Saison 18 1. RENATA Date de diffusion originale : 04 janvier 1991. Résumé : Caprese, un mafieux italien cherche absolument à récupérer sa petite fille, la jeune Renata vivant à Munich. Quitte à rendre paranoïaque sa belle-fille et son entourage… Critique : Cette dix-huitième saison démarre de manière tonitruante avec deux courses-poursuites en voiture dont une s’achevant par un accident spectaculaire, un kidnapping, des explosions de camions… tout cela pour une petite fille innocente, victime d’un grand-père criminel, cherchant à obtenir son droit sur sa vie. L’épisode débute par une introduction originale : nous voyons une famille rentrée chez elle, allumant machinalement la télévision où Derrick est invité à une émission et donne son avis sur la criminalité, disant – pour résumer - que c’est aux gens de faire un effort pour retenir leurs pulsions criminelles mais que sans cela, le monde n’irait pas mieux. Ce qui énerve Carl le père qui contacte l’inspecteur pour lui dire sa façon de penser et en profite pour lui raconter ce qui arrive à sa famille depuis quelques temps : recevant des menaces téléphoniques provenant de ce qui semble être un homme de main de l’ex-beau-père de sa femme Inge. En effet l’ex-mari d’Inge est mort six mois plus tôt et le papy cherche à avoir des droits sur Renata, la fille qu’ils avaient eue ensemble. Faisant parti de la mafia italienne, il est prêt à tout. Mais soucis : pour l’instant, rien de concret, jusqu’à ce que quelques jours plus tard, Alfred, l’oncle se fasse poursuivre et finisse dans une caravane, le bras cassé. Et à partir de là, c’est crescendo. Derrick et Klein les mettent sous surveillance, tandis que Carl, Alfred et leurs parents se pensent prêt à céder la petite pour ne pas être tuer, contre l’avis d’Inge. Mais les méthodes extrêmes de Caprese ne sont vraiment pas une solution et finiront par coûter la vie à la petite, peu avant, alors qu’elle est sur le chemin de l’ambulance, Derrick pugnace jure de s’en prendre à lui, ce qu’il ne fera pas, le laissant constater le décès de l’enfant, sans un mot, car il n’y en a plus besoin. Ce vieux mafieux a voulu sa petite fille et bien, il l’a eue… en la tuant… Au final, si cet épisode est très efficace – on aura peu vu aussi spectaculaire dans la série – il dispose d’un rythme étrange, se calmant à un moment laissant de longues scènes dialoguées, en digressions, comme pour combler un vide. Anecdotes :
2. PASSAGE DANGEREUX Date de diffusion originale : 01er février 1991. Résumé : En rentrant chez lui, Benno est témoin d’un crime, la victime lui donne une valise remplie d’argent venant de vente de drogue. Ne sachant trop quoi en faire, il se confie à sa mère… Critique : Un épisode relativement jusqu’au boutiste et casse-gueule pour un jeune homme ordinaire, entraîné bien malgré lui dans une affaire qui le dépasse complètement. Autant se le dire maintenant : le coup de la valise avec pas mal de pognon, on l’a déjà vu quelques fois quand même. Mais ici le personnage, Benno, a une vie ordinaire, serveur, ayant une mère et une petite amie aimantes, qui se retrouve avec un million de marks en poche de quoi faire des folies. Sa sœur est décédée d’une overdose un an auparavant donc pour lui et sa mère, c’est « son » argent, en un premier temps, ils décident de le garder et peut être de le dépenser, mais après réflexions, ils en parlent à la police, mais en donnant pas totalement toutes les pièces (affirmant qu’il n’a pas la valise) mais songe comment coincer le meurtrier en lui donnant rendez-vous et la police pourra alors l’arrêter. Derrick trouve ce plan vraiment inconscient, une prise de risque énorme où le jeune homme risque d’y laisser sa peau : Klein lui dira son admiration, « courageux ». Et c’est là, qu’arrive la dernière partie de l’épisode – très longue et (un peu trop) pleine de suspense où les inspecteurs surveillent le restaurant dans lequel travaille Benno en attendant que les assassins se pointent. Sont-ils peut-être déjà là ? Ces deux clients assis à une table ou l’autre accro au jeu : non, fausse piste. Mais après un retournement de situations, quelques coups de feu, happy-end et ainsi Benno pourra reprendre sa vie ordinaire, après ces quelques jours qui l’auront bien secoué, mais qu’à tout prix, il ne voudrait jamais revivre. L’interprétation de Rufus Beck est vraiment excellente et c’est toujours un plaisir de voir Roswitha Schreiner qui joue sa petite amie. Anecdotes :
3. UNE AFFAIRE BANALE Date de diffusion originale : 15 mars 1991. Résumé : Une jeune femme a été étranglée dans un ascenseur de sa résidence. L’un des habitants : le docteur Schönfelder, passionné par le meurtre en tant qu’acte avait proposé pour cinq milles marks à tous les habitants de le faire… Critique : Une nouvelle réflexion philosophique sur le meurtre. Une des questions récurrentes de la série est : est-ce que tout le monde peut tuer ? Est-ce que chaque être peut en tuer un autre ? En anticipant et préparant son acte ou de manière impulsive et parfois sans le vouloir réellement ? Qu’est-ce que cela fait de tuer ? Le docteur Schönfelder (sorte de double du scénariste) réalise une expérience : motivant ses voisins à tuer l’un d’entre eux : au hasard, n’importe quand, n’importe où avec cinq milles marks en récompense. Qui accepterait de tuer pour de l’argent ? Après tout, tout le monde à besoin d’argent : ce qui n’aide pas à retrouver le coupable. Mais qui en avait le plus besoin ? Derrick et Klein fouillent tout l’immeuble, font connaissance avec, pêle-mêle, un ancien soldat, un jeune homme, le coiffeur, le concierge… Et se dessinent petit à petit des portraits de personnes banales, mais les investigations reviennent encore et toujours au fameux docteur Schönfelder dont tous les habitants ne cessent de parler de son obsession pour le meurtre… : si obsédé que ce puisse être lui l’assassin ? Après tout, aucun autre résident de l’immeuble n’est plus obsédé par cela que lui : et si, puisque personne ne s’est décidé, ne s’est motivé : pourquoi ne pas le faire lui-même ? Juste pour savoir ce que cela fait : l’expérience de tuer : serrer ses mains très fort contre le cou de cette jeune femme quelques instants, une poussée d’adrénaline, d’enlever une vie. Il aura bien l’occasion de continuer à réfléchir au meurtre en passant le restant de sa vie en prison, à moins que l’hôpital psychiatrique ne préfère s’occuper de lui. Terrifiant mais pas si stupide, car comme nous le montre la série depuis le début : nous pouvons tous tuer, ôter une vie, parfois sans le faire exprès. Et que reste t-il après ? Avec une conscience : beaucoup de culpabilité. Anecdotes :
4. TENDRESSE FUGITIVE Date de diffusion originale : 26 avril 1991. Résumé : Albert Hauser, un collègue de Derrick l’appelle pour lui signaler un meurtre. Peu après, il est tué. Sa fille avec qui il n’avait pas vraiment de bons rapports décide de mener sa propre enquête… Critique : Les sentiments envers nos parents sont souvent ambivalents et la jeune Ariane (interprétée avec dynamisme par Birgit Doll) en sait quelque chose : ses relations avec son père n’étaient pas des plus tendres. Il se montrait froid, détaché, violent parfois, absent et trompait sa mère, visiblement avec une prostituée. Mais alors qu’est ce qui la pousse à vouloir enquêter sur son assassinat ? La curiosité : juste pour savoir. Où simplement, au fond, d’amour que, malgré toutes ses imperfections, elle lui portait ? Se mettant en travers de la route de Derrick, errant dans les bars que son père fréquentait, quitte à un moment se faire tabasser. Et à notre inspecteur, bien sûr, elle niera ressentir la moindre chose positive envers son père, mais il ne la lâchera pas, il veut qu’elle reconnaisse ses sentiments, pour expliquer sa soif de vérité. Car c’est à lui maintenant de veiller pour qu’elle ne soit pas en danger : il veut la protéger, tout comme la petite fille dont la mère est prostituée qui a vu le meurtrier, mais ne dit rien, car terrifiée. Mais ce sera finalement, elle, la plus jeune, la plus courageuse. Sans doute que plus tard, cette petite en voudra à sa mère pour le métier qu’elle fait mais qui lui aurait permise de la nourrir. Une tendresse fugitive. Anecdotes :
5. LE CERCLE INFERNAL Date de diffusion originale : 31 mai 1991. Résumé : Gerhard Kuhnert, un jeune policier est assassiné dans les toilettes d’un bar. Le principal suspect est le dealer Soost. Deux junkies : Holger et Dina refusent de témoigner. Critique : Rebelote avec le thème de la drogue, vraiment une obsession pour Reinecker. Ici, c’est deux junkies : Holger et Dina (Ulrich Mattthes et Jessica Kosmalla très bons) qui peuvent témoigner contre Soost… leur fournisseur. Ils ne vont pas trahir celui qui leur permet de se sentir « mieux », enfin ! Mais lorsque Derrick, qui prend cette affaire très à cœur car la victime est un flic, ce qui rend l’épisode - avec le personnage du père insupportable - bien manichéen, se met à leur faire bien la morale (jamais Derrick n’avait été aussi saoulant avec ses leçons de morale) pour tenter de les secouer, afin qu’ils témoignent, se confrontent à leurs consciences. Mais leur addiction est plus forte que leur conscience : la jeune Dina pour avoir sa dose ne résiste plus aux avances du vieux concierge pervers, mais en vain. De son côté, Soost se retrouvé collé par le père de la victime, et ses patrons l’incitent à se débarrasser des deux témoins, qui seront sauvés par la présence de Derrick et Klein. Notre inspecteur leur suggère que maintenant qu’ils ont témoignés, il les enverra en cure de désintox’. Malgré un casting bourré de visages familiers de la série (Philipp Moog, Will Danin, Klaus Herm, Peter Ehrlich, Claude-Oliver Rudolph et Holger Petzold totalisent à eux six, soixante-quatorze apparitions dans la série) tous bien distribués, cet épisode flirtant du côté de l’inestimable « Du sang dans les veines » (saison 7, épisode 7) pour la description du quotidien de drogués, est bien trop moralisateur, tout cela, encore une fois, parce que la victime est un policier. Anecdotes :
6. LE VIRUS DE L'ARGENT Date de diffusion originale : 28 juin 1991. Résumé : Kurt Kubian raconte à son ami Walter Bolitz, un poivrot qu’il a été payé dix milles marks pour assassiner un homme habitant dans une maison en forêt. Peu après, il est assassiné. Critique : Un scénario bien velu que celui de cet épisode qui démarre par l’errance de Walter, un alcoolique notoire enchaînant une énième cuite dans un bar et rejeté par tout le monde, jusqu’à ce que son ami Kurt – il le connaît depuis peu – arrive. Lui racontant qu’il vient d’être engagé pour assassiner quelqu’un, pour la somme de dix milles marks. Cela perturbe le pauvre Walter, qui en parle à sa fille Manuela et se rendent à la police. A leur retour, Kurt a été assassiné. Manuela est journaliste, toujours à la recherche d’une bonne histoire et mène son enquête parallèlement à celle de Derrick. L’homme que Kurt devait tuer est un certain docteur Gessler, biochimiste, collaborant avec le docteur Bloss pour un projet de cellules, songeant à le traiter avec deux belges… que, comme par hasard, Gessler évite. Tandis que Manuela et le fils de Bloss ont eu un coup de foudre, Derrick est confronté à son patron, qui refuse l’arrestation des deux belges, car ce serait des agents secrets. L’épisode se terminant sur une touche très amère, où – fait rare – les assassins ne sont pas arrêtés. L’interprétation est impeccable : Maja Maranow est charismatique et séduisante, Daniel Friedrich solide et Thomas Holtzmann, comme toujours, impressionnant. Anecdotes :
