LES CHARMEURS
( THE CHARMERS )
Tournage : février 1964 Diffusion : ITV, 29 février 1964 – 13ème Rue, 18 juin 1998 Scénario : Brian Clemens Réalisation : Bill Bain Résumé Après plusieurs assassinats d'agents secrets, les services des deux blocs découvrent l'émergence d'une mystérieuse troisième force, terriblement efficace. Steed et le responsable russe Keller décident de collaborer : Mrs Gale fera équipe avec Martin, agent d'élite russe, tandis que Steed collaborera avec Kim Lawrence, redoutable membre des services secrets soviétiques. Mais il s'avère que Keller a dupé Steed, Kim n'étant qu’une comédienne engagée sous un faux prétexte ! L'enquête révèle que la nouvelle faction se dissimule derrière une école de parfaits gentlemen, Les charmeurs, puis qu'elle est dirigée en sous-main par le propre Keller, lassé de la faiblesse de ses appointements ! Steed triomphe de l'organisation, aidé par Cathy Gale mais également par une Kim s'avérant bien plus efficace que ne l'avait anticipé Keller ! CRITIQUES Estuaire44 11 août 2008 Tout comme Ne vous retournez pas pour Le joker et Balles costumées pour Le dernier des sept, Les charmeurs fera l'objet d'un remake durant la saison 5, avec Meurtres distingués. Si les deux précédents épisodes de la saison 3 parviennent à faire, au moins, jeu égal avec leur successeur, en sera-t-il de même pour celui-ci ? Autant briser immédiatement le suspense : la réponse s'affiche clairement positive ! En effet, alors que la totale fantaisie irriguant Meurtres distingués l'assimilait parfaitement à la tonalité globale de la saison 5, celle des Charmeurs l'élève à un statut particulier au sein de l'ère Cathy Gale, accroissant ainsi considérablement l'effet de surprise. Par ses situations absurdes, l'épisode tranche totalement avec nombre d'épisodes de la saison 3, où l'humour décalé ne figurait qu'en ornement accessoire et dont l'essence demeurait le récit d'espionnage classique. Cette fois, plus de doute, le centre de gravité de la série bascule totalement, en cette fin de saison où Brian Clemens impose déjà ses vues avec un éclatant brio. Mais la grande qualité de l'épisode ne se juge pas uniquement à l'aune de sa position clé dans l'évolution historique de la série, mais également par son intérêt intrinsèque. L'histoire se suit avec un vif entrain jamais démenti, la cocasserie de l'ensemble ne perturbant pas une intrigue claire et fluide, dépouillée des temps morts et des ralentissements verbeux observés ailleurs. Clemens brille ici de tout son exceptionnel talent de conteur, évitant digressions inutiles et personnages superfétatoires, tout en ménageant continuellement d'efficaces surprises maintenant sans cesse éveillé l'intérêt du spectateur. Certains épisodes se suivent (voire se subissent) passivement, celui-ci nous entraîne réellement avec lui ! Ce tonus se retrouve dans la mise en scène très dynamique de Bill Bain. Certes les contraintes de la production et les limites budgétaires de l'époque influent cette fois négativement dans l'optique de la comparaison avec Meurtres distingués, mais l'ensemble demeure très regardable. Les bonnes idées se multiplient tout au long de l'épisode, comme l'écran de Keller installé dans un mannequin, ou Steed se contemplant dans une succession de miroirs. Cette inventivité épouse à merveille celle de la narration et en démultiplie l'effet. Les décors s'avèrent très parlants malgré les faibles moyens employés, comme l'antre de Keller bardé d'armes jusqu'au ridicule ou la boutique délicieusement ancienne. Alors que son remake demeure très proche dans ses diverses péripéties, d'amusantes différences apparaissent parmi les personnages secondaires. Là où Michael Gough restait finalement d’un flegme assez anglais, Warren Mitchell joue la carte de la caricature extrême du Russe et rode de fait, sans encore le savoir, le célèbre personnage de l'ambassadeur Brodny ! L'effet s'avère des plus amusants tant l'acteur montre de la fougue dans son jeu. Brodny a pu se voir critiqué pour un certain excès (notamment dans L'homme transparent, saison 5), mais dans sa première version le personnage fonctionne à merveille. L'évocation