Souviens-toi... l'été dernier (1997) Résumé : Dans la petite ville côtière de Southport, quatre lycéens participent aux festivités du 4 juillet, jour de l’indépendance, afin de célébrer leur diplôme de fin d’études : Julie, sa meilleure amie Helen, élue reine de beauté locale, et leurs petits copains respectifs, Ray et Barry. Sur le chemin de retour, alors qu’ils sont distraits, leur voiture percute un passant. Il semble mort et ils décident de jeter la dépouille dans l’océan, afin que leur futur ne soit pas gâché par des poursuites judiciaires. Un an plus tard, désormais étudiante, Julie reçoit une lettre anonyme : son mystérieux auteur affirme savoir ce qu’elle a commis l’été précédent. Dès lors un implacable tueur au crochet, déguisé en pêcheur, entreprend de punir le groupe en massacrant un à un ses membres, le 4 juillet. Critique : Sans manifester la même diabolique ingéniosité que Scream, autre film écrit par Kevin Williamson (1996), le scénario de Souviens-toi… l’été dernier manifeste une indéniable efficacité. L’auteur ne se contente pas de poser une situation, puis d’aligner les meurtres, comme si souvent dans les Slasher Movies, bien au contraire. Les meurtres proprement dits ne surviennent réellement que lors du dernier tiers du récit. Entre-temps Williamson aura conduit une étude de caractères autour de ses protagonistes bien plus approfondie qu’un simple argument scénaristique, principalement pour les féminins. Cela n’empêche pas une tension dramatique de s’accumuler au fil du récit, via les apparitions du Pêcheur et les manifestations de sa folie homicide, habiles préalables au déchainement final. Par ailleurs Williamson joue habilement de l’énigme représentée par l’identité du corbeau et assassin. Les différentes fausses pistes s’enchainent avec pertinence jusqu’au terme du récit. Surtout, l’enquête menée par Julie, tout en donnant l’occasion d’un superbe rôle à Anne Heche, dévoile progressivement une intrigue elle-même passablement horrifique. Elle se connecte avec ironie à la principale, avec une chute étonnante. La même histoire narrée du point de vue du tueur aurait d’ailleurs sans doute donné lieu à un bien bel épisode de The Alfred Hitchcock Hour. On regrettera cependant qu’une fois dépouillé de son costume, l’antagoniste se cantonne essentiellement à l’action et ne dégage pas grand-chose par lui-même, contrairement aux joyeux drilles des Scream. D’autre part certaines faiblesses inhérentes à la famille des Slaher Movies répondent également à l’appel. Pour parvenir à son terme, l’intrigue suppose que les quatre protagonistes optent régulièrement pour un comportement aberrant. Ainsi ont-ils parfaitement compris que leur adversaire frappera le Quatre Juillet, ce qui ne les empêche pas d’aborder la journée en ordre totalement dispersé, inévitablement. Le policier de service s’avère, bien entendu, à peu près nul et d’un scepticisme fatal, tandis que l’auteur ne mégote pas à l’occasion sur quelques facilités. Le Pêcheur est visiblement un passe-murailles et rattrape en marchant une jeune fille qui court à tombeau ouvert. Tout cela demeure bénin et positionne ludiquement le film au sein de sa famille. On s’amuse de constater le Google d’avant Google (créé en 1998) dispense déjà infailliblement ses oracles. La mise en scène de Jim Gillespie ne brille pas par son inventivité, recourant de manière quelque peu appliquée à une boite à outils usuelle en matière de travellings et de gestion des angles. Au moins sait-il rendre palpitantes les deux principales scènes d’épouvante (la traque d’Helen et la confrontation finale) et susciter une ambiance, comme lors de l’accident ou de la visite chez Missy. A défaut de constituer un atout maître, comme a su le devenir l’ébouriffante réalisation de Wes Craven pour Scream, celle de Gillespie ne dessert pas le film. A côté d’une pertinente musique d’ambiance, il doit également composer avec l’insertion de plusieurs chansons criardes et pénibles, manifestement destinées à générer un disque comme produit dérivé du film. Souviens-toi… l’été dernier peut également compter sur une fort jolie localisation côtière en Caroline du Nord, lui assurant un authentique cachet maritime et des panoramas souvent magnifiques (on songe parfois à la sympathique série Haven, située en Nouvelle Ecosse). Avec le chalutier, Gillespie bénéficie ainsi d’un décor original pour l’affrontement final, qu’il sait mettre à profit même s’il frôle parfois la surenchère. Cet encadrement permet également de relier avec aisance le scénario à la légende urbaine de l’homme au crochet, dont les différentes dimensions se voient judicieusement évoquées lors de la scène de la plage. Le film joue également habilement du contraste existant entre une souriante petite ville et des décors soudainement inquiétants. A côté de seconds rôles transparents, à la notable exception de la Missy d’Anne Heche, les jeunes premiers composant l’affiche n’apportent, pour la plupart d’entre eux, guère de valeur ajoutée au film. L’indéniable talent de Ryan Phillippe se voit gâché par un personnage de jeune rebelle assez vite lassant et limité (d’ailleurs on comprend trop vite que tout comme Helen, il est condamné au trépas). Le fade Freddie Prinze Jr. montre très vite ses limites et Jennifer Love Hewitt, au jeu certes juste, n’est absolument pas, dans le rôle protagoniste, la locomotive charismatique qu’a su devenir Neve Campbell pour Scream. Elle impacte autrement moins l’écran et le duo formé avec Freddie Prinze Jr. ne suscite aucune alchimie. Fort heureusement, Sarah Michelle Gellar va considérablement rehausser le niveau. 