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LES CHARMEURS

( THE CHARMERS )

Tournage : février 1964

Diffusion : ITV, 29 février 1964 – 13ème Rue, 18 juin 1998

Scénario : Brian Clemens

Réalisation : Bill Bain

Fenella Fielding (Kim Lawrence), Warren Mitchell (Keller), Brian Oulton (Mr. Edgar), Vivian Pickels (Betty Smythe), John Barcroft (Martin), Malcolm Russel (Horace Cleeves), Frank Mills (Harrap), John Greenwood (Sam), Peter Porteous (Vinkel).

Résumé

Après plusieurs assassinats d'agents secrets, les services des deux blocs découvrent l'émergence d'une mystérieuse troisième force, terriblement efficace. Steed et le responsable russe Keller décident de collaborer : Mrs Gale fera équipe avec Martin, agent d'élite russe, tandis que Steed collaborera avec Kim Lawrence, redoutable membre des services secrets soviétiques. Mais il s'avère que Keller a dupé Steed, Kim n'étant qu’une comédienne engagée sous un faux prétexte ! L'enquête révèle que la nouvelle faction se dissimule derrière une école de parfaits gentlemen, Les charmeurs, puis qu'elle est dirigée en sous-main par le propre Keller, lassé de la faiblesse de ses appointements ! Steed triomphe de l'organisation, aidé par Cathy Gale mais également par une Kim s'avérant bien plus efficace que ne l'avait anticipé Keller !


CRITIQUES


Estuaire44 11 août 2008

Tout comme Ne vous retournez pas pour Le joker et Balles costumées pour Le dernier des sept, Les charmeurs fera l'objet d'un remake durant la saison 5, avec Meurtres distingués. Si les deux précédents épisodes de la saison 3 parviennent à faire, au moins, jeu égal avec leur successeur, en sera-t-il de même pour celui-ci ?

Autant briser immédiatement le suspense : la réponse s'affiche clairement positive ! En effet, alors que la totale fantaisie irriguant Meurtres distingués l'assimilait parfaitement à la tonalité globale de la saison 5, celle des Charmeurs l'élève à un statut particulier au sein de l'ère Cathy Gale, accroissant ainsi considérablement l'effet de surprise. Par ses situations absurdes, l'épisode tranche totalement avec nombre d'épisodes de la saison 3, où l'humour décalé ne figurait qu'en ornement accessoire et dont l'essence demeurait le récit d'espionnage classique. Cette fois, plus de doute, le centre de gravité de la série bascule totalement, en cette fin de saison où Brian Clemens impose déjà ses vues avec un éclatant brio.

Mais la grande qualité de l'épisode ne se juge pas uniquement à l'aune de sa position clé dans l'évolution historique de la série, mais également par son intérêt intrinsèque. L'histoire se suit avec un vif entrain jamais démenti, la cocasserie de l'ensemble ne perturbant pas une intrigue claire et fluide, dépouillée des temps morts et des ralentissements verbeux observés ailleurs. Clemens brille ici de tout son exceptionnel talent de conteur, évitant digressions inutiles et personnages superfétatoires, tout en ménageant continuellement d'efficaces surprises maintenant sans cesse éveillé l'intérêt du spectateur. Certains épisodes se suivent (voire se subissent) passivement, celui-ci nous entraîne réellement avec lui !

Ce tonus se retrouve dans la mise en scène très dynamique de Bill Bain. Certes les contraintes de la production et les limites budgétaires de l'époque influent cette fois négativement dans l'optique de la comparaison avec Meurtres distingués, mais l'ensemble demeure très regardable. Les bonnes idées se multiplient tout au long de l'épisode, comme l'écran de Keller installé dans un mannequin, ou Steed se contemplant dans une succession de miroirs. Cette inventivité épouse à merveille celle de la narration et en démultiplie l'effet. Les décors s'avèrent très parlants malgré les faibles moyens employés, comme l'antre de Keller bardé d'armes jusqu'au ridicule ou la boutique délicieusement ancienne.

Alors que son remake demeure très proche dans ses diverses péripéties, d'amusantes différences apparaissent parmi les personnages secondaires.

Là où Michael Gough restait finalement d’un flegme assez anglais, Warren Mitchell joue la carte de la caricature extrême du Russe et rode de fait, sans encore le savoir, le célèbre personnage de l'ambassadeur Brodny ! L'effet s'avère des plus amusants tant l'acteur montre de la fougue dans son jeu. Brodny a pu se voir critiqué pour un certain excès (notamment dans L'homme transparent, saison 5), mais dans sa première version le personnage fonctionne à merveille. L'évocation de souvenirs avec Steed reste ainsi beaucoup plus divertissant que dans Meurtres distingués !

Mais la différence la plus significative entre les deux épisode réside néanmoins dans la partenaire féminine occasionnelle de Steed, la volcanique Olga se voyant précédée par la très décalée et ultra féminine Kim. Le contraste s'avère total et on peut préférer cet humour à base de savoureux quiproquo aux vociférations de la très guerrière Soviétique. Fenella Fielding se montre des plus charmantes, tandis que Clemens manifeste beaucoup d'habileté en créant Kim bien plus fine qu'il n'y paraît au premier abord. Elle ne demeure pas un simple clone de Vénus Smith et participe concrètement à l'action. C'est d'ailleurs elle qui lance l'épée terrassant Keller, et non pas Cathy, alors que Mrs Peel supplantera ici Olga. Ce personnage si réussi ne sera d'ailleurs pas gaspillé, on reconnaît ainsi clairement en Kim la devancière de la pétillante Georgie de Maille à partir avec les taties (saison 4) !

À l'inverse, le solide Brian Oulton apporte moins de brio et de panache que le formidable Terence Alexander, qui poussera encore plus loin la caricature du gentleman britannique. On applaudit par contre à l'apparition d'un authentique Excentrique dans sa drôle de boutique, une figure appelée à devenir un des emblèmes de la série. École pour gentlemen et boutique hors du temps concourrent à une savoureuse satire de la haute société britannique, qui s’imposera comme un des fers de lance de la saison 4.

Cathy Gale recrée une de ses fameuses colères de jadis, ce qui nous vaut une scène désopilante, avec un Steed désarmant de mauvaise foi. Cathy se montre d'ailleurs fine mouche, un sourire venant relativiser la flamme de son ire. Elle s'amuse en fait beaucoup, de même que le spectateur qui se verra privé d'une scène équivalente dans Meurtres distingués, car tout à fait inimaginable avec une Mrs Peel en perpétuelle osmose avec Steed. Le réalisme et la relation si irrésistiblement électrique, même relativement adoucie, entre Steed et Cathy demeurent encore présents. Ils confèrent un ton différent à cette première version de l'histoire. La richesse de la série naît aussi de la diversité des relations entre les personnages et de la tonalité des saisons. On observe également que Cathy ne manifeste aucune jalousie envers Kim, à la notable surprise de Mrs Peel face à Georgie. Décidemment, les deux relations ne sont pas du même ordre ! Dans le reste de l'épisode, Honor Blackman porte toujours aussi impeccablement son personnage, que le savoir-faire de Clemens évite de marginaliser à côté du duo Steed-Kim.

On apprécie également l'évolution montrée par un Steed se rapprochant réellement du parfait gentleman de la saison 4 désormais très proche. En effet, s'il se permet encore quelques remarques un peu lestes à l'arrivée de Kim, il se montrera par la suite très préoccupé pour la sécurité de celle-ci, une fois l'imposture dévoilée, tandis qu'il ne se souciait gère jadis du péril dans lequel il jetait une Vénus Smith guère considérée autrement que comme un simple instrument. Par ailleurs il se montre plein d'allant durant un épisode multipliant les occasions pour Patrick Macnee de démontrer son talent. Son duo avec Fenella Fielding fonctionne d'ailleurs impeccablement. Alors que cette dernière avait postulé pour le rôle de Cathy Gale, un ultime attrait de l'épisode réside en l'amusante fenêtre qu'il ouvre sur ce qu'auraient pu représenter des Avengers jouant totalement la carte de la comédie, avec un duo moins déséquilibré que durant les épisodes de Vénus Smith. À défaut certes d'égaler l'intérêt de la période Cathy Gale, l'ensemble n'en demeure pas moins des plus plaisants. C'est dans une fort jolie conclusion que Steed se félicite, à juste titre, d'avoir été accompagné par deux dames durant cette aventure, chacune contribuant avec éclat au vif succès de cet épisode !

