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Les Seins de glace (1974)Zorro (1975)

Saga Alain Delon

Borsalino and Co (1974)


BORSALINO AND CO

Résumé :

Roch Siffredi enterre son associé et ami François Cappella. Quelques mois plus tard, Roch fait ses investigations et retrouve le meurtrier de François Cappella : Giovanni Volpone. Roch tue alors le frère de celui-ci en pensant qu'il s'agît du bon Volpone sans se douter qu'il va au-devant de sanglantes représailles. Giovanni Volpone, détruit l'empire de Roch Siffredi et élimine tous ses hommes. Seul son fidèle lieutenant et ami s'en sort, mais Siffredi est capturé par Volpone et intoxiqué à l'alcool, il devient une épave. Montré aux journalistes comme déchéance de la pègre, il est ensuite interné dans un asile psychiatrique. Mais Fernand son fidèle lieutenant, l'aide à s'échapper, et ils partent en Italie pour se remettre. 3 années passent où Volpone assoit sa suprématie sur Marseille. Mais Roch Siffredi est de retour. Il retourne alors les méthodes de Volpone contre lui, et une véritable guerre se déclenche. Siffredi détruit l'empire de Volpone, tue ses hommes et fini par le tuer lui aussi, avant de partir pour l'Amérique.

Critique :

Alain Delon, revient seul pour un second Borsalino. Vu le succès du premier film, on se doutait, qu'il ne pouvait en être autrement. Mais cette fois-ci, malheureusement, j'ai envie de dire ce sera sans notre Bebel national qui était tué à la fin du premier film. Or, autant le dire tout de suite, Borsalino sans Belmondo, c'est comme une île flottante sans crème anglaise : ça enlève pratiquement toute la saveur du film. Le premier était très agréable à regarder car il y avait cette alchimie entre Belmondo et Delon et que c'était ça que nous venions voir sur le grand écran.

La raison du non-retour de Belmondo dans le deuxième volet de la saga est plus terre à terre hélas, Belmondo n'ayant pas supporté que Delon mette deux fois son nom au générique du premier film en tant que producteur et acteur et de surcroît avant lui. Belmondo intente alors un procès à Delon, qu'il gagnera et la brouille juridique l'empêchera d'apparaître dans ce second film, nous ne verrons qu'une photo de Belmondo sur la tombe de Cappella. Rien de plus.

Réalisé à nouveau par Jacques Deray (Trois Hommes à Abattre, Le Marginal, Maladie d'Amour) qui avait déjà réalisé le premier Borsalino, on peut immédiatement enfoncer des portes ouvertes : ce second volet est vraiment en deçà du premier film. Pour commencer, il faut signaler que ce second opus est vraiment mais alors vraiment beaucoup plus violent que le premier, et il n'y a plus de moment de nonchalance comme il en existait dans le premier (lorsque par exemple ils partaient en voitures au bord du lac) : là c'est un film noir, qui ne met en scène qu'une seule chose, la vengeance de Siffredi.

À cela s'ajoute, quelques défauts de mon point de vue dans la réalisation ! Si l'image est belle et que techniquement il n'y a pas grand-chose à redire sur la façon de filmer, les extérieurs, les décors, etc. pour la réalisation des plans en elle-même c'est autre chose. Par exemple, à plusieurs reprises, on voit clairement les mannequins à la place des acteurs lorsqu'ils sont morts, le plus flagrant étant le passage avec la voiture où Delon roule sur un homme qui vient d'être tué : à un moment je me suis cru dans une série de Glen Larson, c'est dire ! L'autre étant que certains plans sont mal découpés, et on voit distinctement là aussi les acteurs qui attendent le « top » pour démarrer l'action. C'est anecdotique, de l'ordre d'une seconde tout au plus, mais ça se voit ! Et cela casse un peu ce qui se passe à l'écran, d'autant que ce n'est pas que sur un seul plan que l'on a ce problème mais sur plusieurs scènes du film.