1997 reste une année charnière pour l’actrice. Présente à l’écran dès l’enfance via des participations à des publicités ou des téléfilms, elle a jusque-là tenu des rôles mineurs au cinéma, souvent non crédités (Over the Brooklyn Bridge, 1984). En 1995, elle franchit une étape supplémentaire avec son intégration dans le soap opera La force du destin (1970-2013). Alors que la série qui fera d’elle une star, Buffy contre les Vampires, débute en mars 1997, en octobre Souviens-toi… l’étédernier devient l’occasion de son premier rôle réellement marquant au grand écran. Dès décembre, elle figurera également dans la distribution de Scream 2. La concomitance entre les sorties de Buffy et du film suscitent un effet amusant, puisque Helen reprend, à première vue, à peu près tous ces clichés dont Joss Whedon orchestrera un magistral contrepied avec la Tueuse de Vampires : blonde, sexy, pas très futée, victime désignée d’office. On peut d’ailleurs s’amuser à tracer un relatif parallèle entre elle et Cordélia, avec la passion pour les concours de beauté (à laquelle sacrifiera aussi Buffy, il est vrai) et la tentative avortée de carrière de comédienne, à New York plutôt qu’à Los Angeles. Ce dernier aspect lui vaut d’ailleurs d’insérer quelques références cinématographiques amusantes dans les dialogues, évoquant de loin le système de Scream. Surtout Sarah Michelle apporte toute une incroyable humanité à son personnage. Entre rire, émotion et effroi, Helen devient grâce à elle le personnage le plus saillant de l’histoire, tandis que ses camarades peinent à s’extirper ses clichés. Oscillant entre cynisme et émouvants rêves d’avenir, le personnage illustre déjà à merveille ce moment déterminant où l’on s’extraie de la jeunesse pour commencer à bâtir son existence d’adulte. Sarah Michelle Gellar incarne avec beaucoup de présence et de sensibilité celle qui demeure sans doute le personnage le plus riche et attachant du film, L’actrice brille particulièrement dans plusieurs passages (l’élection initiale d’Helen, la découverte de la profanation de sa chevelure, la relation empoisonnée avec sa sœur) et porte sur ses épaules la scène la plus marquante du film : la traque cruelle et la mise à mort abominable d’Helen. Bien au-delà de la figure de la Scream Queen, Helen nous bouleverse en nous faisant pleinement partager sa peur et son inextinguible volonté de vivre, lors d’une lutte désespérée mais jusqu’au bout acharnée. Pariant davantage sur l’action et les scènes chocs, l’affrontement final, cette fois porté par Jennifer Love Hewitt, certes réussi, frappe moins les esprits. Portée par le succès public de Souviens-toi… l’été dernier, et bien entendu par celui de Buffy contre les Vampires, davantage épargnée, sinon félicitée, par la critique que l’ensemble du film, Sarah Michelle allait dès lors enchaîner les productions hollywoodiennes, avant de se porter vers le cinéma indépendant. Anecdotes :
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Scream 2 (1997) Résumé : Deux ans après les tragiques évènements survenus à Woodsboro, leur histoire se voit relatée par le film Stab. Sa sortie est le point départ d’une nouvelle série de meurtres, se déroulant dans la faculté où Sidney est désormais étudiante. Dewey accoure pour la protéger, ainsi que Gale, pour courir les évènements avec un nouveau caméraman. La police locale s’avère incapable d’arrêter le tueur ayant revêtu le même masque que son prédécesseur et accomplissant des meurtres en écho avec ceux de Woodsboro. Une nouvelle terrible confrontation attend Sidney. Critique : Douze décembre 1997 : à peine un an après ses premiers sanguinaires exploits, le tueur au poignard et au masque macabre s’en revient semer la mort et l’effroi dans l’entourage de la vaillante Sidney Prescott. Scream structura une bonne part des films d’épouvante lui succédant et impulsa toute une nouvelle génération de Slasher Movies. Succéder très rapidement à un premier opus aussi déterminant représentait autant un atout qu’un handicap pour Scream 2. De fait, porté par le succès encore très récent du premier volet, le film va enregistrer un grand succès commercial, à juste titre car on y retrouve bon nombre des qualités de Scream. La permanence de l’équipe demeure à cet égard une grande opportunité. Kevin Williamson reproduit la même formule gagnante associant humour (geek, mais pas seulement), impact horrifique