7. UN MORT SANS IMPORTANCE Date de diffusion originale : 19 juillet 1991. Résumé : Dans la chambre d’hôtel de son amant, Madame Zoller découvre le corps d’un homme. Elle prévient son amant et ils mettent le corps dans un chariot pour que ce soit le problème de quelqu’un d’autre… Critique : Cette histoire d’amants est très intéressante parce que totalement originale. Et nous fait demander : qu’est-ce qui pousse un être à tromper son conjoint / sa conjointe ? Au premier abord, le couple Zoller a un rapport sadomasochiste : le mari cynique sait que sa femme le trompe mais la laisse faire…. avec un homme marié. Et lorsqu’il y aura meurtre – qui aura un lien indirect avec ce couple – les inspecteurs apprendront les raisons tout à fait justifiables de ce cocufiage, en effet, monsieur Zoller a le Sida depuis quelques temps après avoir trompé sa femme lors d’un séjour en Afrique. En le faisant : il s’est condamné lui et son couple : si il n’aura pas été voir ailleurs, ne serait pas malade et sa femme, pour avoir des rapports sexuels, n’aurait pas besoin de le tromper. Mais pour le couple Kaminski, dont monsieur trompe sa femme avec madame Zoller : il n’y a pas de vraie raison, il se tape à peu près tout ce qui est féminin et son épouse feint d’encaisser le punira d’une manière plus subtile et cruelle que de se trouver un amant. En effet, des années qu’elle supporte les coucheries de son mari, ramenant même ses maîtresses à la maison, couchant avec elles, dans une chambre en face de celle conjugale. Imaginez cette femme voir ces créatures, entendre leurs ébats. Oh ici, madame n’a aucune maladie qui aurait pu condamner leur relation, non, l’homme est juste un coureur de jupons notoire, mais a une réputation qu’il veut absolument protéger : balancer le corps d’un homme trouvé dans sa chambre dans un panier à linges : c’est se débarrasser de quelque chose qui aurait pu le nuire. La fin de l’épisode est déchirante, lorsque madame Zoller en viendra à comprendre l’épouse de Kaminski, la poussant à retourner chez elle en courant de toutes ses forces. Anecdotes :
8. DES VIES BOULEVERSÉES Date de diffusion originale : 09 août 1991. Résumé : Lors du saccage d’un restaurant, un homme tue accidentellement le vieux propriétaire. En se tirant paniqué, il croise son ex-petit amie, avec qui il décide de renouer… Critique : Ce n’est pas pour l’effet domino que l’on aurait cru plus ambitieux qu’il faut visionner cet épisode mais pour l’interprétation survoltée de Richy Müller, le jusqu’au boutisme du scénario et le regard touchant sur une femme frustrée par son existence. Erich et Rosa, un vieux couple refuse, malgré les menaces reçues par Karau un mafieux, de vendre leur restaurant ayant besoin d’argent pour subsister aux besoins de leur petite fille : une enfant dont les parents sont décédés quelques temps plus tôt. Karau qui ne connaît pas (ou veut ignorer) cette dernière raison engage deux hommes : Kinser et Jansen pour le saccager, mais Kinser tue Erich en lui fracassant une bouteille sur le crâne. Alors qu’ils prennent la fuite, ce dernier croise Magda. Magda est la mère de deux grands enfants, étudiants avec qui elle vit dans un petit appartement. Son leitmotiv : rester indifférente à tout ce qui peut arriver au monde, tant que cela ne la concerne pas directement (rappelant celui du jeune Kurt dans l’épisode « La minute de vérité », saison 17, épisode 10). Ainsi elle jure ne rien dire à la police du meurtre de KInser, ne voulant absolument pas y être mêlée. Ce dernier, pour être sûr qu’elle se taise, décide de se lier de nouveau avec elle : faire des sorties comme ils n’en avaient pas faits depuis des années, mais Magda en parle à ses enfants : le fils ayant hérité le sens du détachement de sa mère, la soutient même dans ses sorties, par contre sa fille Katrin : c’est une autre histoire. Elle agit comme une conscience. Pourtant durant ces quelques jours, Magda qui doit être la femme si parfaite, peut s’évader : ses instants de bonheur, de complicité, de vie, avec Kinser : qu’importe son acte, qu’importe qui lui ai menti (ayant affirmé au début que l’homme est mort en tombant) : elle semble trouver un nouveau sens à sa vie : pourquoi la priver de cela ? Car son petit ami est un meurtrier ? Et il y a Derrick et Klein, que nous voyons assez peu de l’épisode, qui remontent petit à petit le fil de leur enquête, Magda refuse d’identifier Kinser, car il lui permet d’exister, sans lui : elle est condamnée à sa vie triste. Mais le jeune truand poussé par plus haut et fort que lui, devra agir contre sa fille, et donc contre elle. Sans doute qu’elle aurait due ne pas en parler à sa fille, faisant simplement la conversation, libérer sa conscience. Avoir une conscience nui parfois au bonheur. Anecdotes :
9. LA FIN D'UN BEAU ROMAN Date de diffusion originale : 20 septembre 1991. Résumé : Une jeune prostituée est assassinée. Doris Mundt, une écrivaine est particulièrement intéressée par ce crime, intervenant régulièrement dans l’enquête, ce qui énerve Derrick et Klein. Critique : L’un des épisodes les plus déjantés de toute la série, nourri au second degré. Cela arrive assez souvent finalement que quelqu’un perturbe l’enquête de Derrick et Klein, mais là, c’est une écrivaine, auteure de polars (Derrick la surnomme « Miss Marple »), qui trouve « parfait » le meurtre d’une prostituée. Pour cela, elle va coller ou se rendre sur les lieux du crime sans leur approbation ; leur faisant des suggestions qui, contre toute attente, les aideront bien. En premier temps, ils ne la prendront pas au sérieux, elle qui se sert de ce crime comme source d’inspiration pour son nouveau roman ayant besoin d’écrire pour substituer aux besoins de son jeune mari, qui vient de trouver un travail mais doit payer la location de son bureau (sic). Nous pouvons d’ailleurs remarquer de multiples clins d’œils biographiques de Reinecker, le scénariste : en effet, outre les scénarios de la série et de beaucoup de téléfilms, il a écrit plusieurs livres et le fait que l’écrivaine aie un mari plus jeune est une référence au producteur de la série Helmut Ringelmann qui avait épousé en 1986, l’actrice Evelyn Opela de dix-huit ans sa cadette. Mais en second temps, les inspecteurs ne pourront que prendre l’écrivaine au sérieux, puisque ses suggestions les conduiront sur de bonnes pistes : la victime avait été photographiée avec un homme que l’on faisait chanter, mais plus aucune image existe, apparemment. Pour Derrick cela vient évident : Doris Mundt sait trop de choses sur le crime pour ne pas y être impliquée : cela la touche directement, l’homme pris en photo avec la victime serait-ce son compagnon ? Et après avoir avoué, elle justifiera en disant imaginer la fin de son nouveau roman : devenant complètement folle, ayant perdue toute notion du réel, après des années plongées dans la fiction. C’est schizophrénique. Anecdotes :
Date de diffusion originale : 18 octobre 1991. Résumé : Simon Krüger vient de sortir de prison après y avoir passé dix ans pour un braquage qui a mal tourné. Il avait refusé de donner son complice à l’époque, Klein toujours hanté par cette affaire, le fait surveiller… Critique : Pour les fans de Wolf Roth cet épisode est un trésor : il apparaît en effet dans presque toutes les scènes. Il n’y a pas d’enquête a proprement parler, si Klein est mis en avant, Derrick lui ne fait qu’acte de présence, Berger étant même plus présent que lui. C’est le parcours d’un homme venant de sortir de prison après dix ans, libéré pour bonne conduite alors qu’il devait en passer quinze, mais n’étant pas vraiment fou de joie, n’ayant absolument rien qui l’attend à l’extérieur…. Sauf Klein qui veut coincer son complice, avec qui il a tué un homme, persuadé au fond de lui de son innocence. Krüger réside dans une pension où il est servi jour et nuit par la très séduisante et pulpeuse Anita (Carin C. Tietze dans un beau numéro) : alcool, téléphone et puis un peu de sexe, recontacte logiquement son ancien complice Schalk, devenu l’un des plus importants mafieux du coin : vivant de multiples clubs et autres affaires louches qui a (et veut) complètement oublier le braquage mais pas Krüger qui entend régulièrement le cri de la femme de l’homme qu’ils ont tué. S’inquiétant même pour elle, il va la voir, ayant déménagée, vivant de loyers de chambres à louer, avec sa fille, Helga : une adorable étudiante avec qui il passe un bon moment dans un restaurant au bord du lac, évidemment, sans donner son identité. Parallèlement, Klein continue de le traquer et les deux hommes en viennent même à s’attacher, s’apprivoiser l’un à l’autre, tandis que le cri lui devient de plus en plus insupportable et même après avoir balancer Schalk, il continuera de l’entendre, jusqu’à sa mort. Cet épisode, remarquablement interprété par Wolf Roth, offre un regard sur la culpabilité qui finit parfois par nous détruire totalement. Ce cri entendu par Krüger est un réveil de sa conscience, une résonance de sa culpabilité. Il sera toujours hanté par son acte, sans avoir tué mais en ayant laissé en liberté un assassin qui, contrairement à lui, ne sera jamais condamné par ses propres sentiments. Anecdotes :
11. LE SOURIRE DU DOCTEUR BLOCH Date de diffusion originale : 29 novembre 1991. Résumé : La femme du docteur Bloch se suicide après avoir été rejetée par son amant. Le mari endeuillé considère l’acte comme un meurtre. Il décide de détruire cet amant. Critique : Un excellent épisode aux dialogues et aux situations vraiment très inspirées. Le docteur Bloch (incarné avec puissance et retenue par Hans-Michael Rehberg et parfaitement doublé dans la version française par Jacques Thébault) est un homme plutôt calme, mais sa femme (Evelyn Opela, la spécialiste de ce type de rôle) a un jeune amant Brunner chez qui elle compte résider, laissant son mari démuni. Mais Brunner, pris de court, refuse qu’elle habite chez lui. Après son départ, elle appelle son mari en narrant ce qui vient de se passer, avant de se suicider. Coïncidence, le docteur Bloch est le médecin traitant de Derrick (nous apprenons d’ailleurs que ce cher inspecteur a un peu de cholestérol) qui tente de le persuader que Brunner a tué sa femme. Mais pour lui, ce n’est pas un meurtre, enfin, pas « au sens où nous l’entendons ». Parfait et bien puisque le système ne peut pas le coincer pour meurtre, autant le pousser à commettre l’acte. Bloch va donc s’employer à détruire sa vie : lui rendant visite et raconte l’appel de sa femme, se rend à une réception où il montre à qui veut l’entendre sa photo tout en, encore, racontant son histoire, de même avec le père de la nouvelle petite amie de Brunner. Provocateur, vengeur : ce petit jeu auquel il joue est assez jouissif. Avec un grand plaisir, nous le voyons pousser à bout, crescendo Brunner. Tandis que Derrick est persuadé, puisqu’il l’affirme, que Bloch va l’assassiner. Mais le final sera très malin : poussé à bout, Brunner le tuera. Et notre bon docteur mourra en souriant, ayant obtenu exactement ce qu’il voulait : « le faire réfléchir sur ses actes ». Terrifiant. Anecdotes :
12. LE GÉNIE EN DANGER Date de diffusion originale : 20 décembre 1991. Résumé : Un étudiant et un jeune professeur d’anglais ayant eus des rapports sexuels consentants avec la jeune Isolde, pianiste surdouée, se font assassiner à quelques jours d’intervalle. Critique : Insaisissable Isolde (fascinante Juliane Rautenberg), âgée de dix-neuf ans, pianiste surdouée, vivant dans une famille plutôt modeste, répétant des heures entières chez un professeur ou chez elle, semblant être passionnée par son art. Mais dès qu’elle le peut, elle a des rapports sexuels avec n’importe quel garçon, tous éblouis aussi bien par son talent que par sa beauté frappante, sensuelle. Isolde est particulièrement désinhibée, refusantnotamment de se changer lorsque Klein doit l’interroger avec Derrick, préférant rester dans sa robe de chambre blanche laissant entrevoir sa poitrine (d’ailleurs le spectateur se rince bien l’œil, puisque son corps est montré frontalement à trois reprises). Que Berthold avec qui elle a couchée se fasse tuer la laisse indifférente, déjà dépendante de ses rapports charnels avec Georg, son professeur d’anglais, qui se fera à son tour assassiner. Bien entendu l’assassin se trouve dans sa famille hyper-protectrice influencée par son professeur de piano (qui lui aussi à des vues sur la jeune fille et pas seulement artistiques contrairement à ce qu’il prétend) : voulant protéger à tout prix son immense talent, pour ne pas qu’elle devienne une « prostituée » (oui, car visiblement dans la série : coucher avec plusieurs hommes, c’est de la prostitution (sic)). Mais que veut-elle, elle ? Et bien elle ne l’exprime pas, elle n’exprime absolument rien, mais nul doute que ses escapades sexuelles lui permettent de s’évader, de ne plus se sentir étouffer par son entourage (alors que paradoxalement, elle semble entretenir des relations incestueuses avec sa sœur et sa mère). A travers le sexe, elle trouve une libération. Elle aime être désirée, mais pas étouffée. Anecdotes :
