Saison 5 1. LE PHOTOGRAPHE Date de diffusion originale : 06 janvier 1978. Résumé : Un photographe est tué après avoir été pourchassé par trois hommes dans les couloirs du métro. Ses assaillants ont pu récupérer une pellicule de son appareil photo. Derrick et Klein enquêtent… Critique : Cette cinquième saison démarre en fanfare. L’épisode débute par une course-poursuite dans les couloirs et escaliers d’une gare, puis peu après : un échange des coups de feu au studio photo de la victime, où Klein est touché. De ce fait, c’est Berger qui va seconder exceptionnellement Derrick dans cette enquête, ce qui un change un peu mais pas désagréablement les habitudes. Une fois qu’ils sont tranquilles, ils y découvrent des photos pornographiques et se rendent ensuite à l’appartement de la victime qu’il partageait avec son frère et sa belle-sœur. Cette dernière va les aider à identifier les modèles de ses photos. Sur l’une d’entre elles, il y apparaît deux hommes : Blondin et Santorini, un caïd de la pègre. Il espionnait le premier et comptait le faire chanter avec les photos : mal lui en as pris… Soutenu par une musique allègre de Frank Duval, avec ses airs insistants à l’harmonica, cet épisode distille une ambiance très particulière, pleine de mystères et passionnant à suivre, quoi que finalement très classique. La dernière scène est l’une des plus positives de la série : une fois que les méchants sont coincés : Derrick tape sur l’épaule de Berger en souriant, lui disant qu’ils vont voir Klein à l’hôpital. L’interprétation est de très bonne tenue, les dialogues énergiques et la mise en scène est discrète et efficace. Anecdotes :
2. MORT D'UN FAN Date de diffusion originale : 03 février 1978. Résumé : Après un concert, un chanteur découvre une adolescente morte dans sa chambre. Il jure ne pas l’avoir tuée. Mais tout semble l’accabler… Critique : Cet épisode est une plongée hyperréaliste dans la tête d’une fan, qui résonne toujours aussi justement plus de quarante ans après le tournage. On peut à peu près toutes et tous se mettre à la place de la victime : nous découvrons une célébrité : un acteur ou une actrice, un chanteur ou une chanteuse... : nous nous mettons tout d’abord à collectionner tout ce qui se rapporte à elle : singles, albums, goodies, posters…, nous faisons en sorte de la rencontrer, qu’elle nous accorde un autographe, un regard, un selfie, et peut être un moment avec elle seule, échanger la découvrir réellement, quitte à lui découvrir des imperfections que nous ne lui connaissions pas, aveuglés par notre image d’elle si parfaite : notre idéalisation. Nous ne pensons plus qu’à elle : car elle nous fait rêver, nous permet de nous extirper de notre vie si triste. Et nous espérons que notre prochain contact avec elle, sera plus intense, plus profond que le premier. Et qu’il créera un lien unique, physique, psychique entre elle et nous. Vénérer une célébrité est quelque chose de positif, mais il ne faut pas que cela devienne destructeur, or pour la jeune fan décrite dans cet épisode : c’est exactement ce que c’est devenu : la preuve, elle n’hésitait pas à se vautrer nue dans le lit de son idole ! C’est de la perte du contrôle sur soi, qui arrive forte heureusement très rarement. Et qui plus est, elle s’est faite piégée par des membres de l’équipe du chanteur… Et puis son petit ami, qui semble insensible à son fanatisme : on ne peut pas y croire. Petit ami qu’elle avait plus ou moins laissée tomber pour concentrer ses pensées sur celui qu’elle aimait réellement : son idole, ici Harry Dugan, chanteur de rock’n’roll. Ce n’est pas son fanatisme qui a tué cette jeune fille, mais l’incompréhension de son entourage, la jalousie : mobile éternelle de crime. L’interprétation survoltée de Tommi Piper, acteur-chanteur qui, par ailleurs, interprète les chansons de l’épisode et celle de Rebecca Völz, sont impressionnantes. Un épisode marquant au dénouement plein de suspens. Anecdotes :
Date de diffusion originale : 24 février 1978. Résumé : Stanz se rend à la maison de retraite de sa tante pour lui annoncer qu’elle vient d’obtenir un héritage mais il est accueilli très froidement par les deux femmes qui gèrent l’endroit et signifient l’absence de la vieille dame. Peu après, Stanz est assassiné… Critique : Un épisode bien mystérieux. Mystérieux par le comportement des différents protagonistes telles que les deux propriétaires de la maison de retraite qui refusent de dire où la grand-tante de la victime réside, utilisant des pirouettes pour l’égarer et le renvoyer. Pourquoi ne pouvait-il pas la voir ? Cherchant à répondre à cette question, il se fait écraser par une voiture peu après. Derrick et Klein vont reconstituer son parcours, tandis que du côté de la maison de retraite, ça s’agite. Justement nos deux inspecteurs s’y rendent et rencontrent la grand-tante, qui comme prévue vient d’hériter d’un ancien ami musicien new-yorkais qu’elle a connu il y a quarante ans. Après leur entretien avec elle, ils la trouvent fascinante mais pensent qu’elle ment et vont au restaurant devant lequel Stanz a été écrasé où ils croisent le neveu des deux propriétaires de la maison de retraite. Puis ils les suivent jusqu’au théâtre et Klein croise une jeune musicienne qui lui apprends que la grand-tante de Stanz n’est pas la femme qu’il pensait mais une comédienne qui se fait passer pour elle ! Un détail qui l’illuminera lui et Derrick et les conduira à la résolution du crime. Le dénouement est un peu velu et très surprenant, où les protagonistes ne sont pas aussi méchants que l’on aurait pu le penser. L’ensemble est assez triste, grave et un peu lugubre. Pas un des meilleurs épisodes de la série, mais l’un des plus originaux. Anecdotes :
4. L'EMBUSCADE Date de diffusion originale : 31 mars 1978. Résumé : Un homme a été tué dans la voiture du docteur Marta Schwenn, alors que c’était elle qui était visée. Pour la sécuriser, Derrick lui suggère de contacter des personnes de son entourage : or, il ne lui reste plus que son frère et de son neveu, avec qui elle n’a plus de contact depuis longtemps… Critique : L’un des épisodes les plus émouvants de la série, car il se centre essentiellement (nous voyons assez peu Derrick et Klein de l’épisode) sur la relation entre le docteur Marta Schwenn et son neveu Bruno qui ne sont pas vus depuis vingt ans. D’ailleurs, au début, Bruno et son père refusent d’aller la voir avant d’accepter, mais seulement Bruno. Devant elle, apparaît un jeune homme d’une vingtaine d’années qui lui a gardée rancœur de l’avoir rayée, lui et son père, de son existence depuis longtemps. De son côté, elle éprouve peu de considération envers lui, car il semble suivre le même chemin de perdant que son père. Bruno devra la conduire, là où elle souhaitera, à ses multiples rendez-vous en échange d’un petit salaire : ils vont devoir s’adapter l’un à l’autre. Et leurs échanges seront le plus souvent à couteaux tirés et lorsque nous pensons après s’être envoyés des choses très franches et dures, qu’ils se réconcilieront pour de bon, les hostilités reprennent. Leurs discussions sont souvent ponctuées de sarcasme et ont lieu essentiellement durant les longs trajets en voiture. Chacun feint semblant d’encaisser ce que l’autre dit, avant de s’en servir. C’est une espèce de bataille d’égo, alors que Derrick et Klein avancent dans leur enquête, leur donnant ponctuellement des nouvelles, nouvelles qui leur permet vraiment de progresser dans leur relation. Le dénouement, bouleversant, les rapprochera pour de bon. Les interprétations de Ruth Leuwerick et de Hans Georg Panczak sont exigeantes, intenses, vives, passionnées et passionnantes. Anecdotes :
5. ACTES D'AMOUR Date de diffusion originale : 5 mai 1978. Résumé : Le petit ami de Cosima est tué froidement devant chez elle, où elle vit avec son père. Ce dernier, enseignant dans leur lycée se montre intraitable envers ses élèves qu’il soupçonne tous du meurtre. Critique : Cet épisode est sans doute celui qui traite le plus explicitement du fossé qu’il existe entre les générations : Oswald Stein, homme droit, très bien élevé, au caractère intransigeant et ses élèves tout particulièrement Heinz, adolescent sans véritable attache, ayant un penchant pour toutes les déviances (alcool, drogue, sexe). Oswald est un homme très protecteur envers sa fille, étant seul pour l’élever et étant mutuellement présents l’un pour l’autre, lorsque son petit ami se fait tuer : elle est dans un état de choc qui la conduit à l’hôpital où il refuse que qui que ce soit la voit, à commencer par Heinz qu’il estime responsable de la destruction de l’âme de sa fille, après lui avoir fait essayer plusieurs expériences. Derrick, de son côté, enquête sur la victime : le géant d’une boite de nuit âgé de 35 ans et sur sa relation avec Cosima. D’ailleurs, on appréciera une petite séquence humoristique où Derrick et Klein sont à la boite de nuit et assistent à la danse d’une afro-américaine. Ils y rencontrent son associé qui lui informe que la victime et Heinz étaient « ennemis mortels ». Derrick va passer un peu de temps avec Heinz, qui est toujours amoureux de Cosima et lui-même un enregistrement vidéo quelque peu explicite de leurs moments ensemble. Vers la fin de l’épisode, la relation entre Oswald et Heinz s’améliore, chacun se respectant l’un et l’autre. Mais surtout, par un dénouement très futé, nous découvrirons que l’assassin est quelqu’un de pour le moins surprenant. Un épisode très touchant et juste, qui retourne les notions du bien et du mal et des jugements que l’on porte sur les autres. Thomas Holtzmann, droit comme I, livre une prestation sèche, pure et intense face au dynamique Markus Boysen. Anecdotes :
