Saison 14 1. ANGOISSE Date de diffusion originale : 02 janvier 1987. Résumé : A la sortie d’un bar, Klein surprend un homme en train de démolir une jeune femme. Il la secourt et découvre qu’elle est une prostituée et que l’homme qui la frappait est son souteneur. Celui-ci est retrouvé mort, Klein est accusé de l’avoir tuer… Critique : Le titre français résume parfaitement l’ambiance de cet épisode inaugurant cette quatorzième saison, sans doute l’un des plus désespérés de la série. Ce n’est pas la première fois que Klein joue au héros, à ses risques et périls mais le premier où il morfle physiquement le plus. Derrick le comprend vite : il est amoureux de cette jeune femme, Anja (Sona MacDonald divine), prostituée et droguée, vivant dans un appartement payé par son souteneur : Belter, un homme très violent. Après avoir passé la nuit chez notre super Klein, elle s’enfuit, retrouvant Belter… qui se fera tuer dans la journée. Tout accusera l’inspecteur : trois témoins (amis de la « victime »), son arme sera retrouvée non loin. Les témoins, d’ailleurs, qui inciteront Derrick à fouiller Klein : une scène assez drôle (nous sentons bien que Fritz Wepper et Horst Tappert sont clairement amusés). Derrick prend logiquement la suite et emploie son énergie à disculper son fidèle adjoint, alors que la jeune Anja, semble perdue sans son souteneur : sa « locataire » dit que pour elle, et comme tant d’autres, c’est « foutu », plus aucun espoir. Nous pouvons nous dire que c’est vraiment pessimiste, sauf que les inspecteurs eux, malgré leurs années de métier, ayant vu des tas d’horreurs, espèrent encore au fond d’eux : c’est possible de s’en sortir, ce n’est pas totalement fichu, non. C’est finalement au spectateur de choisir ou non de croire à un avenir pour ces jeunes gens. Bien entendu, Klein n’y sera pour rien, ce sera le père d’Anja qui a fait le coup (ou pas ? La dernière scène où lui et elle se serrent très fort l’un contre l’autre peut suggérer qu’en vérité, il a avoué alors que c’est elle la coupable). Anecdotes :
2. LA DAME D'AMSTERDAM Date de diffusion originale : 30 janvier 1987. Résumé : Derrick reçoit un appel d’Hufland, l’un de ses anciens collègues devenu détective privé, poursuivi par plusieurs hommes. Il se fait abattre au bout du fil. Derrick va enquêter… Critique : Un épisode très intriguant partant d’une simple histoire de détective privé surveillant un mari volage pour s’achever au suicide d’un chercheur. Les fils de cette enquête seront très nombreux à démêler : plusieurs meurtres extrêmement brutaux (Hufland se faisant abattre à la mitraillette alors qu’il est au téléphone, plus tard son employée y passera à son tour chez elle). Car ces deux victimes, sans le vouloir, se sont retrouvé(e)s dans une affaire qui les dépassent : engagée par madame Soest pour surveiller son époux, un éminent chercheur qui pense-t-elle le trompe avec une jeune femme. Sauf que cette dernière est en vérité une call-girl au service de truands pour séduire l’homme, lui faire baisser sa garde et obtenir un traitement contre les insectes, qui pourrait changer le monde. Derrick, Klein et Berger s’approchent tranquillement de la vérité. Bien entendu, le pauvre docteur, totalement séduit, fou amoureux de sa prétendante, décidant de quitter sa femme pour habiter dans une belle maison, n’était absolument pas au courant que son épouse le faisait pister et encore moins des deux meurtres ! Lui, qui vit une belle histoire d’amour à la sauce hollandaise. Fort heureusement pour lui : les inspecteurs arriveront à le sauver avant que sa trouvaille ne tombe dans de mauvaises mains. Mais qui finalement préféra se tuer plutôt que cela arrive. Son suicide dont la cause est, sans doute plus encore, son cœur brisé. Anecdotes :
3. APPEL DE NUIT Date de diffusion originale : 20 mars 1987. Résumé : Peu avant de mourir, suite à un accident de voiture, un homme se confie à un pasteur. Peu après, ce dernier est assassiné. Quelle était cette terrible confession ? Critique : Ce 150ème épisode est un condensé de toute la série : meurtre, prostitution, drogue. Une multitude de personnages se croisent, se connaissent à peu près tous et les vies parallèles de deux familles qui ont des façons très particulières de gérer leurs deuils. Si bien, que cas atypique, la toute dernière minute ne montre pas encore le grand méchant de l’histoire arrêté mais sur le point de l’être ! Il y a une différence, Derrick arrive et lui dit qu’il doit suivre au commissariat pour faire quelques vérifications. Ce grand méchant : c’est Paulista l’un des plus importants truands recherchés dans le monde, venu en Allemagne étendre son territoire déjà immense. Et dire que cette histoire avait débutée par un simple accident. Cet opus peut faire penser au précédent, partant de quelque chose de très simple et banal pour arriver au final à quelque chose d’immense : cela donne un ensemble sans doute un peu surréaliste, mais les manigances des différents protagonistes, ayant à peu près tous des motivations, sont passionnantes à suivre. Côté interprétation, nous retrouvons avec bonheur Thomas Fritsch (Erich Bronner), ici à sa sixième apparition dans la série, que nous n’avions pas vu dans un rôle aussi consistant depuis l’épisode « Le diplomate » (saison 2, épisode 3). Anecdotes :
Date de diffusion originale : 24 avril 1987. Résumé : Dagmar Engler appelle son frère en prétendant que son mari Heinz veut la tuer. Peu après, elle est assassinée mais Heinz ni les faits… Critique : Variante assumée de l’épisode « La morte du lac » (saison 8, épisode 10) avec de nouveau Robert Atztorn incarnant un homme tuant sa femme et pensant avoir commis le crime parfait. En effet, dans ce « Folie », son alibi en béton armée est confirmé par sa maîtresse : Susi, une jeune femme ayant un caractère très particulier. Elle nous offrira l’une des scènes les plus drôles de toute la série : sa franchise, face à notre inspecteur et son amant, est absolument hilarante : peu de témoins voire de suspects auront eu autant de répondant à Derrick qu’elle ! Rien que lorsqu’il lui demande combien de temps Engler est resté en sa présence, elle répond : « Il n’y a aucune horloge ici ! ». Vraiment peu coopérative, son comportement sera un peu plus ambigu, lorsque plus tard, elle soutiendra la famille de Mertens employé de la société des Engler, s’accusant du meurtre. Derrick est persuadé qu’Heinz est le meurtrier et non Mertens mais comment le prouver ? Comment casser cet alibi ? La vérité sera finalement assez tragique : Mertens condamné, n’ayant plus que six mois à vivre, a accepté d’endosser le crime, afin qu’Heinz continue à donner de l’argent à son épouse, après son décès. Au fond, c’est la culpabilité de Susi : cette maîtresse bien plus fragile et sensible que l’on aurait pu le penser, son humanité qui lui fera trahir Heinz Engler. L’interprétation est excellente, Robert Atzorn, impeccable (doublé en français, comme dans « La morte du lac », très bien par Bernard Tiphaine), Ingrid Steeger en Susi est déchaînée. Anecdotes :
5. LE CADAVRE DU PARC Date de diffusion originale : 05 juin 1987. Résumé : Georg Lindemann, le directeur d’une agence de pub est retrouvé mort dans le parc. Les inspecteurs découvrent vite qu’il était un être absolument détestable : le nombre de suspects est considérable… Critique : Cet épisode fait beaucoup penser à « Une forte personnalité » (saison 7, épisode 10) où la victime était un homme imposant à la tête d’une société, ayant un caractère épouvantable le faisant détester de tous. D’ailleurs, certaines de ses répliques prononcées par ses proches sont très similaires entre les deux épisodes. Et en plus, à chaque fois, le fils est un être en apparence très réservé, qui n’hésite pas, malgré son manque de compétence, à prendre la place de son père à la tête de la société. Sauf que dans ce « Le cadavre dans le parc », le scénario est plus poussé. Ainsi Lindemann avait une liaison avec une certaine Patricia dont il payait les frais médicaux de la mère malade. Mais Udo, le fils aussi en pince pour Patricia, ce qui le faisait rire. Justement pourquoi Udo affirme qu’il n’ira « jamais dans la chambre » de son père ? Pourquoi a-t-il si peur de s’y rendre ? Pour Derrick, ce n’est pas la seule question, c’est celle qu’il se pose à chaque fois, confronté à une armée de suspect(e)s : qui a la force psychologique et physique pour assassiner un homme ? Il ne faut pas forcément se fier aux apparences et ce pourquoi notre inspecteur aime passer du temps auprès de ceux et celles qu’il soupçonne. Parfois ça l’aide, d’autres fois non. Celui qui fait un meurtrier idéal, c’est Huberti, employé de la société, faisant des recherches sur le « mieux être », la conclusion sera terrifiante : ainsi selon l’analyse de Derrick : avec ses recherches, il aura poussé madame Lindemann à tuer son mari en la persuadant de son inutilité. Qu’elle vivrait mieux sans lui. Sans doute que c’est le cas pour tout le monde mais par cela, finalement Huberti a commis un geste égoïste : car lui aussi vit mieux sans Lindemann qui l’humiliait quotidiennement. Anecdotes :
6. LA NUIT DU JAGUAR Date de diffusion originale : 19 juin 1987. Résumé : Gisela Trabuhr est assassinée tout près d’une cabine téléphonique. Marié à un homme très aisé qu’elle n’hésitait pas à tromper, s’aliénant logiquement sa belle-famille… Critique : Une galerie de personnages très étranges dans cet épisode, regard percutant contre la haute-bourgeoisie. Si la victime était une jeune femme plutôt extravertie, magnifique physiquement et n’hésitant pas à séduire juste avant sa mort son beau-père (!) : elle ne semble pas être la plus bizarre des protagonistes de cette histoire. Son mari : un homme faible, passif, victime presque semble même se ficher de l’enquête. Les beaux-parents eux sont tout l’opposé : lui (Hans Korte dans une belle performance d’acteur comme nous n’en avions pas vus depuis un certain temps), un médecin n’ayant pas la langue dans sa poche, parlant généralement à la place de son fils ; elle, une femme cassante, très froide, recevant quotidiennement la visite d’un masseur : très beau garçon, d’ailleurs. Gisela avait une amie : Inge, très jolie (c’est Christiane Krüger, dont la première scène nous la montrant sous la douche sur fond d’une musique rendant la scène très lascive) qui parle à nos inspecteurs de sa vie sexuellement active. Dans cette scène : nous pouvons noter deux choses : qu’Inge mange un fruit de façon sensuelle tout en parlant, créant le trouble chez Derrick et Klein juge la victime en demandant sèchement : « Vous trouvez ça normal de tromper son mari sans arrêt ? » (un jugement qui est aussi clairement celui de Reinecker, le scénariste de la série). Bien que des citations mayas servent ponctuellement l’épisode en philosophie, ce que nous retenons c’est la condamnation terrible d’une famille qui pense être noble, parfaite refusant la « débauche » d’une femme, mariée à un de ses membres. La victime en multipliant les amants avait une vie dangereuse mais se montrait, à sa manière honnête en voulant essayer peut-être de briser les règles établis dans un univers cloîtré dont elle se sentait prisonnière. Bien plus honnête que la haute-bourgeoisie qui l’a tuée. Anecdotes:
7. LE CHEMIN DE LA LIBERTÉ Date de diffusion originale : 03 juillet 1987. Résumé : Wilke est assassiné à son bureau, un peu plus tard son patron Ewald Potter est victime d’une tentative de meurtre. Derrick et Klein enquêtent… Critique : Soutenu par une belle musique de Günther Ress, cet épisode palpitant offrant une scène d’attaque à travers la baie vitrée d’une maison impressionnante et nous fait rencontrer une bande de musiciens amateurs dont Hans, le fils de Potter est un ami proche. Pour sa famille, ils ne semblent être que des paumés, vivants de petits boulots, indignes de le fréquenter, « en dessous » de leur milieu. Pourtant, lui n’est vraiment pas à l’aise avec le sien : il trouve son réconfort, son échappatoire avec eux : se montrant extrêmement susceptible lorsqu’ils sont moqués (par Klein) ou sous-estimés (par sa mère). Justement, cette bande a été viré par Ewald, le père quelques temps avant, n’appréciant guère leur style quelque peu expérimental : mobile parfait de meurtre. Pour Derrick : l’un d’entre eux a commis le crime et couvre les autres. Leur alibi : avoir joué dans une cave-studio toute la soirée, mais notre inspecteur après leur avoir demandé – dans une scène ciselée portée par un Volker Lechtenbrink très en forme – de jouer (ce qu’ils refusent, considérant cela visiblement comme une humiliation) avant de lancer un enregistrement de leurs compositions, prouvant qu’ils pouvaient faire croire qu’ils jouaient en leur absence. Pas si bête. Mais la résolution sera tout autre bien plus classique et en même temps profonde : c’était bien Wilke qui était visée et sa sœur s’étant éprise d’un des musiciens, voulant se marier avec, mais se confrontant à son refus. Au final cet épisode aurait été une affaire de confrontations, entre plusieurs milieux et un regard sur une jeunesse qui tente de trouver une place dans ce monde. Touchant. Anecdotes :