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Saison 17 1. PAIX INTÉRIEURE Date de diffusion originale : 05 janvier 1990. Résumé : Lore Kargus, une jeune mannequin, s'est suicidée avec des barbituriques. Ralf, le frère de Lore, découvre le motif qui l'a poussée à mettre fin à ses jours : lors d'une soirée organisée par Udo Tessinger, le directeur de l'agence, deux de ses gros clients, Homburg et Hauser, sous l'effet de l'alcool, ont violés Lore, sans que Tessinger, qui entendait les appels au secours derrière la porte, n'intervienne. Les deux violeurs sont froidement abattus. Ralf est le suspect tout désigné, mais il nie les faits et garde une maîtrise de soi inquiétante. Tessinger a peur d'être le suivant, lui qui n'a pas empêché que l'irréparable arrive à Lore… (source Wikipédia) Critique : Anecdotes :
2. GUERRE D'INDUSTRIE Date de diffusion originale : 02 février 1990. Résumé : Spitz, un chercheur tue involontairement le docteur Curtius qui vient de faire une découverte extraordinaire pouvant révolutionner le monde… Critique : Une guerre industrielle comme le suggère le titre français pourrait être rébarbative, mais au lieu de cela, grâce à des dialogues et surtout des comédiens inspirés (particulièrement Udo Vioff hallucinant et une excellente Brigitte Karner), cet épisode se suit avec passion. Pour le côté policier de la série : nous repasserons, Derrick et Klein ne font pratiquement que de la figuration : c’est ce qui se passe à l’intérieur des bureaux, les magouilles des personnages qui nous feront scotcher à l’écran pendant presque une heure. Tout le monde veut le nouveau brevet du docteur Curtius, pour y y arriver Dorn le patron d’une société sera prêt à payer un million de marks et même à engager une jeune femme pour l’espionner (hélas pour eux, celle-ci s’éprend de lui). Tandis que Spitz, chercheur tout juste viré d’une société concurrente, espère récupérer son travail en le trouvant. Il piège Curtius et le tue, récupère le brevet. Ce qui peut arranger les affaires de Dorn qui compte en tirer profit financièrement. Logiquement, il sympathise avec Spitz le faisant chanter car il sait pour le meurtre : ne rien dire à la police en échange du brevet. Pourquoi pas après tout. Sauf que Spitz en a parlé à son épouse, qui, elle, a une conscience… Les différents rebondissements sont parfois prévisibles (surtout la fin, presque miraculeuse) mais fait réfléchir : quel prix est-on prêt à payer pour quelque chose qui changera peut-être le monde ? Deux morts dans cet épisode en donne la réponse. C’est finalement dérisoire. Anecdotes :
Date de diffusion originale : 09 mars 1990. Résumé : Judith Loska, une pianiste reconnue recherche le dealer qui a fourni sa fille, venant de mourir d’une overdose. Cette plongée dans un monde glauque n’a rien avoir avec celui si pimpant auquel elle est habituée… Critique : Un épisode écrit pour Evelyn Opela (l’épouse du producteur Helmut Reigelmann), excellente actrice mais qui en fait parfois des caisses ici. Elle interprète une pianiste en tournée, ignorant sa fille et donc son addiction à la drogue. Un soir, après un énième concert à New York, sa fille l’appelle de Munich lui suppliant de l’aider et lui reprochant avant de mourir de n’être jamais s’être occuper d’elle. Judith file à Munich où le professeur de sa fille apprend son décès, dans les toilettes d’un bar. La grande Judith Loska, pianiste renommée, star internationale (Derrick est un admirateur) est prête à tout pour connaître le responsable du meurtre de sa fille, une manière pour elle d’être la mère qu’elle n’a jamais sue être. Se rendant donc dans la boite où sa fille est décédée : un endroit glauque, crasseux au propriétaire (irrésistible Peter Kuiper dont l’apparition à l’écran me provoque inévitablement un fou rire) très froid et au barman (impressionnant Walter Renneisen) pétrifié et ayant un coup de foudre au premier regard. Derrick, et encore moins Klein, ne soutiennent pas vraiment Judith : après tout la jeune fille est morte d’une overdose, c’est elle-même qui s’est foutue la seringue dans le bras, pas une autre personne. Nos inspecteurs ne sont pas des stupéfiants mais de la brigade criminelle ! Par admiration, toute fois, notre inspecteur l’épaulera… jusqu’à un certain point. Car Judith couchera avec le barman après une longue scène progressivement sensuelle… qui balancera le dealer. Judith et ce barman, couple improbable et pourtant à la fin, ils auront débuté une histoire d’amour. Évidemment, Judith retrouvera le dealer, après s’être fait kidnappée et tabassée, qui sera arrêté. Le parcours d’une mère vengeresse, voulant rattraper ses erreurs, rendre justice à sa fille touchant à sa fin. Et lui permettant d’ouvrir les yeux sur un monde qu’elle ne pourrait pas supporter. Anecdotes :
4. L'EXPULSION Date de diffusion originale : 20 avril 1990. Résumé : Après le suicide d’un de ses jeunes élèves victime d’une expulsion, Ulrich Kraus a l’obsession d’assassiner Tossner un magnat de l’immobilier… Critique : Scénario bien sombre et jusqu’au-boutiste, qui semble toujours d’actualité, au final assez surprenant. Le jeune Hans annonce à son maître d’école, Ulrich Kraus (Walter Plathe intense), qu’il est expulsé de chez lui : son appartement sera démoli, reconstruit et revendu plus cher par le magnat de l’immobilier Tossner. Le lendemain, Kraus, inquiet, s’y rend et découvre le corps de l’enfant qui s’est jeté par la fenêtre. Jurant de rendre justice à ce petit, il va harceler Tossner, aller chez lui toutes les nuits en le menaçant de mort et rêve de le tuer encore et encore. Perturbé par ces créations de subconscients, expressions d’un acte peut être à venir, il en parle à une de ses voisines : Anita Rolfs, une psy, qui le rassure. Ironiquement, c’est elle qui est perturbée et en parle à son frère Albert (Thomas Fritsch espiègle), en recherche d’emploi qui se dit qu’il y a peut-être quelque chose à tirer de cette situation : pourquoi pas donner l’identité de Kraus à Tossner en échange d’un job ? Il ne sera jamais reçu par Tossner mais par son épouse et chez lui, pendant que Tossner est à Düsseldorf. S’ensuit un dîner fait de regards séducteurs et hop : au lit ! Peu après, Tossner est assassiné. Et le suspect parfait, idéal est évidemment Kraus, qui jure n’avoir rien fait sachant parfaitement où était Tossner et n’ayant aucune raison de se rendre chez lui. Pourquoi pas après tout. Derrick va, très et trop vite (son enquête est trop facilement résolue : du au fait que le meurtre n’arrive qu’à plus de la moitié de l’épisode) : faire le lien entre Kraus, la psy, son frère et l’épouse de Tossner. Si nous comprenons bien, l’épisode démarrait par l’expulsion d’une famille, un instituteur ulcéré et se termine par une épouse manipulatrice, séduisant un homme pour qu’il tue son mari, qui est donc expulsé de ce monde. Bien mérité peut être pour un être sans scrupules qui n’hésitait pas à foutre dehors des familles entières pour des profits. Anecdotes :
5. LA DESCENTE EN ENFER Date de diffusion originale : 25 mai 1990. Résumé : Arnold Kiesing, un faussaire se lie d’amitié avec le jeune Benno après lui avoir demandé de porter sa valise afin d’éviter des fouilles. Le père de Benno et Derrick voient d’un mauvais œil cette relation… Critique : Un nouvel épisode pour performances d’acteurs, ici c’est Wolf Roth, visage familier de la série certes, qui est au cœur des attentions. Il est tout simplement remarquable et fin en escroc, tout en retenue, hypocrite comme pas permis : feint de se lier d’amitié avec un jeune homme optimiste à qui il a « prêté » une valise pour la somme de mille marks. Une valise contenant des faux billets. Très vite, le père de Benno soupçonne quelque chose, à raison, mais bon il ne peut pas l’empêcher de se faire des amis. Kiesing l’emmène dans de beaux restaurants, lui permet de s’habiller chiquement et le lie avec l’irrésistible Kiwi. C’est un rêve qui se réalise : se trouvant enfin une place dans un monde aisé, bien loin de son quotidien modeste d’infirmier : emploi qu’il quitte. Mais que veut Kiesing ? Il a récupéré sa valise, fabrique par centaines ses faux billets : alors il n’est plus obligé de le fréquenter ? La réponse sera aussi terrible que profonde. Kiesing n’a plus qu’un an à vivre : il veut profiter du temps qu’il lui reste à travers un jeune homme, désirant le transformer peut-être à son image. Que celui-ci soit comme lui, mais hélas, Benno est bien trop benêt, pas assez futé, distingué pour être un nouveau Kiesing. On peut essayer de changer les gens mais ils garderont toujours au fond d’eux leur part d’innocence. Anecdotes:
6. ALINA MALIKOWA Date de diffusion originale : 08 juin 1990. Résumé : Peter, un flic infiltré dans un bar où se fréquentent des truands est assassiné. Son collègue Ingo décide de mener son enquête sans se rendre compte du danger qu’il court à son tour… Critique : Un épisode vraiment palpitant, presque sans temps mort, soutenue par l’interprétation efficace de l’immense Heiner Lauterbach (très bien doublé dans la version française par Patrick Poivey). Ingo et Peter sont des flics infiltrés, côtoyant des truands plus ou moins dangereux. Depuis quelques temps, ils squattent un bar où règne Sundermann connu pour sa passion des cartes et Bollmann pour sa passion du billard mais une fois les portes du bar quittées que trafiquent-ils ? Héroïne, alcool ou d’autres choses ? Peter est assassiné, sans doute après avoir compris que c’est un flic : à Ingo de se débrouiller tout seul. Bien qu’en couple avec Marion, il séduit la barmaid Anna Malikowa (adorable Ute Willing) afin d’avoir des informations qui puissent le faire progresser. Ce qui rappelle, par ailleurs, le procédé de la mère séduisant un serveur dans l’épisode « Judith » (épisode 3 de cette saison). Mais il s’attache à cette petite qui n’a jamais vraiment eu de chance dans la vie, tombant tout le temps sur des mauvais types, enchaînant les déceptions amoureuses. Lui : ce sera peut-être le bon cette fois-ci. Ingo avance mine de rien découvrant que Sundermann et Bollmann transportent des camions de déchets toxiques – ce que découvre en parallèle aussi Derrick. La fin sera très classique et en même temps tragique : classique car Derrick et Klein sauverons de justesse Ingo alors qu’il allait se faire tuer par les deux truands et tragique pour le suicide d’Anna : une déception amoureuse de plus, de trop, non Ingo n’aura pas été le mec parfait et surtout Honnête qu’elle avait rêvée d’avoir. Anecdotes:
Date de diffusion originale : 20 juillet 1990. Résumé : Lissy, une sans-abri a été étranglée. Depuis quelques semaines, elle s’était liée d’amitié avec Lotte Wegener une actrice souhaitant s’imprégner de son milieu pour un prochain rôle… Critique : Jusqu’où est capable d’aller une actrice pour se préparer à un rôle ? Il y a des tas d’exemples dans l’histoire du cinéma d’acteurs et actrices qui ont été dans les extrêmes pour cela : perdre ou gagner beaucoup de poids, se plonger avec dans le milieu où se trouve son personnage… et bien c’est exactement ce que fait Lotte Wegener (intense Ruth-Maria Kubitschek) : pour le rôle écrit par un scénariste (Peter Sattmann en très grande forme), elle se plonge dans un univers radicalement différent du sien : très loin des paillettes, la rue, la faim, les abris auxquels on tente de s’abriter avant de se faire chasser par la police, les regards indifférents voire méprisants des gens. C’est Lissy (Cornelia Froboess impeccable) avec qui elle doit se lier… pour l’assassiner, du moins fictivement, car son personnage doit tuer une sans-abri ! Lorsqu’elle raconte son histoire (qui aux téléspectateurs est montrée en flash-back) à Lotte : cette dernière en est bouleversée. Lissy, brisée par son ex-mari, l’ayant replongée dans son addiction qu’est l’alcool et la jetant dehors. Voilà comment elle est arrivée à être sans-abri : à cause d’un homme ignoble. Mais qui l’a tuée ? Wessei l’ayant trouvé, le mystérieux Arthur (Karl Renar très bien) : deux de ses compagnons de rues ; Lotte ; Harold Kubeck le scénariste ? La réponse sera foudroyante et j’avoue l’avoir senti venir dès lors que le coupable a cherché à (se) créer un alibi, à un moment où la police ne le soupçonnait pas encore. Le mari de Lotte, qui est l’ex-mari de Lissy, n’appréciant pas que son épouse fréquente son ex, par peur que cette dernière ne révèle trop de choses à la première : que cela brise la nouvelle vie qu’il s’était construit. La réaction de Lotte lorsque Derrick lui présentera le coupable sera une crise de nerfs puis un regard dans son propre reflet : une coquille vide qu’il est peut-être trop tard pour tenter de remplir. Anecdotes :