Date de diffusion originale : 16 juin 1978. Résumé : Pendant le concert de Robert Van Doom, la gouvernante de son épouse est assassinée. Son épouse l’accuse d’être instigateur du crime, ce qu’il nie farouchement… Critique : Après deux épisodes excellents centrés sur l’étude des caractères humains, retour à un épisode beaucoup plus classique mais au rythme alerte. Et de la performance d’acteur, à commencer par Peter Fricke, survolté (et impeccablement doublé dans la version française par Guy Chapellier) : ce qui n’est pas étonnant, son personnage tente comme il peut de se défendre d’une accusation de meurtre qu’il n’a pas commis, étant en plein concert, au même moment, ni fomenter. Mais personne ne veut le croire. Comment peut-il convaincre de son innocence, alors qu’il a déjà un parfait alibi ? Son mariage est une véritable catastrophe et tout le monde semble s’acharner sur lui. Sauf Helga, la fille de la victime qui lui fait preuve d’un grand soutien. Derrick et Klein découvrent qu’il a une maîtresse et veut divorcer depuis deux ans, mais son épouse refuse car elle prétend qu’il lui doit toute sa carrière. Peu après, une lettre arrivée par la poste disant simplement « Je m’excuse » comme si le meurtrier s’était trompé de cible, pour Derrick : c’est bien suspect et il a le sentiment que quelqu’un veut absolument faire tomber Monsieur Van Doom. Un dénouement plutôt inattendu et malin. Anecdotes :
7. PENSION DE FAMILLE Date de diffusion originale : 14 juillet 1978. Résumé : Une jeune femme habitant une pension de famille a été empoisonnée par des chocolats laissés par sa colocataire, très séduisante. Derrick décide d’y faire habiter Klein pour retrouver le meurtrier… Critique : Épisode très particulier, puisqu’il y a très peu de moment d’enquête à proprement parler, mais une observation des êtres humains, du désir masculin (et même féminin) dans un lieu clos. Chaque personnage est finement écrit et plutôt bien interprété. Beate est l’objet de tous les regards : son physique de poupée, ses grands yeux, sa bouche pulpeuse, sa jeunesse, sa pureté ne laisse personne indifférent. Les autres résidents de la pension de famille sont tous sous le charme, y compris la propriétaire de l’établissement (créant un sous-texte lesbien dans quelques scènes). Et même finalement Klein mais Derrick sera là pour le secouer. Au bout d’un moment de son infiltration, il comprend que presque tous les locataires ont eu une relation physique et sexuelle avec Beate et qu’elle les a jetés peu après pour se chercher d’autres mâles, jamais satisfaite. Mais cela ne le fait pas vraiment avancer et Klein est là depuis un bon moment. Alors Beate, actrice, a soudainement décroché un rôle, de quoi fêter cela. Au cours de cette fête, Beate dit avoir extrait le cognac des chocolats qui avaient été empoisonnées et avaient tués son amie, pour les mettre dans des tasses. Et alors que tout le monde s’apprête à boire : les deux assassins paniquent et leur ordonne de ne pas boire… Cet épisode contient quelques séquences ridicules parfois, mais assez riches sur les sentiments humains, amoureux, platoniques, semble désuet par moments, mais fonctionne plutôt bien, sans trop tirer en longueur. Anecdotes :
8. SOLO POUR MARGARETE Date de diffusion originale : 4 août 1978. Résumé : Une jeune femme inconnue est retrouvée morte. La propriétaire de son appartement reconnaît sa photo dans le journal et appelle la police. Mais peu après, deux hommes pénètrent dans l’appartement de la victime et y retirent le poster d’un guitariste… Critique : Cet épisode commence vraiment très fort : avec un concert, une course-poursuite entre la police et une autre voiture, et le saccage d’un appartement. Derrick et Klein, avec l’aide de la propriétaire découvrent que la victime était très liée avec un guitariste : Alexis, en allant le voir : ils constatent qu’il est drogué. Tombant sur son manager qui est aussi son frère, se montrant très protecteur envers lui. Puis ils rencontrent la sœur de la victime, qui lui ressemble fortement. Celle-ci va se rendre à la boite d’Alexis qui a le sentiment de voir sa sœur défunte. Cette scène n’est pas sans faire penser à l’épisode « Johanna » (saison 1, épisode 2) où un meurtrier se retrouve confronté à la sœur jumelle de sa victime. Après une overdose qui le conduit à l’hôpital, Alexis accepte d’aller voir Derrick, accompagné de son indispensable frère et ils tentent de reconstituer les derniers pas de la victime, mais Alexis finit par disjoncter, jurant n’y être pour rien dans le meurtre. Derrick apprend par la suite que la victime voulait faire arrêter la drogue à Alexis, mais celui-ci persuadé qu’il ne sera jamais meilleur musicien sans cela, refusait catégoriquement. Nous avons ici un regard très réaliste sur l’impact de la drogue dans l’univers musical. Alexis raconte à Derrick s’être disputé violemment avec Margarete, que celle-ci lui a détruite une seringue et qu’il l’a démoli, mais ce n’est pas cela qui l’a tué. Derrick creuse et découvre finalement toute la vérité… L’épisode se termine par un happy-end qui fait penser qu’Alexis vivra une histoire avec Ursula, la sœur de la victime, avec l’approbation de Derrick. Au final, un épisode efficace, quoi qu’un peu niant-niant, rythmé par la musique puissante de Klaus Doldinger. Avec cet épisode, Reinecker continuait sa charge contre la drogue, qu’il abordera, avec toujours plus de pugnacité dont le paroxysme sera atteint dans l’excellent « Du sang dans les veines » (saison 7, épisode 7). Anecdotes :
9. LE PÈRE DE LISA Date de diffusion originale : 25 août 1978. Résumé : Ludwig Heimer, chômeur et alcoolique harcèle son ex-femme Elsa et leur fille Lissa. Dans la soirée, Schröder, le comptable d’Hassler, le nouveau mari d’Elsa est assassiné. Heimer est immédiatement soupçonné du crime… Critique : D’apparence classique, cette nouvelle enquête est toutefois assez pointue. La distribution et l’interprétation sont très inspirés. Il y a, par ailleurs, des motifs similaires à l’épisode « Concerto » (épisode six de cette saison) à savoir un homme que tout accuse, par son comportement, d’un crime qu’il jure ne pas avoir commis. Pour Derrick, la tâche semble être simple : il arrête donc Heimer assez vite, tente de le faire parler, mais il nie, au grand dam d’Hassler. Tandis que Lissa, témoin du crime, s’est enfermée dans le mutisme. Par la suite, Derrick et Klein vont rencontrer le cousin et colocataire de Schröder, un certain Platzek qui tient absolument à avoir une image de son corps, et découvrent qu’il avait prélever beaucoup d’argent récemment. Plus tard, Heimer affirme qu’Hassler l’a contacté dans l’après-midi, pour lui donner rendez-vous à sa demeure à vingt-deux heures trente, ce qu’il a accepté et s’y est rendu, a attendu, mais personne n’est venu. Entendant les coups de feu, il s’est tiré. Derrick est suffisamment intrigué pour demander confirmation à Hassler, qu’il le nie. En allant le voir, Derrick croise Platzek qui semble traiter avec lui. Ce dernier finit par expliquer que Schröder faisait chanter Hassler… Pour Derrick, il ne fait désormais nul doute qu’Hassler est l’assassin. On notera par ailleurs le comportement incestueux d’Hassler envers sa belle-fille… Bien que le dénouement soit assez prévisible : tant Hassler charge Heimer et qu’il a commis le meurtre pour se débarrasser de deux problèmes : son maître-chanteur et l’ex-mari de sa femme. Anecdotes :
