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Mélodie en sous-solLa Tulipe Noire

Saga Alain Delon

Le Guépard (1963)


LE GUÉPARD

Résumé :

C'est la panique dans la noblesse Italienne : un soldat mort a été trouvé dans le jardin de la propriété du prince Fabrizio Corbera. Garibaldi vient de débarquer et ils sentent la fin de leurs privilèges venir. Mais le prince Fabrizio a un atout dans sa manche : son jeune neveu Tancrede qui lui participe à la révolution Italienne pour faire tourner les événements en leur faveur, et permet par ce fait de conserver les privilèges de son oncle. Alors que la fille aînée du prince, Concetta, pense que Tancrede est amoureux d'elle, celui-ci tombe en fait amoureux de Angelica la fille du maire où se trouve la résidence d'été du prince Fabrizio. Tancrede se marie avec elle, mais Fabrizio voit que les choses pour leur caste changent inexorablement, et qu'il va devoir faire avec.

Critique :

Alain Delon retrouve à nouveau Luchino Visconti 3 ans après avoir tourné avec lui Rocco et ses Frères. Entre temps, il a tourné des films avec René Clement, Michel Boisrond, etc. C'est donc cette fois-ci un Delon plus expérimenté et plus sûr de lui que l'on retrouve à l'écran et ça se voit dans ses postures et ses attitudes. Alors la première chose, c'est que ce film est long, très long : près de 3H dans sa version longue (version que j'ai visionné) ! La seconde chose c'est que je ne suis pas certain d'avoir compris toutes les subtilités du scénario par rapport aux faits historiques qui sont racontés dans le film. Je ne suis pas très intéressé par l'histoire en France, alors celle des autres pays...

En revanche on voit clairement ce que Visconti voulait démontrer, des personnages riches et puissants qui avaient une certaine culture avec un passé glorieux voient des gens sans envergures et médiocres prendre petit à petit le pouvoir qu'ils avaient et qu'ils vont devoir de ce fait désormais côtoyer. Le film raconte la chute de l'aristocratie, qui est inévitable. Il dépeint des gens qui vivent dans un luxe inimaginable et qui ne se rendent pas compte qu'ils sont en dehors de la réalité bien à l'abri dans leur monde douillet et loin des préoccupations des gens simples.

Delon interprète un de ces aristocrates opportuniste qui se sert de la situation pour la tourner à son avantage, et n'hésites pas à mettre de côté les valeurs qu'il est censé représenter, du moment qu'il peut en tirer parti. À ses côtés c'est l'immense acteur Burt Lancaster (L'île du Docteur Moreau, Airport, Le Prisonnier d'Alcatraz) qui joue le rôle du patriarche en la personne du prince Fabrizio, un être raffiné, instruit, intelligent et qui a une notion de certaines valeurs et tient par son autorité naturellement imposée toute sa famille. Lancaster arrive à montrer tout cela à l'écran, et bien plus encore.

Vient ensuite la très jolie Claudia Cardinale (Les Pétroleuses, La Scoumoune, Le Ruffian) encore très jeune à l'époque et qui retrouve Delon pour la seconde fois et qui 5 ans plus tard tournera le mémorable Il était une Fois dans l'Ouest. Il est d'ailleurs dans ce film une singularité assez particulière, puisqu’un autre acteur qui deviendra célèbre avec les westerns spaghettis et qui jouera lui aussi avec Henri Fonda est présent dans Le Guépard : il s'agît de Terrence Hill, qui ici porte encore son nom d'acteur en italien : Mario Girotti. Nous retrouvons également Serge Reggiani (Casque D'Or, L'Armée des Ombres, Les Années Folles) qui est lui aussi un acteur bien connu. Comme je l'ai dit plus haut, dans sa version longue, le film dure près de 3H et il y a quelques longueurs, notamment le passage dans l'église, celui avec la chanson...