des Slasher Movies et énigme quant à l’identité de l’insaisissable tueur. Il a de plus la finesse d’éviter le piège du doublon en introduisant les suites de film, ce que constitue précisément Scream 2, comme nouveau thème sous-jacent. Les fameuses trois règles énoncées par Randy s’avèrent très pertinentes à cet égard et servent d’authentique bréviaire à l’ensemble du film. L’auteur sait également multiplier les clins d’œil ludiques en référence au premier opus, ou pratiquer avec talent la mise en abyme avec l’introduction de Stab, film dans le film reprenant les évènements de Scream. L’auteur sait également pleinement jouer la carte de la continuité des personnages, cet atout traditionnel des séries télévisées aussi bien que des sagas cinématographiques. Les retrouvailles avec la famille Scream (Sid, Gale, Dewey et ce pauvre Randy) fait indéniablement plaisir, tandis que l’intrigue prend le temps de s’attarder sur l’évolution de leurs personnalités et de leur relationnel. L’autre grand atout de Scream 2 demeure bien évidemment la présence renouvelée de Wes Craven derrière la caméra. Ce grand maître de l’épouvante au cinéma conserve tout son sens de l’image et du rythme. Craven rend les scènes de courses poursuites puis de meurtres à la fois trépidantes et d’une absolue fascination horrifique. Son talent transparait particulièrement à travers quelques scènes d’anthologie. Il en va ainsi de toute l’ouverture autour de Stab, somptueusement filmée, la répétition théâtrale devenant cauchemardesque quand les angoisses de Sid prennent le dessus ou la recherche frénétique menée par Gale et Dewey du mystérieux interlocuteur de Randy au téléphone. Cette dernière scène exprime à merveille la quintessence de la terreur typique de Craven et de la saga : la menace peut s’incarner chez chacun, de manière tout à fait imprévisible. L’inconnu reste bien l’élément le plus terrifiant qui soit. Craven sait également tirer le meilleur parti de la localisation du tournage au sein d’un radieux campus et de quelques endroits originaux, comme le cinéma où l’épouvante semble jaillir de l’écran, le studio d’enregistrement labyrinthique et aux vitres permettant quelques jolis effets, le théâtre lors de la représentation ou encore le confinement anxiogène d’une voiture de police. Et pourtant, malgré ce séduisant panorama, l’excellent film que représente Scream 2 ne va pas parvenir à tout à fait égaler la réussite du premier opus. Celui-ci demeure aujourd’hui le plus performant de la saga, malgré un quatrième volet bien meilleur que ce que l’on peut parfois en lire. En effet quelques maladresses vont être commises. La multiplication de personnages n’apparaissant souvent que brièvement émiette inutilement le récit et les réduisent à de simples silhouettes (les différents intervenants lors de la discussion sur les suites, les membres de la sororité, voire le fiancé de Sidney, transparent et très cliché). Le contraste avec les personnages issus de Scream se révèle cruel pour le film, tant le premier volet s’avérait une œuvre en définitive bien plus intimiste que son successeur. Cela vaut aussi pour les antagonistes, aux motivations bien moins convaincantes et porteuses que précédemment, sans doute une conséquence de la réécriture express de la conclusion suite aux fuites sur l’Internet. Wes Craven n’évite pas le piège de la surenchère lors de la scène finale (moment décidément le plus faible de Scream 2) en abusant des éléments de décor, finissant par ensevelir aussi bien l’adversaire que l’impact émotionnel de la confrontation. Le metteur en scène s’avère également avoir la main plus lourde que précédemment sur les effets gore, sans que cela apporte grand-chose à l’ensemble. De manière astucieuse, l’intrigue met cela en perspective avec les règles énoncées par Randy, mais l’effet de connivence ainsi établi ne change en définitive rien à la donne. La mort de Randy constitue une autre erreur du film, supprimant celui qui représentait un moteur essentiel de la saga, peut-être son âme même. La séquence assez bateau du mesage enregistré peut à cet égard se lire comme un piteux aveu, lors de l’opus suivant. La première version du scénario prévoyait également la mort de Sidney, ce qui aurait sans nul doute été mortifère pour la suite de la saga ! Empilant les personnages, l’intrigue néglige par ailleurs son aspect Whodunit, contrairement au premier opus. Jusqu’au bout n’importe qui peut être le tueur, le spectateur ne dispose pas des outils pour pouvoir jouer au détective. Les dialogues semblent également un tantinet moins percutants. Ces quelques réserves font qu’à son corps défendant Scream 2 confirme bien finalement que les suites sont inférieures aux premiers opus, avec de plus un effet de surprise d’emblée moindre. Mais elles ne le privent pas de demeurer un excellent film, après tout on peut se situer légèrement en-deçà de Scream et rester captivant, c’est l’avantage de débuter avec un authentique chef d’œuvre. De plus Scream 2 capitalise sur