de souvenirs avec Steed reste ainsi beaucoup plus divertissant que dans Meurtres distingués ! Mais la différence la plus significative entre les deux épisode réside néanmoins dans la partenaire féminine occasionnelle de Steed, la volcanique Olga se voyant précédée par la très décalée et ultra féminine Kim. Le contraste s'avère total et on peut préférer cet humour à base de savoureux quiproquo aux vociférations de la très guerrière Soviétique. Fenella Fielding se montre des plus charmantes, tandis que Clemens manifeste beaucoup d'habileté en créant Kim bien plus fine qu'il n'y paraît au premier abord. Elle ne demeure pas un simple clone de Vénus Smith et participe concrètement à l'action. C'est d'ailleurs elle qui lance l'épée terrassant Keller, et non pas Cathy, alors que Mrs Peel supplantera ici Olga. Ce personnage si réussi ne sera d'ailleurs pas gaspillé, on reconnaît ainsi clairement en Kim la devancière de la pétillante Georgie de Maille à partir avec les taties (saison 4) ! À l'inverse, le solide Brian Oulton apporte moins de brio et de panache que le formidable Terence Alexander, qui poussera encore plus loin la caricature du gentleman britannique. On applaudit par contre à l'apparition d'un authentique Excentrique dans sa drôle de boutique, une figure appelée à devenir un des emblèmes de la série. École pour gentlemen et boutique hors du temps concourrent à une savoureuse satire de la haute société britannique, qui s’imposera comme un des fers de lance de la saison 4. Cathy Gale recrée une de ses fameuses colères de jadis, ce qui nous vaut une scène désopilante, avec un Steed désarmant de mauvaise foi. Cathy se montre d'ailleurs fine mouche, un sourire venant relativiser la flamme de son ire. Elle s'amuse en fait beaucoup, de même que le spectateur qui se verra privé d'une scène équivalente dans Meurtres distingués, car tout à fait inimaginable avec une Mrs Peel en perpétuelle osmose avec Steed. Le réalisme et la relation si irrésistiblement électrique, même relativement adoucie, entre Steed et Cathy demeurent encore présents. Ils confèrent un ton différent à cette première version de l'histoire. La richesse de la série naît aussi de la diversité des relations entre les personnages et de la tonalité des saisons. On observe également que Cathy ne manifeste aucune jalousie envers Kim, à la notable surprise de Mrs Peel face à Georgie. Décidemment, les deux relations ne sont pas du même ordre ! Dans le reste de l'épisode, Honor Blackman porte toujours aussi impeccablement son personnage, que le savoir-faire de Clemens évite de marginaliser à côté du duo Steed-Kim. On apprécie également l'évolution montrée par un Steed se rapprochant réellement du parfait gentleman de la saison 4 désormais très proche. En effet, s'il se permet encore quelques remarques un peu lestes à l'arrivée de Kim, il se montrera par la suite très préoccupé pour la sécurité de celle-ci, une fois l'imposture dévoilée, tandis qu'il ne se souciait gère jadis du péril dans lequel il jetait une Vénus Smith guère considérée autrement que comme un simple instrument. Par ailleurs il se montre plein d'allant durant un épisode multipliant les occasions pour Patrick Macnee de démontrer son talent. Son duo avec Fenella Fielding fonctionne d'ailleurs impeccablement. Alors que cette dernière avait postulé pour le rôle de Cathy Gale, un ultime attrait de l'épisode réside en l'amusante fenêtre qu'il ouvre sur ce qu'auraient pu représenter des Avengers jouant totalement la carte de la comédie, avec un duo moins déséquilibré que durant les épisodes de Vénus Smith. À défaut certes d'égaler l'intérêt de la période Cathy Gale, l'ensemble n'en demeure pas moins des plus plaisants. C'est dans une fort jolie conclusion que Steed se félicite, à juste titre, d'avoir été accompagné par deux dames durant cette aventure, chacune contribuant avec éclat au vif succès de cet épisode ! EN BREF : Un épisode faisant de nouveau largement jeu égal avec son successeur de la saison 5, tant par l'humour et la fantaisie que pour le brio de son interprétation. Kim Lawrence s'avère une partenaire des plus irrésistibles pour Steed !