Date de diffusion originale : 22 septembre 1978. Résumé : Hossbach, un policier surveille Lukas, un truand. Il le suit jusqu’au lieu de son nouveau méfait, qui échoue. Et Lukas tue Hossbach. Pour l’aider dans son enquête, un collègue de Derrick l’envoie vers Henze, un indic… Critique : Cet épisode est vraiment pas mal sur plusieurs points. A la fois, le plaisir de voir Götz George dans le rôle d’un truand hâbleur, étouffé par sa mère. Le portrait touchant, quoi qu’à la limite du pathos, d’un indic aimant plus que tout au monde sa nièce, faisant tout ce qu’il peut pour elle et désirant lui créer un avenir. Côtoyant aussi bien les flics que les malfrats, il tente de s’en sortir, en les trahissant sans cesse, s’attirant évidemment leurs foudres. Mais c’est le prix à payer pour sauver sa nièce, afin qu’elle ne devienne pas une prostituée comme sa mère. On se demande bien comment il va s’en sortir, le final lui offre un peu d’espoir (ce qui est assez rare dans la série finalement). Pour ce qui est de l’enquête, elle est plutôt bien rythmée, faisant partie de celles où Derrick démontre sa tchatche, se montre pugnace et à la fois l’air de rien y toucher en sympathisant avec des truands, les poussant à être plus sur leurs gardes, et donc à commettre des erreurs. La mise en scène bien que généralement classique, offre quelques plans originaux comme la scène du meurtre où la victime se bats avec Lukas est filmée caméra à l’épaule. L’interprétation est de qualité, outre évidemment Götz George, Klaus Behrendt qui joue Henze, livre une prestation intense. Anecdotes :
11. LES SECONDES PERDUES Date de diffusion originale : 20 octobre 1978. Résumé : Mme Leubel livre une robe chez Mme Kwien. Elle est alors étranglée par un inconnu. Peu après, Mme Kwien est retrouvée morte et Mme Leubel, étant amnésique ne peut pas décrire son agresseur… Critique : Un témoin amnésique, son mari alcoolique et sa tante bienveillante, un couple de voisins antinomiques, un ex-mari un peu trop curieux : voilà une jolie galerie de personnages qui bercent cet épisode plutôt pointu, soutenu par un Derrick en forme. Mme Kwien à la tête d’une entreprise, partagée avec son ex-mari, est assassinée. Mais Derrick et Klein vont devoir faire sans le seul témoin. Ils rencontrent une certaine Schenk, secrétaire de la victime et de son ex-mari chez qui elle devait se rendre pour lui livrer des documents administratifs. Elle y a été conduit par Brückner, son beau-frère. Se rendant, à la suite, à la maison de couture où travaille Mme Leubel, on leur apprend qu’un policier à chercher à la joindre et lui a demandée son adresse. Le lendemain, Derrick constate que cette affaire de meurtre est en première page dans un article où est indiqué l’amnésie de Leubel. Il se rend donc chez les voisins de la victime, eux aussi témoins et le mari leur avoue que c’est bien lui qui a balancé les infos au journaliste. On peut noter un dialogue savoureux qui donne le pouls de leur couple, le mari se défendant : « Quoi ? J’aurais du rien leur dire du tout ? C’est qu’ils m’ont demandé de leur raconter, j’ai bien été obligé de tout leur dire. Si jamais, j’ai fait une erreur, excusez-moi, mais c’est votre faute : vous auriez du me le dire plutôt, qu’il fallait que je me taise », ce à quoi sa femme rétorque : « Toi : si jamais tu tenais ta langue, ce sera la première fois ! ». Les deux inspecteurs se rendent chez Mme Leubel et découvrent un jeune homme avec un pistolet chargé que son mari identifie comme son agresseur. Ils le relient à Mme Schenk… Le dénouement est classique mais fonctionne très bien. Anecdotes :
12. UTE ET MANUELA Date de diffusion originale : 17 novembre 1978. Résumé : Un certain « Blacky » est abattu dans le parking sous-terrain de sa boite de nuit préférée. Peu avant, il avait tabassé sa petite amie Manuela… Critique : Cet épisode éprouvant est centré sur la relation entre Manuela, une jeune femme désespérée, victime d’un petit ami et d’un père violent et Ute, son assistante sociale, qui veut la protéger. C’est vraiment passionnant, car Ute qui, si elle est vraiment un rôle positif, doit jouer finement sa partition pour ne pas que la police ne pense que Manuela est la meurtrière, en plus de devoir se couvrir, elle-même, auteur du crime. Peut-être au fond, si elle veut tant protéger Manuela, ce n’est pas par passion pour son métier, pas par attachement envers elle, mais par amour. Quelques gestes et paroles suggèrent cette hypothèse. Nous voyons assez peu Derrick de l’épisode qui semble présent pour créer des transitions entre les personnages et arriver au bon moment dans certaines situations (comme celle où le meilleur ami de la « victime » allait abuser sexuellement d’Ute). L’ensemble est soutenu par la performance de Cornelia Froboess, impressionnante en ange gardien qui fera tout pour que plus rien n’arrive à sa protégée. Elle fait de longs monologues, expliquant pourquoi (mais pas totalement) son personnage agit ainsi. Nous regretterons l’utilisation de bandes-originales comme « Grease » de Frankie Valli qui ancre trop l’épisode dans son époque. Anecdotes :
Date de diffusion originale : 15 décembre 1978. Résumé : Le père de Robert a engagé un professeur particulier pour l’aider dans ses examens, que, s’il les réussit, il pourra reprendre son cabinet. Mais ce n’est pas suffisant. Adelheid, la sœur de Robert propose au professeur de l’aider à tricher mais il refuse. Peu après, Hofer écrase accidentellement un jeune homme… Critique : Si je pouvais mettre une note plus élevée que 4, je le ferais ! « Le mystère » est vraiment l’un des meilleurs épisodes de la série, construit comme un engrenage terrifiant, où se télescopent deux intrigues simultanées ! Le scénario est du pur génie. Et pour cela, il est assez difficile à raconter. Le docteur Becker souhaite que son fils Robert reprenne son cabinet, il doit réussir son examen mais stressé, peine à se concentrer, et ce même avec un prof particulier, Hofer, engagé depuis quelques temps. Comment faire alors pour que Robert réussisse son examen ? Adelheid, la sœur de Robert (et fille du docteur) demande à Hofer de l’aide, en trichant, mais il refuse : elle l’emmène alors dans une boite de nuit où elle le drague mais il comprend où elle veut en venir et s’en va violemment. Troublé par la jeune femme, un peu saoul, il renverse accidentellement un jeune homme errant sur la route, ne sachant quoi faire, il prend la fuite. Le jeune homme est retrouvé mort peu après par le docteur Becker qui va aider Derrick dans leur enquête : pour lui, c’est certain, il a été tué par un véhicule au par-choc robuste. Revenant chez lui, il parle de cette affaire à ses enfants, décrivant la voiture, qui alerte Adelheid car elle correspond à la voiture d’Hofer. Elle décide de l’appeler pour voir sa réaction. Celui-ci est dans tous ses états, paniqué : la façon dont il lui répond, la satisfait. Elle est certaine que c’est lui. Et va lui proposer un marché : en échange de ne pas le balancer à la police, il va devoir récupérer les copies des réponses d’examens. Elle le tient, et il ne peut qu’obéir pour ne pas aller en prison. Elle et Robert vont même l’aider à réparer sa voiture… De leur côté, Derrick et Klein patinent : aucun proche de la victime ne se manifeste et au cours de leurs venues à la boite de nuit, ils croisent Adelheid qui se montre collante : elle veut se tenir au courant de l’enquête : elle a tout intérêt à ce que les inspecteurs concluent à un accident. Mais hélas, pour elle et son frère, les deux inspecteurs vont finir par avancer et découvrir que la victime, après avoir été renversé, a été tabassé à mort, par un type fou de jalousie. Leur père les tient au courant et pour eux c’est évidemment une catastrophe. Le lendemain, Robert se rend à son cours, Hofer est absent, un de ses camarades lui annonce qu’il s’est pendu. Robert demande à son prof : « Pourquoi ? », il lui répond : « Le mystère total. », l’épisode s’achève sur une image du visage de Robert qui sait tout. Le final est vraiment glaçant, car nous comprenons qu’Adelheid a poussé Hofer au suicide, s’étant donné la mort alors qu’il ignorait qu’il n’avait pas tué le jeune homme. Il s’est tué pour rien sans le savoir et cela seul Robert le sait. C’est absolument diabolique, inoubliable. Marquant. L’épisode se termine alors que Derrick et Klein n’ont pas fait le lien entre la voiture d’Hofer et la victime, même si le vendeur d’une boutique a reconnu le collier d’Adelheid et que semble-t-il, Klein va creuser sur cette piste. Si l’enquête de l’épisode est résolue, une autre, une fois l’épisode fini, va visiblement commencer. C’est déjà original, mais en plus d’avoir délaissé Derrick et Klein pendant une grande partie de l’épisode (le dénouement de leur enquête est vite expédié) pour une autre intrigue simultanée et liée indirectement au meurtre, c’était osé. Pour finir, l’interprétation est excellente. Anecdotes :
