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Le bourreau des coeurs (1983)Les Ripoux (1984)

Comédies françaises Années 80

Pinot simple flic (1984) par Sébastien Raymond


PINOT SIMPLE FLIC (1984)

Résumé :

Pinot est un simple flic parisien. Son quotidien est tristement banal et ennuyeux, que ce soit dans son panier à salade ou bien dans son petit commissariat de quartier. Jusqu’au jour où il parvient, non sans mal, à appréhender une jeune femme qui couvrait la fuite d’un dealer. Elle est très jolie et le coeur de Pinot n’est pas loin de ressentir quelque émoi sincère pour la petite rebelle.

Critique :

Ce film m’a toujours laissé le cul entre deux chaises. Déjà à sa sortie, j’avais eu ce sentiment de ne pas savoir réellement quelles étaient les intentions de Gérard Jugnot (acteur et réalisateur mais également co-scénariste sur ce film) et de ses deux comparses dans l’écriture. Aujourd’hui encore, je n’arrive pas à définir ce film. Le parti pris comique est évident, mais le portrait sociétal est d’un glauque ! Oui, le fond est foncièrement attristant. Est-ce un souci de réalisme ? Gérard Jugnot a-t-il voulu créer une sorte de comédie réaliste, ou plutôt, un peu à l’image de la comédie italienne, une satire très sombre par le biais de situations presque grotesques ?

Quoiqu’il en soit, le personnage de Pinot, joué par Jugnot lui-même, est abordé d’abord sous l’angle franchement comique et peu à peu une sorte de gravité, sinon romantique au moins morale, l’emplit jusqu’à l’obsession, la colère et même jusqu’à des actes héroïques surprenants. Il y a bien une jolie progression du personnage. Le comédien en profite pour faire montre de la très large étendue de ses talents. A l’époque, je me demande même si ce n’est pas le premier film dans lequel on peut apercevoir de cette palette.

Autour de lui gravitent des comédiens plus ou moins expérimentés, parmi lesquels Pierre Mondy. Il ne fait qu’une trop brève apparition à mon goût pour qu’elle soit aussi marquante qu’on l'espérait. Jean Rougerie pour sa part a beaucoup plus à se mettre sous la dent, accompagnant Pinot dans ses missions extérieures. Toujours aussi bon, le comédien profite de son physique et de sa voix hors-pair pour asseoir un comique efficace. J’aime le petit rôle amusant de Gérard Loussine, un acteur qu’on voyait fréquemment à la télé dans des émissions comme Les jeux de 20h ou L’académie des 9 et qui a un peu disparu des écrans malheureusement. La prestation de Fanny Bastien est convaincante. Ce film aurait pu marquer un début de carrière plus flamboyant, ce ne fut pas vraiment le cas. Sa filmographie est maigrelette mais pas non plus famélique, correcte, disons qu’elle semble peu en rapport avec le talent de l’actrice, on l’aurait pensée plus grasse.

On suit donc avec un certain plaisir le quotidien de Pinot, ce simple flic, dans l’aventure banale de tous les jours, avec les petits tracas de cette police pataugeant dans la France d’en bas, très bas, pauvre, camée, violente. Le portrait qui est fait du pays est relativement misérable, voire misérabiliste. Difficile d’y trouver matière à positiver un chouïa comme on pourrait s’y attendre dans une comédie réaliste. La charge est rude, ténébreuse. 

Encore ce fichu malaise, cette comédie trop sombre, cette inadéquation fondamentale qui me chiffonne : pourquoi avoir assombri le film à ce point caricatural ? On passe effectivement les bornes de la crédibilité, peut-être pour rendre le sentiment amoureux de Pinot plus beau, plus angélique encore car né sur un monceau d’immondices, sur la lie de la société ? Plus fantasmagorique alors du coup ? Parce que le réel, même au bas de l’échelle n’est ni noir, ni blanc, il est totalement bariolé, plein de nuances que le film oblitère complètement.

Restent quelques gags, des intentions louables et de très bons comédiens. Dans l’ensemble, Pinot, simple flic est un bon film.

Anecdotes :

  • Pinot, simple flic est le premier film de Gérard Jugnot derrière la caméra. Il récidivera dès l’année suivante avec Scout toujours, encouragé il est vrai par un très joli succès public : Pinot a récolté pas moins de 2.4 millions de spectateurs !

  • Vous aurez noté le côté parodique de l’affiche, copiant celle de Rambo.

