Scream 2 (1997) Résumé : Deux ans après les tragiques évènements survenus à Woodsboro, leur histoire se voit relatée par le film Stab. Sa sortie est le point départ d’une nouvelle série de meurtres, se déroulant dans la faculté où Sidney est désormais étudiante. Dewey accoure pour la protéger, ainsi que Gale, pour courir les évènements avec un nouveau caméraman. La police locale s’avère incapable d’arrêter le tueur ayant revêtu le même masque que son prédécesseur et accomplissant des meurtres en écho avec ceux de Woodsboro. Une nouvelle terrible confrontation attend Sidney. Critique : Douze décembre 1997 : à peine un an après ses premiers sanguinaires exploits, le tueur au poignard et au masque macabre s’en revient semer la mort et l’effroi dans l’entourage de la vaillante Sidney Prescott. Scream structura une bonne part des films d’épouvante lui succédant et impulsa toute une nouvelle génération de Slasher Movies. Succéder très rapidement à un premier opus aussi déterminant représentait autant un atout qu’un handicap pour Scream 2. De fait, porté par le succès encore très récent du premier volet, le film va enregistrer un grand succès commercial, à juste titre car on y retrouve bon nombre des qualités de Scream. La permanence de l’équipe demeure à cet égard une grande opportunité. Kevin Williamson reproduit la même formule gagnante associant humour (geek, mais pas seulement), impact horrifique des Slasher Movies et énigme quant à l’identité de l’insaisissable tueur. Il a de plus la finesse d’éviter le piège du doublon en introduisant les suites de film, ce que constitue précisément Scream 2, comme nouveau thème sous-jacent. Les fameuses trois règles énoncées par Randy s’avèrent très pertinentes à cet égard et servent d’authentique bréviaire à l’ensemble du film. L’auteur sait également multiplier les clins d’œil ludiques en référence au premier opus, ou pratiquer avec talent la mise en abyme avec l’introduction de Stab, film dans le film reprenant les évènements de Scream. L’auteur sait également pleinement jouer la carte de la continuité des personnages, cet atout traditionnel des séries télévisées aussi bien que des sagas cinématographiques. Les retrouvailles avec la famille Scream (Sid, Gale, Dewey et ce pauvre Randy) fait indéniablement plaisir, tandis que l’intrigue prend le temps de s’attarder sur l’évolution de leurs personnalités et de leur relationnel. L’autre grand atout de Scream 2 demeure bien évidemment la présence renouvelée de Wes Craven derrière la caméra. Ce grand maître de l’épouvante au cinéma conserve tout son sens de l’image et du rythme. Craven rend les scènes de courses poursuites puis de meurtres à la fois trépidantes et d’une absolue fascination horrifique. Son talent transparait particulièrement à travers quelques scènes d’anthologie. Il en va ainsi de toute l’ouverture autour de Stab, somptueusement filmée, la répétition théâtrale devenant cauchemardesque quand les angoisses de Sid prennent le dessus ou la recherche frénétique menée par Gale et Dewey du mystérieux interlocuteur de Randy au téléphone. Cette dernière scène exprime à merveille la quintessence de la terreur typique de Craven et de la saga : la menace peut s’incarner chez chacun, de manière tout à fait imprévisible. L’inconnu reste bien l’élément le plus terrifiant qui soit. Craven sait également tirer le meilleur parti de la localisation du tournage au sein d’un radieux campus et de quelques endroits originaux, comme le cinéma où l’épouvante semble jaillir de l’écran, le studio d’enregistrement labyrinthique et aux vitres permettant quelques jolis effets, le théâtre lors de la représentation ou encore le confinement anxiogène d’une voiture de police. Et pourtant, malgré ce séduisant panorama, l’excellent film que représente Scream 2 ne va pas parvenir à tout à fait égaler la réussite du premier opus. Celui-ci demeure aujourd’hui le plus performant de la saga, malgré un quatrième volet bien meilleur que ce que l’on peut parfois en lire. En effet quelques maladresses vont être commises. La multiplication de personnages n’apparaissant souvent que