8. PATROUILLE DE NUIT Date de diffusion originale : 18 septembre 1987. Résumé : Un jeune policier se fait tuer alors qu’il devait surveiller la voiture de truands. Son coéquipier : un homme d’expérience culpabilise beaucoup et cherche absolument à coincer les responsables… Critique : Hans Brenner interprète très bien Hans Marx, un policier, pris entre culpabilité et devoir de justice, oscillant entre la nervosité voire la pugnacité, l’euphorie et la confusion. Un personnage complètement perdu, inconscient semble-t-il (ce que pense Klein mais Derrick refuse tout jugement), d’avoir laissé son jeune collègue à peine sorti de l’académie de police surveiller la voiture de truands. Et puis comment a-t-il pu reconnaître l’assassin au volant d’une voiture, en pleine nuit et roulant à une vive allure ? Improbable selon Derrick et le procureur. D’autant qu’il colle notre inspecteur provoque en toute logique son agacement mais l’alibi du meurtrier : un certain de Mohl faisant preuve d’une certaine prétention couverte par son frère, sa belle-sœur et son père ayant soi-disant fêtés l’anniversaire de ce dernier, ce que Derrick ne croit pas une seconde. Finalement, notre inspecteur ne croit personne : en menant son investigation, il va devoir se fier à sa propre intuition : doit-il finalement croire son collègue ou les truands ? Pure logique qu’entre policiers, ils se soutiennent – et c’en est presque trop évident, rendant à ce titre la conclusion trop facile – et donc, finit par le soutenir. Ce qui fera tomber l’assassin : c’est Marianne, sa belle-sœur terrifiée par cette famille de substitution. Nous notons, par ailleurs, deux jolies scènes : celle où Berger joue avec la petite fille de Marianne en marchant par terre jouant à cache-cache et un peu plus tard, Derrick et Marianne jouent à leur tour avec l’enfant en lui faisant un toboggan avec leurs bras : il est assez rare de voir de genre de scènes très tendres dans la série pour les signaler. Anecdotes :
9. LE DERNIER VOYAGE Date de diffusion originale : 02 octobre 1987. Résumé : Martin Koldau vient de sortir de prison après y avoir passé vingt ans. Il retrouve son ancienne compagne, Franziska, qui s’est remariée entre temps. Cette dernière refuse de le voir avant d’accepter de renouer avec lui. Le lendemain, Koldau est tué… Critique : Peut-on renouer avec son passé et recommencer une ancienne vie, comme si les années perdues n’avaient jamais eu lieues ? C’est à ce questionnement qu’est confronté Franziska dans cet épisode au final vraiment déchirant. Elle est serveuse, mariée depuis quinze ans avec Emil, un homme alcoolique et violent, qui passe ses journées à regarder la télé en enchaînant les cuites : subissant cette vie routinière, lorsqu’elle croise de nouveau la route de Martin, son ex-mari, sorti tout droit de prison après deux décennies pour avoir tué un homme. Elle le fuit au début : ne lui pardonnant pas de l’avoir abandonnée et dont l’impact est l’existence misérable à laquelle elle est réduite. Mais accepte finalement de le revoir, ils discutent et s’enfuient mais Martin a repris ses vieilles habitudes : être payer pour tuer, mais elle ne veut pas le perdre une nouvelle fois : prête à recommencer leur vie, et le dissuade de refuser ce contrat. Il finit par céder, après l’avoir vue en larmes. Décidant de se rendre au rendez-vous et refusant l’argent, hélas : il se fait buter pratiquement devant les yeux de sa bien-aimée. Pour elle, c’est une catastrophe : l’homme qu’elle a, au fond, toujours aimée, qui aurait pu de nouveau la rendre libre, est assassiné. Que faire ? Rentrer chez elle et subir les coups de son mari – à qui elle fait part dès lors d’une franchise inédite comme si avoir perdu son être aimé l’avait rendue plus forte. Perdue, elle a appelé la police sans s’identifier, avant de l’aider : elle est la seule témoin du crime et veut absolument rendre justice, à la vie qu’elle aurait pu avoir, quitte à prendre des risques (appeler la presse) et attirer l’assassin sur elle : Derrick, contrairement à Klein, refuse de la juger, comprenant presque son choix. La dernière scène est vraiment tragique, après avoir identifié l’assassin, elle se rend sur un pont pour se suicider… avant de renoncer et visiblement de retourner à sa vie pénible. Aucun espoir pour elle, cela aurait été trop facile, mais l’espace d’une nuit : elle a pue de nouveau vivre, un bonheur, un amour auquel elle n’avait plus eue droit depuis si longtemps. Une parenthèse de liberté, de Vie. L’interprétation toute en nuances de Liane Hielscher et pleine de douceur de Peter Ehrlich, aux diapasons nous rend leur couple de fiction, éphémèrement retrouvé, immédiatement attachant. Anecdotes :
10. L'HOMME DE ROME Date de diffusion originale : 30 octobre 1987. Résumé : Dans un restaurant, Klein pense reconnaître Dribald, le meurtrier d’un certain Wiegand, qu’il n’avait pas pu coincer quelques années auparavant. Critique : Un épisode mené à un rythme effréné quitte à être confus parfois. Nous y suivons l’arrivée d’un certain Dribald à l’aéroport : il est engagé pour une mystérieuse mission (visiblement un cambriolage) après des années d’exil à Rome. C’est un homme séducteur frisant l’obsession sexuelle (il trimbale dans sa mallette des magazines érotiques ce qui lui attire des regards songeurs des officiers fouillant ses sacoches à l’aéroport et de son associé Scholler ; plus tard il regardera en boucle la séquence où Rita Jakobs se fait éclater le chemisier) pensant mener paisiblement son affaire, sauf que son passé le rattrape : Klein dans une de ces séquences humoristiques avec Derrick que nous apprécions voir, persuadé qu’il est l’assassin d’un certain Wiegand, n’ayant pu le coincer des années plus tôt. Il le fait arrêter mais Dribald parvient à s’échapper de prison après avoir fait kidnapper la femme d’un gardien : un certain Jakobs. Pour le coincer et cette fois définitivement, Derrick a une idée : le pister et le conduira, espère-t-il aux commanditaires de cette affaire, Dribald n’étant qu’un pion dans l’échiquier. L’écriture des personnages de cet épisode est très étrange, ainsi Rita Jakobs, lorsqu’elle raconte son enlèvement et le fait qui paraît si important (car il ajoute une touche sexy à l’épisode) qu’on lui ai éclater son chemisier : elle est presque à la limite de l’euphorie, à l’opposée d’un important choc psychologique dont elle serait logiquement victime ; quant à son mari, le fameux gardien de prison, il a un rôle pivot mais bizarrement effacé. Ce qui offre un décalage quelque peu déstabilisant à l’ensemble. Anecdotes :
11. L'AFFAIRE GOOS Date de diffusion originale : 27 novembre 1987. Résumé : Ingrid Roos, la jeune épouse de Thomas faisant partie d’une famille très aisée est victime d’une tentative de meurtre. Derrick et Klein occupés, délèguent l’affaire à leur jeune assistant… Critique : Un nouveau regard sur la confrontation entre deux mondes : ici, le monde aisé et celui du cirque, nettement plus humble. Pour la haute-bourgeoisie, qu’un des leurs se lie, se marie avec une femme d’un milieu inférieur au leur est une horreur : Ingrid, anciennement dresseuse de chiens est victimes de moqueries et de critiques de la famille de Thomas, qui lui, a beau la défendre corps et âme : rien n’y fait. Lorsqu’il demande à son père un financement pour créer une attraction, celui-ci répond « A quoi ça sert ? » : et bien à s’amuser ce que ne font visiblement jamais les personnes vivantes dans la haute. Qu’Ingrid soit victime d’une tentative de meurtre pour Thomas, ce sont les membres de sa famille les responsables, eux lui renvoient la balle, son frère d’ailleurs lui dit : « C’est de ta faute ! ». Car les mondes riches et pauvres ne doivent en aucun cas être mélangés, chaque membre doit rester à sa place et ne doit pas fricoter avec un membre d’un autre monde, au risque d’être condamné. Cette thématique est traitée assez régulièrement dans la série et aussi explicitement mais avec plus de bonheur dans le remarquable « La jeune fille en jeans » (saison 11, épisode 01), mais dans cette « affaire Goos » : c’est un engrenage : le choix de Thomas de se lier avec Ingrid entraînera beaucoup de conséquences à commencer par l’assassinat de cette dernière. Thomas, pour se venger, fera équipe avec l’ex de la jeune femme pour abattre le frère de Thomas… qui était innocent. La dernière réplique, pleine de morale de Derrick fait écho à ses derniers mots de l’épisode « L’heure du crime » (saison 8, épisode 11) : « Vous vouliez seulement, selon votre justice, ne tirer qu’une vengeance, rien d’autre. Mais dans tout ceci : vous n’avez oublié qu’une chose, c’est que la justice : c’est la loi et aujourd’hui, aucun d’entre nous ne peut rien y faire. ». L’interprétation menée par Martin Benrath (déjà excellent dans « Paix intérieure » saison 10, épisode 7) est de très grande qualité. Anecdotes :
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Saison 12 1. L'HOMME D'ANTIBES Date de diffusion originale : 18 janvier 1985. Résumé : Irene, une jeune femme est poignardée non loin d’un concert. Le meurtrier semble être vite trouvé : un certain Limbach, son ex-petit ami… Critique : Cette douzième saison s’ouvre avec un épisode mélancolique, où nous voyons Derrick clairement touché par la victime, âgée d’à peine vingt et un ans, se demandant : comment peut-on tuer un être aussi jeune qui avait encore toute la vie devant elle ? Horst Tappert, qui est présent dans presque chaque scène, est très impliqué, souvent émouvant. Les dialogues sont au début assez punchy, surtout avec Limbach (Sky du Mont en grande forme), un ex-petit ami de la victime, jusqu’à l’apparition d’un personnage plus grave : Bondeck (Christian Kohlund intense), un autre ex-petit ami, qui soupçonne fortement le premier de l’avoir assassiné, d’autant qu’il apporte deux lettres qu’elle lui avait envoyées plutôt explicites et remarque sur des photos sa voiture non loin du lieu du crime. Limbach est donc contraint d’avouer qu’il y était mais prétendant qu’elle l’avait appelée, sans dire pourquoi, à venir. Ce que Derrick ne croit absolument pas. Mais c’est la bêtise des assassins : en chargeant trop celui qu’ils veulent faire inculper, ils se font suspectés, tel un effet boomerang. Face au refus de lui donner la troisième lettre où Irene dirait qu’elle avait passé une soirée horrible, goûtant au LSD et la transformant totalement, Derrick se mets à soupçonner Bondeck : cette lettre n’existerait pas et il aurait créé tout un stratagème afin d’envoyer Limbach en prison, non à cause de cette soirée, mais et surtout sans doute par jalousie de l’avoir quittée pour se mettre avec lui. L’implication des acteurs, la certaine tristesse qui s’y dégage, la musique très belle (quoi que parfois trop 80’s) d’Eberhard Schoener en font un très bel épisode. Le doublage français est excellent. Anecdotes :
2. LA TROMPETTE Date de diffusion originale : 8 février 1985. Résumé : Un jeune étudiant en musique transporte une jeune femme accidentée à l’hôpital. Peu après, elle est assassinée… Derrick et Klein enquêtent. Critique : A la fois regard cru sur la drogue (voir la scène où Greg agonise), déclaration d’amour à la musique et enquête palpitante, cet épisode un peu brouillon se découpe clairement en deux parties : la première centrée sur le jeune Joachim qui après avoir transporté la jeune femme – découvre plus tard qu’elle est la chanteuse Sussanne Loon – se rend sur ses instructions chez un certain Berkhahn avec un sac. Ce dernier se montre sympathique avant de le matraquer de question sur sa vie. Puis le lendemain, Joachim se rappelle que la chanteuse était avec un certain Greg Newman, trompettiste qui n’a plus rien composé depuis longtemps. Il va le voir et le découvre dans un squat avec d’autres musiciens, sur le point de mourir pourri par la drogue. Benno, l’un d’entre eux lui demande de jouer différents morceaux, ce qu’il fait et Greg finit par lui filer sa trompette. Cadeau inestimable, c’est alors que Derrick et Klein arrivent et leur explique que Loon est une pièce dans un important trafic de drogue sur lequel ils enquêtent depuis des mois. Un peu plus tard, Joachim reçoit la visite d’un mystérieux journaliste qui n’en est évidemment pas un et alerte Derrick qui se met à ses trousses. A ce moment-là, le parcours du jeune homme est délaissé totalement pour l’enquête de notre inspecteur. Ce qui est un peu confus, car il a fait des progrès alors que nous suivions le parcours de Joachim. Quant aux rebondissements finaux – Loon n’est pas morte en fait – ils sont quelque peu tirés par les cheveux et une scène montrant Joachim découvrent le numéro de Klinger dans la trompette est inutile. On peut avoir l’impression de trop plein dans cet épisode, en voulant aborder trop de choses (la drogue, la musique, l’enquête policière, plusieurs intrigues parallèles…) contraint au format d’une heure et puis la musique, trop ancrée dans les 80’s et les solos de trompette finissent par agacer. Anecdotes :