Steed3003 Critique à venir ! VIDÉO Un agent russe fort pittoresque ! INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Tournage Continuité o Comme lors des épisodes L’éléphant blanc et Lavage de cerveau, un insecte apparaît du fait de l’enregistrement par kinescope. Ce passage particulièrement bref a lieu au moment de l’apparition du titre (1’49’’). On constate également que le visage de l’acteur ne reste pas totalement immobile. o La caméra est bousculée quand Keller salue Steed (5'59’’). o Sans doute emporté par sa vive discussion avec sa partenaire, Macnee commet une erreur en la nommant Mrs Jowl, soit le mot qu’elle vient de prononcer (13’24’’). Il se reprend aussitôt, sans marquer le moindre trouble ! Détails o La photographie de Steed utilisée par les charmeurs (44’58’’) provient du premier épisode de la saison, Plaidoirie pour un meurtre, également écrit par Brian Clemens. C’est en fait Cathy Gale que Steed est en train de viser ! o Steed a installé un système d’alarme dans son appartement, ce qui ne sera plus le cas par la suite. o Eton College : Cleeves remarque que Steed est un ancien d’Eton, or Patrick Macnee a également étudié Acteurs – Actrices À noter que… o Keller estime que Steed aime travailler avec des femmes (10’41’’). Les supérieurs du top agent britannique veilleront d’ailleurs à respecter ses goûts après les départs de Cathy Gale et d'Emma Peel, comme lui-même y veillera à chaque fois lors d’une communication téléphonique ! o Bill Bain (1930-1982) réalisa pas moins de sept épisodes des Avengers : Les fossoyeurs, Le cinq novembre, La cage dorée, Mandrake, Les charmeurs (saison 3) et Les espions font le service (saison 4). Il participa régulièrement à plusieurs séries à succès : Armchair Theatre, Tne Duchess of Duke Street, Upstairs, Downstairs… Pour cette dernière série, il remporta l’Emmy Award de la meilleure mise en scène, en 1975. Fiche des Charmeurs des sites étrangers : En anglais
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LE RETOUR DU TRAÎTRE
( THE OUTSIDE-IN MAN)
Tournage : février 1964 Diffusion : ITV, 22 février 1964 – 13ème Rue, 11 juin 1998 Scénario : Philip Chambers Réalisation : Jonathan Alwyn Résumé Alors que Sharp, un traître devenu ministre des armées d’une ancienne colonie britannique, vient négocier à Londres un important contrat d’armement, son pays libère Charter, un agent du Ministère ayant tenté de l’assassiner voilà cinq ans et incarcéré depuis. Steed, chargé de la sécurité de Sharp, et son supérieur Quilpie le soupçonnent de vouloir se venger en terminant sa mission. Charter disparaît soudainement après avoir avoué vouloir abattre Sharp et Quilpie envoie Mrs Gale à sa poursuite tandis que Steed apparaît étrangement absent… CRITIQUES Estuaire44 10 août 2008 Alors que l'on s'achemine doucement vers la conclusion de la saison 3, avec, globalement, une place accrue accordée à la fantaisie, la série opère un véritable retour aux sources avec Le retour du traître, pur récit d'espionnage. Philip Chambers montre beaucoup de savoir-faire et de métier dans l'écriture de son histoire, même s'il ne retrouve pas le souffle visionnaire du Cocon dans ce récit moins ambitieux. Les différentes pièces du puzzle s'imbriquent parfaitement alors que l'on retrouve les intrigues compliquées et l'atmosphère délétère propres aux romans d'espionnage composés selon les règles de l'art. Le coup de théâtre final paraît ainsi très bien amené. Malgré cela, les contraintes pratiques de production font que tout ceci se traduit à l'écran par une succession ininterrompue de scènes de dialogues, avec une seule bagarre, vite expédiée, comme unique moment d'action. L'intérêt du spectateur finit donc fatalement par faiblir au cours des allées et venues, à force un peu répétitives, de Cathy Gale. Heureusement l'alternance des scènes s'avère rapide, avec des piques de tension habilement disséminées de-ci de-là pour maintenir un minimum de tension. L'ensemble échappe au piège des bavardages soporifiques, à défaut de se montrer vraiment enthousiasmant. La mise en scène de Jonathan Alwyn reste fluide et animée, elle participe activement à éviter l'ennui, du moins en partie ! On reste néanmoins loin de la virtuosité d'un Destination Danger à