  • Mais le film n’est pas avare d’autres types de clins d’oeil : dans la distribution se cachent de nombreux cinéastes pour lesquels Gérard Jugnot a joué. C’est Charles Nemes qui joue le poivrot qui hurle “Présent” au moment de l’appel dans le commissariat ; il a fait jouer Jugnot dans Les héros n’ont pas froid aux oreilles en 1979. Patrice Leconte est un passager du métro qui n’aime pas l’odeur de Pinot ; il l’a fait jouer dans plusieurs films, dont Les bronzés bien entendu. Jean-Marie Poiré est le jeune homme qui écoute religieusement sa musique avec son baladeur pendant que Pinot se fait agresser sur le quai du métro. Il était son réalisateur quand Jugnot était Félix dans Le père Noël est une ordure. Et enfin, Philippe Galland est le cycliste qui double Pinot ; il l’avait fait jouer dans Le quart d’heure américain en 1982

  • Drôle d’idée pour finir le film : il se termine avec la caméra qui recule et filme toute l’équipe de tournage affairée, entre deux prises.

  • Les deux autres scénaristes, Christian Biegalski et Pierre Geller n’ont pas hésité à passer plusieurs semaines dans des commissariats par souci d’authenticité.

  • Vous noterez, si vous avez l'ouïe fine, que l’acteur Christophe Clark, plus connu pour sa filmographie X que conventionnelle, est doublé par Martin Lamotte.

Séquences cultes :

Ça irait mieux si on était pas là quoi !

On s'appelle Dominique et Thomas !

Je suis plus circonspect en ce qui concerne votre efficacité.

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Mes meilleurs copains (1989)Les Sous-Doués (1980)

Comédies françaises Années 80

On a volé la cuisse de Jupiter (1980) par Sébastien Raymond


ON A VOLÉ LA CUISSE DE JUPITER (1980)

Résumé :

Au cours de leur voyage de noces en Grèce, le coupe Lemercier/Tanquerelle fait la connaissance de l’archéologue Charles-Hubert Pochet juste au moment de sa plus grande découverte : un élément de statue de Jupiter. Or, un marchand d’art fait dérober la statue avec la complicité de l’épouse de Pochet. Mais très vite, un homme est tué et Antoine Lemercier et Charles-Hubert Pochet sont accusés de l’avoir commis. Les deux couples sont obligés de partir en cavale pour trouver le véritable assassin.

Critique :

Fausse suite de "Tendre poulet", dans le sens où le ton va tout de même changer. Au niveau des personnage, cela reste une suite, on est d’accord : nos deux amoureux Annie Girardot//Philippe Noiret filent maintenant le parfait amour et ont décidé de roucouler sous les oliviers athéniens. Si dans le premier épisode, ils formaient un petit couple de quinquas pimpants, dans celui-là ils ne cachent plus leurs aspirations de pré-retraités. Monsieur descend au restaurant en charentaises, madame compte ses gouttes avant l'apéro. Les petits pépères sont gentillets et paraissent partis pour roupiller au bord de la mer Egée, mais bien entendu, c'est sans compter sur un scénario cette fois-ci virant volontiers à la pantalonnade sous figure de road-movie débridé, par moments cartoonesque et pourtant un peu plan-plan en fin de compte.

D’aucuns diront que le bât blesse avec la présence vite fatigante du couple Alric/Perrin. La plastique avantageuse de Catherine Alric livrant son lot de dénudés aquatiques ou ménagers donne dans l'érotique pépère encore (mais pas pervers). Le pire vient des grimaces et des cris hystériques de Francis Perrin singeant un de Funès qu'il aurait sans doute voulu être et n'a jamais pu être faute de talent et de justesse. Sur toutes les revoyures que j’ai faites de ce film, je confesse qu’il est arrivé que mes pensées soient parsemées de “chut, tais-toi” sur certaines apparitions du trublion “tic-tac-toc, ciiiitizen bien sûr” et ont pu altéré mon modeste plaisir. Je suis plutôt du genre spectateur patient avec les acteurs de comédie. Je sais être bon public. Je me demande si ce type de jeu n’est pas passé de mode de nos jours, auquel cas, il risque d’irriter un grand nombre. Je serais tenté de dire que ce couple n’est pas non plus un écueil considérable. D’autant que le sel du film n’est décidément pas sur leur relation, mais il est vrai que cette dernière n’est pas anecdotique. Elle ne pèse pas, mais n’apporte pas non plus grand chose.

