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TOP 3 Estuaire44
FLOP 3
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TABLEAU RECAPITULATIF SAISON 2
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Episodes |
Estuaire44
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Mort en vol | 2 | |
Mission à Montréal | 1 | |
La trahison | 1 | |
Missive de mort | 3 | |
Warlock | 4 | |
Combustible 23 | 2 | |
Monsieur Nounours | 4 | |
Le décapode | 3 | |
Le point de mire | 3 | |
Tueurs à gage | 2 | |
Mauritius Penny | 2 | |
Mort d'un grand danois | 1 | |
Festin de pierres | 2 | |
Un traître à Zebra | 3 | |
Le grand-penseur | 2 | |
Inter-crime | 3 | |
L'argile immortelle | 1 | |
La boîte à trucs | 3 | |
Les œufs d'or | 4 | |
L'école des traîtres | 1 | |
La naine blanche | 3 | |
L'homme dans le miroir | 2 | |
La loi du silence | 2 | |
Le clan des grenouilles | 3 | |
Six mains sur la table | 3 | |
La baleine tueuse | 2 | |
Total | 62 | |
Moyenne | 2,38 | |
Nombre de 4 chapeaux | 3 | |
Nombre de 3 chapeaux | 9 | |
Nombre de 2 chapeaux | 9 | |
Nombre de 1 chapeaux | 5 | |
Pire note | 1 | |
Meilleure note | 4 | |
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Cartons rouges pour (à égalité)… | Mission à Montréal | |
La trahison | ||
Mort d'un grand danois | ||
L'argile immortelle | ||
L'école des traîtres | ||
Warlock | ||
Cartons verts pour (à égalité)… | Monsieur Nounours | |
Les oufs d'or | ||
©Steed3003 |
LA BALEINE TUEUSE
(KILLERWHALE)
Tournage : mars 1963 Diffusion : ITV, 23 mars 1963 – 13ème Rue, 26 mars 1998 Scénario : John Lucarotti Réalisation : Kim Mills Patrick Magee (Pancho), John Bailey (Fernand), Kenneth Farrington (Joey), Morris Perry (Harry), John Tate (Willie), Julie paulle (Angela), Christopher Coll (LaboratoryAssistant), Robert Mill (Broxn), Frederic Abbott (Sailor), Lyndall Goodman (Receptionist), Brian Mason (Tiger), Models from the Kenneth Sweet collection. Résumé Steed tente de s’infiltrer dans une salle de boxe servant de couverture à un trafic d’ambre gris, destiné à être transformé en parfum sans paiement des taxes. Après n’être parvenu à rien, il saisit l’occasion d’y faire entrer un élève en judo de Cathy Gale, sous prétexte d’aider à sa carrière. Celle-ci décide de suivre le jeune homme en tant que manager, se doutant bien que l’offre de Steed dissimule quelque chose… CRITIQUES Estuaire44 7 décembre 2007 La baleine tueuse constitue une assez décevante fin de saison. Alors qu’on aurait pu espérer, sinon une conclusion en feu d’artifice, du moins un tantinet relevée, on se retrouve face à un épisode passablement médiocre. L’argument détonne réellement par sa faiblesse : une bande de trafiquants d’ambre gris, des plus artisanaux, réalise quelques dizaines de bouteilles de parfum de contrebande. Même si l’impact pour le fisc n’est sans doute pas négligeable, on éprouve de la difficulté à imaginer que l’on mobilise l’élite du Ministère pour cela. Le spectateur a, lui, bien du mal à se motiver pour un motif aussi dérisoire, d’autant que l’histoire semble réellement bâtie de bric et de broc. On ne saurait y discerner une fantaisie propre aux Avengers ultérieurs mais bien davantage une facilité scénaristique. La finalité de ce récit semble en fait l’exploitation du beau décor de la salle de boxe, d’autant que la caméra s’attarde d’ailleurs complaisamment sur les combats tout au long de l’épisode. Si les acteurs se démènent avec une belle énergie et donnent de la vie à l’ensemble, ces scènes de boxe sont filmées sans guère de recherche par Kim Mills. Cependant sa mise en scène du reste de l’épisode demeure animée et efficace, évitant à La baleine tueuse de s’enferrer irrémédiablement. On apprécie particulièrement les jeux d’ombres et de lumières, notamment chez Fernand. Les décors constituent une autre réussite de l‘épisode, le ring étant parfaitement crédible, de même que l’atelier de Fernand. La palme revient au