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Saison 4
Date de diffusion originale : 23 janvier 1977. Résumé : « Yellow He », une reine de la nuit séduit Ali Rabes, un jeune homme bégayant au physique un peu difficile, l’oncle de celui-ci se fait assassiner dans la foulée. Est-ce lié ? Critique : La conclusion de l’épisode est certes très prévisible, car on ne peut pas croire une seconde que cette histoire d’amour, débutant par un coup de foudre, tellement belle, ne cache pas quelque chose. Entre cette jeune fille très attirante et ce jeune homme qui n’attire pas vraiment les regards. Comme par hasard, il est le petit-fils d’un homme très riche et mourant. Et son oncle vient tout juste de se faire tuer. Alors qu’il se marie dans la foulée, Derrick et Klein mènent leur enquête paisiblement, interrogeant son épouse (qui leur apprend le côté volage du défunt) et son frère. Ils soupçonnent tout d’abord les deux d’avoir préparé le meurtre afin d’hériter du pactole, d’autant que lorsqu’ils reviennent la voir : elle apparaît non plus triste, mais souriante, gaie. Puis ils font connaissance avec le mari de la secrétaire du défunt, connu pour son alcoolisme et pour avoir fait des menaces à ce dernier. D’ailleurs, on notera que Klein fera preuve d’un certain sarcasme lorsque le frère évoquera ces menaces : « Il lui as dit : « Attention ça va barder. » », ce à quoi Klein répond : « Non, mais dis donc, ça devient sérieux ! ». Mais Derrick a déjà une autre idée et il finira par revenir inévitablement à notre couple qui convole dans leur nouvelle maison, et surtout au meilleur ami d’Ali, qui squatte la maison et ne cache pas qu’il considère Ali comme un attardé (bien que ce ne semble pas être péjoratif) … Cette quatrième saison s’ouvre avec un épisode plutôt léger, prévisible donc, par moments euphorique : entre moments d’enquête pur et bonheur simulé. Les dialogues sont punchy. Anecdotes :
2. UNE AFFAIRE LOUCHE Date de diffusion originale : 06 février 1977. Résumé : Un frère et une sœur découvrent leur père pendu dans le grenier de la demeure familiale... Alors que cela ressemble à un suicide, la sœur est persuadée que son père a été tué… Critique : A quel point connaissons-nous vraiment nos proches ? C’est à cette question que tente de répondre cet épisode en apparence très classique (l’enquête en elle-même n’a rien d’exceptionnelle), mais soutenu par des personnages très bien écrits et des dialogues, comme souvent à cette époque de la série, tendus, ciselés. Heli (incarnée par une Helga Anders en très grande forme) refuse de croire que son père puisse être suicidé : « Il n’avait aucune raison de le faire. C’était un homme heureux. », affirme-t-elle, mais peut-être avait-il des problèmes dont il ne se serait pas confié, justement pour ne pas qu’elle s’inquiète ? Elle refuse d’y croire, et Derrick se débat presque avec elle : pour lui, c’est un suicide. Mais elle reviendra à la charge jusqu’à ce qu’il accepte d’enquêter, Klein lui sera toujours réservé. Il découvre que les affaires du défunt ne fonctionnaient pas si bien que cela : ce qui confirmerait la théorie du suicide, sauf qu’il avait été victime de détournements de fonds par son bras droit et qu’il était en désaccord avec Kless, mania de l’immobilier sur une affaire très importante. Avec ce dernier que Derrick ne porte pas de son cœur, je noterais cet échange très drôle. Kless, agacé par les questions de Derrick : « Vous me faites perdre mon temps, vous savez ce que ça coûte ? », ce quoi à Derrick, détaché, réponds négativement, Kless insiste : « Bon, encore des questions ? », Derrick, ne change pas de ton, réponds à nouveau négativement, Kless s’en va alors furieux et pressé de son bureau. Le final est remarquable, plein de suspense et très bien monté. Anecdotes :
3. UNE NUIT D'OCTOBRE Date de diffusion originale : 06 mars 1977. Résumé : Une jeune femme est retrouvée morte devant chez elle. Derrick soupçonne un représentant de commerce n’ayant pas la langue dans sa poche… Critique : La première partie de l’épisode où Derrick a affaire à Steinbrink, le représentant de commerce et vraiment hilarante. Traugott Buhre qui l’interprète est absolument irrésistible. Personnage au métier payé pour avoir du bagout affirme à Derrick qu’il a accepté et voulu raccompagner la jeune femme chez elle, mais presque arrivée à destination, il a commencé à se montrer pressant envers elle, quittant sa voiture très brutalement. Mais personne ne veut le croire ! Il n’est pas vraiment aidé par des témoins, amis de la victime. En plus, l’avocat chez qui elle était secrétaire, fait tout ce qu’il peut pour l’enfoncer, proposant à Derrick et Klein son aide, quitte à les aider un peu trop – notamment en leur faisant envoyer un dossier sur ses penchants sexuels étranges. Ce bon avocat cour-cuitera même Derrick, qui ne va guère apprécier et orientera ses soupçons vers lui. Mais ce n’est pas si simple. D’autant que Derrick va rencontrer sa mère, qui est une femme autoritaire, sèche, n’ayant jamais pu tolérer la victime, avec qui, évidemment, il avait une liaison. Alors qui couvre qui ? Où se couvrent-ils mutuellement ? Le dénouement sera très surprenant, affaires de regards et de jalousie. Le mobile le plus vieux du monde pour une enquête très intéressante. L’interprétation est de très bonne tenue, malgré une mise en scène assez rigide. Anecdotes :
Date de l’épisode originale : 20 mars 1977. Résumé : Après un cambriolage, plusieurs pensionnaires d’une maison de retraite transportent l’un des leurs, blessé, à leur domicile. Derrick se montrera assez brutal envers eux… Critique : Très original, assez triste et parfois amusant, cet épisode centré sur des papys bandits, se suit agréablement. L’introduction est particulièrement savoureuse : les quatre retraité(e)s traversant la ville, tentant de maintenir l’un de leurs amis debout, que les passants pensent alcoolique, vont finir par voler une voiture pour achever leurs parcours et laisser son corps dans le jardin de la maison de la retraite. Ici, tout est verrouillé : ils ont des horaires bien précis pour sortir, faire une promenade, mais ce soir, comme plusieurs autres, ils sont sortis pour faire un cambriolage. Qu’importe leur âge très avancé (les comédiens ont entre 70 et 80 ans), Derrick ne les ménagera pas : il soupçonne aussitôt quelque chose dans leurs attitudes. Et en plus ils ont du répondant ! Impressionnant leur vitalité. Justement, cet épisode pose un regard sans fard sur la vieillesse dans une maison de retraite : les routines, le règlement qui leur laisse peu de liberté, se sentant prisonniers, en attendant l’inévitable Mort. Alors, à l’instar des jeunes de l’épisode « Risque » (saison 3, épisode 12) : ils décident de finir leur vie en vivant justement, prenant des risques, se faisant de l’argent afin de se payer des petits plaisirs auxquels ils ont du renoncer depuis longtemps. Derrick, alerté par la petite fille de la victime qui prétendait recevoir tout bientôt une « importante » somme d’argent, se dit qu’il y a matière à creuser et fait surveiller nos chers papys pendant leurs sorties. Et découvrent que le leader de la bande rencontre un type qui fréquente un bar louche. La fin est assez prévisible : ces vieux travaillant pour leurs comptes d’autres personnes bien plus dangereuses qu’eux, et Derrick éprouve peut être finalement une certaine compassion envers eux. Anecdotes :
5. LA MORT DE L'USURIER Date de diffusion originale : 3 avril 1977. Résumé : Minsch, un usurier au caractère épouvantable est assassiné. Son comptable et sa secrétaire sont soupçonnés… Critique : Un épisode très inspiré et fourre-tout, soutenue par une interprétation intense, où chaque personnage est écrit avec un soin particulier. Ce n’est pas l’enquête qui est intéressant ici, elle est somme toute classique, mais les suspects et témoins, aux comportements euphoriques. Dans cet épisode : nous avons droit à une histoire d’amour, à de l’action, à des secrets dissimulés. Et on aurait rarement vu une victime autant détestable, d’un autre côté, Minsch est interprété par Peter Kuiper, grand adapte des rôles de bourrins. On peut souligner, à ce titre, le casting très bien choisi. Tout son entourage était lassé du comportement de Minsch, alors lorsqu’il meurt : c’est une véritable délivrance. Winterhammer, son comptable et Hilde Hensch, sa secrétaire vont pouvoir vivre heureux ensemble. Leur relation d’ailleurs est vraiment très intéressante, touchante : le premier est un grand dadais très timide, fou amoureux qui cherche à sauver la deuxième et ferait absolument tout pour cela y compris se faire défoncer la tête lorsque ses anciens potes viendront la chercher. Et c’est là que Derrick, qui les soupçonne fortement tous les deux (leur alibi est très fragile) interviendra. Si les sentiments ne sont pas réciproques au premier abord, tant la jeune Hilde est une jeune femme très belle, extravertie, soit son opposée, ils éprouvent clairement un attachement réciproque. Ils ont aussi soudainement de l’argent, qui leur permet de réaliser leurs rêves. Winterhammer gâte Hilde de beaux vêtements et lui achète une machine à écrire pour lui apprendre à être une vraie secrétaire. Un bonheur euphorique et partagé, l’enquête passant au second plan dont le dénouement, d’ailleurs, est très surprenant et un peu trop facile (Derrick explique à l’assassin toutes les preuves qu’il a trouvé, alors que nous n’en avons jamais entendues parler). Gerd Baltus qui incarne Winterhammer est exceptionnel, plein de retenue tout en étant presque tout le temps en mouvement, face à lui, Agnes Dünneisen, très bien en Hilde, en accord total avec son partenaire : couple improbable, vraiment attachant. Anecdotes :