8. LA BICYCLETTE Date de diffusion originale : 17 août 1990. Résumé : En rentrant chez elle, la jeune Hetti Roon est violée et assassinée. Son ex-petit ami Robert Fischer qui la harcelait est le principal suspect. Critique : Ce 190 ème épisode rappelle énormément certains des tous premiers de la série : « Le chemin à travers bois », « La tentation » et « L’anglaise » pour le viol et le meurtre d’une jeune fille qui rentre chez elle et « Le bus de minuit » et « Un triste dimanche » pour le père du principal suspect qui tente de le couvrir et donc de faire revenir logiquement les soupçons sur lui, alors qu’ici la résolution – double – sera tout autre. Exceptionnellement, Derrick étant souffrant, c’est Klein qui mène l’enquête, même si Fritz Wepper avait déjà quarante-huit ans, il est particulièrement dynamique, motivé, ayant bien appris de son aîné. On se régale à le voir tenter de démêler les fils de cette enquête apparemment très classique. Le premier suspect est Manni, un jeune homme un peu retardé mentalement, ayant découvert la bicyclette de la victime en cherchant des animaux rares : après tout pourquoi pas. Le second et qui sera très vite le principal est Robert, l’ex-petit ami : un être possessif, obsessionnel, voulant à tout prix se remettre en couple avec elle, malgré ses refus, s’amusant même à l’éviter. Robert affirme même à son père l’avoir tuée qui dès lors fera tout pour le couvrir : il ne faut absolument pas que les soupçons viennent sur lui mais plutôt vers le pauvre Manni. Si Klein pense que Robert a pu contribuer au meurtre de la jeune fille, il n’est pas totalement persuadé que c’est lui véritablement l’auteur du crime et du viol. L’emmenant sur les lieux : « L’as-tu violée ? », « Non. », il l’avait juste faite tomber sur le sol, inconsciente, mais peu après, quelqu’un d’autre est passé par là, non pas Manni, quelqu’un que nous n’aurions jamais soupçonné : le directeur de l’école de danse, lui-même qui avait reçu le coup de fil de Robert l’annonçant qu’il viendrait la chercher. Cet homme voyant des jolies jeunes filles en tenues moulantes de danseuses toute la journée, ayant un mariage boiteux (sa femme a plus de caractère que lui) : comment ne pas avoir envie de les toucher, d’avoir des rapports sexuels avec elles ? Sa femme sachant parfaitement ce qu’il allait faire « encore », a tentée de le ralentir… Enivré par cette pulsion de coucher avec cette petite, d’en profiter… mais une jeune fille ne se laisse pas faire, ne peut pas se laisser faire, tente de sauver sa peau… en vain. Anecdotes :
9. DOCTEUR SCHÖNE Date de diffusion originale : 14 septembre 1990. Résumé : Un serveur est assassiné en rentrant chez lui. Le docteur Schöne passant dans le coin constate son décès et va s’intéresser de très près à l’enquête… Critique : Un épisode au rythme vraiment trop lent malgré une solide interprétation (Christian Kohlund, Christoph Eichhorn) pour une nouvelle charge anti-drogue rappelant l’épisode « L’ange de la mort » (saison 6, épisode 12) : à savoir une jeune fille soignée après avoir pris de la drogue et dont les proches cherchent à se venger de ses dealers. Évidemment, c’est un peu compliqué que cela. Pourquoi le docteur Schöne s’intéresse de si près à cette affaire alors qu’il affirme que « la plupart des meurtres ne méritent pas qu’on leur accorde de l’importance » ? Parce qu’il a découvert le corps, pris de pitié pour la victime et que par curiosité, il veut savoir qui a commis le crime et pour quelle raison ? Pourquoi pas. Mais il aura évidemment une autre raison, orientant Derrick et Klein vers telle piste : un étudiant en philosophie, une cave où de la drogue synthétique est fabriquée, une jeune fille soignée dans un hôpital psychiatrique : le motif de ces crimes. Pour Derrick, cela ne fait désormais aucun doute : Schöne cherche absolument à les orienter vers l’assassin… qui pourrait être lui-même ! La résolution sera toute autre, moins évidente mais plus humaine : en tant qu’infirmier, soigner quotidiennement une jeune fille pourrie par la drogue ne peut pas laisser indifférent. S’il est impossible de lui rendre la pureté de son âme, il peut essayer de corriger ceux qui l’ont rendu comme cela. Contre toute attente, alors que les inspecteurs sont plutôt du genre compréhensif envers les assassins de dealers, ils sont ici assez froids et cassants. Anecdotes :
10. LA MINUTE DE VÉRITÉ Date de diffusion originale : 12 octobre 1990. Résumé : Au cours d’un enlèvement visant le braquage d’une banque, Hauk assassine un homme sous les yeux de son complice Schenk. La petite amie de ce dernier s’était enfuit peu avant et est donc témoin indirecte du meurtre… Critique : « La minute de vérité » fait partie de ces épisodes écrits autour d’un personnage ayant une personnalité atypique : ici, c’est Kurt Schenk, un jeune homme très intelligent, détaché, particulièrement zen, « indifférent ». Incarné avec talent et minimalisme par Jochen Horst, grand (1 mètre 87) et svelte, ce garçon est aussi fascinant que glaçant, et multiplie les regards vides directement vers le téléspectateur. Très franc, il assume parfaitement ne ressentir aucun sentiment pour qui que ce soit et son leitmotiv est, contrairement à la plupart des gens, refuse de vendre son temps, ne pas travailler pour quelconque société afin de gagner de l’argent, mais en avoir sans travailler : un rêve qu’il compte réaliser en braquant une banque, avec la complicité d’Arno Hauk, qui est tout son contraire : impulsif, paranoïaque, n’hésitant pas à dégainer son arme. Leur plan : kidnapper le directeur d’une banque afin d’avoir sa clef, ils se rendent jusqu’au domicile de son frère qui a l’autre clef, mais celui-ci connaît déjà la combine et cela tourne assez mal : un habitant de l’immeuble passant par là se fait descendre. Le lendemain, c’est en une des journaux et Kati, la petite amie de Kurt était partie peu avant le meurtre fait le lien mais il faut absolument qu’elle garde le silence. Cette jeune femme est presque aussi fascinante que son bien aimé et leur relation tient du pur sadomasochisme : Kurt la contrôle, il peut anticiper ses réactions, faire en sorte qu’elle fasse exactement ce qu’il dise, qu’elle pense même ce qu’il veut ! Et lorsqu’elle, comme une machine, se détraque : il la gifle, mais elle l’aime quand même et font l’amour juste après ! Kati l’aime mais ce n’est pas réciproque. Pour Derrick (parce qu’on regarde quand même la série pour lui), l’enquête démarre indirectement : en effet, Kati est la fille d’un de ses collègues de Francfort, inquiet pour elle, et parce qu’au lieu de mener l’enquête sur le meurtre, il n’a visiblement que cela à faire, Derrick se rend à son domicile et fait la rencontre de Kurt. De son côté, Hauk devient très nerveux, prêt à tuer Kati pour ne pas aller en prison. Derrick tentera de coincer Kurt qui se révèle être un sacré adversaire, mais lorsqu’Hauk appelle Kurt pour lui annoncer qu’il compte tuer Kati, il prévient Derrick (qui est avec lui). Le dernier plan de l’épisode, en travelling arrière laissant un suspense savant, nous montrant l’arrestation de Hauk « pour meurtre » précédant Kati toujours en vie puis Kurt la serrer contre lui : il est attaché à elle en fait. Pour la première fois de sa vie, il ressent quelque chose pour une autre personne. Il l’aime vraiment. Anecdotes :
11. RELATION ROMPUE Date de diffusion originale : 09 novembre 1990. Résumé : Le professeur Reichel assassine tous les amants de sa femme. Pour son premier meurtre, il compte sur son jeune assistant pour lui confirmer son alibi. Critique : Un épisode complètement jusqu’au boutiste portée par l’interprétation ahurissante – pleine de violence contenue – de Michael Heltau qui se hisse largement parmi les prestations les plus fortes de toute la série. En plus, dans la version française, il est doublé par l’inestimable Jacques Thébault. Rappelant l’épisode « Maître Prestel » (saison 11, épisode 12) dans le registre du mari en apparence très calme mais bouillant intérieurement, tuant l’amant de sa femme, ce que cette dernière soupçonne déjà. Mais celle de ce nouvel épisode, en plus d’être une reine du cocufiage (trois amants peut être plus) n’hésite pas à envoyer son mari dans les griffes de la police alors qu’elle n’en a pourtant aucune preuve. C’est certain, Evelyn Opela ne fait pas vraiment le poids face à Michael Heltau. Le professeur Reichel enseigne la philosophie – ce qui nous vaut quelques diatribes sur les relations humaines dont le détachement du personnage rappelle celui de Kurt dans le précédent épisode, son mariage est une véritable catastrophe, sachant que sa femme va voir ailleurs, ayant même la liste de ses amants (tous plus jeunes que lui) qu’il a pour les étudier… et pour les tuer cela va sans dire. En apparence, il est quelqu’un de jovial, passionné pour son métier (n’hésitant pas à feuilleter devant Derrick le livre : « Qu’est-ce que la philosophie ? »), mais en privé : c’est une boule de colère – les scènes avec sa femme très intenses psychologiquement m’ont fait penser à celles d’entre Richard Burton et Elizabeth Taylor dans « Qui a peur de Virginia Woolf ? » - suant à grosses gouttes, fredonnant, grimaçant : imprévisible. Afin de confirmer son alibi, il achète son assistant et son épouse leur promettant quelques richesses, ce qu’ils acceptent, et au professeur Steinitz avec qui il affirme n’avoir aucun soucis alors que c’est pourtant l’un des amants de son épouse, qu’il finit par tuer… peu après avoir quitté Derrick ! Le final est vraiment très étrange, après avoir tué son épouse, il prend la fuite mais sur sa route, est confronté à un accident et doit prendre en charge une petite fille : Derrick finit par le retrouver pour l’arrêter bien sûr mais dit, comme si cela pouvait racheter ses trois meurtres – ce qu’il vient de faire pour l’enfant. Anecdotes :
12. ASSURANCE RETRAITE Date de diffusion originale : 14 décembre 1990. Résumé : Une bande de retraités s’aident de jeunes truands pour cambrioler le coffre d’une société mais l’affaire tourne mal et le garde est assassiné… Critique : Gros problème de cet épisode qui est très vite agaçant : les acteurs en font des tonnes ! Ayant tous plus de 65 ans, ils sont clairement en roue libre, comme si ils signaient la dernière performance de leurs carrières et voulaient finir en beauté. Peter Pasetti, particulièrement, excellent acteur déjà vu dans quelques précédents épisodes, est vraiment fatiguant, dans son personnage d’ancien acteur de théâtre, peut être Carl Raddatz, 78 ans, finit par être touchant à la fin en ancien policier. Et puis franchement, Reinecker le scénariste semble depuis quelques temps faire des remakes d’anciens épisodes, car celui-ci est un copié-collé de « La note » (saison 4, épisode 4) : des retraités pour tromper leur ennui et s’offrir des choses auxquelles ils n’ont plus droit depuis longtemps décident de braquer. Et se montrent provocateurs envers un Derrick plutôt en forme. Qui tentera de se servir de leur culpabilité en les faisant rencontrer la veuve de la victime, qui n’a aucune idée que ces braves petits vieux sont complices du meurtre de son mari : après tout, comment, avec leurs corps usés, leurs visages marqués, leur apparences ordinaires presque rassurants, ils auraient pu commettre pareille acte ? Mais cela ne changera rien : ils ont de l’argent, mais ont la police derrière eux, et puis Steckel ancien flic connaît les méthodes de la maison, c’est justement ce dernier qui flanchera, refusant peut-être de vivre, mourir avec cela sur la conscience. Pour lui, la boucle sera bouclée, policier humble, retraité casse-cou et être héroïque. Toute une vie. Anecdotes :