EN BREF : Un épisode faisant de nouveau largement jeu égal avec son successeur de la saison 5, tant par l'humour et la fantaisie que pour le brio de son interprétation. Kim Lawrence s'avère une partenaire des plus irrésistibles pour Steed !


Critiques

Steed3003

Critique à venir !


VIDÉO


Un agent russe fort pittoresque !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Tournage


Continuité

o Comme lors des épisodes L’éléphant blanc et Lavage de cerveau, un insecte apparaît du fait de l’enregistrement par kinescope. Ce passage particulièrement bref a lieu au moment de l’apparition du titre (1’49’’). On constate également que le visage de l’acteur ne reste pas totalement immobile.

o Martin déclare à Cathy que, grâce à lui, elle a été retirée de la liste des agents recherchés et qu’elle figurait juste derrière J.B.. Il s’agit évidemment d’un clin d’oeil à 007, mais le sous-titrage va plus loin et indique clairement son nom : Bond !

o La caméra est bousculée quand Keller salue Steed (5'59’’).

o Sans doute emporté par sa vive discussion avec sa partenaire, Macnee commet une erreur en la nommant Mrs Jowl, soit le mot qu’elle vient de prononcer (13’24’’). Il se reprend aussitôt, sans marquer le moindre trouble !

o Lorsqu’elle met son masque d’escrime, on peut constater que Mrs Gale porte une alliance (46’28’’). Cela n’empêche pas le sous-titrage de continuer à l’appeler Mademoiselle…


Détails

o La photographie de Steed utilisée par les charmeurs (44’58’’) provient du premier épisode de la saison, Plaidoirie pour un meurtre, également écrit par Brian Clemens. C’est en fait Cathy Gale que Steed est en train de viser !

o Steed a installé un système d’alarme dans son appartement, ce qui ne sera plus le cas par la suite.

o Les charmeurs disposent de chapeaux melons contenant un appareil radio. L’idée ne fut jamais reprise par Steed, mais il est vrai que la série ne s’est jamais montrée prolixe en gadgets.

o Steed déclare à Martin : Take me to your leader. Il s’agit d’un stéréotype souvent utilisé dans les récits d’espionnage, mais aussi de Science-Fiction où cette phrase est régulièrement prononcée par les Extraterrestres débarquant sur Terre ! Il s’agit d’ailleurs du titre anglais de l’épisode L’homme au sommet (saison 6).

o Touché ! s’exclame en Français l’un des duellistes de la scène d’ouverture. En effet l’escrime demeure un des rares sports utilisant le français comme langue officielle. Il est obligatoire pour l’arbitrage durant les rencontres internationales. Cela est dû à la prépondérance de la France dans l’évolution de cette discipline depuis le Grand Siècle. Les règles modernes furent d’ailleurs codifiées à Paris, en 1914.

o Steed utilise le sabre, et non le fleuret. L’escrime distingue trois armes, variant par leur forme et leur poids, et faisant l’objet de compétitions distinctives : l’épée, le sabre et le fleuret. Chacune présente son propre style de combat : l’épée favorise la patience et l’observation, tandis que le sabre, arme d’assaut, signifie souvent des attaques rapides et répétées. Le fleuret se situe à l’équilibre entre ces deux extrêmes et nécessite la maîtrise de toutes les techniques de duel ; il est d’ailleurs souvent considéré comme l’arme de référence de l’escrime.

o Le palace autrichien Hayerdorff, évoqué par Keller, est imaginaire.

o Comme motif de son retour Steed affirme à Cleeves que celui-ci lui a vendu une cravate des Wapping Voluntry, certes un régiment colonial de ligne, mais de fantassins ! La cavalerie est considérée comme l’arme noble par excellence. De plus Wapping est le quartier des docks de Londres, nous sommes loin des beaux quartiers !

o Les clubs évoqués par Cleeves concernant Steed comptent parmi les plus prestigieux de Londres. Le White's, fondé en 1693, est considéré comme l'aîné de tous, et l'un des plus sélects. Le Boodle's (1762), deuxième en âge, accueillit de nombreux hommes d'État. Ian Fleming en fut également membre et l'utilisa pour créer le Blade's, club de James Bond. L'Athenaeum fut longtemps un club d'ecclésiastiques, avant de devenir le rendez-vous des écrivains et intellectuels (Kipling, Dickens, Scott....). Il demeure célèbre pour sa fastueuse décoration imitant la Grèce antique ainsi que pour sa gigantesque bibliothèque.

o Keller, effondré, reçoit l'ordre de Moscou d'infiltrer la House Guard. La Royal House Guard, aux célèbres uniformes bleus, était un corps de cavalerie chargé de la protection du souverain britannique. Fondée en 1650 par Cromwell, elle fusionna en 1969 avec les Royal Dragoons (1661) four créer l'actuel régiment des Blues and Royals. Cette unité d'élite basée à Whitehall veille à la sécurité de la famille royale et assure la surveillance des palais de St James et Buckingham.

o Eton College : Cleeves remarque que Steed est un ancien d’Eton, or Patrick Macnee a également étudié dans cette prestigieuse école, avant d’en être expulsé. Fondée en 1440 par le roi George VI et située près du Château de Windsor, Eton accueille traditionnellement en pensionnat les fils de l’aristocratie britannique. Étroitement liée à Cambridge, ses élèves y poursuivent le plus souvent leurs études. Une année dans cette institution privée s’élève à 39 000€ ! Son fameux uniforme, brocardé avec truculence par Macnee dans ses mémoires comme évoquant un croque-mort, s’est assoupli en 1967, mais la tradition en demeure scrupuleusement respectée par les élèves. L’école est également réputée pour sa magnifique chapelle gothique. Les Old Etonians, anciens élèves d’Eton, constituent un réseau des plus influents, comprenant notamment la famille royale. Ian Fleming en fit partie, de même que James Bond ! Macnee résume Eton, dont il conserve un exécrable souvenir, par : Le collège d’Eton a toujours plus ou moins été un asile d’aliénés, une maison de redressement pour aristocrates et une source d’ennuis pour plusieurs gouvernements britanniques.

Acteurs – Actrices

o Warren Mitchell (1926) tient le rôle du fameux Brodny dans Un Steed de trop (saison 4) et L’homme transparent (saison 5). Il a également participé à un autre épisode de la troisième saison : La toison d’or. Petit-fils d'émigrants juifs russes, il a servi dans la RAF pendant la seconde guerre mondiale puis a étudié à la RADA (Royal Academy of Dramatic Art). Il est connu en Grande-Bretagne pour le rôle d'Alf Garnett dans la série Till death us do part (1965-75) pour laquelle il fut élu acteur de l'année en 1966. Il a tourné à la TV dans des productions diverses dont Destination Danger (six épisodes) et Le Saint (trois épisodes, même comportement que Brodny !). Naturalisé Australien, il déclarait dans une interview en 1997 au sujet des Avengers : "Diana Rigg used to giggle behind my back, the bitch !... But it was wonderful to work with Patrick Macnee and Honor Blackman" [Diana Rigg avait l'habitude de ricaner derrière mon dos, la garce !… Mais c'était merveilleux de travailler avec Patrick Macnee et Honor Blackman].

o Vivian Pickles (1931) fut avant tout une grande comédienne de théâtre, classique et moderne. Elle apparut dans de nombreuses adaptations théâtrales à la télévision et reste principalement connue pour son rôle de Mrs Chasen , la mère de Harold dans Harold et Maude (1971). Ayant passé une partie de ses études en France, elle parle couramment le Français.

o Fenella Fielding (1934) débuta sa carrière en 1954, au théâtre. Elle connut une grande popularité durant les années 50 et 60, notamment du fait du timbre rauque de sa voix. Elle apparaît dans plusieurs séries (Destination Danger, Armchair Theatre…). Elle fut l'une des rivales malheureuses de Honor Blackman pour le rôle de Cathy Gale et réalisa la voix du haut-parleur rythmant la vie du Village dans plusieurs épisodes du Prisonnier. Elle apparaît également régulièrement au cinéma, notamment dans les Carry on, série de films comiques à succès (1958-1978). Depuis le début des années 2000 elle réalise des versions audio de livres célèbres. Elle est la sœur cadette de Lord Feldman, grande figure de la Lloyd et de la Chambre des Lords.