3. LES ENFANTS DE RASKO Date de diffusion originale : 1er mars 1985. Résumé : Michael et Anja les enfants d’un transporteur de fonds engagent Docker un truand pour le braquer mais celui-ci le tue. Peu après, il est assassiné à son tour… Critique : Comment avoir de l’argent sans travailler ? Et bien Michael et Anja ont trouvés la solution : braquer leur père, qui transporte les fonds d’un supermarché à la banque, tous les soirs exactement à la même heure. Ils engagent Docker, un truand spécialisé dans les voitures volées pour faire le sale boulot. Aucun risque : on prendra bien soin d’enlever les balles de son arme. Sauf que le « vieux » en a dans les muscles : il ne se laisse pas faire si facilement et évidemment cela tourne mal et un coup de couteau ça se plante vite. Voilà les deux enfants qui ont tués indirectement leur père, mais bien entendu : il ne faut pas se balancer à la police, après tout : c’est Docker le responsable, c’est lui qui a commis le meurtre, pas eux. « Je veux le tuer », dit Anja, vengeresse. Et bien c’est exactement qui se passe dans la scène d’après (un habile montage) : logiquement, nous, spectateurs, pensons que c’est elle qui l’a assassiné. Fort heureusement, ce sera un peu plus compliqué que cela : voir Evelyn, la compagne de Docker et Kurt, l’employé de leur motel batifolé ensemble un peu plus tôt n’était pas un hasard, de même que voir Docker traficoter avec des truands pour des vols de voitures. Lorsque nos inspecteurs sont sur le coup : nous semblons avoir de l’avance sur eux : pour nous c’est Anja qui a commis le crime. Pour eux (surtout pour Klein) : ce sera Michael, son frère, assez vite. Cet épisode au scénario malin, verrouillé et fort bien interprété, se sert génialement de ce qui nous est caché (ainsi Michael affirme à Derrick qu’il a jeté l’arme de son père près du canal, nous pouvons penser qu’il ment puisque dans la scène avant ses propos, il avait encore l’arme chez eux) et la dernière partie, comme toujours, révèle les différentes pièces qui s’assemblent et forment ce genre de puzzle fascinant, dont la reconstitution est passionnante à suivre. Bien entendu, Derrick et (surtout) Klein leur feront la morale mais pas directement (en parlant derrière leur dos). Le final, façon Hercule Poirot où Derrick réunit tout le monde et laisse à presque chacun ou chacune raconter un morceau de l’histoire manquante est très intelligent. Anecdotes :
Date de diffusion originale : 22 mars 1985. Résumé : Roland et Andreas, deux jeunes hommes séduisent des femmes âgées et fortunées en espérant acquérir leurs fortunes. Mais leur dernière proie s’est suicidée. Le docteur Lapper cherche à les coincer… Critique : Avant de parler de cet épisode puissant en détail, je voudrais saluer l’interprétation exceptionnelle d’Hans Georg Panczak incarnant une figure tragique de jeune homme au fond en mal d’amour et celle divine et euphorique d’Elizabeth Wiedemann en vieille dame fortunée trouvant la Vie. Leurs scènes magnifiques ensemble, au restaurant, en boite de nuit et en voiture montrent leur complicité naturelle, même si le personnage du premier cherche à entuber celui de la deuxième avant de s’éprendre d’elle, ce qui est clairement réciproque lors de leurs baisers. Chacun découvre une expérience qui enrichie leurs existences respectives. « Bavure » est à la fois l’un des opus les plus drôles et tristes de la série. Tout le début de l’épisode est léger : que ce soit Derrick et Klein qui se moquent de Lapper : le médecin légiste, en l’évitant tant que possible et de leur côté, Roland qui repère une nouvelle proie, après avoir eu une crise de conscience envers sa dernière qui s’est suicidée, avec l’aide d’Andreas son petit ami. Petit aparté : il s’agit sans doute du premier épisode qui évoque explicitement l’homosexualité masculine : des gestes de tendresse (lorsque Roland essuie la joue mouillée par l’effet d’oignons d’Andreas ou lorsque ce dernier lui apporte son petit déjeuner au lit), une photo (où ils se regardent en riant) et la réaction de Roland : totalement dévasté, brisé après qu’Andreas ai été tué, montrent clairement qu’ils étaient en couple. S’ensuit cette rencontre de Roland avec Julia et ces scènes pleines de vies (déjà évoquées plus haut dans cette critique), alors que parallèlement Derrick et Klein, pour une fois, n’ont aucune enquête et c’est Lepper qui tente de les mettre sur l’affaire qui l’obsède : une femme fortunée suicidée à cause d’un jeune homme qui l’avait séduite et arnaquée. Mais Derrick refuse de s’en mêler. Si investigation il y aura, c’est lorsqu’Andreas sera tué : au bout de 32 minutes d’épisode, Derrick et Klein persuadés que Roland pourrait les aider se montrent cassants avec lui, au courant de son arnaque. L’épisode délaisse ce dernier qui tente, en vain, de recontacter Julia, alors que celle-cia appris de son frère et de son fils à quel « jeu » il joue. Tandis que Derrick et Klein ne recroiseront plus du tout Roland, recentrant leurs investigations sur Schumann (le frère de la femme suicidée) et Lapper. Lorsque ce dernier sera arrêté : on notera que Derrick se retiendra énormément d’exploser sa colère envers lui : sans doute que dans la série, nous n’avons jamais vu Horst Tappert aussi expressif : son visage, ses yeux : bouillonnant intérieurement et lorsqu’il s’emportera : il le fera à voix basse en étant sec et dur : « Tu as dit que tu allais déposer ta démission ? Je vais me faire un plaisir de te coller une inculpation. ». La toute dernière scène sous-entendant de l’espoir entre Roland et Julia, lorsqu’elle demande à son fils et à son frère : « N’avez-vous pas chercher à comprendre pourquoi il se comporte ainsi ? Il est en mal d’amour. », et Roland qui l’appelle. Nous pouvons supposer qu’il fut rejeté par ses parents à cause de son homosexualité, mais quelque chose est limpide : le fils de Julia éprouve un complexe œdipien : il est vraiment proche d’elle et exige qu’elle se justifie lors de ses sorties avec Roland, comme le ferait son mari (dont nous n’entendons jamais parler). Ce personnage, interprété par un Thomas Astan impeccable, tout comme son oncle, gâchent l’épisode par leurs interventions mais d’un autre côté, renforcent l’entourage (il faut bien qu’il y ai des antagonistes). Anecdotes :
5. QUI A TUÉ ASMY ? Date de diffusion originale : 19 avril 1985. Résumé : Robert Asmy, un homme très fortuné a été abattu en sortant de son sauna. Il enchaînait les conquêtes nettement plus jeunes que lui. Derrick centre sur ses investigations sur sa dernière, Erni... Critique : Un épisode très triste, à la fois portrait d’un homme n’arrivant jamais à combler son existence et regard d’une jeunesse tentant elle, en vain, de s’en sortir. Robert Asmy a hérité l’immense fortune de son père, qu’il dépense sans compter et trouve des maîtresses nettement plus jeunes que lui les jettant, une fois lassé. Ni sa mère, ni sa femme ne sont tendres à son égard. Cela fait déjà deux bonnes suspectes. Erni Weik, la vingtaine, ayant perdue ses parents, peinant à joindre les deux bouts, vivait avec son jeune frère, Heinz, dix-sept ans qui enchaîne les petits boulots pour manger à sa faim, jusqu’à ce qu’elle emménage avec Robert qui la fait « prisonnière ». Immédiatement, Derrick se prend d’affection pour Heinz : admirant ce petit bonhomme, lui payant des cigarettes et refusant l’idée qu’il puisse être l’assassin. Fort heureusement pour lui : ce ne sera pas le cas, d’ailleurs notre inspecteur soupçonne Johann, l’ex petit ami d’Erni connu pour son comportement violent : ils feront même le parcours de chez lui jusqu’à la demeure d’Asmy, mais là aussi fausse piste : « vingt minutes de trop pour y parvenir ». Revenant vers Erni qui en emménageant chez Asmy, s’extirpait d’une condition sociale miséreuse : vivant dans le luxe, prenant des bains de sauna, mais devant subir le caractère étouffant de son hôte. A ce titre, elle prend le chemin inverse d’« Achim » dans l’épisode « La jeune fille en jeans » (saison 11, épisode 01) où c’était un homme très aisé qui trouvait sa liberté en vivant avec une jeune fille d’un milieu modeste. Au final, ce ne sera qu’une question d’abandon, de rejet pour Erni, lorsque son amant riche lui a ordonné de ficher le camp de chez lui, lasse d’elle : répugnée à l’idée de retourner là d’où elle vient, elle ne l’a pas supportée et l’a tuée. Pour Derrick, c’est dommage que ce soit elle, l’assassin car le pauvre Heinz se retrouvera tout seul. Cet épisode certes très juste, profond, impeccablement interprété, doté d’une mise en scène ponctuée de plans très beaux (lorsque Derrick et Heinz marche l’un devant l’autre, le dernier marchant à reculons en remontant une colline), mais qui est vraiment à la limite du tire-larmes. Anecdotes :
6. L'IMAGINATION D'HELGA Date de diffusion originale : 03 mai 1985. Résumé : Helga, une jeune femme appelle Derrick en affirmant qu’elle se sent en danger car deux hommes l’ont suivis chez elle. Ils arrivent et Derrick s’y rends mais aucun des deux hommes n’est présent. Son ami Udo prétend qu’elle affabule... Critique : Même si le sujet traité est finalement grave (l’enfouissement de déchets toxiques, déjà traité dans l’épisode de « Parfum d’enfer », d’ailleurs la musique à l’harmonica sur les scènes de la vieille usine reprend des airs de cet épisode), les dialogues sont vraiment ciselés et le scénario passionnant, donnant l’impression d’être dans un cauchemar. Helga est une jeune femme connue pour avoir beaucoup d’imagination, mais fort heureusement pour elle, Derrick et Klein ont effectivement entendus deux hommes parler et entrer chez elle à travers le combiné du téléphone. Qu’importe ce que son ami Udo – qui lui coupe tout le temps la parole, ce qui a le don d’agacer Derrick et Klein – affirme : ce qui s’est passé n’est pas le produit de son imagination, c’est Réel. Mais c’est plutôt mince pour enquêter. Le meurtre d’une dame, qui travaillait comme comptable à une usine, dont Helga était la secrétaire va leur donner de la matière. Se rendant sur les lieux – à pleurer – ils sont vite menacés par Hoppe, un ancien contre-maître. Peu après, ils découvrent que ce dernier, ainsi que la victime, son fils et Helga ont reçu(e)s une importante somme d’argent : pourquoi ? Et bien ils le seront assez vite en surprenant une réunion entre Stargard fils, Udo et Hoppe. On note une pointe d’ironie de Derrick, lorsque Stargard lui dit : « Est ce que vous savez lire ou non ? La pancarte dit : « Entrée formellement interdite ». », ce quoi à Derrick répond : « Je ne sais pas lire, non. ». En effet : à la place de cette usine sera construite une école mais des bidons de déchets toxiques ont été enfouis sous Terre et pour que chaque personne au courant de cela se taise, il faut les payer et lorsque cela suffit pas : il faut les tuer. Sans scrupules est Stargard fils de risquer de contaminer des centaines d’enfants. Anecdotes :
7. UN CADAVRE SUR LES BRAS Date de diffusion originale : 17 mai 1985. Résumé : Rudolf Diebolz, un homme à la tête d’une société qui est ruinée se suicide. Sauf que Derrick pense qu’il est encore en vie. Et demande à chaque personne de son entourage d’identifier son corps… Critique : Une lettre de suicide, une barque qui explose sur un lac et côté personnage : une femme et son amant, un fils, la bonne, la secrétaire et le comptable. Derrick qui n’en exprime la raison qu’après, tient absolument à ce que ceux-là identifient Diebolz. Sans leur dire qu’il a été tué et ne s’est pas suicidé. Cette séquence d’identification durant six minutes permet de montrer le talent des différent(e)s interprètes. Ils l’ont tous identifiés : donc, logiquement : c’est bien Diebolz, sauf que pour Derrick : l’identification est un succès dans le sens – où comme il l’avait pensé - ils ont tous mentis ayant des raisons personnelles de l’espérer vivant. Mais le ou laquel(le) d’entre eux / elle est dans le coup ? Tous et toutes ? Le cadavre est en fait un serveur, suffit de se rendre là où il est, de discuter avec son collègue qui identifie la femme qui l’avait croisé avec un homme un peu plus tôt, sur une photo. Contre toute attente, ce n’était pas la secrétaire mais la bonne et les autres n’étaient visiblement pas dans le coup. Cet épisode passionnant et rusé rappelle fortement « Un voyage à Lindau » (saison 9, épisode 4) : ce n’est vraiment pas loin du copier-coller tant il y a de ressemblances entre les deux scripts, quelques variations près. Et je préfère d’ailleurs ce « Un cadavre dans le bras » : l’ensemble semble moins compliqué, moins éparpillé, l’interprétation est de plus grande qualité. Anecdotes :