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Saison 16 1. COMMENT ATTRAPER BODETZKI Date de diffusion originale : 06 janvier 1989. Résumé : Un homme est retrouvé mort empoisonné dans un parking. Derrick demande à l’un de ses anciens collègues de se faire passer pour son père afin de suivre ce qui semble être les auteurs du crime… Critique : Cette seizième salve d’épisodes démarre de manière tonitruante avant de se calmer et de tirer vraiment en longueur, c’est un peu dommage mais le visionnage vaut le coup pour l’énergie de Derrick que l’on retrouve avec sa gouaille, son côté espiègle, sa passion jusqu’au boutiste pour son métier. Les dialogues sont ciselés et les situations souvent amusantes. Je fais le topo : un homme est retrouvé empoisonné par du cyanure dans un parking : deux autres transportaient son corps : la victime était le fils d’un certain Loss, homme cardiaque à qui ils donnent rendez-vous dans un bar le lendemain. Hélas, Loss meurt. Derrick voulant absolument découvrir ce que veulent les deux individus, décide de demander à Velden, l’un de ses anciens collègues, viré de la police, sans doute pour son alcoolisme (les scènes où Derrick lui demande d’arrêter de boire sont savoureuses, Velden prétextera que jouant son personnage de père endeuillé, boire est normal) : il refuse avant que notre inspecteur lui dise comment le meurtre a été commis, lui rappelant peut-être certains souvenirs. Dès lors, Valden sera Loss, désirant comprendre dans quelles circonstances et par qui son fils a été assassiné. Le coupable est vite découvert : Bodetzki, surpris d’être suivi, un homme très dangereux donc. Mais pourquoi ? Ce n’est qu’à partir d’un bon moment que nous découvrons les fils : histoire d’espionnage, d’agent secrets, de relations entre les deux Allemagnes. A ce titre, il s’agit de l’un des rares épisodes à traiter de cela, quelques mois avant alors la chute du Mur de Berlin, comme si Reinecker le scénariste sentait qu’il était temps d’en parler avant que ce ne soit trop tard : il aurait pu le faire en gérant mieux le tempo de son script. L’interprétation est excellente et par moments, très touchante. Anecdotes :
2. L'ASSASSIN DE KISSLER Date de diffusion originale : 27 janvier 1989. Résumé : Kissler, le gérant d’un club de plaisir est tué. Le principal suspect est le fils d’une de ses employées, qui s’y était fait remarqué quelques jours avant… Critique : Un épisode passionnant et puissant empreint de féminisme. Irene est une très belle femme travaillant dans un club pour adultes en soirée et la nuit, ce qui lui permet de subvenir aux besoins de son fils Ralf, en pleine adolescence. Mais celui-ci n’accepte pas que sa mère se vautre dans les bras d’hommes en public, qui plus est dans un endroit où les femmes sont traitées comme des objets : poupées se déshabillant, engagées et payées pour donner du plaisir aux hommes (à ce titre il y a beaucoup de plans de nudité dans cet opus). Si elle fait ce job : c’est entièrement de la faute de Kissler, un être hautain et manipulateur. Tout ce que veut Ralf, outre que sa mère cesse ses extravagances, c’est de la retrouver : avant l’arrivée de Kissler : ils avaient une relation mère et fils fusionnelle (l’adolescent éprouvant envers sa mère un complexe d’œdipe : elle se promène en tenue très légère devant lui et le surprend plus tard alors qu’il est en train de faire l’amour avec sa petite amie : sur ce dernier fait, on peut penser qu’il veut rendre jaloux sa mère ou / et que le « plaisir » de l’endroit où elle bosse s’est infiltré en lui). Comment s’en débarrasser ? Outre son grand-père (adorable et génial Hans Caninenberg) qui est dans le même état d’esprit que lui, il peut se confier à sa bande de copains avec qui il fait les quatre cents coups. Ils vont le voir et Kissler saisit Ralf par le cou, faisant réagir ses amis aussi secs qui l’empêche de le frapper. Lorsque Kissler est tué, c’est Ralf le principal suspect, son grand-père est prêt à porter le crime à sa place, et si toute la famille est dans la merde : c’est entièrement la faute de la mère, Irene : c’est elle qui a entraînée, vautrée tout le monde dans la perversité. Nous spectateurs, ne pouvons que penser la même chose. Derrick également. Mais le final sera très surprenant, mais à y réfléchir pas tant que cela : Katja, la petite amie de Ralf aurait tuée lasse d’insultes misogynes (affirmant que toutes les femmes sont des « salopes » et qu’elle y sera inévitablement un jour) de Kissler. Par ce crime, elle a accompli un acte féministe, rappelant que les femmes sont d’être de chair et d’os et non des objets à plaisir. L’interprétation des jeunes acteurs et actrices est très bien mais le doublage français manque de punch. Anecdotes :
3. LE SECOND MEURTRE Date de diffusion originale : 24 février 1989. Résumé : Ursula, une jeune femme venant sortir d’un centre de redressement assiste au meurtre d’un dealer. La famille de l’assassin est prête à tout pour qu’elle taise, à commencer par la « séduire »… Critique : C’est l’histoire tragique et sans espoir d’une jeune femme vraiment pas gâtée par la vie et tuée par son cœur brisé alors qu’elle avait espérée trouver le prince charmant. L’un des épisodes les plus déchirants de toute la série. Ursula Kieler, une adulescente, vient de sortir d’un centre de redressement : cherchant à rejoindre Munich, pour trouver refuge chez une assistante sociale, elle fait du stop : Hans, un beau jeune homme (attachant Claude-Oliver Rudolph) accepte de la conduire chez lui, en attendant : ne demandant rien (sexuellement parlant) en échange. Mais dans la soirée, il a rendez-vous pour vendre de la drogue : elle y assistera comme témoin au cas où cela tournerait mal. C’est justement ce qui se passe : il est tué et elle est témoin du crime, faisant plus tard un portrait-robot de l’assassin (un certain Rolf Hauser) à la police. L’assistante sociale la recueille (mais froidement), parallèlement : la famille Hauser, plutôt aisée, décide de protéger leur fils cadet : un junkie qui leur fait déjà honte comme cela : quoi faire ? Tuer la jeune témoin ? Non pendant qu’il y a d’autres options, disons l’amadouer pourquoi pas la séduire : cela tombe bien : Bruno, le fils aîné est plutôt bel homme. Allez une rencontre hasardeuse, quelques jolis mots et Ursula est sous le charme : il se montre si gentil et compréhensif envers elle, refusant de la juger sur son passé. Elle, qui a vécue tant de galères se réjouit enfin d’un peu de bonheur, d’amour : une belle promenade sur un lac en amoureux. De son côté, Derrick rencontre papa Hauser : faisant entrer avec joie dans leur famille la nouvelle petite amie de leur fils et ce bien qu’elle soit d’un milieu totalement différent du leur. Pour notre inspecteur, cette ouverture d’esprit est vraiment très étrange, trop. Il sent qu’un sale coup est en train de se jouer. Et ce qui va bousiller le plan de la famille, c’est que Bruno, doit lui avouer qui est son frère et donc qu’il se sert d’elle tout en étant déjà amoureux ! D’être honnête va être le plus destructeur pour elle, qui finira par se suicider. La toute dernière scène, portée par la chanson « Ich schau ins Licht » d’Esther Ofarim est d’une tristesse infinie, qui vous déchire le cœur instantanément, Derrick (toujours très sensible aux morts de jeunes filles), porte le corps d’Ursula en voyant arriver Bruno lui hurle de foutre le camp (on n’a d’ailleurs sans doute jamais vu Derrick aussi énervé, aussi brisé en vérité), jusqu’à l’ambulance… L’interprétation puissante d’Esther Hausmann est inoubliable. Anecdotes :
Date de diffusion originale : 17 mars 1989. Résumé : Un dealer poursuivi par la police, trouve refuge chez une grand-mère qu’il tue. Son petit-fils étudiant décide de le retrouver… Critique : Une nouvelle charge anti-drogue, avec au programme : un junkie meurtrier en manque puis à l’agonie ; une course-poursuite dans les rues de Munich ; une fusillade dans un parking sous-terrain. Un épisode sacrément mouvementé, avec Derrick et Klein très énervés (comme c’est souvent le cas lors des affaires de drogue). Pour eux, c’est presque plus important d’arrêter un trafic de drogue, qu’un meurtrier : ainsi Derrick se montre très brutal envers le jeune Jürgen qui vient de perdre sa grand-mère qu’il aimait énormément. Mais ce dernier ne veut pas lâcher l’affaire, suivant quelques pistes : une prostituée qui le prend pour un flic et se fait tabasser si fort ensuite qu’il atterrit à l’hôpital, puis se rend voir Rubina : une jeune danseuse liée fraternellement avec le meurtrier. Dans son foyer, à cette jeune femme : ce n’est pas folichon, son frère accro à la dope et son père (impeccable Karl Renar) démuni. Derrick va surveiller désormais non-stop Jürgen puis Rubina : ces deux-là débuteront même une histoire d’amour. L’ironie ou la logique par Derrick : c’est que la filière sera remontée avant la découverte de l’assassin qui de toute façon mourra pourri par la drogue. Un regard très réaliste donc effrayant sur l’impact de la drogue, mais éclairée par les performances hallucinantes (sans jeux de mots) de Sissy Höfferer – au top de sa forme en danseuse qui n’a pas la langue dans sa poche et Jochen Horst, déchaîné en petit fils voulant rendre justice à sa mamie. Anecdotes :
5. LA VOIX DE L'ASSASSIN Date de diffusion originale : 14 avril 1989. Résumé : Un braqueur de banque assassine une mère et sa fille qu’il prend en otage dans une voiture, mais cette dernière survit et peut l’identifier grâce à sa voix… Critique : Se déroulant presque dans l’enceinte d’un restaurant, cet épisode se base sur un procédé original mais fragile. La scène d’introduction montrant le braqueur de banque monter à bord de Gudrun et Tilde Riemann est teintée d’un humour presque burlesque, en effet la mère lui fait la morale tandis que la fille semble amusée voire pas vraiment touchée ni impliquée par la situation. Mais cela devient bien plus sombre peu après. La seule témoin : c’est Tilde, ne pouvant reconnaître que la voix de son assaillant : les recherches des inspecteurs les mènent vers une auberge où Gudrun avait l’habitude d’aller, appréciée par les employés (tout particulièrement un pianiste avec qui elle vivait une histoire platonique) et par les clients réguliers. Dès qu’elle peut se rétablir, Tilde décide de s’y rendre pour identifier l’éventuelle voix parmi tous ces personnages, soutenue par Derrick : nous aurons droit à une longue séquence où chacun – qui réagit différemment à cette demande – dit quelques mots, mais rien du tout… enfin, presque, puisque la jeune femme, sans en informer notre inspecteur a réussie l’identification et coincera l’assassin en l’emmenant chez elle. Cachant son envie de rendre justice à sa mère derrière une apparence de bien-être. L’ensemble est quand même un peu tiré par les cheveux : coincer un meurtrier en se fiant à une voix entendue lors d’une prise d’otage et arriver à s’en souvenir bien des jours plus tard mais après tout pourquoi pas. Et puis Lena Stolze est très bien et les dialogues sont plutôt inspirés. Anecdotes :
