Scooby-Doo (2002) Résumé : Du fait de querelles internes, la fameuse équipe de Mystère et Cie, Fred, Daphné, Véra, Sammy et Scooby-Doo, décide de se séparer. Elle se reforme néanmoins pour répondre à l’appel d’Emile Mondavarious, propriétaire de l’île de Spooky Island et de son immense parc d’attraction. Il a en effet observé plusieurs phénomènes inexplicables et inquiétants ; Mystère et Cie débute alors une enquête qui va rapidement se transformer en une aventure particulièrement dangereuse, révélant un sinistre complot.
Critique : Le 14 janvier 2002 paraît à l’affiche Scooby-Doo, La Warner Bros a doté d’un imposant budget (84 millions de dollars) cette production constituant un authentique pari : transposer en film et en images de synthèses ce dessin animé devenu un monument de la culture populaire américaine depuis sa création en 1969 par Hannah-Barbera. La cible visée s’affiche clairement : la jeunesse adorant les aventures de Mystères & Cie ainsi leurs parents nostalgiques. Scooby-Doo reste un film destiné au public jeune et familial, bien davantage proche de Disney Channel et de Cartoon Network (qui, caractéristiquement, produira les téléfilms postérieurs) que de HBO ou Showtime, et c’est bien à cette aune qu’il doit être jugé. Les parents connaisseurs des vieux dessins-animés s’amuseront de la décapante version des héros proposée par le film, sans doute une survivance d’un premier projet visant une lecture autrement plus corrosive de Scooby-Doo. Daphné, l’éternelle Damsell in Distress aux innombrables enlèvements a pris des cours de karaté et est devenue une redoutable combattante, triomphant d’un catcheur mexicain. Véra, l’intello à lunettes, n’a plus honte de révéler son corps, tant s’en faut (une scène coupée reprise dans les suppléments la montrera d’ailleurs dans une saisissante danse en maillots de bain). Fred le héros se voit, lui, mué en bellâtre fanfaron et stupide. Sammy et Scooby résultent plus fidèles aux personnages du dessins-animé, même si leur énergie (et leur gloutonnerie) se voient démultipliées ! Scrappy-Doo, le si parfait et adorable neveu de Scooby, vire à la joyeuse caricature de Diabolical Mastermind exerçant son effroyable vengeance. Cet aspect sarcastique se révèle souvent amusant, d’autant que les comédiens jouent pleinement le jeu. Les enfants ou adolescents seront-eux à la fête, ce film leur est dédié. Reproduisant les couleurs saturées et acidulées du dessin animé des années 70 au sein de plateaux souvent spectaculaires, l’onéreux travail de production (décors, costumes, maquillages, animations…) reconstitue une atmosphère d’Halloween tropical qui plaira à coup sûr au jeune public américain, mais ans doute aussi européen, avec cette tonalité particulière d’épouvante qui fait rire. Destinée aux enfants, l’animation de Scooby-Doo reconstitue finalement assez bien le personnage du dessin-animé, dont les traits sont eux aussi assez simplistes. L’animation se montre également expressive et bien supérieure à ce que proposeront ultérieurement les téléfilms. Sa simplicité même lui permet de plutôt bien supporter l’usure du temps. Le scénario se voit également calibré pour le jeune public. Après que la séparation de Mystères et Cie eut au moins permis d’instaurer un point de départ structuré, tout se résume très vite un défilé quasi ininterrompu de cavalcades sonores et spectaculaires, ponctuées de gags gentillets, voire relevant parfois d’un humour de pétomane apprécié des enfants. Le scénario ne développe quasiment rien, hormis des conspirations nébuleuses et contradictoires destinées uniquement à susciter courses poursuites et trucages (dont certains très réussis, comme la vasque aux âmes). Tout en incorporant une dose de vrai fantastique plus dans l’air du temps, de ce point de vue le film recrée fidèlement l’esprit cartoon du dessin animé originel, jusqu’au rituel de la révélation du vrai coupable « qui aurait réussi si ces garnements n’étaient pas intervenus ». Sympathique et sans prétentions, le film remplit sa mission : divertir son public. L’adulte n’étant pas un fan convaincu de Scooby-Doo risque par contre de se lasser avant la fin de ce cartoon étiré sur une heure et demie, tant il saturera devant le déferlement visuel et sonore. La distribution constitue un autre atout de ce film, avec des comédiens judicieusement choisis à l’image des héros du dessin animé. La fadeur traditionnelle de Freddy Prinze Jr. convient fort bien à cette vision d’un Fred bien moins affirmé et reluisant que dans le dessin animé. La très belle Linda Cardellini apporte de la sensualité et du sentiment à cette Véra fendant, sinon l’armure, du moins son épais pullover orange. La sensation du film demeure toutefois Matthew Lillard, pour l’effarante perfection de la reconstitution de Sammy. Il n’est pas étonnant qu’il ait, depuis lors, toujours été choisi comme voix du personnage d’animation, tant sa performance est saisissante. Rowan Atkinson apparaît a contrario en pesanteur et guère motivé, se contentant de recréer vaguement des attitudes de Bean ou de Vipère Noire selon les moments du film. Contrairement à plusieurs de ses films précédents, Sarah Michelle Gellar ne cherche manifestement pas à s’affranchir de son image de Buffy. Le fait que l’interprète de la meneuse du Scooby-Gang se retrouve dans ce film constitue d’ailleurs un joli gag en soi, tandis que Daphné, propulsée championne es arts martiaux prend plus souvent qu’à son tour des allures de Buffy. Le combat contre le catcheur mexicain constitue par ailleurs une vraie performance et l’actrice reste sans doute celle qui paie le plus de sa personne durant les scènes d’action. Sarah Michelle Gellar apporte de la personnalité à Daphné (on n’ose dire du chien), mais ce n’est certainement dans ce film qu’elle sollicite le plus ses talents de comédienne. On applaudit par contre sa puissance de travail, parvenant à concilier avec professionnalisme ce tournage avec une sixième saison de Buffy très riche, comportant notamment le fameux épisode musical Once More, With Feelings. Sans doute Sarah a-t-elle saisi au vol l’occasion d’un séjour australien ensoleillé (et rémunérateur) auprès de son promis, qui l’en blâmera ? Anecdotes :
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