8. LA MAIN DE DIEU Date de diffusion originale : 14 juin 1985. Résumé : Kusich, un proxénète se fait assassiner après s’en être pris physiquement à Anita, l’une de ses anciennes filles… Critique : Nous n’en avons jamais fini avec notre passé, ce que nous rappelle justement cet épisode brutal et très fin psychologiquement. C’est Anita, une jeune femme, fréquentant Kurt : un garçon d’une famille aisée, travaillant dans une boutique de parfums qui voit son passé lui revenir littéralement en pleine tête. Ancienne prostituée – ce qu’ignore bien entendu la famille de son copain – aidée par la Sœur d’une Mission solidaire à trouver une vie normale, elle se voit de nouveau persécutée par Kusich, son ancien proxénète qui a une tendance à la main lourde (séquence d’une brutalité sadique et gratuite lorsqu’il la tabasse dans la chambre d’hôtel), que nous spectateurs, tout comme elle, souhaitons voir mourir vite fait. Après cela, elle se rend chez Kurt et raconte à son père pourquoi elle a morflé et lui parle de son ancienne vie (ayant eue aussi un enfant qu’elle a du abandonner). Logiquement rejetée par un milieu qui ne veut pas d’une « traînée » dans ses rangs (c’est clairement une nouvelle pique de Reinecker envers la haute-bourgeoisie, une de ses cibles fétiches depuis l’excellent « La jeune fille en jeans » saison 11, épisode 01), elle trouve son réconfort auprès de Sœur Hilde, qui la considère comme sa fille. Cette dernière ira même voir Kusich pour lui dire sa façon de penser. A ce moment-là, nous penserons logiquement que c’est elle qui a commis le crime. D’ailleurs, elle l’avouera pour protéger Anita. Mais Derrick n’est pas quelqu’un de patient et les suspects et suspectes se comptent sur les doigts d’une main. Tout n’est qu’une question d’alibi par rapport au moment du crime et comme souvent, c’est ce qui ne nous ai pas montré qui trouve sa place vers la fin et les réactions surprenantes de certains protagonistes. Ainsi, ici, Kurt, semblait en vouloir clairement à Anita, en la raccompagnant chez elle, mais en vérité, il ne supportait pas que l’on puisse poser la main sur elle. Oui, lui, contrairement à sa famille aurait laisser à la jeune femme une chance de s’en sortir, par amour. Ce que nous dit cet épisode, c’est que l’amour et l’affection peuvent vraiment sauver une personne. Quelque chose de plutôt juste en vérité. Anecdotes :
9. NUIT BLANCHE Date de diffusion originale : 28 juin 1985. Résumé : Bomann, un avocat devant défendre Rotter un preneur d’otage et tueur, voit sa fille adolescente se faire kidnapper. Derrick ne se donne qu’au lendemain neuf heures, soit à l’heure où Bomann doit se rendre au tribunal lors du jugement, pour la récupérer… Critique : Comme le sous-entend aussi bien le titre français qu’original, cet épisode à la particularité de se dérouler essentiellement sur une seule nuit. Nous aurons d’ailleurs ponctuellement des plans d’horloge pour nous indiquer que le temps passe. Même si le début a du mal à démarrer, une fois que Derrick est sur le coup : pas une seconde de répit. Il fait bosser tous les hommes qu’il a, fait revenir au bercail ses collègues : ils n’ont que quelques heures pour trouver les ravisseurs et récupérer la fille. Cet épisode est vraiment à montrer à tout(es) les détracteurs de la série : il y a de l’action, du mouvement, peu de psychologie (donc de « lenteur »), une énergie collective : on aura rarement vu à ce niveau de la série (nous en sommes presque à la moitié) Derrick autant en forme, hyper-actif. La grande magie, c’est de concentrer tout cela dans un huis-clos, ainsi pratiquement toute l’action de l’épisode se passe dans le commissariat sur deux bureaux ! Ce devait être velu pour les mouvements de caméra : chapeau à Dietrich Haugk (auteur du premier épisode de la série où il avait déjà dynamité les codes de mise en scène), avec ses travellings très élégants, sa caméra presque tout le temps en mouvement et aux monteurs Traudl Fässler et Werner Preuss, qui rendent un montage sec. L’ensemble n’est peut-être pas novateur, mais fait avec efficacité, en plus d’une lumière qui semble naturelle (ainsi à un moment, on ne distingue presque plus les visages). Il y a assez peu d’expérimentations dans la série pour ne pas les signaler, et comme c’est vraiment bien emballé : je mets 4. Nous pouvons regretter toute fois l’inutilité de l’histoire d’amour entre Roberta et Strobel, ce dernier, personnage complètement superficiel, se sentant impliqué dans l’enquête et embrassant la jeune femme à peine l’avoir retrouvée. Anecdotes :
10. UN BRAVE TYPE Date de diffusion originale : 06 septembre 1985. Résumé : « " « Tes assassins seront punis ! » Telle est la phrase choc que Heinz Lissner a inscrit sur la couronne lors de l'enterrement de son amie Stefania, morte d'une overdose. Gerhard Trosse, un vieux journaliste, interpelle le jeune homme sur cette déchirante déclaration. Il raconte tout à Derrick, persuadé que le jeune Heinz, consumé par la rancune, va retrouver les dealers et les abattre pour assouvir sa vengeance. L'enquête mène vers un certain « Igor », et Trosse craint que l'exécution soit imminente. " » (source Wikipédia). Anecdotes :
11. MORT D'UNE JEUNE FILLE Date de diffusion originale : 04 octobre 1985. Résumé : Une jeune fille est retrouvée morte par ses collègues de la boutique où elle travaille. Derrick et Klein soupçonnent immédiatement son petit ami... Critique : Qui de la famille Linder a tué la petite Margot ? Le petit ami Berthold connu pour son sérieux ? Le père Robert à la tête d’une boutique ? La mère Agnes, femme effacée ? L’oncle Harald qui n’a pas la langue dans sa poche ? Scénario remarquablement mis en place, car les scènes de cette famille en alternance avec l’enquête, montrent qu’ils ont tout fait pour cacher le crime mais ne nous révèlent jamais qui l’a commis ! Et selon les points de vue, la relation entre la petite Margot et Berthold varie : simple ami, petit ami ? Pour Derrick, ce n’est vraiment pas de la tarte, alors qu’ils tentent d’en savoir le plus possible sur lui, persuadé que c’est le meurtrier. Qui évite en premier temps de croiser la route d’Hans, le frère de la victime, avant de le mettre dans la confidence, et ça y est celui-ci couvre également l’auteur du crime : mais qui ça peut bien être ? Et qu’est ce qui a pu se passer à cette soirée-là ? Derrick et Klein comptent également sur le voisin de la victime : un certain Sussloff, qu’ils dérangent pendant la préparation de son repas : scène totalement burlesque – clin d’œil évident à Bud Spencer super star en Allemagne - où Sussloff (incarné par l’irrésistible Peter Kuiper), homme très simple qui n’aime pas du tout qu’on l’importune pendant sa bouffe, ne les aide vraiment pas non plus. Nos inspecteurs sont gentils : Klein lui propose de tenir sa casserole de patates sur le feu, pour le laisser discuter avec Derrick. Lorsque le festin sera prêt : il se montrera impatient que Klein ne lui donne son assiette et pour finir Derrick tiendra la poêle pendant que Sussloff se servira ! Finalement, dans une séquence ultérieure, il les aidera. Cet épisode est le deuxième où Kuiper interprète un personnage humain. Après nos inspecteurs remonteront tranquillement le fil. L’interprétation, outre Kuiper dont le petit rôle m’a vraiment marqué, est très bien : Pierre Franckh, Claus Biederstaedt et Hans Korte, autres visages familiers de la série sont impeccables, même si leurs personnages ne sont pas vraiment consistants (nous avons déjà vu mieux dans la série). Anecdotes :
12. LA DANSEUSE Date de diffusion originale : 03 novembre 1985. Résumé : Dans un pensionnat, le gardien est assassiné. C’est la jeune Katrin May qui était visée... Critique : Un nouveau portrait de couple déchiré par le goût de l’homme pour les jeunes femmes. A quel point une femme peut-elle se sentir rejetée lorsque son mari la trompe ? Et ce même, s’il fait de son mieux pour le cacher. Elle, une femme d’une quarantaine d’années, déjà jalouse, voit son époux batifoler avec une jeune fille d’à peine dix-huit ans. Que faire ? Et bien tuer cette rivale et espérer qu’il revienne à la maison. C’est ce que soupçonnent fortement Derrick et Klein qui, contre toute attente, apprennent que Madame Rohner connaît les mésaventures « d’à côté » de son époux, le docteur Rohner (Heinz Bennent, dans l’un de ses immenses numéros d’acteur). Il devient fou lorsqu’il apprend qu’elle est au courant : c’est une catastrophe : car il est persuadé qu’elle peut aller très très loin pour éliminer sa rivale. Tu m’étonnes : un détective privé engagé pour le coller aux basks lui et elle non-stop, séduire Ralf, l’ex petit ami de Katrin afin de le manipuler pour qu’il la tue : il faut être vraiment malade. Nous noterons que Derrick se montrera très énervé, poussant à bout jusqu’à s’emporter sur Ralf afin qu’il l’avoue, ce qu’il fait et la femme trompée ne pourra pas s’en sortir totalement : « Incitation au meurtre ». Et après cela que reste-t-il du docteur Rohner, sans doute retrouvera t-il les bras de sa jeune bien aimée.
Anecdotes :
13. UNE FAMILLE UNIE Date de diffusion originale : 13 décembre 1985. Résumé : Depuis quelques temps, Bohl un père de famille au chômage fréquente Weiler un truand notoire, contre l’avis de sa fille Anna. Un soir, Weiler est assassiné et Bohl est persuadé qu’Anna est la meurtrière. Il décide de tout faire pour la protéger. Critique : On clôture cette douzième saison par le regard tendre et à la fois brutale sur une famille brisée par le chômage du père et le handicap moteur de la fille. Comment s’en sortir ? Bohl dépense le peu d’argent qu’il peut récolter en buvant des coups dans le bar du coin : il s’y lie avec Weiler un truand enchaînant les séjours de prison, et qui n’hésite pas à tenter d’abuser sexuellement d’Anna, la fille de Bohl, dès lors qu’il franchit les pieds dans leur appartement. Bohl qui semble croire aux simples provocations n’intervient guère : d’un autre côté, il serait un peu mal placé pour dire quoi que ce soit puisqu’il a clairement une relation incestueuse avec sa fille (il lui montre de l’affection déplacée et demande de se déshabiller devant lui alors qu’elle revient d’heures sous la pluie, avant qu’Ulrich, le fils de la famille n’intervienne). Oui, cette jeune fille en fauteuil roulant qui est une adolescente est très attirante et mature pour l’âge qu’elle a mais pas touche, au fond c’est justement Ulrich qui semble la protéger le plus. Dans la soirée, Weiler est tué, Bohl retrouve Anna dans son fauteuil sous la pluie : il pense immédiatement que c’est elle l’assassin, d’autant qu’elle a emmenée l’arme qu’il avait laissé à l’appartement. Dès lors, il faut absolument la couvrir : quitte a ramener la mère au foyer – elle qui était partie depuis longtemps, suite à son aventure extraconjugale avec une serveuse. Devant Derrick apparaîtra l’image d’une famille unie, heureuse, retrouvant un bonheur qui avait disparu. On fait à manger, on se dit des blagues, on plaisante, on rit, on sourit. Notre inspecteur n’est pas stupide, il sait que c’est une façade et que l’un d’entre eux à commis le crime et ses soupçons le conduisent logiquement à Anna, avec qui il se montrera particulièrement brutal (la scène où il la force à tenir l’arme et faire semblant de tirer à l’endroit exact où elle l’aurait fait au moment du crime), persuadé que c’est elle. Mais Derrick n’est pas infaillible, il lui arrive de se tromper : et non, ce ne sera pas elle, ni quelqu’un de sa famille. Est-ce que sans que la fille soit une probable meurtrière, la famille Bohl restera unie ? Cela nous ne le saurons jamais, mais nous pouvons bien l’espérer. Bien que l’interprétation soit par moment exagérée, elle est globalement excellente, à commencer par Henry Van Lyck en très grande forme (doublé impeccablement en version française par Serge Sauvion), Beate Finckh (Anna) est intense et même Hans Georg Panczak (Ulrich) dans un rôle assez effacé (surtout en comparaison de son précédent dans la série : « Bavure » épisode 4 de cette saison) est très bien. Anecdotes :
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Saison 11 1. LA JEUNE FILLE EN JEAN Date de diffusion originale : 20 janvier 1984. Résumé : Un jeune mécanicien est empoisonné. Les inspecteurs pensent que c’est sa sœur, fréquentant un professeur nettement plus âgé et riche qu’elle, qui était visée… Critique : Cette onzième saison démarre par un épisode « costaud ». Critique cinglante teintée de moquerie de la haute bourgeoisie et regard tendre d’une histoire d’amour très touchante. Alwin, un jeune homme est empoisonné chez lui où il vivait avec sa jeune sœur, Rita. Cette dernière fréquente depuis quelque temps le professeur Joachim von Haidersfeld, marié et rupin. Celui-ci se montre très protecteur, tendre et vraiment présent pour elle : lui proposant tout d’abord d’emménager dans son appartement, avant de songer à l’idée de résider ensemble dans un autre logement - ce qu’elle refuse car c’est « ici » : pas seulement à l’intérieur du lieu mais dans le quartier où il est situé : « populaire », qu’elle a toujours vécue, avant toute fois d’accepter. Leur nouvelle résidence se situera entre ces deux univers - la société dite « normale », ordinaire et la haute. Un entre deux où personne ne portera de jugement sur eux. Car leur relation est controversée surtout dans le milieu du monsieur, non pas à cause de leur différence d’âge, mais du milieu de la jeune fille. C’est tout un univers, si propre, si coincé dans des traditions qui explose. Entre sa femme passive et à la fois très sure d’elle, sa mère castratrice enfermée dans des principes vieillots et la bonne qui est répugnée par cette liaison : les suspectes ne manquent pas. Bien que leur relation semble déplacée : Rita semblant être encore une adolescente et lui un homme d’un certain âge, ils sont clairement heureux ensemble. Lorsque ce dernier raconte à Derrick leur rencontre et décrit son sentiment de découvrir un monde plus simple, plus libre, plus Vivant que le sien au contact de cette jolie jeune fille : comment ne pas être ému, comment ne pas éprouver de la tendresse, de la compassion pour lui ? Le monde change, les êtres humains aussi. Mais pas derrière les grandes portes de la barrière d’une immense maison figée dans le temps, refusant d’accéder au présent, à la modernité, aux valeurs actuelles. Pour « Achim » qui n’a jamais connu rien d’autre : c’est une délivrance. Derrick et Klein épousent le point de vue du spectateur : riant en coin de la haute-bourgeoisie et trouvant bizarre mais refusant finalement tout jugement envers la relation sincère et passionnée de Rita et « Achim ». C’est l’hypocrisie contre la sincérité. Les inspecteurs comprennent, avec l’aide du voisin de Rita, que l’assassin est la bonne, vivant à travers les personnes et surtout le monde qu’elle sert depuis une vingtaine d’années. Ne pouvant supporter que celui-ci soit brisé, qu’elle y perde son admiration, sa condition. Ce n’est pas parce que nous sommes aisés, que nous sommes parfaits : apparemment cela donne très envie mais à y regarder de plus près, mieux vaut vivre dans un monde plus modeste et nettement moins coincé par des règles périmées depuis tellement longtemps. Le casting, comme d’habitude, est fort bien choisi : Herbert Fleischmann est adorable et vraiment attachant dans son personnage de vieux professeur découvrant la vie, formant cette union avec la jeune Anja Jaenicke, énergique et spontanée. Anecdotes :