Néanmoins, nous avons droit à de superbes décors (par exemple celui dans le palais abandonné où se promènent Delon et Cardinale), mais il faut s'accrocher pour aller jusqu'au bout du film. Delon commence à avoir la façon de jouer qu'il aura dans les années 70, mais malgré tout on peut voir que le film est d'origine italienne, car à 1H environ du film, il y a une scène avec un repas, et Delon a les gestes et les attitudes d'un comédien italien : c'est impressionnant. Le tout est tourné avec soin, seule la musique est encore une fois la grande absente. C'est une fois de plus Nino Rota à l'œuvre, avec l'aide de Franco Ferrara.

Le film sera un succès, mais pas dans l'immédiat, notamment en Italie et totalisera là-bas sur toute la durée de son exploitation plus de 11 millions d'entrées, en France il fera un peu moins de 3.7 millions d'entrées, pas mal non plus. Le film n'est pas indispensable pour les fans d'Alain Delon, car c'est surtout Burt Lancaster qui est mis en avant, mais vous aurez tout de même plaisir à le retrouver dans le rôle de Tancrede, et puis il y a les superbes décors et costumes.

Anecdotes :

  • Si Le Guépard fut au final un succès, au début les pertes qu'il engendra à cause de son budget colossal, ainsi que des pertes sur le film Sodome et Gomorrhe obligea la société de production Titanus d'arrêter son activité cinématographique pour se concentrer sur celle de la télévision, où elle est toujours vivante à l'heure actuelle.

  • Visconti aurait préféré avoir Laurence Olivier ou Nikolaï Tcherkassov pour interpréter le rôle du prince Fabrizio joué par Burt Lancaster. Néanmoins, en prenant ce dernier, la production put obtenir un accord de distribution aux USA avec la 20th Century Fox.

  • Le film fut tourné en anglais, et redoublé en italien en post-synchronisation pour l'Italie et bien en français pour la France.

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Rocco et ses frèresLe Guêpard

Saga Alain Delon

Mélodie en sous-sol (1963)


MÉLODIE EN SOUS-SOL

Résumé :

Charles est un gangster qui vient juste de sortir de prison. Il retrouve sa femme et sa petite maison, ainsi que le reste du butin qui lui a coûté 5 ans de prison. Alors que Ginette, sa femme, lui parle d'ouvrir un petit commerce dans le midi avec l'argent qu'il leur reste, Charles a décidé et déjà planifié le plus beau coup de sa carrière et qui marquera sa retraite. Charles voit son vieux complice pour faire le coup avec lui mais, ce dernier malade, ne peut plus risquer la prison. Charles décide alors de s'associer avec Francis un jeune truand. Son objectif : braquer le plus grand casino de Cannes, le Palm Beach.

Critique :

J'avais un vague souvenir de ce film, avant de le revoir : juste quelques bribes visuelles comme la scène de fin avec les billets qui remontent du fond de la piscine, l'image m'ayant marquée. Mais j'avais oublié à quel point Mélodie en Sous-Sol est terriblement efficace.

Réalisé par Henri Verneuil (I... Comme Icare, La Vache et le Prisonnier, Peur Sur La Ville) qui aime visiblement le thème des hold up qui se finissent mal, puisqu'il réitérera le sujet quelques années plus tard dans Le Casse. À croire que Verneuil veut nous faire passer le message que le crime ne paie pas ! Il est assisté ici, de Claude Pinoteau et Costa-Gavras rien que ça !

Le film fonctionne dès les premières secondes : les magnifiques plans en extérieur de la ville en Noir & Blanc (le film l'étant entièrement bien qu'il sera colorisé bien plus tard) créent immédiatement une ambiance propre à ce dit film. Et la séquence dans la banlieue que Charles ne reconnaît plus y ajoute encore plus ce quelque chose qui détachent ce genre de long-métrage des autres. On retrouve Jean Gabin en vedette principale, l'année précédente en 1962 il a tourné avec Belmondo dans Un Singe en Hiver, il fallait bien qu'il tourne avec l'autre jeune vedette montante du cinéma français : Alain Delon. Et cela, toujours sous la houlette de Verneuil.