À noter que…

o L’épisode fera l’objet d’un remake durant la saison 5 : Meurtres distingués.

o On s’aperçoit que, dans les portraits d’agents ennemis accrochés au tableau par Keller, le personnage à gauche de Steed n’est autre que Brian Clemens lui–même ! Les autres portraits correspondent sans doute à des membres de l’équipe de production.

o Keller estime que Steed aime travailler avec des femmes (10’41’’). Les supérieurs du top agent britannique veilleront d’ailleurs à respecter ses goûts après les départs de Cathy Gale et d'Emma Peel, comme lui-même y veillera à chaque fois lors d’une communication téléphonique !

o Kim Lawrence a elle aussi droit à la petite tape amicale bien placée de Steed (25’35’’). Cette manie apparaît à plusieurs reprises tout au long de la série.

o Au cours de la saison 5, Mrs Peel, grande amatrice d’escrime, installera dans son appartement un mannequin d’entraînement du même type que celui entrevu dans la scène d’ouverture. La belle maîtrise du lancer d’épée qu’elle manifeste à la conclusion de Bons baisers de Vénus s’avèrera d’ailleurs d’un grand secours dans Meurtres distingués !

o Bill Bain (1930-1982) réalisa pas moins de sept épisodes des Avengers : Les fossoyeurs, Le cinq novembre, La cage dorée, Mandrake, Les charmeurs (saison 3) et Les espions font le service (saison 4). Il participa régulièrement à plusieurs séries à succès : Armchair Theatre, Tne Duchess of Duke Street, Upstairs, Downstairs… Pour cette dernière série, il remporta l’Emmy Award de la meilleure mise en scène, en 1975.

Fiche des Charmeurs des sites étrangers :

En anglais
http://theavengers.tv/forever/gale2-23.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/ gale/324.html
http://deadline.theavengers.tv/GaleS2-23-TheCharmers.htm

En flamand
http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/gale50.htm

 

Retour à la saison 3

 
 

LE RETOUR DU TRAÎTRE

( THE OUTSIDE-IN MAN)

Tournage : février 1964

Diffusion : ITV, 22 février 1964 – 13ème Rue, 11 juin 1998

Scénario : Philip Chambers

Réalisation : Jonathan Alwyn

Ronald Radd (Quilpie), James Maxwell (Mark Charter), William Devlin (Ambassador), Basil Hoskins (Major Zulficar), Beryl Baxter (Helen Rayner), Arthur Lovegrove (Michel Lynden), Virginia Stride (Alice), Philip Anthony (Sharp), Anthony Dawes (Edwards), Ronald Mansell (Jenkins), Valentino Musetti (Guard), Eddie Powell (Guard).

Résumé

Alors que Sharp, un traître devenu ministre des armées d’une ancienne colonie britannique, vient négocier à Londres un important contrat d’armement, son pays libère Charter, un agent du Ministère ayant tenté de l’assassiner voilà cinq ans et incarcéré depuis. Steed, chargé de la sécurité de Sharp, et son supérieur Quilpie le soupçonnent de vouloir se venger en terminant sa mission. Charter disparaît soudainement après avoir avoué vouloir abattre Sharp et Quilpie envoie Mrs Gale à sa poursuite tandis que Steed apparaît étrangement absent…


CRITIQUES


Estuaire44 10 août 2008

Alors que l'on s'achemine doucement vers la conclusion de la saison 3, avec, globalement, une place accrue accordée à la fantaisie, la série opère un véritable retour aux sources avec Le retour du traître, pur récit d'espionnage.

Philip Chambers montre beaucoup de savoir-faire et de métier dans l'écriture de son histoire, même s'il ne retrouve pas le souffle visionnaire du Cocon dans ce récit moins ambitieux. Les différentes pièces du puzzle s'imbriquent parfaitement alors que l'on retrouve les intrigues compliquées et l'atmosphère délétère propres aux romans d'espionnage composés selon les règles de l'art. Le coup de théâtre final paraît ainsi très bien amené. Malgré cela, les contraintes pratiques de production font que tout ceci se traduit à l'écran par une succession ininterrompue de scènes de dialogues, avec une seule bagarre, vite expédiée, comme unique moment d'action. L'intérêt du spectateur finit donc fatalement par faiblir au cours des allées et venues, à force un peu répétitives, de Cathy Gale. Heureusement l'alternance des scènes s'avère rapide, avec des piques de tension habilement disséminées de-ci de-là pour maintenir un minimum de tension. L'ensemble échappe au piège des bavardages soporifiques, à défaut de se montrer vraiment enthousiasmant.

La mise en scène de Jonathan Alwyn reste fluide et animée, elle participe activement à éviter l'ennui, du moins en partie ! On reste néanmoins loin de la virtuosité d'un Destination Danger à côté duquel l'épisode fait pale figure. On regrette également que la seule scène de bagarre se voit filmée d'une manière expéditive et surtout partiellement dissimulée par les piliers du décor, ce qui est tout de même un comble ! Les décors semblent assez quelconques, hormis l'antre de Quilpie, très amusant.

Quilpie représente d'ailleurs un des points forts de l'épisode. Avec ses colères au téléphone, son évidente relation de confiance avec Steed et sa partenaire féminine, le décor étrange de son QG au sein d'une boucherie et la toujours excellente faconde de Ronald Radd, il constitue un sympathique prototype de Mère-Grand, même si clairement sur un mode mineur. On regrette sincèrement qu'il ne soit pas apparu plus tôt dans la saison, voire devenu un personnage récurrent en se substituant au transparent Charles, d'autant que Macnee et Radd s'entendent à l'évidence comme larrons en foire.

James Maxwell parvient avec conviction à faire exister son personnage d'agent d'élite en rupture de banc, fringant et très anglais ! Il manifeste suffisamment d'ambiguïté pour laisser planer le doute nécessaire au déroulement de l'épisode. Mais le fait que Steed demeure ainsi inexplicablement sur la touche suffit à nous mettre la puce à l'oreille et à nous faire supposer une entourloupe, ce qui constitue une faiblesse de l'intrigue. En fait on soupçonne l'écrivain Philip Chambers d'avoir tenté d'appliquer une idée préconçue aux Avengers. Il y est certes parvenu avec plus de réussite que Ludovic Peters dans Le marchand de secrets mais la juxtaposition en demeure pour autant imparfaite. On s'interroge aussi sur le bon état de santé et le dynamisme de Mark Charter après un aussi long et difficile emprisonnement... Quilpie pose d'ailleurs explicitement la question, mais l'épisode se garde bien d' y apporter une réponse !

Alice apporte de la vie et du glamour à l'épisode, tandis que les adversaires aburiens apparaissent bien plus en retrait, voire limités à de simples silhouettes. Pour un peu on en viendrait à regretter que l'ambassadeur ne nous fasse pas un numéro à la Brodny !

Cathy Gale développe une activité proprement stupéfiante durant cet épisode, où ell ne cesse de courir à travers Londres et le Sussex, tout en manifestant cette causticité acide que l'on apprécie tant. Cette omniprésence permet à Honor Blackman de briller par son talent d'actrice, tant elle s'avère convaincante au cours de ses rencontres successives. On demeure tout de même confondu de la voir aussi manipulable, alors que jusqu'ici elle s'était toujours montrée clairvoyante face aux petits jeux où se complaît parfois Steed. Il reste particulièrement surprenant de voir Steed douter de la discrétion de Cathy alors qu'elle s'est toujours révélée aussi irréprochable lors de ses diverses missions. On s'attend à plus de confiance et de franchise entre Avengers et Cathy Gale n'est pas Vénus Smith ! À l'évidence nous trouvons ici une ficelle un peu grosse destinée à permettre le retournement de situation final. Encore une fois on conserve l'impression tenace que Chambers a collé un schéma préexistant ne convenant pas totalement à des Avengers ne pouvant en aucun cas s'assimiler à des agents secrets ordinaires.

EN BREF : Cet épisode de pur espionnage s'avère abouti, mais manquant du grain de folie propre à des "Avengers" auxquels il demeure étranger. Quilpie s'impose comme l'un des supérieurs de Steed les plus intéressants de l'ère Cathy Gale, à l'égal d'un One-Ten.