2. UN PLAN DIABOLIQUE Date de diffusion originale : 10 février 1984. Résumé : Le fils d’un policier est accusé d’avoir commis un cambriolage et un meurtre. Derrick, le connaissant lui et son père depuis longtemps est persuadé de son innocence. Critique : Plombée par la musique très (trop) 80’s de Hans Hämmerschmid renforçant le côté gentillet, inoffensif et vain de cet épisode, cette nouvelle intrigue n’est guère poussée psychologiquement et vraiment manichéenne. Erich est un jeune homme simplet, fils d’un policier dur à cuire et intègre que connaît Derrick depuis longtemps : par ce fait, il est impossible qu’il ne soit pas innocent. Et les méchants sont vite identifiés : Zander, un type que Wobeck a envoyé en tôle dix ans pour un simple cambriolage (sic) et va bien sûr se venger, aidé de son fils et de ses amis à piéger l’un de ses deux garçons (pourquoi Erich et pas l’autre, on ne sait pas, peut-être est-ce le moins malin des deux). Ce que nous montre l’introduction de l’épisode : plongée dans les salles de jeux et chambres de jeunes gens germaniques des années quatre-vingt. Il y avait pourtant manière à creuser, là lorsque le jeune Erich fait comprendre qu’il se sent coincé par sa famille, qu’il n’a jamais eu d’amis avant, comme si tout lui était interdit dans la cellule familiale. Et plus tard, Zander raconte à ses complices que Wobeck lui avait cogné dessus jusqu’à ce qu’il avoue : ce peut être faux bien sûr, mais plus tôt nous avons vu ce dernier réagir au quart de tour, par ses provocations. Là, non plus : il y a aucun approfondissement et en plus : les acteurs en font des tonnes. Il y a une différence entre jouer « à fond » comme ont tendance à le faire les allemands et en faire trop : hélas, c’est le cas du casting de cet épisode exceptés Horst Tappert et Fritz Wepper toujours impeccables. Anecdotes :
3. L'ANGE GARDIEN Date de diffusion originale : 02 mars 1984. Résumé : Un ingénieur est assassiné dans son hôtel. L’un de ses amis : un certain Rohm ne voyait aucun motif pour le tuer. En enquêtant : Derrick et Klein vont révéler une affaire d’espionnage industriel… Critique : Un homme est tué dans son hôtel : l’ami d’un professeur. Le frère de celui-ci est en fauteuil roulant, soutenu moralement par une mystérieuse jeune femme. Où comment alléger une histoire complexe et « lourde » d’espionnage industriel, avec une histoire d’amour en germe. Et quel lien peut-il y avoir réellement entre tous les personnages que Derrick et Klein vont croiser ? Dans ce genre d’épisodes, il faut être très attentif, car pratiquement chaque dialogue compte, comme des cartes qui se superposent pour faire un château. Au début, cela semble confus, puis les scènes se succèdent, plus l’ensemble semble limpide. Les motifs des personnages ne sont pas clairement révélés et justement Derrick est présent pour cela : faire des liens. Car, comme dans l’épisode « Enquête parallèle » (épisode six de cette saison), nous voyons Derrick et Klein mener leurs investigations et d’autres personnages leurs siennes parallèlement : ici Manuel, jeune homme condamné au fauteuil roulant et son aide Ingrid, dont il ne cache pas vraiment son sentiment : elle est un « ange gardien » pour lui, sauf qu’elle n’est bien sûr pas là par hasard, et ce que découvrent assez vite nos inspecteurs intrigués par cette jeune femme presque trop « parfaite ». Elle est la complice dans une affaire d’espionnage et se sert de Manuel pour atteindre son frère Wolfgang, à la tête d’une entreprise de travaux publics… ou pas, puisqu’elle va aider le jeune homme à trouver les meurtriers de Masilke dont elle était l’ancienne secrétaire. Une scène amusante montre Manuel expliquer son plan pour coincer les assassins à Derrick, qui semble trouver qu’il est vraiment inconscient, mais le soutiendra. Un épisode agréable et ensoleillé (pour une fois Munich nous est montré sous un temps radieux), plutôt bien pensé et impeccablement interprété (Sascha Hehn en grande forme). Anecdotes :
4. JEUX DANGEREUX Date de diffusion originale : 30 mars 1984. Résumé : Deux jeunes branquignoles volent une voiture qui contient des sachets d’héroïne. L’un d’eux comptant négocier la marchandise aux propriétaires du véhicule est assassiné. L’autre, terrifié, part à leur recherche… Critique : L’introduction de cet épisode offre un regard plutôt intemporel sur une jeunesse très libre, sans contrôle qui s’ennuie : deux jeunes hommes – qui semblent aussi stupides que « Dumb and Dumber », la méchanceté crasse en plus - adorent s’amuser à leur façon : à commencer par voler : justement, que voilà une belle voiture, les proprios se sont tirés dans leur hôtel : parfait pour impressionner deux jolies filles. Ces dernières, hélas, sont parties. Pas grave, reste le véhicule et son contenu : une mallette, un carnet et dans le coffre ? Un sac de sport avec des sachets blancs dedans : de la farine ? Non de l’héroïne et de la bonne ! Au lieu de s’en prendre plein le pif : rapportons la voiture mais négocions la marchandise. Pas pour Harald, pas si casse-cou, tant pis : Karl se débrouillera tout seul et ils se retrouveront plus tard… ou non. Dans sa complète inconscience, presque « innocence », il ne s’est vraiment pas rendu compte à qui il avait à faire. De son côté, Harald n’a aucune nouvelle de lui : la police lui en donnera assez vite, mais bien entendu, ne parlera pas de leur mésaventure. Pris entre culpabilité, peur que les assassins le retrouvent et envie de rendre justice à son ami, Harald va vivre quelques jours terribles. Il a des documents, avec des espèces de code : il contacte les méchants et leur répète le code. Ces derniers vont finir par le retrouver et exploser sa porte (une des rares explosions de la série) : bon, là, cela devient sérieux : pété de trouille, il n’a plus d’autre choix que de contacter Derrick, qui plus tôt avait cherché à l’aider se comportant de façon paternaliste avec lui. Étrangement, il ne le jugera pas vraiment en le sauvant de justesse dans le final. Certains diraient que c’est une bonne leçon pour Harald, c’est un fait : je pense qu’après cette aventure qui lui a faite perdre son meilleur ami, mais retrouver les bras de sa petite amie, il ne volera plus de tire de sitôt. Malgré l’intensité psychologique – vu à travers la performance intense d’Ekkehardt Belle, habitué à ce genre de rôles éprouvants (voir « Le prix de la mort », saison 7, épisode 5), cet épisode est très léger, surtout sur le thème de la drogue si cher à Reinecker. Anecdotes :
5. SACRIFICE INUTILE Date de diffusion originale : 27 avril 1984. Résumé : En revenant de son club de gym, une jeune femme est tuée en étant jeté ed’une voiture. Depuis peu, elle avait emménagé avec un homme marié nettement plus âgé qu’elle... Critique : Cet épisode pourrait être la suite, avec d’autres personnages, de « La jeune fille en jeans » (épisode un de cette saison) où une jeune femme était victime d’une tentative de meurtre pour être à la maîtresse d’un homme marié et bien plus âgé qu’elle : ils finissent par emménager ensemble dans la conclusion. Mais ici, point de critique sur la différence de milieux sociaux : il s’agit d’un portrait au scalpel d’être brisés par la fugue du Père. Lorsque celui-ci se sépare de la figure maternelle : c’est tout un monde qui s’effondre. Et c’est surtout le fils que cela a profondément perturbé. Rudolf est un peu « fou », d’une sensibilité extrême, il semble être atteint d’une forme du syndrome d’Asperger : se montrant très direct (disant ce que tout le monde pense) et prenant très mal lorsqu’on le stoppe dans ses excès. Comme travail, il ne peut, par ailleurs, ne s’occuper que d’enfants, d’êtres avec qui il se sent en phase, lui rappelant son innocence. Son père, Günter est un homme froid, clairement broyé par une épouse qui, à peine sa concurrente disparue, le manipule pour lui faire retrouver sa place à laquelle il n’est pas à l’aise. C’est justement pour cette raison que l’équilibre familial est très fragile : tout le monde est heureux et tout va bien dans le meilleur des mondes du moment qu’il reste là où il doit être, qu’il reste, ce qu’il doit être. Et bien entendu, plus que quiconque, c’est Rudolf qui constate cette instabilité, avouera même le meurtre en donnant plein de détails : ce que Derrick ne croit pas. Nous noterons d’ailleurs que notre inspecteur fera preuve d’une certaine compassion envers lui, au contraire de Klein qui se montre vite agacé par ce garçon (d’ailleurs lors de la première scène où ils se croisent, le jeune homme semble avoir peur de Klein). Le final est vraiment tordu : le grand-père tuera volontairement une autre jeune femme pour égarer la police en voulant couvrir sa belle-fille du premier meurtre. Que restera-t-il après cela ? Le père et le fils seuls dans une grande et belle demeure. La fuite est-elle est encore possible ? Une puissante réflexion sur la figure du Père, soutenue par une interprétation magistrale, outre Udo Vioff tout en retenue, Pierre Franckh est, une nouvelle fois, absolument extraordinaire en composant un personnage vraiment pas facile : sans jamais tomber dans l’excès, jouant les palettes d’émotions extrêmes, avec un talent dingue. En version française, c’est Jean Roche, qui a eu la difficulté de le doubler et il s’en tire fort bien. Anecdotes :
6. ENQUÊTE PARALLÈLE Date de diffusion : 25 mai 1984. Résumé : Martin, un jeune homme compte partir en Italie avec Sabine sa petite amie, en faisant du stop. Cette dernière se fait embarquer mais le chauffeur le repousse violemment. Quelques heures plus tard, elle est retrouvée : violée, étranglée et tuée… Critique : Il y a souvent dans la série des personnages poussés par leur soif de vengeance, préférant mener leurs propres investigations plutôt que de laisser faire la police. Mais peu seront aussi obstinés, casses-gueules que Martin dont la petite amie a été violée et tuée, culpabilisant de ne pas les avoir empêchés de partir en auto-stop. Si, en premier temps, il donne toutes les informations dont il dispose et dont sa mémoire encore confuse veut bien l’aider à se rappeler, il va décider de mener Son enquête. La plaque d’immatriculation de l’homme qui n’a pas vraiment voulu l’aider à secourir sa petite amie, le conduit à Henschel, l’un des responsables d’une entreprise d’expédition, semblant se sentir mal de cet incident. Culpabilité ? Pas vraiment, imprévisible : faisant semblant d’aider le jeune homme avant de le trahir, mais ce dernier s’obstine et retrouve le camion et le chauffeur dont il se souvient des bottes qui l’ont frappées au torse. Mais de leur côté, Derrick, Klein aidés de Hamann : un flic des douanes progressent également, remontant tout doucement la piste de braqueurs de camions, les conduisant au même point que Martin, qu’ils finissent par croiser, alors que ce dernier, à ce moment sait exactement qui est l’assassin de sa petite amie, mais refusera de le dire aux policiers. Derrick sera assez brutal et en même temps démuni face à ce gosse bouleversé par le deuil – ce que Klein lui expliquera – et n’ayant trouvé qu’un moyen d’agir. Le final est très classique : Derrick arrive juste à temps pour empêcher le jeune homme de se faire tuer mais celui-ci saisira l’arme et la dirigera vers le meurtrier, mais l’inspecteur l’en empêchera avec un discours bateau (que commettre un meurtre ne lui rendra pas sa petite amie, et qu’il devra apprendre à vivre sans elle). Nous pouvons regretter la retenue de cette scène qui aurait pu être nettement plus forte psychologiquement, comme si Martin derrière son visage passif, se retenait le plus possible de faire éclater sa colère. Pas de violence, pas de sang, même pas de larmes. Thomas Schüke, un habitué de la série, qui interprète Martin, est comme toujours très bien. Anecdotes :