Si Belmondo avait plutôt un rôle facile pour tourner aux côtés de Gabin et avec qui le tournage s'était très bien passé, pour Delon c'est différent. Une sorte de rivalité se sent à l'écran, et le rôle de Delon vis à vis de Gabin est plus difficile à appréhender. Néanmoins, le duo fonctionne parfaitement et c'est un sans faute du début à la fin que ce soit pour Delon ou Gabin. D'ailleurs, dans la rubrique « vieux cons » qui disent que c'était mieux avant, et bien lorsque l'on voit ce film, on se dit qu'effectivement c'était mieux avant !

Des films comme celui-ci on en verra plus, il y a cette alchimie des acteurs, de la qualité visuelle, des dialogues percutants d'Audiard qui font mouche à tous les coups... Tout ceci crée une harmonie dans le film qui fait qu'on ne voit pas passer les 2H qu'il dure. C'est un véritable tour de force une fois encore qui est réalisé. Néanmoins, si c'est un superbe film il y a tout de même un ou deux petits défauts qui ne sont pas très méchants, comme par exemple : si le fait que les plans extérieurs sont superbement réussis, il n'en est pas de même pour les séquences studios avec fond incrusté, comme ceux par exemple où Delon ou Gabin conduisent une voiture, on voit clairement que c'est tourné en studio mais bon, ça ne gâche pas le déroulement du film.

L'image est belle, il y a de magnifiques plans et les acteurs sont à l'aise, même Maurice Biraud (Le Cave se Rebiffe, Le Complot, Le Train) qui est pourtant clairement relégué au second plan et n'a qu'un petit rôle pas très important. Ce sera, malheureusement, la marque de fabrique de cet acteur : de n'être qu'un éternel second rôle, pourtant populaire. Le cercle étant fermé par l'excellente Viviane Romance (Zouzou, Une Gueule en Or, La Chair et le Diable) considérée comme la Vamp du cinéma français des années 30 et 40 et qui tourne ici son dernier grand rôle, bien qu'assez court à l'écran, elle tient la dragée haute à Gabin sans le moindre problème. Delon s'amuse à jouer Belmondo en montant sur les toits et se prend pour Bruce Willis avant l'heure en faisant un parcours du combattant dans une conduite d'aération, sauf qu'à la place du briquet, lui a une lampe torche ! John McTiernan aurait-il vu Mélodie en Sous-Sol pour avoir l'idée de cette séquence dans Die Hard ? ! Ou ce n'est peut-être simplement qu'une pure coïncidence.

Pour la musique, c'est Michel Magne (OSS 117 Se Déchaîne, Angélique et le Roy, Réveillon chez Bob) que l'on retrouve ici et s’il utilise la même musique pendant tout le long du film, il est surtout une chose qui frappe : par moment, celle-ci rappelle furieusement la musique de Fantômas et dont Magne composera d'ailleurs la bo l'année suivante. Pour le reste tout est bon, j'ai juste envie de dire que ce film est un travail de professionnels à tous les étages : acteurs, les gens derrière la caméra, etc. Le public ne s'y trompera pas et répondra présent : le film fera un peu plus de 3.5 millions d'entrées en France. Il fera 2.4 millions d'entrées en Italie et rapportera 1 million de dollars aux états-unis. Une belle performance ! Le film est est un incontournable dans la filmographie de Delon. Un hit assurément !

Anecdotes :

  • Gabin qui n'aimait pas prendre de risques, demandait toujours un cachet fixe dans ses films : ici, pour Mélodie en Sous-Sol il reçut 850 milles nouveaux francs.