Aux côtés de Delon, nous avons cette fois-ci Riccardo Cucciolla (Un Flic, Vanille Fraise, La Dernière Carte) qui joue les deux rôles de Volpone. L'acteur nous livre une belle prestation d'un homme qui ne supporte pas que l'on aille contre lui, et qui méprise les gens. Nous avons également Lionel Vitrant (Le Clan des Siciliens, L'Aventure c'est L'Aventure, Adieu Poulet) et qui était déjà dans le premier Borsalino. Lui aussi s'en tire bien en lieutenant fidèle de Siffredi, et sa bonne tête (pour un truand) crédibilise sa dévotion envers son patron. Nous avons aussi une apparition de Meynardeau  et du Commissaire Cabrol de la série Les 5 Dernières Minutes, en effet on voit l'acteur Marc Eyraud en médecin chef de l'asile où se retrouve Siffredi et Jacques Debary en préfet (décidément !).

Pour la partie féminine nous retrouvons Catherine Rouvel (Marseille Contrat, Les Grands Moyens, Le Solitaire) qui avait déjà son rôle de Lola dans le premier opus. Delon livre une prestation correcte, où il reste souvent silencieux dans les scènes, le tout étant dans l'attitude et le regard. Ce n'est pas vraiment un mauvais film, mais il n'est vraiment pas exceptionnel non plus, en tous cas la question se pose : fallait-il réellement faire une suite au premier ? Et surtout sans Belmondo, c'était assez casse gueule.

D'ailleurs les spectateurs ne s'y tromperont pas puisque le film fera un score moyen, bien moins bon que le premier avec presque 1.7 millions d'entrées en France et un peu plus de 335 milles entrées en Espagne. Nous sommes loin des 4.7 millions d'entrées du premier Borsalino. Malgré le fait que Delon, qui produit le film, ai une coproduction Italienne-Française-Allemande, il perdra de l'argent, à cause du gros budget du film : 14 millions de francs, exactement comme le premier film. Malheureusement, ça ne marchera pas. La musique signée de Claude Bolling dont on réentend le fameux thème du premier film à un moment de ce second opus, est bien plus sombre que le premier opus. À noter, une petite mention pour le générique de fin, assez original. Personnellement, je trouve que cette suite n'était absolument pas nécessaire. Le film n'est pas indispensable dans une filmothèque de Delon.

Anecdotes :

  • Une suite était prévue à ce deuxième film. En effet, à la fin de ce second opus, s'inscrit un « à suivre... », laissant penser que le 3e volet allait se dérouler aux États-unis. Malheureusement, l'échec du film annula ce projet de trilogie.

  • Mireille Darc fait une très très courte apparition au début du film en prostituée dans la rue, lorsque le commissaire Fanti marche pour aller voir Siffredi.

  • Delon n'en voudra pas à Jacques Deray pour l'échec du film, en effet ils retourneront ensemble un peu plus tard pour Flic Story l'année suivante en 1975.

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Borsalino and Co (1974)Flic Story (1975)

Saga Alain Delon

Zorro (1975)


ZORRO

Résumé :

Miguel qui va devenir le nouveau gouverneur de la province de Nuevo Aragon. Alors qu'il est en repos dans une auberge, retrouve son vieil ami Diego de la Vega, la plus fine lame de l'Espagne. Mais Miguel est attaqué et tué par des hommes à la solde du colonel Huerta, qui dirige Nuevo Aragon d'une main de fer, et ne veut pas qu'un nouveau gouverneur lui enlève son pouvoir. Diego jure de venger son ami mort, mais Miguel lui fait promettre de ne pas utiliser les armes pour cela. Diego lui promet, et prend son identité de gouverneur. À Nuevo Aragon, Diego entend parler par un enfant d'un héros de légende, tout vêtu de noir : Zorro. Diego a alors trouvé comment il va venger Miguel et abattre Huerta. Gouverneur fantoche et peureux le jour, Diego devient Zorro le justicier masqué au service des faibles et fini par tuer Huerta juste après lui avoir révélé sa véritable identité.

Critique :

Alors autant le dire immédiatement, ce n'est pas un mauvais film ! Et même ce n'est pas un mauvais Zorro, ce qui est encore plus surprenant ! Réalisé par Duccio Tessari (La Mort Remonte à Hier Soir, Cran D'Arrêt, L'Homme Sans Mémoire), cette nouvelle adaptation du héros se voulait un remake fidèle de la série de 1957 avec Guy Williams. Or cette coproduction franco-italienne n'est pas mauvaise, mais le hic est là : Alain Delon arrive après Guy Williams, et c'est 18 ans trop tard ! Tout comme Patrick Macnee avec John Steed, ou encore Robert Conrad avec James West, Guy Williams a fait une telle interprétation de Zorro, et s'est tellement investi dans le personnage, que Zorro c'était lui et personne d'autre.