7. JEU DE MORT Date de diffusion originale : 15 juin 1984. Résumé : Kussloff cambriole une maison dans laquelle un meurtre est commis peu après. Ayant peur de retourner en prison, sa fille va voir la police jurant son innocence… Critique : Un épisode qui semble être une variante d’« Un plan diabolique » (épisode deux de cette saison) où un cambriolage a lieu peu avant un meurtre. Ce qui change : c’est qu’ici ce n’est pas un jeune homme un peu faible d’esprit mais un cambrioleur professionnel, terrifié à l’idée de replonger pour quelque chose qu’il n’a pas fait et ayant le soutien de sa fille (impeccable Verena Peter). Mais Derrick n’est même pas encore à ses trousses, non, il prend un certain temps d’abord à questionner les personnes cohabitant avec la victime : un certain Hossner. Son frère, sa femme et son secrétaire qui semblent mutuellement se soupçonner du crime. Car pour Derrick – qui m’as, une nouvelle fois fait penser à Columbo avec ses reconstitutions, ayant calculé le temps qu’a pris Hossner pour brancher l’alarme et de pouvoir coincer l’assassin en même temps : c’est improbable. Avant qu’il ne coince Kussloff, sa fille se rend à la police pour jurer l’innocence de son père, mais lorsqu’ils vont à leur appartement, le découvrent mort et comprennent qu’il a été piégé. Derrick continue son enquête dans un bar où Kussloff avait ses habitudes – on note qu’il fera preuve de brutalité physique envers le suspect principal, en le projetant contre un baby foot. Ça le ramènera vers la demeure d’Hossner : tout particulièrement Muschmann son secrétaire. Clôturer l’épisode par le témoignage de la mère du poivrot engagé par Muschmann en affirmant qu’il l’a payé pour le tuer, est indirect et ne peut, en aucun cas, le faire condamner. Cette fin semble bien trop vite expédiée. C’est dommage après une enquête agréable à suivre, avec de bons personnages. Anecdotes :
8. MORT POUR RIEN Date de diffusion originale : 20 juillet 1984. Résumé : Diehl aide son collègue Kramer à remplir sa grille de Loto. Celle-ci sera gagnante et Diehl pensera en toute logique que c’est lui qui a gagné mais pas pour Kramer qui a fait remplir son nom sur la grille… Quelques jours plus tard, il est retrouvé mort. Critique : Un très bon épisode sur le pouvoir de l’argent sur des vies ordinaires. A partir d’un pitch assez simple : ce grand rêve que la plupart des gens ont : de gagner au Loto. Tout est possible désormais : trahir ses amis, changer de vie. Du pognon, beaucoup de pognon. Mais Kramer n’aura pas de temps de faire des projets, après avoir planter, métaphoriquement, un couteau dans le dos de son ami et collègue Diehl, puisqu’il sera assassiné. En toute logique, grâce au montage (une ellipse de temps de trois jours entre deux séquences), c’est logiquement ce dernier qui est soupçonné. Derrick et Klein n’ont d’ailleurs aucune difficulté dans leur enquête : en quelques instants : ils savent ce qui a conduit au meurtre et enchaînent à tour de bras, les interrogatoires de suspects potentiels, autant éliminés grâce à leurs flairs. Ce n’est ni Diehl, ni son beau-fils Bracht : qui est-ce alors ? Ne manque plus que la femme… et ce concierge un peu trop curieux. Pour une enquête apparemment aussi classique, le rythme de l’épisode est vraiment super bien géré, d’un autre côté, l’introduction de 20 minutes avant l’arrivée des inspecteurs les oblige à enquêter en « accéléré » : il ne reste plus que 39 minutes d’épisode pour coincer l’assassin, et Reinecker se permet même de laisser en liberté l’instigatrice du meurtre, car ils n’arriveront sans doute jamais à la faire avouer. Les ellipses sont nombreuses et trompeuses, ainsi si nous avons le sentiment de suivre les inspecteurs pas à pas, en fait ils découvrent plein de choses entre deux scènes : comme par exemple les billets de Loto sont dans le bureau de Derrick quelques instants après qu’il ait trouvé chez la victime le papier prouvant qu’il a besoin reçu les gains. Même si le casting n’est pas vraiment top (excepté Volker Eckstein toujours irréprochable et Andy VoB qui joue le fils de la victime) : on se laisse porter par cette intrigue passionnante. Mais nous pouvons regretter que Derrick et Klein répètent plusieurs fois, ce qu’ils ont découvert, régulièrement. Anecdotes :
9. LE TESTAMENT Date de diffusion originale : 10 août 1984. Résumé : Une amie d’Ute, une jeune femme sans histoires est assassinée à sa place. Mais elle ne sait absolument pas pourquoi on veut attenter à sa vie. Derrick et Klein vont essayer de le découvrir... Critique : Dommage que le titre français spoile carrément l’épisode, car jusqu’à ce qu’on sache effectivement qu’il y a un testament dans l’histoire (et ça n’arrive que vers la fin) : je ne pense pas que l’on aurait pu s’en douter. Car l’ensemble est vraiment bien mis en place, avec une introduction terrifiante qui peut ouvrir à tant de scénarios possibles. Une jeune femme est renversée mortellement par une voiture (la scène est filmée de manière très originale avec une succession de plans verts au ralenti), tuée à la place de son amie Ute, une bibliothécaire à la vie rangée et banale. Elle ne voit pas qui aurait envie de l’assassiner. Mais cette tentative de meurtre fait suite à des menaces téléphoniques qu’elle reçoit depuis quelques temps. Logiquement Derrick et Klein qui vont la protéger, se renseignent sur sa vie – d’ailleurs très belle séquence où Derrick consulte un album photo : nous voyons des images de la jeune femme de son enfance jusqu’à sa vie adulte - mais ne trouvent absolument rien qui puissent justifier qu’on veuille la tuer. Non seulement pourquoi ? Mais qui ? Une piste : un de ses innombrables clients de sa librairie dont elle fait un portrait-robot mais cela n’aide pas. L’enquête avance enfin lorsqu’elle reçoit un télégramme d’un certain Scherer, qui est en train de mourir à l’hôpital qui la connaît par cœur mais ce n’est pas réciproque. Il avouera à Derrick qu’il est le père de la jeune femme, il est hyper riche. Mais il ne faut pas lui dire avant sa mort. Notre inspecteur va devoir se montrer très rusé pour continuer son investigation sans dévoiler ce secret. Et là, tout s’accélère : la découverte d’un testament faisant d’elle sa seule héritière. Alors qu’il a pourtant un frère ayant rompu contact depuis bien longtemps mais qui, tout comme sa femme savent qu’ils risquent de passer à côté de beaucoup d’argent. Pour ne pas que cela arrive : tuer Ute. Le dénouement dans un bar est très punchy, avec un Derrick très en forme et une ultime séquence, dans les couloirs de l’hôpital, sans dialogue, très sobre, émouvante où la jeune femme accompagnée de nos inspecteurs se dirige vers un médecin… Soutenu par le morceau « Moments and mysteries » de Frank Duval – qui m’a fait penser à la musique d’Angelo Badalamenti compositeur attitré de David Lynch – collant parfaitement à l’esthétique très angoissante et donc mystérieuse de cet épisode intriguant, jusqu’au boutiste et très bien interprété par Birgit Doll. Anecdotes :
10. NOSTALGIE Date de diffusion originale : 31 août 1984. Résumé : Merck, un policier trouve le corps de Pocha, l’ex petit ami junkie de sa fille dans une pension. Il prévient Derrick mais se comporte de manière étrange… Critique : Un épisode assez confus et planant à l’instar de ses personnages. Entre ce policier nerveux, que l’on voit essuyer le goulot d’une bouteille brisé sur les lieux du crime, sa fille Irène qui n’est pas tout à fait cohérente et son fils Alwin quelque peu détaché par ce qui se passe : Derrick et Klein vont devoir avancer comme ils le peuvent en reconstituant le parcours de la victime : un junkie, petit ami d’Irène avec qui il était parti en Inde pendant quelques temps, revenus depuis peu, pour découvrir une nouvelle vision de la vie : en communauté, en contact avec des gourous, découvrant aussi des drogues et bien d’autres choses qui semblent les avoir marqués à vif, les avoir traumatisés. Il y avait aussi un guitariste avec eux que trouvent nos inspecteurs après qu’il les a fui en les croisant dans la pension, les aidant beaucoup dans leur enquête. D’ailleurs, la dernière partie de l’épisode, longue de plus de dix minutes semble être en temps réel : Derrick attend patiemment que Merck arrive, après avoir arrêté le guitariste. On y voit notre inspecteur jouer avec Klein sur un petit plateau d’échecs puis aller voir le musicien, en train de jouer sur son instrument, surveiller par Berger, et puis lui demander de jouer différents styles de musique avant qu’il n’aille interroger Merck et le confronte au musicien. Cet échange est d’ailleurs assez drôle, ce dernier n’ayant pas la langue dans sa poche, ignorant que le père d’Irène est présent dit « C’est la plus grande pute du Pirée », Merck s’emporte avant que Derrick ne l’en empêche, puis il s’excuse en apprenant donc qui il est. Toutefois, il rajoute, l’air de rien, qu’il l’a « baisé quelques fois » mais jure ne pas avoir tué Pocha. Et nous apprenons donc – pour résumer – qu’Irène se prostituait afin de payer la drogue à son petit ami et lorsqu’ils sont revenus à Munich – lui après elle, il a voulu qu’elle recommence mais elle ne voulait pas et donc elle l’a tuée et son père l’as couverte. Au fond, cet opus est un regard assez réaliste sur une jeunesse à la recherche d’expériences, mais qui finissent par devenir autodestructrices. Anecdotes :
11. LES RÈGLES DU JEU Date de diffusion originale : 14 septembre 1984. Résumé : Roland Lieboth, un jeune étudiant en biochimie est engagé par le docteur Blunk pour cambrioler le domicile du professeur Balthaus : des documents qui pourraient les enrichir… Lieboth accepte et est retrouvé mort plus tard dans un parking souterrain... Critique : Cet épisode mélange deux variantes abordées récemment : à savoir un cambriolage, suivi d’un meurtre et l’espionnage. Ici c’est le cambrioleur qui est tué après son méfait et l’espionnage est scientifique. Mais au final, ce sera le portrait d’une femme prête à tout pour se sortir de sa condition d’épouse coincée par un mari possessif, pour qui elle n’est qu’une plante verte, et qui est, lors de sa présence, toujours derrière son dos. Un parallèle entre deux couples nous est montré : celui-ci et le couple formé par Roland et Maria, sans histoires, vivant dans un joli appartement mais Roland espère toujours trouver la combine qui leur fera gagner beaucoup d’argent. Cela tombe bien, l’un de ses anciens collègues : le docteur Blunk lui propose de récupérer des documents valant des millions, et évidemment il sera payé avant : cinq milles marks, qu’il prend soin d’envoyer à sa femme. Mais il se fera tué : nous n’avons absolument aucun doute sur l’identité du ou des assassins. A Derrick ensuite, plutôt en forme, de reconstituer son parcours. Et comme d’habitude, il y a toujours des non-dits et les différents suspects avoueront ce qu’ils savent – montrés à coups de flash-back – jusqu’à la fin, qui nous dévoile la personnalité de la femme du professeur Balthaus. Côté interprétation, ce ne sont pas les hommes – bien que Klausjürgen Wussow est très bien, qui tirent leurs épingles du jeu mais les femmes : Sissy Höfferer, intense face à Evelyn Opela, très fine. Leurs compositions sous soutenues par la musique classique et dynamique de Frank Duval. Nous regretterons toutefois, malgré la longue introduction plutôt palpitante, un rythme très lent au niveau de l’enquête. Anecdotes :
12. LA VIE SECRÈTE DE RICHTER Date de diffusion originale : 19 octobre 1984. Résumé : Martin Richter est poursuivi par des hommes qui veulent absolument le tuer. Se réfugiant au bar de sa compagne, il contacte son fils pour l’aider. Les deux hommes se retrouvent dans un parc : Martin est abattu froidement peu après… Critique : Une ouverture de près de vingt minutes bien intrigantes. Car, pour une fois, nous ne savons rien. C’est bien l’intelligence du scénario, de prendre le premier tiers de l’épisode à nous montrer la fuite d’un homme qui refuse de dire à sa compagne et son fils (et donc aux spectateurs) pourquoi il est poursuivi et surtout par qui. Et en plus, Martin est interprété par Klaus Behrendt, acteur hyper talentueux déjà vu dans plusieurs épisodes dont « Au bord du gouffre » (saison 8, épisode 2). Et peut-être que Manfred, le fils de Martin aurait préféré ne rien savoir, apprenant de Bertha la barmaid qu’ils vivaient ensemble dans un appartement, avait un bateau et beaucoup d’argent ! « Mais c’est de la folie ! Mon père a déjà une famille, il vit avec ma mère, et n’avait pas grande fortune ! », du côté de Berta, elle, ignorait qu’il avait un fils, de même que ses amis avec qui il faisait du bateau. Dès lors plein de questions sur cet homme se posent : à commencer par : où avait-il tout son argent ? Car il travaillait dans une société d’assurances et avait été viré depuis six mois, n’ayant plus les compétences nécessaires pour travailler (comprendre : trop vieux), sauf que son ex-patron s’est aperçu qu’il détournait les sommes des assurances. Une grosse magouille qui l’a fait lier avec des personnes vraiment pas câlins. Une nouvelle fois, Derrick est énergique, mène l’enquête avec entrain et fait part de sa gouaille, même si le rythme demeure, étrangement, un peu lent. Anecdotes :