6. RESPONSABILITÉ PARTAGÉE Date de diffusion originale : 12 juin 1977. Résumé : Eberhard Horre, un entrepreneur reçoit un coup de fil de sa femme : elle semble être blessée. Il se précipite là où elle se trouve, dans un appartement : il la découvre morte. Derrick découvrant la vie secrète de la victime, va vite le soupçonner. Critique : Le final de cet épisode est absolument extraordinaire, l’un des meilleurs de la série. Pour y arriver, nous avons droit à une enquête qui nous emmène aussi bien sur des chantiers que dans des milieux plus « légers » car la victime, ancienne prostituée, continuait à pratiquer son métier, afin de continuer à se faire un peu d’argent, bien entendu sans que son mari et sa famille peu ouverts d’esprits ne le sachent. Toutefois, à l’un de ses amies, elle avait confié qu’elle pensait qu’ils l’avaient découverts. La liste des suspects se rallonge : entre anciens clients et membres de la belle-famille, ces derniers ne la portant pas vraiment de son cœur, même avant d’avoir découvert son petit secret. Sa personnalité extravertie ne collant pas vraiment avec le sérieux de cette famille. Derrick est alors contacté par un de ses clients qui vient de recevoir une menace de chantage, et sans vraie surprise, découvrent que le beau-frère est dans le coup. Derrick songe alors à comment le mari a fait pour tuer sa femme, alors qu’il l’avait au téléphone : où du moins a-t-il fait semblant de l’avoir au téléphone, car seul lui peut témoigner de cela : la secrétaire qui a pris l’appel n’a pas bien entendu la voix de sa femme. Il l’avait déjà tué avant, et avec son frère : ils ont mis au point leur plan : le deuxième allait appeler un peu plus tard, pour faire croire que la femme était encore en vie. Astucieux, reconnaît même Derrick. Et nous aussi. L’interprétation est de bonne tenue et la mise en scène, efficace. Anecdotes :
7. LE CRIME DU TRANS-EUROPE-EXPRESS Date de diffusion originale : 10 juillet 1977. Résumé : Un journaliste, voisin de Derrick, est assassiné dans le Trans-Europe-Express. Derrick et Klein découvrent l’appartement de la victime saccagée… Critique : Un épisode très complexe à saisir, qui prends vraiment son temps. Mais intéressant pour l’implication de Derrick dans cette affaire : puisque Kessmer, la victime était un de ses voisins, qu’il le connaissait, cela devient plus personnel. Il s’impliquera donc au maximum dans cette enquête, quitte à désobéir à ses supérieurs, dès lors qu’il entre dans des milieux auquel il ne peut pas accéder. Car il découvre, à peu près à la moitié de l’épisode, que Kessmer était un espion. A partir de là, Derrick semble craindre où il va devoir mettre les pieds et exprimera à plusieurs reprises une certaine lassitude envers son métier – ce qui est peu arrivé jusqu’à présent dans la série, ou en tout cas autant – regrettant d’abord les crimes ordinaires « motivés par la jalousie », un peu plus tard, il dit qu’il aimerait prendre des vacances deux semaines. L’épisode s’engage dans une sauce James Bond où Derrick tombe sur le charme de l’ex-collègue de Kessmer sur fond de musique élégante, quelque chose d’agréablement rétro dans l’air. Pour en revenir directement à l’enquête, heureusement pour le téléspectateur qui n’y comprend pas grand-chose, que vers la fin de l’épisode, Klein fait le point à Derrick. Anecdotes :
Date de diffusion originale : 21 août 1977. Résumé : Renz, un musicien malade revient d’un voyage en Asie. Dans la soirée, il doit se rendre à un rendez-vous où il est tabassé. Il meurt peu après… Critique : Un épisode vraiment très intriguant mais plutôt classique. Le lendemain du meurtre, Helga, la fille de la victime reçoit un coup de fil de personnes visiblement liés au crime : ils se fixent rendez-vous mais c’est Rosska, un ami de son père qui vient et lui propose son soutien. Peu après, elle reçoit un autre coup de fil menaçant exigeant qu’elle rende un paquet que transportait son père : ils se donnent de nouveau rendez-vous, cette fois dans une boite de nuit. Comme par hasard, juste après, Rosska qui semble connaître l’existence de ce paquet se montre insistant et fouille les bagages de son père mais il ne trouve rien. Derrick et Klein assistent à la scène de la pièce d’à côté, sans réagir. Helga se rend au rendez-vous, tandis que Rosska, arrêté par Derrick et Klein leur raconte qu’au cours du séjour à Bangkok, un de ses amis lui a proposé de se faire un peu d’argent, en acceptant de transporter quelques paquets d’héroïne qu’il a donné à deux hommes à son arrivée à Munich. Mettant également Renz dans le coup mais ce dernier n’a pas remis son paquet et cela lui a coûté la vie. Après ces aveux, dans la boite : Helga se fait kidnapper et s’en suit une poursuite et des échanges de coups de feu dans le sous-sol. Elle est sauvée et peut dire la vérité à Derrick, qui lui assène une leçon de morale. Sa dernière réplique signe les prémisses d’une charge anti-drogue de Reinecker, puisque ce thème reviendra régulièrement dans des épisodes ultérieurs notamment dans le Marquant « Du sang dans les veines ». L’interprétation de Cornelia Froboess est très bonne et elle fera encore mieux avec un personnage beaucoup plus intéressant dans l’épisode « Ute et Manuela ». Anecdotes :
Date de diffusion originale : 18 septembre 1977. Résumé : Un laveur de voitures à domicile découvre le cadavre d’un homme : un certain Rombach. Derrick et Klein le soupçonnent d’abord avant de l’innocenter et de découvrir la vie très chargée de la victime... Critique : Un épisode à la conclusion assez prévisible mais plutôt futée qui évoque le thème du viol – assez rarement exploité dans la série. Parmi les plaisirs de cet épisode, déjà de retrouver le jeune acteur au visage enfantin Wolfgang Müller, en simple témoin, alors qu’il avait joué le meurtrier dans « Risque » (saison 3, épisode 12), fidèlement et très bien doublé dans la version française par l’inestimable William Coryn. Évidemment, Derrick soupçonne le laveur de voiture à domicile qu’il incarne mais il sera innocent. L’enquête oriente Derrick vers le monde de la photographie et l’univers de la mode : un univers « bling-bling » pas si souvent que cela traité de la série, ce qui permet quelques scènes très bien éclairées. Derrick vient rendre visite à l’ex-femme de la victime, qui reste de glace face à la nouvelle. Peu après, ils découvrent que Rombach a été tué avec la même arme qu’un photographe : un certain Hoffman. Ce dernier jouait souvent au skat avec Baukhaus, un pharmacien, qui semble avoir peur d’y passer à son tour. En le surveillant, ils le voient se rendre à l’école des Beaux-Arts où il veut parler à un certain Weyk, qui ne veut pas le voir. Derrick et Klein vont lui rendre visite et ils apprennent que Baukhaus, Rombach et Hoffman ont drogués et violés sa fille Gabriella qui s’est suicidée… Ils soupçonnent alors sa sœur Lena d’avoir commis les meurtres. S’ensuit une jolie séquence bucolique où Derrick, Echterding et Klein observent Lena et son copain faire du cheval, sur fond d’une musique romantique. L’épisode se finit sur Derrick et Klein qui empêchent Lena et son copain de tuer Baukhaus. Il fallait oser tout de même : démarrer un épisode de manière assez froide et brutale et l’achever sur une histoire d’amour créer à partir de la manipulation : d’un autre côté, comment pas être charmer par Lena, incarnée par l’irrésistible Lisa Kreuzer ? Au fond, une histoire de vengeance manichéenne mais contrebalancée par un romantisme exacerbé. L’amour ne peut pas protéger de la haine. Anecdotes :