nouvel appartement de Cathy Gale, flamboyant de modernité ! Pancho représente un adversaire singulièrement peu à la hauteur. Son organisation prend eau de toutes parts (on se demande comment Steed a pu faire chou blanc pendant tout un mois) et il fait preuve d’une confondante sous-estimation de Cathy. Malgré tout le talent de Magee on ne peut guère se passionner pour un aussi piètre ennemi. Fernand aurait pu constituer un personnage français amusant, comme il y en avait dans Tueurs à gage. Hélas ! s’il campe un personnage crédible, il l’exécute sans le panache d’un accent agréablement caricatural. Ses inextricables soucis financiers suscitent plus la pitié qu’autre chose. Encore une fois on se demande ce que les Avengers viennent faire devant des adversaires aussi dérisoires ! Son attaque de Steed au couteau demeure d’un pathétique achevé. Les autres comparses sont transparents, seuls émergent l’amusant boxeur à la retraite et l’inquiétant collecteur, le seul personnage à inspirer réellement de l’aversion. Malheureusement il ne fait que passer… Nos héros ne forcent guère leur talent, même si leurs échanges résonnent toujours agréablement. Steed fait preuve de son esprit retors habituel envers le jeune protégé de Cathy, mais manque cruellement de fantaisie lors de son infiltration chez Fernand, alors qu’il aurait pu nous offrir un numéro autrement savoureux ! On nous demande de l’imaginer déterrer un cadavre, puis le transporter sur des kilomètres, le déposer dans une armoire, tout cela pour effrayer Fernand, c’est-à-dire pas vraiment un dur… Cathy s’en sort mieux, on apprécie de la voir aussi maternelle envers Joey. Ses piques envers son partenaire demeurent toujours aussi affûtées. Néanmoins son combat final reste vite expédié, alors qu’on aurait pu espérer davantage d’une confrontation avec un partenaire de la boxe. La saison se conclut tout de même sur une amusante pirouette de Steed, dans un tag enlevé et réussi. EN BREF : "La baleine tueuse" manque de s’échouer au rivage d’une saison 2, dont la traversée aura connu des courants autrement plus porteurs que ce médiocre épisode ! VIDÉO Steed s’intéresse de très près à la mode ! INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES Tournage Continuité o On entend un bruit de chute dans l’appartement de Cathy (18’32’’). o À l’évidence la porte du bureau de Pancho n’a pas de vitre : Détails o Le nouvel appartement de Cathy avait été annoncé dans l’épisode Les œufs d’or. Il apparaît résolument moderne. o La collection de haute couture présentée se compose de modèles de Kenneth Sweet. o Dans les années 60 les préoccupations écologiques restent totalement absentes des esprits, seul l’aspect fiscal motive Steed ! o Steed réutilise le pseudonyme de Carruthers, déjà utilisé dans Le grand penseur. o Moby-Dick est un célèbre roman anglais d’Herman Melville (1851), racontant l’affrontement entre ce cachalot blanc et le capitaine Achab, qu’il a amputé d’une jambe. Son adaptation cinématographique la plus fameuse sort en 1956, réalisée par John Huston, avec Gregory Peck et Orson Welles. Patrick Macnee et Gregory Peck tourneront ensemble, en 1980, Le Commando de sa Majesté, autre film traitant de chasse en haute mer, mais cette fois par les sous-marins allemands ! o L’ambre gris provient de la digestion de l’encre des poulpes par les cachalots. Il sert à fixer les odeurs des autres composants du parfum, lui-même ayant une odeur agréable qui rappellerait le tabac. L’interdiction de la chasse au cachalot et le développement de produits synthétiques de substitution font que l’ambre gris n’est plus aujourd’hui réellement commercialisé. o L'Encyclopædia Britannica fut fondée en 1768 à Edimbourg. Elle est la plus ancienne encyclopédie publiée en langue anglaise au monde, après 15 éditions successives. Véritable institution britannique, elle comporte aujourd’hui 40 millions de mots, 24 000 images pour un total