatiques puis dans des comédies. Il devint célèbre par des spots publicitaires en 1965. Il est apparu dans les séries britanniques Le baron, Les champions. Sa dernière apparition à l'écran remontait à 2004. Il est décédé d'un cancer de la prostate.

o Grant Taylor (1917-1971) est le général James Henderson dans UFO. Il a joué également dans Le Saint, Les champions.

o Richard Wattis (1912-1975) était un acteur comique britannique reconnu pendant trois décennies. Il mourut d'un arrêt cardiaque.

A noter que……

o Jennifer Croxton remplace Linda Thorson (partie en vacances), l'espace de cet épisode. Une polémique est née : était-ce un test pour remplacer définitivement Linda Thorson ? Brian Clemens dément cette information dans le livre Chapeau melon et bottes de cuir - éditions 8ème Art : "A cette époque, je m'étais brouillé avec Thames TV (pour une raison sans rapport avec les Avengers) et j'avais quitté la série. De sorte que Linda Thorson fut engagée pendant mon absence. Pour ma part, ce n'est pas elle que j'aurais choisie, car elle manquait de personnalité et, ce qui est plus grave, d'humour. C'est pourquoi, dès mon retour, j'ai créé le personnage de Mère-Grand afin qu'il apporte à la série un peu d'humour à la place de Linda. Certes Linda donnait le meilleur d'elle-même, mais elle manquait trop d'expérience. Quoi qu'il en soit, l'apparition de Jennifer Croxton n'a jamais correspondu à une tentative de remplacer Linda, elle a eu pour seul but de lui permettre de prendre des vacances.". o Problème de son sur la piste anglaise du dvd avec de nombreux scratchs.

o Le titre français lève toute ambiguité sur la nature du "tueur" de l'épisode.

o Jennifer Croxton est dans la première version de l'épisode Invitation to a Killing dans le rôle d'une photographe mais elle n'apparaît pas dans la version définitive Un dangereux marché.

o Dans certains épisodes de la saison 6, de nombreux acteurs apparaissent au générique sans le nom de leur personnage.

o Remak est le titre allemand tandis que les italiens ont gardé le titre original. o Il y aura une sorte de remake dans The New Avengers avec Complexe X41.

o Coupures de presse lors de la 1e diffusion française.

Télé 7 Jours

Jours de France

Fiche de Meurtre au programme des sites étrangers

En anglais

http://theavengers.tv/forever/king-16.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/tara/616.html
http://deadline.theavengers.tv/King-17-Killer.htm

En flamand

http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/king18.htm

En italien

http://www.serietv.net/guide_complete/agente_speciale/stagione_6.htm#145

 

Retour à la saison 6

Mais qui est Steed?6-18-02Meurtre au programme

ETRANGE HÔTEL
(WISH YOU WERE HERE)

Steed wonders where Tara's got to - Tara takes an endless holiday

Tournage : Terminé le 12 septembre 1968

Diffusion : ITV , 12 février 1969 - TF1, 2ème chaîne ORTF 1er novembre 1969 ( La saison 6 a été diffusée aux Etats-Unis avant son passage au Royaume-Uni. La série étant britannique, seule la date de diffusion en Grande Bretagne, région de Londres, est fournie.)

Scénario : Tony Williamson

Réalisation : Don Chaffey

Liam Redmond (Charles Merrydale), Robert Urquhart (Maxwell), Brook Williams (Basil), Dudley Foster (Parker), Patrick Newell (Mother), Gary Watson (Kendrick), Richard Caldicot (Mellor), Derek Newark (Vickers), David Garth (Brevitt), Louise Pajo (Miss Craven), John Cazabon (Mr. Maple), Sandra Fehr (Attractive girl).

Résumé

L'oncle de Tara n'est pas revenu de vacances. Elle décide de partir à sa recherche et se rend à l'hôtel où il est descendu. Miss King réalise assez rapidement qu'elle est, comme tous les pensionnaires, retenue prisonnière.

Epilogue

Tara arrive chez Steed et réalise qu'il ne peut pas bouger de chez lui …car il garde le bébé des voisins.


CRITIQUES

6-18-01


Denis Chauvet

Avis : Malgré quelques bons moments, le pastiche du Prisonnier tire trop sur la comédie. Steed est rarement présent...et le titre VO résume parfaitement la situation : Wish you were here [dommage que tu ne sois pas là, en gros]. J'ai trouvé cet épisode souvent ridicule et ennuyeux. De plus, l'omniprésence de Tara ne fait qu'accentuer ce sentiment. Un épisode en tout cas qui lui convient bien mais qui n'aurait pas tenu avec Mrs Peel. A voir pour les extérieurs et les nombreux seconds rôles déjà vus dans la série (souvent dans de meilleurs épisodes !).