Date de diffusion originale : 16 octobre 1977. Résumé : Un ancien taulard découvre le cadavre d’une adolescente anglaise, ayant déjà été condamné pour tentative de viol quelques années plus tôt, il a peur de se faire accuser à son tour. Critique : Un épisode plein de suspense qui traite à nouveau de la thématique du viol et rappelle fortement l’épisode « La tentation », car au final : ça sera de nouveau (et dans des décors assez proches) le meurtre d’un homme poussé par ses pulsions sexuelles sur une belle jeune fille seule... Mais ce nouvel épisode, qui laisse l’enquête au second plan (nous voyons relativement peu Derrick et Klein) est le portrait d’un ancien taulard : Hans Beck, ayant une nouvelle vie depuis peu après avoir passé quelques années en prison pour tentative de viol. Et trouvant le corps d’une jeune fille : il craint bien sûr d’être de nouveau soupçonné. De voir sa nouvelle vie éclatée, d’autant que sa femme ne sert rien de son passé. Alors il demande à son meilleur ami Manfred d’aller parler à la police en sa faveur. Mais ce dernier se montrera finalement assez ambigu à son égard, il aide, avant de réorienter ses soupçons vers lui sentant que l’étau se resserre : balançant à sa femme son passé par exemple. On notera que Derrick se montrera plutôt tendre envers Beck, ne le jugeant pas, le rassurant : « Ce n’est pas parce que vous avez fait de la prison, que je vais m’acharner sur vous. ». Lorsque Manfred se retournera contre Beck : Derrick commencera à avoir de sérieux soupçons, d’autant que des petits détails dans ses propos ne collent pas. Le final, jouant justement de ces petits détails est absolument génial, et la dernière réplique du meurtrier (et de l’épisode) est vraiment ironique. Anecdotes :
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Saison 2
1. LE BUS DE MINUIT Date de diffusion originale : 12 janvier 1975. Résumé : Helga, une jeune femme attend un enfant mais son fiancé Erich veut qu’elle avorte, ce qu’elle refuse. Lui donnant rendez-vous près d’un lac, ils se battent et il la noie. Oskar, son père, connaissant Helga qui travaille à son bistrot, l’aide à couvrir son crime. Mais Derrick et Klein ne sont pas dupes… Critique : Encore un père qui protège son fils ? Oui, cela fait penser au précédent épisode, mais cette fois c’est vraiment le fils qui a fait le coup. Le père, de nouveau une grande-gueule, agacera très vite Derrick, qui soupçonne quelque chose. D’ailleurs, il ne croit pas aux versions des témoins, qu’il pense, à raison, corrompu. Pire, ce père tentera d’envoyer les soupçons vers Bruno, l’idiot du village, amoureux de la défunte. Mais Derrick, voyant ce dernier pleurer affirmera : « Les meurtriers ne pleurent pas. ». Comment coincer l’assassin ? Il faut d’abord casser ce père : pour cela, notre inspecteur va squatter le bistrot qu’il tient, dormir dans l’hôtel qu’il tient conjointement. Il faut que ce cher papa sente sa présence. Mais en vain. Pour Derrick, ça semble compliqué : il n’a plus vraiment de cartouches : la seule qui puisse vraiment l’aider, c’est la serveuse qu’il va faire chanter. Au final, excédé, il fera part d’une violence physique extrêmement rare : poussant dans le lac le meurtrier qui avait fait exactement la même chose à sa fiancée, avant de lui asséner après ses aveux : « Tu as de la chance, d’être en vie toi. », on constate alors le dégoût de Derrick envers les meurtriers et se retenant vraiment d’en devenir lui-même un. De rendre la justice de manière définitive. Cet épisode est sur la thématique : jusqu’où est-on prêt à aller pour couvrir notre enfant d’un crime ? Ce qui reviendra régulièrement dans la suite de la série. Les dialogues sont, une nouvelle fois, géniaux. Pour l’interprétation : on retiendra surtout celle, déchaînée de Werner Kreindl, vraiment prêt à tout ou presque pour sauver son fils. Petit bémol : malgré un montage souvent efficace, cet épisode souffre un peu trop de longueurs. Anecdotes :
2. UN MORT SUR LA VOIE FERRÉE Date de diffusion originale : 09 février 1975. Résumé : Plusieurs jeunes femmes sont retrouvées mortes étranglées près de voies ferrées, mais Derrick et Klein ont très peu de pistes… Critique : Un épisode extrêmement intéressant et passionnant. Car nous suivons au tout début de l’épisode, la routine du meurtrier, qui est un ouvrier travaillant sur les voies ferrées, au physique peu avenant, moqué par ses collègues, montant à Munich régulièrement le soir, se rendant dans des clubs, prenant un des derniers trains de la journée et repérant une jeune femme qu’il tente de séduire : évidemment sans succès, avant de la suivre, de l’isoler, de l’étrangler et de déposer son corps près des voies ferrées. Pour cette enquête, Derrick va demander l’aide d’un psychiatre lui annonçant que le meurtrier aurait un complexe d’œdipe avec sa mère. En effet, nous apprenons que la mère du tueur est une prostituée qui refuse de voir son fils. C’est cela qui est très intéressant – bien que classique : cet assassin tue des femmes qui refusent de l’aimer et le font penser à sa mère, qui le repousse. Ce n’est plus un transfert de l’amour maternel mais de l’amour incestueux : il y a même une scène où l’assassin semble vouloir coucher avec sa mère – qui a l’air d’être à peine plus âgée que lui comme si elle l’avait accouchée alors adolescente. Après tout : elle se tape plein d’hommes sauf lui ! Le dénouement – parmi les meilleurs de la série – est aussi tragique que logique. L’assassin en fuite finira par tuer sa mère : l’ultime scène, où Derrick le voit, venant de commettre son ultime meurtre est sans le moindre dialogue : il n’y en a pas besoin, tant c’est éloquent. L’interprétation est excellente : prendre un acteur au physique assez difficile comme Peter Kuiper était évidemment une bonne idée, mais en plus il est intense, incarnant à la perfection, une espèce de bête qui fait un peu tout ce qu’il peut pour séduire (s’habillant chiquement) mais en vain. Par cela, aussi l’épisode rappelle que le physique comptera toujours avant la richesse intérieure de la personne. Anecdotes :
3. LE DIPLOMATE Date de diffusion originale : 09 mars 1975. Résumé : Harald Rohn, un jeune étudiant en diplomatie braque son voisin : un certain Seibach qui convoie l’argent d’un supermarché tous les soirs, mais au cours du vol : il fait tomber un stylo qui lui avait montré la veille chez lui pendant une partie de cartes. Le soir, Seibach vient lui demander des comptes, exigeant qu’il se rende à la police, Rohn refuse et le tue. Critique : Un excellent épisode à la sauce « Columbo ». En effet : nous suivons le parcours de ce jeune étudiant, ayant étudié son coup, pour braquer son voisin en se servant d’un rendez-vous chez le médecin (dont la salle d’attente du cabinet donne une vue parfaite sur le parking du supermarché), le tuera et tentera de faire disparaître toutes les preuves. Il pense s’en sortir ainsi mais c’est sans compter sur Derrick qui le soupçonne immédiatement et ne le lâchera pas, revenant toujours à la charge pour une question, un petit détail et s’éternisera, si bien qu’évidemment notre assassin qui tente de garder son sang-froid, commencera à devenir paranoïaque : se parlant même à lui-même ! Le sentiment de devenir fou, s’emportant même face à la famille de la victime : grosse erreur à ne pas faire, car ces derniers étaient bien les seuls à croire à son innocence. Cumulant de plus en plus les bourdes, lorsque Derrick se décidera à le lâcher – car on a très peu vu s’acharner autant notre inspecteur contre un meurtrier, en venant presque jusqu’aux mains – il se sentira soulagé… Cet épisode est entièrement construit sur l’affrontement entre un meurtrier hautain, extrêmement confiant et un inspecteur obsessionnel. Les dialogues sont sans doute parmi les plus ciselés de toute la série, souvent hilarants, envoyés comme des « punchlines ». Face à Horst Tappert en très grande forme, il fallait un jeune comédien dynamique et c’est Thomas Fritsch, trente ans, qui a été choisi. Bien qu’il réapparaisse dans cinq autres épisodes, il n’aura jamais de meilleur rôle : celui-ci semble avoir été écrit pour sa performance physique et également psychologique. Nous arrivons à être dans son esprit, de plus en plus confus au fur et à mesure que l’épisode avance. Rappelant que Reinecker écrivait pour des performances d’acteurs, et celle de Fritsch est purement impressionnante, exigeante. Anecdotes :