de 228 274 sujets ! Traditionnellement chaque nouvelle version est dédiée au Président américain et au Souverain britannique en charge au moment de sa sortie. Déclinée au fil de l’évolution technologique sur tous les supports imaginables, une nouvelle version est aujourd’hui en préparation sur téléphones portables ! De tous les principaux comédiens des Avengers, seule Dame Diana Rigg a droit à sa propre notice sur l’édition en ligne de la prestigieuse Encyclopédie ! Celle-ci débute ainsi : Classically trained English stage actress who gained worldwide fame during the 1960s in the television series The Avengers... o Sherry : Le Sherry n’est pas du tout un produit anglais mais un vin espagnol de la région de Jerez, en Andalousie. En Espagne il est d’ailleurs connu sous le nom de Jerez, francisé chez nous en Xérès. Sherry est plus facilement prononçable en Anglais ! Ce vin blanc muté est cependant particulièrement goûté des Britanniques. Ce fut le fameux amiral Francis Drake, fléau de l’Invincible Armada, qui le fit connaître en Angleterre, après en avoir rapporté 2 900 tonneaux du pillage de Cadix en 1587. Le succès fut général et immédiat : comme l’ensemble de la société anglaise, le fameux Falstaff est très friand de Sherry. Aujourd’hui encore des exportations massives se déroulent chaque année. Ce vin, au goût très particulier, est toujours bu chambré par les connaisseurs. Il sert également dans de nombreuses recettes anglaises, le vinaigre de Xérès étant fort apprécié en haute gastronomie. Acteurs - Actrices o Patrick Magee (1922-1982) apparaît également dans l’épisode La cage dorée (saison 3). Bien que participant à de nombreuses séries (Dixon of Dock green, Z Cars, Les Champions…) il demeure avant tout comédien de théâtre et l'acteur fétiche de Samuel Beckett, qui écrivit spécialement une pièce pour lui : La Dernière Bande. Débutant à Londres en 1957, il intègre la Royal Shakespeare Company dès 1964. Au cinéma il tourna régulièrement dans les productions de Roger Corman ou de la Hammer. Il fut notamment le Mr. Alexander d’Orange mécanique. Sa presque homonymie avec Patrick Macnee a parfois provoqué des méprises. C’est ainsi que Macnee raconte dans ses mémoires avoir reçu des félicitations au téléphone de Lord Laurence Olivier pour son rôle dans la série, le grand comédien le rappelant ensuite pour lui annoncer qu’il l’avait confondu avec Magee… o John Bailey (1914-1989) a également participé aux épisodes A change of bait (saison 1), Meurtre par téléphone (saison 4) et Meurtre au programme (saison 6). Il est une figure récurrente de la télévision britannique, jouant régulièrement dans les séries de l’époque (Le Saint, Les Champions, Detective…) et tenant le rôle récurrent d’Edward Waterfield dans Dr Who (1967). o Ken Farrington (1936) reste dans la mémoire des téléspectateurs comme le Billy Walker de Coronation Street, qu’il incarna de 1961 à… 1984 ! Il est également apparu dans biens d’autres séries (Le Saint, The Tomorrow People, Z Cars…). De 2004 à 2006, il rejoignit Emmerdale où il joua Tom King, dont l’épouse Rosemary n’est interprétée par nulle autre que Linda Thorson. o John Tate (1914-1979) Originaire d’Australie, il s’y fait connaître dans le soap opera Dynasty, avant de s’installer en Angleterre durant les années 60 et d’y connaître le succès dans les série de l’époque (Le Saint, Destination Danger, Les Champions…) Il réalisera également de nombreuses voix pour les Sentinelles de l'air. Il est le père de Nick Tate, le Alan Carter pilote de l’Aigle Noir dans Cosmos 1999. noter que… o Notes édition DVD Optimum: Documentaires Pour conclure cette saison 2, deux documentaires sont présentés. Introduit par un Léonard White rappelant brièvement le contexte de l’arrivée d’Honor Blackman dans l’équipe, Gale Force est la première partie d’une interview de l’actrice Durant une douzaine de minutes, celle-ci évoque se souvenirs, appuyée par