La seconde chose, est le sans le moindre doute, le manque de rythme du film. Et ça, c'est vraiment dommage car ça le plombe réellement. Un peu plus énergique, on aurait eu quelque chose de vraiment pas mal, d'autant qu'on sent à travers l'écran que ça lui plaît beaucoup à Delon d'endosser le costume du justicier masqué noir. Et l'acteur ne démérite pas, car on le sent également très investi dans son rôle, seules les scènes où il joue le pleutre gouverneur ne sont pas extraordinaire, car Delon surjoue dans le ridicule, et ce n'est définitivement pas fameux. Mais en Zorro, il est à porter au crédit de Delon qu'il a essayé de s'approprier le personnage sans tenter de copier Guy Williams en portant la moustache par exemple ! Donc nous avons ici un Zorro sans moustaches, mais moi je trouve que c'est une bonne chose.

De même le costume de Zorro est certes respecté, mais personnellement je le trouve un peu trop surchargé, et préférais celui de Guy Williams. Certes, légèrement plus simpliste, mais plus seyant. Dans les autres choses qui font un peu grincer des dents, on peut rajouter l'idée du chien qui aide Diego, c'est assez étrange. On retrouve aux côtés de Delon, Stanley Baker (L'Arnaqueuse, La Fille au Pistolet, Accident) dans le rôle du colonel Huerta, sa prestation n'est pas mauvaise dans le méchant de service, mais personnellement je n'y adhère pas. Nous avons également Enzo Cerusico (Les Joyeux Fantômes, Le Bossu de Rome, Cartouche) dans le rôle du serviteur muet Joaquin. Qui, même si il a un rôle moindre que Bernado dans la série tv, est là pour aider Zorro et fait de son mieux. L'acteur s'en tire pas trop mal. Enfin c'est Giampiero Albertini (Le Retour de Sabata, Les Suspects, Flic Story) qui ferme la distribution avec son rôle du frère Francisco. Là aussi, l'acteur s'en tire bien. N'oublions pas Moustache (Attention Les Yeux !, Le Plus Grand Cirque du Monde, Ni vu... Ni Connu...) dans le rôle du sergent Garcia, et là, je trouve que ça ne le fait pas. Même si dans la série, le personnage était ridicule, il était quand même attachant, là dans le film il n'est que ridicule et pas attachant : dommage.

Pour le charme féminin, Delon retrouvait Ottavia Piccolo (La Famille, Un Aller Simple, Mon Capitaine Un Homme d'Honneur) avec qui il avait joué dans La Veuve Couderc. Toujours aussi jolie dans ce film, elle n'a pas un rôle de grande importance, juste la jolie femme qui tombe amoureuse du héros, mais elle est assurément l'atout charme de ce film. Dans la réalisation, deux ou trois petites choses chagrinent : tout d'abord certains plans sont flous, alors qu'ils n'ont pas lieu d'être, ensuite certaines scènes sonnent vraiment fausses : comme par exemple celle du harcèlement de la foule par les soldats, ou encore la scène lorsque l'on voit les prisonniers aux travaux forcés, on voit bien qu'ils ne creusent pas ni piochent, etc. c'est très visible.

Tout comme la scène du carrosse qui se jette de la falaise, on voit que c'est du faux, que c'est une miniature. Ensuite, on a des choses un peu bizarre, comme à la fin dans la bagarre générale contre les soldats, on a une femme qui fait du karaté. Enfin, je le disais le film manque de rythme et d'énergie, et ceci est vraiment visible avec le combat de fin entre Zorro et Huerta qui est interminable ! Tout y passe en armes : épée, torche, hache, etc. et ça traîne vraiment trop en longueur. La scène avec les chandeliers par exemple, est parfaitement inutile, Zorro n'est pas censé avoir assisté à l'entraînement de Huerta. Pour le reste ça peut aller, ça tient à peu près la route, malheureusement comme je le disais, ce film arrive beaucoup trop tard après la prestation de Guy Williams.