13. LE MEILLEUR DE LA CLASSE Date de diffusion originale : 23 novembre 1984. Résumé : Wolfgang Anders, un pharmacien revenant d’une réunion d’anciens élèves accepte de prendre deux jeunes femmes en auto-stop. Un peu plus tard sur la route : il percute un homme. Les deux jeunes filles acceptent d’aider Anders en échange de squatter chez lui et de bien plus… Critique : Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas eu un épisode aussi poussé psychologiquement et jusqu’au boutiste avec une tension crescendo. Être celui que tout le monde admire ne fait pas forcément de nous une personne idéale, surtout lorsque lorsque nous nous retrouvons dans des situations qui nous dépassent. C’est le cas de Wolfgang Anders, meilleur de sa classe au lycée, ayant très bien réussi : tenant une pharmacie, fiancé, vivant dans un très bel appartement mais ce soir, il accepte d’emmener Uschi et Grit, deux jeunes (et surtout) très jolies jeunes femmes à Munich mais en discutant et en plaisantant avec elles : il percute un homme qui leur fait des signes et là, c’est le drame. Dès lors, les deux témoins vont négocier de l’aider, en échange de squatter chez lui et plus tard de fournir leur dealer. Il n’a pas vraiment le choix. Uschi et Grit sont vraiment des clichés de filles paumées et qu’elles sont agaçantes… surtout au début où, ironiquement, Anders est leur otage mais mine de rien – entre deux scènes d’enquête – une complicité se créer entre eux, un attachement, créer sur un crime : voir la scène où il pense s’en être vraiment sorti et sont tous les trois heureux, euphoriques, faisant même la fête et finissent par coucher ensemble ! Et mine de rien, nous aussi, sommes attachés à lui et à elles, et espérons peut-être qu’ils s’en sortiront. Hélas, Derrick est un inspecteur obstiné, revenant encore et encore à la charge, mais il n’a pas trop à se fouler – l’enquête est assez faible, trop facilement résolue (et totalement dans le dernier plan de l’épisode), surtout par rapport à cette description d’un homme bouillant intérieurement (formidable Ralf Schermuly), qui ne semble pas éprouver la moindre culpabilité, faisant tout pour ne pas perdre sa vie, faisant tout pour rester le meilleur de la classe. Saisissant, fascinant presque, agrémenté de touches très osées (le bain des deux filles) et totalement passionnant. Anecdotes :
14. MAÎTRE PRESTEL Date de diffusion originale : 14 décembre 1984. Résumé : Maître Prestel, un célèbre avocat a une liaison avec Dora Kolberg, marié à l’éditeur Alexander Kolberg, ce qu’ils reconnaissent un soir ouvertement. Un peu plus tard, Prestel est assassiné… Critique : Cette saison s’achève par une prestation d’acteur : Armin Mueller-Stahl. Oui, oui l’unique, l’immense Armin Mueller-Stahl ! Il n’y a aucun doute que son rôle d’époux trompé, handicapé qui aurait tué l’amant de sa femme, ai été écrit pour lui. Visage qui exprime énormément, ne levant presque jamais la voix, retenant tout, et lorsqu’il parle : il a un langage très direct et à la fois contenu. Cet homme si apprécié, respecté et sans doute craint de tous serait un meurtrier idéal. En plus de l’excellence de sa performance, nous apprécions également l’originalité du scénario : comment une personne invalide peut commettre un meurtre ? Sa femme est persuadée que c’est lui, Derrick aussi et nous aurons rarement vu notre inspecteur être autant frustré de ne pas arriver à coincer l’assassin. Ce qui est étrange, c’est que Prestel s’était emporté après lui au tout début de l’épisode : « Que le diable vous emporte ! », ce à quoi Derrick a répondu : « Oui, mais d’abord, je vais déjeuner. », s’en va et revient une minute après, toujours aussi espiègle : « J’espère que vous ne m’en voulez pas trop. ». Mais qu’importe pour Derrick qu’il éprouve de la haine envers la victime, il doit retrouver un meurtrier. Il essaie d’entrer dans la tête de Kolberg, persuadé qu’il aime sa femme mais d’une manière « extrêmement bizarre ». Le jeu subtil du chat et de la souris entre l’inspecteur borné et le meurtrier qui garde apparemment son calme rappelle une nouvelle fois « Columbo ». Mais Derrick n’a aucune preuve, ne trouve rien : il s’emporte même dans une scène. De son côté, Kolberg reçoit la visite de Lisbeth, la nièce de sa gouvernante : une très jolie jeune femme au visage d’Ange (c’est Verena Peter ici dans un rôle d’apparition) ce qui lui fait vraiment, vraiment beaucoup de bien. Mais s’il espérait que sa femme reste à ses côtés, c’est raté : elle s’en va et lui, à définitivement le cœur brisé, besoin d’attention comprendra Derrick. Tellement besoin qu’il en mourra. C’est également l’autopsie d’un couple brisé par le handicap de l’homme, devenu accro à l’attention, à être celui que l’on remarque, à être celui qui feint de ne pas souffrir pour exister, en se comportant d’une manière totalement opposée à celle attendue. La mise en scène offre des plans originaux, comme celui où Kolberg est dans son lit : nous le voyons entre deux tas de livres. Anecdotes :
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Saison 10 Date de diffusion originale : 04 février 1983. Résumé : Le patron d’une société de transports internationaux est tué dans l’hôtel où il devait rencontrer un mystérieux journaliste. Derrick et Klein enquêtent découvrant qu’il faisait des affaires pas folichonnes… Critique : Cette dixième saison démarre par une intrigue alambiquée où se multiplient les personnages sans que nous ne connaissions leurs vraies attentions ni leurs rôles. Ils semblent tous cacher quelque chose, sauf Rudolf, le frère et Hans, le neveu de la victime, qui avaient un train de vie à l’opposé du sien et découvrant son milieu très aisé. Bien malgré eux, ils vont devoir plonger dans un univers sombre où ils côtoieront des truands. L’entourage de Lammers pour continuer de faire marcher son affaire se servant de leur « innocence ». N’y comprenant rien dans les différents documents qu’ils doivent gérer, ne pouvant qu’écouter ce qu’on leur dit de faire. Mais Rudolf finit par se rendre compte de quoi il s’agit... De leur côté, Derrick et Klein enchaînent les entretiens : un mystérieux journaliste d’une agence de voyage, un couple de touristes français, des musiciens africains, et bien entendu Huber (le bras droit de Lammers), Rudolf et Hans. Lorsque Rudolf décide d’aider les associés de son père pour continuer de péricliter son affaire, son fils va voir Derrick, leur montre des documents très importants et en profite pour parler d’une fourgonnette qui est constamment devant le domicile de son oncle. A la toute fin, Huber est assassiné par Mamadou, l’un des musiciens africains de l’hôtel, d’une camionnette conduite par Lusenke, le « journaliste ». Ce dernier va s’expliquer auprès de Derrick. Lammers était un trafiquant d’armes escroc, et que Mamadou l’a tué pour se venger de trois des membres de sa familles assassinés par les armes revendues par Lammers. Dans cet épisode, tout n’est pas toujours facile à suivre, comme si Reinecker voulait mettre trop de choses et qu’il n’en avait pas le temps contraint au format du 59 minutes, même si les explications de Lusenke dans le final sont limpides, il semble y avoir encore quelques manques. Anecdotes :
2. LE CHANTAGE Date de diffusion originale : 4 mars 1983. Résumé : Une prostituée est assassinée dans son appartement. Peu après, une jeune fille se suicide. Ces deux morts sont-elles liées ? Critique : Un épisode vraiment glaçant sur la prostitution, toujours aussi réaliste trente-cinq ans après le tournage. Annemarie est une très belle jeune fille, intelligente, qui, depuis quelque temps, fréquente Ingo, un beau garçon vivant dans un appartement aisé. Malheureusement, il est victime de chantage, devant une somme d’argent importante. Annemarie, amoureuse, fait en sorte d’obtenir ce qu’il faut. En vérité ce n’est qu’une combine entre lui et Kabeck pour l’inciter à coucher avec ce dernier et devenir une prostituée dans leur immeuble. Plus tard, au bar, elle croise Maria, qui a entendu la conversation entre elle et Ingo, et lui raconte ce qui s’est passé pour elle. Leurs histoires concordent et Annemarie décide de fuir. Peu après, Maria est froidement assassinée. Et Annemarie, le cœur brisé, se suicide. Derrick et Klein découvrent tout de suite le métier de Maria et vont voir son ex-mari qui leur apprend qu’elle l’avait abandonnée depuis deux ans pour faire ce métier. L’appel pour signaler la noyade d’Annemarie leur ai reçu peu après et ils rencontrent sa famille dont son grand-père qui lui parle de sa relation avec Ingo et leur montre l’adresse où il habitait. La même adresse où vivait et est morte Maria. Pendant ce temps, Ingo, se rend à la sortie des lycées pour séduire de nouvelles proies… Derrick et Klein en se rendant à l’immeuble où ils croisent l’ex-mari de Maria. Ce dernier finira par leur avouer qu’il a été la voir le jour du meurtre mais que leur conversation houleuse à interrompue par Kabeck. S’enfermant dans un placard, il a assisté au meurtre. On peut noter que l’ex-mari de Maria et le grand-père d’Annemarie ont refusés de dire ce qu’ils savaient aux inspecteurs pour des raisons personnelles : le premier pour protéger sa fille et le deuxième pour préférer rendre justice soi-même, mais c’est clairement une astuce de Reinecker pour gagner du temps sur le scénario de l’épisode. Bien que ces deux personnages apparaissent touchants, Derrick se montre étrangement assez cassant envers eux considérant que cela lui a fait perdre du temps dans son enquête. Anecdotes :
3. COURRIER DE NUIT Date de diffusion originale : 25 mars 1983. Résumé : Sobach pénètre dans la demeure de Vrings son patron, pour l’assassiner car il est persuadé, à raison, qu’il a une liaison avec sa femme. Mais terrifié, il s’en va, laissant tomber l’arme. Juste après, Vrings est tué… Critique : Le mobile du crime est évident dès lors que nous avons compris que Vrings était un coureur de jupons et qu’Erika, la jeune bonne est enfermée dans le mutisme. Mais Derrick et Klein eux prendront, comme souvent, leur temps pour arriver à cette évidence. Rencontrant un à un les différents protagonistes de cette histoire. Alors que pourtant, ils ont le meurtrier : Sobach bien sûr ! Tout le monde l’a vu quitter les lieux au moment du meurtre, mais lui jure qu’il est innocent. Nous aussi nous le savons, ayant entendus le coup de feu quelques secondes après son départ. Ce n’est qu’une question de secondes, d’un teeming très juste. Mais étrangement ces témoins ne le chargent pas trop, car au fur et à mesure de leurs entretiens, les inspecteurs comprennent que la victime n’était pas appréciée. Et lorsqu’ils en viennent à l’éventualité que Sobach ne puisse pas être le meurtrier : qui peut bien l’avoir tué ? Les suspects ne manquent pas, tous et toutes, dès lors ont un mobile pour l’avoir fait. Car non seulement Vrings se tapait à peu près tout ce qui est féminin (comme notamment la femme de son frère… qu’il a fini par tromper), et avait un égo surdimensionné. L’excellente interprétation de visages familiers de la série, à commencer par Heinz Bennent, méconnaissable derrière des lunettes et une barbe offre un poids assez touchant à ce huis-clos classique mais sensible. Anecdotes :
4. L'INTRUS Date de diffusion originale : 29 avril 1983. Résumé : Un chauffeur de taxi est assassiné alors qu’il allait rapporter des fleurs oubliées dans sa voiture à Rudow, un homme sur le point de se fiancer… Critique : Reprenant une idée très proche de « La décision » (saison 7, épisode 6), à savoir un homme qui est tué à la place d’un autre dont toute la famille est soupçonnée. Un nouveau huis-clos qui est à la fois centrée sur Vera, une femme assez âgée et aisée et son presque fiancé Rudow, un ancien taulard condamné pour escroquerie au mariage, ce qu’elle sait et ne surprend pas Derrick. Alors désormais deux questions se posent : qui, mis à part la famille de Vera, veut tuer Rudow et est-ce que celui-ci n’est pas en train de jouer une énième combine foireuse, espérant avoir la fortune de Vera ? Pour sa famille, c’est certain. Ils vont faire de leur mieux pour la dissuader de rompre, ce qu’elle refusera, réellement amoureuse. De leur côté, les inspecteurs découvrent que la mère du jeune Udo a été victime d’un escroc du même type que Rudow : lui faisant des promesses avant de l’entuber, ce qui l’a conduit dans un sanatorium. Bien entendu, cet escroc n’est personne d’autre que Rudow (c’est assez gros quand même), les pistes des limiers se centrent à nouveau sur la famille de Vera, comme une boucle qui est bouclée... Les huis-clos sont toujours passionnants pour observer les réactions de différents protagonistes dont chacun à une personnalité proche, des sentiments et des intérêts. Celui-ci, malgré son dénouement trop facile, s’en tire vraiment pas mal. Concernant l’interprétation, je retiens deux jolies performances : Ruth Leuwerik est divine pour un rôle d’innocente et Jacques Breuer, assez nerveux et à la fois plein de retenue. Anecdotes :