des images de ses épisodes. Une seconde partie prend place dans le coffret de la saison 3. Honor Blackman a immédiatement adoré ce rôle pour l’originalité qu’il représenté dans une carrière essentiellement marquée par des rôles de jeunes femmes très conventionnelles. Interpréter une femme d’action doublée d’une intellectuelle représentait une fort agréable nouveauté. Elle fut également surprise par l’aspect sexy donné au personnage, notamment dans Missive de Mort. Elle a toujours trouvé particulièrement amusante la relation tumultueuse entre Steed et Mrs Gale, y compris l’ambigüité concernant sa réelle nature. Elle estime que révéler une liaison entre les deux personnages aurait été une catastrophe. Travailler avec Patrick Macnee, un authentique gentleman anglais fut également un plaisir. Il lui arrivait de diverger du texte prévu, mais savait toujours parfaitement retomber sur ses pieds. Il était en permanence très inquiet par les combats qu’elle avait à interpréter et lui suggérait de se battre avec un objet plutôt qu’à main nues, comme lui avec son parapluie. La fameuse tenue de cuir n’était pas prévue au départ et fut en partie retenue car elle convenait très bien aux conditions d’éclairage du studio. Ces tenues de cuir lui donnaient également une plus grande liberté pour les scènes d’action mais étaient pénibles à porter sur une longue période. Peter Hammond était un grand metteur en scène, bouillonnant d’idées. Mais sa mise ens cène sophistiquée exigeait que la comédienne soit toujours idéalement placée par rapport à la caméra, ce qui exigeait un minutage parfait, difficile à réussir. Ken Mills établissait un excellent contact avec les acteurs et rendait le tournage plus aisé. Au départ les auteurs ne savaient pas très bien comment Cathy allait évoluer, la nouveauté d’une femme d’action covedette de sa série, rendait difficile l’écriture. Elle a participé à la définition du personnage, Macnee et White jouant également un rôle. Pour elle Cathy était aussi brillante que Steed, parfois même davantage. La rapide et importante popularité de la série lui a valu un abondant courrier, notamment de la part d’hommes fascinés par ses tenues en cuir mais aussi de femmes la félicitant et l’encourageant à poursuivre. Elle est consciente que l’égalité entre hommes et femmes demeure difficile à établir de nos jours. De forts intéressants commentaires, soutenus par des extraits et des photographies choisis avec discernement et les illustrant parfaitement. La chaleur avec laquelle Honor Blackman évoque ces souvenirs les rend également émouvants. Par ailleurs Honor présente une rencontre entre elle et Ian Beazley, un jeune collectionneur passionné par les Avengers (1999), particulièrement fan de Cathy Gale. On découvre notamment de nombreux jeux et jouets inspirés par la série, dont un certain nombre est présenté dans la section Goodies du site. Un peu bref (quatre minutes), mais fort plaisant. La collection est réellement impressionnante. Suppléments:On retrouve le script et la galerie de photos coutumiers, cette dernière se révélant riche en scènes de combat, assez logiquement pour cet épisode se déroulant dans les milieux de la boxe. o Steed s’esclaffe devant le magazine féminin Svelte, Patrick Macnee ne s’est guère soucié de son poids non plus… o On assiste à la première visite impromptue de Steed au domicile d’une de ses partenaires. Dans les saisons ultérieures ces visites deviendront très courantes, chaque Avenger étant comme chez lui au domicile de l’autre... Pour l’heure, Cathy Gale s’agace encore de voir Steed s’être servi à son bar ! o Une collection de haute couture sera de nouveau aperçue dans Un Steed de trop (saison 4). o Le monde du parfum réapparaîtra dans Comment réussir un assassinat (saison 4) et dans Amour quand tu nous tiens (saison 6). o John Lucarotti (1926-1994) a écrit cinq épisodes des Avengers : The far-distant dead (saison 