VIDÉO


Cathy chez le garagiste !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Tournage


Continuité  


Détails

o On retrouve le goût pour les acronymes que Philip Chambers manifestait déjà dans Le cocon : PANSAC signifie Permanent Agency for National Security and Counterintelligence. Le sous-titrage en fournit un équivalent français : APSICE, Agence Permanente pour la Sécurité Intérieure et le Contre Espionnage.

o L’acronyme le plus long est russe : Niiomtplaboparmbetzhelbetrabsbomonimonkonotdtekhstromont, comporte 56 initiales (54 en Cyrillique). Il signifiait : Laboratoire pour des opérations de couverture, de renfort, de béton et de béton armé pour les constructions composées-monolithiques et monolithiques du département de la technologie des opérations du bâtiment assemblé de l'institut de recherche scientifique de l'organisation pour la mécanisation de bâtiment et l'aide technique de l'académie du bâtiment et de l'architecture de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques.

o Charter sait ou se trouve le QG de Quilpie, qui est donc basé dans sa chambre froide depuis au moins 5 ans ! Mère-Grand se montrera moins casanier…

o Cathy s’étonne de ce que Charter ne connaisse pas l’autoroute M1, reliant Londres à Birmingham. Cette première grande autoroute construite au Royaume-Uni fut inaugurée le 2 novembre 1959, tandis que, selon la fiche d’Alice (3’55’’), Charter est porté manquant depuis mai de cette même année ! La M1 fut édifiée en plusieurs tronçons successifs, entre 1959 et 1999. Elle relie principalement Londres à Leeds (plus quelques extensions) et mesure 311 km.

o On distingue le titre de quelques livres de la bibliothèque d’Helen Rayner : Marterpieces of European sculpture, Encyclopedia of Art, Hellas and Rome.

o L’amie de Cathy vend une Vengel Prentice. Cette marque de voiture est imaginaire.

o Le garagiste a toute une série de photographies érotiques accrochées au mur de son atelier !

o Entre ces photographies on remarque un texte intitulé Factories Act. Les Factory Acts sont des textes votés par le Parlement édictant les règles encadrant les conditions de travail dans les usines et ateliers : temps de travail (y compris des clauses spéciales pour femmes et enfants), éclairage, ventilation, température etc… Celui voté en 1961, en vigueur lors du tournage de l'épisode, apparaît comme particulièrement important et novateur. Encore renforcé par un texte de 1974, il reste largement pratiqué en 2008.

o Cathy semble très efficiente dans l’organisation de la sécurité d’un hôte étranger à son hôtel. Ce n’est guère étonnant, elle a déjà pratiqué exactement le même travail dans Mort à la carte, cette même saison.

o La voiture de l’Ambassade présente le logo CD inscrit à côté de sa plaque minéralogique, ce qui signifie Corps Diplomatique.

o Cathy place son revolver dans un holster attaché à sa cuisse ! C’était déjà le cas dans Combustible 23 (saison 2).

o Cathy est végétarienne, du moins c’est ce que Steed déclare à Alice !

o Durant la guerre, Charter a exécuté des missions en France, en Normandie en 1943 et à Meaux, lors d’une infiltration dans le bâtiment local de la Gestapo.

o Austin Mini : Quand Cathy Gale rend visite au garagiste, celui-ci travaille sous une Austin Mini surélevée. Construite à Birmingham, la « Mini » fut une petite voiture anglaise très populaire durant les années 60, notamment auprès des femmes, même si sa production s'est prolongée de 1959 à 2000. Cette voiture, devenue une véritable icône des Sixties anglaises, était très innovante pour l'époque (moteur compact, suspensions révolutionnaires...) et bénéficia également de vastes campagnes de publicité modernes. Elle fut adoptée par de nombreuses vedettes de l'époque (dont les Beatles dans leurs films) et séduisit également par ses nombreuses possibilités de customisation. Elle fut produite en tout à 5,3 millions d'exemplaires et commercialisée dans plusieurs pays sous des appellations diverses. BMW, désormais propriétaire de la marque, a lancé de nouveaux modèles, Mini 2 (2001) et Mini 3 (2006), toujours avec réussite. Une variation à succès de la Mini fut la Mini Moke, se rapprochant de la jeep. Elle apparaît dans de nombreux films et séries, dont les fameux taxis du Village (Le Prisonnier) et plusieurs James Bond. Mère-Grand en utilise une particulièrement spectaculaire dans Brouillard (saison 6), Mrs Peel et Steed une nettement plus classique (Dans sept jours le déluge, saison 4).

o Gentlemen's clubs : Charter se rend dès son retour à son club londonien, où il retrouve son fauteuil réservé ! Les clubs, cette institution très anglaise, accueillent les gentlemen dès le XVIIe (Coffee Houses) et connaissent leur apogée à l'époque victorienne. Les plus prestigieux se regroupent dans les beaux quartiers de Londres (West End, Pall Mall...). On y discute affaires et politique, tout en y jouant gros aux cartes ! Comme évoqué dans l'épisode, on y trouve des chambres pour la nuit, les gentlemen anglais cherchant souvent à passer le moins de temps possible auprès de leurs épouses... Le XXe siècle voit leur nombre décroître, ainsi qu'une ouverture aux femmes et à des classes sociales plus diverses. Moins influents aujourd'hui, les clubs demeurent un élément important de la culture populaire anglaise, apparaissant dans de nombreux films et romans (y compris à l'étranger, comme chez Jules Verne). La toute première apparition de James Bond (Docteur No, 1962) le voit dans son club londonien. Steed aura également le sien dans le film de 1998. Mais le club imaginaire le plus célèbre demeure sans doute le très silencieux Diogenes Club, d'où Mycroft Holmes, frère de Sherlock, dirige les services secrets britanniques ! (L'interprète grec).

Acteurs – Actrices

o Ronald Radd (1929-1976) a participé à deux autres épisodes de la série : Le point de mire (saison 2) et Mission très improbable (saison 5). Également vu dans Destination Danger (deux épisodes), Le Prisonnier (c'est la tour dans Échec et mat), Le Saint (trois épisodes), Les Champions, Département S, Jason King, L'Aventurier, Thriller, Poigne de Fer et Séduction. Il est décédé d'une hémorragie cérébrale après une représentation.

o Basil Hoskins (1929-2005), également vu dans Le dernier des cybernautes (saison 7, TNA), était un acteur réputé Outre-Manche. Il a étudié à RADA et a passé cinq ans avec la troupe théâtrale de Shakespeare Memorial Company de Stratford. Il a participé aux séries Le Prisonnier, Les Professionnels, Le Retour de Sherlock Holmes

o Valentino Musetti est apparu dans un total impressionnant de cinq épisodes des Avengers : Le décapode (saison 2), Mort à la carte, Le marchand de secrets, Le retour du traître et Le quadrille des homards (saison 3). Dans Le décapode il est par erreur crédité sous le prénom Valentine ! Il mène une double carrière comme acteur (Doctor Who, Cosmos 1999, Mission Casse-Cou, Batman…) et cascadeur (Amsterdamned, Alien, plusieurs James Bond…).

o James Maxwell (1929-1995) a également participé à l’épisode Le dernier des sept (saison 5). Cet acteur américain fut une figure régulière des séries télévisées anglaises, où il s’illustra dans maints seconds rôles (Le Saint, Armchair Theatre, Destination Danger…) Un de ses rôles les plus mémorables demeure Jackson, figure importante de Doctor Who : Underworld (1978). Maxwell fut également un grand acteur de théâtre. Il fut l'un des fondateurs du Théâtre Royal de Manchester, où une légende tenace veut que son esprit hante encore les lieux !

o Virginia Stride (1936), issue de la Royal Academy of Dramatic Arts, se fit connaître dans les séries télévisées des années 60 (Le Baron, Public Eye …). Elle tint le rôle récurrent de Kathy Horkins dans 21 épisodes de Z Cars, de 1962 à 1973. En 1964 elle participa également aux débuts de Play School, la grande émission enfantine de la BBC, où Julie Stevens s’illustra dans les années 70. Encore active, Virginia Stride participe régulièrement à une troupe théâtrale adaptant sur scène les œuvres d’Agatha Christie.

À noter que…

o L’épisode a eu comme titre temporaire : The Twice Elected.

o Steed semble être un grand amateur des Aventures de Tintin et Milou ! Nous le voyons ici lire The Secret of The Unicorn. Dans L’homme au deux ombres c’est Tintin au Tibet, dans La toison d’or il lit Tintin au pays de l’or noir (traduit en Anglais seulement en 1972), et dans Clowneries (saison 6) Le Lotus Bleu encore en Français. Ce dernier ouvrage n’a effectivement été traduit qu’en 1983 !

o Philip Chambers a aussi écrit l’épisode Le cocon au cours de cette saison. Durant sa très courte carrière télévisuelle il a également participé à Adam Adamant lives !. Son activité principale demeure l’écriture de romans policiers ; il est notamment l’auteur de nombreuses aventures de Sexton Blake, détective privé.

o Jonathan Alwyn (1940) a dirigé sept épisodes : Missive de Mort, Combustible 23, Festin de pierres, Inter-crime, L’école des traîtres (saison 2), Le marchand de secret, Le retour du traître (saison 3). Sa carrière de réalisateur (Armchair Theatre, The rivals of Sherlock Holmes…) et de producteur (Maigret, the Rivals of Sherlock Holmes…) s’est prolongée jusque dans les années 90.