l’indéniable atout que compose sa distribution. Tandis que Courteney Cox et David Arquette excellent toujours dans leur partition, Neve Campbell s’impose derechef comme la locomotive irremplaçable de l’ensemble, aussi étonnante de présence sur le registre de l’émotion que sur celui de l’action. Par ailleurs, la multiplicité des personnages fait qu’au moins le film propose un superbe panorama de toute une nouvelle vague de comédiens s’imposant au cours des années 90, notamment à travers les séries télévisées (Neve Campbell, Courteney Cox, Jerry O'Connell, Jada Pinkett Smith, Heather Graham, Joshua Jackson, Portia de Rossi, Marisol Nichols, etc.). Par cet aspect quasi documentaire, Scream 2 demeure bien le film d’une génération. Bien entendu la présence de Sarah Michelle Gellar participe pleinement à ce mouvement. Toutefois, si l’impressionnante chute de Cici compte parmi les souvenirs laissés par le film, la participation de l’actrice se montre frustrante, car trop minimaliste. Comme tant d’autres personnages, Cici souffre d’un déficit de caractérisation et la scène de son assassinat, aussi magistralement filmée soit-elle, résulte passablement expéditive. Paradoxalement elle résulte moins développée que l’équivalent tournée par l’actrice dans Souviens-toi… l’été dernier, film pourtant nettement moins marquant que Scream 2. Sarah Michelle Gellar parvient néanmoins à marquer la scène de son talent pour l’émotion. Elle manifeste également son brio lors de la discussion sur les suites de film. Elle y laisse entrevoir un personnage de pétillante geekette que l’on aurait aimé découvrir davantage, mais son bien trop rapide trépas fait que le plaisir de pérorer sur le cinéma demeure ici un apanage essentiellement masculin. Anecdotes :
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Sexe Intentions (1999) Résumé : Les lycéens Kathryn Merteuil et Sebastian Valmont règnent en complicité sur l’opulente et oisive jeunesse de l'Upper East Side. Riches, beaux et brillants, ils sont aussi libertins au dernier degré et prêts à tous les stratagèmes pour assurer leur plaisir, considérant leurs contemporains comme les pions de leurs machinations. Repoussée par un amant, Katryn résout de perdre de réputation la jeune Cécile, fiancée du butor, afin de ridiculiser celui-ci. Elle compte que Sebastian déflore Cécile, mais celui-ci tourne ses espérances vers la prude et populaire Annette, une proie autrement malaisée, donc davantage digne de sa réputation. Un pacte en forme de pari finit cependant par lier les conspirateurs, Kathryn n’hésitant pas à mettre ses faveurs dans la balance. Tout se déroule à merveille quand survient un évènement inouï : Sebastian tombe sincèrement amoureux de la lumineuse Annette, au vif déplaisir d’une Katryn prête à la guerre pour venger cet impardonnable affront. Critique : Alors que tout sourit à Sarah Michelle Gellar à la télévision, ses ambitions au cinéma pâtissent de l’échec critique et public de Simply Irresistible, où, pour la première fois, elle tenait le rôle principal. Même si elle s’en voit partiellement exonérée par les observateurs, le 05 mars 1999 la sortie de Cruel Intentions revêt dès lors des allures de quasi quitte ou double pour ce versant de sa carrière. Le film ressemble d’autant plus à une revanche que l’action s’y déroule dans la même aire géographique et sociale que Simply Irresistible, au sein de la haute bourgeoisie de l’Upper East Side et de la Cinquième Avenue. Fort heureusement, le succès se montre cette fois pleinement au rendez-vous. Celui-ci repose sur plusieurs facteurs résonnant en parfaite harmonie. L’auteur et réalisateur Roger Kumble a ainsi la brillante intuition selon laquelle Les Liaisons Dangereuses, immense classique français du roman épistolaire (1782), pourrait judicieusement se transposer parmi les puissants du monde contemporain. La même oisiveté doublée d’un inaltérable sentiment d’impunité conduit en effet pareillement au dérèglement de l’intellect et de l’âme, transformant la passion amoureuse en un aussi pervers que fascinant jeu de pouvoir et de manipulation du sentiment. Le film en accomplit la démonstration avec brio, sachant à conserver la mécanique centrale du récit originel, tout en incorporant avec réussite quelque thématiques contemporaines absentes du roman de Choderlos de Laclos (racisme, homosexualité, Manhattan comme nouveau centre du monde et des élégances, en lieu et place des salons de Paris). On regrettera toutefois les modifications apportées à un final rendu davantage moralisateur et larmoyant, se peut pour échapper aux foudres de la censure par refus d’une autorisation à tous publics. Le rôle joué par un Valmont décédant par accident s’y voit ainsi minoré, tandis que la vengeance cadre mal avec le caractère contemplatif de Madame de Tourvel. L’autre grande idée du film demeure le choix de jeunes gens, encore lycéens pour camper les protagonistes. La jeunesse apparaît comme un âge connaissant les mêmes passions que l’âge adulte, mais