  • Alain Delon voulait absolument le rôle pour tourner aux côtés de Gabin qu'il adulait. Jacques Bar le producteur, informe donc la MGM que Delon veut absolument le rôle. Les studios répondent que si Delon désire à tel point ce rôle, qu'il l'accepte pour pas un sou. À la surprise générale : Delon accepte de tourner gratuitement le film et renonce à un cachet de 250 milles francs. Mais en contre-partie demande de recevoir un pourcentage sur les droits dans des pays considérés comme peu importants pour le film comme le Japon ou encore le Brésil ou la Russie. La MGM accepte, et ce sera le jackpot pour Alain Delon qui gagnera plus que le cachet de Gabin !

  • Delon qui admirait Gabin faisait tout ce qu'il pouvait pour plaire à son partenaire à l'écran et était très respectueux avec lui. Gabin se méfiait de Delon et parfois les relations étaient tendues, c'est le pauvre Maurice Biraud qui fit les frais des accès de colère de Gabin.

  • Si Delon admirait Gabin, ce n'était pas pareil pour Verneuil, et pendant tout le tournage, Delon ne put s'entendre avec Verneuil, ils communiquèrent tous les deux par assistants interposés. Delon commençait à avoir son comportement de grande star.

  • Lorsque Jacques Bar annonça la somme reçue par Delon grâce à ses droits sur le film, Gabin fut médusé. Bar lui explique alors que c'est la différence entre le cachet fixe et le fait de prendre des risques. Gabin retient la leçon et va créer quelques années plus tard sa société de production avec Fernandel.

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Plein soleil

Saga Alain Delon

Rocco et ses frères (1960)


ROCCO ET SES FRÈRES

Résumé :

Rocco Parondi et 3 de ses frères débarquent à Milan avec leur mère. Ils viennent pour le mariage de leur quatrième frère aîné : Vincenzo, et en profitent pour déménager également, suite à la mort de leur père. Une dispute éclate avec les futurs beaux-parents de Vincenzo, et la famille se retrouve à la rue. Grâce à une combine d'un ami de Vincenzo, la famille se retrouve logée dans un logement social de Milan. Tous commencent à faire des petits boulots, et Simone l'un des frères de Rocco commence la boxe et tombe amoureux d'une prostituée, Nadia, juste après l'avoir rencontrée. C'est à partir de ce moment qu'il commence à mal tourner : Simone ment, vole, et fini même par violer Nadia, après que celle-ci l'ai quitté pour Rocco. Tout va de mal en pis pour Simone qui s'enfonce de plus en plus tandis que ses frères réussissent. Il finit par tuer Nadia...

Critique :

Après Plein Soleil qui propulse Delon comme vedette, celui-ci tourne Rocco et ses Frères sous la direction de Luchino Visconti (Les Amants Diaboliques, Le Guépard, L'Innocent) qui était plus un metteur en scène de pièces de théâtre et d'opéras plutôt que de cinéma. Ce film ne fait qu'asseoir le vedettariat de Delon, qui s'acquitte à merveille du rôle du fils gentil et protecteur envers sa famille. À partir de là, tout est dit, Delon joue le rôle d'un personnage à la fois attachant et tout autant irritable : à vouloir surprotéger son frère bon à rien et incapable de se prendre en main, il en devient totalement agaçant, pourtant Delon réussi à le rendre en même temps assez sympathique.

Il est accompagné dans ce film par Renato Salvatori (Le Désordre, Flic Story, Cadavres Exquis) bien connu en France pour son rôle du comparse de Belmondo dans le film Le Casse en 1971. L'acteur étant mort en 1988. Salvatori lui aussi excelle dans son rôle de bon à rien, on a qu'une envie du début à la fin du film pratiquement : c'est de le baffer, tellement il enchaîne les bêtises et les embrouilles qui non seulement l'emmènent au fond du trou, mais comme beaucoup de gens dans la réalité, entraînent également les personnes de leur entourage avec eux. On retrouve également Spyros Fokas (La Peur, Le Diamant du Nil, La Fièvre d'Aimer) dans le rôle du frère aîné : Vincenzo, qui n'est pas à la hauteur de son rôle de chef de famille qu'il devrait être. Acteur qui a eu une jolie petite carrière que ce soit à la télévision Italienne ou aux USA on pourra notamment le voir dans Rambo 3 ou encore la série Arabesque.