Fiche du Retour du traître des sites étrangers :

En anglais
http://theavengers.tv/forever/gale2-22.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/ gale/323.html
http://deadline.theavengers.tv/GaleS2-22-OutsideInMan.htm

En flamand
http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/gale49.htm

 

Retour à la saison 3

 
 

LE CHEVAL DE TROIE

( TROJAN HORSE)

Tournage : janvier 1964

Diffusion : ITV, 8 février 1964 – 13ème Rue, 4 juin 1998

Scénario : Malcolm Hulke

Réalisation : Laurence Bourne

Basil Dignam (Major Ronald Pantling), T.P. McKenna (Tony Heuston), Derek Newark (Johnson), Arthur Pentelow (George Meadows), Geoffrey Whitehead (Rt. Hon. Lucien Ffordsham), Lucinda Curtis (Ann Meadows), John Lowe (Lynton Smith), James Donnelly (Kirby), Marjorie Keys (Tote Girl).

Résumé

Steed se rend dans un haras pour veiller à la sécurité d’un pur-sang appartenant à un émir en visite en Grande-Bretagne, avec lequel d’importants contrats pétroliers sont en préparation. Le frère d’un des jockeys est soudain arrêté pour meurtre, alors qu’il avait contracté d’importantes dettes de jeu. Steed établit un lien avec une série d’assassinats inexpliqués et envoie Cathy enquêter chez le bookmaker du parieur malchanceux. Lui-même découvre que le haras sert d’école du crime pour jeunes gens recrutés par le bookmaker afin de devenir des tueurs à gage. Les Avengers parviennent à démanteler l’organisation alors même que celle-ci désignait Steed comme cible à abattre !


CRITIQUES


Estuaire44 9 août 2008

Le cheval de Troie commence par séduire, grâce à son agréable fenêtre ouverte sur le monde si particulier des courses hippiques. Les portraits des différents acteurs de ce petit univers paraissent très vivants, et on apprécie le recours à un certain jargon technique accroissant la véracité de l’ensemble. L’idée d’une école du crime dissimulée sous une apparence respectable semble également fort plaisante de par sa fantaisie (jolie scène du tableau aux poisons).

Hélas, on déchante très vite ! La faiblesse de la progression dramatique saute rapidement aux yeux, tant il ne se passe quasiment rien au-delà de la description initiale de la situation. On ne se captive jamais vraiment pour cette histoire cultivant l’art du surplace, d’autant que l’intrigue ne ressort pas exempte de certaines facilités. Il demeure ainsi étonnant que le corps de Meadows reste ainsi presque en évidence sous une fine couche de paille, alors que le gang sait que Steed rode dans les parages. Et il faut tout de même un joli concours de circonstances pour que les Avengers remontent aussi vite jusqu’à Heuston ! Tous les rebondissements du récit paraissent de plus singulièrement cousus de fil blanc.

La réalisation de Laurence Bourne paraît parfaitement transparente et n’apporte strictement rien à l’épisode, se contentant de filmer platement des scènes ennuyeuses aux dialogues convenus. Ce calme plat ne se voit même pas troublé par l’habituelle bagarre finale, ici réduite à une dérisoire agitation. Les décors du haras s’avèrent certes très réussis, on ne peut que se lamenter sur ces moyens ainsi gaspillés.

Une considérable exception vient néanmoins concentrer l’attention du spectateur méritant : la riche personnalité de Heuston. Impeccablement interprété par McKenna, celui-ci se révèle un adversaire de grande classe. Sa prédilection et son talent pour les mathématiques, ainsi que sa mégalomanie mêlée de fascination pour le mal, en font clairement un prototype des Diabolical Masterminds à venir. On en reste que plus décontenancé par la désinvolture avec laquelle il est vaincu par Ann, à peine assistée par Cathy Gale. Tout cela pour si peu ? Une fois de plus, l’effet tombe à plat.

Surtout, à côté de lui ne demeure qu’un désert. Aucun autre personnage secondaire n’éveille réellement l’intérêt car tous s’avèrent bien trop schématiques. Le duo Steed-Ann aurait pu susciter des scènes drôles et pimentées, mais il n’en est rien. Du fait de la faiblesse des dialogues et de la fadeur du jeu de Lucinda Curtis, on se situe très loin des étincelles provoquées par la rencontre de Steed et Judy dans l’épisode précédent (La mandragore). La scène avec la guichetière provoque bien plus d’amusement mais reste bien éphémère. D’une manière générale la qualité de l’interprétation se maintient très en deçà de ce que l’on a pu admirer au cours de la saison.

Cathy Gale ne force guère son talent au cours de cet épisode dans lequel elle ne fait pas grand-chose à part servir de secrétaire et de confidente à Heuston. Leur rencontre constitue néanmoins un moment plaisant. Sa scène commune avec Steed aux courses fonctionne très bien mais demeure tristement unique dans un épisode où les Avengers œuvrent séparément pratiquement tout au long de l’intrigue. Heureusement Steed s’avère toujours aussi enjoué, notamment lorsqu’il se montre séducteur bille en tête avec la guichetière. Surtout il devient le personnage que nous apprécierons tant par la suite lorsque, en attente dans une écurie, il se régalera de caviar et de champagne ! Élégant, joyeux et amoureux de la vie, toujours magistralement interprété par un Macnee dominant de la tête et des épaules le reste de la distribution, Steed sort indemne d’un des trous d’air de cette saison.

EN BREF : Un épisode dont le rythme tient plus du cheval de labour que du pur-sang. Demeurent néanmoins une jolie évocation du monde des courses et un adversaire de grande classe !


VIDÉO


Steed et Cathy au champ de courses !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Tournage


Continuité 

o Toutes les bouteilles du bureau de Heuston sont dépourvues de bouchon. Il s’agit clairement d’accessoires ! (25’37’’) :


Détails

o Ann n’a pas encore atteint la majorité nécessaire pour prendre en main le haras à la disparition de son père. Cela signifie qu’elle n’a pas encore 21 ans, âge légal de la majorité au Royaume-Uni à cette époque. Jusqu’en 1928, les femmes devaient y attendre jusqu’à 30 ans pour l'obtenir ! Le Royaume-Uni abaissera la majorité légale à 18 ans en 1969, la France seulement en 1974.

o À Meadows, qui propose ironiquement que Sebastian soit hébergé par le Premier Ministre, Steed répond avec le sourire que le 10, Downing Street est une bien petite maison. En effet la résidence et cabinet de travail du chef du gouvernement britannique, à la célèbre porte noire, ne constitue extérieurement qu’une maison parmi d’autre de cette rue donnant sur Whitehall. L’intérieur reste cependant d’un luxe considérable ! Les Premiers Ministres y résident depuis 1735, quand Walpole s’y installa après un cadeau offert par le roi George II. Il s’agit officiellement de la demeure du Premier Lord de la Trésorerie mais les deux fonctions sont confondues. George Downing, bâtisseur de la rue portant son nom, était le maître espion de Cromwell, chargé de la surveillance de Charles Stuart. Il édifia une vraie fortune dans l’immobilier, Downing Street constituant le couronnement de sa carrière d’entrepreneur (1660).

o Le haras est protégé notamment par du fil de fer barbelé électrifié. Ce matériel, autorisé en Grande-Bretagne et aux États-Unis, est rigoureusement interdit en France, du fait des risques encourus si une personne y demeure accrochée.

o La règle décrite pour donner un nom à un cheval (s’inspirer des géniteurs) est valable en Grande-Bretagne mais pas en France, où à chaque année correspond une initiale obligatoire selon l’ordre alphabétique. Ainsi les poulains nés en 2007 ont un nom débutant par un T, un U pour 2008. Les purs-sangs, déjà parfaitement référencés par ailleurs, sont dispensés de cette obligation légale.

o Parmi les poisons évoqués par Johnson durant son cours figurent l’arsenic, le cyanure et la strychnine, dont les noms sont marqués au tableau.