souvent exacerbées par le tumultueux éveil à la liberté qu’elle véhicule, sans compter des élans de la nature encore non rassis. Cruel Intentions va savoir tirer le meilleur parti de cette dimension, d’autant que le fait que les acteurs soient plus âgés que les personnages ne gêne pas réellement à l’écran (après tout Buffy s’apprête elle aussi à quitter le lycée pour intégrer prochainement l’Université). Le choix de Roger Kumble s’avère d’autant plus madré qu’il insère son film dans la nouvelle vogue de Teen Movies caractérisant la période (American Boys et Big Party en 1998), tout en s’en distinguant radicalement par le couple de prédateurs cyniques et libertins qu’il met en scène. L’excellent Wild Things (1998) avait également su se distinguer tout en participant à ce courant porteur. Evidemment déplacer l’action au XXème siècle fait renoncer aux mots d’esprit et à ce beau langage d’une suprême élégance que les Liaisons dangereuses de Stephen Frears avaient su si bien mettre en musique en 1988, en parfaite adaptation classique du roman. Mais les dialoguistes savent faire feu de tout bois et retrouver l’essence perfide du cruel libertinage de Choderlos de Laclos, notamment lors des confrontions entre Sebastian et Katryn, soit le cœur même du film. La forme évolue tandis que le fond perdure. Là où Frears avait convoqué Bach, Vivaldi, Haendel et Gluck, Cruel Intentions similairement renonce à la splendeur unique de la musique baroque, mais se tricote une plaisante bande son toute en airs et chansons bien dans l’air de son temps. On regrettera toutefois que la musique vienne parfois se surajouter à des scènes de dialogues, un procédé rarement pertinent. Le film s’avère également une splendeur pour le regard. Imaginative, la mise en scène de Kumble sait se rendre suffisamment fluide pour accompagner les voltes et virevoltes de la double conspiration libertine. En particulier la caméra sait parfaitement mettre en valeur les splendides localisations de ce film réunissant plusieurs des plus beaux panoramas et édifices de New York et de Los Angeles. Le choix de la haute bourgeoisie WASP de la Côte Est permet d’ailleurs de retenir de sublimes demeures très européennes, comme chez Sebastian ou chez sa tante, établissant ainsi un lien bien trouvé avec l’univers du roman. Tandis que la si magnifique Jaguar de Sebastian reste l’un des grands souvenirs du film, on appréciera également l’élégance de la garde-robe, chez ce dernier aussi bien que chez Katryn. Découvrir Sarah en sublimes et si sensuelles tenues de grand luxe ravira évidemment l’admirateur de la Tueuse de Sunnydale, confiné aux ensembles pastel des débuts de la série, ou aux vêtures destinées au combat. Mais c’est bien entendu dans l’étude de caractères qu’allait avant tout se jouer le succès du film. Reese Witherspoon sait apporter de la véracité et du sentiment à Annette. Elle concoure efficacement au scénario donnant du corps au personnage et l’élevant au-dessus du simple objet du complot de Katryn et Sebastian, puis de leur rivalité mortifère. La scène où elle parle du réconfort du Christ à Kathryn avant la chute de celle-ci dégage une merveilleuse ambigüité, tant il peut s’agir aussi bien d’un pieux scrupule que de la jouissance de contempler son ennemie sur le point d’être abattue. Le retour d’Annette pour l’adaptation télévisuelle prochaine du film promet beaucoup, tant on sait que les exécrations recuites s’avèrent souvent les meilleures. Il n’est point de haine implacable, sauf en amour. On reste considérablement plus réservé concernant Cécile. Le talent de Selma Blair n’est pas en cause, d’autant qu’elle apporte elle aussi sa pierre au baiser lesbien, sans doute l’une des scènes les plus remémorées du film. Mais la crétinerie caricaturale de Cécile rend pénibles plusieurs scènes. Mademoiselle de Volanges est une jeune fille s’éveillant au monde et à ces plaisirs que l’on dit charnels, or ici on confond sa candeur, muée par un prédateur en dépendance sexuelle, avec la simple imbécilité. C’est infiniment plus tragique et pervers que cela. Plus marginalement, on s’amuse beaucoup de la brève composition de Joshua Jackson en homosexuel vénal et cynique, tout un poème. Avec le recul, il reste également divertissant de découvrir Eric Moebius en son amant, lui qui jouera le fiancé anéanti de Jenny en première saison de The L Word. Le portait ici tracé de Valmont renouvelle très agréablement le personnage. Au lieu de jouer un mâle alpha dominateur, éruptif à l’occasion, Phillippe joue ici avec brio et élégance la carte du dandy au culot d’acier et au sang-froid apparemment sereins. Son Valmont paraît aussi calme qu’élégant, mais son apparent équilibre dissimule un trouble profond de la personnalité. Cette distanciation apparente permet de jouer un personnage très différent de celui de Malkovitch, ce qui évite d’ailleurs au jeune acteur le risque d’une confrontation directe avec son illustre prédécesseur. Sebastian exorcise ses démons en les enfermant dans la