côté duquel l'épisode fait pale figure. On regrette également que la seule scène de bagarre se voit filmée d'une manière expéditive et surtout partiellement dissimulée par les piliers du décor, ce qui est tout de même un comble ! Les décors semblent assez quelconques, hormis l'antre de Quilpie, très amusant. Quilpie représente d'ailleurs un des points forts de l'épisode. Avec ses colères au téléphone, son évidente relation de confiance avec Steed et sa partenaire féminine, le décor étrange de son QG au sein d'une boucherie et la toujours excellente faconde de Ronald Radd, il constitue un sympathique prototype de Mère-Grand, même si clairement sur un mode mineur. On regrette sincèrement qu'il ne soit pas apparu plus tôt dans la saison, voire devenu un personnage récurrent en se substituant au transparent Charles, d'autant que Macnee et Radd s'entendent à l'évidence comme larrons en foire. James Maxwell parvient avec conviction à faire exister son personnage d'agent d'élite en rupture de banc, fringant et très anglais ! Il manifeste suffisamment d'ambiguïté pour laisser planer le doute nécessaire au déroulement de l'épisode. Mais le fait que Steed demeure ainsi inexplicablement sur la touche suffit à nous mettre la puce à l'oreille et à nous faire supposer une entourloupe, ce qui constitue une faiblesse de l'intrigue. En fait on soupçonne l'écrivain Philip Chambers d'avoir tenté d'appliquer une idée préconçue aux Avengers. Il y est certes parvenu avec plus de réussite que Ludovic Peters dans Le marchand de secrets mais la juxtaposition en demeure pour autant imparfaite. On s'interroge aussi sur le bon état de santé et le dynamisme de Mark Charter après un aussi long et difficile emprisonnement... Quilpie pose d'ailleurs explicitement la question, mais l'épisode se garde bien d' y apporter une réponse ! Alice apporte de la vie et du glamour à l'épisode, tandis que les adversaires aburiens apparaissent bien plus en retrait, voire limités à de simples silhouettes. Pour un peu on en viendrait à regretter que l'ambassadeur ne nous fasse pas un numéro à la Brodny ! Cathy Gale développe une activité proprement stupéfiante durant cet épisode, où ell ne cesse de courir à travers Londres et le Sussex, tout en manifestant cette causticité acide que l'on apprécie tant. Cette omniprésence permet à Honor Blackman de briller par son talent d'actrice, tant elle s'avère convaincante au cours de ses rencontres successives. On demeure tout de même confondu de la voir aussi manipulable, alors que jusqu'ici elle s'était toujours montrée clairvoyante face aux petits jeux où se complaît parfois Steed. Il reste particulièrement surprenant de voir Steed douter de la discrétion de Cathy alors qu'elle s'est toujours révélée aussi irréprochable lors de ses diverses missions. On s'attend à plus de confiance et de franchise entre Avengers et Cathy Gale n'est pas Vénus Smith ! À l'évidence nous trouvons ici une ficelle un peu grosse destinée à permettre le retournement de situation final. Encore une fois on conserve l'impression tenace que Chambers a collé un schéma préexistant ne convenant pas totalement à des Avengers ne pouvant en aucun cas s'assimiler à des agents secrets ordinaires. EN BREF : Cet épisode de pur espionnage s'avère abouti, mais manquant du grain de folie propre à des "Avengers" auxquels il demeure étranger. Quilpie s'impose comme l'un des supérieurs de Steed les plus intéressants de l'ère Cathy Gale, à l'égal d'un One-Ten. VIDÉO INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Tournage Continuité Détails o On retrouve le goût pour les acronymes que Philip Chambers manifestait déjà dans Le cocon : PANSAC signifie Permanent Agency for National Security and Counterintelligence. Le sous-titrage en fournit un équivalent français : APSICE, Agence Permanente pour la Sécurité Intérieure et le Contre Espionnage. o On distingue le titre de quelques livres de la bibliothèque d’Helen Rayner : Marterpieces of European sculpture, Encyclopedia of Art, Hellas and Rome. o Cathy est végétarienne, du moins c’est ce que Steed déclare à Alice ! o Gentlemen's clubs : Charter se rend dès son retour à son club londonien, où il retrouve son fauteuil réservé ! Les clubs, cette institution