o Dans un pays passionné par les paris, les bookmakers exercent une activité tout à fait légale. Leurs domaines les plus traditionnellement importants sont les courses de chevaux et de lévriers, mais on peut prendre des paris à peu sur tout et n’importe quoi (y compris sur la durée de vie de couples de VIP ou si un jour on trouvera de la vie sur Mars !). Ce secteur très dynamique, aux sociétés souvent cotées en Bourse, a su négocier le virage de l’Internet et on peut désormais très facilement parier en ligne. Cette activité est davantage encadrée en France, avec par exemple le Pari Mutuel Urbain pour les courses de chevaux ou La Française des Jeux. Sous la pression de Bruxelles les autorités françaises doivent progressivement libéraliser le secteur, y compris sur Internet.

o Kirby se rend à Paris pour assassiner un certain Patrice Dubois, habitant 17, avenue de la Grande Armée. Cet actionnaire principal part tous les matins pour le Bd St-Michel, via les Champs-Elysées, la Place de la Concorde puis le Bd du Palais.

o Sous couvert d’accompagner un cheval, il va loger à la résidence Goujon, à Chantilly. Cela semble logique, cette vile de l’Oise comportant un des plus importants hippodromes de France. Une première course s’y déroula en 1834, mais les gigantesques Grandes Écuries du Prince de Condé, le jouxtant, (186 m de longueur) y furent bâties en 1719. Elles sont considérées comme les plus belles du monde et contiennent le Musée du Cheval Vivant, inauguré en 1982. Depuis 1836 ce haut lieu de l’hippisme européen voit se dérouler le prix du Jockey Club, la deuxième course de galop la plus prestigieuse de France, derrière le Prix de l’Arc de Triomphe.

o Kirby a besoin d’un passeport pour se rendre en France, le Royaume-Uni n’intégrant la Communauté Européenne qu’en 1973, du fait de refus successifs du Général de Gaulle.

o The Daily Mirror : Lynton Smith, puis le Major, lisent le Daily Mirror (12’48’’). Fondé en 1903 par le magnat de la presse Alfred Harmsworth, entre autre sauveur du Times et de l’Observer. Ce tabloïd, novateur en son temps, connaît un fulgurant succès, avec un pic de popularité précisément durant les années 60, où il est le plus lu du Royaume-Uni. 1964 voit apparaître un redoutable compétiteur avec le Sun de Ruppert Murdoch, qui lui dérobe une part toujours croissante de son lectorat. La suite de l’histoire du Mirror, incapable de se renouveler, n’est plus qu’un long déclin tandis que le Sun, davantage sensationnaliste et à la fameuse page 3, se vend désormais bien plus que la presse nationale (deux fois plus que le Times). Aujourd’hui le Mirror est lu par à peine 1,7 millions de personnes, contre 5 en 1964. Il a de plus été décrédibilisé par la publication en 2004 de fausses photographies montrant de supposées exactions britanniques en Irak. Il demeure néanmoins un élément important de la culture populaire britannique.

o Quarantaine : Meadows et Pantling se plaignent auprès de Steed de la quarantaine qui prive Sebastian de la compagnie du chien du Sultan. Effectivement la Grande-Bretagne a longtemps maintenu une quarantaine stricte de six mois pour les chiens entrant sur son territoire, par crainte de la rage. Cette règle, remontant à 1922 où la rage fut déclarée éradiquée en Grande Bretagne, ne souffrait aucune exception, que cela soit pour le corps diplomatique, les visites officielles (comme dans l’épisode) ou même les chiens pour aveugle ! Cette mesure se révélant ruineuse pour les propriétaires qui en assuraient les frais et se heurtant de plus en plus à l’opposition d’associations écologistes, elle fut finalement allégée en 2002, par Tony Blair. Il en avait fait un engagement électoral, aucun des 200 000 chiens et chats mis en quarantaine durant les 25 années précédentes ne s’avérant porteur de la rage ! Les animaux doivent cependant détenir un passeport sanitaire en bonne et due forme. (Pet passport)

Acteurs – Actrices

o Basil Dignam (1905-1979) a fait une de ses dernières apparitions dans Un chat parmi les pigeons (saison 7, TNA). Il a tourné auparavant dans un grand nombre de séries britanniques à succès : Sir Francis Drake, Le Saint (deux épisodes), Destination Danger, Le Prisonnier, L'Homme à la Valise (deux épisodes), Les Champions, Département S (trois épisodes), Paul Temple, UFO, Jason King, Amicalement Vôtre, L'Aventurier, Poigne de Fer et Séduction, Regan… Il s’est spécialisé avec succès dans les rôles d’autorité (policiers, militaires, nobles...).

o Derek Newark (1933-1998) a participé à deux autres épisodes de la série : Bons baisers de Vénus (saison 5) et Étrange Hôtel (saison 6). Il a également à son actif de nombreuses apparitions dans des séries britanniques : L'Homme à la Valise (deux épisodes), Le Saint (deux épisodes), Les Champions, Département S, Paul Temple, Amicalement Vôtre, Poigne de Fer et Séduction, Mission Casse-Cou. Il apparaît également dans le mythique premier épisode de Doctor Who : An Unearthly Child (1963).

o T. P. McKenna (1920) a participé à deux autres épisodes : Mort en magasin (saison 4) et Je vous tuerai à midi (saison 6). Très présent au théâtre, cet acteur irlandais a connu une belle carrière tant à la télévision (Le Saint, Doctor Who…) qu’au cinéma (Les Chiens de paille, 1971, Valmont 1989…). À la radio, Thomas Patrick McKenna connaît une grande popularité dans la dramatique à succès de la BBC Baldi (depuis 2000).

o Geoffrey Whitehead (1939) joue également dans Pandora (saison 6). Acteur shakespearien réputé, il est apparu sur les planches dans les plus grands rôles du répertoire. Il a régulièrement participé à des séries télé (Z Cars, Sherlock Holmes…), sa voix si particulière en fait surtout un grand comédien de radio, dans des domaines très divers (Cadfael, Rigor Mortis…).

À noter que…

o Le générique débute par une nouvelle animation du logo d’ABC.

o Un véritable cheval apparaît dans le décor. D’autres animaux vivants figurent dans La loi du silence (saison 2) et L'éléphant blanc (saison 3).

o Il paraît contradictoire de montrer un Steed aussi ignorant en matière hippique, alors que durant cette saison il s’est déjà passionné pour le Polo (Ne vous retournez pas). Par ailleurs il s’avère un cavalier accompli dans La poussière qui tue (saison 4) et convie la perfide Barbara Wakefield à une promenade à cheval (Cœur à cœur, saison 4), tandis que plus tardivement, il sera propriétaire d’un haras et se montrera passionné au point de conserver des photos de ses chevaux au même titre que celles de ses anciennes collaboratrices ! (Le château de cartes, saison 7, TNA).

o Si Steed semble totalement béotien en matière hippique, ce n’est pas le cas pour Patrick Macnee, dont le père fut un entraîneur réputé de chevaux de courses. Alors désargenté, Macnee rapporte d’ailleurs dans ses Mémoires avoir vendu à ses camarades d’Eton les tuyaux obtenus auprès de son père, pour améliorer l’ordinaire. Il alla jusqu’à s’improviser bookmaker en organisant des paris clandestins au sein de la prestigieuse institution. Ce fut d’ailleurs une des causes de son expulsion, avec le commerce de publications pornographiques ! Il fréquenta lui-même à cette époque un bookmaker nommé William Hill dont les hommes de main brutaux rappellent furieusement ceux de Heuston ! Avec les cachets de la série, il offrit un cheval à son épouse Katherine Woodville, qui, elle-même passionnée, ouvrit un haras dans les années 70 (Chapeau melon, 1988). Avec un naturel confondant Patrick Macnee incarne d’ailleurs le spécialiste des courses hippiques du MI6, Sir Godfrey Tibbet, dans Dangereusement vôtre (1985).

o Malcom Hulke (1924-1970) a participé à l’écriture de neuf épisodes : Mauritius Penny, Inter-crime, La naine blanche (saison 2), Concerto, Les fossoyeurs, Les sorciers, Le cheval de Troie (saison 3), Les fossoyeurs (saison 4) et Homicide et vieilles dentelles (saison 6). Il a également contribué à d’autres prestigieuses séries : Pathfinders (en collaboration avec Eric Paice), Gideon’s Way, Destination Danger… Il a principalement collaboré à Dr Who (13 épisodes, sept novélisations). Auteur d’un livre référence, Writing for television in The 70’s, il fut également un ami personnel de Terrance Dicks à qui il mit les pieds à l’étrier avec l’écriture conjointe de Mauritius Penny .

o Laurence Bourne a réalisé trois épisodes des Avengers : L’éléphant blanc, Les petits miracles et Le cheval de Troie, tous durant la saison 3. Il a également apporté sa contribution à plusieurs séries des années 60 (Public Eye, The Troubleshooters, Dr Finlay’s Casebook…).