Pour la musique, vous aurez en guise de bande originale, la chanson 'Zorro is Back' d'Oliver Onion (deux compositeurs italiens qui ont pris ce pseudonyme) en version chantée et en version instrumentale. Elle est assez agréable à écouter, surtout les passages doux, et est assez en harmonie avec l'esprit du film. Celui-ci marchera pas mal du tout, puisqu'il fera un peu plus de 1.2 millions d'entrées en France, 1 million d'entrées en Espagne et 4.9 millions d'entrées en Italie ! Un joli score. Voir Alain Delon en Zorro est certes déconcertant (quoique dans le film La Tulipe Noire, il portait déjà un costume noir et un masque !), mais honnêtement vous passerez un agréable moment avec ce film (Zorro, ça marche toujours !), et ce n'est pas pire que Airport 80 : Concorde !

Anecdotes :

  • Delon venait de mettre 17 millions de francs dans Borsalino & Co et devait se refaire après le flop de ce film. Il jouera donc Zorro, car c'était le héros préféré de son fils Anthony à l'époque, et que Alain Delon aurait accepté le rôle pour faire plaisir à son fils.

  • À ce jour, le film a réalisé un score impressionnant de plus de 56 millions d'entrées dans le monde, grâce à un score de plus de 55 millions d'entrées en Russie.

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Deux hommes dans la ville (1973)Borsalino and Co (1974)

Saga Alain Delon

Les Seins de glace (1974)


LES SEINS DE GLACE

Résumé :

François Rollin, écrivain en manque d'inspiration sur la côte d'azur. Décide de se promener sur la plage pour trouver des idées, c'est alors qu'il aperçoit une jeune femme magnifique. S'éprenant d'elle, il la courtise et entre dans la vie compliquée de Peggy. Alors qu'il commence à la fréquenter, il est convoqué par son avocat Marc Rilson, qui explique à François que Peggy a été psychologiquement très malade, et que ce n'est pas sûr qu'elle soit totalement remise. Elle a assassiné son mari, et a longtemps été traitée en psychiatrie. Peu à peu, François découvre l'entourage avec lequel vit Peggy, et de nouveaux cadavres apparaissent. S'enfuyant avec elle, Peggy tente de le tuer, mais Marc Rilson intervient, emmène Peggy et la tue pour lui éviter l'hôpital psychiatrique à vie.

Critique :

Basé sur un roman de Richard Matheson, qui est l'un des auteurs de science-fiction les plus influents de ces 50 dernières années, il est surtout très connu pour avoir écrit avec Rod Serling et Charles Beaumont la majorité des scénarios de la série culte : La 4e Dimension (The Twilight Zone). Nous avons ici un bon film réalisé par George Lautner (Les Barbouzes, Ne Nous Fâchons Pas, Le Guignolo) très connu pour ses films avec Belmondo, le concurrent direct de Delon.

Si on peut parler d'un Basic Instinct avant l'heure, à la française, l'ensemble néanmoins, malgré tout, est tout même assez lent et ne vous attendez pas à voir un film rythmé, on prend son temps pour tenter de démontrer la psychologie du personnage principal : à savoir Peggy, interprétée par Mireille Darc (Le Grand Blond avec une Chaussure Noire, Fantasia Chez les Ploucs, Ne Nous Fâchons Pas). Personnellement, je n'ai jamais été très fan de cette actrice, et je ne l'ai jamais trouvé très belle (goût très personnel).

Alain Delon a produit ce film, comme il avait déjà produit Deux Hommes dans la Ville, pour démontrer que sa petite amie de l'époque, Mireille Darc donc, est une bonne actrice et qu'elle a une palette très large dans son jeu de comédienne. Certes, la prestation de Darc est bonne, et pour ceux qui aiment l'actrice, elle apparaît même complètement nue, mais ce n'est pas non plus exceptionnel. Claude Brasseur (La BoumLa Guerre des Polices, La Crime) est, je trouve, fidèle à lui-même, ou plutôt dans un rôle qu'il affactionne : le type marrant, enjoué, blagueur, etc. Et qui ici, tente de séduire une jolie femme. Nous avons donc droit à son registre habituel, en tous cas celui que je lui ai souvent connu, nous ne sommes donc pas dépaysés. J'avoue au contraire que c'est Delon qui ici m'a surpris, l'acteur n'a qu'un rôle de second plan et pourtant ce n'est que son personnage que l'on retient du film. Un avocat qui est amoureux de Peggy, et qui quoiqu'il arrive a une bienveillance envers elle.