1), La baleine tueuse (saison 2), Mort à la carte, L’éléphant blanc (saison 3) et Le fantôme du château De’Ath (saison 4). D’origine canadienne, il partage sa carrière entre ce pays et l’Angleterre. Il est notamment connu pour sa participation à The Troubleshooters (10 épisodes, 1965-1969) et à Dr Who (15 épisodes, 1964-1966). Parlant Français, il travaille également pour la télévision française (Faites entrer M. Ariman, 1974). o Kim Mills (1931-2006) a réalisé de nombreux épisodes de diverses séries anglaises des années 60 (Public Eye, Mystery and Imagination, Armchair Theatre…) avant de débuter une carrière de producteur dans les années 70 (Zodiac, The rivals of Sherlock Holmes…). Il a en tout réalisé 10 épisodes des Avengers : Le grand penseur, La boîte à trucs, L’homme dans le miroir, La baleine tueuse (saison 2), Concerto, Mort à la carte, Mort d’un ordonnance, Les sorciers, La grandeur qu’était Rome et Le quadrille de homards (saison 3). Il a eu ainsi l’honneur de conclure chacune de ces deux saisons ! Fiche de La baleine tueuse des sites étrangers : En anglais http://theavengers.tv/forever/gale1-26.htm En flamand http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/gale27.htm
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SIX MAINS SUR LA TABLE
(SIX HANDS ACROSS THE TABLE)
Tournage : mars 1963 Diffusion : ITV, 16 mars 1963 – 13ème Rue, 26 mars 1998 Scénario : Reed R. de Rouen Réalisation : Richmond Harding Guy Doleman (Olivier Waldner), Campbell Singer (George Stanley), Philip Madoc (Julian Seabrook), Edward de Souza (Brian Collier), John Wentworth (Sir Charles Reniston), Sylvia Bidmead (Rosalind Waldner), Frank Siemen (Bert Bames), Stephen Hancock (Draugtsman), Freda Bamford (Lady Reniston), Gillian Barclay (Miss Francis), Ilona Rodgers (Receptionist), Ian Cunningham (Butler). Résumé Un cartel de trois armateurs anglais décide, par patriotisme dévoyé, d’assassiner un confrère participant au projet de construction d’un navire à propulsion nucléaire franco-anglais. Cathy Gale, amie d’études de Rosalind, la fille du principal dirigeant du cartel, vient passer quelques jours dans leur luxueuse propriété familiale. Il se trouve que Rosalind est fiancée au fils de la victime, qui entend bien poursuivre son œuvre. Steed survient pour demander à Cathy d’enquêter sur l’affaire. CRITIQUES Estuaire44 7 décembre 2007 L’intrigue de Six mains sur la table se révèle particulièrement originale. L’argument n’est pas ici la résolution d’une énigme, puisque dès le départ nous connaissons les tenants et les aboutissants. Il ne consiste pas non plus en une partie d’échecs à la Columbo, l’aspect enquête étant développé par un Steed demeurant totalement périphérique. En réalité l’histoire s’attache principalement à la description des sentiments de ses personnages, dans une trame finalement très romanesque. Dans cette optique Cathy Gale s’impose comme la figure principale du récit. On la découvre en effet beaucoup plus féminine que de coutume. C’est ainsi qu’elle apparaît étincelante dans une superbe robe de soirée, alors qu’elle nous avait jusqu’ici habitués à des tenues pour le moins austères. L’évolution de sa romance avec Waldner apporte une nouvelle facette à ce personnage, novatrice dans le contexte très dur de cette saison. Les diverses émotions de Cathy sont exposées avec finesse, d’autant qu’Honor Blackman réalise vraiment une superbe performance. Cathy demeure toutefois redoutable, nous offrant une scène de judo impressionnante de maîtrise technique ! Cette prédominance du sentiment se retrouve chez les personnages secondaires, d’ailleurs tous magnifiquement interprétés. Ainsi le cartel des armateurs, au-delà de toute considération économique, semble avant tout motivé par un nationalisme exacerbé, nostalgique de la grandeur de l’Empire. Cette vision, que l’on peut supposer plus répandue en 1963 qu’aujourd’hui, lui confère une certaine