Fiche du Cheval de Troie des sites étrangers :

En anglais
http://theavengers.tv/forever/gale2-20.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/ gale/322.html
http://deadline.theavengers.tv/GaleS2-20-TrojanHorse.htm

En flamand
http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/gale47.htm

 

Retour à la saison 3

 
 

LA MANDRAGORE

( MANDRAKE )

Tournage : janvier 1964

Diffusion : ITV, 25 janvier 1964 – 13ème Rue, 28 mai 1998

Scénario : Bill Bain

Réalisation : Roger Marshall

John Le Mesurier (Dr. Macombie), George Benson (Rev. Whyper), Madge Ryan (Eve Turner), Philip Locke (Roy Hopkins), Annette André (Judy), Robert Morris (Benson), Jackie Pallo (Sexton).

Résumé

Un supérieur et ami de Steed vient de décéder brusquement. Or il est enterré dans une petite ville isolée, à laquelle aucun lien ne l’attachait. Surpris, Steed devient réellement soupçonneux devant les réponses à l’évidence mensongères qu’apporte le fils du disparu à ses questions. Cathy Gale enquête autour du cimetière tandis que Steed remonte une bien étrange filière. Un fabriquant de pétard désargenté et un médecin en pleine dérive professionnelle ont mis au point une sinistre martingale…


CRITIQUES


Estuaire44 8 août 2008

L’intrigue de La mandragore parvient à distiller un véritable mystère tout au long du récit. On ne connaît la clef de l’énigme qu’en toute fin de parcours, ce qui apporte une agréable nouveauté dans cette période où tous les tenants et aboutissants sont généralement connus assez tôt. On n’en suit qu’avec plus de plaisir cette captivante enquête, parfaitement maîtrisée malgré un certain ralentissement en milieu de parcours.

Un autre aspect de cet épisode réside dans la proximité avec les classiques de la saison 4. En effet l’essentiel des ingrédients du fabuleux succès à venir s’observe déjà ici, même si seulement sur un ton mineur. Steed et Cathy connaissent décidemment une relation plus harmonieuse et devisent gaiement de l’art du thé, tandis que l’originalité du complot et la mégalomanie presque délirante de Hopkins font de lui un habile prototype des futurs adversaires des Avengers. Alors que tout l’épisode baigne dans une atmosphère très anglaise, on trouve jusqu’à la boutique si particulière qui réponde à l’appel, même si son occupante ne joue pas encore pleinement la carte de l’excentricité.

Cet agréable panorama, agrémenté de dialogues fort plaisants, se trouve élégamment mis en scène par un Roger Marshall en verve. Sa réalisation joue habilement des angles de vue pour faire ressortir pleinement la psychologie des personnages. La scène de la fiole de poison entre les trois complices apparaît très éloquente à cet égard, avec des plans sur les visages particulièrement significatifs. La scène de combat entre Cathy et Sexton constitue certainement une des plus spectaculaires de la période, tant la débauche d’énergie et le jeu virevoltant de la caméra suscitent d’enthousiasme.

Reste que la qualité de l’image comme du son demeure bien médiocre et que le décor du cimetière détonne par son évidente artificialité, même selon les critères de l’époque. Par ailleurs la musique de Johnny Dankworth apparaît singulièrement présente dans cet épisode, accompagnant un nombre de scènes plus important qu’à l’accoutumée. De plus elle souligne à chaque fois efficacement l’action en cours. Les sceptiques quant à la qualité de l’apport de Dankworth à la série pourront visionner avec profit La mandragore, tant cette musique accomplit ici un véritable festival !

Les adversaires du jour constituent un atout certain pour l’épisode. En docteur dépassé et légèrement déphasé, John Le Mesurier accomplit une performance toute en subtilité. Locke incarne avec un rare panache un adversaire dont le cynisme et l’avidité se nuance d’une dose de délire lui donnant une dimension supplémentaire. C’est toujours avec un réel plaisir que ces épisodes de l’ère Cathy Gale nous permettent de redécouvrir des acteurs appréciés, avant leurs coups d’éclat des saisons ultérieures ! Ces sombres individus fonctionnent en fait surtout en circuit fermé et, jusqu’au dénouement, n’ont finalement que peu de contacts avec les Avengers. Cela permet à l’auteur de tisser habilement des relations venimeuses à souhait, conférant à l’épisode une profondeur et une gravité peu communes. Eve Turner demeure un des personnages féminins les plus sinistres de la série !

Cette noirceur se voit ponctuée par le sympathique et volubile Révérend, mais surtout par la très craquante Judy. Ses scènes avec Steed s’avèrent irrésistibles de drôlerie, mais aussi par une atmosphère de séduction très explicite. Annette André se montre très enjouée, avec de plus un de ces jolis accents français dont la période Cathy Gale s’est décidemment fait la spécialité ! Son duo avec Patrick Macnee fonctionne à merveille !

Steed se montre des plus dynamique durant cet épisode, Macnee mettant beaucoup d’énergie dans son personnage, y compris dans les passages avec Cathy Gale, développés comme ils le méritent. Les scènes communes aux Avengers deviennent d’une manière toujours plus évidente un moment fort de chaque épisode, donnant un véritable ton à la série. Cathy Gale ne se contente pas de son impressionnante scène de combat, Honor Blackman et les savoureux dialogues de l’épisode insufflent même plus d’humour qu’à l’accoutumée au personnage, parachevant ainsi la belle réussite de La mandragore.

EN BREF : Une belle intrigue policière, avec des adversaires de qualité et des acteurs que l’on aime beaucoup. Les scènes entre Steed et Judy sont particulièrement amusantes !


VIDÉO


Quand Steed rencontre Judy…


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Tournage


Continuité  

o Durant la première visite de Cathy Gale et sa discussion avec le Révérend, puis Sexton, les fausses branches sont à plusieurs reprises tirées de côté pour laisser passer la caméra (à partir de 13’15’’).

o Le docteur essaie de jeter la fiole de poison rendue par Eve Turner mais vise mal et fait tomber la corbeille (42’27’’) :

o Durant les aveux mouvementés de Benson, l’image se trouble, le temps pour la caméra d’effectuer un réglage (44’05’’) :

o Apparemment le sous-titrage n’arrive pas à marquer le signe « œ » et plusieurs mots en restent tronqués : chour pour chœur, oil pour œil :

o Le sous-titrage continue également à appeler Cathy "Melle" Gale.


Détails

o Steed se trouvait en mission à Beyrouth en 1956.

o Le docteur Macombie s’apprête à avancer que M. Turner est décédé d’un catarrhe gastrique. Il s’agit d’une inflammation aigue des muqueuses internes du corps (estomac, vessie…).

o Steed devine que Judy est Française car elle met de la moutarde dans ses petits sandwichs de pain de mie ! Comme toujours il n’hésite pas à passer au Français et la salue d’un vibrant : Enchanté, Mademoiselle !

o Le texte que déclame Judy à l’arrivée de Steed est un extrait de Richard III (1591), Acte I, scène IV : le Duc de Clarence, enfermé à la Tour de Londres, raconte à son geôlier un cauchemar où il s’est vu mourir par noyade en mer. Steed identifie la pièce de Shakespeare et répond par un clin d’œil : Je voulais voir Clarence, je suis venu à pied !

o Un frère du Révérend, mort durant la Grande Guerre, y a connu Woodbine Willy. Il s’agit du surnom de Geoffrey Anketell Studdert Kennedy (1183-1929), un prêtre et poète très populaire pour avoir distribuer des cigarettes de marque Woodbine aux blessés, en même temps qu’il veillait à leur moral par ses sermons. Ses secours apportés sous le feu ennemi lui valurent la Military Cross. Ses écrits demeurent un témoignage précieux sur le conflit. Après guerre il s’engagea dans le mouvement socialiste et pacifiste, pour lequel il donna une grande série de conférences dans toute la Grande-Bretagne.

o La citation d’Hippocrate par le Révérend est tirée de ses Aphorismes. La version complète en est : « La vie est courte, l’art est long, l’occasion fugitive, l’expérience trompeuse, le jugement difficile ».