très anglaise, accueillent les gentlemen dès le XVIIe (Coffee Houses) et connaissent leur apogée à l'époque victorienne. Les plus prestigieux se regroupent dans les beaux quartiers de Londres (West End, Pall Mall...). On y discute affaires et politique, tout en y jouant gros aux cartes ! Comme évoqué dans l'épisode, on y trouve des chambres pour la nuit, les gentlemen anglais cherchant souvent à passer le moins de temps possible auprès de leurs épouses... Le XXe siècle voit leur nombre décroître, ainsi qu'une ouverture aux femmes et à des classes sociales plus diverses. Moins influents aujourd'hui, les clubs demeurent un élément important de la culture populaire anglaise, apparaissant dans de nombreux films et romans (y compris à l'étranger, comme chez Jules Verne). La toute première apparition de James Bond (Docteur No, 1962) le voit dans son club londonien. Steed aura également le sien dans le film de 1998. Mais le club imaginaire le plus célèbre demeure sans doute le très silencieux Diogenes Club, d'où Mycroft Holmes, frère de Sherlock, dirige les services secrets britanniques ! (L'interprète grec). Acteurs – Actrices À noter que… Fiche du Retour du traître des sites étrangers : En anglais
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LE CHEVAL DE TROIE
( TROJAN HORSE)
Tournage : janvier 1964 Diffusion : ITV, 8 février 1964 – 13ème Rue, 4 juin 1998 Scénario : Malcolm Hulke Réalisation : Laurence Bourne Résumé Steed se rend dans un haras pour veiller à la sécurité d’un pur-sang appartenant à un émir en visite en Grande-Bretagne, avec lequel d’importants contrats pétroliers sont en préparation. Le frère d’un des jockeys est soudain arrêté pour meurtre, alors qu’il avait contracté d’importantes dettes de jeu. Steed établit un lien avec une série d’assassinats inexpliqués et envoie Cathy enquêter chez le bookmaker du parieur malchanceux. Lui-même découvre que le haras sert d’école du crime pour jeunes gens recrutés par le bookmaker afin de devenir des tueurs à gage. Les Avengers parviennent à démanteler l’organisation alors même que celle-ci désignait Steed comme cible à abattre ! CRITIQUES Estuaire44 9 août 2008 Le cheval de Troie commence par séduire, grâce à son agréable fenêtre ouverte sur le monde si particulier des courses hippiques. Les portraits des différents acteurs de ce petit univers paraissent très vivants, et on apprécie le recours à un certain jargon technique accroissant la véracité de l’ensemble. L’idée d’une école du crime dissimulée sous une apparence respectable semble également fort plaisante de par sa fantaisie (jolie scène du tableau aux poisons). Hélas, on déchante très vite ! La faiblesse de la progression dramatique saute rapidement aux yeux, tant il ne se passe quasiment rien au-delà de la description initiale de la situation. On ne se captive jamais vraiment pour cette histoire cultivant l’art du surplace, d’autant que l’intrigue ne ressort pas exempte de certaines facilités. Il demeure ainsi étonnant que le corps de Meadows reste ainsi presque en évidence sous une fine couche de paille, alors que le gang sait que Steed rode dans les parages. Et il faut tout de même un joli concours de circonstances pour que les Avengers remontent aussi vite jusqu’à Heuston ! Tous les rebondissements du récit paraissent de plus singulièrement cousus de fil blanc. La réalisation de Laurence Bourne paraît parfaitement transparente et n’apporte strictement rien à l’épisode, se contentant de filmer platement des scènes ennuyeuses aux dialogues convenus. Ce calme plat ne se voit même pas troublé par l’habituelle bagarre finale, ici réduite à une dérisoire agitation. Les décors du haras s’avèrent certes très réussis, on ne peut que se lamenter sur ces moyens ainsi gaspillés. Une considérable exception vient néanmoins concentrer l’attention du spectateur méritant : la riche personnalité de Heuston. Impeccablement interprété par McKenna, celui-ci se révèle un adversaire de grande classe. Sa prédilection et son talent pour les mathématiques, ainsi que sa mégalomanie mêlée de fascination pour le mal, en font clairement un prototype des Diabolical Masterminds à venir. On en reste que plus décontenancé par la désinvolture avec laquelle il est vaincu par