Le scénario moins réaliste, accumulant beaucoup trop de personnages secondaires ordinaires, voire débiles (Marc Dudicourt et Francis Perrin en tête), versant plus dans la farce, la comédie d'aventure rigolote à la crédibilité mise à mal, m'a quelque peu déçu. J'appréciais quand j'étais marmot, mais là l'excès tue un peu l'enthousiasme.

Heureusement, le couple Noiret/Girardot m'émoustille toujours autant. J’ai dit tout le bien que je pensais de l’alchimie que les deux acteurs ont su créer dans “Tendre Poulet”. Incroyable gageure, le scénario parvient à la conserver malgré le changement de tonalité générale.

Parce qu’effectivement, le film malmène le couple de façon très différente. Alors que dans le premier, l’engagement, le conflit interne propre à l’idylle naissante entre eux deux était au coeur du film. Cette fois-ci, ce sont des éléments extérieurs qui viennent bousculer la tranquillité des deux amoureux. Mais ils font preuve d’une foi l’un envers l’autre inébranlable, d’une complicité qui fait vraiment plaisir à voir. 

Quant à Michel Audiard, il se lâche beaucoup plus dans ses dialogues, au détriment d'ailleurs de ces belles teintes poétiques, méditatives et pleine de réminiscences. Toutefois, on y gagne en bons mots, en répliques incisives et parfois tordantes. Il faut absolument entendre Lemercier (Philippe Noiret), professeur en Sorbonne, devenu criminel en cavale (en goguette surtout) en train de s'entraîner au tir et dire : "Il faut viser les gendarmes à la tête... pour ne pas abîmer les peaux". Le côté provocateur et anar de Michel Audiard trouve dans le personnage de Noiret une parure affriolante. Il prend ses aises et le public avec. On est plus dans le rire éclatant, le burlesque.

On doit éviter de s’attarder sur les incongruités, la crédibilité malmenée, l’aventure est tout entière dans le mouvement de ces deux couples en cavale. L’histoire de vol et de meurtre n’a désormais que peu d’importance (fameux McGuffin hitchcockien). En cela, le rythme cher à Philippe de Broca est à l’honneur. Une course. De Broca court après la vie. Et c’est heureux.

Voilà pour quelques dialogues assez savoureux, pour quelques plans exotiques d'une Grèce disparue (sans touristes), pour quelques moments tendres entre ces deux géants adorables que sont Noiret et Girardot, on peut prendre quelque plaisir sur cette deuxième partie, diptyque inégal et légèrement décevant. J’ai bien écrit “légèrement”, j’ai encore pris du plaisir. Et ce à chaque fois que je le revois.

Anecdotes :

  • Outre Philippe Noiret et Annie Girardot, héros principaux, Catherine Alric est aussi une comédienne qui jouait dans le premier opus “Tendre poulet”. D’ailleurs, au cours du film, la commissaire Tanquerelle ne manque pas d’évoquer avec malice qu’elle a déjà rencontré une fille dans son genre…

  • Le film connut un succès honorable de 1.6 millions de spectateurs.

  • Philippe de Broca a tourné notamment des scènes rares dans un des monastères des Météores où un James Bond a été tourné aussi (“Rien que pour vos yeux” avec Roger Moore).

Séquences cultes :

J'ai horreur de ces machins là

Tout va bien

Qu'on sorte de la ville discrètement !

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Pinot simple flic (1984)Marche à l'ombre (1984)

Comédies françaises Années 80

Les Ripoux (1984) par Phil DLM


LES RIPOUX (1984)

Résumé :

Suite à l'incarcération de son coéquipier, l'inspecteur René Boisrond, policier parisien de terrain, modèle en apparence mais corrompu en sous-main, doit travailler avec François Lesbuche, un débutant fraîchement débarqué de sa province. René espère convertir François à ses pratiques délictueuses, mais le jeunot s'avère incorruptible. Heureusement, Simone, la compagne de René, une prostituée sur le retour, va suggérer de piéger le jeune et beau François avec Natacha, une de ses congénères, qui est une créature de rêve...

Critique :

Ce film marque un tournant dans la carrière de Claude Zidi. Jusqu'alors considéré comme un vulgaire réalisateur de comédies de seconde zone, Zidi va acquérir une notoriété nouvelle avec ce film particulièrement réussi. Il semble que l'on avait surtout retenu le Zidi des Charlots, alors qu'il avait tout de même mis en scène Louis de Funès à deux reprises, sous l'égide du producteur Christian Fechner. Succès populaire incontestable, mais succès critique également, et au sein de la profession, Les Ripoux est un de ces petits chefs-d’œuvre de comédie comme les Français ont su longtemps en créer.