Alors qu'habituellement nous avons un Delon qui est plutôt statique avec une attitude généralement assez froide, c'est tout l'inverse ici et on se retrouve avec un homme, certes, beaucoup dans la retenue mais presque chaleureux. Sa façon de se comporter, ses regards doux envers Peggy, sa manière d'être très protecteur nous attache au personnage qu'il joue, beaucoup plus que le personnage principal joué par Brasseur et qui à la longue, avec ses mauvaises blagues, sa manière de vouloir tout le temps tout détourner en dérision fini par devenir horripilant et fini par lasser.

Pour le reste, c'est très bien réalisé, et le film nous offre de très beaux extérieurs, par contre, malheureusement celui-ci fait immédiatement daté à cause d'une seule et unique chose : les téléphones à cadran ronds qu'il fallait tourner pour composer son numéro. Ce simple détail, malheureusement, montre immédiatement que nous sommes dans les années 70 en France, il faudra attendre un peu plus pour que nous ayons les téléphones à touches comme dans les séries américaines. Dommage. Pour le reste c'est du tout bon, mais malgré tout par moment on voit passer les 1H45 du film, comme je l'ai dit, il y a des longueurs pour mettre en place l'intrigue et c'est un peu lent à se poser. Les petits coups de théâtre, comme les morts, les apparitions surprises, etc. n'arrivant pas à casser ces longueurs.

Pour la musique, c'est Philippe Sarde (La Grande Bouffe, La Femme Flic, Coup de Torchon) qui est à la composition. Celui-ci signe une partition assez glauque et métallique, qui renforce cet atmosphère un peu lugubre, bizarre... Ce n'est pas génial, mais c'est en corrélation avec ce que l'on a à l'image. Bon film, donc, malgré tout, avec pour Delon un rôle un peu atypique et qui se démarque un peu des autres. Le film marchera assez bien avec plus de 1.4 millions d'entrées en France, 522 milles entrées en Espagne et marchera aussi bien en Italie. Film à avoir dans sa filmographie de Delon, juste pour le voir d’une façon un peu inhabituelle.

Anecdotes :

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Traitement de choc (1973)Les Seins de glace (1974)

Saga Alain Delon

Deux hommes dans la ville (1973)


DEUX HOMMES DANS LA VILLE

Résumé :

Germain Cazeneuve éducateur spécialisé dans la réinsertion de détenus, demande la libération anticipée de Gino Strabliggi pour qui il se porte garant. Après 10 ans de prison pour vol d'une banque, Gino est libre. Il trouve un métier dans l'imprimerie, et Cazeneuve devenu son ami le voit régulièrement pour veiller sur lui. Mais lors d'une visite, en évitant un chauffard, Gino a un accident et sa femme est tuée. Mais Cazeneuve ne le lâche pas et Gino reprend goût à la vie et trouve une nouvelle femme. Mais alors qu'il va faire valider son interdiction de séjour, Gino tombe sur l'ancien inspecteur qui l'a arrêté : Goitreau. Ce dernier va alors s'acharner sur Gino, qui dans un accès de colère fini par tuer le policier. Gino est condamné à mort.

Critique :

Un film terrible (dans le bon sens du terme) qui décrit la machine judiciaire et à l'époque surtout la peine de mort. Réalisé par José Giovanni (Rififi à Tokyo, Dernier Domicile Connu, Le Gitan) qui s'est inspiré de son vécu personnel pour raconter cette histoire, a très bien réussi. Même si on sent, de toute évidence, une certaine hargne envers la police de la part du réalisateur qui est un ancien truand repenti.

Tout d'abord, c'est une réalisation diablement efficace qui est à mettre au crédit de son film : les lieux, sont extraordinaires, comme au début lorsque Gabin marche seul dans la ville, il passe d'abord devant un terrain en friche avec des immeubles bétonnés derrière, puis devant le mur d'une prison, ce fameux mur de pierres immédiatement reconnaissable. Puis nous voyons la région parisienne des années 70, c'est un morceau d'histoire sur la pellicule. Bref, vous l'aurez compris, l'ambiance du film grâce aux lieux de tournage, est simplement magique. Delon livre une belle prestation de son personnage, que ce soit dans la colère, dans le calme ou la tristesse, bien que parfois je ne comprends pas trop les réactions du personnage de Gino.