Ann, à peine assistée par Cathy Gale. Tout cela pour si peu ? Une fois de plus, l’effet tombe à plat. Surtout, à côté de lui ne demeure qu’un désert. Aucun autre personnage secondaire n’éveille réellement l’intérêt car tous s’avèrent bien trop schématiques. Le duo Steed-Ann aurait pu susciter des scènes drôles et pimentées, mais il n’en est rien. Du fait de la faiblesse des dialogues et de la fadeur du jeu de Lucinda Curtis, on se situe très loin des étincelles provoquées par la rencontre de Steed et Judy dans l’épisode précédent (La mandragore). La scène avec la guichetière provoque bien plus d’amusement mais reste bien éphémère. D’une manière générale la qualité de l’interprétation se maintient très en deçà de ce que l’on a pu admirer au cours de la saison. Cathy Gale ne force guère son talent au cours de cet épisode dans lequel elle ne fait pas grand-chose à part servir de secrétaire et de confidente à Heuston. Leur rencontre constitue néanmoins un moment plaisant. Sa scène commune avec Steed aux courses fonctionne très bien mais demeure tristement unique dans un épisode où les Avengers œuvrent séparément pratiquement tout au long de l’intrigue. Heureusement Steed s’avère toujours aussi enjoué, notamment lorsqu’il se montre séducteur bille en tête avec la guichetière. Surtout il devient le personnage que nous apprécierons tant par la suite lorsque, en attente dans une écurie, il se régalera de caviar et de champagne ! Élégant, joyeux et amoureux de la vie, toujours magistralement interprété par un Macnee dominant de la tête et des épaules le reste de la distribution, Steed sort indemne d’un des trous d’air de cette saison. EN BREF : Un épisode dont le rythme tient plus du cheval de labour que du pur-sang. Demeurent néanmoins une jolie évocation du monde des courses et un adversaire de grande classe ! VIDÉO Steed et Cathy au champ de courses ! INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Tournage Continuité o Toutes les bouteilles du bureau de Heuston sont dépourvues de bouchon. Il s’agit clairement d’accessoires ! (25’37’’) : Détails o Ann n’a pas encore atteint la majorité nécessaire pour prendre en main le haras à la disparition de son père. Cela signifie qu’elle n’a pas encore 21 ans, âge légal de la majorité au Royaume-Uni à cette époque. Jusqu’en 1928, les femmes devaient y attendre jusqu’à 30 ans pour l'obtenir ! Le Royaume-Uni abaissera la majorité légale à 18 ans en 1969, la France seulement en 1974. o Le haras est protégé notamment par du fil de fer barbelé électrifié. Ce matériel, autorisé en Grande-Bretagne et aux États-Unis, est rigoureusement interdit en France, du fait des risques encourus si une personne y demeure accrochée. o Kirby a besoin d’un passeport pour se rendre en France, le Royaume-Uni n’intégrant la Communauté Européenne qu’en 1973, du fait de refus successifs du Général de Gaulle. o Quarantaine : Meadows et Pantling se plaignent auprès de Steed de la quarantaine qui prive Sebastian de la compagnie du chien du Sultan. Effectivement la Grande-Bretagne a longtemps maintenu une quarantaine stricte de six mois pour les chiens entrant sur son territoire, par crainte de la rage. Cette règle, remontant à 1922 où la rage fut déclarée éradiquée en Grande Bretagne, ne souffrait aucune exception, que cela soit pour le corps diplomatique, les visites officielles (comme dans l’épisode) ou même les chiens pour aveugle ! Cette mesure se révélant ruineuse pour les propriétaires qui en assuraient les frais et se heurtant de plus en plus à l’opposition d’associations écologistes, elle fut finalement allégée en 2002, par Tony Blair. Il en avait fait un engagement électoral, aucun des 200 000 chiens et chats mis en quarantaine durant les 25 années précédentes ne s’avérant porteur de la rage ! Les animaux doivent cependant détenir un passeport sanitaire en bonne et due forme. (Pet passport) Acteurs – Actrices À noter que… Fiche du Cheval de Troie des sites étrangers : En anglais
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LA MANDRAGORE
( MANDRAKE )