Les affaires de corruption dans le monde de la police, qui se sont multipliées au cours des années 70 et 80, constituaient un vivier idéal de scénarios pour le cinéma et les séries, du moins en ce qui concerne les histoires policières. Il n'était pas évident qu'elles s'avèrent efficaces dans une comédie.

L'idée géniale a été de montrer des « Ripoux » sympathiques. A priori, quoi de plus repoussant et d'antipathique qu'un policier corrompu ? Qui aurait l'idée de faire d'un tel personnage une vedette de film comique ?

Il fallait oser, et Zidi et Didier Kaminka, coauteurs du scénario, ont osé. Le choix des acteurs a été prépondérant, et notamment celui de Philippe Noiret pour le rôle de l'inspecteur principal René Boisrond. Qui mieux que lui aurait pu rendre ce personnage aussi attachant ? Le jeu bien connu de Noiret, son aura, sa bonhomie légendaire, lui ont permis de composer un flic de quartier connaissant remarquablement bien le terrain, et sachant profiter de toutes les opportunités pour arrondir ses fins de mois et… jouer aux courses, sa véritable passion.

On peut trouver assez incohérent qu'un policier qui a gagné autant d'argent aux courses et par taxation sans vergogne de tous les petits voyous et commerçants « pas nets » de son quartier, soit réduit à vivre dans un taudis avec une prostituée en fin de carrière qui semble aussi désargentée que lui, mais là n'est pas l'essentiel.

Ce qui a permis le succès du film est non seulement l'originalité et la solidité du scénario, mais aussi et surtout la formidable interprétation. Car le maître Noiret, qui trouve là un des plus beaux rôles de sa carrière, est entouré d'un groupe de comédiens tous très performants, à commencer par Thierry Lhermitte.

On sait depuis le début des années 80 que les acteurs venus du café-théâtre, que ce soit du Café de la Gare ou du Splendid, s'avèrent tous d'excellents comédiens, et Lhermitte le démontre ici dans ce rôle à facettes successives diamétralement opposées. Au contraire de René, dont le personnage est stable du début à la fin, l'inspecteur stagiaire François Lesbuche va connaître une évolution spectaculaire. Thierry Lhermitte est tout aussi convaincant dans la première partie en timide inspecteur débutant à cheval sur l'honnêteté, et qui potasse le Code pénal en vue de devenir commissaire, que dans la seconde partie en policier devenu plus ripoux que son mentor, totalement cynique et sans scrupules.

Comment Lesbuche a-t-il pu changer à  ce point, et du jour au lendemain ? Tout simplement à cause d'une femme. Sur les conseils de Simone, sa compagne, René va arranger une rencontre prétendument fortuite entre la belle Natacha, prostituée de luxe, et son poulain récalcitrant. Le résultat ne se fait pas attendre : c'est le coup de foudre, et un coup de foudre réciproque.

Lorsque François apprend la vérité, il a beau être furieux d'être tombé dans le piège, il n'en doit pas mois admettre la réalité : comme le dit René, les seuls émoluments de François ne peuvent lui permettre que d'épouser une petite provinciale comme lui, qui se contentera d'une vie modeste dans un F3. Mais l'escorte de luxe Natacha ne vient pas d'Epinal et les F3, elle ne supporterait pas…

La partie féminine de la distribution est assurée par le duo Régine-Grace de Capitani. Régine s'avère tout bonnement parfaite dans le rôle de Simone. Connue pour ses personnages assez hauts-en-couleurs de femmes vulgaires, Régine trouve ici le ton juste et produit une interprétation nuancée et attachante. Quant à Grace de Capitani, son joli minois et son corps parfait étaient nécessaires pour l'interprétation de la prostituée chic Natacha, mais elle a su y ajouter une composition à la fois sexy, enjouée et spontanée, presque naïve, sans jamais tomber dans la vulgarité.

Passons maintenant aux policiers. Le choix de Julien Guiomar pour le rôle du commissaire Bloret, le chef de François et René, fut particulièrement judicieux. Ce n'était pas une première pour Guiomar, que l'on avait déjà vu en chef de la brigade criminelle dans Inspecteur la Bavure, de Claude Zidi aussi, avec Coluche et Depardieu.