vraie Boite de Pandore que constitue son journal, un symbole psychanalytique loin de figurer un simple gadget. La crise vécue avec Annette est celle d’un funambule depuis toujours en équilibre précaire entre l’image qu’il offre au monde et ses pulsions profondes, et qui perd soudain pied, sans retour possible. C’est dramatiquement très fort et Valmont aurait sans doute dû périr de cela, plutôt que lors d’un accident tire par les cheveux. Que lui et Kathryn deviennent ici les enfants d’un couple recomposé plutôt que d’anciens amants ne modifient pas la donne, tant leur complicité canaille s’avère longtemps délicieuse. Malgré cela, le clou du spectacle demeure bien l’incarnation de la Marquise par Sarah Michelle Gellar. Après Simply Irresistible, elle continue manifestement à choisir ses rôles afin de démontrer que sa palette d’actrice ne se limite pas à Buffy. Après la pure jeune fille romantique et mal assurée, elle opère ici un grand écart en jouant son contraire absolu, une prédatrice sexuelle et manipulatrice hors pair, dédiée à la pure jouissance du Mal. Sacrifiant à une antique tradition hollywoodienne en passant de la blondeur au brun, de la lumière aux ténèbres, elle apporte une flamme et une aura formidables à Kathryn. Elle annonce dès à présent l’étonnante prestation à laquelle elle se livrera lors de la dernière saison de Buffy, avec son abyssale interprétation de la Force. Sarah Michelle Gellar sait également sexualiser à l’extrême son jeu, l’érotisant sans jamais céder à la vulgarité. A travers elle, Katryn joue magistralement des désirs, y compris de ceux de Valmont, tout en développant un narcissisme hyper développé. Elle modèle l’univers à travers la primauté de ses désirs et l’affirmation de sa domination, s’attribuant tous moyens d’y parvenir. Un captivant esprit diabolique, même si l’on peut regretter que le féminisme affirmé et volontiers revanchard de la Marquise, l’un des personnages les plus riches de notre littérature, devienne ici, sinon absent, du moins réduit à la portion congrue. Sarah Michelle Gellar crève l’écran à chacune de ses apparitions en majesté (Valmont s’agite, alors que Katryn trône). On s’autorisera ici à écrire qu’elle soutient la comparaison avec Glenn Close. Malgré ses quelques imperfections mineures, Cruel Intentions constitue un film tonique, dialogué avec panache, impitoyablement intelligent et classieux en diable. Avec cette version si enthousiasmante et absolument jouissive de la Marquise de Merteuil, Sarah Michelle Gellar, sublime, trouve sans doute le plus beau rôle de sa filmographie. Anecdotes :
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Simplement irrésistible (1999) Résumé : A New York, la jeune Amanda Shelton a repris le restaurant de sa mère. Malgré toute son énergie, son manque de talent pour la cuisine menace la pérennité de l’établissement. Un jour, au marché, elle rencontre un homme mystérieux se présentant comme un vieil ami de sa mère. Il lui offre un crabe magique lui donnant la faculté de transmettre ses sentiments à travers ses plats. Elle y fait également la connaissance de Tom Bartlett, séduisant dirigeant d’un grand magasin, avec qui elle noue une romance. La cuisine sentimentale d’Amanda lui vaut une grand réussite, mais cette magie trouble Tom, jusqu’à menacer leur relation. Amanda saura-t-elle concilier amour et succès ? Critique : Tandis qu’à Sunnydale, le jeune Alex vient tout juste de surmonter une crise existentielle au terme d’une étrange nuit, Simply Irresistible paraît à l’affiche le 09 février 1999. Le défi semble de taille pour Sarah Michelle Gellar, l’actrice occupant pour la première fois le rôle principal d’une production, après ses apparitions dans Souviens toi… l’été dernier et Scream 2. Entremêlant sentiments amoureux et surnaturel, le film semble d’ailleurs évoquer quelques-uns des thèmes de Buffy contre les Vampires, alors en plein succès durant sa formidable troisième saison. Cela aurait pu contribuer à séduire une partie de son public, mais Simply Irresistible va s’avérer un échec cuisant, autant critique que public. Qu’est-il advenu ? De fait, nombre des éléments de Simply Irresistible ne fonctionnent pas. L’aspect humoristique s’avère ainsi plombé par des répliques destinées à faire rire mais tombant régulièrement à plat, de même que les gags désarmants à force de naïveté, comme les apparitions répétitives du crabe ou les émotions surjouées des clients (la Chris d’Amanda Peet a droit à une sortie de scène particulièrement désastreuse de ce point de vue). Une timide satire sociale se dessine autour des ridicules de la haute société, mais cet aspect demeure trop marginal pour réellement impacter le film. Entre son Ange à peine dessiné et ses miracles gustatifs, le volet surnaturel participe pleinement au ton trop sucré et très Arlequin du récit. La principale faiblesse du scénario consiste d’ailleurs à longtemps réitérer ce genre de scènes, en variant uniquement le sentiment mis en scène (gaité, colère, gaillardise…), tandis