Viennent ensuite Rocco Vidolazzi dans le rôle du petit dernier pour les frères Parondi, pas grand-chose à dire sur lui, son rôle étant assez minime, mais sa prestation ne dénote pas dans le film, c'est donc bon signe. Reste Max Cartier, qui incarne le vertueux Ciro, l'acteur n'a pas eu une grande carrière. En fait, Ciro est le personnage que l'on préférera dans le film : contrairement à son frère Rocco, il est réaliste vis à vis de Simone qui a mal tourné. Et très vite celui-ci comprend que la surprotection de Rocco, qui se sent coupable par rapport à son frère et de la femme aimée par ce dernier, est plus néfaste que salvatrice. Simone est clairement un incapable, mais Rocco refuse de le voir.

C'est Annie Girardot (La Gifle, Tendre Poulet, La Zizanie) qui est l'objet de la descente aux enfers de Simone et de la destruction de la famille Parondi. Immense actrice, et pas seulement de cinéma mais aussi de théâtre et de télévision. Elle aura même une période de chanteuse, et nous connaissons malheureusement la fin de carrière de cette actrice qui fut difficile à cause de sa maladie d'Alzheimer. Bien que là aussi son rôle ne soit pas très important, Annie Girardot joue parfaitement la fille de mauvaise vie, qui a eu la malchance de tomber sur Simone.

Nous trouvons également Claudia Cardinale (Il était une fois dans l'Ouest, La Scoumoune, L'été Prochain) dans un petit rôle, immense actrice internationale elle aussi, qui aura la carrière que l'on lui connaît. Nous avons également Roger Hanin, qu'on ne présente plus, dans un petit rôle lui aussi. Tout ceci forme donc un excellent film, et il faut qu'il le soit, car sa durée de près de 3H pourrait rebuter à le regarder. Alors bien sûr, il y a quelques longueurs, mais rien de rebutant, et il se déroule de manière fluide, ce qui fait qu'on ne voit pas passer le temps. Le film est découpé en chapitres pour chaque frère, ce qui permet de garder un bon rythme.

Je l'ai vu en version restaurée, donc je ne sais pas si c'était comme cela à l'origine, mais l'image est vraiment très jolie, le film étant entièrement en noir & blanc, on a un noir très propre, qui manque peut-être d'un peu de contraste, mais là aussi c'est peut-être dû à la remasterisation. Il y a de très beaux plans caméra, par exemple celui de Delon devant le miroir avec le reflet de Rogin Hanin dedans, et il y a par exemple de très jolis plans larges de la ville italienne, on s'aperçoit à un moment lorsque c'est dans les quartiers populaires, que les villes en Europe se ressemblent et que les constructions en béton que l'on voit à l'image, pourraient fort bien être celles d'une banlieue française tellement elle sont semblables au niveau visuel. Le film démontre bien l'aspect des sacrifices que Rocco est obligé de faire pour son frère, et tout l'impact que cela a sur sa famille. Et surtout le changement qui commence à s'opérer sur la vie des gens avec l'industrialisation naissante.

Tout comme celui de Simone qui ne pense qu'à lui et Nadia et ne se rend pas compte, ou ne le veut pas, du mal qu'il fait à ses proches. On pourrait le qualifier d'imbécile, ce qui lui irait comme un gant, tant sa bêtise le guide dans toutes ses actions. Mais on se rend compte au fil des minutes que son mal être est plus profond encore, jusqu'à commettre un meurtre. Bref, une excellente prestation de Delon qui a encore ici cette fraîcheur, qui lui permet d'avoir des attitudes face à la caméra qui le fait se démarquer. Je serai plus critique sur la musique de Nino Rota (Vivre en Paix, 8 ½, Histoires Extraordinaires) mais il faut se replacer dans le contexte des années 60, et ce genre de bandes musicales étaient fréquentes. Personnellement, je n'accroche pas et je trouve qu'elle est vraiment transparente par rapport à l'image, et ne laisse aucun souvenir.