Guiomar fait du Guiomar, et sa façon de jouer, caractérisée par un mélange de jovialité et de cynisme, est idéale pour un rôle de commissaire de police. Ici, le personnage se montre plus naïf que dans Inspecteur la Bavure puisqu'à aucun moment, il ne soupçonne François et René d'agissements frauduleux. C'est donc la jovialité qui l'emporte sur le cynisme, rendant le personnage d'autant plus attachant.

Claude Brosset est tout aussi convaincant dans le rôle plus réduit de Vidal, le chef de la Brigade spéciale d'intervention, ceux que René surnomme « Les Cow-boys ». Vidal est un prétentieux qui se montre désobligeant avec François et René, invités sans ménagement à aller au bistrot, « comme d'habitude », pendant que ses hommes et lui appréhenderont les trafiquants de drogue.

Ce mépris affiché va inciter François à réaliser le « gros coup », contre l'avis de René, mais François saura le persuader… par la manière forte. Comme le fait remarquer Simone, « l'élève dépasse le maître ».

Quelques acteurs se détachent également dans les petits rôles, à commencer par Pierre Frag, le premier coéquipier de René, qui va payer à sa place et se retrouver en prison. On remarque la présence discrète de Jacques Santi en inspecteur de la police des polices, contraint de s'arranger avec François et René, suite à une habile combine de ce dernier pour se débarrasser de ce gêneur et de son acolyte.

Michel Crémades joue le pick-pocket arrêté par François, mais libéré par René en raison des directives internes destinées à limiter les statistiques de la délinquance. Ticky Holgado interprète un prévenu violent, estomaqué par la bagarre qui survient entre René et François, lorsque ce dernier découvre les magouilles de son coéquipier avec Natacha dans le but de le corrompre. Et Jacques Frantz, spécialiste des rôles de flics musclés et de petites frappes, est lui aussi parfaitement à l'aise dans le personnage de Franck, le souteneur violent de Natacha

Passionnant de bout en bout et merveilleusement interprété, Les Ripoux se savoure avec délice, y compris pour son final certes peu réaliste et qu'on peut juger théâtral, mais tellement émouvant… Une petite larme à l’œil en guise de conclusion, après avoir pleuré de rire pendant une heure et demie.

Anecdotes :

  • Le film a frôlé les 6 millions d'entrées en France, ce qui constitue un succès populaire incontestable, et d'ailleurs tout à fait mérité.

  • Claude Zidi a obtenu le César du meilleur film et celui du meilleur réalisateur en 1985. On regrettera la défaite de Philippe Noiret pour le César de meilleur acteur, mais il est vrai qu'il avait affaire à forte partie avec Alain Delon, récompensé pour Notre Histoire, de Bertrand Blier.

  • Les décors du Paris de Montmartre et du XVIIIème arrondissement sont omniprésents. La Butte Montmartre, avec ses escaliers qui n'en finissent pas et où l'inspecteur Boisrond s'essouffle en tentant de fuir ses congénères intègres, c'est tout le charme du Paris populaire, qui renforce l'aspect authentique et attachant du film.

  • Aucune des deux suites, Ripoux contre Ripoux et Ripoux 3, n'a pu se hisser à la hauteur de l'original, ni même arriver à sa cheville. Les Ripoux ne pouvait être qu'un film unique et intemporel, chercher à retrouver le même esprit dans une ou plusieurs suites relevait de la gageure.

Séquences cultes :

Pour nous c'est gratuit

L'important, c'est de pas laisser de traces

Le travelo, interdit en dehors des périodes de carnaval

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Les babas cool (1981)Les Sous-doués en vacances (1982)

Comédies françaises Années 80

Ma femme s'appelle reviens (1982) par Sébastien Raymond


MA FEMME S'APPELLE REVIENS (1982)

Résumé :

Un homme marié essaie de se remettre de sa rupture avec sa femme. Il emménage dans un immeuble pour célibataires. Sa voisine de palier connaît des déboires amoureux qui se succèdent et la démoralisent. Peu à peu, ils se rapprochent l’un de l’autre ; une histoire d’amour qui commence ?

Critique :

Ce n’est pas la première collaboration entre Michel Blanc et Patrice Leconte. On devine très vite que le scénario mise énormément sur un des points forts qui avait fait le succès de Viens chez moi, j’habite chez une copine : les dialogues troussés par Michel Blanc. Qui rappellent ceux des Bronzés bien entendu. Il y a une patte “Michel Blanc” dans ces dialogues : ils fusent, ils pètent, ils décorent les échanges entre les personnages.