4. VACANCES À MADÈRE Date de diffusion originale : 06 avril 1975. Résumé : Paul Bubach, un Don Juan assez âgé et plutôt aisé séduit des femmes riches et veuves en le faisant miroiter une nouvelle vie à Madère. En réalité, une fois qu’il a obtenu leurs économies, il les conduit à sa maison en forêt, les empoisonne et enterre leurs corps dans son jardin, mais son dernier crime est compliqué par le chien de sa proie… Critique : Cet excellent épisode d’une très grande finesse psychologique et ponctué d’humour aurait pu s’appeler comme un classique du cinéma : « Tueurs de dames ». Le personnage, sublimement incarné par l’immense Curd Jürgens, séduit ses proies dans les salons de thé – ce qui donne un côté très désuet à l’épisode – son plan est extrêmement bien préparé, mais il semble toujours oublier un petit détail. Derrick, que l’on voit semble-t-il pour la première fois chez lui, enquête déjà : obsédé par l’image d’une victime et la façon dont elle a disparue. Où est-elle si elle est encore en vie ? Il cherche à entrer dans sa tête, dans son existence : jusqu’à adopter son chien ! Revenant sur ses pas, il se rend donc au salon de thé où il croise l’assassin, auprès duquel il se fait passer pour le neveu de cette victime et le toutou réagit : ce « Rex » avant l’heure aidera beaucoup Derrick – ce qui vaudra quelques scènes très drôles, burlesques, surprenantes dans une série aussi sérieuse. Et après le chien, c’est Claire, la nièce de Bubach qui s’en mêle. Si notre tueur de dames n’a pas d’enfants, il a en effet une excellente relation avec sa nièce, étudiante, l’aidant financièrement. D’abord cette dernière est incrédule devant le toutou qui aboie devant une pièce close (là où Bubach a laissé des objets personnels de la femme que recherche Derrick), Comme souvent, au fur et à mesure des rentre-dedans de notre inspecteur, puis de sa nièce qu’il influence : le meurtrier qui tente de séduire une nouvelle future victime, va vaciller, perdre son sang-froid, devenir plus incohérent. Le final, plein de suspense, tire, hélas sur la corde, mais est jusqu’au boutiste. Il dîne une dernière fois avec sa nièce : il compte logiquement la tuer ? Non, il préférera se suicider, plutôt que d’aller en prison. Une fin brutale bercée par une chanson (française !) : « La mer » de Charles Trenet (sic), peut être manichéenne mais qui est très élégamment écrite, douce et à la fois brutale, ne laissant pas indifférent. Anecdotes :
5. LA CAVALE Date de diffusion originale : 04 mai 1975. Résumé : Haussman, un truand est arrivé à s’évader en demandant un pistolet à son avocat dont il a fait séquestrer la femme. Pendant sa fuite, il a tué un gardien de prison. Alerté, Derrick et son équipe se mettent à la traquer… Critique : Cet épisode nettement plus palpitant qu’à l’habitude, mené à un rythme effréné, soutenu par des dialogues et des comédiens énergiques. Ici, très peu de psychologie et de place au méchant – dont nous suivons toute fois les déplacements : c’est la traque qui compte. Pour le retrouver, Derrick et son équipe vont interroger un à un, parfois en faisant preuve de pugnacité, son avocat, sa femme, toutes les personnes avec qui il peut être en contact. Il fera chanter, mettra sur écoute : il veut absolument tout savoir sur lui. Ce n’est pas être dans sa tête – impossible de comprendre un type pareil – mais être sur ses pas. Haussman sait que les flics le surveillent, risquent de lui tomber dessus d’une seconde à l’autre mais tente pourtant de mener sa vie comme si de rien était, de contrôler son petit monde. On note qu’il s’est évadé après seulement trois mois de prison, peut être par amour pour sa femme. De cette cavale, on retiendra avant tout la poursuite finale sur les toits de Munich en pleine nuit, sur la musique urbaine (plein de trompettes) de Hans-Martin Majewski : on se croirait dans les meilleurs polars de l’âge d’or du cinéma américain : bien que la caméra se contente hélas de plans fixes, le montage très sec, nous permet de suivre les déplacements des personnages. La fin est prévisible, et là aussi Derrick ne fait preuve d’aucune pitié. Pour la vie d’un gardien de prison : la mort d’un truand. C’est le magnétique Raimund Harmstorf qui incarne Haussman, il reviendra dans un rôle plus sympathique pour l’épisode « Tandem » (saison 6, épisode 6). Anecdotes :
Date de diffusion originale : 01er juin 1975. Résumé : Robert Hofer, un humble peintre croise par hasard Alfonse Goldinger, l’un de ses anciens compagnons de détention pendant la seconde guerre Mondiale. Tous deux ont un secret : en effet Goldinger de son véritable nom Paddenberg a assassiné un officier américain lors de son évasion en Amérique du Sud. Bien que ce ne soit pas le cas, Goldinger / Paddenberg est persuadé qu’Hofer veut le faire chanter, et le tue. Critique : Sur le thème : « Le passé nous rattrape », cet épisode assez lent, est souvent hilarant, par le comportement des personnages qui font le contraire de ce à quoi on s’attendrait. En effet : entre la victime, qui contre toute attente (puisqu’il aurait pu parfaitement le faire) ne veut pas faire chanter son ancien copain, et sa veuve qui n’éprouve pas le moindre sentiment pour lui – leur couple battait de l’aile – regrettant son manque cruel d’ambition, préférant une vie simple et routinière, à l’opposé de ce qu’elle aurait voulue, femme ambitieuse. Eh bien, justement : elle sait que Paddenberg a tué son pas très regretté mari, et c’est elle qui va le faire chanter ! Elle peut prouver que c’est lui : que veut-elle ? De l’argent, un travail ? Pour rendre justice à son mari ? Cette dernière idée semble complètement folle vu le peu de considération qu’elle éprouvait envers lui. Et pourtant, qui sait… Sous pression, Paddenberg doit pourtant se contrôler s’il s’emporte contre elle : elle le balancera ! Et pourquoi pas la tuer ? L’idée lui vient clairement, mais il n’y arrive pas. L’épisode se concentre en grande partie sur cette affrontement psychologique crescendo entre un meurtrier et la veuve de sa victime, c’est passionnant (quoi que ça l’aurait pu l’être encore plus…), si bien que l’enquête passe au second plan : nous voyons très peu Derrick et Klein. Peter Pasetti, tout en retenu, impérial, est excellent face à Anaid Iplicjian, dans un jeu tout en nuances qui obtient ce qu’elle veut, sans lever la voix. Terrifiant et à la fois jouissif. Anecdotes :
7. LA TENTATION Date de diffusion originale : 29 juin 1975. Résumé : Un soir, Richard Hoffmann rentrant chez lui en voiture, croise sa route Anneliese, dix-huit ans, la fille de ses voisins, ayant visiblement bue, tentant comme elle peut de se maintenir sur sa bicyclette. Elle trébuche sur le sol où elle se salit et va se laver près d’un lac, se déshabillant devant lui. Ne pouvant résister, il la viole. Cette dernière s’enfuit, menaçant de révéler à ses parents ce qu’il vient de faire. Il la rattrape, l’étouffe et elle meurt. Il doit absolument effacer ses traces. Critique : Un remarquable épisode qui traite des pulsions sexuelles chez un homme ordinaire. Imaginez, en tant qu’un homme, qu’une jeune fille certes quelque peu désinhibée, semble vouloir vous draguer, se déshabille devant vous : son corps juvénile : sa peau, ses formes, son visage également pur : comment résister ? Comment ne pas avoir avoir envie de la toucher, de l’embrasser, de faire bien plus ? Elle est là, juste devant vous : il n’y a personne qui puisse vous voir, et avec de la chance, une fois la gueule de bois digérée, elle n’en aura aucun souvenir. Difficile de ne pas résister, faut être honnête. Un peu comme dans l’épisode pilote « Le chemin à travers bois » : cet épisode offre un reflet dérangeant sur les tentations auxquelles sont confrontés les hommes face à de jeunes créatures. C’est donc sur Richard Hoffmann, un mari et père de deux enfants (dont une adolescente) à la vie paisible à qui cela arrive. Hélas, lui, en plus de ne pas avoir pu résister, il l’a tuée. Comment va-t-il s’en sortir ? Déjà se débarrasser de la bicyclette de la jeune fille, nettoyer toutes les traces de leur passage et rentrer chez lui comme s’il ne s’était rien passé. Dès lors Derrick et Klein ne le lâcheront pas : le final est certes trop facile, avec cette scène d’action jusqu’au boutiste, où il écrase Derrick, avant de finir contre un arbre et de mourir dans l’explosion de sa voiture, mais rarement, au fond, un assassin aurait du mal à cacher autant son crime, et comme lui avait dit sa femme, ses pulsions. Anecdotes :