o Cathy cite, elle, St-Augustin : « L’abstinence totale est plus facile que la parfaite modération ».

o Le révérend évoque le Cap Lizard. Il s’agit du point le plus au sud de Grande-Bretagne, à l'extrémité des Cornouailles. Il est considéré traditionnellement comme le point de départ des traversées de l’Atlantique vers l’Ouest. Les courants et les récifs y causent de nombreux accidents maritimes. Un phare y fut effectivement construit en 1619, mais fermé en 1623 car l’impossibilité de percevoir des taxes de passage le rendait non rentable. Un système à deux tours, doublé d’une corne de brume, fut inauguré en 1903 et automatisé en 1998. Sa lumière porte à 26 milles, soit près de 42 km. C’est au large du Cap Lizard que le Bugaled Breizh sombra en 2004.

o L’église du Révérend Whyper est consacrée à St-Alban. Celui-ci fait l’objet d’un culte répandu car il fut le premier martyr d’Angleterre. Persécuté par Dioclétien en 303, il est célèbre pour ses guérisons miraculeuses. Il est vénéré le 22 juin.

o Le cimetière se situe à Tinbey, une ville imaginaire des Cornouailles.

o La belladone est une plante des forêts dont le fruit, ressemblant à une cerise, comme les racines, sont hautement toxiques. Elle a d’ailleurs souvent été utilisée lors d’empoisonnements. Correctement préparée, elle sert néanmoins en pharmacologie pour les traitements du système nerveux.

o Mandragore : la mandragore reste en fait une plante plus méditerranéenne que britannique. Très proche de la belladone, sa richesse en alcaloïdes lui confère des propriétés hallucinogènes. Cette caractéristique et la forme particulière de sa racine, parfois assimilée à un corps humain, ont été à l’origine de nombreux mythes. Selon les diverses traditions elle serait la plante de Circé ou un rejeton de l’Arbre de la Connaissance ! On attribue à l’emploi de la mandragore de nombreuses transes observées dans les cultes antiques ou médiévaux. La consommer garantirait prospérité et fécondité (ou vigueur sexuelle), surtout si elle est recueillie sous le gibet d’un pendu ! Présente dans une abondante littérature, la mandragore est également reprise par J. K. Rowling dans Harry Potter, où elle a vraiment un corps humain, dont le cri peut tuer ! (La Chambre des secrets).

Acteurs – Actrices

o John Le Mesurier (1912-1983) participe également à Les espions font le service (saison 4). Fils d’un juriste, il a mené des études de droit mais il se tourna vers la comédie. Il débuta au cinéma à la fin des années 50 mais son rôle le plus populaire est celui du Sergent Wilson dans Dad's Army (1968-77). Il a reçu le BAFTA, meilleur acteur de l'année, en 1971. Il a écrit lui-même son épitaphe pour le Times et avant de sombrer dans le coma, il aurait dit : " It's all been rather lovely " ["Tout cela a été plutôt agréable !"]. Il est décédé d'une cirrhose du foie. Du milieu des années 60 à sa mort, il fut la voix de Flour Grader Fred, un personnage publicitaire vantant les mérites d’une marque de farine et portant un... chapeau melon !

o Philip Locke (1928-2004) est le tueur silencieux harponné par James Bond dans Thunderball – Opération Tonnerre. Il a joué dans deux autres épisodes de la série : Passage à tabac (saison 1) et Bons baisers de Vénus (saison 5). Il a participé à de nombreuses séries (Dr Who, Le Saint, Les Champions, Département S, Poirot, Bergerac, Inspecteur Morse…). Issu de la Royal Academy of Dramatic Arts et membre régulier de la Royal Shakespeare Company, il mena également une brillante carrière au théâtre. Toujours spécialisé dans les rôles d’adversaires, il interpréta ainsi le Dr Moriarty de 1974 à 1976, à Broadway.

o Annette André (1939) participe également à l’épisode Le château de cartes (saison 7, TNA). Née en Australie, elle a débuté sa carrière en 1960 et a participé à de nombreuses séries : Le Baron, Le Prisonnier, Le Saint (cinq épisodes), Amicalement Vôtre (deux épisodes dans le rôle de Pekoe), Le Retour du Saint (avec Ian Hendry). Elle demeure principalement connue pour son rôle récurrent de la veuve Jeannie Hopkirk, dans les très populaires Randall and Hopkirk (Deceased) (1969-1970). Également chanteuse et danseuse, elle est apparue dans plusieurs spectacles musicaux, dont Vanity Fair, au West End.

o Jackie Pallo (1926-2006) fut un catcheur professionnel qui connut une grande popularité durant les années 60 et 70, notamment grâce aux émissions d’ITV consacrées à cette discipline. Il participa également à plusieurs séries (Are you being served ?), son pseudonyme sur le ring étant d’ailleurs Mr TV ! En 1985 il publie une autobiographie à succès, révélant l’envers du décor du monde du catch (You Grunt, I'll Groan). Sa déconvenue face à Honor Blackman fit grand bruit dans le pays et il déclara avec humour : Je veux que tout le monde comprenne bien qu'il s'agissait d'un accident. Je n'ai jamais été battu par une femme et compte bien ne jamais l'être.

À noter que…

o Le projecteur de diapositives de Cathy était déjà présent dans Le marchand de secrets.

o Lors du combat entre Cathy Gale et Sexton, le coup de pied d’Honor Blackman brisa le nez de Jackie Pallo. Celui-ci resta inanimé dans la tombe durant plusieurs minutes, après avoir tout de même fini le tournage de la scène ! Honor Blackman rapporte avoir éclaté en sanglots autour de la tombe où gisait assommé le malheureux catcheur et avoir alors juré de ne plus jamais combattre, ce que bien sûr elle continua à faire, précise-t-elle !

o L’intensité de ce combat rappelle l’inoubliable affrontement opposant Tara King à Gozzo dans Miroirs (saison 6). Ce n’est pas une coïncidence, Gozzo étant interprété par "Big Bruno" Elrington, un proche de Pallo et une autre figure régulière des émissions de catch du samedi après-midi sur ITV.

o Bill Bain (1930-1982) réalisa pas moins de sept épisodes des Avengers : Les fossoyeurs, Le cinq novembre, La cage dorée, La mandragore, Les charmeurs (saison 3) et Les espions font le service (saison 4). Il participa régulièrement à plusieurs séries à succès : Armchair Theatre, Tne Duchess of Duke Street, Upstairs, Downstairs… Pour cette dernière série, il remporta l’Emmy Award de la meilleure mise en scène, en 1975.

o Roger Marshall (1934) fut l'un des auteurs les plus importants des Avengers : il en écrivit quinze épisodes, de la saison 2 à la saison 5, donnant naissance à quelques uns des plus beaux moments de la série. Il a ainsi rédigé : Tueurs à gage, Mort d’un grand danois, La loi du silence (saison 2), La toison d’or, Mort d’un ordonnance, La cage dorée, La mandragore (saison 3), Meurtres par téléphone, Avec vue imprenable, La poussière qui tue, L’heure perdue, Maille à partir avec les taties, Les chevaliers de la mort (saison 4), Une petite gare désaffectée et Un petit déjeuner trop lourd (saison 5). En 2000, il réalisera également un documentaire sur la série : Avenging the Avengers. Il a participé à l’écriture d’autres séries : Public Eye, Armchair Theatre, Lovejoy

o Commentaire de Roger Marshall : « On demandait souvent aux scénaristes de Chapeau Melon et Bottes de Cuir d’où venaient leurs idées. Comme toujours, des sources les plus banales. Nous avions découvert dans l’autobiographie de Sydney Smith, un célèbre expert médico-légal, que le sol de certaines mines d’étain des Cornouailles était littéralement imprégné d’arsenic. Tout d’un coup, nous avions notre point de départ. Des gens avaient été tués partout en Angleterre et leurs corps avaient été expédiés vers ce village des Cornouailles. Les Avengers rencontrent Murder Incorporated [NDR : Nom donné à une organisation mafieuse italo-américaine des années 30/40 qui procédait de la même manière que dans l’épisode pour se débarrasser de personnes gênantes.] ». (source : DVD Studio Canal)

Fiche de La mandragore des sites étrangers :

En anglais
http://theavengers.tv/forever/gale2-18.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/ gale/321.html
http://deadline.theavengers.tv/GaleS2-18-Mandrake.htm

En flamand
http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/gale45.htm

 

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