A l’époque, cette dynamique était très à la mode, semblait tellement moderne. On pouvait déjà y voir une filiation évidente avec le cinéma de Woody Allen, aussi verbeux dans le bon sens du terme, avec cette rondeur et cette percussion incisive qui donnent de la force au film, un vrai moteur. Le personnage joué par Michel Blanc, bousculé par un échec conjugal et des certitudes en brèche, maniant le verbe pour échapper au ridicule des situations dans lesquelles il s’acharne à plonger irrémédiablement, ce gars rappelle le petit new-yorkais à lunettes en pleine crise existentielle, forcément. 

On a pu faire de ce rapprochement un reproche à Michel Blanc qui s’est longtemps appuyé sur cette veine, d’autant qu’elle faisait sa popularité, ce qui n’est jamais bon pour la critique primaire. Aujourd’hui, étrangement, elle apparaît comme un jalon important dans sa filmographie, surtout comme une base solide pour définir le rapport affectif qui liait Michel Blanc au public. Débarrassé de tous ces oripeaux critiques, on peut de nos jours retrouver le plaisir simple à voir évoluer un personnage drôle, pas aussi cynique qu’il pourrait le laisser penser de prime abord. On pourrait même trouver touchante cette façade si l’on estimait qu’elle lui servait de moyen de défense pour encaisser les aléas d’un destin contraire.

Et dès lors, on prend son petit plaisir à voir de fait le comédien derrière le personnage, comme il l’habite avec naturel et une certaine forme de générosité, car il faut avoir beaucoup de courage associé à un grand talent pour s’atteler à un rôle pareil. Beaucoup d’auto-dérision, un bel humour, tout à fait en adéquation avec ce qu’il donnait déjà dans la troupe du Splendid. J’aime beaucoup Michel Blanc. Dans ce film, il fait du Michel Blanc, vous l’aurez compris. Et pourtant, canalisé par un scénario pas trop bête, il parvient à lui donner une consistance plutôt réaliste et neuve.

Surtout son duo avec Anémone reste dans un cadre pas trop schématique, stéréotypé. La comédienne est à son diapason : simple et naturelle, très sobre, elle n’est pas non plus dans l’hystérie. Son personnage est également assez gratiné par une vie amoureuse plutôt maladroite. 

Et le tour de force scénaristique reste sans doute la façon dont le script évite joyeusement les virages habituels de la comédie romantique. Jouant sur les clichés du genre, l’argument du dénouement est amusant. Pas extraordinaire, mais souriant, un petit pied de nez somme toute sympathique et qui donne au film toute sa singularité.

Alors, bien entendu, on ne se tord pas non plus de rire, il ne s’agit en aucune manière d’une comédie pure, plutôt d’une gentille comédie romantique. Ne pas confondre avec Viens chez moi, j’habite chez une copine ou Marche à l’ombre, des comédies plus mordantes. Ici, l’humour y est plus délicat, un voile léger sur un thème caressant, faisant preuve de beaucoup de délicatesse à l’égard des personnages même si a priori leur portrait initial n’est pas des plus reluisants. Justement, malgré leurs défauts, le scénario s’attache à les décrire avec bienveillance, sans laisser transparaître des jugements qui seraient au fond vains et injustes. C’est en cela une comédie de moeurs pas trop bête, qui se laisse regarder avec une certaine nostalgie, le temps de revoir des comédiens simples et sympathiques.

Anecdotes :

  • Le trio Patrice Leconte / Michel Blanc / Anémone a déjà composé sur Viens chez moi j’habite chez une copine.

  • La collaboration entre Patrice Leconte et Michel Blanc est une longue histoire. Après Les bronzés (1978) et Les bronzés font du ski (1979) qu’il a réalisés pour la troupe du Splendid où officiait Michel Blanc, ils se sont retrouvés pour le scénario de Viens chez moi, j’habite chez une copine en 1980. Puis, après Ma femme s’appelle reviens, ils travaillent à nouveau ensemble pour Circulez, y’a rien à voir (1983), Monsieur Hire (1989) et enfin, Les grands ducs (1996).

  • La relation entre les deux hommes est expliquée par Michel Blanc : "Je ne peux pas jouer et, en même temps, me regarder jouer. Comme nous abordons, Patrice et moi, le tournage en étant bien d'accord sur tout, en ayant ri des mêmes choses lors de l'écriture du scénario et des dialogues, il n'y a aucun problème. Je lui fais confiance. D'autant plus que mon ambition est d'être, avant tout, un bon comédien."

Séquences cultes :

Cuisine

Ça existait de votre temps les boums ?

On va pas se battre pour ça, non ?

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