Tournage : janvier 1964 Diffusion : ITV, 25 janvier 1964 – 13ème Rue, 28 mai 1998 Scénario : Bill Bain Réalisation : Roger Marshall Résumé Un supérieur et ami de Steed vient de décéder brusquement. Or il est enterré dans une petite ville isolée, à laquelle aucun lien ne l’attachait. Surpris, Steed devient réellement soupçonneux devant les réponses à l’évidence mensongères qu’apporte le fils du disparu à ses questions. Cathy Gale enquête autour du cimetière tandis que Steed remonte une bien étrange filière. Un fabriquant de pétard désargenté et un médecin en pleine dérive professionnelle ont mis au point une sinistre martingale… CRITIQUES Estuaire44 8 août 2008 L’intrigue de La mandragore parvient à distiller un véritable mystère tout au long du récit. On ne connaît la clef de l’énigme qu’en toute fin de parcours, ce qui apporte une agréable nouveauté dans cette période où tous les tenants et aboutissants sont généralement connus assez tôt. On n’en suit qu’avec plus de plaisir cette captivante enquête, parfaitement maîtrisée malgré un certain ralentissement en milieu de parcours. Un autre aspect de cet épisode réside dans la proximité avec les classiques de la saison 4. En effet l’essentiel des ingrédients du fabuleux succès à venir s’observe déjà ici, même si seulement sur un ton mineur. Steed et Cathy connaissent décidemment une relation plus harmonieuse et devisent gaiement de l’art du thé, tandis que l’originalité du complot et la mégalomanie presque délirante de Hopkins font de lui un habile prototype des futurs adversaires des Avengers. Alors que tout l’épisode baigne dans une atmosphère très anglaise, on trouve jusqu’à la boutique si particulière qui réponde à l’appel, même si son occupante ne joue pas encore pleinement la carte de l’excentricité. Cet agréable panorama, agrémenté de dialogues fort plaisants, se trouve élégamment mis en scène par un Roger Marshall en verve. Sa réalisation joue habilement des angles de vue pour faire ressortir pleinement la psychologie des personnages. La scène de la fiole de poison entre les trois complices apparaît très éloquente à cet égard, avec des plans sur les visages particulièrement significatifs. La scène de combat entre Cathy et Sexton constitue certainement une des plus spectaculaires de la période, tant la débauche d’énergie et le jeu virevoltant de la caméra suscitent d’enthousiasme. Reste que la qualité de l’image comme du son demeure bien médiocre et que le décor du cimetière détonne par son évidente artificialité, même selon les critères de l’époque. Par ailleurs la musique de Johnny Dankworth apparaît singulièrement présente dans cet épisode, accompagnant un nombre de scènes plus important qu’à l’accoutumée. De plus elle souligne à chaque fois efficacement l’action en cours. Les sceptiques quant à la qualité de l’apport de Dankworth à la série pourront visionner avec profit La mandragore, tant cette musique accomplit ici un véritable festival ! Les adversaires du jour constituent un atout certain pour l’épisode. En docteur dépassé et légèrement déphasé, John Le Mesurier accomplit une performance toute en subtilité. Locke incarne avec un rare panache un adversaire dont le cynisme et l’avidité se nuance d’une dose de délire lui donnant une dimension supplémentaire. C’est toujours avec un réel plaisir que ces épisodes de l’ère Cathy Gale nous permettent de redécouvrir des acteurs appréciés, avant leurs coups d’éclat des saisons ultérieures ! Ces sombres individus fonctionnent en fait surtout en circuit fermé et, jusqu’au dénouement, n’ont finalement que peu de contacts avec les Avengers. Cela permet à l’auteur de tisser habilement des relations venimeuses à souhait, conférant à l’épisode une profondeur et une gravité peu communes. Eve Turner demeure un des personnages féminins les plus sinistres de la série ! Cette noirceur se voit ponctuée par le sympathique et volubile Révérend, mais surtout par la très craquante Judy. Ses scènes avec Steed s’avèrent irrésistibles de drôlerie, mais aussi par une atmosphère de séduction très explicite. Annette André se montre très enjouée, avec de plus un de ces jolis accents français dont la période Cathy Gale s’est décidemment fait la spécialité ! Son duo avec Patrick Macnee fonctionne à merveille ! Steed se montre des plus dynamique durant cet épisode, Macnee mettant beaucoup d’énergie dans son personnage, y compris dans les passages avec Cathy