Le film tourné en Italie avec une majorité de comédien italiens fut donc fait en italien, et les acteurs français ont redoublés leur voix en post-synchro pour la version française, ce qui explique que parfois on a l'impression d'avoir une latence entre le mouvement des lèvres et la voix en vf. Le film marchera pas mal en France avec plus de 2 millions d'entrées, mais fera un véritable carton en Italie avec plus de 10 millions d'entrées. À voir pour les fans de Delon, avant qu'il ne s'enferme dans les rôles de flics des années plus tard. Le film existe en version restaurée en BluRay et en DVD.

Anecdotes :

  • La réalité dépassera la fiction, en effet c'est en tournant ce film avec Renato Salvatori que Annie Girardot tombe sous le charme de l'acteur et se mariera avec lui en 1962. Salvatori étant comme son personnage à l'écran dans ce film : violent, qui boit beaucoup, et incontrôlable. Malgré leur séparation beaucoup plus tard, et la naissance de leur fille, Annie Girardot restera mariée à l'acteur jusqu'à la mort de celui-ci.

  • Visconti voulu absolument Alain Delon pour le rôle de Rocco. À tel point, qu'il déclarera après le film que si il n'avait pas eu Delon pour jouer Rocco, il aurait annuler le film purement et simplement.

  • Lors d'un gros plan dans le film, on peut voir très distinctement la cicatrice d'Alain Delon qu'il a au menton. Il s'est faite celle-ci lors du tournage de Sois Belle et Tais Toi en 1958.

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Sois-belle et tais-toiRocco et ses frères

Saga Alain Delon

Plein soleil (1960)


PLEIN SOLEIL

Résumé :

Tom Ripley est venu en Italie pour faire revenir Philippe Greenleaf aux états-unis sur ordre de son père, en échange il sera payé 5000 dollars. Mais Philippe n'a aucune envie de rentrer car il vit une passion avec une femme : Marge, et fait tout ce qu'il peut pour humilier Tom. Alors qu'ils partent tous les trois en croisière, Tom fait exprès de déclencher une dispute entre Marge et Philippe pour se retrouver seul avec lui sur le bateau. Repartis en mer, Tom tue Philippe. Revenu à terre, Tom prend alors l'identité de Philippe pour le dépouiller, mais un grain de sable grippe la mécanique : Freddy Miles un ami de Philippe. Tom le tue également et met en place un scénario faisant croire c'est Philippe le tueur et qu'il s'est suicidé juste après. Mais tout ne se passera pas comme prévu.

Critique :

Les années 50 sont terminées, Delon a déjà tourné dans cinq films lorsqu'il fait Plein Soleil. Il a eu son premier vrai rôle important à l'écran dans Christine en 1958, mais il n'est pas encore une star. Il rencontre alors les frères Hakim qui sont les producteurs de Plein Soleil et ceux-ci lui font connaître René Clément (La Bataille du Rail, Les Félins, Jeux Interdits) le réalisateur du film, et Delon devient une star en ce début des années 60 grâce à lui. Alain Delon devait à la base jouer le rôle de la victime : Philippe Greenleaf, tandis que c'est Jacques Charrier qui devait interpréter Tom Ripley. Mais Delon se sent plus proche psychologiquement du personnage de Ripley et le dit aux producteurs et à Clément.

Les producteurs refusent, c'est la femme de René Clément qui avait toute autorité sur son mari qui va dans le sens de Delon et lui fait avoir le rôle de Ripley. Alors, Delon n'a pas encore dans ce film tout son style d'acteur qu'il aura par la suite dans la fin des années 60 – années 70, là encore comme pour Sois Belle et Tais Toi, l'acteur est encore assez démonstratif en sentiments et en émotions dans sa manière de jouer, et a parfois des attitudes vraiment ambigües : voir la scène lorsque Freddy Miles le retrouve dans l'hôtel où il pense trouver Philippe, les mimiques de Delon font froid dans le dos. Une belle prestation d'Alain Delon donc, qui est secondé ici par Maurice Ronet (Gueule d'Ange, La Piscine, Mort d'un Pourri) qui est déjà une vedette accomplie face à Delon et avec Plein Soleil sera propulsé comme ce dernier au plus haut de sa carrière et enchaînera par la suite que des succès pratiquement, il s'essayera alors à la réalisation et aux documentaires.