brièvement émiette inutilement le récit et les réduisent à de simples silhouettes (les différents intervenants lors de la discussion sur les suites, les membres de la sororité, voire le fiancé de Sidney, transparent et très cliché). Le contraste avec les personnages issus de Scream se révèle cruel pour le film, tant le premier volet s’avérait une œuvre en définitive bien plus intimiste que son successeur. Cela vaut aussi pour les antagonistes, aux motivations bien moins convaincantes et porteuses que précédemment, sans doute une conséquence de la réécriture express de la conclusion suite aux fuites sur l’Internet. Wes Craven n’évite pas le piège de la surenchère lors de la scène finale (moment décidément le plus faible de Scream 2) en abusant des éléments de décor, finissant par ensevelir aussi bien l’adversaire que l’impact émotionnel de la confrontation. Le metteur en scène s’avère également avoir la main plus lourde que précédemment sur les effets gore, sans que cela apporte grand-chose à l’ensemble. De manière astucieuse, l’intrigue met cela en perspective avec les règles énoncées par Randy, mais l’effet de connivence ainsi établi ne change en définitive rien à la donne. La mort de Randy constitue une autre erreur du film, supprimant celui qui représentait un moteur essentiel de la saga, peut-être son âme même. La séquence assez bateau du mesage enregistré peut à cet égard se lire comme un piteux aveu, lors de l’opus suivant. La première version du scénario prévoyait également la mort de Sidney, ce qui aurait sans nul doute été mortifère pour la suite de la saga ! Empilant les personnages, l’intrigue néglige par ailleurs son aspect Whodunit, contrairement au premier opus. Jusqu’au bout n’importe qui peut être le tueur, le spectateur ne dispose pas des outils pour pouvoir jouer au détective. Les dialogues semblent également un tantinet moins percutants. Ces quelques réserves font qu’à son corps défendant Scream 2 confirme bien finalement que les suites sont inférieures aux premiers opus, avec de plus un effet de surprise d’emblée moindre. Mais elles ne le privent pas de demeurer un excellent film, après tout on peut se situer légèrement en-deçà de Scream et rester captivant, c’est l’avantage de débuter avec un authentique chef d’œuvre. De plus Scream 2 capitalise sur l’indéniable atout que compose sa distribution. Tandis que Courteney Cox et David Arquette excellent toujours dans leur partition, Neve Campbell s’impose derechef comme la locomotive irremplaçable de l’ensemble, aussi étonnante de présence sur le registre de l’émotion que sur celui de l’action. Par ailleurs, la multiplicité des personnages fait qu’au moins le film propose un superbe panorama de toute une nouvelle vague de comédiens s’imposant au cours des années 90, notamment à travers les séries télévisées (Neve Campbell, Courteney Cox, Jerry O'Connell, Jada Pinkett Smith, Heather Graham, Joshua Jackson, Portia de Rossi, Marisol Nichols, etc.). Par cet aspect quasi documentaire, Scream 2 demeure bien le film d’une génération. Bien entendu la présence de Sarah Michelle Gellar participe pleinement à ce mouvement. Toutefois, si l’impressionnante chute de Cici compte parmi les souvenirs laissés par le film, la participation de l’actrice se montre frustrante, car trop minimaliste. Comme tant d’autres personnages, Cici souffre d’un déficit de caractérisation et la scène de son assassinat, aussi magistralement filmée soit-elle, résulte passablement expéditive. Paradoxalement elle résulte moins développée que l’équivalent tournée par l’actrice dans Souviens-toi… l’été dernier, film pourtant nettement moins marquant que Scream 2. Sarah Michelle Gellar parvient néanmoins à marquer la scène de son talent pour l’émotion. Elle manifeste également son brio lors de la discussion sur les suites de film. Elle y laisse entrevoir un personnage de pétillante geekette que l’on aurait aimé découvrir davantage, mais son bien trop rapide trépas fait que le plaisir de pérorer sur le cinéma demeure ici un apanage essentiellement masculin. Anecdotes :
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