que l’intrigue amoureuse principale connaît un interminable surplace. La frayeur de Tom, seul évènement marquant rompant le cycle, ne survient que très tardivement et se voit résolu par une nouvelle itération, sans que la moindre tension dramatique ne se soit instaurée. La mise en scène ne vient guère au secours de ce scénario exploitant fort mal une idée originale dès le départ peu porteuse. Aucune inventivité ni dynamisme n’est insufflée par une caméra demeurant beaucoup trop sage pour créer une atmosphère réellement fantastique. De fait, vu en 2016, Simply Irresistible apparaît comme très daté, car figurant à l’orée de toute une vogue de comédies romantiques américaines des années 2000, incorporant le Merveilleux uniquement pour quelque peu pimenter leur intrigue aussi sucrée qu’une mélasse, et traitant par-dessus la jambe ce qui ne représente pour elles qu’un prétexte : Ce que veulent les femmes (2000), L'Amour extra-large (2001), Et si c’était vrai (2005), Lucky Girl (2006), Charlie, les filles lui disent merci (2007), Le fantôme de mon ex-fiancée (2008), C'était à Rome (2010), etc. Dépouillé de l’humour mièvre et de la magie de pacotille, on lui préférera largement, sur un thème similaire, Les épices de la passion, bouleversant film mexicain d’Alfonso Arau (1992, Como agua para chocolate), un chef d’œuvre. Simply Irresistible ne se limite toutefois pas à la coquille creuse et sans âme alors tant conspuée par la critique. Si la réalisation se montre très fade, le travail de production s’avère lui de qualité. Le film se compose de plusieurs tableaux réjouissant l’œil, comme le restaurant familial, la Cinquième Avenue ou le grand magasin new yorkais Henri Bendel, tous parfaitement mis en valeurs par une photographie techniquement irréprochable. La volonté publicitaire du magasin est bien entendu manifeste, mais l’endroit demeure de toute beauté, avec ce charme particulier que l’on retrouve dans l’épisode Mort en magasin de Chapeau Melon. La bande son se montre également plaisante, entre chansons romantiques et airs davantage jazzy. Nous sommes bien à New York. Entre évocation sensible d’un restaurant familial et forts jolis plats stimulant les papilles, le volet gastronomique emporte l’adhésion. On avouera être sorti du film avec une furieuse envie de découvrir le soufflé glacé à la mandarine Napoléon ! Les auteurs parviennent également à composer quelques personnages secondaires réussis, notamment un chef français infatué aussi grossier que snob, à l’accent irrésistible, ou la secrétaire de Tom, compatissante et complice. Surtout, Sarah Michelle Gellar apporte l’humour et l’émotion qui conviennent à Amanda. Elle en fait un attachant caractère, tranchant sur un ensemble passablement maniéré. Elle développe une vraie alchimie avec Sean Patrick Flanery, acteur davantage limité, mais bien en phase avec elle. Reste à l’actrice à savoir mieux choisir ses films. Après le flop de son premier rôle vedette au cinéma, Sarah va d’ailleurs rapidement rebondir, en tournant la même année Cruel Intentions, film autrement plus marquant que cette bluette aussi sirupeuse qu’une confiserie hypercalorique. Anecdotes :
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Harvard Story (2001) Résumé : A Harvard, Alan est un brillant étudiant et le meneur de l’équipe de basket universitaire, mais aussi un drogué entretenant une liaison avec sa professeure de philosophie, Chesney. Il couche également avec une des pom-pom girls, or celle-ci, Cindy Bandolini, s’avère être la fille d’un mafieux. Elle propose à Alan de truquer les matchs contre rémunération, ce qu’il accepte, ses parents venant de perdre leur maison. Mais des agents du FBI sont sur l’affaire, dont la redoutable bisexuelle Kelly. La situation se complique quand Alan s’offre un trip massif au LSD. Chesney sauve la situation en trouvant un étrange neuropsychiatre sauvant Alan, et en organisant une partie fine à laquelle participe Kelly, ce qui permet la prise de photos compromettantes. Critique : Le 10 mai 2001 est présenté au Festival de Cannes cet authentique OVNI que constitue Harvard Story. Malgré ses fausses allures de romance estudiantine, ce film, lui-même copieusement irrigué à l’acide lysergique, s’avère rapidement un thriller passablement démentiel, aussi déroutant par sa forme que par son fond. Ce dernier présente un indéniable intérêt, car développant les points de vue très particuliers du scénariste et réalisateur Jack Toback concernant l’existence, tout au long d’un récit largement autobiographique. Survivant des drogues psychédéliques si populaires sur les campus américains du Summer of Love et des années 60 tardives, Toback est toujours demeuré une figure singulière parmi les scénaristes d’Hollywood, alternant films à gros budgets et œuvres indépendantes en marge du système, volontiers provocatrices. Il délivre ici comme un manifeste des idéaux de la Contre-culture de jadis, au sein de ces années 2000 débutantes et déjà bien davantage matérialistes. Outre