6. LA VENGEANCE Date de diffusion originale : 05 mai 1989. Résumé : Derrick est victime d’une tentative de meurtre alors qu’il sort de chez lui. Il est persuadé qu’Arnold Renzi dont le fils vient de se suicider après s’être fait arrêter pour trafic de drogue y est pour quelque chose… Critique : Il s’en passe des choses dans cet épisode cauchemardesque pour Derrick. En effet celui-ci se fait d’abord tirer dessus en sortant de chez lui puis est à pas grand-chose de se faire tuer par l’explosion de sa voiture et se fait encore canarder après avoir été voir la veuve. Le principal suspect : Arnold Renzi (Günther Ungeheuer en grande forme), endeuillé par la perte de son fils suicidé en prison après que notre inspecteur l’ait envoyé pour trafic de drogue. Renzi le pousse vraiment à bout, cherchant absolument à le faire culpabiliser tout en le faisant devenir paranoïaque (peut-il sortir de chez lui sans de nouveau se faire tirer dessus ? Peut-il démarrer sa voiture sans le risque qu’elle explose ?). Il peut, quoi qu’il en soit, toujours compter sur ses fidèles Klein et Berger qui ont l’occasion de lui prouver leur attachement. L’épisode est plombé à certains moments par les longs monologues de Renzi, pessimistes et déprimants, sur la mort notamment – ayant des sous-entendus sur ses actes envers Derrick - mais bien rythmé par les multiples rebondissements et découvertes de notre inspecteur lui faisant rencontrer entre autres une bande de jeunes gens poivrots qui ne semblent pas l’avoir dans son cœur. Le final où Derrick appelle Renzi pour lui signifier, que contre toute attente après une énième tentative de meurtre il est toujours en vie et que celui-ci se suicide, montre qu’il ne vaut mieux pas tenter de se venger de l’inspecteur, car nous y sommes toujours perdants. Anecdotes :
7. CRI DANS LA NUIT Date de diffusion originale : 02 juin 1989. Résumé : Une prostituée a été trouvée étranglée dans le parc. Un chapeau a été trouvé sur les lieux, les chiens policiers font remonter la piste à un petit immeuble où résident plusieurs hommes… Critique : Cet épisode m’a beaucoup fait penser à « Pension de famille » (saison 5, épisode 7) se déroulant dans un petit immeuble où une habitante y avait été tuée dont la colocataire était la proie de plusieurs habitants. C’est pratiquement le même concept ici : un concierge accro à la pornographie ; un écrivain plongé dans ses romans (Udo Vioff, bien barré) ; un jeune homme séducteur et un autre homme pas vraiment remis que sa femme se soit tirée. C’est une policière qui va s’infiltrer dans l’immeuble afin d’observer ces individus : qui peut bien être l’assassin ? Mais avant cela : un passage hilarant d’essais du chapeau sur la tête de ces suspects, chacun réagissant d’une manière différente : Derrick soupçonne tout particulièrement le jeune Hessler, se montrant incisif, hautain : un suspect idéal. L’enquête mène notre inspecteur à Mimi : une collègue (Roswitha Schreiner sexy) de la victime, cible idéale de l’assassin qui pourrait très bien recommencer. Au fond, un très bon épisode, étude des comportements humains puis finalement histoire de vengeance, de deuil, de maladie. Anecdotes :
8. LES CHEMINS DE LA VIE Date de diffusion originale : 30 juin 1989. Résumé : Derrick prend en charge Libeta, une jeune prostituée ayant découvert le corps de son souteneur assassiné dans un club. Critique : Plongée intense au plus près de la réalité, dans le quotidien des prostituées. Les souteneurs, leurs humeurs, leurs règles ; la routine des clients en voiture ou en camion : les coups et l’argent. Rosa assume être, de ses propres mots, être une « putain » : cela fait bien longtemps qu’elle fait ce job, sachant que ce n’est pas la tarte, elle est l’aînée de Libeta (Tushka Bergen très bien), vingt-deux ans, abandonnée par ses parents vivant en Australie. Toutes deux « appartiennent » à Arthur, un type protecteur et hâbleur. Ce dernier veut absolument les faire rentrer dans un club privé où les clients sont très riches mais ce n’est pas du goût de tout le monde : il se fera tuer et Libeta sera témoin. Libeta, du genre timide, réservée, préférant regarder la télé que de se prostituer, n’est pas fait pour être une « putain », non ce n’est pas son truc, pas son milieu, c’est trop dur pour elle, trop glauque. Et alors qu’elle semble vivre en plein cauchemar, Derrick qui lui parle au club : plein de gentillesse, de douceur la fait rayonner, l’extirpe de cet enfer. Nous pouvons penser qu’elle en est tombée amoureuse : Derrick l’Ange qui la sauvera. Et après réflexion, elle se met à l’aider dans son enquête en faisant deux portraits robots, lui l’héberge dans un hôtel discret et lui informe qu’elle ne peut pas en bouger, n’en parler à personne. Nous avons rarement vu une relation aussi tendre entre Derrick et un(e) témoin : il la sermonnera un peu après qu’elle ait oublié de fermer sa chambre et puis passeront un dîner rêveur : de bons plats, la voix et le regard apaisant de Derrick. Lorsqu’il nous arrive quelque chose de super bien, super beau : nous n’avons qu’une envie, en parler à quelqu’un, partager cela : ce que fait Libeta logiquement à Rosa, mais cette dernière est poursuivie par les assassins et lui dira où elle est. Et honnêtement, j’aurais bien mis la note de 4 si la fin avait été plus heureuse. Anecdotes :
9. MOZART ET LA MORT Date de diffusion originale : 29 septembre 1989. Résumé : Marion, une jeune violoniste est violée devant Justus, son professeur et ami. Tous deux refusent d’identifier les violeurs. Critique : Sur le thème du viol (très rarement exploité), outre une scène certes suggestive de fellation et de pénétration pénible à regarder, des trognes de violeurs bien méchants et sadiques (c’est là que l’on voit que les acteurs sont choisis pour leurs physiques), un regard parfois juste – passant par l’interprétation remarquable d’Heike Faber mais aussi maladroit (par les répliques de Klein et de Derrick), sur l’impact d’un viol. Ici, c’est plus la passion de la victime qui a été agressée, plus qu’elle-même : elle vit pour la musique et que ses assaillants avant le viol lui aient demandés de jouer est une pire humiliation que l’agression sexuelle. En s’en prenant directement à ce qui la fait vibrer, résonner : Vivre, ils se sont attaqués à son identité. Elle ne fait plus qu’un, avec son violon. Plus tard, lorsque ces crétins de violeurs agresseront physiquement Justus dans son appartement et menaceront de détruire son piano : il suppliera de ne pas le faire, préférant ne pas les identifier plutôt que l’on détruise son instrument. Mais après leurs agressions, quelque chose s’est brisé en eux : Marion ne peut plus jouer comme avant, bien que Klein – qui est touché par cette affaire, nous le voyons rarement autant énervé – lui encourage à reprendre sa vie, à rejouer comme avant, car elle est vraiment douée pour cela. Même si c’est maladroit de sa part, dans l’utilisation de ses mots, le fond n’est pas stupide : rejouer pour elle, c’est revivre, reprendre son existence. Mais il y a ces démons intérieurs donc extérieurs, ces pourritures qui peuvent lui retomber dessus d’un moment à l’autre. Derrick lui est aidé par Eckler, un ivrogne veuf, ancien taulard parfaitement réinséré, qui lui apprend vite l’identité des ordures : peu après s’être confié à son amie Wanda (une prostituée interprétée avec passion par Monika Baumgartner, par ailleurs cela fait le troisième épisode consécutif où au moins un personnage de prostituée est mis en scène), se fait tuer volontairement comme une sorte de suicide par ceux-là. Ne reste plus qu’à Wanda à convaincre Marion et Justus d’identifier, de se libérer. Anecdotes :
10. UN TOUT PETIT TRUAND Date de diffusion originale : 20 octobre 1989. Résumé : Ali, un jeune pickpocket surprend une conversation à propos d’un meurtre, lors du cambriolage d’une maison. Le lendemain, il tente d’avertir la future victime, mais trop tard… Critique : Porté par l’interprétation intense d’Oliver Rorhbeck (impeccablement doublé dans la version française par Jean-Philippe Puymartin), cet excellent épisode nous offre le portrait touchant d’un jeune pickpocket, rejeté de tous et pas très futé, pris sous l’aile de Derrick croyant sincèrement à son histoire qui paraît pour tout le monde, bien farfelue. En effet : entrant dans une maison pour cambrioler, il surprend une conversation à propos de l’assassinat d’un docteur, qu’il tentera, sans succès, de prévenir ! Cette même maison était absente par son couple de propriétaires, parti en Bruxelles revenu que le lendemain. Si le mari paraît cassant puis finalement compréhensif envers le jeune homme, l’épouse c’est autre chose : cherchant à le charger mais pourquoi ? Dès lors, il est la cible de l’assassin mais s’étant lié avec Marion (touchante Christiane Krüger), la fille de la victime, dînant dans un beau restaurant, prémisse peut être à une histoire d’amour, il devra le faire attendre. Derrick et Klein le sauveront de justesse et de tout petit truand, jeune homme bien paumé, s’est hissé en héros presque malgré lui. Car au fond, il en a marre de ses petites combines minables, désirant devenir Quelqu’un. Les dialogues sont vraiment ciselés, amusants par moments : c’est toujours fort appréciable d’avoir un personnage qui n’a pas la langue dans sa poche. Anecdotes :
Date de diffusion originale : 17 novembre 1989. Résumé : Maria Diebach trompe son mari qui le sait. Un soir, il se rend chez l’amant et le menace. Le lendemain, il est assassiné… Critique : Aucune pitié pour les tromperies ! Ici, l’amant est tué et la femme volage n’a plus de quelques mois à vivre. Karl Diebach, mari et père de famille, ne peut plus supporter que sa femme le trompe, il se confie au pasteur Bohl (subtilement interprété par Werner Schnitzer) et à son fils Hermann (très bon Stefan Reck) et se rendent chez Haffner, pour exprimer sa colère et ramener son épouse à la maison. Lorsqu’Haffner est assassiné, c’est fortement Karl le coupable : c’est lui… mais Bohl et son fils vont absolument chercher à le couvrir : cet homme si bon et perdu ne doit absolument pas aller en prison. Hermann va donc s’accuser du meurtre, prétextant avoir reconnu en Haffner, un être similaire à celui qui a séduit sa mère la considérant comme « objet de sexe » (rappelant à ce sujet l’épisode « L’assassin de Kissler », épisode 2 de cette saison) avant de l’abandonner et qu’elle se suicide. Derrick veut bien le croire (nous voyons d’ailleurs la scène en flash-back), mais hélas pour lui, deux personnes ont vu Karl sur les lieux du crime. Parallèlement, celui-ci a retrouvé le bonheur avec son épouse et leur fille : famille réunie, mais un bonheur qui sera de courte durée, en effet Maria est très malade : elle n’a plus que trois mois à vivre, dès lors Derrick se retrouve face à un cruel dilemme : arrêter logiquement au nom de la loi Karl et ainsi laisser son épouse mourante seule avec leur fille ou le laisser en liberté afin qu’il puisse être avec elle, jusqu’au bout : continuer à la faire vivre jusqu’à la fin ? C’est la deuxième solution bien que contestable au niveau légal, mais plus humaine que notre inspecteur choisira. Anecdotes :
12. UN SOIR À LA CAMPAGNE Date de diffusion originale : 15 décembre 1989. Résumé : Arno Huber trouve refuge dans une auberge à la campagne, après avoir braquer une banque d’où il a tiré cent vingt milles marks. Peu après avoir appelé son frère, il disparaît… Critique : Derrick est en très très très grande forme dans cet épisode savoureux et original, se déroulant en grande partie dans une auberge. Qu’est-il arrivé à Arno après s’être réfugier dans une auberge dans la campagne ? Il avait cents vingt milles marks issus de son braquage, dans un sac mis dans une sacoche de sa moto. Son épouse Michaela et son frère Jobst partent à sa recherche et retrouvent son casque chez un forgeron mais le lendemain lorsqu’ils reviennent avec Derrick : le casque a disparu ! Le forgeron prétexte que le disparu lui a vendu et l’a ensuite donné à son fils qui veut une moto. Mais pourquoi aurait-il vendu un casque pour quatre-vingts marks après en avoir obtenu cent-vingt-milles ? Et puis l’aubergiste qui veut refaire la décoration : où a-t-il eu son argent ? Et combien sont-ils à être responsable de la disparition d’Arno ? Il est extrêmement rare dans la série que plusieurs personnes soient responsables d’un crime. L’ont-ils tué ? Qu’ont-ils fait du corps ? Chaque personnage – tous des hommes, va finir par raconter, sous la pression d’un Derrick au top se moquant, avec Klein, ouvertement d’eux, l’histoire. Le bonheur d’avoir autant d’argent, les tournées qui s’enchaînent, l’alcool pendant des heures et puis contre-attente… un accident ! Non pas le meurtre, mais prendre l’argent et cacher un corps ce sont des crimes, et là Derrick ne rigole plus : il se montrera intraitable envers eux. Erich tentera d’extraire d’eux un peu de compréhension : leur vie ennuyeuse, triste et pauvre à la cambrousse, pas de véritable d’avenir, jamais de joie possible et là tout d’un coup : tant d’argent, tant de projets, tant de Vie. Mais est-ce une raison pour ne pas signaler l’accident à la police, pour cacher son corps, pour mentir ? Non. Certes, Arno n’était pas un ange, il aurait sans doute fini en prison et d’une certaine manière, cette bande de copains à voulu rendre la justice… dans leurs propres intérêts. Pathétique. L’interprétation est excellente. Anecdotes :