8. UNE AFFAIRE ÉTRANGE Date de diffusion originale : 27 juillet 1975. Résumé : Monsieur Karruska, un homme assez âgé a épousé une femme nettement plus jeune que lui. Il est persuadé qu’elle le trompe avec un autre homme, un certain Erich Forster. Il se rend chez lui et tire : hélas, il se trompe de cible et abat son colocataire… Critique : Un épisode cruel, mais savoureux et très original sur le thème de la jalousie. Ici, une nouvelle fois, les cartes sont retournées : l’amant n’est pas vraiment un ange, il prend un plaisir sadique à provoquer l’homme trompé. Ainsi, dans l’une des dernières scènes, avec son consentement : il aura une danse lascive avec Ursula, l’épouse volage, devant les yeux du mari trompé, comme fasciné, dégoûté, passif. Que sa jeune femme et son amant le provoquent si ouvertement est si cruel, si cynique, si générateur de colère. Erich et Ursula savent ce que Karruska a fait, ils ne vont pas le balancer à la police en échange qu’Erich vienne habiter chez eux et faire tout ce qu’ils voudront, sans qu’il n’ait à dire quoi que ce soit. Et devant Derrick et Klein : il faut à tout prix masquer les apparences, mentir. Couvrir ce brave Karruska : car si il tombe, c’est toute sa fortune qui est perdu. Tout le monde dans cette histoire y gagne. Il faut se serrer les coudes : un mari trompé, sa femme et son amant. Triangle original, désarticulé, au final attachant. Cet épisode met en valeur le talent de trois interprètes dont le plus connu n’est rien de moins que Klaus Maria Brandauer, trente et un an à l’époque, au visage enfantin, espiègle, joueur, incarnant l’amant ; Max Mairich, impressionnant d’intériorité et à la fois de bouillonnement et la plantureuse Doris Kunstmann, très bien en femme si désirée. Anecdotes :
9. LA VALISE DE SALZBOURG Date de diffusion originale : 24 août 1975. Résumé : Une employée de nettoyage de la gare de Munich est assassinée alors qu’elle allait chercher son sac oublié dans un wagon. Le meurtrier repart avec une étrange mallette et lorsqu’il fait aperçoit Derrick, fait feu... Critique : Cet épisode semble tout inversé : ainsi l’épisode s’ouvre pratiquement par une scène d’action où coups de feu s’échangent dans un bar et des ruelles entre Derrick et un truand. L’enquête sur le meurtre semble être laissé complètement de côté, afin de se concentrer sur la mystérieuse valise. Derrick consulte ses collègues du service de la contrebande, car c’est bien de cela qu’il s’agit. Parallèlement, nous suivons la façon dont le fils et le père de la victime gèrent leur deuil, c’est à dire en voulant rendre de la justice à leur mère et épouse, constatant que la police ne fait rien, quitte à prendre beaucoup de risques et s’attirer la colère de Derrick. La dernière partie, plein de suspense où l’on suit le trajet des contrebandiers et comment les policiers vont les coincer est aussi instructive, passionnante que remarquablement bien montée et filmée. Au final, un épisode très original et efficace où on appréciera la performance impressionnante de Jacques Breuer, à peine 19 ans alors, en fils de la victime, aidant finalement Derrick, ainsi que la jolie partition mélancolique de Martin Böttcher, parmi les plus belles que comptent la série. Anecdotes :
10. L'AMI DE KAMILLA Date de diffusion originale : 21 septembre 1975. Résumé : Une journée comme les autres pour monsieur Kessler, sauf qu’aujourd’hui : il se fait braquer chez lui par un homme masqué exigeant un chèque de cinquante milles marks. La cuisinière de Kessler observe la scène, appelant la police, mais l’homme l’abat… Critique : L’un des épisodes les plus originaux de la série. Déjà par son intrigue plutôt velue et extrêmement bien pensée. Une série de braquages à domicile (un chef d’entreprise, puis un médecin) où le braqueur semble savoir pas mal de choses sur la vie privée de ses victimes, comme s’il les avait observés longuement, à moins que… Derrick et Klein découvrent que madame Kessler a un petit ami, mais le couvre car pense-t-elle, il est innocent. Nos deux enquêteurs la font surveiller et découvrent son identité : un certain Kaub, qui est un gigolo. Comme d’autres jeunes beaux garçons, il est engagé afin de séduire des femmes dans des situations plutôt confortables et d’extorquer leurs maris. Outre l’originalité de l’enquête, cet épisode accueille des personnages irrésistibles : entre la femme volage, le mari trompé qui semble s’en ficher, un témoin imprécis (irrésistible Werner Schnitzer, connu pour avoir été Hahne dans la série « Siska »), un gigolo au grand bagout : les dialogues sont ciselés, vraiment très inspirés raccordant avec un montage efficace et une réalisation nerveuse. On ne s’ennuie pas une seconde dans cet épisode finalement euphorique. Comme souvent, l’interprétation est impeccable et chaque comédien et comédienne est fort bien distribué(e). Anecdotes :
11. LE LENDEMAIN DU CRIME Date de diffusion originale : 19 octobre 1975. Résumé : Horst, un jeune homme surprend sa petite amie avec son meilleur ami. Peu après, très énervé, il le tue d’un coup de tournevis. Mais regrettant son geste : il va demander de l’aide à son père qui fera absolument tout pour le couvrir… Critique : Sur la variante du père qui couvre son fils, après « Le bus de minuit », voici « Le lendemain du crime ». Mais le père est ici beaucoup moins tendre : il saque son fils avant de le décider à le couvrir, mais ce dernier culpabilise beaucoup, menaçant de craquer à chaque instant. Si bien qu’à la fin, comme le soulignera Derrick : ce n’est pas son fils qu’il voudra couvrir, mais lui-même. Le père, prendra la voiture de la victime dans lequel son fils a commis le meurtre et la placera non loin d’une boite de nuit : après tout, pourquoi pas : des jeunes un peu trop éméchés auraient pu le tuer. Quant au tournevis, il faut évidemment s’en débarrasser. Ne pas laisser la moindre trace qui reliera Horst au meurtre. Mais maintenant ce bon père est mêlé autant que celui-ci au crime. Quant à l’alibi : il faudra mettre également la mère dans le coup : c’est elle, la pièce la plus fragile, car avec « papa », les relations ne sont pas les plus cordiales. Elle devra faire exactement ce qu’il dit pour ne pas que fiston plonge : affirmer qu’ils ont passés la soirée tous les trois ensembles. Tout est parfaitement réglé : car c’est du boulot de couvrir son fils ! La police ne soupçonnera rien, mais malheureusement la police, c’est Derrick : un flic obsessionnel qui revient encore et encore à la charge. Le père, un peu trop grande gueule montrera sa nervosité et son rapide agacement face aux questions de l’inspecteur. Quant au fils, il culpabilise tellement, qu’il peine à confirmer son propre alibi crée par son père, en fait il n’arrive pas à dire quoi que ce soit. Sous le choc de la mort de sa meilleure amie sans doute pas forcément de l’avoir tué pourquoi pas. Les dix dernières minutes de l’épisode sont absolument merveilleuses, se réduisant pratiquement à un affrontement verbal entre Derrick et le père. Le premier finira par s’emporter, assénant, à lui et sa femme : « Ça suffit les commentaires ! Vous êtes pitoyables tous les deux, vous n’avez penser qu’à vous deux dans cette histoire ! C’est sans doute lui le plus innocent de vous trois. ». Un épisode passionnant, très efficace, sublimement dialogué, interprétée de façon magistrale. Anecdotes :
12. UNE MAUVAISE RÉUSSITE Date de diffusion originale : 14 décembre 1975. Résumé : Albert Ross, un cambrioleur réputé pour sa violence, sort de prison après huit ans. Il fait connaissance avec le petit ami de sa fille, à qui il demande de faire un cambriolage, mais celui-ci refuse. Il l’entraîne de force. Peu après, il est retrouvé mort. Critique : Pour finir cette saison deux, nous faisons connaissance avec un des personnages les plus détestables de la série. Albert Ross est une pourriture, qui n’éprouve pas la moindre émotion humaine, d’un sadisme absolu. Retrouvant la maison qu’il avait quitté : il contrôle les faits et gestes de sa femme et de sa fille, sur qui il hurle et n’hésite pas à maltraiter physiquement, si elles font quelque chose qui lui déplaît. Même pleurer, comme sa fille le fera en apprenant la mort de son amoureux, est interdit ! Justement ce dernier avant de se faire tuer n’était pas vraiment entré dans ses bonnes grâces : voir la scène où Ross malmène sa fille juste pour voir sa réaction – en l’occurrence aucune pour capter la dureté de cet être ignoble. Pour Derrick, qu’il le connaît : ça ne se fait pas de doute : il l’a tué ou en tout cas un de ses complices cambrioleurs. Mais n’a aucune preuve, futé il se dit que Ross va reprendre ses vieilles habitudes. Suffit d’être patient mais lasse, il va décider de faire « ami-ami » avec lui, l’entraînant dans un de ses bars préférés – séquence savoureuse qui nous montre un Derrick espiègle. Et ce, alors que ses complices commettent un cambriolage. Le final est vraiment savoureux : Horst Tappert en très grande forme, dans le commissariat cherche à coincer le maillon faible de la bande, leur rappelant exactement comment le meurtre à eu lieu : un craquera, ce n’est qu’une question de secondes, et cette fois Ross ne prendra pas huit ans mais vingt-cinq… : c’est bien la moindre des choses. Anecdotes :
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