Ronet a ici somme toute un rôle « passif » il subit le jeu et les attitudes de Delon, ainsi que de sa partenaire féminine : Marie Laforêt (Flic ou Voyou, Les Morfalous, Les Diplômés du Dernier Rang). Celle-ci qui après sera plus dans les films de Belmondo que ceux de Delon, et qui ici n'a pas encore ses cheveux noirs ! L'actrice deviendra également une chanteuse à succès que l'on connaît. Le rôle de Maurice Ronet n'est donc pas d'une grande importance,  il est juste l'objet de convoitise de Delon qui ne rêve que d'une chose : s'approprier sa vie et surtout Marge. Car c'est bien cela le leitmotiv de Tom Ripley au final.

Intrigue assez classique mais qui fonctionne, mais il est important de savoir que le film ne démarre réellement qu'à partir de la 40e minute, avant cela il y a des longueurs et il faut s'accrocher pour tenir et voir la suite. Mais dès que le film est parti, le reste passe alors à une vitesse incroyable, il dure pourtant pratiquement 2 heures. La réalisation est de qualité, et il y a beaucoup de bonnes scènes, comme par exemple celle qui se passe à la morgue pour identifier Freddy Miles, joué par Billy Kearns (L'Homme Pressé, Un Homme de Trop, Les Borsalini) bien connu des films et séries françaises.

C'est bien filmé, et comme je le disais un peu plus haut, les jolis plans se succèdent comme celui de Delon sur le bateau qui est éveillé en pleine nuit avant d'aller mettre la boucle d'oreille dans la poche du vêtement de Philippe pour que Marge le trouve. Et on a de beaux décors naturels de l'Italie des années 60. Seule la musique, de Nino Rota (Des Gosses de Riches, Rocco et ses Frères, Roméo & Juliette), est je trouve plate et en totale inadéquation avec ce qui se passe à l'écran. Pratiquement absente même pendant une bonne partie du film, elle ne laissera pas un souvenir impérissable.

Le film marchera très bien avec près 2.5 millions d'entrées (dont plus de 700 milles sur Paris). Indispensable dans la filmographie de l'acteur pour qui est fan d'Alain Delon, jusqu'à la fin on pense que Tom a parfaitement réussi son coup, hélas, un élément vient tout remettre en cause, ça se termine de façon machiavélique.

Anecdotes :

  • Marie Laforêt ne garde pas un bon souvenir de Plein Soleil, à cause notamment de ses deux comparses à l'écran : Alain Delon et Maurice Ronet, qu'elles jugeaient prétentieux et méprisants.

  • Alain Delon raconte que c'est grâce à Plein Soleil que sa notoriété au Japon est ce qu'elle est depuis 1960, en effet le film a eu un succès international, et d'après Alain Delon ce serait parce que le film contient le mot Soleil, pour le pays du soleil levant que le film aura un immense succès là-bas et que les japonais seraient tombés fous de Delon à ce moment-là.

  • Le générique de début du film, assez bien fichu, est l'œuvre de Maurice Binder qui réalisera un peu plus tard le générique du James bond : James Bond Contre Docteur No avec Sean Connery.

  • Plein Soleil connaîtra un remake fait par les américains en 1999 sous le titre Le Talentueux Mr. Ripley avec Matt Damon dans le rôle principal.
  • Une chose étrange : Romy Schneider fait une courte apparition au début du film, elle n'est pas créditée au générique, Schneider était déjà la compagne d'Alain Delon à cette époque et pourtant également une vedette puisque le premier Sissi date de 1955.

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