originalité. Le plus troublant demeure Waldner dont le sincère sentiment envers Mrs Gale ne fait guère de doute, mais qui demeure entravé par sa machination et ses penchants néfastes. Le couple de jeunes gens reste lui plus anodin, même si attachant. Il n’y a pas jusqu’au sinistre Seabrook qui ne manifeste une personnalité aussi déroutante qu’énigmatique. On se demande jusqu’au bout quel est son véritable moteur, lui aussi ne paraissant pas poussé par la seule avidité mais par les troubles jeux du pouvoir. Philip Madoc est absolument remarquable, dans un rôle finalement assez proche de celui qu’il tenait dans Le décapode. Le seul gardant réellement la tête froide, dans ce contexte dominé par la passion, demeure finalement, comme il se doit, John Steed ! Tout au plus manifeste-t-il un soupçon de jalousie agacée face à l’idylle naissante entre Cathy et Waldner. On se souvient comment lui-même a été rudement éconduit au début de leur relation… Il s’ensuit un défilé de répliques assassines rappelant, s’il en était besoin, que le Top Agent britannique est le maître incontesté de la perfidie ! Les scènes communes de nos héros s’avèrent particulièrement pétillantes durant toute l’histoire. Macnee est impérial dans le passage de la chambre à coucher, l’un des plus amusants de la saison. Steed montre tout de même une sincère émotion, devant l’affliction éprouvée par Cathy, dans un tag final nettement plus affectueux et moins ironique que de coutume. Cela conclut comme il se doit cet épisode singulier, où prédomine tant l’émotionnel. Cette originalité réussie ne peut faire oublier certaines facilités, d’autant que la réalisation de Harding ne fait pas preuve d’une grande inventivité, même si elle demeure agréable. Le choix de privilégier la description des sentiments induit un certain dédain du développement de l’intrigue. Celle-ci s’achève ainsi par un dénouement vraiment trop précipité. De plus les différentes manœuvres boursières des protagonistes restent décrites avec un certain flou, contrairement a ce qui s’était déroulé dans Le point de mire. On ne comprend rien à l’étonnant retournement de situation final… On retrouve cette facilité dans le running gag montrant Collier frôler la mort à chaque fin d’acte, d’autant que les divers effets visuels et sonores semblent particulièrement appuyés. Le sommet en la matière demeure l’ahurissant vacarme accompagnant l’entrée de Steed par la fenêtre. On se croirait revenu au temps de W.C. Fields (ou de Z.Z. Von Schnerk…) ! Ces faiblesses entachent la belle réussite de l’épisode mais ne le privent pas de son réel intérêt, d’autant que cette histoire prend la valeur d’un authentique témoignage historique sur cette époque révolue où ports et arsenaux britanniques dominaient les mers. Prédominants jusqu’aux années 70, puis dévorés par la concurrence asiatique, les chantiers navals anglais n’existent plus que pour d’occasionnelles sous-traitances de la Royal Navy. Les Français doivent, eux, s’allier aux Scandinaves pour faire subsister leur dernier grand chantier naval, à Saint-Nazaire. C’est l’ultime exploit de cet épisode que de faire revivre, notamment à travers tableaux et maquettes de décors très évocateurs, un peu de cette splendeur défunte. EN BREF : Ce brillant épisode révèle une nouvelle facette, plus sentimentale, de Cathy Gale, ce qui nous vaut de savoureux persiflages de la part de Steed. Déjà moderniste, la série tourne le dos au fantôme de l’Empire et lorgne vers le Marché Commun ! VIDÉO INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES Tournage Continuité o Quand Steed dépose le magnétophone (28’45’’), on s’aperçoit que la moitié de la bande a déjà défilé : o Durant tout l’épisode le sous-titrage indique Miss Gale au lieu de Mrs. o Contrairement à ce qu’il affirme, il est évident que Steed n’a pas escaladé de mur : la chambre de Cathy se situe au rez-de-chaussée… ou sur le plancher du studio !