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Saison 19 1. UNE JOURNÉE À MUNICH Date de diffusion originale : 17 janvier 1992. Résumé : Un homme en recherche d’emploi est le témoin indirect d’un meurtre. Il négocie avec le meurtrier son silence contre un travail. Critique : D’abord une déclaration d’amour à la ville de Munich dans laquelle se déroule et est tournée la série depuis le premier épisode, puis une intrigue plutôt classique, mais bien rythmée et dotée d’une interprétation de qualité à commencer par Stefan Wigger, tout en nuances dans son personnage d’homme ordinaire, prêt à tout pour trouver un job. Qu’est-on prêt à faire pour avoir un travail et par le même coup sauver son couple ? Et bien c’est exactement la situation où se retrouve Hugo Sassner, la cinquantaine, ayant perdu son emploi il y a un an et voyant son couple se déliter : sa femme est claire : soit il trouve un travail, soit elle le quitte. Il n’a donc pas le choix. Habitant dans un petit village, se rend dans la grande Munich, tape aux portes des entreprises qui le rejettent car il est trop âgé – à ce titre, il est triste de constater que près de trente ans après le tournage, ce mode de recrutement privilégiant l’âge plutôt que l’expérience s’est renforcée. Puis Sassner passe la nuit dans une petite pension et sympathise avec Berthold, un autre client qui se tape une prostituée qu’il tue, involontairement, peu après. Découvrant le corps, Sossner va lui acheter son silence contre un travail, ce qui tombe bien puisque sa mère a le bras long. Ils effacent toutes les traces et on en parle plus mais c’est sans compter sur les réactions imprévisibles et insistantes d’obstinés inspecteurs qui font de Sassner le suspect idéal. Justement de l’enquête, nous pouvons regretter qu’elle soit un peu trop vite expédiée, Derrick en arrive trop facilement à la vérité, et puis on ne sait pas comment Sassner a pu justifier d’être au courant du meurtre d’une jeune femme alors que cela s’était passé pendant son absence de la pension. Mais bon ce petit défaut ne va pas nous empêcher d’éventuellement passer une journée à Munich, en espérant qu’elle s’achève mieux que celle de Sassner. Anecdotes :
2. N'EST PAS TUEUR QUI VEUT Date de diffusion originale : 11 février 1992. Résumé : Krowacs est engagé pour tuer un jeune étudiant, mais alors qu’il s’apprête à le faire, il se rétracte mais plus tard, le meurtre est tout de même commis… Critique : Claude-Oliver Rudolph porte parfaitement ce très bel épisode en interprétant avec talent le jeune Kowacs, un mélange de douceur et de brutalité, se débattant avec ses pulsions criminelles. Il vient de sortir de prison après huit ans et ne veut pas replonger, mais un mystérieux homme lui propose d’assassiner un étudiant pour la somme de dix milles marks. Ce qui a de quoi le faire rêver et pourra enfin se tirer de chez sa sœur qu’il peine (et réciproquement) à supporter. Ce sera un jeu d’enfant, aucun risque : le meurtre sera commis dans l’appartement de l’étudiant, aucun témoin, rien. S’apprêtant à le faire, il se retrouve pris d’un sentiment étrange : sa future victime est dotée d’une chaleur humaine, d’une intelligence, d’une humanité qu’il n’a peu voire jamais connu dans sa vie. Il ne peut pas tuer – et cette scène, très réussie aussi bien pour son suspense psychologique que pour l’interprétation de deux acteurs (Philipp Moog et Claude-Oliver Rudolph) au diapason – même, ils sympathisent, buvant ensemble un café ! Mais l’étudiant sera quand même assassiné, Kowacs, se sentant affreusement stupide d’avoir même pu penser à l’idée de le tuer, se confie très rapidement à Derrick, mais craint des conséquences : en effet les commanditaires cherchent logiquement à se débarrasser de lui. Il note d’ailleurs l’ironie de devoir s’enfermer chez lui, après avoir été de force en prison pendant des années. Dans ces épisodes à personnages (celui-ci rappelle beaucoup « L’as de Karo » saison 6, épisode 13), la partie enquête est toujours faible, Derrick étant en second plan et découvre trop facilement le ou les coupable(s). Et alors, que nous sommes habitués aux fins pessimistes, où les tentatives de rédemptions sont vouées à l’échec, contre toute attente, nous avons droit ici à un happy-end où Kovacs tabasse l’homme qu’il l’avait engagé : à travers cet acte, c’est aussi ses pulsions de meurtre qu’il met à mal, définitivement. Voulant être en paix avec lui-même. Anecdotes :
3. LE CRIME EST DANS L'ESCALIER Date de diffusion originale : 20 mars 1992. Résumé : Madame Kollwitz est retrouvée morte dans l’escalier de l’immeuble où elle résidait avec son mari. Pendant leur enquête, Derrick et Klein découvrent qu’elle était une hôtesse un peu particulière… Critique : Une enquête en apparence très classique sur le meurtre d’une épouse et mère menant une double vie, mais qui a la particularité d’épouser le point de vue de son fils (interprété avec intensité par Holger Handtke, plein de rage contenue) qui l’aimait énormément, devant gérer à la fois le deuil qu’il accable et la nouvelle d’apprendre que sa mère était une prostituée de luxe. « Comment a-t-elle pu tomber aussi bas ? », s’interloque-t-il. Le fait d’avoir été poussée dans un escalier est bien entendue métaphorique, en se rabaissant au sexe (pour aider financièrement son ménage et sans doute pour plus que cela), le meurtrier l’a incitée à rester à ce bas niveau de déchéance. L’obsession du fils pour traquer le meurtrier le cherchant à travers ses innombrables clients, alors que c’est lui-même, est à la fois une façon de se détacher de son propre crime mais également d’essayer de séparer définitivement les deux êtres qu’étaient sa mère. Comme le dirait son père : « Ce n’est pas sa mère qui l’a poussée dans l’escalier mais la putain. ». Éprouvant un amour inconditionnel envers sa mère mais détestant du plus profond de son être, la femme objet de désir – peut-être enviant cela aussi par un complexe œdipien. C’est toujours extrêmement difficile de faire la part des choses. C’est le tiraillement tout à fait naturel d’un être humain. Il aurait mieux valu qu’il ne sache jamais que sa mère se vautrait dans les bras d’autres hommes, car ce que l’on ne sait pas, nous rend toujours plus heureux. Anecdotes :
4. LES FESTINS DE MONSIEUR BORGELT Date de diffusion originale : 24 avril 1992. Résumé : Monsieur Borgelt, un sexagénaire en visite à Munich dîne régulièrement à l’hôtel où il réside, au même moment qu’un meurtre est commis… Critique : Un épisode très original, passionnant et teinté d’humour noir, où l’histoire d’un homme brisé (Ernst Schröder, impérial) par le suicide de sa fille, qui se régale alors que ses bourreaux se font tuer. Mais également celle de cette même fille, jolie jeune femme innocente, désirant démarrer une nouvelle vie à Munich et ayant rencontrée pratiquement que des mauvaises personnes, l’ayant poussée à se droguer et à jouer dans des films érotiques, trouvant la force de s’en sortir grâce à des amitiés nées aux drogué(e)s anonymes. Mais en vain, ne lui restant plus qu’une seule issue : se donner la mort. Monsieur Borgelt est un homme d’habitudes, de routines : buvant toujours les mêmes vins, regardant tous les jours les cassettes vidéo des témoignages de sa fille et dînant le soir. Dans la journée, il rend visite aux personnes (petit ami, dealer, réalisateur de films pornos), qu’il considère responsable de la mort de sa fille, n’étant évidemment pas très bien accueilli : pour eux, Susanne n’est qu’une fille perdue, une proie, un kleenex que l’on jette après s’en être servie. Où l’art de détruire à plusieurs, un être pur. Ceux-là se font assassiner le soir alors que Borgelt dîne : un parfait alibi (il invitera même Derrick !). Une bonne partie de l’épisode est centré sur ce seul personnage, il faut un certain temps pour que l’investigation nous présente d’autres protagonistes, à voir les drogué(e)s anonymes, dirigés par Anneliese, une jeune femme froide qui aimait Susanne. Et à partir de là, pas vraiment de suspens sur l’identité de l’assassin que Derrick sermonnera : « Vous n’aviez pas le droit. » tuer trois personnes qui ont pulvérisés une jeune fille. Pourtant le spectateur, lui, ne peut s’empêcher d’éprouver de l’empathie pour monsieur Borgelt et Anneliese. La différence entre la morale et la pitié. Anecdotes :
5. DES ROSES POUR LINDA Date de diffusion originale : 22 mai 1992. Résumé : Une jeune femme a été violée et assassinée pendant une fête. Une mère et ses deux filles mettent la pression sur les trois responsables. Critique : Thriller féministe intense, à l’interprétation passionnée montrant les errements de trois femmes décidées à rendre justice à une jeune femme, harcelée, violée et jetée comme un déchet. L’épisode débute comme un huis-clos où les violeurs et meurtriers sont très vites identifiés : Hahne (Gerd Baltus, nounours qui est forcément le moins méchant des trois), Weber (Dirk Galuba, dans son registre habituel de personnages que l’on adore détester) et Dowald (Robert Jarczyk, glacial) : les inspecteurs tentent de les faire avouer (Klein, nerveux rappelle bien les faits à Hahne, Derrick écoute Dowald et Weber) mais sans succès. Et ils n’ont aucune preuve. Puis nous voyons une mère (Sonja Sutter en très grande forme) et ses deux filles adultes, percutées par ce meurtre et décident de se renseigner le plus possible à la fois sur la famille de la victime et surtout sur les responsables, désirant, au fond, leur faire peur. Mais pourquoi ? Certes le viol et le meurtre d’une jeune fille ne peut pas laisser indifférent mais ces trois semblent parties dans une espèce de vengeance. Au nom du respect envers les femmes, à moins qu’il y ai une autre raison, personnelle et au final, égoïste. L’une des trois, Susanne, s’est faite violée un an auparavant et son agresseur n’avait jamais été identifié. A l’instar de Paul Kersey dans « Un justicier dans la ville » qui se venge sur des pourritures n’ayant pu le faire sur celles qui ont violées et tuées sa femme, Greta, Susanne et Reni trouvent le moyen parfait de se venger sur des êtres monstrueux similaires à celui qui a violée Susanne. Mais après tout, elles ne commettent aucun crime, poussant les bourreaux à perdre leur contrôle (ce qui réussit tout particulièrement à Weber qui étrangle son épouse (incarnée par la divine Sona McDonald)), à révéler leurs violences et donc leurs actes. A avouer. La reconstitution finale où Derrick s’emporte, comme rarement à cette période de la série, nous montre le trio de femmes menacer de tuer le trio d’hommes. Victimes d’être des femmes, devenues pratiquement des bourreaux. Anecdotes :
6. UN GESTE DE TENDRESSE Date de diffusion originale : 19 juin 1992. Résumé : Derrick doit se coltiner la présence de Beatrice, une journaliste d’investigation fascinée par les meurtres. Critique : Un épisode vraiment trop bavard avec une personnage de journaliste qui finit par taper sur le système. Les longues scènes où Derrick et Beatrice discutent entre deux meurtres (car il faut saluer au moins l’originalité de la structure de cet épisode, à savoir un meurtre sans enquête puisque le meurtrier revient sur les lieux et plus tard un second, avec une enquête, tous deux n’ayant aucun lien), philosophiques sur le meurtre, sur la mort, etc. pourraient être passionnantes et réflexives, mais il y en a trop : comme il n’y a pas d’enquête, les deux personnages prétextent n’importe quoi pour se voir et revoir et là on se dirait, comme le pense Klein qu’ils pourraient former un couple, pourquoi pas mais comme plusieurs épisodes récents : si ce personnage se montre passionnée, fascinée envers le premier meurtre, ce sera beaucoup moins le cas pour le second : mais pourquoi alors qu’elle affirmait que tous les meurtres sont intéressants, et bien parce qu’elle est liée intimement au crime, à la victime. Mais néanmoins, Beatrice aura noté quelque chose de notable chez Derrick : un geste qu’il a eu envers le premier meurtrier, de tendresse, alors pourtant persuadé de sa culpabilité. Trouvant cela étonnant. Mais Derrick agit toujours comme cela, machinalement, avec un tact et une douceur naturelle. Beatrice demandera à son tour ce geste de tendresse, que Derrick lui accordera. Anecdotes :