de multiples réflexions et citations existentialistes judicieuses, Chesney la professeure de philosophie, en exprime la quintessence d’une phrase : « Nous sommes sur Terre pour quatre secondes, alors autant en jouir un maximum, sans faire de mal à personne ». Howard Story revêt dès lors des allures de quasi documentaire, que le choc entre deux époques rend plaisamment étranges. Le monde que dépeint Toback, avec ses personnages, étudiants, professeurs, gangsters ou agents fédéraux, tous obsédés par leurs plaisirs sexuels très divers et la consommation de drogues également diverses, mais non violents et plutôt sympathiques, séduit par son originalité amorale et iconoclaste. Lors de la toute dernière scène, Toback prend néanmoins la précaution bienvenue (et élémentaire) de rappeler que jouer avec le LSD n’est jamais sans conséquences. Si le fond séduit par sa vitalité et son originalité volontiers scandaleuse (y compris lors de dialogues décapants), la forme suscite des sentiments davantage mêlés. Avec son alliage de superbes morceaux de musique classique réorchestrée et ses airs hip hop, la bande son s’avère fort plaisante. Elle résulte elle-même aussi déstructurée que le scénario, mélangeant allègrement divers moments du récit et totalement foutraque. Tout se passe comme si Toback voulait imprimer au maximum la marque du LSD à son film, à travers sa forme narrative, mais aussi sa mise en scène multipliant à l’envie les faux raccords grossiers, entre les scènes mais aussi à l’intérieur de celles-ci. Outre de belles vues du campus d’Harvard, tout ceci amuse volontiers durant le premier quart d’heure du film, comme un Jean-Luc Godard filmant un crossover entre The Shield et The Sopranos. Mais ensuite on se lasse rapidement, tant le numéro s’avère répétitif. Surtout Toback s’offre un plaisir nostalgique en accordant beaucoup trop de temps à décrire par le détail les visions d’Alan durant son trip au LSD occupant un bon quart du film, tandis que les autres personnages brassent de l’air. Certains effets sont réussis, comme la Polynésienne de Gauguin s’animant et quittant son tableau, ou les yeux distordus de Kelly dans le rétroviseur, mais la plupart du temps on en reste à des trucages vidéo bas de gamme. De très fade, le jeu d’Adrian Grenier devient alors grotesque, sa faible prestation nuisant beaucoup au film. Les dames s’en sortent beaucoup mieux, Joey Lauren Adams campant une lumineuse et sereine professeure de philosophie, volontiers canaille à l’occasion, clairement l’idéal féminin de Toback. Rebecca Gayheart s’amuse visiblement beaucoup avec le rôle de Kelly, l’agente fédérale bisexuelle tout feu tout sexe, donc nous aussi. Les amateurs des X-Files reconnaîtront également avec plaisir le regretté John Neville (l’Homme aux mains bien manucurées) dans le rôle de l’intrigant et classieux neuropsychiatre sauvant Alan du piège du LSD. L’un de ces caméos que le grand acteur affectionnait au soir de sa carrière, dès lors qu’un projet l’intéressait. Si la promotion du film, notamment en vidéo, tourna beaucoup autour de la présence de Sarah Michelle Gellar, force est de constater que l’actrice ne tient ici que l’un des seconds rôles. Sa présence au sein d’un film aussi scandaleux (son premier indépendant) s’explique sans doute par une volonté réitérée de casser son image et d’aborder de nouveaux types de rôles. La période 2000-2001 voit Buffy contre les Vampires être menacée au cours de sa cinquième saison, jusqu’à susciter la mort de la Tueuse (le programme survivra finalement, en passant de The WB sur UPN), tandis que Sarah Michelle Gellar, en partie pour être cataloguée comme héroïne, voit lui échapper plusieurs opportunités au cinéma. Parmi les rôles qu’elle visait, la Malicia des X-Men sera ainsi interprétée par Anna Paquin et la Mia Torreto de Fast and Furious par Jordana Brewster. De fait, le but de s’encanailler sous la direction du sulfureux James Toback se verra pleinement atteint. Un film voyant Sarah fumer un joint un peu moins long qu’une baguette de pain, se rouler littéralement dans le fric, s’adonner à des scènes de sexe très explicites (dès le générique ou plus tard en forêt) ou encore décocher des phrases du genre Why don’t you suck my dick ? à la très bi Kelly ne saurait laisser indifférent. On note au passage que la rude confrontation entre Cindy et Kelly reste sans doute la scène la plus électrique et érotique du film, avec un subtext... Non, sans vraiment de subtext, en fait. On s’amuse franchement, mais Sarah Michelle Gellar ne se limite pas à ce rafraichissant défilé d’élégances. Dans la droite ligne du film, elle apporte sympathie et humanité à Cindy, filoute finie mais non violente, cherchant en définitive surtout à s’affirmer devant son père. On se surprend à aimer cette truqueuse éhontée, mais si radieuse et juvénile, animée par la vitalité joyeusement indigne de cet éternel étudiant Flower Power qu’est James Toback. Anecdotes :
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