Détails o Steed (portant encore un feutre) et Cathy discutent dans une voiture plongée dans le noir. Cette astuce, permettant d’économiser un décor, a déjà été utilisée dans Combustible 23. Ces deux épisodes ont d’ailleurs eu le même concepteur de décors, Paul Bernard. o Brian Collier découvre les nouvelles dans le Glasgow Times, journal imaginaire. o Steed n’apparaît qu’à 10’31’’, ce qui constitue sans doute son entrée en scène la plus tardive de la série ! Il disparaît d’ailleurs bien vite (11’31’’) pour ne réapparaître qu’à 24’30’’. Près de la moitié de l’épisode s’est alors déjà écoulée ! o Il est surprenant que les Français aient communiqué ainsi leur technologie, sans que le projet soit totalement abouti. o Le tunnel sous la Manche étant évoqué par Waldner, la série apparaît encore en avance sur son temps puisqu’il faudra patienter 31 ans pour assister à son ouverture officielle, le 6 mai 1994. o L’étonnante coiffure relevée de Mrs Gale situe définitivement l’épisode dans les années 60, où ce type de coupe baroque était à la mode. On assiste en effet durant cette décennie à l’éclosion de nouvelles coiffures dont le French Twist, soulevant les cheveux féminins à l’arrière pour les ramener vers l'avant en de savantes figures. Celui de Mrs Gale reste particulièrement élaboré ! o Pour Cathy, Waldner réserve une table au Savoy. Il s’agit d’un des hôtels les plus fameux de Londres, situé sur le Strand. Inauguré en 1889, et dirigé notamment par César Ritz, il tire son nom du Palais de Savoie sur les fondations duquel il fut bâti. En 1246, Richard III offrit le terrain au Comte de Savoie, oncle de son épouse. Premier hôtel au monde éclairé à l’électricité, sa voie d’accès est la seule d’Angleterre où l’on se gare à droite, afin de faciliter l’accès de la prestigieuse clientèle. Sa table est réputée pour demeurer l’une des meilleures (et des plus onéreuses) de Londres. C’est là qu’Escoffier inventa la Pêche Melba ! De nombreux tableaux de la célèbre série de Monet sur Londres et son brouillard furent peints depuis une des fenêtres de cet l’hôtel, où il s’était installé durant son séjour. Le Parlement, effet de soleil dans le brouillard, 1901 Le pont de Charing Cross, 1903 o Propulsion navale nucléaire : L’épisode se situe dans l’actualité de son temps en évoquant une émergence française. Le programme militaire développant la propulsion navale nucléaire, le projet COELACANTHE, est en effet lancé avec succès en 1959. En 1963 les premieres réussites tangibles sont enregistrées, un réacteur expérimental fonctionnant à la perfection dès 1964 (serait-ce celui montré à Steed ?). Il faut tout de même attendre 1971 pour que le Redoutable prenne la mer. Aucune collaboration franco-anglaise n’a jamais vue le jour dans un domaine aussi stratégique ! Au début des années 60, aiguillonnées par la Guerre Froide, toutes les Puissances lancent séparément leur programme. Toutefois, dès 1962, les États-Unis, leaders en la matière, partagent leur technologie avec leurs alliés britanniques. L’idéal de splendide isolement de nos armateurs apparaît décidemment bien dépassé ! Acteurs – Actrices o Philip Madoc (1934) est un acteur gallois ayant étudié à la Royal Academy of Dramatic Art, puis à Vienne. Il a ensuite participé à de très nombreuses séries anglaises des années 60 et70, tout en connaissant une belle carrière au théâtre et à la radio. Il a ainsi joué dans pas moins de cinq épisodes des Avengers : Le décapode, Six mains sur la table (saison 2), Mort d’un ordonnance (saison 3), Meurtres distingués (saison 5) et Mon rêve le