5. LA PETITE AHRENS Date originale de diffusion : 27 mai 1983. Résumé : Depuis quelques temps, Blomann, un enseignant erre dans une boite de nuit, c’est également le cas d’un certain Molz, retrouvé, un matin pendu dans une usine désaffectée. Ont-ils un lien ? Critique : Hans Caninenberg était décidément un très grand acteur. Il nous avait déjà prouvé son immense talent avec des performances d’une très grande finesse dans deux épisodes dont l’excellent « L’heure du crime » (saison 8, épisode 11). Cet épisode est clairement écrit pour lui, car il apparaît dans toutes les scènes des 18 premières minutes. Y étant de nouveau attachant, passionnant, charismatique, exigeant. Il interprète ici le professeur Blomann, un homme qui a vu toute la vie passer sans vraiment vivre. Depuis quelques temps, il se rend dans une boite où il se lie avec des serveuses très jolies (tout particulièrement Vera, interprétée par l’inestimable Lisa Kreuzer, qui nous fait ici un beau numéro). Son personnage est extrêmement intéressant, à la fois tout en intériorité et à la fois très extraverti. A partir de cette introduction qui prend pratiquement le premier tiers de l’épisode, tout est possible : ce personnage serait-il un tueur en série qui repérerait ses proies dans les bars ? Pas du tout ! La scène qui succède à cette introduction nous montre les inspecteurs arrivent dans un hangar où un homme est pendu : nous, spectateurs, le reconnaissons : il s’agit d’un des clients du bar où se rend Blomann. Il l’aurait tué par jalousie ? Possible, mais nous n’y sommes pas encore. Petit aparté sur cette scène : qui est fort bien filmée avec des angles très originaux et des mouvements de caméra à l’épaule. Blomann, nous le retrouvons peu après : il se rend à une espèce de coopérative qui est chargée d’envoyer des denrées en Inde. Si nous sentons un coup foireux derrière cela, nous nous demandons aussi où veut en venir Blomann. Un peu plus tard, il se rend sur les lieux du crime où il croise Berger. Ce dernier, évidemment fera part de cette visite à Derrick et Klein. Nous assisterons à ce qui sera sans doute la plus longue scène où Berger parle, d’habitude peu loquace. Nos inspecteurs sont évidemment intrigués par Blomann et cherchent à le rencontrer. Ne cachant même pas que sa migraine – qui lui a permis de se faire remplacer – il l’as eu dans une boite de nuit. Bon, à ce moment : nous ne pouvons que penser qu’il est le meurtrier : pourquoi l’aurait-il tué ? Par jalousie car il est amoureux de la serveuse ? La réponse n’aura absolument rien à voir : ce sera, comme c’est le cas au moins une fois par saison, une nouvelle charge anti-drogue de Reinecker : pour le troisième épisode consécutif sur cette thématique : c’est un dealer la « victime » et Derrick et Klein font preuve de compassion envers l’assassin (qui n’est pas Blomann, même s’il y est mêlé). Le générique de fin, exceptionnellement, montre un échange, ici Blomann qui dit : « C’est difficile à comprendre », Derrick : « Je ne peux pas essayer. ». Anecdotes :
6. DERNIER RENDEZ-VOUS Date de diffusion originale : 16 septembre 1983. Résumé : Walter Hagemann, un humble chauffeur de taxi prend en charge de force un homme qui vient de braquer une banque. Il semble le connaître. Un peu plus tard, il rentre chez lui avec beaucoup d’argent… Critique : Ah l’argent… lorsqu’on n’en a pas : on se demande comment en avoir et lorsque soudainement : on en a beaucoup, on se demande bien ce que l’on va en faire. Et c’est exactement ce qui est arrivé à la famille Hagemann dans cet épisode passionnant, qui observe les différents membres d’une famille peinant à s’en sortir, se retrouver assez riche. Le père va s’acheter un nouveau taxi, le fils se payer la moto de ses rêves et la fille va ouvrir la boutique qu’elle veut depuis longtemps et la mère ? Elle ne dit pas grand-chose. Mais tous ces projets vont exploser en plein vol, lorsque le père sera tué. Désormais ce ne se jouera plus qu’entre les deux enfants, Peter et Anita (incarnées avec intensité par deux interprètes réguliers de la série : Thomas Schücke et Verena Peter (dans un rôle nettement moins puissant toute fois que dans le chef d’oeuvre « Du sang dans les veines », saison 7, épisode 7)). Qui remarquent un annuaire laissée sur une page : ils peuvent y voir le nom du petit ami d’Anita. Le décès de leur père a laissée la mère sur le carreau. Peter sera convoqué par Derrick qui sait presque tout ce qui s’est passé et décide d’aller voir la mère, on note un échange très intéressant entre eux, elle lui dit : « Vous jugez les problèmes de l’extérieur. », il lui répond : « C’est peut-être pour cette raison que je suis souvent bien trop sévère. », il ajoute : « Je sais très bien que chacun d’entre nous à des confits intimes, je sais que personne en est à l’abri. Et en outre, je pense également que je peux juger sans être trop méchant. », On constate alors que Derrick est un homme très sensible et qui, comme tant d’autres policiers, doit passer outre ses propres émotions et ses préjugés pour faire son métier, ce qui est parfois dur. La conclusion de cet épisode se fera en douceur sans la moindre brutalité : le braqueur de banques et meurtrier étant le père du petit ami d’Anita. Mais cela semble avoir peu d’importance, car tout ce qui compte, c’est le regard tendre de cette famille ordinaire, confronté à l’extraordinaire et l’impact terrible que cela aura à jamais sur ses membres. Pour finir, je tiens à créditer l’excellente musique de Frank Duval, dont les morceaux certes sont ancrés musicalement à l’époque où ils furent composés, mais qui donnent une touche personnelle et puissante à chaque épisode. Anecdotes :
7. PAIX INTÉRIEURE Date de diffusion originale : 14 octobre 1983. Résumé : Alex Lohmann sort de prison après avoir y avoir passer quinze ans pour un meurtre qu’il a toujours juré n’avoir pas commis. Mais contre toute attente, il ne semble pas éprouver la moindre colère contre Schorff, celui qu’il pense être vraiment responsable… Critique : Un épisode qui nous fait entrer dans la tête d’un homme, que tout le monde s’attendrait même voudrait voir s’exprimer sa colère. Pour l’interpréter, les producteurs ont choisis Martin Benrath, visage marqué, impressionnant d’intériorité. Il semble ne rien exprimer, car il n’a rien à exprimer. Sur le thème récurrent du taulard qui ressort de prison, cet épisode surprend : non seulement, contrairement à d’autres, il ne veut pas entrer en contact avec son ex-recasée, mais en plus, est innocent. Il trouve refuge chez sa sœur et son beau-frère vivant avec leurs enfants, entre crainte et fascination. Ils vont finir par l’accepter : après tout, il ne fait rien de mal et cherche à reprendre une vie active. Si lui au début est regardé par la famille comme un monstre, nous constaterons que par leurs comportements, ce seront les membres de cette famille qui sont les monstres. Ils ne le traitent pas mal, au contraire ! Mais ils vont le pousser à exprimer sa colère : son beau-frère par exemple, l’encourage à se venger, lui demande comment il n’a pas envie de le faire. Appelant chez son ex et Schorff pour leur faire peur. Mais Lohmann, non, il veut rester en dehors de cela. Son entourage semble être plus concerné par une éventuelle vengeance que lui-même ! Il y a le fils, ado, fan de moto qui va squatter avec ses amis devant la maison de Schorff, et jouant aux jeux vidéo dans des salles. Je vais m’attarder justement sur la scène, extraordinaire qui se déroule dans la salle de jeux vidéo : certes, l’épisode est clairement ancré dans son époque du point de vue technologie, mais le regard de Lohmann en gros plan, en alternance avec l’écran du jeu auquel il joue : conduisant un char devant écraser plein de trucs, exprime énormément. Il se découvre un défouloir, ce qui peut être une prémisse à son comportement dans la réalité. De son côté Derrick, bien entendu s’inquiète du comportement de Lohmann, quitte à discuter longuement avec lui, tout en enquêtant sur l’affaire pour laquelle il a été condamné. Il fait avouer à Hannah que Schorff est le véritable meurtrier. Pour ce qui est de Lohmann, il en conclut, comme il le prétend, qu’il a trouvé la « paix intérieure ». Mais poussé depuis des jours par son entourage à la vengeance, il finira par craquer, saisir le pistolet de son beau-frère et abattre Schorff… mais le pistolet n’est pas chargé. Ils se battent tous les deux et il arrive quand même à le tuer en le poussant, visiblement, dans les escaliers. Justifiant son crime en disant qu’il devait le faire, Klein fera la morale, diablement ironique de cette histoire : « Il est en paix maintenant grâce à un meurtre. ». Et nous, on se dit que pour Reinecker, la réinsertion, ça ne fonctionnait pas vraiment. 8. ATTENTAT CONTRE DERRICK Date de diffusion originale : 11 novembre 1983. Résumé : Alors qu’il est en voiture, Derrick se fait tirer dessus. Klein va tout faire pour retrouver les auteurs de cette tentative de meurtre… Critique : Pas de temps à perdre ! Au bout de même pas deux minutes d’épisode, Derrick se fait tuer dessus, au bout de trois, Klein a déjà trouvé son suspect idéal : un certain Korda, condamné il y a quelques temps et qui avait juré à Derrick qu’il allait « le revoir ». Dans son enquête, il sera aidé par Jakobsen (interprété subtilement par Karl Renar), indic et ancien policier qui connaît bien le milieu lui donnera l’idée de se lier avec Michael, le fils Korda, en lui faisant croire qu’il est juriste. Michael, qui n’est pas souvent présent, ne connaît pas vraiment bien son père, sa mère le protégeant de ce monde, est persuadé qu’il a été envoyé en prison pour rien, et ironie, demandera à Klein de lui donner des conseils juridiques ! De son côté, Jakobsen obtient des informations par Trudi, une prostituée, sur un certain Ross, initialement petit larbin grimpant très vite les échelles, se tapant la femme de Korda. Cette dernière d’ailleurs gérant le business d’une main de maître. Vers la fin de l’épisode, lasse d’être mis à l’écart et de ne pas comprendre le monde dans lequel ses parents vivent, demande à Klein de l’emmener voir leur univers, ce qui nous offre une plongée en apnée dans les clubs de strip-tease, salles de jeux, où se croisent des drogués (des plans très courts et marquants montrant un jeune homme se faisant une piqûre, alors qu’un type lui dit de ne pas faire cela « ici » : on y voit clairement une nouvelle touche à la charge anti-drogue de Reinecker) et des prostituées qui se font tabasser. Un souvenir qui laissera au jeune Michael, un goût très amer mais qui voudra le faire confronter à Ross avant que Klein intervienne et ne l’embarque. La dernière scène de l’épisode est l’une des plus positives de la série : Jakobsen annonçant que Michael allait dormir chez lui et que le lendemain « le monde sera à lui. ». On peut reprocher à cet épisode palpitant et par moments philosophique, d’être trop ancré dans son époque. L’interprétation est très énergique. Anecdotes :
9. LE TUEUR DE LA NUIT Date de diffusion originale : 09 décembre 1983. Résumé : Depuis quelques mois, des jeunes femmes sont étranglées la nuit. Klein et Ludewig enquêtent… Critique : Cela faisait un bail que nous n’avions pas eu de tueurs en série. A ce titre, l’épisode démarre sous des décors à la fois très tristes et magnifiques, de quelques rues enneigées montrant deux jeunes femmes marchant sous la neige, mais très vite : des « psychopathes » sortent d’un peu partout : entre un jeune homme (terrifiant Volker Eckstein), un automobiliste qui les drague, elles trouvent finalement refuge dans un bar. L’une d’elles se fera tuer dans les couloirs du métro… Klein va enquêter à l’aide de Ludewig (qui est calqué sur Maigret), vieux policier solitaire et instinctif qui n’est pas tout à fait pour que Carla, une jeune policière erre dans les rues afin d’attirer le tueur. Il va falloir être vraiment patient. Nombres d’hommes sont présents dans ce quartier : tout le monde n’est pas un tueur après tout ! Non, ce n’est pas l’avocat qui drague Carla au bar, ni le type qui a perdu son chien et pas non plus le sosie de Peter Lorre, encore moins le jeune homme interprété par Volker Eckstein qui au contraire aidera la police. Justement le coup du chat étranglé comme les victimes, c’est un peu gros de même que le personnage de Carla qui sait se battre comme Chuck Norris. Le rythme très lent, les clichés et quelques lourdeurs plombent bien cet épisode qui partait d’une bonne idée – quoi que classique – et d’une belle atmosphère. Dommage. Anecdotes :
10. UN HOMME EN TROP Date de diffusion originale : 30 décembre 1983. Résumé : Le docteur Winter a été tué dans un laboratoire d’électronique. Les témoins identifient le professeur Römer comme l’assassin. Mais celui-ci est… mort depuis trois mois ! Critique : Cela, c’est que l’on appelle une introduction qui peut ouvrir la voie à tant de possibilités. Comment un homme décédé depuis trois mois peut-il avoir commis un meurtre ? Un témoin qui pense l’avoir reconnu : erreur possible, probable mais plusieurs : hallucination collective ? Ou peut-être un éventuel frère jumeau ? Rien de tout cela ! Quoi qu’il en soit, Derrick est suffisamment intrigué pour enquêter et tente de tout savoir sur ce mystérieux Römer, décédé il y a trois mois dans une clinique psychiatrique. Il découvre sans surprise, qu’il est vivant et qu’un autre docteur a été enterré à sa place. Cet épisode est sans doute l’un des plus philosophiques : les dialogues sont vraiment très inspirés, offrant des réflexions sur la question : la machine peut-elle remplacer l’homme ? Le laboratoire au cœur de cet opus est chargé de créer des machines plus performantes, plus puissantes, mais ne leur manque, ce qu’ils n’auront jamais : des émotions. Cela m’a rappelé le film « I, Robot » (Alex Proyas, 2004) inspiré des écrits d’Isaac Asimov. La toute dernière scène, montrant Rauh franchissant le quatrième mur en disant que sans l’ordinateur, l’être humain n’existe pas et demandant lequel d’entre eux (nous) pourrait le supplanter, avant un écran qui explose ne laisse vraiment pas indifférent. Anecdotes :
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