Même si on a le sang chaud, je trouve quelques réactions un peu exagérées (comme celle de tuer le policier par exemple) néanmoins la majeure partie du temps, c'est très réaliste. Gabin se retrouve en face de Delon à nouveau, et même si la prestation de l'acteur est bonne, on le sent néanmoins très fatigué, et ça se voit à l'écran. L'acteur commençait à avoir des problèmes de santé, et pensait avant de faire ce film, se retirer. Dans le rôle du flic tenace et qui n'arrête pas de harceler Gino, nous retrouvons l'excellent Michel Bouquet (Les Suspects, Borsalino, Le Serpent) qui avait déjà joué avec Delon et qui des années plus tard récidivera dans le rôle d'un flic antipathique : celui de l'inspecteur Javert dans Les Misérables.

Bouquet interprète à merveille ce flic que l'on aime pas et qui est désagréable au possible, c'est juste une performance remarquable de la part de l'acteur. On termine par des seconds rôles, qui plus tard deviendront des immenses vedettes : Bernard Giraudeau et Gérard Depardieu. Nous avons aussi un petit rôle pour Victor Lanoux et Robert Castel. Nous retrouvons même, les plus anciens reconnaîtront ce nom, Armand Mestral qui joue le directeur de la première prison. Côté actrices, nous sommes gâtés, c'est Ilaria Occhini (L'Homme qui Rit, Les Complexés, Un sacré Détective) qui incarne la très belle femme de Gino et qui meurt dans un accident de voiture, vient ensuite Mimsy Farmer (La Traque, SOS Concorde, Don Camillo de Terrence Hill) qui joue la nouvelle petite amie de Gino. Enfin Cécile Vassort (Une Partie de Plaisir, L'été Meurtrier, L'invitation) incarne, elle, la fille de Germain Cazeneuve. Et c'est Christine Fabréga qui interprète la femme de Cazeneuve.

L'ensemble donne un excellent film, sans temps mort pratiquement, et qui se déroule de manière fluide. La scène du procès est terrible, et celle de la prison où Gabin et Delon sont face l'un à l'autre au travers du parloir, sans décrocher un mot est tout simplement prodigieuse. Outre les lieux, la manière de filmer est très pro, il y a d'excellents plans, pratiquement rien à redire, juste un léger loupé sur un petit 'cut' lorsque Michel Bouquet suit Lanoux et les autres jusque dans le parking et qu'ils s'échappent de l'autre côté, mais rien de bien grave. C'est du travail de haut niveau.

La musique signée de Philippe Sarde (Les Seins de Glace, Sept Morts sur Ordonnance, Flic ou Voyou) est parfaitement dans le thème du film et ne dénote pas de ce que l'on voit à l'écran. Elle est cependant peu présente dans le film, de mon point de vue personnel. Le film marchera très bien avec plus de 2.4 millions d'entrées en France, il ne fera que 445 milles entrées en Espagne et un carton en Italie avec 2.8 millions d'entrées. Un film indispensable dans sa filmothèque de Alain Delon.

Anecdotes :

  • Jean Gabin était malade et devait surveiller sa santé. Néanmoins dans ses mémoires, l'acteur révélera qu'il grignotait et fumait en cachette.

  • Le film aurait pu faire un four, en effet il est sorti en même temps que Rabbi Jacob. Ce dernier lui volera la première place au box-office. Néanmoins, le bouche à oreille fonctionnera bien et Deux Hommes dans La Ville fera au final un excellent score.

  • C'était au départ Lino Ventura qui était choisi pour interpréter Cazeneuve, mais celui-ci refuse à cause d'un désaccord sur le scénario concernant le personnage de l'inspecteur Goitreau. C'est alors Yves Montand qui est choisi pour le remplacer, mais lui aussi refuse, car ce n'est pas la direction qu'il souhaite donner à sa carrière. Finalement ce sera Jean Gabin qui acceptera alors qu'il souhaitait se retirer après la fin du tournage de L'Affaire Dominici sur lequel il était à ce moment-là.

  • Le tournage du film débuta à Montpellier, et des tensions existaient entre Delon et Giovanni, et l'ambiance était électrique sur le plateau de tournage. Il faudra l'intervention de Henriette la cantinière pour qu'ils se dérident et deviennent amis. Le tournage se termina dans d'excellentes conditions.

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