plus fou (saison 6). Madoc a également tenu quatre rôles différents dans Doctor Who. Son rôle le plus fameux reste son interprétation de l’ancien Premier Ministre David Lloyd George, dans une série lui étant consacré (1981). Ses lectures dans des livres audio demeurent très populaires Outre-Manche. Il soutient activement le parti nationaliste gallois, le Plaid Cymru. Madoc explique avoir surtout joué des rôles de méchants du fait de son physique ténébreux, ce qu’il ne regrette pas car, selon lui, ce sont les meilleurs ! o Gary Doleman (1923.1996) est un acteur d’origine néo-zélandaise. Il a notamment interprété, au cinéma, le Comte Lippe, agent du SPECTRE dans Opération Tonnerre (1965), et le Colonel Ross dans les différents Harry Palmer (Mes funérailles à Berlin, 1966). Il a également participé à de nombreuses séries télé (Le Prisonnier, Matt Houston, L’Homme qui Valait Trois Milliards…) Installé au États-Unis, il décède d’un cancer du poumon. o Campbell Singer (1909-1976) apparaît également dans l’épisode Qui suis-je? (saison 5). Il est une figure familière des séries anglaises (Z Cars, Coronation Street, Dr Who, Le Saint, Amicalement Vôtre…). o Ilona Rodgers (1942) participe également à l’épisode L’oiseau qui en savait trop (saison 5) où il faut une certaine perspicacité pour la reconnaître en Samantha Slade ! Après un beau parcours à la télévision anglaise durant les années 60 (Carol, dans Dr Who) elle s’installe en Australie et en Nouvelle-Zélande où elle apparaît dans de nombreuses productions locales (The Sullivans, Hercule…) tout en menant une carrière d’animatrice de télévision. À noter que… o Steed utilise un mini appareil d’enregistrement. L’emploi de gadgets restera cependant extrêmement rare durant toute la série. o Emma Peel connaîtra également un début de romance avec un ennemi, Paul Beresford, dans Le retour des Cybernautes (saison 5). La jalousie y inspirera de nouveau quelques perfidies à Steed ! o Reed R. de Rouen (1921-1986) a mené une double carrière d’acteur et d’auteur. Il a ainsi joué dans l’épisode The far distant dead (saison 1) et écrit le scénario de Six mains sur la table (saison 2). Il est également apparu dans The Troubleshooters, Dr Who, Z Cars et L’Homme à la Valise, tout en écrivant deux épisodes ce cette dernière série. Il a également beaucoup joué au théâtre, créant ainsi en 1955, au très moderne Queen’s Theatre Hornchurch, Un tramway nommé désir, dans le rôle du fameux Stanley, interprété à l’écran par Marlon Brando. o Richmond Harding (1923) a réalisé en tout sept épisodes, exclusivement au cours cette saison 2. Mort en vol a du être son coup d’essai, car il de montrera souvent plus inspiré ! (Mr Nounours, Mauritius Penny, Un traître à Zebra, L’argile immortelle, La naine blanche et Six mains sur la table). Même si sa mise en scène restera toujours de facture classique, ces épisodes comptent souvent parmi les meilleurs de la saison ! o Paul Bernard (1929-1997) a réalisé les décors de six épisodes : La trapéziste, Kill The King (saison 1), Carburant 23, Six mains sur la table (saison 2), L’homme aux deux ombres, Mort d’une ordonnance (saison 3). Il demeure cependant principalement connu pour son importante activité de réalisateur, ayant mis en scène de nombreux épisodes de : Z Cars, Dr Who, The Tomorrow people, Coronation Street… Fiche de Six mains sur la table des sites étrangers : En anglais http://theavengers.tv/forever/gale1-25.htm En flamand http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/gale26.htm
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