Avec le recul (nouvel avis, juillet 2011) : Points positifs : rien à part la présence du mastermind Maxwell alias Robert Urquhart, déjà vu dans le superbe Castle De’ath. Points négatifs : une parodie du Prisonnier bavarde et ennuyeuse. Mother sur une balançoire raconte une histoire pénible, Basil l’idiot du village…le genre d’épisodes qui bascule la série dans la niaiserie granguignolesque. Bon pour faire découvrir la série à des enfants de 6/7 ans. 2 à l’époque, 0,5 maintenant mais je n’avais pas eu le temps de revoir tous les épisodes au moment de l’élaboration des fiches !

Steed3003 1er mai 2007

Chapeau Melon et Bottes de Cuir persévère dans la comédie.

Tony Williamson alterne le pire avec le meilleur. Nous l'avons vu par le passé. Heureusement, pour nous, la cuvée est ici bonne, voire excellente par moments. Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas Brian Clemens qui isole une Avengers girl de son partenaire. Il le fera tout de même bientôt dans Pandora. Si Tony Williamson reprend la formule du huis clos, qui avait si bien réussi à l'Héritage diabolique et au Joker, il en pervertit néanmoins le schéma original. Alors que ce type d'épisode était habituellement souvent sombre et angoissant, il en tire ici une comédie réjouissante. Il donne le ton de l'épisode dés la scène d'intro. En effet, l'essentiel des effets comiques d'Etrange hôtel sont tirés du contraste entre la situation apparente (des clients dans un hôtel ouaté où tous leurs désirs sont réalisés) et la situation réelle (la majorité y sont retenus contre leur gré). On imagine d'ailleurs bien la série qu'aurait pu devenir Le Prisonnier si Patrick Mc Goohan avait choisi le même traitement. Une série sûrement meilleure diront les mauvaises langues. L'histoire se suit avec beaucoup de plaisir. Les éléments s'enchaînent et l'étau se resserre progressivement sur notre héroïne, qui ne va pas manquer de courage ni d'imagination pour s'échapper. Pour une fois, la part belle est faite au personnage de Tara King. La seule fois qu'elle avait été autant mise en avant, c'était dans le désastreux Je vous tuerai à midi. La fin de l'épisode prend même des airs de slapstick (tarte à la crème et peau de banane inclus!)! Si la comédie n'est pas toujours des plus fines, elle est souvent irrésistible. Notamment via des personnages qui font honneur à la série. Le neveu de Mère Grand, Basil, s'impose comme LE personnage comique de la saison. Ses quelques scènes avec Steed et Mère Grand sont désopilantes. Enfin, l'intrigue est assez solide, avec un ultime twist surprenant, pour éviter à Etrange hôtel de tomber dans la pitrerie.

Don Chaffey est un metteur en scène surprenant. On ne retrouve en effet aucun des éléments appréciés dans sa précédente réalisation (Le legs), mais les éléments plus critiques ont eux été corrigés. On peut en effet s'interroger sur cette brutale chute de niveau. On peut supposer que le metteur en scène du Prisonnier était mal à l'aise à l'idée de pasticher une série à laquelle il avait tant apporté. Il en avait en effet tourné le pilote et les meilleurs épisodes, dont Echec et mat. Difficile de comprendre pourquoi la production de Chapeau Melon lui a confié les manettes de l'épisode, seulement quelques mois après que ce dernier ait arrêté de travailler pour la série. L'humour aglais sûrement... La mise en scène est incroyablement statique et manque considérablement d'énergie. Tous les plans ne cessent de se ressembler! Par ailleurs, Don Chaffey est apparemment peu doué pour diriger les scènes de comédies. De nombreux gags tombent malheureusement à l'eau à cause de ses approximations. Quand à l'invasion de zooms, tirée elle directement du Prisonnier, elle devient vite insupportable. Le moindre mini évènement donne lieu à un zoom! Nous avions regretté dans Legs le mauvais jeu des acteurs et la mauvaise direction de Don Chaffey. Ici, c'est exactement l'inverse : le casting est plus que parfait et l'alchimie comique fonctionne sans difficulté entre les principaux acteurs. Linda Thorson excelle dans la comédie et porte sans difficulté l'épisode sur ses épaules.

Mère Grand souhaite dicter un blâme à l'attention de Tara King, apprenant que cette dernière s'est, sans son consentement, prise quelques jours de congés. Nous apprenons avec surprise que nos agents ne sont donc pas à l'abri de sanctions hiérarchiques ! Tara King est plus que ravie lorsqu'elle apprend que Steed est inquiète à son sujet. Le doute de son amour pour lui s'estompe d'épisodes en épisodes...

L'hôtel où a lieu toute l'action est, intérieur comme extérieur, plutôt raffiné mais manque de personnalité. Le décor de Mère Grand, faisant référence au Prisonnier, est encore une fois des plus délirants.