7. LE THÉÂTRE DE LA VIE Date de diffusion originale : 17 juillet 1992. Résumé : Deux hommes braquent la maison de Robert Rudger qui les surprends et négocie vingt-milles marks en échange de leur départ. Peu après, l’associé de Rudger arrive et se fait tuer… Critique : Je suis assez partagé concernant cet épisode : il est vraiment bien interprété et très original mais le dénouement est complètement surréaliste : à savoir une petite pièce de théâtre mettant en scène le meurtre devant les yeux du meurtrier qui s’enfuit et se fait arrêter. Mais revenons au début, les frères Kussner décident de cambrioler une maison dont le propriétaire, Rudger, un homme d’affaires est parti au travail jusqu’au soir. Parfait. Sauf qu’il revient, alors qu’ils sont en train de fouiller la demeure. Les surprends mais, contre toute attente, ne semble pas éprouver la moindre peur alors qu’un pistolet est braqué sur lui ! Leur propose vingt-milles marks venus de la banque en échange de leur départ et d’oublier totalement cette histoire : ok, bon, les hommes sont payés et s’en vont, mais l’un des deux a oublié son arme, songeant à la récupérer alors que Rudger reçoit son associé qui l’accuse de détournements. Rudger, nerveux, saisit l’arme et le tue, faisant porter le chapeau logiquement à ses cambrioleurs qui ont vu toute la scène. Mais bien entendu : ils ne diront rien à la police sachant parfaitement ce que Rudger à bien pu raconter. Pour Katrin la fille de la victime, c’est évident : Rudger est l’assassin, mais son instinct n’est pas une preuve, il faut plus que cela pour le faire arrêter. Derrick a alors l’idée d’engager un acteur de la troupe de Katrin, se faisant passer pour la victime afin qu’il craque. Idée farfelue et qui ne fonctionne pas, alors allons plus loin : jouant la scène du meurtre devant lui, le mettant devant son propre acte afin de créer un semblant de sentiment (puisqu’il affirme ne pas en éprouver) chez lui. Et ça marche, la fuite comme preuve de culpabilité. Mais c’est trop facile, trop surjoué, trop exagéré. Anecdotes :
Date de diffusion originale : 21 août 1992. Résumé : Agnes Heckel, la femme d’un policier le quitte pour se mettre avec Ingo Donath, un mafieux qu’il a fait emprisonner trois ans auparavant… Critique : Un épisode plein de suspense mais manichéen (flic vs truand) soutenu par l’interprétation efficace d’un Jürgen Schmidt, hâbleur et espiègle et d’un Klaus Grünberg intense mais à la limite du surjeu. Être la jeune épouse d’un policier n’est pas une chose facile : l’inquiétude, les retours à la maison rarissimes… finalement l’ennui : cela tombe bien pour Agnes, il y a peu, elle vient de rencontrer Ingo Donath un petit truand venant de sortir de prison : assez vite, elle tombe sous son charme, lui permettant de changer radicalement de milieu et de mener peut-être une vie plus palpitante. Refusant d’affronter son mari Alfred qui la cherche, la harcèle et entre deux Donath, à la fois protecteur et manipulateur. Pour le policier, le truand cherche absolument à se venger de lui en se servant de son épouse qu’il finira par faire d’elle sa chose : prostitution au terminus, et pour éviter que cela arrive, compte ne pas les lâcher, demandant, par ailleurs, l’aide de Derrick. Qui servira de médiateur mais ne voit aucun crime commis et la jeune Agnes semble être parfaitement consciente de sa situation, folle amoureuse, déesse sexuelle de son bel amant. Mais comment la sortir d’ici ? Tiens pourquoi pas l’aide de Simone, une serveuse marquée par la vie, surtout par Ingo, qui lui aussi l’avait « aimée » avant de la balancer à la rue, qui pourrait prévenir la jeune femme : les scènes successives entre elle, Klein puis Derrick sont très jolies et douces. Évidemment à la fin, après l’avoir poussé à bout et confirmant que son mari avait raison, l’épouse volage retourne vers lui. Femme manipulée, jamais sincèrement aimée. Anecdotes :
9. LA FEMME D'UN MEURTRIER Date de diffusion originale : 18 septembre 1992. Résumé : Alex Sierich, condamné pour meurtre demande à son frère de faire porter le chapeau à un serveur du nom d’Abel, mourant. Ce dernier accepte à condition qu’une rente de trois cents milles marks soit versée à sa famille. Critique : Scénario pyramidal, très malin et tordu, fort bien incarné notamment par Gerd Baltus, touchant en mourant encore conscient quand cela l’arrange. Lorsque nous sommes condamnés pour un meurtre que l’on a commis – sans avoir fait d’aveux – et que le témoin indirect est sur le point de mourir, il est facile de penser à l’idée de mettre le crime sur le dos de ce dernier, puisque de toute façon personne ne le contredira. C’est ce qui a justement germé dans la tête d’Alex Sierich qui demande à son frère d’arranger le coup, mettant l’avocat et la femme également dans la confidence. Abel témoigne de son lit, expliquant avoir tué parce que la victime piquait ses pourboires et cela passe comme une lettre à la poste. Abel meurt, sa femme deviendra riche et Sierich est libéré : tout le monde y gagne… mais perd aussi sa dignité. Lorsque Derrick s’en mêle, il lui faut trouver un angle d’attaque : tiens la femme d’Abel, une certaine Ruth, qui fait des folies, elle et son fils avec tout cet argent gagné : étant épouse et enfant d’un meurtrier : qu’est ce que l’on éprouve après avoir vécu des années auprès d’un assassin ? Derrick, très en forme, prétextant aussi servir un ami journaliste, décide de la pousser à bout, afin qu’elle et son fils soient humiliés et disent la vérité, qui plus est notre inspecteur est sensible à l’épouse de Sierich, terrifiée à l’idée que son mari sorte de prison, ayant tué son amant. Entre une épouse complice de faux aveux et une épouse victime : Derrick a choisi son camp. Vivre sur l’argent corrompu, c’est devoir aussi vivre avec une culpabilité, une honte : condamné le restant de ses jours avec cela. La dernière scène est très jolie, après avoir avouée, Ruth apparaît rayonnante devant l’inspecteur qui lui dit qu’elle est « en beauté aujourd’hui », belle car libérée. Anecdotes :
10. LE MONDE DE BILLIE Date de diffusion originale : 16 octobre 1992. Résumé : Une jeune droguée a été tuée dans une discothèque par un des serveurs. Ses patrons le couvrent et demandent à deux employés de se débarrasser du corps… Critique : Épisode très intéressant et profond qui prend le point de vue d’une jeune femme : Billie s’est enfermée dans son petit monde de rêves pour se protéger des choses dont elle est témoin, dont elle préférait ne rien savoir. Comme une enfant pour échapper au monde adulte. Faisant des monologues existentiels, planants, fascinée par tout, jamais totalement présente dans ce monde-là, trop terrible et fou pour elle, rêvant d’une vie dans une belle maison à la campagne avec son petit ami qui la cerne à peine plus que les autres. Devoir emmener le corps d’une jeune fille tuée d’une dose injectée de force, dans la forêt : c’est complètement dingue pour elle, préférant la laisser auprès d’un arbre, afin de ne pas donner l’impression d’avoir été jetée comme une ordure. Mais le retour à la réalité sera très brutal. Derrick et Klein sont toujours très durs dans leurs confrontations avec le monde de la drogue et ils en seront cassants, secs, énervés jusqu’à être détestables. Et une de leurs témoins est une jeune femme vivant dans sa petite bulle : comment réagira-t-elle lorsqu’on lui brisera le mur qui sépare son monde du monde réel ? Par une crise hystérique, foudroyante. Une fin tragique pour elle qui n’aurait jamais pue de toute façon vivre éternellement dans ses rêves. Rempli de visages familiers (Thomas Schüke, Will Danin, Bernd Herzsprung, Sona McDonald tous et toute impeccables), c’est bien entendu Muriel Baumeister, Billie, qui tire son épingle du jeu. Hyper-expressive et impressionnante. Anecdotes :
11. SI DIEU ÉTAIT UNE FEMME Date de diffusion originale : 13 novembre 1992. Résumé : Monsieur Raude a engagé un détective privé pour surveiller sa femme la soupçonnant, à raison, d’avoir un amant. Mais le détective privé s’attache à ce couple volage. Et Raude est assassiné… Critique : Un plaidoyer contre la violence conjugale et une déclaration d’amour envers les femmes. Sandra est mariée avec Johann (interprété par Peter Fricke, spécialiste dans ce registre), un homme à tendance « control freak », qui s’évade avec un amant : Ingo. Depuis peu, son mari la faite surveiller par Lipper, un détective privé. Pendant une énième escapade, Ingo, lasse, affronte Lipper (Richy Müller subtil et touchant), qui contre toute attente lui avoue sa fascination pour eux, refusant de les dénoncer à Johann. Parallèlement, à son travail, un de ses collègues lui raconte avoir croiser Sandra à un cours de tennis, le soir il la bats et fait venir Lipper qui casse son contrat et voit le visage morcelé de la jeune femme. Le lendemain matin, Johann est abattu. Pour le spectateur et Derrick : c’est soit l’amant, soit le détective privé qui ont fait le coup, se donnant mutuellement un alibi car persuadés l’un et l’autre avoir commis le crime. Lipper est un être extrêmement sensible envers la gente féminine, très proche de sa mère qui lui a probablement inculquée des valeurs de respect envers la femme, il ne supporte donc pas que l’on puisse les détruire et songe, avec sa mère, à l’idée que si Dieu serait une femme « elle aurait les mains ouvertes ». Le monde serait sans doute bien meilleur, faisant subir les châtiments aux hommes violents. Par cela sa mère, mine de rien, avoue ses actes, elle et la secrétairesse chargent en effet de punir les êtres ignobles osant détruire les femmes : se prenant donc pour Dieu. Les hommes respectueux et aimants sont si rares et pour Lipper, voir Sandra et Ingo heureux ensemble, surtout la jeune femme rayonnante, fascinante, cela lui donne un peu d’espoir envers les hommes en attendant que les femmes dominent le Monde. Anecdotes :
12. UNE SECONDE VIE Date de diffusion originale : 11 décembre 1992. Résumé : Johannes Berger, un homme qui aime être détester est victime de menaces de mort, son avocat demande de l’aide à Derrick pour le convaincre de faire surveiller la ligne, mais en vain. Berger est tué peu après… Critique : L’énergique Will Danin est au cœur de cet épisode : il compose avec élégance et pugnacité Locht, l’avocat de Johannes Berger, un être aimant se servir des autres comme punching-ball et finit logiquement mort. D’ailleurs, le meurtre est parmi les plus atroces de la série : abattu par balle puis déchiqueté dans une scie circulaire. Sans doute bien mérité. Locht sera montrera ambivalent, extrêmement protecteur envers Martha et surtout Hanna, la mère et la fille de Berger, envers qui, pour cette dernière, il éprouve des sentiments amoureux guidant ses actes. Il est le meurtrier, c’est un fait et le reconnaîtra dans un long récit en conclusion de l’épisode. Mais pour qu’il avoue, face à lui : Derrick, qui nous fait inévitablement penser à Columbo (jusqu’à la réplique « Encore un petit détail » prononcé à la fin d’une scène) par son obstination. Non, notre inspecteur n’est pas obsédé vraiment par Locht en tant qu’assassin mais suspect, dont le comportement devient de plus en plus emporté lors de ses insistances pour discuter avec la jeune Hanna. Obstiné certes mais Derrick reste particulièrement zen, patient, tout en bouillant intérieurement s’interrogeant sur les raisons du comportement de Locht. L’affrontement est crescendo, les échanges de plus en plus à couteaux tirés jusqu’au final, puissant et libérateur, peut être aussi un peu manichéen tout de même. Anecdotes :
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