Gale, développés comme ils le méritent. Les scènes communes aux Avengers deviennent d’une manière toujours plus évidente un moment fort de chaque épisode, donnant un véritable ton à la série. Cathy Gale ne se contente pas de son impressionnante scène de combat, Honor Blackman et les savoureux dialogues de l’épisode insufflent même plus d’humour qu’à l’accoutumée au personnage, parachevant ainsi la belle réussite de La mandragore. EN BREF : Une belle intrigue policière, avec des adversaires de qualité et des acteurs que l’on aime beaucoup. Les scènes entre Steed et Judy sont particulièrement amusantes ! VIDÉO INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Tournage Continuité o Durant la première visite de Cathy Gale et sa discussion avec le Révérend, puis Sexton, les fausses branches sont à plusieurs reprises tirées de côté pour laisser passer la caméra (à partir de 13’15’’). o Durant les aveux mouvementés de Benson, l’image se trouble, le temps pour la caméra d’effectuer un réglage (44’05’’) : o Apparemment le sous-titrage n’arrive pas à marquer le signe « œ » et plusieurs mots en restent tronqués : chour pour chœur, oil pour œil : o Le sous-titrage continue également à appeler Cathy "Melle" Gale. Détails o Steed se trouvait en mission à Beyrouth en 1956. o La citation d’Hippocrate par le Révérend est tirée de ses Aphorismes. La version complète en est : « La vie est courte, l’art est long, l’occasion fugitive, l’expérience trompeuse, le jugement difficile ». o L’église du Révérend Whyper est consacrée à St-Alban. Celui-ci fait l’objet d’un culte répandu car il fut le premier martyr d’Angleterre. Persécuté par Dioclétien en 303, il est célèbre pour ses guérisons miraculeuses. Il est vénéré le 22 juin. Acteurs – Actrices o Philip Locke (1928-2004) est le tueur silencieux harponné par James Bond dans Thunderball – Opération Tonnerre. Il a joué dans deux autres épisodes de la série : Passage à tabac (saison 1) et Bons baisers de Vénus (saison 5). Il a participé à de nombreuses séries (Dr Who, Le Saint, Les Champions, Département S, Poirot, Bergerac, Inspecteur Morse…). Issu de la Royal Academy of Dramatic Arts et membre régulier de la Royal Shakespeare Company, il mena également une brillante carrière au théâtre. Toujours spécialisé dans les rôles d’adversaires, il interpréta ainsi le Dr Moriarty de 1974 à 1976, à Broadway. o Jackie Pallo (1926-2006) fut un catcheur professionnel qui connut une grande popularité durant les années 60 et 70, notamment grâce aux émissions d’ITV consacrées à cette discipline. Il participa également à plusieurs séries (Are you being served ?), son pseudonyme sur le ring étant d’ailleurs Mr TV ! En 1985 il publie une autobiographie à succès, révélant l’envers du décor du monde du catch (You Grunt, I'll Groan). Sa déconvenue face à Honor Blackman fit grand bruit dans le pays et il déclara avec humour : Je veux que tout le monde comprenne bien qu'il s'agissait d'un accident. Je n'ai jamais été battu par une femme et compte bien ne jamais l'être. À noter que… o L’intensité de ce combat rappelle l’inoubliable affrontement opposant Tara King à Gozzo dans Miroirs (saison 6). Ce n’est pas une coïncidence, Gozzo étant interprété par "Big Bruno" Elrington, un proche de Pallo et une autre figure régulière des émissions de catch du samedi après-midi sur ITV. o Commentaire de Roger Marshall : « On demandait souvent aux scénaristes de Chapeau Melon et Bottes de Cuir d’où venaient leurs idées. Comme toujours, des sources les plus banales. Nous avions découvert dans l’autobiographie de Sydney Smith, un célèbre expert médico-légal, que le sol de certaines mines d’étain des Cornouailles était littéralement imprégné d’arsenic. Tout d’un coup, nous avions notre point de départ. Des gens avaient été tués partout en Angleterre et leurs corps avaient été expédiés vers ce village des Cornouailles. Les Avengers rencontrent Murder Incorporated [NDR : Nom donné à une organisation mafieuse italo-américaine des années 30/40 qui procédait de la même manière que dans l’épisode pour se débarrasser de personnes gênantes.] ». (source : DVD Studio Canal) Fiche de La mandragore des sites étrangers : En anglais
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