Tara King est très mal habillée. Entre son ensemble vert fluo, son polo rayé et son pantalon de femme enceinte qui lui remonte jusqu'à la taille, c'est une catastrophe! Le costume marron de Steed ne remporte pas non plus mes faveurs.

Rien d'important à signaler du côté de la musique. Soit reprise d'anciens thèmes, soit nouveaux thèmes pas emballants; on est pas franchement conquis. Contrairement à ce qu'avait su si bien faire Laurie Johnson dans Clowneries, Howard Blake semble ici avoir du mal à s'adapter au ton comique de l'épisode.

EN BREF : Une superbe comédie qui prouve à quel point la série est à l'aise dans ce genre. Une piètre réalisation l'empêche néanmoins de figurer dans les sommets de la série.

Estuaire44 16 février 2014

Après Miroirs, Tara King se voit derechef propulsée comme protagoniste quasi unique de l'action. Mais, tandis que ce précédent opus, malgré une mise en scène et des extérieurs maritimes fastueux, souffrait d'une intrigue bien trop conventionnelle, il en va tout autrement ici. En effet Tony Willamson a le judicieux panache d'opter pleinement pour une comédie à la fois enlevée et insolite, dont les nombreux gags n'entravent pas une exposition efficacement graduée de la situation. Ce ton correspond idéalement à personnalité juvénile, plus enthousiaste qu'endurcie, de Tara King ce qui autorise un parfait fonctionnement de l'ensemble. On se doute en effet qu'Emma Peel (sans même parler de Cathy Gale!) aurait promptement balayé le château de cartes. On rie beaucoup, tout en goûtant l'étrangeté de la situation et en appréciant que l'auteur manifeste l'élégance d'en définitive laisser l'héroïne triompher seule.

Etrange hôtel (rien à voir avec le Steedopoly) bénéficie en outre de son plaisant aspect de pastiche amical et bon enfant de l'autre monument télévisuel des Sixties britanniques qu'est le Prisonnier. Les Avengers sont d'ailleurs passés maîtres dans cet exercice délicat que constituent les clins d'œil malicieux  décochés à la concurrence. Des titres comme The Girl From Auntie ou Mission Highly Improbable ne laissent guère de place à l’ambiguïté, tandis que le Batman d'ABC était clairement visé par The Winged Avenger et le Saint par le Baron Von Curt de Too Many Steed. Après le judicieux abandon d'un titre de travail trop abrupt (The Prisonner), Tony Willamson nous régale d'une approche plus développée que, parfois, chez ses prédécesseurs, en multipliant les références facétieuses à l'impérissable chef d’œuvre de Patrick McGoohan.

On se plaît ainsi à reconnaître dans la bascule de Mother celle des gardes du quartier général du Numéro 2, ou les promenades en bicyclettes sous le grand soleil se superposant au grand-bi emblématique. Le délicieux jardin de l'hôtel se substitue d'ailleurs à la trompeuse joliesse du Village tandis que le ballon gonflé par Basile évoque naturellement l'inoubliable Rôdeur. L'ombre d'un rideau imite les barreaux de la célèbre image du Numéro 6, tandis que Tara retrouve les intonations de ce dernier, s 'efforçant de secouer et de fédérer les consciences pour échapper à l’oppression. Évidemment l'identité du Numéro 1 demeure une énigme, jusqu'à l'inévitable twist, il est vrai plus prévisible ici que lors de la conclusion du Prisonnier. Mais Tony Williamson se montre franchement ironique face à l'ensemble du genre de la série d'aventures, se moquant des récits artificiellement alambiqués des productions d'espionnage (confrontation Steed- Mother) ou du cliché absolu de l'époque que demeure la Damoiselle en détresse (Tara nous lançant un clin d’œil explicite sur le sujet). Sous ses atours de pure comédie Etrange hôtel résulte plus audacieux qu'il n'y paraît de premier abord, flirtant légèrement avec cette contre-culture alors si en vogue.

Brian Clemens porte le souci du détail jusqu'à confier la caméra à Don Chaffey, réalisateur emblématique du Prisonnier, mais aussi de Destination Danger. Chaffey sait brillamment reconstituer une atmosphère évoquant le Village et ses pièges, de même qu'il parvient à animer autant que possible une action enserrée en quasi huis-clos. Il ne développe pas la traditionnelle  grande bagarre finale, qui aurait été ici hors sujet. Le choix d'un hôtel délicieusement typique pour les extérieurs concoure efficacement à la réussite de l'épisode, même si les créations en studio restent très académiques, hormis bien tendu l'antre de Mother ! Le parking du digne établissement, si anglais (lire absolument At Bertram’s Hotel, d'Agatha Christie) fournit également l'occasion de découvrir nombre de superbes voitures de diverses époques. Sans sembler aussi marquante qu'à d'autres occasions, la musique apporte aussi sa pierre à l'édifice.

Tara anime à merveille l'épisode, portée par une Linda Thorson toujours aussi enthousiaste et charmante, dotée d'une fort plaisante garde robe. Steed voit évidement son rôle se réduire, mais ils se rattrape lors d'un tag de fin agréablement rosse. L'opus bénéficie aussi de solides seconds rôles, portés par des comédiens éprouvés et dans leur emploi, pour la plupart bien connus des amateurs de la série. En contrepoint absolu des tantes aussi invisibles qu'improbables de Steed, l'oncle de Tara ajoute un efficace moteur supplémentaire au récit. Basile, le Max la Menace anglais, parachève l'aspect humoristique de l'épisode et survient à point nommé pour relancer une intrigue enchâssée dans un huis-clos et condamnée de facto à l'immobilisme. On apprécie particulièrement le délectable Dudley Foster, idéal en réceptionniste ironique, cauteleux et satisfait, un idéal Numéro 2 de substitution.

EN BREF: Une merveille d'humour insolite très anglais, l'intrigue jette également de savoureux clins d’œil au Prisonnier. L'épisode s'accorde parfaitement à la personnalité dynamique de Miss Tara King, ainsi qu'à sa prédisposition à la fantaisie.


VIDÉO


Tara au fourneau !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

6-18-03


Tournage

o Tara et Steed arrivent aux bureaux de l'oncle Charles en Rolls. Scène tournée à Star House à Watford.

o L'hôtel Edgwarebury à Elstree a servi de lieu de tournage.


Continuité

o Avez vous remarqué les deux personnes à leur fenêtre à l'arrière plan lorsque Steed et Tara sortent des bureaux de Charles Merrydale au début de l'épisode ?


Détails

Acteurs - Actrices

o Liam Redmond (1913-1989) a joué dans Petit gibier pour gros chasseurs de la saison Emma Peel n&b. Cet acteur irlandais a été cantonné dans sa carrière à des rôles de professeurs, d'inspecteurs et de prêtres.

o Robert Urquhart (1921-1995) a joué dans les films Les 55 jours de Pékin, Gator, Les chiens de guerre mais également à la télévision dans Le Saint, Destination danger - 3 épisodes, L'homme à la valise - 2 épisode, Les champions, Département S, Paul Temple, Les professionnels. Il est l'inoubliable Angus dans l'excellent épisode de la saison 4 : Le fantôme du château De'ath.

o Brook Williams (1938-2005) devint le conseiller et collaborateur de Richard Burton. Il joua d'ailleurs avec lui et Elizabeth Taylor dans Cléopâtre (1962) et dans de nombreux films dont Quand les aigles attaquent, La grande menace, Les oies sauvages. Il fit une oraison aux funérailles de Richard Burton en 1984 en Suisse.

o Dudley Foster (1925-1973) a joué dans deux autres épisodes de la série : L'Heure perdue (saison 4) et Rien ne va plus dans la nursery (saison 5). Il a également tourné dans les séries Police Surgeon, Destination danger, Le Saint et Amicalement vôtre. Il s'est suicidé.

o Richard Caldicot (1908-1995) a participé à Une petite gare désaffectée de la saison 5. Également vu dans Destination danger (2 épisodes), Le Prisonnier, Département S, Paul Temple, UFO, Bergerac, Les mémoires de Sherlock Holmes...

o Derek Newark (1933-1998) a participé à deux autres épisodes de la série : Le cheval de Troie (saison 3) et Bons baisers de Vénus (saison 5). Il a également de nombreuses apparitions dans des séries britanniques : L'homme à la valise (2 épisodes), Le Saint (2 épisodes), Les champions, Département S, Paul Temple, Amicalement votre, Poigne de fer et séduction, Mission casse cou.

A noter que……

o Aka The Prisoner .

o Pastiche de la série Le Prisonnier. Notez la disposition du Q.G. de Mère-Grand qui n'est pas sans évoquer la salle du superviseur dans le Prisonnier. Chose curieuse, Don Chaffey qui réalise cet épisode a également mis en scène des épisodes de Destination danger et du Prisonnier.

o Howard Blake composa la musique de cet épisode.

o Coupures de presse lors de la 1ère diffusion française.

Télé 7 Jours

Télé Poche

Jours de France

Fiche de Etrange hôtel des sites étrangers

En anglais

http://theavengers.tv/forever/king-19.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/tara/619.html
http://deadline.theavengers.tv/King-20-WishYouWereHere.htm

En flamand

http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/king21.htm

En italien

http://www.serietv.net/guide_complete/agente_speciale/stagione_6.htm#148

 

Retour à la saison 6